tag:theconversation.com,2011:/us/topics/spectacle-vivant-70229/articlesspectacle vivant – The Conversation2024-03-19T16:57:01Ztag:theconversation.com,2011:article/2233822024-03-19T16:57:01Z2024-03-19T16:57:01ZIl y a 150 ans, Glasgow était « the place to be » pour la jeunesse<p>Il y a 150 ans, à Glasgow, loin des jeux vidéos, d’internet et des réseaux sociaux, la jeunesse populaire avait sa propre manière de se divertir. Des établissements de loisir aux attractions foraines, un large choix de divertissements se développait et allait forger, progressivement et non sans heurts, la notoriété actuelle de Glasgow en tant que capitale écossaise du loisir et de la culture.</p>
<p>Pour comprendre comment la jeunesse a participé à la construction de cette notoriété, il faut se replonger dans la société victorienne de Glasgow des années 1850 à 1900, alors en pleine mutation.</p>
<h2>Une société qui se transforme</h2>
<p>La période victorienne (1837-1901) marque un tournant décisif dans l’histoire sociale et culturelle de Glasgow. Étant le cœur industriel de l’Écosse, la ville attire une population de plus en plus nombreuse et hétérogène.</p>
<p>Dans les années 1850, les Irlandais d’Ulster arrivent en masse dans le port de Glasgow, poussés par la <a href="https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/la-fabrique-de-l-histoire/la-grande-famine-en-irlande-1845-1851-8496022">Grande Famine</a> et à la recherche de meilleures conditions de vie. De même, les habitants des Highlands sont victimes de la famine, mais ils subissent aussi la réforme agraire, qui les pousse à quitter leurs campagnes. Puis pour des raisons économiques, des immigrés des pays baltes, des pays de l’Est et enfin d’Italie <a href="https://www.johngraycentre.org/about/archives/brief-history-emigration-immigration-scotland-research-guide-2/">viennent petit à petit s’établir dans la ville</a>.</p>
<p>Entre 1851 et 1901, le nombre d’habitants passe alors de 329 097 à presque 800 000, dont quasiment la moitié d’entre eux sont âgés de moins de 25 ans. Grâce à cet afflux de main-d’œuvre étrangère, jeune, peu qualifiée et donc peu onéreuse, Glasgow devient ainsi la plus grande ville d’Écosse et, du point de vue économique, la Seconde Ville de l’Empire britannique.</p>
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<p>Néanmoins, la ville n’est pas prête à accueillir si rapidement une telle population et les nouveaux arrivants s’entassent à la hâte dans des logements exigus et insalubres. Au centre de la ville, les égouts à ciel ouvert se jettent dans les eaux polluées du fleuve Clyde et la pauvreté ajoute au tableau noir des fumées des usines, les conflits communautaires et religieux, les <a href="https://www.theglasgowstory.com/story/?id=TGSD0">épidémies, l’alcoolisme, la corruption, le crime, la délinquance et la prostitution</a>.</p>
<p>C’est au cœur de cette décrépitude urbaine et sociale que va se réinventer progressivement, au-delà des différences culturelles de chacun, un outil fédérateur porté par la jeunesse : le divertissement populaire.</p>
<h2>Le divertissement comme moyen d’émancipation</h2>
<p>Le besoin de se divertir n’est pas un phénomène <a href="https://www.researchgate.net/publication/308709630_Sports_et_Loisirs_Une_histoire_des_origines_a_nos_jours">propre à la seconde moitié du XIXᵉ siècle</a>. Mais dans la société victorienne de Glasgow, affectée par tant de bouleversements socio-économiques, le développement du divertissement est nécessaire. Il contribue à restaurer des repères sociaux pour la population issue de quartiers populaires, qui trouve dans le divertissement un exutoire à son quotidien difficile.</p>
<p>C’est d’autant plus vrai pour les adolescents, dont le temps de travail est peu à peu réduit par la promulgation des lois qui régulent le travail des femmes et des enfants en usine, les <a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Factory_Acts">Factory Acts</a>. Pour la plupart nés ou ayant grandit sur le sol glasgvégien, ces adolescents profitent de ce nouveau temps libre pour se regrouper, loin du fardeau du rejet social et de la discrimination que portent, pour un grand nombre d’entre eux, leurs parents pauvres ou/et immigrés.</p>
<p>Parmi les lieux les plus prisés de la jeunesse, il y a tout d’abord les music-halls et les théâtres à scène ouverte, appelés « free-and-easy ». Puis viennent les cabarets dansants, qui constituent des lieux privilégiés de rencontre et d’échange à travers la musique et la danse. Les « penny theatres », quant à eux, offrent aux jeunes gens la possibilité d’assister à des pièces de théâtre un peu plus sophistiquées que celles qui se jouent dans les rues.</p>
<p>Se développant considérablement à partir des années 1860 afin de répondre à la demande, ces établissements ont en commun la particularité de proposer des tarifs d’entrée à très bas prix toute l’année. À l’inverse, l’entrée des « pubs hybrides » est gratuite. Par compensation, les tarifs des boissons sont plus élevés au sein de ces pubs, dont le nom <a href="https://www.google.fr/books/edition/Scotland_and_the_Music_Hall_1850_1914/hn1kuc21R8cC?hl=fr&gbpv=1&dq=paul+maloney+pubs+hybrides&pg=PA37&printsec=frontcover">suggère que les arrière-salles sont transformées pour recevoir du public</a>.</p>
<p>Enfin, l’un des événements annuels qui attirent le plus la jeunesse des quartiers populaires est la foire de Glasgow, qui prend peu à peu des allures de fête foraine. De nombreux manèges et cirques y font leur apparition dans les années 1870 : les swing-boats (nacelles suspendues à des fils), les lions de Miss Lily Day, Willie Campbell « le Géant de Glasgow », Mr. Tche Mah « le Nain chinois ». Ces attractions incarnent autant de sujets de curiosité, de fantasme et de rêve que s’approprie la jeunesse des quartiers pauvres de Glasgow.</p>
<p>Pour les adolescents, en passe de devenir adultes, l’entrée dans la sphère sociale publique est un moyen de se dissocier de la cellule familiale et d’affirmer leur individualité au sein de la société. Ces sorties représentent alors une opportunité de découvrir les autres et de se découvrir eux-mêmes. Les jeunes hommes construisent leur masculinité par la séduction, la consommation d’alcool ou quelques fois par la violence, lors de conflits durant lesquels ils s’opposent physiquement <a href="https://www.google.fr/books/edition/The_Moral_Statistics_of_Glasgow_in_1863/X31GAAAAYAAJ">aux figures de l’autorité ou à leurs pairs</a>.</p>
<p>À l’inverse, les jeunes femmes construisent leur féminité en s’émancipant des contraintes morales que la société impose aux femmes. Par la danse, la consommation d’alcool ou encore la promiscuité avec le sexe opposé, elles bravent les interdits et s’affirment en tant que femmes indépendantes. Ainsi portée par le vent du changement, la jeune génération ouvrière revendique à travers une nouvelle culture urbaine et cosmopolite son émancipation à l’autorité d’un monde qu’elle considère comme révolu.</p>
<h2>Entre contrôle et pérennisation de la culture populaire</h2>
<p>À partir des années 1860, les classes aisées et les associations religieuses, notamment protestantes, commencent à s’inquiéter de voir se développer ces nouveaux lieux de divertissement, qu’ils considèrent comme les lieux de débauche de la jeunesse populaire. Parce que cette jeunesse doit garantir le devenir économique et social de la ville, ils entendent donc contrôler la façon dont elle se divertit.</p>
<p>Par exemple, les directeurs de la Magdalene Institution – où sont internées les jeunes femmes perçues comme déviantes –, se soulèvent contre le Parry’s Theatre, qu’ils considèrent comme l’établissement le plus dangereux du centre-ville. Celui-ci est alors fermé, puis racheté par John Henderson Park qui, à la tête de l’institution, convertit ce « temple vil du diable » en <a href="https://www.theses.fr/2023GRALL016">lieu de prière pour les classes populaires</a>.</p>
<p>En 1863, J.H. Park et les membres de la Glasgow Temperance Mission – association contre l’alcoolisme – tentent aussi de faire interdire la foire de Glasgow, qui sera délocalisée dans le quartier de Parkhead. Le motif est que les spectacles sont de caractère douteux et que la gestion des manèges est entre les mains de personnes issues de la communauté des gens du voyage, jugées « non fréquentables », tel qu’en témoigne un article publié dans le <a href="https://britishnewspaperarchive.co.uk/"><em>Glasgow Herald</em> en 1869</a> :</p>
<blockquote>
<p>« Les pères mènent une vie d’oisiveté et de dissipation, les mères possèdent peu de qualités maternelles, et leurs enfants sont élevés sans éducation et parfaitement ignorants de la différence entre le bien et le mal. »</p>
</blockquote>
<p>Dans les années 1870, les classes aisées dénoncent quant à elles l’attitude des femmes étrangères qui se produisent sur les planches de la scène glasvégienne. Leurs costumes frivoles et leur maquillage sont jugés vulgaires et indécents. Ainsi, les spectacles de french cancan proposés par le music-hall Whitebait en 1875 soulèvent un tollé dans la presse locale et la municipalité interdit leur représentation.</p>
<p>Malgré ces efforts mis en œuvre pour contrôler la façon dont se divertit la jeunesse, la municipalité ne peut totalement bannir de Glasgow les lieux de divertissement populaires, car ils sont économiquement indispensables à l’épanouissement d’une société qui, par le développement des voies ferrées et du tourisme, s’ouvre peu à peu au monde. Aujourd’hui encore, cette culture urbaine et cosmopolite se lit sur les devantures des pubs et des théâtres. Elle se vit à l’occasion des concerts et des festivals bouillonnants que la municipalité propose tout au long de l’année.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/223382/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Fanette Pradon ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Des établissements de loisir aux attractions foraines, la notoriété actuelle de Glasgow en tant que capitale écossaise du loisir et de la culture est un héritage du XIXᵉ siècle.Fanette Pradon, doctorante en civilisation britannique, Université Grenoble Alpes (UGA)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1929652022-12-01T17:27:38Z2022-12-01T17:27:38ZQuand l’univers du « drag » français rencontre le grand public<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/497921/original/file-20221129-24-nwq8p.png?ixlib=rb-1.1.0&rect=3%2C1%2C1180%2C774&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Le phénomène « drag » en pleine lumière, et au pied d'un décor qui évoque la tour Eiffel. </span> <span class="attribution"><span class="source">Francetv</span></span></figcaption></figure><p>Le « drag » est une pratique artistique dans laquelle des personnes, en grande majorité LGBTQIA+, incarnent le temps d’une soirée ou d’une performance un personnage genré personnel et exubérant (féminin, masculin ou mélangeant les genres). Émergeant aux États-Unis au début du XX<sup>e</sup> siècle – ses origines précises restent floues – il constitue un moyen d’expression pour une communauté LGBTQIA+ fortement discriminée et stigmatisée. C’est avec l’apparition des mouvements de libération LGBTQIA+ dans la seconde moitié du XX<sup>e</sup> siècle et un intérêt médiatique grandissant pour cette pratique que le drag devient progressivement un phénomène mondialisé. Plus récemment, l’apparition de la franchise <em>Drag Race</em> a propulsé l’art du « drag » sur la scène médiatique <em>mainstream</em>.</p>
<p>Aujourd’hui, le « drag » est présent dans la plupart des pays et s’est adapté aux contextes culturels dans lesquels il s’est implanté créant ainsi des scènes uniques prenant racine sur des pratiques de travestissement artistiques préexistantes. La scène « drag » française ne fait pas exception et prospère en s’inspirant de longues traditions nationales comme le cabaret, la mode ou le théâtre. Les drag-queens françaises sont par exemple réputées pour la qualité et la beauté de leurs tenues.</p>
<p>À mesure que le « drag » se développe, les pratiques se diversifient et repoussent les limites du corps ; les drag queens ultra féminines et les drag kings jouant de la masculinité côtoient désormais des créatures plus ou moins horrifiques ou fantastiques au genre indéfini et à l’humanité équivoque.</p>
<p>Si l’émission <em>Drag Race France</em> a connu un beau succès d’audience (près de 7 millions de téléspectateurs), elle a pourtant fait l’objet de polémiques au niveau des scènes drag locales avant sa diffusion en juillet 2022. À un fort enthousiasme se mêlent à ce moment-là de vives inquiétudes quant au portrait qui sera fait du « drag » et des personnes LGBTQIA+. Dans le milieu du « drag », certains expriment une certaine méfiance envers la chaîne de production et sa capacité à traduire leur art, leurs vécus, leurs combats dans une émission télévisuelle grand public. </p>
<p>Cette vive réaction est symptomatique d’un malaise plus général des personnes LGBTQIA+ concernant le risque de <a href="https://www.lemonde.fr/societe/article/2021/06/26/le-terme-de-pinkwashing-revet-une-dimension-negative-avec-l-idee-d-hypocrisie-des-marques_6085781_3224.html">« pinkwashing »</a> – qui désigne la réappropriation de leurs cultures par des institutions et médias <em>mainstream</em> à des fins marchandes. </p>
<p>À tout cela s’ajoute l’espérance que l’émission <em>Drag Race France</em> ne soit pas qu’un pastiche de la version étasunienne. Les drags souhaitent alors une adaptation du format qui met en avant leur art dans tout ce qu’il a d’unique et de pluriel mais qui éduque aussi le grand public sur les problématiques liées au vécu LGBTQIA+. Tous ces questionnements traduisent l’incertitude des effets positifs ou négatifs que produit la rencontre entre une culture alternative et les masses à la fois pour les artistes et le public.</p>
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<h2><em>Drag Race</em>, une success-story mondialisée</h2>
<p>Douze ans après son lancement aux États-Unis, le format télévisuel étasunien <em>Drag Race</em> a fait l’objet d’adaptations au Royaume-Uni, au Canada, en Espagne, aux Pays-Bas, en Italie, en Australie, en Nouvelle-Zélande, en Thaïlande, au Chili et aux Philippines. D’autres adaptations sont annoncées en Belgique, en Allemagne ou encore en Suède.</p>
<p>En France, la plupart des jeunes drags ont découvert cet univers à travers l’émission étasunienne, et en sont désormais des fans invétérés. De ce fait, la figure de proue de ce succès mondial, RuPaul, est encore perçue comme une figure tutélaire par beaucoup. La pratique de ces performeuses et performeurs est intimement liée à la franchise étasunienne et aux références qu’elle propose. L’une des participantes à l’émission française affirme ainsi : « Moi ce qui m’a donné envie de faire du drag c’est quand j’ai découvert <em>RuPaul’s Drag Race</em>. Donc je suis un pur produit <em>Drag race</em> ».</p>
<p>Notons cependant que l’émission ne fait pas l’unanimité chez les personnes LGBTQIA+ car considérée par certains – et avant même que le format s’exporte en France – comme <a href="https://tetu.com/2020/01/27/rupaul-sous-le-feu-des-critiques-apres-lannonce-du-casting-de-la-saison-12-de-rupauls-drag-race/">peu inclusive</a> et peu représentative des milieux queer ; alors très « téléréalité » le fait remarquer le drag king lyonnais Rico Loscopia. La directrice de l’unité des divertissements au sein du groupe France Télévisions affirme par exemple dans une <a href="https://www.francetvpro.fr/contenu-de-presse/34178383">interview</a> que le groupe est fier « avec Endemol France et Shake Shake Shake de proposer <em>Drag Race France</em>, l’adaptation du format iconique créé par RuPaul, une marque connue du monde entier qui met à l’honneur l’art du drag [et] qui permet de mettre en lumière la scène queer, sa réalité, sa richesse, et des sujets comme la transidentité ». </p>
<p>Si la production de l’émission en France s’inscrit dans un enjeu politique fort, elle ne peut toutefois pas se défaire du cadre marchand transnational dans lequel elle s’inscrit et des contraintes d’adaptations imposées par celui-ci ; le groupe France Télévisions, lorsqu’il s’empare des droits d’adaptation du format doit suivre une procédure de production précise imposée par le distributeur étasunien du format.</p>
<h2>Une version frenchie du format étasunien</h2>
<p>Depuis les années 1990, la plupart des émissions diffusées à la télévision française sont des adaptations de formats télévisuels provenant de systèmes médiatiques étrangers : l’une des premières en France étant par l’exemple l’émission <em>Questions pour un champion</em>, une adaptation du format britannique <em>Going for Gold</em> créé en 1987. Ainsi, un format télévisuel est une recette précise à suivre pour la production d’émissions. </p>
<p>Cela fait peu de temps que les liens entre un format et ses adaptations locales sont mis en avant pour le marketing de ces produits économiques, et dans ce contexte, l’émission <em>Drag Race France</em> ne fait pas exception : on peut lire par exemple sur le <a href="https://www.francetelevisions.fr/et-vous/notre-tele/a-ne-pas-manquer/drag-race-12387">site</a> de France Télévisions que « c’est avant tout l’histoire d’une réussite internationale [et que l’adaptation française] reprend les incontournables de sa grande sœur américaine ».</p>
