tag:theconversation.com,2011:/us/topics/tortues-57297/articlestortues – The Conversation2023-09-25T18:26:22Ztag:theconversation.com,2011:article/2125162023-09-25T18:26:22Z2023-09-25T18:26:22ZCertaines tortues survivent à l’hiver en bougeant sous la glace<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/545971/original/file-20230901-27-o42r0z.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=11%2C0%2C1897%2C1279&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Alors que le changement climatique entraîne une hausse des températures, il est important de comprendre comment les tortues d'eau douce survivent à l'hiver.</span> <span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span></figcaption></figure><p>C’est l’hiver, vous vous promenez sur un lac ou un étang gelé quand vous apercevez soudain des centaines de tortues sous vos pieds. Mais que font-elles sous la glace ?</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/le-secret-de-lhibernation-des-tortues-respirer-par-le-derriere-100491">Le secret de l’hibernation des tortues : respirer par le derrière !</a>
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<p>Les tortues d’eau douce de régions tempérées comme le Canada doivent affronter pendant plusieurs mois chaque année des conditions hivernales rigoureuses avec des températures pouvant descendre sous 0 °C <a href="https://academic.oup.com/bioscience/article/71/8/820/6213245">et la formation de glace sur les plans d’eau</a>.</p>
<p>Pour les <a href="https://www.natureconservancy.ca/fr/nos-actions/ressources/especes-en-vedette/reptiles-et-amphibiens/tortues-du-canada.html">huit espèces de tortues d’eau douce du Canada</a>, cette couche de glace – et surtout l’eau qui se trouve dessous – constitue un refuge contre les températures glaciales de l’air. Si la glace protège les tortues des froids intenses, elle leur pose néanmoins un défi en leur restreignant l’accès à l’oxygène atmosphérique.</p>
<h2>La vie sous les glaces</h2>
<p>Certaines espèces, comme la tortue serpentine (<em>Chelydra serpentina</em>) et la tortue peinte (<em>Chrysemys picta</em>), se sentent parfaitement bien en passant <a href="https://doi.org/10.1017/S1464793106007032">plusieurs mois immergées dans une eau pauvre en oxygène</a>. Cependant, d’autres espèces sont plus affectées par le manque d’oxygène et ne peuvent survivre plus de quelques semaines à la fois sans un apport adéquat en oxygène. Ces espèces doivent extraire l’oxygène dissous dans l’eau pour survivre.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/544831/original/file-20230825-27-vpciz1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="a turtle visible under frozen ice" src="https://images.theconversation.com/files/544831/original/file-20230825-27-vpciz1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/544831/original/file-20230825-27-vpciz1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/544831/original/file-20230825-27-vpciz1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/544831/original/file-20230825-27-vpciz1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/544831/original/file-20230825-27-vpciz1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/544831/original/file-20230825-27-vpciz1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/544831/original/file-20230825-27-vpciz1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Tortue serpentine sous la glace dans le Sud de l’Ontario.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Lucas Foerster/iNaturalist)</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
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<p>La tortue géographique (<em>Graptemys geographica</em>) est l’une d’elles. On a pu l’observer en train de se déplacer sous la glace en hiver.</p>
<p>Les <a href="https://journals.iupui.edu/index.php/ias/article/view/14633/14709">biologistes marins Barton Warren Evermann et Howard Walton Clark</a> ont observé des tortues géographiques il y a plus d’un siècle.</p>
<p>En novembre 1991, au cours d’une plongée dans un site d’hibernation collectif situé au Vermont, des biologistes marins ont pu voir des <a href="https://www.biodiversitylibrary.org/item/106990#page/537/mode/1up">tortues géographiques marcher sur le fond d’une rivière</a> avant qu’elle ne soit couverte de glace, alors que la température avait descendu à près de 0 °C.</p>
<p>Ces observations nous incitent à penser que ce comportement peut être important pour la survie des tortues en hiver. Sinon, pourquoi puiseraient-elles dans leurs réserves d’énergie hivernales limitées pour se déplacer ?</p>
<p>Mais les tortues se déplacent-elles beaucoup pendant l’hiver ?</p>
<h2>Avancées technologiques</h2>
<p>Pour suivre les mouvements des tortues géographiques sous la glace, notre équipe a collé un accéléromètre triaxial – un dispositif qui recueille des données – sur 40 tortues dans un site d’hivernage connu de l’est de l’Ontario. Les appareils ont enregistré les mouvements, la profondeur et la température des tortues pendant les sept mois où elles sont restées sous la glace.</p>
<p>Les accéléromètres triaxiaux fonctionnent de la même manière qu’une montre FitBit ou Apple – ils produisent une valeur appelée <a href="https://doi.org/10.1111/j.2041-210X.2010.00057.x">accélération dynamique globale du corps</a>. Ce résultat calcule la quantité de mouvements quotidiens de chaque tortue.</p>
<p>En combinant ces informations avec les mesures de profondeur et de température, nous avons pu dresser un tableau détaillé du comportement de toutes les tortues sans les observer directement.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/498317/original/file-20221130-22-kthfq4.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="a turtle swims underwater with a device attached to its back" src="https://images.theconversation.com/files/498317/original/file-20221130-22-kthfq4.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/498317/original/file-20221130-22-kthfq4.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/498317/original/file-20221130-22-kthfq4.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/498317/original/file-20221130-22-kthfq4.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/498317/original/file-20221130-22-kthfq4.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/498317/original/file-20221130-22-kthfq4.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/498317/original/file-20221130-22-kthfq4.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Une tortue géographique nage sous l’eau avec un accéléromètre triaxial fixé sur le dos.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Grégory Bulté)</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
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<h2>Mouvements quotidiens</h2>
<p>Nos résultats nous ont surpris. Les données montrent que les tortues géographiques se déplacent localement tous les jours de l’hiver. Bien que cela puisse varier d’un individu à l’autre, il est intéressant de noter que le mouvement est continu tout au long de la saison froide et qu’il n’est pas si différent de celui des semaines précédant la formation de la glace qui emprisonne les tortues pour l’hiver.</p>
<p>Bien que nous anticipions un certain niveau d’activité sur la base d’observations antérieures, nous ne nous attendions pas à ce que les tortues bougent autant tout au long de l’hiver.</p>
<p>Comme on ne trouve que peu <a href="https://doi.org/10.1139/cjz-2022-0100">d’oxygène sous la glace</a> et que les tortues géographiques ne peuvent s’en passer très longtemps, on peut présumer qu’elles se ménagent pour limiter leur consommation d’oxygène. Nos instruments nous ont également indiqué que les tortues évoluaient dans une eau d’environ 1 °C, température à laquelle la <a href="https://doi.org/10.1139/cjz-2022-0100">plupart des reptiles développent une léthargique incontrôlable</a>.</p>
<p>C’est peut-être le fait de rester au frais qui permet aux tortues de demeurer actives. Il est probable qu’en se trouvant à des températures proches du point de congélation, le métabolisme des tortues géographiques ralentisse, diminuant ainsi leur besoin en oxygène et prolongeant l’utilisation de cette ressource limitée.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/DyOZf2qC5Ik?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Vidéo montrant l’activité sous-marine de la tortue géographique pendant l’hiver.</span></figcaption>
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<h2>Effets du mouvement</h2>
<p>Nous pensons que les tortues géographiques restent actives en hiver pour satisfaire leur besoin en oxygène afin de survivre pendant cette saison. Une activité réduite sert peut-être à remplacer la couche limite d’eau pauvre en oxygène sur leur peau par de l’eau fraîchement oxygénée, améliorant ainsi leur capacité à « respirer » par la peau.</p>
<p>Peut-être les tortues se déplacent-elles aussi pour chercher dans leur environnement des microclimats avec une concentration accrue d’oxygène ou qui présentent des profils de température et de profondeur qui leur conviennent mieux. Cela pourrait leur permettre de mieux satisfaire leurs besoins physiologiques et leur apport en oxygène tout au long de la saison froide.</p>
<p>La majeure partie de ce que nous savons sur les reptiles des régions tempérées est basée sur des recherches effectuées pendant les mois où ils sont les plus faciles à observer. Nous passons ainsi à côté de plusieurs mois de leur cycle annuel. Avec le climat qui change de plus en plus, il est important de comprendre la vie hivernale des reptiles afin de pouvoir prévoir les incidences des bouleversements climatiques sur leur vie.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/212516/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Jessica Robichaud a reçu des fonds de l'Université de Carleton, du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie (CRSNG), de la Fondation canadienne pour l'innovation et du Fonds de recherche de l'Ontario pour les petites infrastructures.</span></em></p>Avec la hausse des températures causée par les changements climatiques, il est important de comprendre comment les tortues d’eau douce survivent à l’hiver.Jessica Robichaud, PhD Student, Aquatic ecology, Carleton UniversityLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2009842023-03-02T11:27:01Z2023-03-02T11:27:01ZDe l’étrange à l’intime, comment notre perception des animaux marins s’est transformée<p><em>Nous vous proposons de découvrir un extrait de l’ouvrage de l’anthropologue Hélène Artaud (Muséum national d’histoire naturelle), <a href="https://www.editionsladecouverte.fr/immersion-9782359252361">« Immersion », paru le 23 février 2023 aux éditions La Découverte</a>. L’autrice y explore les rapports profondément différents que les sociétés de l’Atlantique et du Pacifique ont entretenus avec la mer. Et comment la rencontre de ces deux mondes a bouleversé les représentations occidentales des espaces maritimes. Dans le passage choisi ci-dessous, elle revient sur les changements qui se sont opérés au siècle dernier dans la perception de la faune océanique.</em></p>
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<p>La reconnaissance d’une sensibilité animale apparaît avec une acuité sans précédent au tournant du XX<sup>e</sup> siècle ; elle se double d’un enjeu éthique, d’une responsabilité à l’égard d’existants désormais perçus comme des sujets. </p>
<p>Si l’urgence à changer en profondeur notre relation aux espèces marines pouvait être signalée dans les récits d’observateurs avant le XX<sup>e</sup> siècle – comme dans cette remarque de Jules Michelet qui s’émeut du traitement infligé à certaines espèces marines et réclame <a href="https://www.librairie-gallimard.com/livre/9782070374700-la-mer-jules-michelet/">« la paix pour la baleine franche ; la paix pour le dugong, le morse, le lamantin »</a> –, l’expression d’une émotion nouvelle se fait plus massive et radicale au tournant des années 1970.</p>
<p>Une forme de <em>biophilie</em> gagne l’espace océanique où un <a href="https://www.hup.harvard.edu/catalog.php?isbn=9780674074422">« profond changement dans la perception des animaux » est à l’œuvre</a>. Avec l’émergence du cinéma documentaire et d’un tourisme maritime orientés vers la faune sauvage, les sentiments d’hostilité <a href="https://www.publish.csiro.au/mf/pdf/MF10142">qu’éveillaient jusqu’alors les espèces marines s’émoussent</a>. La visualisation des profondeurs océaniques n’est pas étrangère à ce bouleversement. </p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/a-plus-de-1-000-metres-sous-leau-des-observatoires-pour-etudier-la-richesse-de-locean-profond-147036">À plus de 1 000 mètres sous l’eau, des observatoires pour étudier la richesse de l’océan profond</a>
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<p>L’exploration des fonds sous-marins ouvre la possibilité d’une rencontre avec des existants dont les comportements et les aptitudes désormais visibles tranchent <a href="https://www.annualreviews.org/doi/abs/10.1146/annurev.an.10.100181.001423">avec la menace et l’anonymat qu’ils incarnaient jusque-là</a>. Plutôt que l’étrangeté, c’est bien au contraire l’identification avec certains d’entre eux qui semble alors s’imposer. Des caractéristiques morphologiques propres à la mégafaune marine facilitent sans doute un tel basculement. </p>
<p>Par le support de projection anthropomorphique privilégié qu’elles autorisent dans un monde qui continue par ailleurs de présenter une tonalité d’altérité et d’opacité fondamentales, les baleines ou les dauphins apparaissent comme des partenaires privilégiés. Leur regard, « exagérément humain », fait partie des éléments les plus remarquables. L’anecdote que mobilise Lévi-Strauss, qui rapporte <a href="https://www.librairie-gallimard.com/livre/9782259002110-la-pensee-sauvage-claude-levi-strauss/">dans <em>La Pensée sauvage</em></a> le récit de Hediger, directeur des jardins zoologiques de Zurich, en est un bon exemple. Ce dernier décrit « son premier tête-à-tête […] avec un dauphin » en revenant à de nombreuses reprises sur le regard « pétillant » de l’animal dont l’intensité avait troublé le narrateur au point de lui faire « se demander [s’il s’agissait] vraiment [d’]un animal ». </p>
<p>L’importance du regard dans la rencontre interspécifique est souvent mentionnée. Dans l’évènement que le militant écologiste Paul Watson <a href="https://link.springer.com/book/10.1057/9781137473783">qualifie de décisif pour son engagement « combatif » en faveur des baleines</a>, l’intentionnalité qu’il impute à l’animal rencontré lors d’une campagne menée contre les baleiniers soviétiques en 1975 se révèle là encore par ce biais. </p>
<blockquote>
<p>« Alors qu’il se glissait à nouveau dans l’eau, se noyant dans son propre sang, j’ai regardé dans ses yeux et j’ai vu de la reconnaissance. De l’empathie. Ce que j’ai vu dans ses yeux lorsqu’il m’a regardé allait changer ma vie pour toujours. Il a sauvé ma vie et j’ai voulu lui rendre la pareille. »</p>
</blockquote>
<p>Le « tournant affectif » ciblant les espèces marines semble submerger de façon si globale la société civile que les politiques de conservation envisagent sérieusement les conséquences favorables que pourrait avoir sur la biodiversité l’utilisation de ces viviers émotionnels, et élaborent en conséquence des catégories spécifiques, notamment <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S027249440700076X">celles d’espèces « phares ou emblématiques »</a>, supposées capter l’adhésion sensible du public. Ces icônes visibles de la conservation sont « des espèces populaires et charismatiques qui servent comme symboles et points de ralliement pour stimuler la sensibilisation et l’action en matière de conservation ». </p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/les-voyages-du-tatou-dans-les-sciences-et-par-les-mers-180603">Les voyages du tatou dans les sciences et par les mers</a>
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<p>L’importance croissante que revêt la dimension affective dans le cadre écologique ne concerne pas seulement un public à sensibiliser et éduquer. <a href="https://www.jstor.org/stable/26380571">Elle cible aussi les scientifiques</a>. Si le récit de la rencontre avec le dauphin se concluait dans les années 1955 – date de l’ouvrage de Hediger dans lequel Lévi-Strauss a puisé cette anecdote – par cette sentence : « Hélas, le cerveau du zoologiste ne pouvait [dépasser] la certitude glacée, presque douloureuse en cette circonstance, qu’en termes scientifiques il n’y avait rien là que <em>Tursiops truncatus</em>… », émotion, affects et régime de scientificité semblent en revanche se rejoindre de <a href="https://www.librairie-gallimard.com/livre/9782259002110-la-pensee-sauvage-claude-levi-strauss/">façon moins problématique quelques années plus tard</a>. </p>
<p><a href="https://www.cairn.info/revue-ethnologie-francaise-2009-1-page-11.htm">Gérard Collomb en donne un exemple éloquent</a> en indiquant que les mesures toutes particulières de conservation et l’interdiction de prélever des tortues en Guyane ont, en partie, pour origine des principes émotionnels. À la fin des années 1960, alors que l’on ne disposait pas encore de données quantifiées susceptibles de confirmer un déclin des populations de tortues marines, c’est dans ce sillon émotionnel, encore inavouable, que s’inscrivait la démarche du biologiste Peter Pritchard, pionnier de l’étude et de la conservation des tortues marines. Visitant les plages vierges de la Guyane, il écrivait avoir « trouvé […] la plage jonchée des carcasses et des crânes de pas moins de quatre espèces de tortues marines » et il s’exclamait : « J’ai été horrifié par ce massacre et j’ai fait un rapport à plusieurs personnes, y compris à plusieurs fonctionnaires du gouvernement. » </p>
<p>Collomb commente :</p>
<blockquote>