<p>Précisons que pour l’adaptation d’un format pour le public local, les producteurs ne peuvent pas disposer librement de ce modèle de production. Dans une tension entre rigidité et flexibilité, la production d’un format adapté s’inscrit ainsi dans un cadre marchand qui standardise la production des adaptations locales. Cela dit, dans un effort de localisation, le pari a été d’adapter le format étasunien en restant très proche du concept original de l’émission « mais avec l’idée qu’on sache tout de suite qu’on est en France » comme l’explique le producteur dans une <a href="https://www.komitid.fr/2022/09/13/raphael-cioffi-auteur-de-drag-race-france-jai-ete-ultra-impressionne-par-linvestissement-de-chaque-queen/">interview</a>. </p>
<p>Pour promouvoir l’émission, les drag queens françaises prennent ainsi la pose à la place du roi dans une mise en scène versaillaise et arborent des tenues exubérantes rappelant celles de la cour au XVIII<sup>e</sup> siècle. Mais ce n’est pas tout. Un cocorico en guise de jingle, un remix de la marseillaise qui scande « aux glams citoyennes ! », ou encore un <a href="https://www.instagram.com/p/Cf1KqgeKkoH/">défilé</a> sur le thème « French clichés » viennent donner à l’adaptation française sa couleur locale et singularise le contenu de l’émission <em>Drag Race France</em> par rapport aux autres adaptations.</p>
<h2>À la conquête des publics (une émission mainstream mais pas trop)</h2>
<p>Le producteur de l’émission, Raphaël Cioffi, affirme par ailleurs dans une <a href="https://www.komitid.fr/2022/09/13/raphael-cioffi-auteur-de-drag-race-france-jai-ete-ultra-impressionne-par-linvestissement-de-chaque-queen/">interview</a> que ce qu’il aime faire « ce sont des choses fortes, qui plaisent autant à ses amis pédés qu’à ses parents ». Un pari réussi <a href="https://www.lemonde.fr/societe/article/2022/09/17/comment-drag-race-a-seduit-le-grand-public-le-fait-de-les-voir-si-libres-et-si-puissantes-ca-donne-envie-de-l-etre-aussi_6142081_3224.html">selon le journal <em>Le Monde</em></a> qui déclare que les « reines » exubérantes de l’émission « ont conquis un public qui dépasse désormais le cercle LGBT+ ». </p>
<p>En effet, l’émission doit s’adresser au grand public tout en mettant en valeur la culture LGBTQIA+. Le drag king Rico Loscopia abonde dans ce sens en ajoutant que les drags français se sont sentis respectés et que l’émission a « autant été à la rencontre du public queer qu’à la rencontre d’un public de non habitués ». L’art du drag voit <a href="https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2022/01/15/les-drag-queens-de-l-underground-a-la-consecration_6109557_4500055.html">son public s’élargir à une audience plus « hétéro »</a>, autrement dit plus <em>mainstream</em>. Ainsi, à travers l’émission <em>Drag Race France</em>, le « drag » devient un objet culturel de masse qui rassemble divers publics, avec diverses attentes et sensibilités.</p>
<h2>Les scènes locales impactées</h2>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/498005/original/file-20221129-12-adhcij.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/498005/original/file-20221129-12-adhcij.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=411&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/498005/original/file-20221129-12-adhcij.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=411&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/498005/original/file-20221129-12-adhcij.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=411&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/498005/original/file-20221129-12-adhcij.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=517&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/498005/original/file-20221129-12-adhcij.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=517&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/498005/original/file-20221129-12-adhcij.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=517&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Les drags clermontoises de la House of Morningstar animant une soirée de visionnage de <em>Drag Race France</em>.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Celala</span></span>
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<p>Ainsi, ce nouvel engouement populaire impacte une scène présente partout en France (et ce depuis au moins les années 1980) en la rendant plus visible et plus accessible. Dans ce contexte, l’émission est par exemple devenue un moyen pour les artistes de se faire connaître auprès d’un large public et ce à travers toute la France. Le « drag » n’est donc plus la pratique confidentielle qu’elle était jusqu’alors et de nouvelles institutions et établissements s’y intéressent désormais, l’incluant de plus en plus dans leurs programmations. « On existe aussi ! » clame la drag queen lilloise Crystal Chardonnay lors de la soirée organisée à Lille après le spectacle <em>Drag Race France live</em>, insistant ainsi sur l’importance de soutenir les scènes locales, leur donner des opportunités, et ne pas seulement se contenter d’une version édulcorée offerte par l’émission. </p>
<p>Cela dit, l’une des drags de l’émission déclare quant à elle espérer que toutes les drags qui profitent de ce nouvel engouement populaire auront la possibilité d’occuper des espaces télévisuels variés, autres que l’émission <em>Drag Race France</em>, seule case destinée à donner une place médiatique centrale aux drag queens, et de facto aux personnes LGBTQIA+. Parmi les rares précédents en France, on ne peut citer qu’une émission sur MCM, <em>Drag Save The Queen</em>, diffusée avant <em>Drag Race</em>, en 2021.</p>
<p>Alors que « la folie <em>Drag Race</em> a gagné la France » pour citer un <a href="https://www.bfmtv.com/culture/apres-avoir-conquis-le-public-cet-ete-les-drag-queens-de-drag-race-france-partent-en-tournee_VN-202209060126.html">média populaire</a>, une deuxième saison de l’émission française a été annoncée. Plus nombreuses et nombreux qu’au casting de la première saison, d’autres drags ont décidé de postuler pour tenter de devenir « la prochaine reine du drag français ». Toutefois, des controverses subsistent encore autour de l’émission et la standardisation de cet art, diluant sa portée politique à des fins marchandes. L’émission <em>Drag Race</em> constitue désormais la référence mainstream du « drag » en France, créant de nouvelles attentes de la part du public français : attentes avec lesquelles les drags doivent composer.</p>
<p>Toutefois, la mondialisation des biens culturels oblige aussi les artistes à se réinventer et se fortifier localement tout en exploitant une popularité en hausse. La demande croissante en spectacles drags de la part du public et de certains lieux depuis la diffusion de l’émission amène de plus en plus de drag queens à penser leur professionnalisation et à se produire dans des contextes nouveaux, comme des bars et restaurants avec une clientèle moins queer ou des salles de spectacle importantes, plus institutionnelles.</p>
<p>Si le format étasunien semble s’être trouvé une place sur nos écrans de télévision et qu’il a sans nul doute diverses répercussions sur les scènes drag locales, il est intéressant d’observer comment l’émission provoque finalement l’émergence d’un « drag » à la française qui a son tour s’exporte a l’étranger. Celui-ci met en avant, comme l’a fait l’émission, à la fois certains clichés nationaux mais aussi des influences venues du cabaret et de la mode, qui font désormais l’objet de spectacles, dans un retour logique à la scène.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/192965/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>L'apparition de la franchise « Drag Race »a propulsé l'art du drag sur la scène médiatique mainstream.Aziliz Kondracki, Doctorante en anthropologie, École des Hautes Études en Sciences Sociales (EHESS)Elias Caillaud, Doctorant en Anthropologie , École des Hautes Études en Sciences Sociales (EHESS)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1933452022-11-14T16:53:22Z2022-11-14T16:53:22ZAu Québec, les arts littéraires flirtent avec les publics<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/495126/original/file-20221114-16-8kcuih.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C3%2C2048%2C1529&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">« Autour du rose enfer des animaux », un spectacle issu du Laboratoire des Nouvelles Technologies de l’Image, du Son et de la Scène.</span> <span class="attribution"><span class="source">Carole Bisenius-Penin</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span></figcaption></figure><p>Depuis 2019, le milieu littéraire québécois parvient à rendre visible la question des arts littéraires sur son territoire et participe ainsi <a href="https://theconversation.com/au-quebec-et-au-canada-les-arts-litteraires-se-reinventent-113442">à une certaine institutionnalisation de la notion</a>.</p>
<p>Ce phénomène s’inscrit dans certains lieux emblématiques, du côté des acteurs culturels, comme la <a href="https://slo.qc.ca/la-maison-des-arts-litteraires/">Maison des arts littéraires de Gatineau</a> (MAL, 2020), vitrine annuelle de diffusion en arts littéraires imaginée en complément du <a href="https://slo.qc.ca/">salon du livre de l’Outaouais</a> ou encore le festival <a href="https://www.quebecentouteslettres.com">« Québec en toutes lettres »</a>.</p>
<p>Du côté de la recherche, un récent dossier paru dans une revue franco-québécoise entend également faire le point sur ces pratiques littéraires contemporaines privilégiant une <a href="https://journals.openedition.org/recherchestravaux/4655">poétique de la convergence et de l’hybridité</a>.</p>
<p>Sur le terrain et sur le plan de la réception, on peut donc s’interroger sur la façon dont les arts littéraires entretiennent avec leurs publics un rapport en tension, entre participation et déstabilisation, à travers une création littéraire plurielle, médiatisée et spectacularisée. Notre analyse porte sur ces formes au sein d’un cadre de médiation et de médiatisation de la littérature spécifique et éphémère <a href="https://www.cairn.info/revue-actes-de-la-recherche-en-sciences-sociales-2015-1-page-108.htm">celui de la manifestation festivalière</a>)</p>
<h2>Une littérature médiatisée, entre dispositif numérique interactif et cartomancie</h2>
<p>Au sein de la Maison de la littérature, se niche durant le festival « Québec en toutes lettres », l’installation « Clairvoyantes » empruntant à l’univers de la fête foraine son décor et à la cartomancie, cet art divinatoire recourant au tirage de cartes. Après avoir pénétré dans ce chapiteau intimiste et sombre, l’utilisateur face au miroir et à l’écran tactile pose sa question à l’oracle virtuelle, qui l’invite à tirer trois cartes (un personnage, un lieu et un objet) correspondant à des fragments littéraires visuels et sonores.</p>
<p>Cette combinatoire interactive imaginée par une autrice (<a href="https://atelier-wilhelmy.com">Audrée Wilhelmy</a>) et une maison d’édition atypique disposant de <a href="https://editionsalto.com">son propre laboratoire éditorial</a>) entremêle les textes de quinze écrivaines québécoises selon le parcours de chaque utilisateur et des supports iconiques (figures féminines, lieux, objets) particulièrement esthétiques qui revisitent le tarot et favorisent l’immersion des publics.</p>
<p>Cet oracle littéraire qui croise les médiums offre une littérature médiatisée par les technologies du numérique qui, au-delà de sa dimension ludique, vise à reconfigurer les pratiques créatives issues des arts littéraires et à capter d’autres publics. De la même manière, le dispositif de l’oracle a été pensé dans cette transmédialité, d’une part sous la forme d’un objet, un coffret comprenant quarante-cinq cartes et un livre d’interprétation, et d’autre part, <a href="https://clairvoyantes.com/fr">grâce à une plate-forme numérique</a>) prolongeant en ligne l’expérience littéraire. L’intérêt de ce dispositif réside dans le processus d’hybridation mené.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/495138/original/file-20221114-11-a0gj3p.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/495138/original/file-20221114-11-a0gj3p.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=268&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/495138/original/file-20221114-11-a0gj3p.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=268&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/495138/original/file-20221114-11-a0gj3p.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=268&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/495138/original/file-20221114-11-a0gj3p.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=336&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/495138/original/file-20221114-11-a0gj3p.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=336&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/495138/original/file-20221114-11-a0gj3p.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=336&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Le dispositif immersif et multimédia « Clairvoyantes » invite le spectateur à s’installer pour bénéficier d’un oracle littéraire.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Carole Bisenius-Pénin</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
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<h2>Cabinet de consultation poétique : de l’adaptation au spectacle de contes revisité et performé</h2>
<p>Loin d’une adaptation théâtrale classique, le dispositif de la compagnie Théâtre à corps perdus (<a href="https://www.acorpsperdus.com/?page_id=2653">« Rx : contes-gouttes »</a>) a été pensé comme un cabinet de consultation poétique éphémère et intime qui distille au compte-gouttes des extraits de contes issus des œuvres de l’auteur québécois <a href="https://nac-cna.ca/fr/bio/martin-bellemare">Martin Bellemare</a>, en fonction d’un jeu d’échanges entre un comédien en blouse médicale et un participant ayant pris place sur une table de consultation revisitée pour l’occasion.</p>
<p>Ce parcours sur mesure déployé à partir d’un questionnaire à choix multiple repose sur une matrice combinatoire à la manière du <a href="https://www.oulipo.net/fr/contraintes/conte-a-votre-facon"><em>Conte à votre façon</em></a> de R. Queneau et relève d’une véritable prouesse mémorielle : le comédien doit mettre en récit et performer, selon les choix de chaque participant, les nombreux extraits mobilisés durant le spectacle (une trentaine de contes).</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/495136/original/file-20221114-20-jq9hz7.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/495136/original/file-20221114-20-jq9hz7.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=800&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/495136/original/file-20221114-20-jq9hz7.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=800&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/495136/original/file-20221114-20-jq9hz7.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=800&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/495136/original/file-20221114-20-jq9hz7.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1005&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/495136/original/file-20221114-20-jq9hz7.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1005&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/495136/original/file-20221114-20-jq9hz7.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1005&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Un comédien vous attend pour une consultation littéraire sur mesure.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Carole Bisenius-Pénin</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
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<p>Cette consultation, sorte de « posologie sur mesure » d’une vingtaine de minutes décline, à travers cette proximité, ce face-à-face potentiellement déstabilisant, une littérature parfois chuchotée à l’oreille du participant-patient qui donne à entendre d’une autre manière le conte et nécessite une participation active des publics, sollicitant fortement une implication corporelle et sensorielle au sein du dispositif.</p>
<p>Outre la singularité du texte littéraire choisi et l’originalité de l’installation détournant le cadre médicalisé, cette forme spectacularisée de <a href="https://www.cairn.info/vocabulaire-des-histoires-de-vie-et-de-la-recherch--9782749265018-page-236.htm">« médecine narrative »</a>) interroge également une des tendances actuelles, la « littérature du care » selon Alexandre Gefen ou celle du « soin à voix haute » sous l’angle de la <a href="https://www.youtube.com/watch?v=I9_pKjEjUlA">bibliothérapie prônée par Régine Détambel</a>.</p>