<p>« Cette dimension sensible (<em>I was horrified by the slaughter</em>) représentera jusqu’à aujourd’hui, dans le rapport que l’on entretient avec cet animal hors du commun, une constante que l’on retrouve à l’arrière-plan de nombre de professions de foi conservationnistes. »</p>
</blockquote>
<p>La déferlante affective va profondément renouveler les principes et méthodologies scientifiques dans le sens d’un rapprochement corporel inédit avec l’animal aquatique. Le géographe Jamie Lorimer qualifie d’« épiphanie interspécifique » la façon dont le scientifique va prendre part de façon affective et empathique, mais également corporelle et sensitive, au monde de l’espèce qu’il rencontre, en se « re-territorialisant ». Ce renversement est sans précédent dans « la pratique de l’histoire naturelle […] qui consiste à s’adapter ou à “apprendre à être affecté” (Hinchliffe <em>et al</em>, 2005 ; Latour, 2004) par l’organisme ciblé, ou même à “devenir animal” (Deleuze et Guattari, 1987) ». </p>
<p>L’idée que le scientifique puisse non seulement éprouver de l’empathie pour son objet d’étude, mais être de façon sensorielle et subjective impliqué dans le processus expérimental revient en force dans la littérature scientifique de ces dernières années. C’est sur cette dimension intime de l’histoire scientifique que s’interrogent Véronique Servais, James Latimer et Mara Miele ou Vinciane Despret. Revenant sur l’implication corporelle corrélée à ce principe empathique, cette dernière évoque un aspect souvent négligé de cette dimension sensible qui lie le scientifique à son sujet d’étude. Elle prend à rebours l’idée selon laquelle la démarche scientifique et la qualité de l’expérimentation dépendraient de la capacité de l’observateur à se mettre en retrait, à réduire au mieux les éléments subjectifs susceptibles d’interférer dans les observations. </p>
<p>Elle choisit au contraire de porter la lumière sur les transformations et ajustements constants <a href="https://journals.sagepub.com/doi/10.1177/0263276413496852">qu’opère le corps du scientifique pour rencontrer l’animal</a>. Comprendre son environnement sensible, son <em>Umwelt</em>, implique de transformer d’abord son corps. Despret raconte que des éthologues, « pour s’engager avec les animaux qu’ils étudiaient », soumettent « leur corps à un processus qui prend la forme d’une expérience transformatrice ». Elle constate que cette métamorphose est facilitée lorsque le monde sensoriel de l’espèce est proche de celui de l’homme. Plus les <em>affordances</em> sont partagées, plus le basculement d’un monde vers l’autre est aisé. Elle explique « l’attrait largement partagé pour les oiseaux, les papillons et les fleurs au Royaume-Uni » par « les modes de communication intertaxa et intrataxon qu’ils partagent avec les humains. Sur certains “plans de cohérence” (Deleuze et Guattari, 1987), les humains, les oiseaux et les papillons sont organisés de manière similaire […] ceci explique la spontanéité avec laquelle ils ont fait l’objet de surveillance et de recherche de <a href="https://journals.sagepub.com/doi/10.1068/d71j">la part des historiens de la nature</a> ».</p>
<p>Si l’empathie s’avère donc possible et le rapprochement sensible facilité avec un animal dont les mondes sont apparentés, qu’en est-il des espèces marines ? </p>
<p><a href="https://read.dukeupress.edu/differences/article-abstract/23/3/161/97720/Sensational-Jellyfish-Aquarium-Affects-and-the">C’est la question que pose Eva Hayward</a> qui reconnaît que, « pour la mégafaune charismatique – chiens, chevaux, chats, dauphins – sur laquelle nous pouvons cartographier notre corps », une projection empathique est envisageable, mais s’interroge sur la possibilité de le faire avec « des organismes comme les méduses, le corail ou les poulpes, [dont] les différences corporelles écrasantes font de l’identification une politique d’effacement plutôt que d’empathie ». La tâche s’avère en effet plus complexe lorsque l’étrangeté anatomique déjoue toute analogie, ou lorsque l’éloignement organique et physique entre le monde du chercheur et celui de l’espèce est maximal <a href="https://journals.sagepub.com/doi/10.1068/d71j">comme dans le cas</a> de « l’inaccessible écologie benthique ou l’anatomie microscopique et indistincte des nématodes des grands fonds ». </p>
<p>Or, force est de constater que même sur ces espèces <em>a priori</em> lointaines s’engage ces dernières années un renouveau sensible que l’anthropologue Stefan Helmreich a largement souligné en prenant l’exemple des microbes ou celui du corail, passé en l’espace d’un siècle à peine « d’os à chair » (<em>from bones to flesh</em>). </p>
<p>C’est à l’acte d’immersion que l’auteur attribue ce changement et le fait que le corail ait pris consistance et vie : il n’est plus simplement un idéal statique, mais une entité vivante. Il précise et corrèle à la pratique de l’immersion les raisons de ce bouleversement esthésique radical : </p>
<blockquote>
<p>« Là où Darwin et d’autres ont principalement rencontré des fragments de corail mort, et ont imaginé ces formes sculpturales et sépulcrales presque comme des artefacts archéologiques, les naturalistes du XX<sup>e</sup> siècle cherchent à immerger leurs corps et leurs yeux au milieu des communautés coralliennes. » </p>
</blockquote>
<p>Le corail n’est plus une métaphore abstraite, mais un sujet qui <em>prend corps</em> grâce à l’immersion. C’est l’immersion, nécessaire à l’observation et au prélèvement des cellules par les océanographes et biologistes marins, qui fait passer le corps du chercheur de la surface vers les profondeurs, d’un regard éloigné à un corps impliqué. Ce que l’auteur qualifie de « changement de paradigme » tiendrait donc à la possibilité, inédite pour le chercheur, de s’immerger, soit de se relier à des existants dont l’altérité emblématique s’estompe par paliers.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/connaissez-vous-les-coraux-deau-froide-144314">Connaissez-vous les coraux d’eau froide ?</a>
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<p>Le monde des biologistes marins subit, quoique de façon encore inégale, un bouleversement notable. Le basculement du regard « des mammifères et des poissons vers les microbes » révèle le passage d’une posture ontologique, caractérisée par une perspective de « surplomb de l’homme sur une nature distante » à une <a href="https://www.librairie-gallimard.com/livre/9782070465873-par-dela-nature-et-culture-philippe-descola/">adhérence incarnée de l’homme dans le monde</a>. Cet attrait croissant pour les être immergés, jadis invisibles, indique quelque chose des mutations qui s’opèrent dans la perspective atlantique. </p>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/513023/original/file-20230301-24-vlp4c8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/513023/original/file-20230301-24-vlp4c8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/513023/original/file-20230301-24-vlp4c8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=879&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/513023/original/file-20230301-24-vlp4c8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=879&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/513023/original/file-20230301-24-vlp4c8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=879&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/513023/original/file-20230301-24-vlp4c8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1104&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/513023/original/file-20230301-24-vlp4c8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1104&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/513023/original/file-20230301-24-vlp4c8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1104&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Paru le 23 février 2023.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.editionsladecouverte.fr/immersion-9782359252361">Éditions La Découverte</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
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<p><a href="https://www.ucpress.edu/book/9780520250628/alien-ocean">C’est ce que relève Helmreich</a> quand il se demande si les baleines qui constituaient « les mascottes marines […] du XIX<sup>e</sup> siècle, [et le] dauphin [celle] du XX<sup>e</sup> siècle » ne seraient pas supplantés au XXI<sup>e</sup> siècle par les microbes et cherche à comprendre « comment la mer microbienne réorganise ou reconfigure les anciennes conceptions de l’océan […] en tant que région sauvage sublime ou en tant que frontière sociale, économique et scientifique ». Même dans ces mondes paradigmatiques de la nature sauvage se loge désormais une partie de l’humain. Même pour ce monde microbien sans visage, sans forme, sans regard, une tendance à l’empathie se manifeste, comme en témoigne le <a href="https://www.arkfrequencies.com/umwelt-microbiana/">travail des artistes Mick Lorusso et Joel Ong</a> qui proposent que, « par l’exposition à ce processus de recherche artistique, [leur] public puisse également adopter une responsabilité écologique/morale par une empathie et un respect partagé avec le monde microbien ».</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/200984/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Hélène Artaud ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Au tournant des années 1970, une forme de biophilie gagne l’espace océanique où un profond changement dans la perception des animaux est à l’œuvre.Hélène Artaud, Maître de conférences, en anthropologie sociale, UMR 208 Paloc, MNHN, Muséum national d’histoire naturelle (MNHN)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1651192021-09-07T18:28:09Z2021-09-07T18:28:09ZLes invasions biologiques, un fardeau économique pour la France<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/419654/original/file-20210906-17-xymldg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Moustique tigre lors de son repas de sang. </span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Aedes_albopictus#/media/Fichier:CDC-Gathany-Aedes-albopictus-1.jpg">James Gathany, CDC/Wikipedia</a></span></figcaption></figure><p>Les invasions biologiques forment un paradoxe vraiment intéressant. Même si on en parle assez peu dans le débat public, elles n’ont rien d’anodin. Il s’agirait même de la <a href="https://royalsocietypublishing.org/doi/full/10.1098/rsbl.2015.0623">seconde menace pesant sur la biodiversité</a>, devant le changement climatique.</p>
<p>Ces invasions induisent nombre de dégâts, dans des domaines aussi variés que celui de <a href="https://theconversation.com/chalarose-du-frene-et-autres-maladies-invasives-il-est-possible-de-mieux-proteger-les-forets-71203">l’agriculture</a> ou de la <a href="https://doi.org/10.1038/s41467-020-15586-1">santé</a>.</p>
<p>Et pourtant, on en parle assez peu. Tout le monde connaît les risques du changement climatique, de la déforestation ou de la pollution, mais beaucoup moins les invasions biologiques, pourtant au moins aussi problématiques pour l’environnement. Alors pourquoi en parle-t-on si peu ?</p>
<p>Pour les chercheurs spécialisés sur la question, comme <a href="https://www.ese.universite-paris-saclay.fr/?s=Dynamique+de+la+biodiversit%C3%A9+et+macro-%C3%A9cologie&lang=fr">ceux de mon équipe</a>, une des explications réside dans le fait qu’il s’agit d’un processus <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0169534716302129">plus complexe à appréhender et beaucoup moins intuitif</a> que ceux imputables à la déforestation ou à la pollution.</p>
<h2>Des exemples en pagaille</h2>
<p>Les invasions biologiques désignent des introductions d’espèces, volontairement ou non, dans une autre région que celle dont elles sont natives, et dont la prolifération cause de multiples dommages à la biodiversité.</p>
<p>Si on cite souvent le ragondin ou à l’écrevisse de Louisiane, ces deux exemples ne représentent toutefois qu’une infime proportion des milliers d’espèces dites « envahissantes » dans le monde. Cela peut être des microbes, des champignons, des plantes ou des animaux…</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/419656/original/file-20210906-29-fvbthi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/419656/original/file-20210906-29-fvbthi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=429&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/419656/original/file-20210906-29-fvbthi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=429&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/419656/original/file-20210906-29-fvbthi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=429&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/419656/original/file-20210906-29-fvbthi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=540&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/419656/original/file-20210906-29-fvbthi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=540&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/419656/original/file-20210906-29-fvbthi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=540&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Ragondin.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Ragondin#/media/Fichier:Biberratte_-_Nutria_-_coypu_-_Myocastor_coypus_-_ragondin_-_castor_des_marais_-_M%C3%B6nchbruch_-_December_25th_2012_-_01.jpg">Wikimedia</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Leurs impacts sont ainsi très variés et concernent la santé, le tourisme, l’immobilier, la foresterie, des pêcheries, etc.</p>
<p>Prenons l’agriculture, par exemple. D’innombrables espèces peuvent détruire les cultures, les stocks ou les infrastructures, à l’image du désormais célèbre doryphore, ce joli scarabée du Colorado arrivé en Europe au XIX<sup>e</sup> siècle ; ses ravages sur les champs de pommes de terre ont provoqué des famines mémorables.</p>
<p>Imaginez maintenant l’impact d’espèces exotiques envahissantes s’attaquant à des dizaines de plantes en même temps ! <a href="https://theconversation.com/la-punaise-diabolique-cette-creature-urbaine-66752">La punaise diabolique</a> gâte de nombreuses cultures de fruits et de légumes, mais aussi des plantes ornementales d’arbres et d’arbustes. La mouche méditerranéenne peut quant à elle s’attaquer à plus de 300 espèces de fruits (sauvages et cultivés)…</p>
<p>Même des espèces aux profils inoffensifs et vulnérables peuvent devenir problématiques, comme le vison d’Amérique. Échappé de nos élevages de fourrure, il provoque aujourd’hui le déclin d’espèces européennes et peut nous transmettre certaines maladies, à l’image du <a href="https://theconversation.com/origine-du-virus-de-la-covid-19-la-piste-de-lelevage-des-visons-153219">coronavirus</a>.</p>
<p>À l’autre bout de la planète, des troupeaux de majestueux dromadaires venus d’Asie <a href="https://theconversation.com/can-australia-afford-the-dingo-fence-7101">assoiffent l’Australie</a>, menaçant d’innombrables espèces locales.</p>
<h2>Evaluer le coût des invasions</h2>
<p>Devant une telle variété d’impacts, les réunir sous une unité commune (le dollar ou l’euro) – à l’image du degré Celsius pour le réchauffement climatique –, permettrait de mieux prendre conscience de tous ces dégâts.</p>
<p>C’est donc sur les conséquences financières des invasions biologiques que nous nous sommes penchés : évaluer en argent ce coût global parlerait davantage sans doute que la seule évocation du nombre d’espèces menacées (hélas !).</p>
<p>Pendant cinq ans, mes collègues et moi-même avons élaboré une <a href="https://doi.org/10.1038/s41597-020-00586-z">base de données</a> réunissant des milliers de coûts recueillis dans la littérature scientifique, totalisant des <a href="https://theconversation.com/1-288-milliards-de-dollars-chiffrer-les-degats-causes-par-les-invasions-biologiques-pour-enfin-agir-158204">milliers de milliards d’euros</a> à l’échelle du globe.</p>
<h2>En France, des dégâts qui se chiffrent en milliards</h2>
<p>Notre pays n’est pas épargné par les invasions biologiques ; celles-ci sont facilitées par notre position géographique centrale (avec l’Outremer notamment) et notre statut de puissance économique, impliquant des échanges de personnes et de biens parmi les plus importants au monde. Coccinelle asiatique, tortue de Floride, écureuil de Corée, tulipier du Gabon, fourmi d’Argentine, renouée du Japon… Les exemples d’espèces envahissantes ne manquent pas !</p>
<p>Et les coûts économiques y sont impressionnants : au total, entre <a href="https://doi.org/10.3897/neobiota.67.59134">1,14 et 10,2 milliards d’euros en seulement 25 ans</a>.</p>
<p>Certaines espèces se placent en championnes des pertes et dégâts, <a href="https://theconversation.com/demoustication-comment-larrivee-du-moustique-tigre-a-change-la-donne-100467">à l’image des moustiques tigres</a>, vecteurs de nombreuses maladies (dengue, Zika, chikungunya) ; on peut aussi citer les <a href="https://theconversation.com/le-pollen-allergisant-dope-par-le-changement-climatique-117640">ambroisies</a>, provoquant de nombreuses allergies et pertes agricoles. À elles seules, ces espèces « coûtent » près de 40 millions d’euros par an.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/nFjiBNn3mI4?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Vidéo présentant l’ambroisie (eSET Bourgogne-Franche-Comté, 2016).</span></figcaption>
</figure>
<h2>Des espèces peu étudiées, des coûts sous-estimés</h2>
<p>En plus d’être considérables, ces coûts possèdent trois caractéristiques qui doivent nous alerter.</p>
<p>Ils correspondent tout d’abord, pour au moins à 80 %, aux pertes et dégâts occasionnés ; la part allouée pour lutter contre ces invasions est elle minime. Or les scientifiques ont montré que prévenir les invasions serait bien moins coûteux que de les subir. Ceci est d’autant plus crucial que c’est la société entière qui en fait aujourd’hui les frais, alors que le principe de « pollueur-payeur » devrait s’appliquer pour responsabiliser les responsables de ces invasions.</p>
<p>Prenons l’exemple du <a href="https://theconversation.com/le-frelon-asiatique-ce-derangeant-predateur-147676">frelon asiatique</a>, une espèce dont l’invasion a été particulièrement rapide. Arrivé en 2004 dans une cargaison de poteries de Chine, il colonise déjà presque toute la France et a atteint les pays limitrophes (Espagne, Italie, Allemagne, Angleterre…) ; sa progression semble n’avoir pas de fin !</p>
<p>Dans le même temps, le magnifique et très venimeux <a href="https://theconversation.com/en-mediterranee-linquietante-invasion-du-poisson-lion-predateur-redoutable-120782">poisson-lion</a> se répand à une vitesse fulgurante dans les mers des Antilles et de Méditerranée. Originaire du Pacifique, aucun prédateur naturel ne le contrôle dans les nouvelles zones où il prospère, au point qu’au Honduras on tente de <a href="https://www.nationalgeographic.com/adventure/article/110404-sharks-lionfish-alien-fish-invasive-species-science">dresser des requins</a> pour les chasser.</p>
<p>Second point : bien qu’importante, cette évaluation économique ne forme que la partie visible de l’iceberg, les dégâts étant très sous-estimés car très peu d’espèces ont été étudiées – moins d’une centaine à ce jour alors qu’on estime à plus de 2 750 les espèces exotiques en France.</p>
<p>Enfin, ces coûts sont en constante augmentation en France, comme le souligne le <a href="https://invacost.fr/rapport/">rapport pour décideurs</a> que nous avons élaboré avec mes collègues, comme <a href="https://www.nature.com/articles/s41586-021-03405-6">dans le reste du monde</a> ; sous l’impulsion de la mondialisation – qui favorise l’introduction d’espèces exotiques – et le changement climatique – qui favorise leur établissement et leur invasion –, on sait déjà que ces coûts vont exploser dans les années à venir.</p>
<p>Au final, réaliser que les invasions biologiques sont un fardeau économique pourrait inciter à préserver l’environnement. Cela mettrait en lumière un autre paradoxe intéressant : pour une fois, l’intérêt pour l’argent aiderait à protéger la biodiversité.</p>
<hr>
<p><em>Élena Manfrini (Université Paris-Saclay, CNRS, AgroParisTech, Écologie systématique évolution, Orsay) est co-autrice de cet article</em>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/165119/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Franck Courchamp a reçu des financements de la Fondation BNP Paribas (Climate Initiative) et du Fonds Axa pour la recherche.</span></em></p>Beaucoup moins médiatisée que le changement climatique ou la pollution, la présence croissante d’espèces exotiques envahissantes représente pourtant une grave menace pour la biodiversité.Franck Courchamp, Directeur de recherche CNRS, Université Paris-SaclayLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1580892021-04-13T15:01:24Z2021-04-13T15:01:24ZLe commerce des animaux de compagnie – comme les fourmis ! – contribue à la propagation d’espèces invasives<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/394556/original/file-20210412-19-1ig0183.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C0%2C1024%2C677&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">La fourmi rouge, Myrmica rubra, est une des espèces de fourmis envahissantes en Ontario. Sa piqûre est douloureuse.</span> <span class="attribution"><span class="source">(Jon Sanders)</span>, <span class="license">Author provided</span></span></figcaption></figure><p>À l’adolescence, je travaillais comme bénévole dans la section forêt tropicale d’un aquarium. Plusieurs fois par semaine, nous recevions un appel de quelqu’un qui voulait donner un animal dont il ne pouvait plus s’occuper. Principalement des tortues et des grenouilles. Un perroquet de temps en temps. Une fois, une danseuse à la retraite cherchait un nouveau foyer pour deux boas constrictors qui avaient fait partie de son spectacle.</p>
<p>L’aquarium ne pouvait toutefois pas prendre tous les animaux qu’on lui offrait, et je me suis souvent demandé ce qui arrivait de ces animaux non désirés. Beaucoup ont sans doute trouvé un nouveau foyer, mais, malheureusement, <a href="https://images.theconversation.com/files/391950/original/file-20210326-19-1noas4c.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip">certains ont probablement été relâchés dans des parcs ou des étangs</a>.</p>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/391950/original/file-20210326-19-1noas4c.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Python birman femelle transporté par deux hommes" src="https://images.theconversation.com/files/391950/original/file-20210326-19-1noas4c.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/391950/original/file-20210326-19-1noas4c.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/391950/original/file-20210326-19-1noas4c.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/391950/original/file-20210326-19-1noas4c.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/391950/original/file-20210326-19-1noas4c.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/391950/original/file-20210326-19-1noas4c.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/391950/original/file-20210326-19-1noas4c.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Ce python birman femelle de quatre mètres et de 43 kilogrammes a été découvert à quelques mètres d’un lotissement haut de gamme à Naples, en Floride. La plupart des experts pensent que les pythons de compagnie relâchés ont établi une population reproductrice au milieu des années 1990.</span>
</figcaption>
</figure>
<p>Une étude récente menée par des chercheurs de l’Université de Lausanne nous met en garde contre le fait que le <a href="https://doi.org/10.1073/pnas.2016337118">commerce des animaux de compagnie contribue à la propagation d’espèces invasives</a> dans le monde entier. Cette étude, publiée dans la revue <em>Proceedings of the National Academy of Sciences</em> (PNAS), révèle que de nombreux animaux de compagnie sont des espèces invasives, c’est-à-dire qu’ils s’installent à des endroits où on ne les trouvait pas avant.</p>
<p>Il ne s’agit pas seulement de grands animaux qu’on relâche dans la nature lorsqu’ils deviennent trop gros pour leur cage, comme les <a href="https://www.smithsonianmag.com/science-nature/snakes-ate-florida-180972534/">pythons birmans qui ont envahi les Everglades en Floride</a>, mais aussi d’espèces utilisées depuis peu comme animaux domestiques et qui vivent bien dans des appartements : les fourmis.</p>
<h2>Des animaux populaires</h2>
<p>J’étudie les fourmis, ce qui fait de moi une myrmécologue, et je garde parfois des colonies de fourmis vivantes dans mon laboratoire à des fins de recherche. À une époque, j’avais près de 100 colonies de fourmis vivantes pour une étude <a href="https://doi.org/10.1111/1365-2656.13310">où l’on comparait le rôle des fourmis envahissantes et celui des indigènes dans la dissémination de graines</a>.</p>
<p>Je collecte des reines et des ouvrières sauvages dans une <a href="http://ksr.utoronto.ca/">station biologique</a> près de chez moi et je les place dans des éprouvettes, que j’enveloppe dans du papier d’aluminium et que je remplis partiellement d’ouate humide. Cela permet de garder les éprouvettes humides et sombres et, généralement, la reine et ses ouvrières s’y installent rapidement.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Un tube à essai contenant des fourmis et fermé par des boules de coton" src="https://images.theconversation.com/files/391953/original/file-20210326-25-hbxn4p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/391953/original/file-20210326-25-hbxn4p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/391953/original/file-20210326-25-hbxn4p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/391953/original/file-20210326-25-hbxn4p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/391953/original/file-20210326-25-hbxn4p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/391953/original/file-20210326-25-hbxn4p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/391953/original/file-20210326-25-hbxn4p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Une reine et d’autres fourmis dans une fourmilière en éprouvette.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
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</figure>
<p>Parce que les fourmis ne demandent pas beaucoup de soins et qu’elles sont fascinantes à observer, leur popularité en tant qu’animaux domestiques est en plein essor. Selon l’étude du PNAS, il existe aujourd’hui plus de 65 sites web qui vendent et expédient des fourmis dans le monde entier.</p>
<p>En tant que myrmécologue, je suis ravie que d’autres personnes s’intéressent aux fourmis. Elles ont une vie sociale complexe, jouent un rôle important dans les écosystèmes et sont capables de choses vraiment remarquables.</p>
<p>Certaines fourmis unissent leurs corps pour former des <a href="https://doi.org/10.1073/pnas.1016658108">radeaux</a> ou des <a href="https://www.pnas.org/content/112/49/15113">ponts</a> afin de traverser de l’eau ou d’autres obstacles. D’autres sont assez intelligentes pour <a href="https://www.pnas.org/content/85/14/5287">trouver le chemin le plus direct pour rentrer chez elles et s’en souvenir</a>.</p>
<p>Une des espèces de fourmis que j’étudie crée <a href="https://www.nature.com/articles/437495a">d’énormes jardins de ses plantes hôtes dans la forêt amazonienne en empoisonnant toutes les autres espèces avec de l’acide formique</a>. Il existe plus de 15 000 espèces de fourmis sur Terre, et elles vivent sur tous les continents sauf en Antarctique. Les fourmis sont même allées <a href="https://www.popularmechanics.com/space/a14883/ants-in-space/">dans l’espace</a>.</p>
<p>J’adore les fourmis, alors je ne peux pas condamner les gens qui les choisissent comme animaux de compagnie.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/4BdjxYUdJS8?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Les fourmis ont un comportement social complexe et peuvent travailler ensemble pour résoudre des problèmes, notamment en construisant un pont pour transférer de la nourriture au-dessus d’un espace vide.</span></figcaption>
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<h2>De nombreuses espèces invasives</h2>
<p>Certaines espèces de fourmis sont également des insectes nuisibles.</p>
<p><a href="http://www.iucngisd.org/gisd/100_worst.php">Cinq espèces de fourmis – la fourmi d’Argentine, la fourmi rouge importée, la fourmi folle jaune, la fourmi électrique et la fourmi à grosse tête – figurent parmi les 100 pires espèces envahissantes au monde</a>, car elles peuvent avoir des effets dévastateurs sur certains écosystèmes. Les fourmis envahissantes <a href="https://doi.org/10.1007/s004420000572">supplantent souvent les insectes indigènes</a>, nuisent aux <a href="https://link.springer.com/article/10.1007%2Fs10530-017-1516-z">oiseaux qui nichent au sol et dans des terriers</a> t contribuent à la propagation <a href="https://royalsocietypublishing.org/doi/10.1098/rspb.2014.2846">d’autres animaux nuisibles</a>.</p>
<p>L’étude de la PNAS a révélé que 520 espèces de fourmis sont commercialisées en tant qu’animaux de compagnie, et que 57 d’entre elles (soit 11 %) sont envahissantes contre seulement 1,7 % de l’ensemble des fourmis. Cependant, le commerce de fourmis de compagnie est assez récent pour que ces 57 espèces invasives n’aient probablement pas été introduites dans de nouvelles régions du monde après avoir été achetées comme animaux domestiques.</p>
<p>Selon des recherches récentes, les mêmes caractéristiques qui font d’une espèce un bon animal de compagnie en font souvent un bon envahisseur. Ainsi, les fourmis envahissantes <a href="https://conbio.onlinelibrary.wiley.com/doi/abs/10.1046/j.1523-1739.2003.02018.x">ont généralement des colonies qui comptent plus d’une reine</a>, ce qui augmente son succès sur le plan commercial.</p>
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<img alt="Fourmis rampant sur un gecko pâle" src="https://images.theconversation.com/files/392034/original/file-20210326-19-18gt6hn.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/392034/original/file-20210326-19-18gt6hn.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=432&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/392034/original/file-20210326-19-18gt6hn.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=432&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/392034/original/file-20210326-19-18gt6hn.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=432&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/392034/original/file-20210326-19-18gt6hn.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=543&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/392034/original/file-20210326-19-18gt6hn.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=543&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/392034/original/file-20210326-19-18gt6hn.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=543&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Des fourmis folles jaunes attaquant un gecko en Inde.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File:YellowCrazyAnt-Dinakarr-4May11.JPG">(Dinakarr/Wikimedia)</a></span>
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<p>Comme j’étudie des fourmis envahissantes dans mon laboratoire, tous les gens qui y travaillent doivent prendre des précautions particulières afin que les fourmis ne puissent pas s’échapper. Nous plaçons les éprouvettes avec les nids de fourmis dans des récipients en plastique que nous enduisons d’une substance appelée Fluon, une résine blanche laiteuse qui rend les parois si lisses que les fourmis ne peuvent y grimper. Nous installons ensuite ces récipients sur des étagères dont les pieds sont posés dans de petits bols d’huile minérale. Si une fourmi rebelle tente de s’enfuir, elle restera prisonnière de l’huile.</p>
<p>Les personnes qui ont des fourmis ou d’autres animaux envahissants comme animaux de compagnie ne sont pas toujours aussi prudentes.</p>
<p>Heureusement, il existe une solution facile : faites un peu de recherche lorsque vous souhaitez acquérir un nouvel animal de compagnie et optez pour une espèce indigène à votre région.</p>
<p>Les amateurs de fourmis peuvent même trouver une colonie près de chez eux. Les fourmis sont si diverses et abondantes qu’il y a de fortes chances de dénicher une espèce indigène intéressante près de chez soi, peu importe où on habite dans le monde. Il est toutefois important <a href="https://askabiologist.asu.edu/explore/collecting-ants">d’avoir une reine pour que la colonie fonctionne</a>. Ensuite, on peut s’installer confortablement et s’abandonner à son amour des fourmis.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/158089/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Megan Frederickson reçoit des fonds du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada (CRSNG) et de la Fondation Gordon et Betty Moore.</span></em></p>Les animaux commercialisés sont plus susceptibles d’être des espèces envahissantes, y compris un animal de compagnie relativement nouveau : les fourmis.Megan Frederickson, Associate Professor of Ecology & Evolutionary Biology, University of TorontoLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1566572021-04-08T18:19:18Z2021-04-08T18:19:18ZLa maltraitance ordinaire des animaux de compagnie exotiques<p>La question du bien-être animal investit le débat public, comme l’atteste une loi récemment adoptée en première lecture à l’Assemblée nationale le <a href="https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/01/29/cirques-delphinariums-animaleries-l-assemblee-nationale-adopte-une-serie-de-mesures-pour-la-condition-animale_6068154_3244.html">29 janvier 2021</a>, qui propose d’interdire les spectacles avec des animaux sauvages (dans les cirques ou les delphinariums). Mais cette proposition (très médiatisée) ne traite en réalité que très marginalement de la question de la captivité des animaux sauvages en France.</p>
<p>Elle ne concerne en effet que quelques dizaines d’espèces, alors que le commerce des animaux sauvages (aussi qualifiés d’exotiques) de compagnie représente chaque année des centaines de milliers d’animaux rien qu’en France, et constitue un marché de <a href="https://theconversation.com/serpents-tortues-oiseaux-ou-hippocampes-le-marche-florissant-des-animaux-sauvages-en-occident-137794">plusieurs milliards d’euros à l’échelle européenne</a>.</p>
<p>Leur sort attire pourtant beaucoup moins l’attention des médias, du grand public et même des autorités.</p>
<h2>Un commerce peu réglementé</h2>
<p>En France, certaines enseignes spécialisées dans les animaux exotiques de compagnie proposent à la vente de très nombreuses espèces, dont certaines sont prélevées dans la nature – comme le gecko de Sakalava (<em>Blaesodactylus sakalava</em>), endémique de Madagascar. Pour environ 500 euros, il est ainsi possible d’acheter un python vert juvénile (<em>Morelia viridis</em>), directement venu d’Indonésie. L’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) a pourtant alerté sur <a href="https://www.iucnredlist.org/species/177524/21649845">l’impact du commerce de cette espèce</a>, populaire en terrariophilie, sur les populations sauvages.</p>
<p>La liste des espèces disponibles à la vente, plus ou moins légalement, est très longue. Prenons l’exemple des reptiles. <a href="https://www.nature.com/articles/s41467-020-18523-4">Près du tiers des espèces existantes</a>, soit plus de 3 000, peut être acheté sur Internet, et ce quel que soit leur statut de protection ou la fragilité des populations sauvages.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1268492443873415169"}"></div></p>