<h2>Dramaturgie plurielle : avatars technologiques et participation active</h2>
<p>Spectacle issu du Laboratoire des nouvelles technologies de l’image, du son et de la scène (<a href="http://www.lantiss.ulaval.ca">LANTISS</a> de l’université de Laval, la proposition du collectif DTT, intitulé <em>Autour du rose enfer des animaux (AREA)</em> est également une adaptation de la pièce <em>Le rose enfer des animaux</em> du poète et dramaturge Claude Gauvreau, digne représentant du mouvement artistique québécois, dit de l’automatisme s’inspirant du surréalisme et source inépuisable de métaphores poétiques affleurant à la conscience.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/a-quand-les-livres-rembourses-par-la-securite-sociale-112046">À quand les livres remboursés par la Sécurité sociale ?</a>
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<p>Le recours aux arts littéraires croisant texte théâtral et divers outils interactifs (mapping vidéo, voix de synthèse générées en temps réel) correspond certes à la volonté de ces jeunes créateurs de rendre hommage avec jubilation à Claude Gauvreau, tout en questionnant la fonction du poète, mais plus spécifiquement encore de positionner les publics dans une véritable posture performative.</p>
<p>En effet, cette forme de littérature spectacularisée est avant tout envisagée sous une modalité participative car elle invite 8 personnes du public à endosser des personnages de l’œuvre sous un masque et à s’installer sur scène « au festin virtuel et déjanté de Domitien Dolmansay, gorille robotisé et hôte de la soirée ». Au prisme de leurs avatars technologiques et animaliers, les volontaires peuvent au choix suivre ou refuser les directives affichées dans leur assiette, selon les tableaux vidéo et sonores élaborés. Ils deviennent ainsi de véritables co-auteurs du spectacle.</p>
<p>Pour conclure, les arts littéraires sous leur forme festivalière offrent une opportunité d’appréhender la perception des publics à l’égard de la création littéraire dont ils sont habituellement exclus et « de mieux approcher d’autres types de publics par les croisements disciplinaires effectués » selon Valérie Lambert, directrice de la Maison de la littérature de Québec, afin de comprendre comment les formes de socialisation littéraire induites peuvent aussi participer à la transformation des pratiques culturelles et au renouvellement des publics.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/193345/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Carole Bisenius-Penin ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Le festival « Québec en toutes lettres » déploie des dispositifs originaux pour favoriser la rencontre entre littérature et publics, à la frontière du spectacle et en utilisant divers supports.Carole Bisenius-Penin, Professeur d'Université en Sciences de l'information et de la communication, CREM, Université de LorraineLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1710622022-01-31T19:06:57Z2022-01-31T19:06:57ZLe théâtre forain ambulant, un art populaire oublié<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/443484/original/file-20220131-118117-1utfjre.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C231%2C5465%2C3759&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les comédiens sur scène.</span> <span class="attribution"><span class="source">Archives Carrière Léon</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span></figcaption></figure><p>Peut-être n’avez-vous jamais entendu parler de théâtre démontable ambulant forain. Il s’agit pourtant d’une forme théâtrale originale qui dévoile un <a href="http://www.musee-theatre-forain.fr/">pan captivant de l’histoire du théâtre en France</a>. Forains par leur itinérance, démontables par leur structure, ces théâtres familiaux, sans attaches, ont circulé près de deux siècles dans les campagnes françaises, transmettant un art devenu désuet et incompris – sauf pour ceux qui l’ont connu.</p>
<p>À ne pas confondre avec le <a href="http://cethefi.org/">théâtre de foire parisien du XVIIIᵉ siècle</a>, les théâtres démontables sont apparus pour la première fois en province à l’aube du XIX<sup>e</sup> siècle. Ils proposaient un éventail riche et complet de différentes pièces de théâtre : célèbres mélodrames, vaudevilles, comédies militaires, drames, hautes comédies, opéras et opérettes pour les troupes lyriques. Malgré cette hégémonie théâtrale dans la province française pendant plus de deux siècles, cette forme particulière sera volontairement ignorée, délaissée par les pouvoirs publics et <a href="https://fresques.ina.fr/rhone-alpes/parcours/0003/de-la-decentralisation-culturelle-theatrale-a-la-globalisation.html">mise à l’écart de la décentralisation théâtrale annoncée</a>). À sa mort, dans les années 1960, le théâtre démontable tombe dans l’oubli et laisse des traces sensibles pour ces acteurs de toujours.</p>
<p>« Si tu ne vas pas au théâtre, le théâtre viendra à toi » <a href="https://www.idref.fr/030879779">proclame Jeanine Camp</a>, artiste. Telle pourrait être la devise des théâtres ambulants démontables forains ! Ces artistes ne se contentent pas de proposer des spectacles sur de simples tréteaux en extérieur, mais ils se déplacent avec leur propre structure théâtrale. À la cadence d’environ quatre villes par an, un théâtre ambulant démontable rayonne dans toutes les régions de France. Entre 1918 et 1939, 200 théâtres étaient recensés, pour cinq villes annuellement traversées. Selon Lucien Caron, ancien artiste forain, dans la brochure des amis du théâtre démontable :</p>
<p>« Nous avons mille localités visitées. Chaque année ! Faites le compte pour seulement un demi-siècle. […] Combien de représentations données ? Faites le compte : quelques millions ! Combien de spectateurs touchés ? Des dizaines de millions ! Dont beaucoup ignoreraient tout du théâtre », </p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/443485/original/file-20220131-17-x24pw5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/443485/original/file-20220131-17-x24pw5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=459&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/443485/original/file-20220131-17-x24pw5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=459&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/443485/original/file-20220131-17-x24pw5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=459&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/443485/original/file-20220131-17-x24pw5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=577&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/443485/original/file-20220131-17-x24pw5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=577&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/443485/original/file-20220131-17-x24pw5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=577&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Théâtre Cavalier.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Archives de la famille Cavalier</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
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<h2>Les grandes familles des théâtres démontables</h2>
<p>Au XIX<sup>e</sup> siècle, en France, <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k2043674.texteImage">on retrouve tous types de théâtres ambulants</a>. Il est possible de croiser sur les routes du pays des <a href="https://webmuseo.com/ws/musees-regioncentre/app/collection/expo/145">« baraques » géantes et d’autres bien plus modestes</a>) La famille est la base de ces troupes itinérantes, la dimension des établissements varie en fonction de la taille de celle-ci. Le théâtre est transmis de génération en génération, porté par de grandes dynasties : les <a href="https://webmuseo.com/ws/musees-regioncentre/app/collection/expo/152">Delamarre, les Creteur-Cavalier, les De Blasiis, les Durozier…</a></p>
<p>Imaginez une construction imposante, rectangulaire, faite de panneaux verticaux en bois, de dimensions variables. (12 à 30 mètres de long et jusqu’à 10 mètres de large, pour les plus grandes). Au centre de la façade se trouve « le contrôle » un espace réservé à la billetterie, et à l’entrée du public. Le contrôle est toujours soigneusement orné de l’enseigne portant le nom de la famille. A côté de cela, autour de la « baraque », on peut voir s’installer les caravanes d’habitations, ainsi que le convoi.</p>
<p>À l’intérieur de la salle, la scène se dresse sur l’un des côtés. L’espace principal est composé d’un plancher incliné rempli de gradins, ou chaises de confort variable pour accueillir le public. En fonction de la taille du dispositif, la salle accueille de 200 à 1 000 spectateurs. Les déménagements, démontages, voyages, montages, leurs imposaient environ cinq jours de relâche.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/443486/original/file-20220131-17-1qsziof.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/443486/original/file-20220131-17-1qsziof.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=440&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/443486/original/file-20220131-17-1qsziof.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=440&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/443486/original/file-20220131-17-1qsziof.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=440&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/443486/original/file-20220131-17-1qsziof.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=553&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/443486/original/file-20220131-17-1qsziof.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=553&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/443486/original/file-20220131-17-1qsziof.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=553&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Montage en 1934 à Remiremont.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Archive Lamarche</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
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<h2>Des enfants de la balle</h2>
<p>La famille Creteur/Cavalier est l’une de ces grandes familles itinérantes. Au moins 3 ou 4 générations de Creteur se sont vouées corps et âme au métier de comédien itinérant. « Toute une vie de SDF au vrai sens du terme, passée à rouler et à jouer », résume Jean. (Jean Creteur, <em>Mon théâtre forain</em>) À son apogée, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, leur établissement prend vie et se déplace à la faveur d’un convoi de 12 à 15 caravanes, pour transporter jusqu’à 20 personnes, 700 costumes, et une multitude de décors. L’organisation est millimétrée, chacun avec un rôle définit, le hasard n’a pas sa place. « Il fallait savoir tout faire : bricoler, réparer, peindre, gérer et jouer, explique Jean. Notre arrivée pouvait faire peur aux riverains. À la fin, ils ne voulaient plus nous laisser partir ! ».</p>
<h2>Un répertoire polémique</h2>
<p><em>Mon curé chez les riches</em>, <em>Tire au flanc</em>, <em>La dames aux camélias</em> ! : autant de titres qui nous donnent une idée du répertoire des théâtres forains. Un mélange de mélodrames populaires, de drames classiques, de comédies et d’opérettes. Loin de la programmation des théâtres parisiens, les pièces des théâtres ambulants peuvent paraître moins sérieuses et plus légères, mais dès lors que l’on prend connaissance de la popularité de ces théâtres, il est indéniable que ces pièces trouvaient un écho auprès des spectateurs.</p>
<p>Si nous prenons encore l’exemple de Jean Creteur, célèbre banquiste : il a joué dans plus de 170 pièces et il comptabilise plus de 400 rôles dans sa vie. Quel comédien aujourd’hui pourrait se vanter d’un tel répertoire ?</p>
<p>D’autant qu’à cette époque, la Société des auteurs et compositeurs dramatiques (SACD) censurait de façon arbitraire certains théâtres provinciaux, il leur était interdit de monter des pièces modernes. Sans motif, elle refusait ce répertoire, sans doute jugé trop réputé pour être joué par des « saltimbanques ». Toutefois, le public n’en est pas moins nombreux, celui-ci étant ravi de pouvoir <a href="https://www.idref.fr/030879779">apprécier des pièces dans lesquelles il peut s’identifier</a>.</p>
<h2>Une popularité inégalable</h2>
<blockquote>
<p>« À la jonction de l’ancien et du nouveau siècle. Il y avait très peu de voitures, pratiquement pas de moyen de locomotion, hormis le train. Le théâtre démontable est né dans un contexte où il avait toutes ses chances pour que cela fonctionne. » (Lucien Caron)</p>
</blockquote>
<p>Il faut bien se mettre dans l’ambiance de l’époque. La télévision n’existe pas encore, un théâtre arrive dans notre ville, les places sont à un prix dérisoire, nous y allons une première fois par curiosité et puis le théâtre reste deux mois sur la place, alors, chaque soir nous retournons afin de voir dans quelles nouvelles histoires vont se retrouver les comédiens. Tout comme notre série préférée, ou le téléfilm du dimanche, les théâtres démontables étaient la seule distraction des habitants du village : un art populaire à l’état pur. Mais qu’est-ce que le théâtre populaire ?</p>
<p>« Ni plus ni moins que le théâtre du peuple, qui concerne le peuple, qui appartient au peuple. » proclame Lucien Caron dans la brochure des amis du théâtre démontable.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/443491/original/file-20220131-19-1kwgdha.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/443491/original/file-20220131-19-1kwgdha.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=422&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/443491/original/file-20220131-19-1kwgdha.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=422&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/443491/original/file-20220131-19-1kwgdha.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=422&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/443491/original/file-20220131-19-1kwgdha.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=531&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/443491/original/file-20220131-19-1kwgdha.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=531&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/443491/original/file-20220131-19-1kwgdha.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=531&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Théâtre Lamarche, intérieur.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Archives Lamarche</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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<h2>La fin du théâtre démontable</h2>
<p>Le théâtre démontable forain est né en France dans une période postrévolutionnaire propice à la nouveauté. Leur mise à l’écart, le rejet des institutions dites classiques n’empêchent pas son âge d’or. Durant près de deux siècles, des familles foraines apportent une vie théâtrale sur tout le pays. Au sommet de son apogée, le théâtre forain sera confronté à de nombreux obstacles : les deux guerres mondiales, les nouvelles normes de sécurité, et sans doute le plus fatal, l’arrivée de la télévision. Ces difficultés le mettent à mal et entraînent sa fin dans les années 60.</p>
<p>Avec les trente glorieuses, la société est en plein essor et la politique de décentralisation permet le développement et la diffusion du théâtre dans les régions. Pourtant, on ne se soucie pas du théâtre démontable forain qui propose déjà des spectacles populaires dans l’ensemble du pays depuis deux siècles et qui est en pleine agonie. Une agonie, le mot est fort, mais représente parfaitement le traumatisme subi par la majorité des familles de « démontables ».</p>
<p>De façon indéniable, le théâtre ambulant a été un fait de société, son histoire fait partie de l’histoire universelle du théâtre. Il est impossible de le nier. Simplement parce que cette forme d’activité artistique était liée aux « gens du voyage », aux forains, on tend à la considérer comme un art mineur par rapport au « vrai théâtre », entendu comme le théâtre légitime socialement. On insiste souvent sur l’idée que la France était dépourvue de tout théâtre en province avant la fameuse décentralisation théâtrale d’après-guerre, mais les théâtres forains ambulants démontrent qu’il n’en était rien.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/171062/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Loli Jean-Baptiste ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Retour sur un pan important mais oublié de l’histoire du théâtre en France.Loli Jean-Baptiste, Doctorante en arts du spectacle, Université de Franche-Comté – UBFCLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1610332021-05-18T17:31:23Z2021-05-18T17:31:23ZLe crowdfunding peut-il sauver le spectacle vivant ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/401028/original/file-20210517-19-2mz5ly.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C12%2C2035%2C1352&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Le Hellfest, 180&nbsp;000&nbsp;spectateurs lors de ses dernières éditions, n’aura pas lieu pour la deuxième année de suite.