<p>En France, <a href="https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000037491137/">l’arrêté du 8 octobre 2018</a> fixe les règles générales de détention d’animaux non domestiques. On y trouve la liste des espèces soumises à une obligation de déclaration ou nécessitant un certificat de capacité.</p>
<p>Actuellement, une simple déclaration de détention suffit pour posséder jusqu’à 75 perruches à collier (<em>Psittacula krameri</em>), pourtant considérées comme <a href="https://journals.plos.org/plosone/article?id=10.1371/journal.pone.0100593">espèces envahissantes en Europe</a>, ou jusqu’à 10 tortues sillonnées (<em>Centrochelys sulcata</em>), espèce classée en danger d’extinction par la <a href="https://www.iucnredlist.org/species/163423/1006958">liste rouge de l’UICN</a>.</p>
<p>Mais cet arrêté ne fixe aucune règle contraignante ou exigence minimum quant aux conditions de détention des individus. Outre l’impact sur la biodiversité, le développement de ce commerce florissant soulève la question, aujourd’hui de plus en plus légitime, de la souffrance des animaux exotiques détenus en captivité.</p>
<h2>Un environnement souvent inadapté</h2>
<p>Or maintenir en captivité des animaux exotiques dans de bonnes conditions demande à la fois des installations adaptées, une connaissance approfondie de l’espèce – de son comportement et des caractéristiques de son environnement naturel – mais aussi un investissement important en temps.</p>
<p>Si les parcs zoologiques sont censés disposer d’installations adéquates et d’un personnel qualifié, les particuliers en revanche ont généralement des moyens beaucoup plus limités. Dans la grande majorité des cas, ils ne sont pas en mesure de fournir un environnement qui satisfasse les besoins élémentaires des animaux.</p>
<p>Reproduire le comportement alimentaire des espèces exotiques en captivité est complexe. Pour commencer, se nourrir ne se réduit pas à l’ingestion d’aliments, mais comprend également la recherche de nourriture qui constitue une activité importante pour de nombreuses espèces. En liberté, la plupart des perroquets passent quotidiennement entre 4 et 8h à chercher et consommer leur pitance contre <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1558787817301211">moins d’une heure par jour en captivité</a>.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/393364/original/file-20210405-17-lkw861.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/393364/original/file-20210405-17-lkw861.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/393364/original/file-20210405-17-lkw861.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/393364/original/file-20210405-17-lkw861.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/393364/original/file-20210405-17-lkw861.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/393364/original/file-20210405-17-lkw861.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/393364/original/file-20210405-17-lkw861.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Phalanger volant, espèce nocturne et arboricole dans sa cage en plein jour.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Marie Sigaud</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Leur fournir des aliments adaptés est par ailleurs essentiel.</p>
<p>Par exemple, les phalangers volants (<em>Petaurus breviceps</em>), petits marsupiaux originaires d’Océanie, sont très populaires comme animaux de compagnie, notamment en Amérique du Nord et au Japon. À l’état sauvage, ils se nourrissent d’insectes et de gomme végétale, mais sont le plus <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/25000795/">souvent nourris à base de fruits en captivité</a>, ce qui provoque des infections dentaires et des troubles métaboliques.</p>
<p>Un des motifs de consultation les plus courants pour les reptiles et les amphibiens est l’apparition d’une ostéodystrophie (<a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S1094919410000691"><em>metabolic bone disease</em></a>), déformation osseuse pouvant aller jusqu’à des fractures spontanées, fréquemment provoquée par une alimentation inadéquate.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/388213/original/file-20210308-14-wek5kr.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/388213/original/file-20210308-14-wek5kr.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/388213/original/file-20210308-14-wek5kr.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/388213/original/file-20210308-14-wek5kr.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/388213/original/file-20210308-14-wek5kr.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/388213/original/file-20210308-14-wek5kr.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/388213/original/file-20210308-14-wek5kr.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Gecko à crête (<em>Correlophus ciliatus</em>) souffrant d’ostéodystrophie avec déformation de la colonne vertébrale liée à une mauvaise alimentation.</span>
<span class="attribution"><span class="source">R. Cavignaux</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Les <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0168159113001214">besoins physiologiques des amphibiens et des reptiles sont très complexes</a> et souvent méconnus. Par exemple, la plupart des amphibiens nécessitent un niveau d’hygrométrie contrôlé, un environnement diversifié et la mise à disposition de proies vivantes. Cela nécessite des installations parfois coûteuses et pas toujours mises en place chez les particuliers.</p>
<p>Le python royal (<em>Python regius</em>), un des serpents les plus populaires dans les animaleries spécialisées, est présenté comme une espèce docile idéale pour les « débutants » en terrariophilie. Ces animaux peuvent vivre plusieurs dizaines d’années et dépassent rapidement un mètre de long (dès l’âge de 2 ou 3 ans). Les professionnels du secteur proposent des terrariums « adaptés » à cette espèce, qui en réalité ne leur permettent même pas d’<a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1558787818302211">étendre leur corps</a>, entretenant l’idée qu’un serpent vit enroulé sur lui-même. Le manque d’espace et la restriction des déplacements sont le lot de bien d’autres espèces exotiques détenues par des particuliers.</p>
<p>En l’absence de volière, les oiseaux sont maintenus dans des cages qui ne leur permettent pas de voler, ou parfois même d’étendre leurs ailes. Nombre d’entre eux sont privés de leur capacité à voler par la coupe des plumes de l’aile (ou plus rarement par éjointement, coupe irréversible de la base de l’aile) souvent mise en œuvre pour minimiser le risque d’évasion des individus.</p>
<p>Dans leur milieu naturel, de nombreuses espèces vivent en groupe. Pour ces animaux sociaux, la possibilité d’interagir avec des congénères est une composante essentielle de leur répertoire comportemental.</p>
<p>Pour illustration, le gris du Gabon (<em>Psittacus erythacus</em>) est une des espèces de perroquets les plus populaires chez les particuliers. Cette espèce vit dans des groupes pouvant atteindre plus de 10 000 individus, ce qui implique des comportements sociaux complexes et des capacités cognitives très importantes.</p>
<p>Ainsi, pour détenir un gris du Gabon dans de bonnes conditions, <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1558787817301211">il est recommandé</a> d’avoir plusieurs individus qui puissent interagir ; de leur proposer des enrichissements (ou des jeux) variés à renouveler toutes les semaines, et de leur donner la possibilité de se baigner ; et enfin d’interagir au moins 4 heures par jour avec l’oiseau. Seuls dans une cage, nourris au bol, ces animaux souffrent d’un manque de stimulation mortifère. L’impossibilité pour ces animaux d’exprimer un répertoire comportemental de base génère une intense souffrance psychique.</p>
<h2>La captivité à l’origine de troubles psychiques</h2>
<p>Les privations sensorielles et émotionnelles liées à un environnement pauvre en stimulations sont à l’origine de dérèglements métaboliques, mais aussi de comportements « anormaux » assimilés à des manifestations de stress post-traumatique.</p>
<p>Ces comportements prennent des formes variées tels que des comportements agressifs, des vocalisations excessives, le développement de stéréotypies – <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0166432803001153">répétition invariable d’un comportement sans fonction apparente</a> – ou encore des comportements d’automutilation.</p>
<p>Par exemple, le picage (<a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/25000795/"><em>feather damaging behaviour</em></a>) du plumage est une forme d’automutilation très souvent observée chez les perruches et perroquets en captivité, qui peut se compliquer par des lésions de la peau et des muscles.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/393726/original/file-20210407-15-if4z1n.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/393726/original/file-20210407-15-if4z1n.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=682&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/393726/original/file-20210407-15-if4z1n.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=682&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/393726/original/file-20210407-15-if4z1n.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=682&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/393726/original/file-20210407-15-if4z1n.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=857&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/393726/original/file-20210407-15-if4z1n.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=857&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/393726/original/file-20210407-15-if4z1n.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=857&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Gris du Gabon présentant des lésions d’automutilation du plumage (picage).</span>
<span class="attribution"><span class="source">R. Cavignaux</span></span>
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</figure>
<h2>Une souffrance et une mortalité banalisées</h2>
<p>Le commerce et la détention d’animaux sauvages de compagnie vont de pair avec une banalisation de la souffrance animale et un taux de mortalité élevé. Certains chercheurs estiment que près de <a href="https://www.cabi.org/animalscience/news/22475">75 % des reptiles meurent dès leur première année</a> chez un particulier.</p>
<p>Ces chiffres s’ajoutent à une mortalité très importante tout le long de la filière de distribution : depuis le prélèvement dans la nature, pendant le transport – c’est aussi valable pour les individus issus de l’élevage – et jusqu’à l’arrivée chez un particulier. Pour les reptiles, une <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/24875063/">mortalité de près de 70 %</a> a été relevée chez certains « grossistes » du secteur.</p>
<p>En 1992, il était estimé que pour 700 000 oiseaux prélevés en nature et arrivés vivants chaque année aux États-Unis, cinq fois plus étaient morts au cours du processus. Ce commerce représente un énorme gâchis qui en plus de banaliser la souffrance de ces animaux, a de graves conséquences sur la <a href="https://theconversation.com/trading-in-extinction-how-the-pet-trade-is-killing-off-many-animal-species-71571">biodiversité</a> et pose des problèmes de <a href="https://ipbes.net/pandemics">santé publique</a>.</p>
<p>Sur la base de ce constat et de la difficulté d’offrir des conditions de détention adéquates pour la plupart de ces espèces, il est urgent de réfléchir à un changement de la réglementation.</p>
<h2>Dresser la liste des espèces commercialisables</h2>
<p>À l’heure actuelle en France, une longue liste d’espèces est soumise à obligation de déclaration ou à certificat de capacité. Ainsi, les espèces absentes de cette liste ne sont soumises à aucune restriction.</p>
<p>Alors que des dizaines de milliers d’espèces sont disponibles à la vente sur Internet, ce type d’approche semble désuet. Une avancée consisterait à inverser la logique actuelle en mettant en place une liste positive qui spécifierait un nombre réduit d’espèces autorisées à la détention par des particuliers. Il serait beaucoup plus simple pour les autorités de contrôler le commerce et pour les particuliers de se former sur ces espèces et d’avoir les moyens réels de prendre soin de leurs animaux. Cette solution plébiscitée par de <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1558787821000095">nombreux experts</a> et associations est déjà à l’œuvre dans certains pays.</p>
<p>En <a href="https://www.sudinfo.be/id293587/article/2020-12-10/voici-la-liste-des-232-reptiles-qui-peuvent-etre-detenus-en-wallonie">Belgique</a> par exemple, 232 espèces de reptiles, 63 espèces d’oiseaux et 43 espèces de mammifères sont autorisées à la détention. En France, un premier pas dans cette direction a été fait avec le dépôt en janvier 2021 d’un amendement pour la création d’une <a href="https://www.assemblee-nationale.fr/dyn/15/amendements/3791/AN/228.pdf">liste positive sur la proposition de l’association « Code animal »</a>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/156657/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Marie Sigaud a reçu des financements de la Japan Society for Promotion of Science.</span></em></p>Oiseaux, reptiles ou amphibiens… Les animaux exotiques vendus comme animaux de compagnie suscitent moins d’empathie que les grands mammifères, et la question de leur souffrance reste ignorée.Marie Sigaud, Postdoctoral research fellow, Kyoto UniversityLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1496172020-11-13T17:06:40Z2020-11-13T17:06:40ZDes millions d’animaux se font tuer sur les routes. Voici comment stopper l’hécatombe<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/369100/original/file-20201112-21-1a6dyug.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Des millions d'animaux sauvages se font tuer chaque années sur les routes. </span> <span class="attribution"><span class="source">Shutterstock</span></span></figcaption></figure><p>Les animaux sauvages parcourent des kilomètres en quête d’eau, de nourriture, d’un partenaire ou d’une aire de reproduction. Mais ils se heurtent aux obstacles dangereux que sont les routes et la circulation.</p>
<p>Le développement routier qui prend de l’ampleur dans plusieurs pays, particulièrement dans les régions tropicales, pose ainsi un risque croissant pour la survie de nombreux mammifères, oiseaux, reptiles et amphibiens.</p>
<p>Or, les routes tuent déjà une quantité massive d’animaux sauvages, entraînant le recul de certaines populations locales, notamment d’espèces qui vivent en faible densité ou qui se reproduisent lentement, comme les lynx, les blaireaux, les porcs-épics, les tortues et les hiboux. Cela peut déclencher une <a href="https://www.ecologyandsociety.org/vol14/iss1/art21/">réaction en chaîne</a> en perturbant les relations mutuellement bénéfiques ou en rompant les réseaux alimentaires, entraînant la disparition d’autres espèces.</p>
<p><a href="https://doi.org/10.1007/1-4020-4504-2_8">Des centaines de milliers, voire de millions d’animaux selon le pays</a>, entrent en collision avec des véhicules chaque année. En effet, une étude récente nous permet d’estimer que <a href="http://dx.doi.org/10.1002/fee.2216">194 millions d’oiseaux et 29 millions de mammifères meurent chaque année sur les routes européennes</a>. Bien que plusieurs régions aient pris des mesures contre la mortalité de la faune sur la route, notamment les Pays-Bas et la Suisse avec des clôtures et des écoducs, l’enjeu demeure préoccupant à l’échelle mondiale.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/363745/original/file-20201015-13-1nvh364.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/363745/original/file-20201015-13-1nvh364.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/363745/original/file-20201015-13-1nvh364.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/363745/original/file-20201015-13-1nvh364.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/363745/original/file-20201015-13-1nvh364.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/363745/original/file-20201015-13-1nvh364.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/363745/original/file-20201015-13-1nvh364.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">La mortalité animale a des conséquences sur les populations animales, nos collectivités et nos écosystèmes.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Shutterstock</span></span>
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<p>Les clôtures fauniques posées le long d’une route réduisent les accidents, mais ne sont pas sans controverse. Elles sont en effet loin d’avoir la bonne réputation des écoducs, parce qu’elles amplifient l’effet de barrière des routes.</p>
<p>Nous avons élaboré un <a href="https://doi.org/10.1111/cobi.13502">plan pour recenser les tronçons de route les plus urgents à clôturer</a> à partir de nos observations des tronçons de route les plus dangereux.</p>
<h2>Essentielles, mais controversées</h2>
<p>Poser et maintenir des clôtures le long des routes coûte très cher. Sauf là où la sécurité du conducteur est en jeu, les organismes de transport ont largement négligé les mesures de réduction des accidents de la route impliquant la faune.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/363784/original/file-20201015-13-5oyt8y.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/363784/original/file-20201015-13-5oyt8y.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/363784/original/file-20201015-13-5oyt8y.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/363784/original/file-20201015-13-5oyt8y.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/363784/original/file-20201015-13-5oyt8y.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/363784/original/file-20201015-13-5oyt8y.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/363784/original/file-20201015-13-5oyt8y.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Écoduc du parc national Dwingelderveld, aux Pays-Bas, avec des clôtures pour guider les animaux vers la traverse et les empêcher d’aller sur la route.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