</span> <span class="attribution"><span class="source">Wikimedia Commons</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><p>Alors qu’il n’avait pas encore pris la décision d’annuler le festival pour une deuxième année consécutive, Ben Barbaud, le président du Hellfest, rendez-vous annuel incontournable pour tous les amateurs de métal qui compte dans le <a href="https://www.touslesfestivals.com/actualites/le-bilan-des-festivals-de-lannee-2019-191219">top 10 des festivals en termes de fréquentation</a> en 2019, n’excluait pas d’avoir recours au lancement d’une campagne de crowdfunding dans une <a href="https://www.lefigaro.fr/musique/ben-bardaud-patron-du-hellfest-le-risque-d-annuler-les-festivals-en-2021-est-important-20201001">interview</a> accordée au <em>Figaro</em> :</p>
<blockquote>
<p>« Vu la fidélité et la loyauté du public, je pense que si je dois passer par une opération de ce type, il répondrait présent. »</p>
</blockquote>
<p>Les professionnels du monde du spectacle ont en effet souvent recours à cette méthode pour porter leurs projets. Citons ici aussi l’exemple de la RB Dance Company, troupe de danseurs claquettistes qui a financé par ce moyen le lancement de leur spectacle Stories, puis, tout récemment, de leur série de vidéos Barbarians.</p>
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<figcaption><span class="caption">Barbarians : on a besoin de vous ! (RB Dance Company, 10 avril 2021).</span></figcaption>
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<p>Le crowdfunding, ou financement participatif (l’expression se traduit littéralement par « financement par la foule »), peut être défini comme un effort collectif de personnes qui se rassemblent et donnent des fonds, en échange de contreparties ou non, dans le but de soutenir un projet créé par d’autres personnes ou organisations. Cette piste pourrait ainsi être envisagée pour faire face aux pertes générées par les confinements et la limitation à <a href="https://www.francetvinfo.fr/culture/covid-19-la-culture-se-deconfine-a-partir-du-19-mai-d-apres-le-calendrier-fixe-par-emmanuel-macron_4604359.html">35 % des capacités d’accueil</a> à partir du 19 mai.</p>
<p>Cette pratique de financement, alternative aux banques, est aujourd’hui bien établie et ses règles de fonctionnement sont maintenant bien comprises par les différents acteurs économiques. La barre <a href="https://financeparticipative.org/le-crowdfunding-depasse-le-milliard-en-2020/">du milliard d’euros</a> de financement a ainsi été dépassée en 2020, ce qui représente une hausse considérable de 62 % par rapport à 2019. Une partie de cette hausse s’explique par la mise en ligne d’un grand nombre de projets de solidarité suite à la crise sanitaire.</p>
<p>Un grand nombre de secteurs d’activités a recours au financement participatif, allant des industries culturelles aux nouvelles technologies en passant par la gastronomie. Cependant, le spectacle vivant possède un certain nombre de caractéristiques qui peuvent constituer des obstacles à la réussite d’une campagne de levée de fonds de ce type.</p>
<h2>L’éphémère, l’émotion et les contreparties</h2>
<p>Si la foule peut être tentée d’investir dans un projet durable comme la création d’une entreprise, un projet immobilier ou encore un nouveau produit technologique, la dimension éphémère du spectacle vivant peut en effet freiner de potentiels investisseurs.</p>
<p>De plus, le spectacle vivant reste un bien d’expérience dont l’évaluation repose plus sur l’émotion que sur des faits tangibles. Réussir à convaincre des individus de financer un projet de spectacle vivant en se fondant sur une description factuelle sans possibilité de le vivre se révèle être un challenge supplémentaire pour les porteurs de tels projets.</p>
<p>Enfin, le spectacle vivant reste majoritairement une activité à but non lucratif, ce qui peut limiter la mise en place de contreparties possiblement attractives pour les investisseurs en échange de leur don.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/BFEbtWdZBzA?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Présentation de l’orchestre des Petites Mains Symphoniques (janvier 2015).</span></figcaption>
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<p>Certains projets ont réussi avec succès leur campagne comme l’orchestre des Petites Mains Symphoniques qui a récolté plus de 33 000 euros en 2016. L’ensemble des éléments précités pose néanmoins la question des facteurs de réussite d’une campagne de financement participatif dans le domaine particulier du spectacle vivant.</p>
<h2>Rassembler les individus</h2>
<p>Dans nos recherches, nous nous sommes penchés sur le sujet en prenant le cas plus précis des festivals. Notre analyse de 364 projets dans tous les domaines (musique, danse, théâtre, arts de la rue, etc.) met en évidence, en premier lieu, <a href="https://rfg.revuesonline.com/articles/lvrfg/abs/2020/03/rfg00435/rfg00435.html">l’absence d’effet de réputation</a>. Un nouveau projet de festival a autant de chance d’obtenir son financement qu’un festival qui serait déjà bien établi et reconnu.</p>
<p>Ce résultat peut s’expliquer d’une part par le fait que les investisseurs potentiels ne portent leur attention que sur le projet de festival en question, sans prendre en considération les éventuelles précédentes éditions. D’autre part, un festival déjà établi peut donner l’impression qu’il n’a pas besoin d’aide pour se financer.</p>
<p>Les festivals qui ont le plus de chances de réussir leur campagne de collecte de fonds semblent posséder une forte dimension communautaire. Ils visent davantage à rassembler les individus plutôt que la célébration d’un art en particulier.</p>
<p>Par ailleurs, plus importante imagine-t-on la taille du festival, plus l’objectif de financement possède-t-il de chance d’être atteint. Le festival interceltique de Lorient, plus important festival organisé chaque année en France, réfléchissait d’ailleurs, avant la crise, <a href="https://www.ouest-france.fr/bretagne/lorient-56100/festival-interceltique-550-000-eu-recoltes-par-le-fonds-de-dotation-6470434">au fait d’y avoir recours</a>.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/401027/original/file-20210517-19-yo556p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/401027/original/file-20210517-19-yo556p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/401027/original/file-20210517-19-yo556p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/401027/original/file-20210517-19-yo556p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/401027/original/file-20210517-19-yo556p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/401027/original/file-20210517-19-yo556p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/401027/original/file-20210517-19-yo556p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Le Festival interceltique de Lorient réfléchit actuellement aux moyens d’attirer de nouveaux soutiens.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Étienne Valois/FlickR</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
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<p>Nous montrons également que la proposition de contreparties n’a pas d’impact sur la décision des investisseurs potentiels. Celle-ci est davantage motivée par l’envie d’aider un projet que par la perspective de recevoir quelque chose en échange.</p>
<h2>Une opportunité à saisir</h2>
<p>L’ensemble de ces résultats amène à identifier certaines spécificités du crowdfunding dans le domaine du spectacle vivant. Contrairement à beaucoup de formes de financement participatif, où les internautes décident d’investir dans les projets qui leur paraissent les plus solides et offrant un maximum de garanties, le crowdfunding dans le spectacle vivant apparaît comme étant davantage <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S088390261300058X">guidé par l’affect et les émotions</a>. Plutôt que de chercher le projet avec le meilleur potentiel, les investisseurs espèrent avant tout aider un projet qui les touche.</p>
<p>Cette dimension solidaire semble plus importante encore dans le contexte de la crise de la Covid-19. Malgré les aides de l’État, certaines structures de l’industrie de la culture et du spectacle vivant se retrouvent dans une situation financière difficile qui peut aller jusqu’à remettre en cause leur existence.</p>
<p>Le financement participatif semble, dans ce contexte, constituer une opportunité à saisir pour les professionnels. La méthode avait par exemple contribué à sauver le <a href="https://www.helloasso.com/associations/motocultor-fest-prod/collectes/soutenez-le-motocultor-festival-1">Motocultor, festival breton de métal, en 2017</a>. Le baromètre du financement alternatif en France réalisé par Mazars et l’association Financement Participatif France atteste d’ailleurs de la très forte hausse des dons effectués au profit du spectacle vivant, passé d’environ 7 millions d’euros en 2019 <a href="https://financeparticipative.org/barometres-crowdfunding/">à plus de 20 millions en 2020</a>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/161033/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Alors que le secteur subit fortement les effets de la crise, ce mode de financement pourrait apporter une aide précieuse.Damien Chaney, Professor, EM NormandieBruno Pecchioli, Professeur associé, ICN Business SchoolLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1520492020-12-15T15:33:24Z2020-12-15T15:33:24ZCovid-19 : en France, la culture sacrifiée ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/375101/original/file-20201215-24-rvkve0.png?ixlib=rb-1.1.0&rect=11%2C0%2C1462%2C962&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">La devanture de l'Olympia, le 8 décembre 2020. </span> <span class="attribution"><span class="source">Philippe Dufreigne / Twitter</span></span></figcaption></figure><p><a href="https://theconversation.com/coronavirus-et-autres-maux-2020-annee-noire-pour-le-tourisme-mondial-133852">Après le tourisme</a>, la culture est le secteur le plus touché par la crise due à la pandémie en 2020, particulièrement dans les économies libérales comme les États-Unis ou la Grande-Bretagne. </p>
<p>La France, dotée de la politique culturelle la plus subventionnée du monde et malgré l’annonce en septembre d’un <a href="https://www.culture.gouv.fr/Presse/Communiques-de-presse/Plan-de-relance-un-effort-de-2-milliards-d-euros-pour-la-Culture">plan de relance de 2 milliards d’euros</a> cependant <a href="https://next.liberation.fr/arts/2020/09/03/ca-ne-compensera-evidemment-pas-les-pertes_1798517">jugé insuffisant</a>, a opéré en cette fin d’année des choix de <a href="https://www.forbes.fr/management/refaire-sens-pour-sortir-de-la-crise/">gestion de la crise</a> <a href="https://www.ouest-france.fr/sante/virus/coronavirus/absurdistan-la-gestion-francaise-du-covid-19-epinglee-par-un-journal-allemand-7054477">absurdes</a> pour la culture, en privilégiant les autres secteurs économiques. Le secteur est ainsi tombé dans un désarroi profond, tant sur le plan économique que symbolique, destructeur, et ne peut plus remplir sa fonction. Décryptage de cette débâcle inquiétante dans le pays de l’exception culturelle.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/xzErRa6KF3Q?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
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<h2>La culture, grande oubliée du gouvernement</h2>
<p>Première étape de cette débâcle : pendant le premier confinement, de mars à mai, le secteur culture est <a href="https://www.lemonde.fr/culture/article/2020/04/30/monsieur-le-president-de-la-republique-cet-oubli-des-millions-de-gens-qui-portent-l-art-et-la-culture-reparez-le_6038211_3246.html">oublié dans les discours</a> des officiels français pendant que <a href="https://www.cafedelabourse.com/actualites/coronavirus-bourse-societes-resistent-crise">l’action de Netflix flambe</a> à Wall Street et que la plate-forme de jeux vidéos Steam dépasse les 20 millions de joueurs connectés simultanément, en raison de l’augmentation spectaculaire de leur trafic.</p>
<p>L’offre culturelle physique, qui repose sur une expérience réelle, a dû baisser le rideau : musées, monuments, bibliothèques, théâtres, salles de concert, de cinéma, libraires, festivals, tournages… Amertume des acteurs du secteur qu’un <a href="https://www.ladepeche.fr/2020/05/07/les-mesures-du-plan-daide,8877264.php">plan de relance en mai</a> apaise <a href="https://www.telerama.fr/scenes/emmanuel-macron-et-la-culture,n6636900.php">relativement</a>. Deuxième étape : fin octobre, au début du deuxième confinement, tout en annonçant de nouvelles aides, l’exécutif opère une distinction entres <a href="https://www.leparisien.fr/economie/produits-essentiels-ou-non-commerces-ouverts-ou-fermes-ou-en-est-on-03-11-2020-8406313.php">produits qu’il décrète comme essentiels ou non</a> sur la base d’une logique qui se révèle problématique et illisible. </p>
<p>Les activités du secteur culturel sont désignées comme non prioritaires, voire futiles. La fermeture des librairies en novembre fait scandale et heurte tout le secteur. Troisième étape : contre toute attente, et alors que les acteurs se sont préparés à rouvrir avec protocoles sanitaires renforcés, l’ensemble des lieux culturels restent fermés pour les fêtes.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1337315978888286208"}"></div></p>
<h2>Le secteur culturel, sinistré et incrédule</h2>
<p>C’en est trop, alors que les entreprises, les transports et les commerces sont des lieux de brassage de population exposant au virus. <a href="https://www.latribune.fr/economie/france/deconfinement-nous-sommes-revoltes-le-monde-de-la-culture-reagit-aux-annonces-de-castex-866008.html">Révolte</a> du secteur qui se sent <a href="https://www.lesinrocks.com/2020/12/11/actualite/actualite/edito-salles-fermees-de-labsurdite-dun-mepris-gouvernemental/">méprisé</a> et manifeste par de nombreux <a href="https://www.lefigaro.fr/culture/pour-ariane-ascaride-roselyne-bachelot-est-a-la-tete-d-un-ministere-qui-s-ecroule-20201211">plaidoyers</a> depuis cette annonce du 10 décembre, <a href="https://www.franceinter.fr/emissions/lettres-d-interieur/lettres-d-interieur-05-mai-2020">déjà lancés</a> pendant le premier confinement. <a href="https://www.franceculture.fr/emissions/journal-de-18h/journal-de-18h-emission-du-vendredi-11-decembre-2020">Le spectacle vivant conteste la fermeture de ses salles devant le Conseil d’État</a>. </p>
<p>Le président de la métropole de Lyon veut <a href="https://www.francetvinfo.fr/culture/arts-expos/le-president-ecologiste-de-la-metropole-de-lyon-veut-rouvrir-le-musee-des-confluences-malgre-l-interdiction_4218227.html">rouvrir ses musées</a>. L’opposition au gouvernement soutient ce mouvement d’ampleur. D’anciens ministres de la Culture s’expriment. Les publics sont désorientés. <a href="https://www.francetvinfo.fr/culture/manifestation-mardi-15-decembre-contre-la-fermeture-prolongee-des-lieux-de-culture_4219477.html">Une manifestation est organisée le 15 décembre</a> à la Bastille et ailleurs en France. Roselyne Bachelot, l’actuelle ministre de la Culture qui s’est battue pour défendre le secteur n’est plus audible, <a href="https://www.franceinter.fr/emissions/le-telephone-sonne/le-telephone-sonne-14-decembre-2020">« mieux vaut être défendu par le ministre de l’Économie », assène Nathanaël Karmitz</a>.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/374973/original/file-20201214-15-1mjcdbf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/374973/original/file-20201214-15-1mjcdbf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/374973/original/file-20201214-15-1mjcdbf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/374973/original/file-20201214-15-1mjcdbf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/374973/original/file-20201214-15-1mjcdbf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/374973/original/file-20201214-15-1mjcdbf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/374973/original/file-20201214-15-1mjcdbf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Communiqué de la Société des Réalisateurs de Films.</span>
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<p>Plusieurs arguments sont avancés : sanitaire, économique, symbolique. Les théâtres, cinémas, musées, bibliothèques sont sans doute les lieux publics les plus sûrs avec des protocoles sanitaires rodés pendant l’été et probants, d’où leur <a href="https://www.francetvinfo.fr/culture/spectacles/theatre/consterne-abasourdi-pourquoi-le-monde-de-la-culture-enrage-apres-les-decisions-du-gouvernement-sur-le-deconfinement_4215585.html">incompréhension</a>.</p>