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<p>Les organismes de transport et les gestionnaires de la faune interrogés au sujet des clôtures en bordure de route <a href="https://doi.org/10.1016/j.biocon.2018.09.026">sont nombreux à afficher leur scepticisme</a> et les considèrent souvent comme des mesures désagréables. À l’inverse, les écoducs ont la réputation d’être « géniaux ». Or, en réalité, <a href="https://doi.org/10.1371/journal.pone.0166941">ces « traverses géniales » à elles seules ne réduisent pas la mortalité faunique sur les routes</a>.</p>
<p>Des données récentes révèlent que la mortalité sur les routes est plus préjudiciable à la plupart des populations d’animaux sauvages que les clôtures. Dans la majorité des cas, <a href="https://doi.org/10.1016/j.ecolmodel.2018.01.021">il est plus urgent d’installer des clôtures que des écoducs</a>. Mais de quelle longueur devraient-elles être et où devrions-nous concentrer nos efforts ?</p>
<h2>Les zones les plus mortelles</h2>
<p>Il n’est pas réaliste de clôturer un réseau routier au complet. Nous avons déterminé comment les organismes de transport peuvent recenser les tronçons de route les plus urgents à clôturer en utilisant des enquêtes sur la mortalité, en recensant les routes les plus dangereuses à plusieurs échelles et en mettant en place des mesures d’atténuation d’une manière méthodique selon une approche de gestion adaptative.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/363772/original/file-20201015-21-10v9zuw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/363772/original/file-20201015-21-10v9zuw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/363772/original/file-20201015-21-10v9zuw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=355&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/363772/original/file-20201015-21-10v9zuw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=355&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/363772/original/file-20201015-21-10v9zuw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=355&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/363772/original/file-20201015-21-10v9zuw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=447&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/363772/original/file-20201015-21-10v9zuw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=447&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/363772/original/file-20201015-21-10v9zuw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=447&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Vos clôtures sont-elles trop courtes ? Les organismes de transport peuvent décider de clôturer les trois zones dangereuses recensées à l’échelle de 200 mètres (à gauche) ou celle recensée à l’échelle de 1 000 mètres (à droite), mais la clôture la plus longue dans l’analyse à 1 000 mètres donne clairement de meilleurs résultats dans cet exemple.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Authors)</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
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<p>Les zones dangereuses peuvent être recensées à différentes échelles, ce qui peut influer sur le positionnement des clôtures. Une zone dangereuse a une certaine échelle pourrait se révéler moins mortelle a une autre échelle. </p>
<p>Nous avons utilisé des données de mortalité faunique obtenues sur trois routes : une route du sud du Québec et deux routes du Rio Grande do Sul, au Brésil. La première route passe à travers la réserve faunique des Laurentides et longe le parc national de la Jacques-Cartier au Québec. L’une des routes du Brésil traverse deux aires protégées et longe la réserve de biosphère de la forêt atlantique, tandis que l’autre longe les pentes de la serra Geral et les lagunes côtières.</p>
<p>Notre hypothèse était que plusieurs sections de clôtures courtes pourraient être construites près des zones dangereuses recensées à petite échelle pour réduire les accidents. Nous pensions que cette approche réduirait en outre la longueur totale des clôtures par rapport à la protection de quelques zones dangereuses recensées à grande échelle, sans empirer le bilan de mortalité faunique.</p>
<p>Les animaux peuvent cependant facilement contourner des clôtures trop courtes. Ils risquent même de se faire frapper à l’extrémité des clôtures, un problème surnommé l’« effet bout de clôture ». En effet, les clôtures doivent être assez longues pour réduire le risque d’effet bout de clôture.</p>
<h2>Quelques clôtures longues ou de nombreuses clôtures courtes ?</h2>
<p>Le compromis entre l’utilisation de quelques clôtures longues ou de nombreuses clôtures courtes comporte d’importantes conséquences pour la conservation de la biodiversité. Trouver le bon équilibre dépend de la distance parcourue par les animaux, de leur comportement vis-à-vis de la clôture, des cibles de réduction de la mortalité pour chaque espèce et de la structure du paysage environnant.</p>
<p>Par exemple, les tortues se déplacent sur des distances beaucoup plus courtes qu’un lynx, et leurs zones dangereuses sont très localisées. En conséquence, bien qu’une abondance de clôtures courtes convienne aux tortues, les clôtures pour lynx doivent être beaucoup plus longues.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/363775/original/file-20201015-15-1o8oz46.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/363775/original/file-20201015-15-1o8oz46.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/363775/original/file-20201015-15-1o8oz46.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/363775/original/file-20201015-15-1o8oz46.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/363775/original/file-20201015-15-1o8oz46.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/363775/original/file-20201015-15-1o8oz46.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/363775/original/file-20201015-15-1o8oz46.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/363775/original/file-20201015-15-1o8oz46.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">La longueur d’une clôture influe sur la réduction prévue de la mortalité faunique. En ce sens, l’installation de clôture dans les zones dangereuses recensées à plus petite échelle, soit 200 mètres (ligne affichée en mauve), réduirait davantage la mortalité faunique sur les routes s’il n’y avait pas d’effet de bout de clôture.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Authors</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
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<p>Une fois les clôtures installées, les zones dangereuses peuvent disparaître ou se décaler et de nouvelles peuvent apparaître : nous devons donc pouvoir adapter les mesures d’atténuation. Notre plan graduel aide les gestionnaires du transport à décider de l’emplacement et de la longueur des clôtures.</p>
<p>Il a été démontré que les clôtures sont un moyen efficace et réaliste de réduire la mortalité faunique sur les routes. Les organismes de protection de la faune et de transport devraient miser sur les clôtures plutôt que sur les écoducs pour réduire l’impact des routes et de la circulation sur les populations d’animaux sauvages. Les automobilistes profitent eux aussi des effets bénéfiques des clôtures sur la sécurité routière.</p>
<p>Enfin, le boom de construction routière partout sur la planète représente une menace croissante pour la biodiversité, mettant en évidence le besoin urgent de réduire la mortalité routière de façon globale et de poser des clôtures pour protéger la faune.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/149617/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Jochen A.G. Jaeger reçoit des fonds de recherche du ministère des Transports du Québec et de la Fondation de la faune du Québec, en collaboration avec l'organisme de conservation à but non lucratif Corridor appalachien.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Fernanda Zimmermann Teixeira reçoit un financement de la Fundação de Aperfeiçoamento de Pessoal de Nível Superior (PNPD/CAPES). Elle travaille comme chercheure postdoctorale dans le cadre du programme d'études supérieures en écologie / UFRGS, Brésil.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Ariel Spanowicz ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Les routes et le trafic entraînent une mortalité massive des animaux sauvages dans le monde entier et le réseau routier est en pleine expansion. Est-il possible de mettre un terme à cette hécatombe ?Jochen A.G. Jaeger, Associate Professor, Geography, Planning and Environment, Concordia UniversityAriel Spanowicz, MSc student in Environmental Science, Swiss Federal Institute of Technology ZurichFernanda Zimmermann Teixeira, Postdoctoral researcher, Universidade Federal do Rio Grande do Sul (UFRGS)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1393292020-05-26T21:53:21Z2020-05-26T21:53:21ZArbres et oiseaux : balade au parc Montsouris, ce point chaud de la biodiversité parisienne<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/337609/original/file-20200526-106828-1fhm5zl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Eh oui, on peut trouver l’épervier d’Europe au parc Montsouris !</span> <span class="attribution"><span class="source">F.Girardin</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span></figcaption></figure><p>À nouveau <a href="https://www.huffingtonpost.fr/entry/les-parcs-et-jardins-en-zone-orange-vont-tous-rouvrir-paris-inclus_fr_5ecfdd48c5b64932f7b2ced0">accessibles au public</a>, les parcs et jardins auront montré durant cette période inédite de confinement puis de déconfinement leur <a href="https://theconversation.com/confinement-en-ville-pourquoi-lacces-a-la-nature-est-tout-simplement-vital-137500">rôle essentiel dans le quotidien des citadins</a>. Conçus comme des espaces de récréation, ils abritent également une forte biodiversité qui mérite d’être mieux connue et valorisée.</p>
<p>On désigne par « biodiversité urbaine » l’ensemble des espèces vivantes – végétales, animales et fongiques – présentes dans les villes, ainsi que les communautés qu’elles constituent et leurs interactions. Trois grandes catégories composent schématiquement cette <a href="http://theconversation.com/en-direct-des-especes-la-biodiversite-urbaine-enjeu-de-nature-ou-de-societe-90146">biodiversité urbaine</a>.</p>
<p>Il y a la composante « domestique », désignant les espèces directement sous la dépendance de l’homme – les animaux de compagnie (chien, chat, <a href="https://www.paris.fr/pages/paris-se-mobilise-pour-les-abeilles-3488/">abeille domestique</a>, etc.), les plantes d’ornement, les arbres plantés dans les rues, les squares ou les parcs…</p>
<p>La composante « spontanée », c’est-à-dire les espèces non directement dépendantes de l’homme. Dans ce groupe, on distingue les espèces « indigènes » (présentes naturellement dans la région) de celles dites « naturalisées » (introduites par l’homme, mais qui se sont acclimatées dans la région et s’y reproduisent naturellement, sans intervention humaine directe). Certaines peuvent devenir « invasives », comme la renouée du Japon ou la <a href="https://theconversation.com/perruches-a-collier-et-conures-veuves-qui-sont-nos-nouveaux-voisins-a-plumes-75239">perruche à collier</a>.</p>
<p>On distingue enfin l’« espèce ingénieur » de cette biodiversité urbaine. C’est-à-dire celle qui y a une action déterminante, l’espèce humaine.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/Pw6I9yAO3Rc?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">« Biodiversité et interactions entre espèces », avec l’écologue Robert Barbault, ministère de la Transition écologique et solidaire (2011).</span></figcaption>
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<h2>Un monde d’interactions</h2>
<p>Nombre d’interactions régissent ces différentes composantes. Les arbres plantés et les espaces végétalisés constituent en ville les habitats de nombreuses espèces spontanées, fongiques (champignons, lichens), végétales (bryophytes, plantes à fleurs…) et animales (insectes, oiseaux, mammifères…).</p>
<p>Certains animaux domestiques assurent la pollinisation (comme les abeilles) et la dissémination (les chiens ou les chats, par exemple) de nombreuses espèces végétales indigènes, mais ils peuvent également être des prédateurs d’espèces animales spontanées – à l’exemple du <a href="https://hal.sorbonne-universite.fr/hal-02188701">chat pour les oiseaux</a>. Enfin, en créant et entretenant la plupart des milieux urbains, l’espèce humaine a introduit ou favorisé un grand nombre d’espèces dont elle régule directement ou indirectement les populations.</p>
<p>Cette biodiversité urbaine rend de <a href="https://www.pourlascience.fr/sd/biologie/comme-un-arbre-dans-la-ville-14847.php">nombreux services dits « écosystémiques »</a>, que ce soit par le stockage de carbone dans les végétaux ligneux, l’absorption et la réduction des pollutions urbaines, l’atténuation des îlots de chaleur urbain, la régulation du cycle de l’eau. Elle contribue grandement au bien-être et à la santé des populations humaines et représente de façon évidente un <a href="http://theconversation.com/en-direct-des-especes-la-biodiversite-urbaine-enjeu-de-nature-ou-de-societe-90146">vrai enjeu de société</a>.</p>
<h2>Rendez-vous au parc Montsouris</h2>
<p>D’une superficie de 15,5 hectares, le parc Montsouris est un <a href="http://blog.apahau.org/gabrielle-heywang-le-parc-montsouris-un-parc-haussmannien-histoire-de-lart-n-73-2013/">parc « haussmannien »</a> dont la création a été décidée sous le Second Empire pour offrir un lieu de promenade aux Parisiens. Sa création sur d’anciennes carrières a été <a href="https://bibliotheque-numerique.inha.fr/collection/item/17295-redirection">pilotée par A. Alphand</a>, ingénieur en chef du service des promenades et plantations de la ville de Paris.</p>
<p>Inauguré en 1869, mais achevé seulement au cours des années 1870, il a donc environ 150 ans d’âge. Sa topographie vallonnée présente une alternance de pelouses et de zones boisées ; il est agrémenté dans sa partie la plus basse par un lac artificiel.</p>
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<figcaption>
<span class="caption">Plan du parc de Montsouris.</span>
<span class="attribution"><span class="source">OpenStreetMap/Wikimedia</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
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</figure>
<p>Un chemin circulaire très fréquenté permet aux promeneurs de faire le tour du parc. Des compétitions sportives ou ludiques y sont régulièrement organisées. De nombreux espaces de jeux pour les enfants ont été créés, surtout dans la partie est sur l’allée de bordure du lac. Un kiosque à musique, également utilisé pour des activités de sport en groupe permet des activités musicales ou sportives. Un espace de jardin partagé a en outre été mis à la disposition du public.</p>
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<figcaption>
<span class="caption">Les pelouses du parc, très fréquentées dès les beaux jours.</span>
<span class="attribution"><span class="source">S.Muller</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
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<span class="caption">Le jardin partagé.</span>
<span class="attribution"><span class="source">S.Muller</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
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<figcaption>
<span class="caption">L’incontournable manège pour les enfants.</span>
<span class="attribution"><span class="source">S. Muller</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
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</figure>
<p>D’autres parties du parc sont moins fréquentées, permettant d’avoir des secteurs préservés pour les personnes recherchant le calme. Certaines zones du parc sont densément boisées, correspondant à de <a href="https://www.pourlascience.fr/sd/biologie/comme-un-arbre-dans-la-ville-14847.php">petites « forêts urbaines »</a>, véritables havres de fraîcheur pendant les canicules estivales. Ce rôle a été bien reconnu par la ville de Paris puisque le parc est maintenu ouvert toute la nuit lors des épisodes caniculaires.</p>
<p>Les pelouses du parc sont ouvertes au public comme espaces de jeu, de repos et de pique-nique. Certains jours de beau temps, ce sont des centaines, voire des milliers de Parisiens qui en profitent.</p>
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<figcaption><span class="caption">« Le parc Montsouris » (Tout Paris en Video, 2013).</span></figcaption>
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<h2>Des arbres et des oiseaux</h2>
<p>Le parc Montsouris apparaît comme un <a href="https://sciencesnaturelles.ch/service/publications/24610-hotspot-8-03-biodiversite-en-milieu-urbain">« point chaud » de biodiversité</a>, c’est-à-dire un site présentant une biodiversité remarquable à Paris.</p>
<p>La composante végétale y est principalement d’origine anthropique ; elle correspond aux arbres et arbustes plantés, ainsi qu’aux multiples plantes herbacées introduites et cultivées par l’homme. Les plantations initiales doivent beaucoup au <a href="https://www.culture.gouv.fr/Sites-thematiques/Monuments-historiques/Ressources/Publications/Actes-de-colloque/Actes-Journee-d-etude-2017-Jean-Charles-Adolphe-Alphand-et-le-rayonnement-des-parcs-publics-de-l-ecole-francaise-du-XIXe-siecle">paysagiste J.P. Barillet-Deschamps</a>, à l’époque jardinier en chef de la ville de Paris.</p>
<p>Le parc comporte actuellement <a href="https://opendata.paris.fr/explore/dataset/les-arbres/information/">environ 1 300 arbres</a>, qui y ont été plantés au cours des 150 dernières années. Ils correspondent à plus de 140 espèces, rattachées à 37 familles végétales différentes. Ces espèces ont des origines géographiques diverses, avec principalement des espèces à distribution asiatique (36 %), nord-américaine (28 %) et méditerranéenne (20 %). Il n’y a en effet qu’une quinzaine d’espèces (soit environ 11 %) qui correspondent à des essences indigènes en Ile-de-France, dont la flore ligneuse naturelle est peu diversifiée.</p>
<p>Certains arbres du parc ne sont que rarement observables en région parisienne, comme l’arbre à gomme (<em>Eucommia ulmoides</em>), le chêne liège, le gommier noir ; certains sont remarquables par leur âge et leurs dimensions comme un superbe platane commun, âgé d’environ 180 ans et présentant une canopée exceptionnellement étendue.</p>
<p>La strate arbustive est également dense et très diversifiée, avec des espèces spectaculaires comme le chimonanthe précoce, le cornouiller du Japon ou encore le staphyllier penné. S’y ajoute de nombreuses plantes herbacées à fonction décorative.</p>
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<figcaption>
<span class="caption">Le tronc de l’arbre à gomme (<em>Eucommia ulmoides</em>).</span>
<span class="attribution"><span class="source">S.Muller</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
</figcaption>
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<figcaption>
<span class="caption">Le platane, âgé de presque deux siècles.</span>
<span class="attribution"><span class="source">S.Muller</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
</figcaption>
</figure>
<figure class="align-center ">
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<figcaption>
<span class="caption">Le <em>Chimonanthe précoce</em>, en fleurs dés le mois de janvier.</span>
<span class="attribution"><span class="source">S.Muller</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Ce peuplement végétal dense et composite, formant des habitats naturels diversifiés, permet la présence d’une faune variée. Peu de données sont disponibles sur les invertébrés, mais la présence de lépidoptères, hyménoptères, coléoptères, diptères, odonates, etc., est attestée. Plusieurs espèces de poissons ont été introduites dans le lac, de même que la tortue de Floride.</p>
<p>Mais c’est l’avifaune qui est certainement la mieux connue dans le parc, d’autant plus qu’il abrite les locaux de la délégation Ile-de-France de la Ligue de protection des oiseaux (<a href="https://www.lpo.fr/">LPO</a>), qui y organise régulièrement des sorties de découverte des oiseaux. La diversité des habitats y permet la présence et la reproduction d’une trentaine d’espèces d’oiseaux indigènes franciliennes. <a href="http://www.lecerclepoints.com/ouvrage/oiseaux-nicheurs-de-paris/9782603016923">Parmi les espèces les plus remarquables</a> pour Paris, citons l’épervier d’Europe, le pigeon colombin et le pic vert.</p>
<p>S’y ajoute quelques espèces d’oiseaux exotiques introduits, comme des canards et des cygnes, ainsi que la perruche à collier qui a colonisé spontanément le parc à partir de 2008 et s’y reproduit maintenant régulièrement. Les mammifères sauvages semblent peu abondants (pipistrelle commune, écureuil roux, hérisson commun et d’autres micromammifères).</p>
<figure class="align-center ">
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<figcaption>
<span class="caption">Fauvette à tête noire (femelle).</span>
<span class="attribution"><span class="source">F. Girardin</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
</figcaption>
</figure>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/337622/original/file-20200526-106823-lffps3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/337622/original/file-20200526-106823-lffps3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/337622/original/file-20200526-106823-lffps3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/337622/original/file-20200526-106823-lffps3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/337622/original/file-20200526-106823-lffps3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/337622/original/file-20200526-106823-lffps3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/337622/original/file-20200526-106823-lffps3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Pic vert au nid.</span>
<span class="attribution"><span class="source">F. Girardin</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Quelle biodiversité pour les parcs urbains ?</h2>
<p>Conçu à sa création, au XIX<sup>e</sup> siècle, comme un parc d’agrément et de loisir pour les populations parisiennes, le parc Montsouris constitue aujourd’hui grâce à la richesse de sa flore ligneuse, un véritable arboretum. On l’a vu, il offre au regard des visiteurs une grande variété en essences arborescentes, dont certaines espèces peu présentes à Paris. Il constitue ainsi une vitrine sur des arbres d’origines et d’allures très diverses, allant des séquoias des Montagnes rocheuses aux pins de l’Himalaya, en passant par les tulipiers de Virginie, les cèdres du Liban et diverses espèces méditerranéennes de chênes et de sapins.</p>
<p>À l’heure des bouleversements environnementaux (climatiques particulièrement), un tel parc permet d’expérimenter et d’étudier l’acclimatation possible en milieu urbain d’essences exotiques nouvelles, susceptibles de rendre des services écosystémiques importants. Et la <a href="https://youtu.be/PMsiLmkKbZM">présence dans le parc d’une station météorologique</a> permet d’établir des corrélations précises entre les variations de températures et le développement des ligneux.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/337674/original/file-20200526-106862-1y1c2ee.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/337674/original/file-20200526-106862-1y1c2ee.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/337674/original/file-20200526-106862-1y1c2ee.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=470&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/337674/original/file-20200526-106862-1y1c2ee.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=470&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/337674/original/file-20200526-106862-1y1c2ee.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=470&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/337674/original/file-20200526-106862-1y1c2ee.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=590&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/337674/original/file-20200526-106862-1y1c2ee.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=590&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/337674/original/file-20200526-106862-1y1c2ee.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=590&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">De gauche à droite : détail d’un cèdre à encens et fleur du tulipier de Virginie.</span>
<span class="attribution"><span class="source">S.Muller</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>On l’a vu, la composition arborescente du parc offre des paysages remarquables en formes et couleurs et y crée aussi des îlots de fraîcheur dans ses zones les plus densément boisées. Tous ces peuplements ligneux constituent l’habitat d’une faune spontanée variée et digne d’intérêt pour les visiteurs. Un étiquetage plus important des arbres remarquables et l’installation pérenne de quelques panneaux explicatifs, associés à la publication de brochures mises à la disposition du public, permettraient de mettre encore mieux en valeur cette richesse botanique et zoologique.</p>
<p>Le parc Montsouris nous montre qu’en milieu urbain, une forte fréquentation humaine n’est pas du tout incompatible avec une grande richesse et variété d’arbres, support d’une biodiversité remarquable. Espérons que les plantations à venir continuent d’enrichir et diversifier la flore ligneuse présente, avec des essais d’acclimatation d’espèces nouvelles adaptées, en provenance de toutes les régions tempérées de la planète !</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/139329/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Serge Muller préside actuellement le Conseil national de la protection de la nature (CNPN). Il est membre associé de l’Autorité environnementale du CGEDD et membre du Groupe sur l’urbanisme écologique (GUE) de l’Institut de la transition environnementale de Sorbonne-Université (SU-ITE).</span></em></p>Découvrons la richesse de la faune et de la flore de ce parc urbain de plus de 15 hectares dans le XIVᵉ arrondissement de Paris.Serge Muller, Professeur, chercheur à l’Institut de systématique, évolution, biodiversité (UMR 7205 ISYEB, CNRS, MNHN, SU, EPHE), Muséum national d’histoire naturelle (MNHN)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1140992019-04-11T22:49:19Z2019-04-11T22:49:19ZTortues, abeilles et panthères : quand les espèces « éteintes » réapparaissent<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/265298/original/file-20190322-36276-1vfp1wv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=13%2C6%2C910%2C605&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">La première tortue géante de Fernandina jamais observée depuis 112 ans.</span> <span class="attribution"><span class="source">Galapagos National Park</span></span></figcaption></figure><p>Comme dans un film de zombies, certaines espèces que l’on croyait éteintes semblent ressusciter d’entre les morts. Entre le 21 février et le 4 mars dernier, trois de ces « redécouvertes » ont ainsi attiré l’attention : celle de la <a href="https://www.nationalgeographic.com/animals/2019/02/extinct-fernandina-giant-tortoise-found/">tortue de Fernandina dans les îles Galápagos</a> (<em>Chelonoidis phantasticus</em>), dont la dernière apparition datait de 1906 ; celle de l’<a href="https://www.theguardian.com/environment/2019/feb/21/worlds-largest-bee-missing-for-38-years-found-in-indonesia">abeille géante Wallace</a> (<em>Megachile pluto</em>), supposément disparue en 1980 ; celle enfin de la <a href="https://mymodernmet.com/formosan-clouded-leopard-extinct/">panthère nébuleuse de Taïwan</a> (<em>Neofelis nebulosa brachyura</em>), que l’on n’avait plus revue depuis 1983 et qui avait été officiellement déclarée éteinte en 2013.</p>
<h2>Disparition du dernier individu</h2>
<p>Ces redécouvertes soulignent combien nos connaissances sur certaines des espèces les plus rares sont minces ; elles interrogent aussi la manière dont nous les déclarons éteintes. <a href="https://www.iucnredlist.org/">La liste rouge</a> de l’Union internationale pour la conservation de la nature permet de tenir un registre mondial des espèces menacées et de mesurer le risque qu’elles disparaissent. L’organisation a élaboré une liste de critères pour déterminer le statut de menace d’une espèce, qui n’est considérée éteinte que « lorsqu’il n’y a plus de doute raisonnable sur la mort du dernier individu ».</p>
<p>Selon la liste rouge, une telle affirmation exige que :</p>
<blockquote>
<p>« des enquêtes exhaustives dans l’habitat connu ou probable de l’espèce, réalisées à des moments appropriés et dans l’ensemble de son aire de répartition historique aient échoué à relever un seul individu. Ces observations doivent être menées dans un cadre temporel adéquat au regard du cycle et du mode de vie de l’espèce ».</p>
</blockquote>
<p>Étant donné toutes les preuves – ou plutôt l’absence de preuves – exigées, il paraît étonnant que des espèces puissent être déclarées éteintes. Car pour comprendre si une espèce a disparu, il faut aussi connaître ses habitudes dans le passé.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/262635/original/file-20190307-82669-15n060x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/262635/original/file-20190307-82669-15n060x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=462&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/262635/original/file-20190307-82669-15n060x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=462&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/262635/original/file-20190307-82669-15n060x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=462&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/262635/original/file-20190307-82669-15n060x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=580&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/262635/original/file-20190307-82669-15n060x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=580&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/262635/original/file-20190307-82669-15n060x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=580&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">La plus grande abeille au monde était présumée éteinte avant sa redécouverte en Indonésie en février 2019.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://en.wikipedia.org/wiki/Megachile_pluto#/media/File:Stavenn_Megachile_pluto.jpg">Stavenn/Wikipedia</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Les observations à un moment et un endroit donnés nous renseignent sur la survie d’une espèce ; mais lorsque celle-ci se fait rare, les observations se font évidemment moins fréquentes, jusqu’à ce que l’on se demande si cette espèce existe toujours.</p>
<p>On se base en général sur le temps écoulé depuis la dernière apparition de l’animal pour mesurer la probabilité d’extinction d’un groupe, mais il est rare que l’individu alors observé soit effectivement le dernier du taxon. Car bien des espèces persistent probablement des années sans être vues.</p>
<h2>Empreintes, déjections, griffures</h2>
<p>À quoi correspond concrètement le repérage des espèces ? Il peut prendre de multiples formes, depuis l’observation directe d’un individu vivant en chair et en os ou en photographie, jusqu’à la preuve indirecte via des empreintes au sol, des griffures ou des matières fécales ; ou encore par des récits oraux rapportés grâce à des témoins oculaires.</p>
<figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/262634/original/file-20190307-82661-1828tk5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/262634/original/file-20190307-82661-1828tk5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=922&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/262634/original/file-20190307-82661-1828tk5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=922&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/262634/original/file-20190307-82661-1828tk5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=922&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/262634/original/file-20190307-82661-1828tk5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1158&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/262634/original/file-20190307-82661-1828tk5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1158&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/262634/original/file-20190307-82661-1828tk5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1158&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">La panthère nébuleuse de Taïwan est une espèce endémique de l’île considérée comme éteinte, mais des témoins rapportent l’avoir vue récemment.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://en.wikipedia.org/wiki/Formosan_clouded_leopard#/media/File:LeopardusBrachyurusWolf.jpg">Joseph Wolf/Wikipedia</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>On le comprend aisément, ces différents types de preuves n’ont pas tous la même valeur – un oiseau dans la main vaut davantage qu’une salle remplie de gens se souvenant l’avoir vu ! Faire le tri entre les observations réelles ou erronées complique encore un peu plus la déclaration d’extinction.</p>
<p>L’idée qu’une espèce soit « redécouverte » peut rendre les choses plus confuses encore.</p>
<p>La redécouverte implique en effet que quelque chose a été perdu ou oublié mais le terme donne souvent l’impression que l’espèce est proprement ressuscitée – d’où le terme d’<a href="https://theconversation.com/meet-the-lazarus-creatures-six-species-we-thought-were-extinct-but-arent-50274">« espèces lazare »</a>. Une interprétation erronée des espèces perdues ou oubliées signifie que l’hypothèse par défaut est l’extinction de toute espèce qui n’a pas été vue depuis un certain nombre d’années.</p>
<h2>Présumée éteinte</h2>
<p>Quelles conclusions tirer de tout cela pour les trois récentes « redécouvertes » d’espèces évoquées plus haut ?</p>
<p>Même si aucun spécimen vivant de la tortue de Fernandina dans les îles Galápagos n’avait été repéré depuis 1906, des observations indirectes de déjections, d’empreintes et de marques de morsure de la tortue sur des figuiers de Barbarie avaient été <a href="https://www.iucnredlist.org/species/170517/128969920">rapportées en 2013</a>.</p>
<p>L’incertitude pesant sur la qualité de ces observations et la période très longue depuis laquelle elle n’avait pas été aperçue ont probablement contribué à ce qu’elle soit déclarée « en danger critique (possiblement éteinte) » en 2015. Dans la nature, une espèce est présumée éteinte jusqu’à preuve du contraire.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/262637/original/file-20190307-82692-7yv718.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/262637/original/file-20190307-82692-7yv718.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=389&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/262637/original/file-20190307-82692-7yv718.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=389&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/262637/original/file-20190307-82692-7yv718.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=389&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/262637/original/file-20190307-82692-7yv718.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=488&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/262637/original/file-20190307-82692-7yv718.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=488&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/262637/original/file-20190307-82692-7yv718.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=488&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Ce spécimen de tortue des Galápagos de l’île Fernandina, que l’on croyait être le dernier du genre, a été recueilli en 1906.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://en.wikipedia.org/wiki/Fernandina_Island_Gal%C3%A1pagos_tortoise#/media/File:Chelonoidis_nigra_phantastica.jpg">John Van Denburgh/Wikipedia</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Si l’abeille géante Wallace n’avait pas été aperçue au cours des 38 dernières années, elle n’avait toutefois jamais été déclarée éteinte par l’Union internationale pour la conservation de la nature. Son cas a été suspendu pendant des années par manque de données ; ce n’est que récemment qu’elle a été évaluée comme « vulnérable ».</p>