<p>En juillet 2020, le Département Études du Ministère de la Culture annonce une <a href="https://www.culture.gouv.fr/Sites-thematiques/Etudes-et-statistiques/Publications2/Collections-de-synthese/Culture-chiffres-2007-2020/L-impact-de-la-crise-du-Covid-19-sur-les-secteurs-culturels">chute de l’activité</a> allant de 36 % pour les musées à 72 % pour le spectacle vivant, et sans doute bien plus aujourd’hui. Malgré le fort niveau de soutien public au secteur, qui vaut à la France d’être cette exception culturelle, les déficits budgétaires sont importants et les acteurs les plus fragiles souffrent fortement : nombreuses petites entreprises indépendantes menacées de faillite, fermetures de galeries, théâtres, compagnies, collectifs, cinémas, festivals, fin d’intermittence faute de contrats, artistes et travailleurs précaires, étudiants d’école d’art déprimés. De plus, la communication à vue et sans concertation du gouvernement avec cette clause de revoyure du 7 janvier gêne fortement la planification stratégique des lieux culturels.</p>
<p>Enfin, l’argument sociétal et symbolique est sans doute le plus fort.</p>
<p>Si « La culture c’est la France », alors où est la culture pendant cette crise ? Ses vertus économiques (2,3 % du PIB sans compter son fort impact indirect sur les autres industries créatives comme le tourisme et le luxe), mais aussi ses bienfaits sociaux, anthropologiques, psychologiques, philosophiques se trouvent étrangement niés.</p>
<h2>Une vision réductionniste de la consommation</h2>
<p>La perspective gouvernementale d’une dichotomie biens essentiels/non essentiels révèle une déconnexion forte avec les facteurs clés de succès économiques et conceptualisations des « sociétés de consommation » post-modernes. Le constat est troublant pour un exécutif qui a joué de sa jeunesse de la « start-up nation » pour signifier son acculturation aux codes libéraux indissociables du fait marchand.</p>
<p><a href="https://1000-idees-de-culture-generale.fr/societe-de-consommation-baudrillard/">L’ouvrage désormais classique de Baudrillard</a> sur <em>La société de consommation</em> a pourtant alerté depuis longtemps sur le réductionnisme d’une lecture purement économique des biens de consommation. Le tournant interprétatif à l’échelle internationale en comportement du consommateur, et sa suite la <a href="https://journals.openedition.org/communicationorganisation/1323">Consumer Culture Theory</a> décryptent depuis des décennies la consommation comme le miroir de la vie quotidienne. « Consommer, c’est exister socialement » écrivait Baudrillard. Et un internaute de noter avec humour que « de toute façon, le déconfinement est une fête commerciale ». Notons au passage que si les musées restent fermés jusqu’à nouvel ordre, bon nombre de boutiques de musées, elles sont autorisées à ouvrir…</p>
<p>Derrière la consommation, c’est la construction identitaire des individus qui se joue, son appartenance sociale et bien des valeurs existentielles, critiques et ludiques selon la perspective de <a href="https://www.jstor.org/stable/40592942?seq=1">Floch</a>, par-delà la logique économique transactionnelle ou fonctionnelle. Baudrillard insiste ainsi sur la « consommation signe », c’est-à-dire un système d’interprétations complexes qui la sous-tendent. Autrement dit, la consommation et la culture sont liées. Le consommateur est aussi culturel. La culture est aussi objet de consommation.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/374978/original/file-20201214-24-1f6sz21.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/374978/original/file-20201214-24-1f6sz21.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=588&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/374978/original/file-20201214-24-1f6sz21.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=588&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/374978/original/file-20201214-24-1f6sz21.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=588&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/374978/original/file-20201214-24-1f6sz21.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=739&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/374978/original/file-20201214-24-1f6sz21.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=739&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/374978/original/file-20201214-24-1f6sz21.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=739&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">La librairie Mollat à Bordeaux.</span>
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<p>Le premier confinement a vu la consécration de consommation de denrées de base pour une alimentation plaisir « faite maison » mais également de la « home culture », profitant principalement aux produits numériques des industries culturelles américaines, dites globales. La concurrence était déjà violente entre l’offre physique et l’offre numérique de culture, même si les deux modes d’accès à la culture sont souvent complémentaires. La gestion de crise met l’offre physique K.O, même avec une diffusion en ligne, mais principalement gratuite. </p>
<p>A l’inverse, les grandes plates-formes des industries de contenu proposant une offre virtuelle payante ont profité de la crise pour développer leur position sur le marché : Disney+, Netflix, Amazon, Apple TV, Ubisoft, Google Art… Même si des plates-formes indépendantes ont aussi émergé. Des modes de consommation de la culture se sont renforcés, comme le <a href="https://www.lesechos.fr/weekend/spectacles-musique/musique-le-streaming-grand-gagnant-du-covid-1270264">streaming, grand gagnant de la crise</a>.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/374977/original/file-20201214-24-4xp9fc.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/374977/original/file-20201214-24-4xp9fc.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=337&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/374977/original/file-20201214-24-4xp9fc.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=337&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/374977/original/file-20201214-24-4xp9fc.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=337&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/374977/original/file-20201214-24-4xp9fc.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/374977/original/file-20201214-24-4xp9fc.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/374977/original/file-20201214-24-4xp9fc.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Bannière de Netflix, pour Noël.</span>
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<p>Au lieu d’en tirer des conséquences, le gouvernement continue d’appliquer une lecture surannée de la hiérarchie des besoins de la pyramide de Maslow dont on sait l’insuffisance, critique jugée recevable par l’auteur, qui y a ajouté le besoin de transcendance ou <a href="https://www.youtube.com/watch?v=f9qHqZKL8Ps">d’esthétique</a>.</p>
<p>Fermer les lieux de culture aussi longtemps revient pour le gouvernement à juger non essentielle une transcendance par l’esthétique ou à la limiter aux formes les plus commerciales de la pop culture, même si les acteurs de la culture à but non lucratif tentent de s’adapter par la diffusion de leurs contenus en ligne, mais sans business model ad hoc.</p>
<p>Le gouvernement est parfaitement déconnecté à la fois de la manière dont les citoyens naviguent dans des sociétés dites de consommation <a href="https://sk.sagepub.com/books/consumer-culture-and-postmodernism-2e/n5.xml">esthétisées</a> et de la façon dont les offres sont également conçues, dans des <a href="https://www.taylorfrancis.com/chapters/product-design-creativity-nacima-ourahmoune/e/10.4324/9780203710807-25">design post-moderne et phénoménologiques</a>. La consommation dans sa complexité est elle-même devenue un facteur culturel et les acteurs de la culture sont indissociables du système marchand où ils offrent une forme de réflexion existentielle introuvable ailleurs. L’ampleur de la révolte se mesure à l’aune de cet angle mort du gouvernement, ratant cette économie de la beauté ou <a href="https://www.editionsducerf.fr/librairie/livre/7997/capitalisme-esthetique-le">capitalisme esthétique</a>.</p>
<h2>Une piètre exception culturelle</h2>
<p>Si le secteur culturel, en France, reste le plus soutenu du monde financièrement par l’État, y compris au cœur de cette crise, la crise de sens induite actuellement a amené plusieurs acteurs du secteur à parler <a href="https://www.latribunedelart.com/l-exception-culturelle-francaise-consiste-a-fermer-les-musees-et-les-theatres-et-cinemas">d’inversion de l’exception culturelle</a>. Dévaloriser la culture au nom de la santé publique et de l’économie est absurde alors même qu’elle est imbriquée dans les deux domaines.</p>
<p>Ce binarisme mal inspiré entre biens essentiels et non essentiels comme levier de gestion de crise cristallise des dichotomies problématiques : fonctionnalisme versus existentialisme, au travers de la consommation qui fait apparaître la culture comme futile et dangereuse et nie sa forte valeur sociale et économique ; dichotomie du corps et de l’esprit dans une vision de la santé qui ne reconnaît pas l’acception du bien-être défini par l’OMS et le rôle joué par la culture pour contenir des conséquences psychologiques majeures.</p>
<p>Et surtout, quid de l’identité et de la réputation culturelle de la France comme un marqueur d’universalité, de ciment républicain et d’excellence ? D’autres gouvernements éclairés ont fait d’autres choix en Europe. L’indignation de nombreux citoyens face à cette débâcle, y compris ceux qui ne fréquentent pas les musées, les salles de spectacle, de concert ou de cinéma, montre combien la culture est essentielle pour <a href="https://www.franceculture.fr/emissions/linvitee-culture/hortense-archambault">exister ensemble</a> en France.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/152049/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>En privilégiant les secteurs dits « essentiels » au moment de l'assouplissement du deuxième confinement, le gouvernement français fait fi de l'importance de la culture et des biens culturels.Anne Gombault, Professeur de management stratégique, directrice des programmes du MSc Arts & Creative Industries Management à Paris et de la partie française de l'Institut Franco-Chinois de Management des Arts et du Design à Shanghai, Kedge Business SchoolNacima Ourahmoune, Professeur / Chercheur/ Consultant en marketing et sociologie de la consommation, Kedge Business SchoolLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1399442020-07-06T14:18:57Z2020-07-06T14:18:57ZSe relever grâce à l’art après une crise : l’exemple cambodgien<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/341094/original/file-20200611-114070-1kjcsfh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=2%2C8%2C1794%2C1188&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Le Cambodge a une longue et riche histoire remontant avant l’époque du Moyen-Âge. C’est au cours de l’âge d’or de l’Empire khmer (entre les IXe et le XIIIe siècles) que les arts et la culture se sont intégrés à la société, grâce à la religion, ses rites et ses coutumes.</span> <span class="attribution"><span class="source">Daniel Rothenberg </span></span></figcaption></figure><p>Même si l’Histoire a connu différentes catastrophes et crises humanitaires, un fait demeure : nous nous comparons et essayons de comprendre ce qui se passe ailleurs. Ces comparaisons nous permettent de nous éclairer sur les meilleures pratiques de gestion ou de sortie de crise.</p>
<p>Nous constatons avec la pandémie de Covid-19, et notamment à l’étape du déconfinement, <a href="https://theconversation.com/deconfinement-il-ny-a-pas-de-solution-parfaite-139426">qu’il n’y a pas UNE réponse aux crises, mais DES réponses</a> plus ou moins adaptées, implantées à coup d’essais et erreurs.</p>
<p>À l’Observatoire canadien sur les crises et l’action humanitaire (OCCAH), notre équipe s’est intéressée à quelques exemples où <a href="https://occah.uqam.ca/en/art-et-culture-en-situations-postcrises/">l’art et la culture</a> ont été mobilisés comme <a href="https://policyoptions.irpp.org/fr/magazines/policy-optionsat-25/the-arts-and-culture-as-new-engines-of-economic-and-social-development/">leviers de développement</a> à la fois social, communautaire, économique et citoyen dans différents pays, dont Haïti et le Cambodge.</p>
<p>Le Cambodge est un cas particulier : ce pays a su trouver dans l’art et la culture un moyen de se reconstruire après le génocide de 1979. Bien sûr le contexte est différent, mais comment peut-on s’inspirer de l’exemple cambodgien pour se relever de la crise sanitaire actuelle ?</p>
<h2>L’art et la culture en crise</h2>
<p>D’abord, qu’entendons-nous par « <a href="https://occah.uqam.ca/wp-content/uploads/2020/06/Analyse-comparative-du-d%C3%A9confinement-8-pays-V2.pdf">crise</a> » ? Faisons-nous simplement référence à l’aspect sanitaire ?</p>
<p>Nos décideurs gouvernementaux ont catégorisé la période actuelle comme étant une <a href="https://www.ledevoir.com/politique/quebec/574967/le-gouvernement-legault-fait-face-a-sa-plus-grande-epreuve">« guerre »</a> contre un ennemi invisible. Or une guerre laisse des séquelles, parfois <a href="https://www.unhcr.org/fr/news/press/2019/6/5d08a9954/nombre-personnes-deracinees-travers-monde-depasse-70-millions-chef-hcr.html">structurelles puis sociales, sociétales et humaines</a>. Aussi, comme lors de conflits armés, cette « guerre sanitaire » impose une ligne de front dans les hôpitaux ou les centres de personnes âgées.</p>
<p>En temps de guerre, l’art et la culture, piliers importants de nos sociétés, sont durement touchés, parfois même stratégiquement détruits.</p>
<h2>La renaissance de l’art au Cambodge</h2>
<p>Le Cambodge a une longue et riche histoire remontant avant l’époque du Moyen-Âge. C’est au cours de l’âge d’or de l’Empire khmer (entre les IX<sup>e</sup> et le XIIIe siècles) que les arts et la culture se sont intégrés à la société, grâce à la religion, ses rites et ses coutumes. Toutefois, cette richesse culturelle cambodgienne à tradition orale fut grandement affectée par les guerres et le génocide.</p>
<p>À la suite du <a href="https://time.com/5486460/pol-pot-cambodia-1979/">génocide de 1975 perpétré sous le régime tyrannique des Khmers rouges</a>, les arts et la culture ont presque entièrement disparu, tout comme près de 20 % de la population exterminée par le régime de Pol Pot, chassé du pouvoir en 1979. L’instabilité et les conflits sont demeurés présents pendant une vingtaine d’années.</p>
<p>Pour redonner à l’art ses lettres de noblesse, Arn Chorn-Pond, fonde en 1998, après le dernier soulèvement de Pol Pot en 1997, le Programme des Maîtres-performeurs cambodgiens, qui deviendra le <a href="https://www.cambodianlivingarts.org"><em>Cambodian Living Arts</em></a>. Né au Cambodge dans une famille d’artistes ayant survécu au génocide, il a étudié aux États-Unis et y a travaillé quelques années comme travailleur social avant de retourner au Cambodge.</p>
<p>Aujourd’hui, le <em>Cambodian Living Arts</em> regroupe plusieurs centaines d’artistes et d’employés œuvrant à différents niveaux : l’éducation aux arts, la protection du patrimoine, le développement des <em>leaders</em> de demain, des marchés et d’un réseau fort.</p>
<p>Cette organisation à but non lucratif utilise l’art et la culture pour remplir sa mission de guérir les traumatismes, sauvegarder les traditions, redonner du sens dans la communauté et former les jeunes afin qu’ils contribuent à l’essor du pays. Cet OBNL a maintenant un écosystème élargi de partenaires dans d’autres régions du monde.</p>
<p>Comme l’explique son actuel directeur général, Phloeun Prim, la destruction des symboles et des artefacts culturels (lieux religieux, lieux culturels, monuments et œuvres d’art) fait partie intégrante des conséquences d’un conflit. L’opprimant, qu’il soit un autre pays ou un dictateur, cherchera à <a href="http://documents.worldbank.org/curated/en/910351569914286207/pdf/Culture-in-Post-Crisis-Situations-Opportunities-for-Peacebuilding-and-Sustainable-Recovery.pdf">déraciner le groupe opprimé</a> de son identité, de sa culture et instaurer sa propre vision sociétale.</p>
<h2>Un arrêt brutal avec la pandémie</h2>
<p>Sans en détruire les infrastructures, la pandémie mondiale a touché le secteur culturel en premier avec la fermeture des salles de spectacles et de cinéma, les interdictions de rassemblements de masse ou l’arrêt des festivals. Les arts vivants, les arts visuels et l’accès au patrimoine apparaissent aussi en dernier dans le plan de déconfinement. En compensation, les gouvernements fédéral et provinciaux ont mis en place de l’aide à la fois <a href="https://conseildesarts.ca/medias/2020/03/financement-anticipe">pour survivre</a>, mais aussi pour <a href="https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1708144/quebec-legault-roy-culture-aide-relance-reprise">se développer</a>.</p>
<p>Toutefois, comme on le voit avec la <a href="https://www.tvanouvelles.ca/2020/06/16/cinemas-et-salles-de-spectacle-ouverts-le-22-juin">possibilité d’ouverture des salles de spectacles</a>, les mesures économiques ne sont pas suffisantes pour tous et ne garantissent pas que le public sera au rendez-vous. L’arrêt brutal et prolongé des activités culturelles, de même que la perspective d’une deuxième vague de contamination à la Covid-19, laissent entrevoir des contrecoups pendant longtemps. Une stratégie de régénération culturelle supportée par nos gouvernements et des institutions fortes, telle que le <em>Cambodian Living Arts</em> au Cambodge, devrait être envisagée.</p>
<p>Ce travail de régénération fut essentiel pour permettre au Cambodge de se relever. S’y est ajouté le besoin de transmettre la culture afin de recréer les ponts entre les générations, entre les individus et entre les institutions. Partager oralement son art ne signifie pas seulement transmettre un savoir-faire ; c’est aussi transmettre un savoir-être.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/341083/original/file-20200611-114096-oe642z.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/341083/original/file-20200611-114096-oe642z.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=800&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/341083/original/file-20200611-114096-oe642z.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=800&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/341083/original/file-20200611-114096-oe642z.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=800&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/341083/original/file-20200611-114096-oe642z.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1005&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/341083/original/file-20200611-114096-oe642z.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1005&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/341083/original/file-20200611-114096-oe642z.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1005&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Maître Ling Srey enseignant le Kantaoming, musique traditionnelle cambodgienne utilisée lors de funérailles, dans la province de Siem Reap, Cambodge.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Matthew Wakem</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
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</figure>
<p>En enseignant son art, le maître transmet son identité à l’autre. Et l’apprenant a le devoir de s’approprier ces savoirs pour les amener plus loin, et créer sa propre interprétation des symboles. Voilà ce qui crée des sociétés plus résilientes.</p>
<p>Aujourd’hui, le <em>Cambodian Living Arts</em> continue d’investir dans les <a href="https://conseildesarts.ca/pleins-feux/2016/10/le-leadership-culturel-au-21e-siecle">leaders culturels</a> actuels et futurs. Ce sont eux qui devront rebâtir dans le nouvel environnement post crise, où les interactions, les communautés et les identités ne seront plus les mêmes.</p>
<h2>Aller à la rencontre du public</h2>
<p>Chez nous, nous voyons des initiatives locales pointer leur nez. <a href="https://socom.ca/gestev-et-musicor-spectacles-lancent-td-musiparc-presente-par-videotron/">La Banque TD et Vidéotron</a> se sont associés pour présenter des spectacles musicaux sur scènes extérieures, en formule « ciné-parc », où les spectateurs pourront profiter de l’événement dans leur véhicule.</p>
<p>D’autres choisissent de se déplacer vers les gens. C’est le cas du Théâtre de la Ville, à Longueuil, qui offre une <a href="https://www.lapresse.ca/arts/musique/2020-06-10/des-spectacles-deambulatoires-a-longueuil">programmation déambulatoire de trois spectacles</a>. Ainsi, l’art va à la rencontre du public, un peu comme le <a href="https://www.omhm.qc.ca/fr/actualites/une-sortie-au-theatre-pour-les-aines-sur-leur-balcon">théâtre de rue, au début du confinement</a>. De même, Le Festif, dans Charlevoix, <a href="https://www.lapresse.ca/arts/musique/2020-06-15/le-festif-devoile-ses-immersions-musicales">propose des séances d’écoute immersives</a> en plein air.</p>
<p>Enseigner et propager la culture, c’est se regrouper et se retrouver. Par ailleurs, « <a href="https://unesdoc.unesco.org/ark:/48223/pf0000129759_fre">tout être humain est capable, grâce à l’art, de rétablir son lien avec la société</a> ». Ainsi, puisque le déconfinement du secteur culturel est imminent, il est temps de se réapproprier notre culture.</p>
<h2>Retrouver une nouvelle normalité</h2>
<p>Notre manière d’aborder l’art, la culture et les interactions entre artistes et citoyens changera dans la <a href="https://ici.radio-canada.ca/tele/tout-le-monde-en-parle/site/segments/entrevue/175060/lepage-audet-crise-humanitaire-coronavirus">nouvelle réalité</a> post Covid. Il faudra se réapprivoiser, se faire confiance, puis se laisser-aller tout en respectant les règles.</p>
<p>Une étude d’<a href="https://habo.studio/fr/barometre-divertissement-avril-2020/#bottom">Habo studios</a> montre que le retour « à la normalité » dans la consommation des arts n’est pas pour bientôt. Il faudra attendre au moins jusqu’en 2021 (et peut-être 2022 selon certains décideurs du milieu) avant de retrouver le niveau de consommation d’avant Covid, du moins pour la <a href="https://medias.quartierdesspectacles.com/documentation/rapport-leger-sondage-quartier-des-spectacles-mai2020-final.pdf">région de Montréal</a>.</p>
<p>Bien que les <a href="https://www.lapresse.ca/covid-19/2020-06-16/distances-sur-mesure">rassemblements intérieurs de 50 personnes soient permis</a>, les salles de spectacles semblent vouloir <a href="https://www.lapresse.ca/arts/2020-06-16/autorisation-des-rassemblements-interieurs-un-premier-pas-bien-accueilli">attendre à l’automne pour lancer leur programmation</a>. D’ici là, le secteur culturel devra proposer des alternatives virtuelles ou extérieures, selon les règles sanitaires. Il cherchera, tout comme nous, à définir sa nouvelle normalité.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/139944/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Le Cambodge a su trouver dans l’art la force de se reconstruire après le génocide de 1979. Bien sûr, le contexte est différent, mais cet exemple est inspirant pour se relever de la crise actuelle.Alexandre P. Bédard, Postdoctoral research associate, Université du Québec à Montréal (UQAM)Caroline Coulombe, Professeur, Université du Québec à Montréal (UQAM)François Audet, Professeur, Université du Québec à Montréal (UQAM)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1384482020-06-04T17:56:50Z2020-06-04T17:56:50ZDébat : Entre théâtre et numérique, un malentendu persistant accentué par le confinement<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/339748/original/file-20200604-67393-savj13.png?ixlib=rb-1.1.0&rect=32%2C0%2C1441%2C715&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">La Compagnie Ex Voto et son théâtre confiné en réseau.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://theatre-confine-en-reseau.com/exvoto">Compagnie Ex voto</a></span></figcaption></figure><p>En 1881, Clément Ader met au point un dispositif ingénieux et novateur, le théâtrophone, qui permet aux parisiens d’écouter, depuis chez eux, ou depuis un lieu public (café, salon d’exposition), une représentation théâtrale donnée simultanément dans un théâtre de la capitale. Cette ingénieuse invention, qui nous fait sourire aujourd’hui, ne connut une existence qu’éphémère : les conditions d’écoute n’y étaient sans doute pas optimales, brouillant dans un même magma bruits de la salle et de la scène.</p>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/339213/original/file-20200602-133851-1olxqy5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/339213/original/file-20200602-133851-1olxqy5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/339213/original/file-20200602-133851-1olxqy5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=576&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/339213/original/file-20200602-133851-1olxqy5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=576&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/339213/original/file-20200602-133851-1olxqy5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=576&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/339213/original/file-20200602-133851-1olxqy5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=723&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/339213/original/file-20200602-133851-1olxqy5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=723&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/339213/original/file-20200602-133851-1olxqy5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=723&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Publicité pour le theâtrophone.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="http://www.regietheatrale.com/index/index/thematiques/Severine-Mabille-theatre/Severine-Mabille-le-theatrophone.html">Régie théâtrale</a></span>
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<p>Sans le savoir (ou peut-être si, après tout), c’est donc à un retour un peu plus d’un siècle en arrière que nous invitait le Théâtre de la Colline, en imaginant « # Au creux de l’oreille », lectures de textes faites par des comédiens et comédiennes au bout de votre fil. Première des grandes institutions théâtrales à « dégainer » des propositions dédiées, au lendemain de l’annonce du confinement, elle fut rapidement suivie par l’ensemble des théâtres nationaux ou municipaux, grands ou moins grands, qui maillent notre territoire.</p>
<p>Il ne s’agit pas ici d’évaluer la pertinence ou la qualité des propositions imaginées çà et là, dans l’urgence. Je souhaiterais plutôt revenir sur les réactions qu’ont pu susciter de telles propositions. Car tandis que concerts et ballets confinés se multipliaient sur les réseaux sociaux, le monde du théâtre s’agitait autour de quelques voix qui condamnaient fermement ce basculement vers la dématérialisation et le tout-enregistré, capté, diffusé <a href="https://blog.mondediplo.net/la-catastrophe-comme-produit-culturel">(voir entre autres : Thibaud Croisy, « La catastrophe comme produit culturel »</a>). Publications sur les réseaux sociaux, mises en ligne de captations de spectacles, programmations quotidiennes imaginées par les théâtres y sont désignées comme autant d’actions contraires à ce qui fait le théâtre même : la présence d’un être vivant face à un autre être vivant. Pourquoi ? Que disent ces réactions du milieu théâtral et de ses relations avec nos environnements numériques ?</p>
<h2>Mettre en ligne des « contenus » ou assurer la mémoire du théâtre ?</h2>
<p>L’un des gestes les plus visibles a sans aucun doute été la mise en ligne de « contenus » déjà existants, principalement des captations de spectacles. La différence radicale qui existe entre un enregistrement et une expérience théâtrale réelle, que je ne remettrai pas en cause, doit-elle conduire à se dispenser entièrement du visionnage de quelques spectacles ? Personne n’a jamais pensé, visionnant une captation théâtrale, en retirer le même plaisir qu’en allant au théâtre.</p>
<p>Nous ne sommes pas dupes et de la même façon que nous acceptons pour un soir les conventions de l’acte théâtral, nous acceptons pour quelques heures les contraintes de la captation. Cet argument fallacieux masque ainsi la seule question valable que soulèvent ces mises en ligne : celle de la mémoire du théâtre. Qui, parmi les jeunes générations d’artistes, parmi ceux qui transmettent aujourd’hui la pratique et l’histoire du théâtre peut se targuer d’avoir vu les spectacles de Pina Bausch des années 80 ou 90 ? Parvenons-nous vraiment aujourd’hui à imaginer la qualité du jeu d’Helene Weigel dans <em>Mère Courage</em>, mis en scène par B. Brecht et dont le Berliner ensemble propose <a href="https://www.berliner-ensemble.de/BE-at-home">depuis quelques jours la diffusion sur son site</a> ?</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/335665/original/file-20200518-83397-1cuulnr.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/335665/original/file-20200518-83397-1cuulnr.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=441&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/335665/original/file-20200518-83397-1cuulnr.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=441&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/335665/original/file-20200518-83397-1cuulnr.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=441&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/335665/original/file-20200518-83397-1cuulnr.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=555&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/335665/original/file-20200518-83397-1cuulnr.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=555&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/335665/original/file-20200518-83397-1cuulnr.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=555&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Sur le site du Berliner Ensemble.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.berliner-ensemble.de/BE-at-home">Berliner ensemble</a></span>
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<p>Certes, il s’agit là de grands noms de la scène théâtrale contemporaine, pour lesquels on s’accordera tous à saluer la disponibilité (enfin !) de leurs œuvres et leur valeur de patrimoine culturel. Mais soyons clairs et réalistes : refuser d’assurer la mémoire de son propre travail, c’est assumer sa disparition pure et simple, au profit essentiellement de ceux qui le font parce qu’ils en ont les moyens, c’est-à-dire parce qu’ils concentrent, déjà, entre leurs mains les moyens les plus importants en termes de représentation, de pouvoir, de moyens économiques, etc. L’histoire que l’on fait aujourd’hui du théâtre contemporain dans les universités, à quoi ressemble-t-elle ? C’est une histoire masculine des institutions les plus riches et subventionnées, qui valorisent les pratiques artistiques dominantes. Le confinement a ainsi révélé les vides mémoriels de l’histoire contemporaine du théâtre. En confrontant le théâtre à son passé immédiat, il lui a enfin donné l’occasion de s’en préoccuper ; saisissons cette occasion.</p>
<h2>Co-présences et maladresses du « live » : les échecs du théâtre contemporain</h2>
<p>Un autre geste a émergé progressivement sur les sites des théâtres et via leurs réseaux sociaux. La voix qui chuchote au téléphone, la mise en ligne pour un temps limité d’œuvres historiques, l’utilisation de plates-formes de live-streaming cherchaient à renouer avec le déficit de simultanéité et de co-présence que génèrent la fermeture des théâtres et l’arrêt brutal de toute représentation. Ces initiatives fragiles, maladroites, que l’on pourra juger inefficaces reflètent le désintérêt notable d’une partie de la profession pour la chose « numérique ». En effet, si les propositions faites aujourd’hui sont si fragiles, si naïves, si elles ont dû emprunter les codes les plus visibles, à portée de mains, n’est-ce pas tout simplement parce qu’il n’existait pas de précédent ?</p>
<p>Pourquoi, depuis la fin des années 90, le théâtre s’intéresse-t-il si peu à nos vies entremêlées, empêtrées dans nos environnements numériques ? Suffit-il d’affirmer que Netflix a gagné la bataille du loisir en ligne pour se désengager profondément de la moindre réflexion sur les enjeux d’une telle mutation de nos pratiques culturelles et artistiques ? Pourquoi sont-ils si peu visibles, aujourd’hui, ces artistes, pourtant nombreux et nombreuses, qui proposent un détournement de ces nouveaux usages, qui soit aussi et surtout une mise en jeu, une réflexion sur nos quotidiens connectés ? Emilie-Ana Maillet a imaginé un théâtre confiné en réseau (https://theatre-confine-en-reseau.com) tandis que Joris Mathieu proposait des <a href="http://www.tng-lyon.fr/hikikomori-adaptation-audio/">adaptations audiophoniques de ses spectacles</a> ; autant de façons, tout à la fois, de prolonger leur travail artistique intimement lié aux environnements techno-numériques, mais aussi d’interroger nos nouvelles modalités d’être au théâtre durant ce confinement.</p>