<p>Bien que cette découverte soit excitante pour une espèce qui n’avait pas été observée depuis de longues années, sa « redécouverte » montre surtout que nous ne connaissons que très peu de choses sur nombre d’espèces rares.</p>
<p>Pour ce qui concerne la panthère nébuleuse de Taïwan, <a href="https://blogs.scientificamerican.com/extinction-countdown/clouded-leopards-confirmed-extinct-taiwan/">classée éteinte</a> en 2013, elle avait été aperçue pour la dernière fois en 1983, selon le témoignage de 70 chasseurs. Une <a href="http://cloudedleopard.org/documents/Formosan%20clouded%20leopard%20Po-Jen%20Chiang%202007.pdf">vaste opération</a> menée dans les années 2000 pour tenter de détecter sa présence à l’aide de caméras avait échoué.</p>
<p>Tandis que la tortue et l’abeille géantes ont été déclarées à nouveau vivantes après la découverte de spécimens, la réapparition de la panthère nébuleuse demeure plus incertaine. D’après des observations faites à deux occasions distinctes par des gardes forestiers, les preuves semblent convaincantes, mais établir si le félin est vraiment vivant exigera des investigations plus poussées.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/114099/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>David Roberts a reçu des financements de différents organismes. Entre autres, NERC, ESRC, University of Kent, Chester Zoo, OATA et OMS-IWT. Il est affilié au programme d’Oxford Martin School sur le commerce illégal d’espèces sauvages (OMS-IWT). Par ailleurs, il est membre du groupe de conseil sur le commerce illégal d’espèces sauvages du gouvernement britannique et de l’unité nationale sur les crimes envers les espèces sauvages du groupe de prestation prioritaire des services de lutte contre la cybercriminalité et la criminalité liée aux espèces sauvages.</span></em></p>Récemment, trois espèces que l’on croyait éteintes ont à nouveau montré signe de vie. Est-il réellement possible d’avoir la certitude qu’une espèce est morte ?David Roberts, Reader in Biodiversity Conservation, University of KentLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1110292019-02-25T21:07:42Z2019-02-25T21:07:42ZTempérature, stress et sexe : le changement climatique va-t-il masculiniser les poissons ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/257042/original/file-20190204-193217-kyyz5a.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=53%2C154%2C4245%2C2555&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Lors d’expériences conduites en laboratoire, des demoiselles tropicales ont vu leurs populations se masculiniser suite à une hausse des températures.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/image-photo/azure-damselfish-chrysiptera-hemicyanea-saltwater-aquarium-1037688877?src=cxn5x5cjhAXDE9iyzw7HRw-1-0">Mirko Rosenau/Shutterstock</a></span></figcaption></figure><p>Le changement climatique affecte directement la survie des individus mais également la distribution des espèces sur Terre. Ces changements conduisent par exemple à de nouvelles migrations, en particulier chez les espèces dites « ectothermes », c’est-à-dire dont la température du corps dépend de la température externe – par opposition aux espèces endothermes, parmi lesquelles figurent les mammifères.</p>
<p>Un exemple frappant de ces migrations concerne celui de la girelle-paon (<em>Thalassoma pavo</em>) de Méditerranée qui est en train de <a href="https://www.cambridge.org/core/journals/journal-of-the-marine-biological-association-of-the-united-kingdom/article/mating-behaviour-of-the-newlyestablished-ornate-wrasse-thalassomapavo-osteichthyes-labridae-in-the-ligurian-sea-northwestern-mediterranean/8015CF1D177CD0C1D908148C663C1198">remonter du sud vers le nord-ouest</a>.</p>
<p>Une autre possible conséquence des variations de température concerne l’évolution du ratio entre mâles et femelles en fonction du climat. Et elle pourrait bien, dans certains cas, conduire à l’extinction d’espèces.</p>
<h2>Sexe, température, et survie</h2>
<p>Chez de nombreuses espèces – les reptiles et les poissons notamment – le déterminisme du sexe dépend en effet de la température externe !</p>
<p>Si celle-ci évolue de façon homogène sur la planète, certaines populations pourraient bien s’uniformiser en termes de sexe, ce qui aurait un impact direct sur la survie de l’espèce.</p>
<p>C’est d’ailleurs une hypothèse très sérieuse concernant la disparition des dinosaures. <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/15066448">Une étude de 2004</a> suggérait ainsi que la soudaine augmentation de la température terrestre, à la suite du choc d’une météorite, aurait mené à la production d’un seul sexe chez les dinosaures lors de la crise Crétacé-Tertiaire – cette extinction massive survenue il y a 65,5 millions d’années. On ignore toutefois si, comme chez de nombreux reptiles, le sexe des dinosaures était sous influence environnementale.</p>
<p><a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/29316410">Une récente étude</a> a d’ailleurs montré que les hausses de température en Australie avaient conduit à la féminisation de certaines populations de tortues.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1088691751215398914"}"></div></p>
<h2>Demain, tous mâles ?</h2>
<p>Certaines populations de poissons seraient aussi exposées à ce phénomène, d’après des observations effectuées en eau douce et dans des conditions expérimentales, simulant une augmentation de la température.</p>
<p>Pour étayer ce phénomène, un suivi de plus de 70 ans dans le lac Thun en Suisse, chez l’ombre commun (<em>Thymallus thymallus</em>), a permis de mettre en évidence une masculinisation croissante des populations (atteignant 85 % de mâles en 2011) en lien direct avec la <a href="https://prodinra.inra.fr/?locale=en#!ConsultNotice:211235">hausse des températures</a>.</p>
<p>En conditions expérimentales de <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/18665231">nombreuses études</a> ont montré une masculinisation après exposition à des températures élevées et ceci chez différentes espèces comme le medaka, le saumon rouge, le pejerrey, le tilapia, le cardeau hirame ou encore le bar européen.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/257064/original/file-20190204-193199-1it5mit.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/257064/original/file-20190204-193199-1it5mit.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/257064/original/file-20190204-193199-1it5mit.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=385&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/257064/original/file-20190204-193199-1it5mit.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=385&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/257064/original/file-20190204-193199-1it5mit.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=385&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/257064/original/file-20190204-193199-1it5mit.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=483&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/257064/original/file-20190204-193199-1it5mit.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=483&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/257064/original/file-20190204-193199-1it5mit.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=483&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Un suivi de plus de 70 ans dans le lac Thun, en Suisse, a mis en évidence la masculinisation des populations d’Ombres communs.</span>
<span class="attribution"><span class="source">ClearFrost/Gilles San Martin/Flickr</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
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<h2>Le stress en cause ?</h2>
<p>À l’heure actuelle, on ignore toutefois si de telles observations pourraient avoir lieu en milieu naturel chez les poissons marins. C’est tout l’objet de l’étude que nous allons mener cette année à l’Ifremer, en compilant les données de sex-ratio obtenues depuis les années 1980 chez quatre espèces : le bar, la sole, le merlu et le rouget, et en les comparant aux températures de surface en Méditerranée.</p>
<p>Le lien fonctionnel entre température et sexe pourrait être le stress. On sait depuis de nombreuses années que le cortisol – l’hormone majeure du stress – <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/28804140">influence la production de stéroïdes sexuels</a> chez les animaux (dont l’homme). Chez les poissons, une hausse des températures peut être traduite par une hausse des niveaux de cortisol, conduisant à un rapport des sexes irrémédiablement biaisé vers les mâles.</p>
<p>Il reste encore beaucoup d’inconnues en ce qui concerne le lien entre température, stress et sexe. Ce sont ces mécanismes que <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1111/jfb.13904">nous nous efforçons d’étudier</a> à l’heure actuelle. Les nouvelles techniques de dosage du cortisol, notamment dans les écailles, pourraient nous permettre d’en apprendre plus en milieu naturel.</p>
<h2>L’adaptation de la demoiselle tropicale</h2>
<p>Contrairement à de nombreux autres processus directement affectés par la température, il est heureusement possible que des populations de poissons marins parviennent à s’adapter à cette hausse des températures et à réguler la proportion de mâles et de femelles pour atteindre un équilibre, comme cela <a href="https://www.researchgate.net/publication/301644082_Transgenerational_plasticity_of_reproduction_depends_on_rate_of_warming_across_generations">a été montré expérimentalement</a> chez une demoiselle tropicale.</p>
<p>Chez cette dernière, une hausse soudaine de 1,5°C pendant le développement conduit bien à une production accrue de mâles, mais les descendants de ces populations ont un sex-ratio équilibré. Reste à savoir quelles seront les conséquences d’une augmentation progressive de la température de l’eau sur le sexe des espèces sauvages.</p>
<p>C’est dans cette optique, et en mesurant toutes les attentes liées à ce questionnement, que nous avons décidé d’étudier l’impact de ce phénomène sur les quatre espèces présentes en Méditerranée. En espérant apporter bientôt un maximum de réponses à ce nouveau défi écologique.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/111029/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Benjamin Geffroy a reçu des financements de European Maritime and Fisheries Fund – 3S (Seabass Sex and Stress) n°4320175237. </span></em></p>Chez certaines espèces marines, la température de l’eau détermine le sexe. Le changement climatique pourrait ainsi affecter la proportion de mâles et de femelles chez certains poissons.Benjamin Geffroy, Research scientist, IfremerLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1101092019-01-24T20:21:50Z2019-01-24T20:21:50ZLes tortues marines se féminisent avec la hausse des températures. Est-ce grave ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/255034/original/file-20190122-100267-1f3lrr7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Tortue marine.</span> <span class="attribution"><span class="source">HiroakiHome/Pixabay</span></span></figcaption></figure><figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/123575/original/image-20160523-11010-17x91o4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/123575/original/image-20160523-11010-17x91o4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=305&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/123575/original/image-20160523-11010-17x91o4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=305&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/123575/original/image-20160523-11010-17x91o4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=305&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/123575/original/image-20160523-11010-17x91o4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=383&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/123575/original/image-20160523-11010-17x91o4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=383&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/123575/original/image-20160523-11010-17x91o4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=383&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<p><em>Nous vous proposons cet article en partenariat avec l’émission de vulgarisation scientifique quotidienne <a href="https://www.franceinter.fr/emissions/la-tete-au-carre">« La Tête au carré »</a>, présentée et produite par Mathieu Vidard sur France Inter. L’auteur de ce texte évoquera ses recherches dans l’émission du 25 janvier 2019 en compagnie d’Aline Richard, éditrice science et technologie pour The Conversation France.</em></p>
<hr>
<p>Mâle ou femelle ? Pour nombre d’espèces, le sexe est déterminé par la température ambiante. Entre autres bouleversements, les changements climatiques et la hausse prévues des températures ont – et auront – donc un fort impact sur l’évolution de la biodiversité. Intéressons-nous ici à la situation de tortues marines confrontées à une planète qui se réchauffe, à l’occasion d’une <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/full/10.1111/gcb.14520">récente publication sur le sujet</a> dans le journal <em>Global Change Biology</em>.</p>
<p>Si, chez l’humain, le sexe est déterminé génétiquement, c’est loin d’être le cas pour l’ensemble des espèces. Chez certaines d’entre elles, la détermination du sexe se fonde sur la température que les jeunes subissent au cours de leur développement. Pour un certain nombre d’espèces de tortues, par exemple, un œuf incubé dans un environnement chaud donnera plutôt une femelle.</p>
<p>Ce facteur est source d’inquiétude : qu’arrivera-t-il à ces espèces avec les hausses de température prévues pour les années à venir ? Le prédire n’est pas si simple. Plusieurs éléments doivent être pris en compte, ce qui rend toute conclusion délicate à formuler.</p>
<p>Prenons le cas des tortues marines vertes dont parle l’article scientifique cité plus haut. On y lit que le <em>sex ratio</em> des tortues est actuellement de 52 % en faveur des femelles. Et que, en suivant les prédictions climatiques du GIEC, la hausse de la part des femelles dans les naissances globales s’échelonnerait de 76 à 93 %.</p>
<p>Pour commencer, soulignons l’hétérogénéité des chiffres, très différents selon les sites de pontes, les lieux, l’âge des tortues étudiées (éclosion, jeunes adultes, adultes reproducteurs…). Mais globalement, il semble se dégager une tendance : le sex ratio serait biaisé en faveur des femelles, voire très fortement pour certaines populations aux stades les plus jeunes.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/255393/original/file-20190124-135151-1drjij7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/255393/original/file-20190124-135151-1drjij7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=385&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/255393/original/file-20190124-135151-1drjij7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=385&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/255393/original/file-20190124-135151-1drjij7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=385&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/255393/original/file-20190124-135151-1drjij7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=484&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/255393/original/file-20190124-135151-1drjij7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=484&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/255393/original/file-20190124-135151-1drjij7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=484&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Une tortue marine dépose ses oeufs sur une plage du Costa Rica.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Public.resource.org/Flickr</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
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<p>Est-ce là un effet du changement climatique déjà visible ? <em>A priori</em> non : cela serait plutôt lié au comportement de reproduction et de ponte des tortues marines : une femelle peut s’accoupler avec plusieurs mâles et vice-versa, et pondre plusieurs fois dans la même année. Si l’on s’interroge sur l’impact réel d’un fort taux de femelles au sein d’une population de tortues, une proportion plus importante n’est donc pas forcément une catastrophe, au contraire !</p>
<p>D’autres éléments du comportement de ponte sont à prendre en compte : choix des sites de ponte, profondeur des nids, température locale du nid due à l’ombrage ou le relief local, etc.. Dans un contexte global où les températures augmentent, les choix locaux et individuels des femelles lors de la ponte peuvent donc grandement modifier la température réellement subie par les œufs.</p>