<p>C’est en effet un argument fort que formulent les détracteurs de ce basculement vers le numérique, lorsqu’ils évoquent l’inégalité du combat entre les grandes plates-formes de streaming et un théâtre subventionné, aux moyens incomparables. L’emploi récurrent dans leurs écrits du terme « contenu » inscrit cet argument dans une opposition stricte – pas franchement nouvelle – entre œuvre d’art et produit culturel ou médiatique. Mais plutôt que de se lamenter sur l’inéquité du combat, ne peut-on envisager, à la manière de Nicolas Bourriaud, qu’il y a là une occasion inédite pour le monde théâtral de répondre « à la multiplication de l’offre culturelle, mais aussi, plus indirectement, à l’annexion par le monde de l’art de formes jusque-là ignorées et méprisées » (<em>Postproduction</em>, Les Presses du réel, 2003, p. 5) ?</p>
<p>Si la maigreur et l’indigence des propositions faites aujourd’hui, sont le résultat de ce manque d’intérêt, l’écho médiatique donné aux réactions contre ces propositions est, lui, le reflet de la technophobie d’un milieu artistique qui par des voix dominantes masque les initiatives réelles et marginalisées de nombreux autres artistes ou compagnies en région, qui cherchent des moyens de poursuivre leur travail, malgré tout. Représentations bricolées sur Twitch (plateformes de live streaming), journal de création au jour le jour, « théâtre confiné en réseau » sont autant de façons d’expérimenter de nouveaux rapports à nos environnements numériques, d’y introduire du jeu.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/335667/original/file-20200518-83348-x8he2z.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/335667/original/file-20200518-83348-x8he2z.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=349&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/335667/original/file-20200518-83348-x8he2z.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=349&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/335667/original/file-20200518-83348-x8he2z.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=349&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/335667/original/file-20200518-83348-x8he2z.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=439&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/335667/original/file-20200518-83348-x8he2z.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=439&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/335667/original/file-20200518-83348-x8he2z.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=439&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Capture d’écran du Théâtre confiné en réseau proposé par la Compagnie Ex voto.</span>
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</figure>
<p>Face à la menace qui plane sur le secteur de la culture, il est urgentissime de faire émerger des gestes qui pourront perdurer. À l’image de toutes les tentatives maladroites qui ont émergé ces derniers mois, continuons à nous agiter, à proposer des bribes de dialogues bancals, des débuts de gestes maladroits, à rater, puis à recommencer. Continuons à copier bêtement pour s’apercevoir que non, décidément, ce n’est pas ça. Continuons à explorer les impasses, à tenter de faire du neuf avec du vieux. Faisons ce que l’on a toujours fait et que nous ne sommes pas très nombreux à savoir faire : répétons !</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/138448/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Julie Valero conseille et travaille régulièrement avec la compagnie tf2-Jean-François Peyret. </span></em></p>Alors que quelques voix s’élevaient pour dénoncer le basculement vers le numérique du monde théâtral, on aimerait ici prendre le temps de comprendre les raisons d’une telle réaction.Julie Valero, Maitresse de conférences en arts de la scène, Université Grenoble Alpes (UGA)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1331252020-03-06T11:01:31Z2020-03-06T11:01:31ZPodcast : Le casse-tête du répertoire lyrique pour les directeurs d’opéras<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/318925/original/file-20200305-106573-56hedh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=33%2C147%2C1952%2C1100&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Malgré sa renommée, l’opéra Aida de Giuseppe Verdi reste relativement peu joué en raison de son coût.
</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/70125105@N06/28579946855">Carlo Raso / Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><p>Une étude portant sur l’Opéra d’Helsinki en Finlande montre que la demande de places reste significativement plus forte pour les premières que pour les reprises, pour les œuvres finlandaises que pour les pièces classiques, pour les représentations qui font apparaître une vedette, ou encore pour celles qui se déroulent au mois de novembre. Autant de paramètres à prendre en compte par les directions dans l’exercice particulièrement délicat de la programmation…</p>
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<p><a href="https://open.spotify.com/episode/5dnKcka5MLIKPD4472u8Md"><img src="https://images.theconversation.com/files/237984/original/file-20180925-149976-1ks72uy.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=268&fit=clip" width="268" height="82"></a>
<a href="https://podcasts.apple.com/au/podcast/podcast-le-casse-t%C3%AAte-du-r%C3%A9pertoire-lyrique-pour-les/id1516230224?i=1000476394987"><img src="https://images.theconversation.com/files/233721/original/file-20180827-75984-1gfuvlr.png" alt="Listen on Apple Podcasts" width="268" height="68"></a></p>
<hr>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/316809/original/file-20200224-24655-nzeb7o.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/316809/original/file-20200224-24655-nzeb7o.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/316809/original/file-20200224-24655-nzeb7o.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/316809/original/file-20200224-24655-nzeb7o.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/316809/original/file-20200224-24655-nzeb7o.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/316809/original/file-20200224-24655-nzeb7o.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/316809/original/file-20200224-24655-nzeb7o.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/316809/original/file-20200224-24655-nzeb7o.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption"></span>
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<p><em>La preuve par 3 : les experts de The Conversation déclinent 3 aspects d’une question d’actualité en 3 épisodes à écouter, à la suite ou séparément ! Dans cette série, François Lévêque, professeur d’économie à Mines ParisTech (Université PSL) vous fait découvrir les « Operanomics », ou toutes les spécificités économiques d’un secteur de l’industrie culturelle pas comme les autres. Vous comprendrez notamment pourquoi monter une représentation coûte de plus en plus cher, puis comment sont fixés les prix des places, et enfin, dans ce troisième épisode, en quoi la gestion du répertoire lyrique représente un véritable casse-tête pour les directeurs d’établissements</em>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/133125/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>François Lévêque ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>La programmation constitue l’un des rares leviers à disposition des patrons des théâtres lyriques pour augmenter les recettes. Mais attention à ne pas dégrader la qualité artistique !François Lévêque, Professeur d’économie, Mines Paris - PSLLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1331172020-03-06T11:01:29Z2020-03-06T11:01:29ZPodcast : Les subtilités tarifaires des places de spectacle<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/318919/original/file-20200305-106589-1oidj0c.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C12%2C2035%2C1520&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Vous pouvez assister à une représentation à l’Opéra Garnier pour 10 euros, un tarif subventionné par ceux qui payent jusqu’à 20&nbsp;fois plus pour une meilleure place.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Op%C3%A9ra_Garnier_-_int%C3%A9rieur_(3).jpg">Gzen92 / Wikimedia commons</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><p>Le prix moyen des places à l’opéra n’est pas un indicateur très parlant, car il cache une grande disparité dans les tarifs. Le rapport peut aller de 1 à 20 entre les places les moins chères et les plus onéreuses. Une stratégie qui permet aux établissements d’art lyrique de remplir davantage les salles. En effet, cette discrimination tarifaire a pour conséquence d’attirer un nouveau public, qui n’a parfois jamais mis les pieds au théâtre. </p>
<p>Les amateurs, dont le consentement à payer pour une meilleure visibilité reste supérieur, subventionnent donc en quelque sorte les néophytes. À méditer lorsque vous sélectionnerez votre catégorie la prochaine fois que vous vous rendrez à une représentation !</p>
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<p><a href="https://open.spotify.com/episode/7IIpxEEMzfhWxW85rzQh8x"><img src="https://images.theconversation.com/files/237984/original/file-20180925-149976-1ks72uy.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=268&fit=clip" width="268" height="82"></a>
<a href="https://podcasts.apple.com/au/podcast/podcast-les-subtilit%C3%A9s-tarifaires-des-places-de-spectacle/id1516230224?i=1000476394992"><img src="https://images.theconversation.com/files/233721/original/file-20180827-75984-1gfuvlr.png" alt="Listen on Apple Podcasts" width="268" height="68"></a></p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/316809/original/file-20200224-24655-nzeb7o.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/316809/original/file-20200224-24655-nzeb7o.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/316809/original/file-20200224-24655-nzeb7o.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/316809/original/file-20200224-24655-nzeb7o.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/316809/original/file-20200224-24655-nzeb7o.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/316809/original/file-20200224-24655-nzeb7o.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/316809/original/file-20200224-24655-nzeb7o.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/316809/original/file-20200224-24655-nzeb7o.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<p><em>La preuve par 3 : les experts de The Conversation déclinent 3 aspects d’une question d’actualité en 3 épisodes à écouter, à la suite ou séparément ! Dans cette série, François Lévêque, professeur d’économie à Mines ParisTech (Université PSL) vous fait découvrir les « Operanomics », ou toutes les spécificités économiques d’un secteur de l’industrie culturelle pas comme les autres. Vous comprendrez notamment pourquoi monter une représentation coûte de plus en plus cher, puis, dans ce deuxième épisode, comment sont fixés les prix des places, et enfin en quoi la gestion du répertoire lyrique représente un véritable casse-tête pour les directeurs d’établissements</em>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/133117/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>François Lévêque ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>À l’Opéra Garnier, les prix s’échelonnent entre 10 et 200 euros. Cette discrimination tarifaire permet d’attirer un public plus large que si le prix était le même pour tous.François Lévêque, Professeur d’économie, Mines Paris - PSLLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1331162020-03-06T11:01:28Z2020-03-06T11:01:28ZPodcast : La fatalité des coûts croissants dans le spectacle vivant<p>La gestion d'un opéra doit prendre un compte une particularité économique bien particulière : la fatalité des coûts croissants, théorisée par le touche-à-tout américain William Baumol. En effet, comme il est impossible de réduire la durée des œuvres ou le nombre de musiciens, alors que, dans le même temps, les salaires augmentent dans autres secteurs, les établissements dépensent inexorablement plus. C'est pourquoi les établissements d'art lyrique se tournent de plus en plus vers les subventions publiques et les mécènes.</p>
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<p><a href="https://open.spotify.com/episode/2e2qHefbWbRC1nsTCIfm8T"><img src="https://images.theconversation.com/files/237984/original/file-20180925-149976-1ks72uy.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=268&fit=clip" width="268" height="82"></a>
<a href="https://podcasts.apple.com/au/podcast/podcast-la-fatalit%C3%A9-des-co%C3%BBts-croissants-dans-le-spectacle/id1516230224?i=1000476394979"><img src="https://images.theconversation.com/files/233721/original/file-20180827-75984-1gfuvlr.png" alt="Listen on Apple Podcasts" width="268" height="68"></a></p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/316809/original/file-20200224-24655-nzeb7o.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/316809/original/file-20200224-24655-nzeb7o.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/316809/original/file-20200224-24655-nzeb7o.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/316809/original/file-20200224-24655-nzeb7o.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/316809/original/file-20200224-24655-nzeb7o.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/316809/original/file-20200224-24655-nzeb7o.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/316809/original/file-20200224-24655-nzeb7o.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/316809/original/file-20200224-24655-nzeb7o.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<p><em>La preuve par 3 : les experts de The Conversation déclinent 3 aspects d'une question d'actualité en 3 épisodes à écouter, à la suite ou séparément ! Dans cette série, François Lévêque, professeur d'économie à Mines ParisTech (Université PSL) vous fait découvrir les «Operanomics», ou toutes les spécificités économiques d'un secteur de l'industrie culturelle pas comme les autres. Vous comprendrez notamment dans ce premier épisode pourquoi monter une représentation coûte de plus en plus cher, puis dans les suivants comment sont fixés les prix des places, et en quoi la gestion du répertoire lyrique représente un véritable casse-tête pour les directeurs d'établissements</em>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/133116/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>François Lévêque ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Pour l'opéra comme pour les concerts, les moyens d'améliorer la productivité n'existent pratiquement pas. Les établissements restent donc condamnés à augmenter leurs recettes.François Lévêque, Professeur d’économie, Mines Paris - PSLLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1178572019-06-19T21:55:26Z2019-06-19T21:55:26Z« Nos forêts intérieures », un projet de médiation culturelle pour la petite enfance<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/279911/original/file-20190617-118510-joqasj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=17%2C0%2C1260%2C718&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">La mécanique du vent.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.merlan.org/fr/saison/18-19/la-mecanique-du-vent-145">Théâtre du Merlan</a></span></figcaption></figure><p><em>Cet article est publié dans le cadre du Festival du Jeu de l’oie organisé par l’Université Aix Marseille, qui se tient depuis le 9 mai et jusqu’au 22 juin 2019, et dont The Conversation France est partenaire. Retrouvez le programme complet sur le <a href="https://festivaljeudeloie.fr/">site de l’événement</a>.</em></p>
<hr>
<p>Porté par l’artiste Céline Schnepf de la compagnie Un château en Espagne et piloté par le Merlan, scène nationale de Marseille, le projet Nos forêts intérieures (NFI) est un projet de <a href="https://halshs.archives-ouvertes.fr/hal-01997150">médiation</a> culturelle territorialisée, orienté vers la petite et toute petite enfance. Il s’est développé sur quatre années (2016-2019) dans le quartier populaire du Grand Saint Barthélémy dans le 14<sup>e</sup> arrondissement de Marseille et s’est décliné en différents moments et sous différentes formes : des spectacles courts, des installations poétiques, des créations d’objets, des parcours urbains, des ateliers adultes enfants, des expositions autour d’un thème l’imaginaire de la forêt.</p>
<p>Chacun des temps forts a été accueilli sur un lieu différent du quartier (une médiathèque, des centres sociaux, des écoles, un lieu culturel…) transformé en théâtre pour l’occasion. Pour accompagner ce projet et en mesurer les effets, une équipe de sociologues l’a suivi au fil de son développement : entretiens auprès des participants, questionnaires, observations d’une trentaine de représentations, d’une vingtaine d’ateliers, leur ont permis de côtoyer environ 1 millier d’enfants et leurs accompagnants.</p>
<h2>Un projet co-construit</h2>
<p>La construction des actions, comme le montre Fanny Broyelle dans ses analyses en cours s’appuie sur l’équipe du Merlan et un réseau d’une centaine d’acteurs construit au fil du temps. Le projet a réuni autour de Céline Schnepf une grande variété de personnes et de structures qui viennent de mondes très différents : des artistes et des opérateurs culturels, des professionnels de la petite enfance, des personnels de l’éducation et de l’enseignement, des acteurs des mondes sociaux, des acteurs du domaine médico-social ou encore les membres d’associations diverses.</p>
<p>Les initiateurs et porteurs du projet se sont donc attachés à mobiliser les acteurs du territoire et ils ont pris très au sérieux le (non)public de proximité, particulièrement les tout-petits auxquels ils s’adressaient.</p>
<p>Le dernier temps de création NFI a eu lieu en mars 2019, il a été l’occasion d’un dernier spectacle La mécanique du vent (photo), d’une exposition des boîtes à forêt (photo) et de la reconstitution d’un « morceau de forêt » dans la gare Franche (photo). Il a aussi permis de présenter les premiers résultats de <a href="https://journals.openedition.org/teth/996">l’enquête sociologique</a>. Si la présence enthousiaste et toujours très attentive des publics, la reconnaissance de la dimension créative et de la qualité de la proposition esthétique d’Un Château en Espagne, les échos positifs dans la presse locale, témoignent de la réussite de NFI, quels enseignements tirer de cette expérience pour les projets de territoires et dans le cadre des dispositifs d’éveil culturel des tout-petits ? Comment expliquer plus concrètement que ce projet ait suscité autant d’adhésion ?</p>
<p>L’un des premiers résultats de l’étude montre en effet très clairement que NFI a réussi son pari : éveiller les imaginaires, faire naître des envies qui n’étaient pas prévues au départ, construire un réseau d’acteurs original et une dynamique collective autour du théâtre, et ce dans un contexte que l’on peut qualifier de complexe au départ (que ce soit du point de vue des publics visés, des territoires ciblés, ou de l’absence d’interconnaissance entre les différents acteurs).</p>
<p>NFI a su capter l’attention des enfants, de leurs accompagnants, avec un sentiment de sympathie et d’attachement toujours très fort, une continuité et une forme de fidélité à l’artiste et à sa compagnie.</p>
<h2>Éveiller les imaginaires par des ateliers de création</h2>
<p>À mettre au crédit de cette réussite, la forme même de ce qui a été proposé, avec des expériences plurielles qui croisent création théâtrale et arts plastiques, allant au plus près des enfants dans leur monde quotidien et en les mettant en situation de création avec des artistes autant qu’en situation de récepteur (visiteur et spectateur).</p>
<p>Par exemple, un premier type d’atelier visait la réalisation des Boites à forêt, « on part d’une boîte vide et on doit y faire rentrer quelque chose d’impossible : une forêt ». Un deuxième type d’ateliers a été mené par des artistes sur des pratiques diversifiées : ateliers d’expression plastique pour transformer le lieu où se déroulait le temps fort : feuilles, décor en terre, cabanes, œuf, nid, oiseaux, planètes, tipis ; ateliers d’écriture brodée ; ateliers d’expression vidéo ; ateliers d’expression corporelle et d’écoute musicale, etc.</p>
<p>À la croisée des disciplines et des formes de création, NFI a amené son public vers une expérience inédite. Cette expérience reposait sur la manipulation, le faire, le toucher sortant les enfants de leur zone de confort (peur de se salir, de toucher) mais qui très vite devient un plaisir.</p>
<p>Les encadrants sont surpris par l’attention des enfants au cours de l’atelier et par les changements de comportements de certains. Bien souvent les adultes qui encadrent les expériences se sont pris au jeu, entrant dans le processus créatif et se laissant emporter par l’imaginaire de la forêt. Loin d’être une simple introduction/préparation au temps fort (le spectacle), de « simples » ateliers de sensibilisation préalables, ces activités invitent à une expérience créative à part entière, engagent la production d’objets d’exposition, d’éléments du décor, etc. qui donnent toute sa matérialité au processus de création et fonctionnent comme autant de traces, de marqueurs de l’expérience vécue pour les tout-petits.</p>
<h2>Devenir spectateur</h2>
<p>Ces expériences créatives permettent aux tout-petits de cheminer progressivement (d’un point de vue cognitif et esthétique) vers le spectacle, et d’endosser au moment où il sera joué le rôle de spectateur, à l’appui de ces expériences. Au cours et au fil des spectacles, les observations d’Ariane Richard-Bossez confirment qu’un processus s’est bien enclenché et que les tout-petits, pourtant plus souvent considérés comme un public « indiscipliné » (qui se lève, parle, s’allonge, interrompt les acteurs, etc.) et difficile à capter sur la durée, ont été captivés par ce qui leur a été proposé. </p>
<p>Ce qui ressort c’est l’engagement très fort et que l’on peut percevoir à leur niveau de concentration, d’absorption et d’implication dans l’activité ; le plaisir (« moi j’aime trop », « ça me plaît trop bien », « c’est ma meilleure journée au centre », « c’était trop bien »), et la fierté d’avoir participé à la création (« c’est moi qui les ai faits », « c’est nous on l’a fait », « elle a dit ils sont magnifiques ») qu’ils en retirent, les boîtes à forêt sont autant de traces, de marqueurs de leurs expériences ; l’expressivité créative qui est vécue où l’on voit que progressivement, une fois la « technique » proposée maîtrisée, les enfants prennent des initiatives, font des choix, laissent libre cours à leur imagination. Les adultes eux aussi se laissent embarquer par les spectacles et leurs réactions en témoignent (« j’ai retrouvé mon âme d’enfant »).</p>
<p>L’émotion est palpable et partagée lors des spectacles, les rires des enfants sont communicatifs et les acteurs se jouent subtilement de leurs interpellations et réactions inopinées. Par exemple, lors du dernier spectacle, l’actrice interpelle la salle avec cette question : « Tu la connais toi Mireille ? » et engage la conversation avec un tout-petit qui vient de lui répondre « nan j’la connais pas moi Mireille ».</p>
<h2>Et après ?</h2>
<p>NFI propose donc une ouverture particulièrement intéressante en termes de réception et de sensibilisation au théâtre, d’une part, parce que le projet s’adresse à un public spécifique et se déplace sur des territoires où l’accès aux institutions culturelles n’est pas évident (freins réels et freins symboliques) ; d’autre part, parce qu’il permet d’élargir le regard des adultes (parents, accompagnants, enseignants…) sur les enfants, mais aussi des enfants sur eux-mêmes, en leur faisant découvrir de nouvelles potentialités qu’ils n’avaient souvent jamais expérimentées ou envisagées auparavant.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/279913/original/file-20190617-118539-1yzfb1b.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/279913/original/file-20190617-118539-1yzfb1b.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=451&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/279913/original/file-20190617-118539-1yzfb1b.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=451&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/279913/original/file-20190617-118539-1yzfb1b.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=451&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/279913/original/file-20190617-118539-1yzfb1b.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/279913/original/file-20190617-118539-1yzfb1b.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/279913/original/file-20190617-118539-1yzfb1b.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Une boîte à forêt.</span>
</figcaption>
</figure>
<p><a href="https://amupod.univ-amu.fr/video/0927-projet-artistique-et-petite-enfance-lexemple-du-projet-nos-forets-interieures-de-la-scene-nationale-le-merlan-a-marseille/">Cette recherche</a> sur le rapport que les tout-petits construisent avec les objets artistiques et culturels, les effets produits par le projet NFI montrent qu’il est possible de déjouer la mécanique de mise à distance qui peut se mettre en place dès le plus jeune âge face aux arts et à la culture, et particulièrement pour certaines catégories de publics et sur certains territoires. Pour tous ceux qui, par indifférence, méconnaissance, désintérêt, etc. pour les arts et de la culture, ne s’y confrontent jamais, Céline Schnepf replace l’art au centre de la vie sociale d’un quartier, au cœur de la cité. Plus qu’une initiation, les tout-petits par cette expérience sociale territorialisée dans un contexte de vie quotidienne (différente d’une pratique culturelle dans un contexte de monde de l’art) ont pu poser les premiers jalons d’une « carrière de spectateur ». En leur laissant la possibilité qu’émergent et se croisent une pluralité de rapport à l’art possible, des plus « sociaux », fugaces et informels (que je désigne comme des « expériences sociales sur fond d’art ») aux plus esthétiques et idéal typique du comportement des publics habitués, des spectateurs initiés, c’est bien une logique de démocratisation qui est à l’œuvre. Bien qu’informelle, peu spectaculaire, difficilement mesurable et quantifiable, elle est très certainement durable.</p>
<p>NFI a constitué pour les tout-petits et leurs parents un moment de vie tout autant qu’une opportunité de créer une familiarité avec le théâtre et les arts plastiques, sans que la metteuse en scène ne transige sur la qualité esthétique et l’exigence de création théâtrale.</p>
<p>Si la réussite est indéniable, en termes de politique culturelle une question se pose : comment faire pour prolonger les effets produits et capitaliser sur cette expérience ? Comment assurer une forme de continuité et penser l’après-projet ? C’est un des aspects qui reste aujourd’hui relativement peu étudié, et peu pris en compte par les politiques culturelles, la réussite d’un projet signalant aussi sa fin. En effet, Un château en Espagne a fini sa résidence à Marseille, le Merlan poursuit et met en œuvre d’autres projets avec d’autres compagnies, les acteurs et professionnels des différents mondes qui ont fait réseau autour de NFI retournent à leurs activités. Mais du côté des publics, que se passe-t-il après ? Il n’y a certainement pas de réponse simple à cette question ni de dispositif systématisable, gageons que les graines semées par NFI dans les réseaux d’acteurs locaux et dans les imaginaires des jeunes spectateurs pourront germer sur d’autres terrains.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/117857/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Le projet Nos forêts intérieures (NFI) est un projet de médiation culturelle territorialisée, orienté vers la petite et toute petite enfance.Sylvia Girel, maître de conférences - HDR en sociologie, Aix-Marseille Université (AMU)Ariane Richard-Bossez, Maitre de conférences, Laboratoire méditerranéen de sociologie - CNRS, Aix-Marseille Université (AMU)Fanny Broyelle, Chercheuse associée au Laboratoire méditerranéen de sociologie - CNRS, Aix-Marseille Université (AMU)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1164332019-05-05T19:44:18Z2019-05-05T19:44:18ZPodcast : Quelle place pour Deezer dans le concert mondial du streaming ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/272174/original/file-20190502-103060-nh3xkt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=176%2C47%2C821%2C579&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">En 2018, le marché du streaming musical a dépassé celui de la musique physique en France pour la première fois.
</span> <span class="attribution"><span class="source">MichaelJayBerlin / Shutterstock</span></span></figcaption></figure><p>Après plusieurs années de repli ininterrompu, la tendance semble bel et bien inversée sur le marché français de la musique. Le streaming musical, cette capacité à monétiser un service de lectures illimitées de titres stockés sur des serveurs distants, est la raison de ce rebond. Deezer profite bien entendu de ce contexte favorable, même si la licorne française a encore de nombreux défis à relever pour consolider sa place dans un paysage concurrentiel complexe…</p>
<hr>
<h2>Pour aller plus loin</h2>
<p><strong>Le marché français de la musique enregistrée en France</strong></p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/272177/original/file-20190502-103045-13477ty.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/272177/original/file-20190502-103045-13477ty.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/272177/original/file-20190502-103045-13477ty.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/272177/original/file-20190502-103045-13477ty.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/272177/original/file-20190502-103045-13477ty.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/272177/original/file-20190502-103045-13477ty.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/272177/original/file-20190502-103045-13477ty.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/272177/original/file-20190502-103045-13477ty.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption"></span>
<span class="attribution"><a class="source" href="http://www.snepmusique.com/actualites-du-snep/bilan-2018-du-marche-de-la-musique-enregistree/"> SNEP (Syndicat national de l’édition phonographique), 2018.</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p><strong>L’écrasante domination de YouTube</strong></p>
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<span class="caption">Pénétration et pratiques commerciales des principaux services de streaming.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Information is beautiful</span></span>
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<p><strong>Étude de cas : le streaming peut-il rapporter aux artistes ?</strong></p>
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<p><em>« C’est dans la boîte ! », le podcast de la stratégie d’entreprise signé The Conversation France, vous propose l’étude de cas d’une multinationale bien connue des consommateurs et des citoyens. Julien Pillot, enseignant-chercheur à l’INSEEC School of business and economics, et Thibault Lieurade, chef de rubrique Économie + Entreprise, vous donnent rendez-vous deux fois par mois pour décrypter les aspects stratégiques les moins visibles… qui sont aussi les plus essentiels !</em></p>
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<p><em>Retrouvez tous les épisodes précédents sur <a href="https://theconversation.com/fr/podcasts/strategie-entreprise-etude-cas-numerique-podcast">The Conversation France</a>, <a href="https://www.deezer.com/fr/show/345262">Deezer</a> et <a href="https://open.spotify.com/show/6IBNs4HbMEmLbrQuzgDFpx">Spotify</a>.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/116433/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Julien Pillot est coordinateur du think tank trans-partisan "Le Jour d'Après" qui entend participer aux débats sur les réformes structurelles nécessaires à la modernisation et l'efficacité de notre modèle social, économique et institutionnel, en dépassant les clivages partisans.</span></em></p>Lorsque l’on évoque le marché de la musique en ligne, on pense immédiatement au duel Spotify-Deezer. Mais le paysage concurrentiel reste nettement plus complexe…Julien Pillot, Enseignant-Chercheur en Economie et Stratégie (Inseec U.) / Pr. et Chercheur associé (U. Paris Saclay), INSEEC Grande ÉcoleLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.