<p>Un autre phénomène observé chez les tortues marines a une grande importance et doit aussi être prise en compte : la <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Philopatrie">philopatrie</a>. Là-encore, les recherches sont en cours, mais il est communément admis que les tortues ont plutôt tendance à pondre ou à s’accoupler avec des femelles qui pondent sur la plage où ils sont nés. Si nous simplifions un peu, un site produisant un <em>sex ratio</em> trop déséquilibré et qui ne permettrait plus une reproduction suffisante verrait donc le nombre de pontes qu’il accueille diminuer du fait de la philopatrie, jusqu’à l’abandon du site de ponte. Au contraire, un site dont les conditions locales conduiraient à un <em>sex ratio</em> plus équilibré verrait le nombre de pontes accueillies se maintenir ou augmenter.</p>
<p>Enfin, la température à partir de laquelle un œuf produit une femelle n’est pas la même selon les espèces, et au sein d’une espèce selon les populations et les individus. Cette température « pivot » peut donc elle aussi évoluer, par sélection naturelle, et permettre aux populations de s’adapter aux hausses de températures.</p>
<p>En somme, plusieurs éléments peuvent venir atténuer voire contrecarrer les effets <em>a priori</em> négatifs du réchauffement climatique. Mais… si ces éléments d’atténuation disparaissaient ? Ou s’ils devenaient inefficaces du fait de changements trop importants ?</p>
<p>Il y a lieu de s’inquiéter, selon certaines études. Ainsi, si un <em>sex ratio</em> déséquilibré en faveur des femelles n’avait pas forcément d’effet négatif sur la population de tortues marines, cela n’est évidemment plus vrai s’il devient beaucoup trop déséquilibré et pendant longtemps. De même, l’ensemble des comportements décrits ci-dessus peuvent être totalement remis en cause si le nombre potentiel de sites de ponte diminue. Or, à cause de la hausse du niveau des mers ou encore de l’urbanisation des littoraux, les sites de ponte potentiels ont tendance à diminuer en nombre ou en qualité. Et pour finir, l’évolution des températures pivots que l’on pourrait imaginer n’est pas un phénomène rapide, et pourrait donc ne pas permettre une adaptation suffisante au regard de la vitesse du changement climatique.</p>
<p>La situation est complexe : il est bien difficile de prévoir ce qui peut se passer dans les prochaines années. Dans l’article cité, les chercheurs ont proposé un modèle prédictif concluant que les tortues marines se maintiendraient malgré le changement climatique jusqu’en 2100. Rien n’empêche cependant, et dès maintenant, de prendre des mesures en faveur des tortues marines : préservation des sites de ponte, lutte contre les causes de mortalité en mer (filets de pêche, déchets plastiques en mer…). Une action nécessaire si l’on veut protéger ces magnifiques reptiles marins vieux de millions d’années.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/110109/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Vincent HULIN est membre de Europe Ecologie Les Verts (parti politique), Terra Nova 91 (think tank).</span></em></p>Entre autres bouleversements, les changements climatiques et la hausse prévues des températures ont – et auront – un fort impact sur l’évolution de la biodiversité. Exemple avec les tortues marines.Vincent Hulin, Directeur adjoint de l'expertise, Muséum national d’histoire naturelle (MNHN)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1004912019-01-09T20:45:06Z2019-01-09T20:45:06ZLe secret de l’hibernation des tortues : respirer par le derrière !<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/229100/original/file-20180724-194128-19hgr1d.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les tortues ne peuvent partir vers le sud pour l’hiver, alors elles hibernent dans les rivières, les lacs et les étangs. </span> <span class="attribution"><span class="source">(Pexels)</span></span></figcaption></figure><p>Respirer ou ne pas respirer, telle est la question.</p>
<p>Qu’arriverait-il si vous étiez submergé dans un étang dont la surface est recouverte de glace durant 100 jours et où la température de l’eau se situe juste au-dessus du point de congélation?</p>
<p>Évidemment, vous mourriez.</p>
<p>Et c’est parce que vous n’êtes pas aussi «cool» qu’une tortue. Et par «cool» on ne veut pas dire relax, mais bien littéralement frais comme dans froid. De plus, vous ne pouvez pas respirer par le derrière.</p>
<p>Mais les tortues le peuvent, ce qui est l’une des raisons pour lesquelles les tortues sont vraiment étonnantes.</p>
<h2>La température froide ralentit</h2>
<p>La tortue est un animal ectotherme, c’est-à-dire qu’elle dépend d’une source de chaleur extérieure : la température du corps d’une tortue s’accorde à celle de son environnement. Si l’eau de l’étang est de 1°C, il en sera de même pour le corps de la tortue.</p>
<p>Mais les tortues ont des poumons et elles respirent de l’air. Alors, comment leur est-il possible de survivre dans un étang frigorifié recouvert d’une couche de glace qui les empêche de prendre une bouffée d’air? La réponse tient à la relation entre la température du corps et le métabolisme.</p>
<p>Dans l’eau froide, le métabolisme d’une tortue ralentit et, plus c’est froid, plus le métabolisme est lent, ce qui réduit la demande d’énergie et d’oxygène.</p>
<p>Quand les tortues hibernent, elles dépendent de l’énergie accumulée et s’approvisionnent en oxygène dans l’eau de l’étang en l’assimilant à travers les parties de leur corps qui sont bien pourvues de vaisseaux sanguins. De cette façon, elles peuvent absorber assez d’oxygène pour répondre à leurs besoins minimaux sans avoir à se servir de leurs poumons. Les tortues ont une zone qui est particulièrement bien vascularisée : leur derrière.</p>
<p>Vous voyez, je ne plaisantais pas, les tortues peuvent réellement respirer par l’anus. (Le terme technique c’est la respiration cloacale.)</p>
<h2>Non gelé, juste froid</h2>
<p>Nous ne sommes pas des tortues. Nous sommes endothermes – des fournaises de chaleur métabolique dispendieuses — ayant constamment besoin d’alimenter nos corps de nourriture afin de produire la chaleur corporelle et maintenir une température constante pour demeurer en vie et en santé.</p>
<p>Quand il fait froid dehors, on se couvre de vêtements pour garder la chaleur métabolique et se tenir au chaud. On ne pourrait jamais obtenir assez d’oxygène à travers nos surfaces vascularisées, autres que nos poumons, pour suffire à la grande demande de nos fournaises métaboliques.</p>
<p>Pour les humains, un changement de la température corporelle est généralement signe d’une maladie, d’un problème. Quand la température corporelle d’une tortue change, c’est simplement parce que l’environnement est devenu plus chaud ou plus froid.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/195502/original/file-20171120-18541-1rfl6a9.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/195502/original/file-20171120-18541-1rfl6a9.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/195502/original/file-20171120-18541-1rfl6a9.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/195502/original/file-20171120-18541-1rfl6a9.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/195502/original/file-20171120-18541-1rfl6a9.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/195502/original/file-20171120-18541-1rfl6a9.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/195502/original/file-20171120-18541-1rfl6a9.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Les tortues de prélassent au soleil pour se réchauffer et détendre leurs muscles perclus.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Patrick Moldowan)</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
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<p>Mais même les ectothermes sont limités. Sauf de rares exceptions (p. ex. <a href="http://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1002/jez.1402540215/abstract">les tortues boîtes</a>), les tortues adultes ne peuvent survivre dans des températures glaciales; elles ne peuvent pas survivre avec des cristaux de glace dans leur organisme. C’est pourquoi les tortues d’eau douce hibernent dans l’eau, où leur corps demeure relativement stable sous le point de congélation.</p>
<p>L’eau agit comme un tampon thermique; elle a une chaleur spécifique élevée, ce qui signifie qu’il faut beaucoup d’énergie pour changer la température de l’eau. L’eau des étangs demeure relativement stable tout au long de l’hiver et un ectotherme vivant dans cette eau aura une température corporelle similairement stable. L’air, par ailleurs, a une faible chaleur spécifique de sorte que sa température fluctue et devient trop froide pour que la tortue survive.</p>
<h2>Muscles perclus</h2>
<p>Un étang recouvert d’une couche de glace représente deux problèmes pour les tortues : elles ne peuvent monter à la surface pour respirer et l’eau gagne peu de nouvel oxygène. De plus, il y a d’autres créatures dans l’étang qui consomment de l’oxygène qui a été produit par les plantes aquatiques durant l’été.</p>
<p>Au cours de l’hiver, alors que l’oxygène est utilisé, l’étang devient hypoxique (à faible teneur d’oxygène) ou anoxique (dépourvu d’oxygène). <a href="http://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1111/j.1469-185X.1989.tb00683.x/abstract">Certaines tortues</a> peuvent s’adapter à l’eau faible en teneur d’oxygène — d’autres pas.</p>
<p>Les tortues serpentines et les tortues peintes tolèrent cette situation de stress en convertissant leur métabolisme de façon à ce qu’il n’ait pas besoin d’oxygène. Cette habileté est remarquable, mais peut être dangereuse, voire létale, si elle dure trop longtemps en raison de l’accumulation d’acides dans les tissus résultant de cette conversion métabolique.</p>
<p>Mais, que signifie «trop longtemps»? Les tortues serpentines et les tortues peintes peuvent toutes deux survivre à une submersion contrainte dans l’eau froide en laboratoire bien au-delà de 100 jours. Les tortues peintes sont les reines de la tolérance à l’anoxie. Elles <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC2290531/">mobilisent le calcium de leur carapace pour neutraliser l’acide</a>, un peu comme nous prenons des antiacides contenant du calcium pour les brûlures d’estomac.</p>
<p>Au printemps, lorsque les tortues anaérobiques émergent de leur hibernation, elles sont essentiellement une vaste crampe musculaire. C’est comme lorsque vous vous lancez dans une course intense : votre corps passe au métabolisme anaérobie, l’acide lactique s’accumule et vous subissez une crampe. Les tortues ont désespérément besoin de se prélasser au soleil pour rehausser leur température corporelle, stimuler leur métabolisme et éliminer les sous-produits acides.</p>
<p>Et il leur est difficile de bouger quand elles sont si ankylosées, ce qui les rend vulnérables aux prédateurs et autres dangers. L’émergence printanière peut être périlleuse pour ces tortues léthargiques.</p>
<h2>Observation hivernale des tortues</h2>
<p>Les biologistes de terrain tendent à faire leur recherche au cours du printemps et de l’été, lorsque les animaux sont les plus actifs. Mais en Ontario, où les hivers sont longs, plusieurs tortues sont inactives durant la moitié de leur vie.</p>
<p>Pour leur conservation et la protection de leur habitat, il est essentiel de comprendre ce qu’elles font et ce dont elles ont besoin durant l’hiver, compte tenu notamment que <a href="https://theconversation.com/the-illegal-turtle-trade-why-i-keep-secrets-85805">les deux tiers des espèces de tortues sont menacées d’extinction</a>.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/195065/original/file-20171116-15410-686poq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/195065/original/file-20171116-15410-686poq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=449&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/195065/original/file-20171116-15410-686poq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=449&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/195065/original/file-20171116-15410-686poq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=449&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/195065/original/file-20171116-15410-686poq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=564&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/195065/original/file-20171116-15410-686poq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=564&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/195065/original/file-20171116-15410-686poq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=564&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Ancien étudiant diplômé, Bill Greaves observe les tortues durant un froid hiver ontarien.</span>
<span class="attribution"><span class="license">Author provided</span></span>
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<p>Mon groupe de recherche a observé plusieurs espèces de tortues d’eau douce durant leur hibernation. Nous avons fixé de petits appareils à la carapace des tortues pour mesurer la température et les suivre sous la glace.</p>
<p>Nous avons découvert que <a href="http://www.nrcresearchpress.com/doi/abs/10.1139/z11-118#.WhMDihOPJTY">toutes les espèces choisissent d’hiberner</a> dans des <a href="http://www.nrcresearchpress.com/doi/abs/10.1139/Z09-073#.WhMC6BOPJTY">milieux humides</a> qui se maintiennent juste au-dessus du point de congélation, qu’elles se déplacent sous la glace, qu’elles <a href="http://www.nrcresearchpress.com/doi/abs/10.1139/Z08-044#.WhMDWhOPJTY">hibernent</a> en groupes et qu’elles retournent au même endroit d’un hiver à l’autre.</p>
<p>Malgré tout ce travail, on en sait encore trop peu sur cette partie de la vie des tortues.</p>
<p>Alors, j’ai fait ce que toute biologiste sérieuse ferait : j’ai envoyé mes étudiants faire de la recherche sur le terrain à -25°C. Nous ne sommes pas limités à l’étude de la biologie par beau temps ici.</p>
<p>En outre, les paysages de l’hiver canadien sont d’une beauté sans pareille, surtout lorsque vous imaginez toutes ces tortues prodigieuses sous la glace, qui respirent par le derrière.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/100491/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Jacqueline Litzgus reçoit des fonds du Conseil de recherche en sciences naturelles et en génie du Canada, du ministère ontarien des Richesses naturelles et des forêts et de différends fonds. Elle est affiliée à l'Université Laurentienne, le Algonquin Wildlife Research Station, la Société d'herpétologie du Canada, la American Society of Ichthyologists and Herpetologists, et la Society for the Study of Amphibians and Reptiles.</span></em></p>Des températures glaciales, des étangs gelés et des paysages enneigés forcent les animaux à s’abriter. Mais que font les tortues quand l’hiver s’amène?Jacqueline Litzgus, Professor, Department of Biology, Laurentian UniversityLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/990952018-07-09T20:48:45Z2018-07-09T20:48:45ZDans ces gisements exceptionnels, de fabuleux fossiles…<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/226519/original/file-20180706-122250-18kic9p.png?ixlib=rb-1.1.0&rect=13%2C11%2C1831%2C518&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Ichtyosaure de Holzmaden (Jurassique inférieur, -180 Ma), Allemagne.</span> <span class="attribution"><span class="source">Sylvain Charbonnier</span></span></figcaption></figure><p><em>Cet article est publié dans le cadre du <a href="http://paleo.mnhn.fr/fr/agenda/5eme-congres-international-de-paleontologie-fossil-week-396">5ᵉ Congrès international de paléontologie</a> qui se tient à Paris du 9 au 13 juillet 2018, organisé par le Centre de Recherche sur la Paléobiodiversité et les Paléoenvironnements (CR2P), laboratoire sous tutelle du Muséum national d’Histoire naturelle et de Sorbonne Université, partenaires de The Conversation France.</em></p>
<hr>
<p>Connaissez-vous les Lagerstätten ? Ils sont la providence du paléontologue. Car quelle que soit l’époque considérée, les archives paléontologiques sont incomplètes et livrent le plus souvent, une information fragmentaire sur la biodiversité et les systèmes biologiques anciens. Pourtant, certains gisements à préservation exceptionnelle – aussi appelés Konservat-Fossil-Lagerstätten ou plus simplement Lagerstätten – constituent une exception précieuse en paléontologie.</p>
<p>Souvent qualifiés « d’instantanés à haute résolution », ces gisements sont une source d’information privilégiée et inégalée sur la biodiversité du passé. Ils sont réputés pour leurs fossiles particulièrement bien préservés grâce à la réunion de <a href="https://theconversation.com/la-taphonomie-quest-ce-que-cest-92564">conditions taphonomiques</a> exceptionnelles : enfouissement rapide, sédiment très fin, anoxie (manque de dioxygène) et intervention microbienne. Ils permettent non seulement de reconstituer avec précision l’anatomie et le fonctionnement des organismes mais aussi de comprendre l’organisation des paléoécosystèmes (interactions biologiques, réseaux trophiques). La qualité de préservation des organismes conservés dans les gisements de type Lagerstätte autorise des comparaisons très précises avec les faunes actuelles. Ces gisements fournissent donc des informations capitales pour reconstituer les <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Classification_phylog%C3%A9n%C3%A9tique">relations phylogénétiques</a> au sein des groupes biologiques.</p>
<h2>Cinquante gisements à conservation exceptionnelle</h2>
<p>Il existe une cinquantaine de gisements à conservation exceptionnelle dans le monde. Cette liste évolue très peu malgré la mode actuelle d’associer le mot <em>Lagerstätte</em> à tous les gisements paléontologiques présentant quelques fossiles sortant de l’ordinaire.</p>
<p>Le plus ancien Lagerstätte est probablement celui d’<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Faune_de_l%27%C3%89diacarien">Ediacara</a> (Australie ; moins 600 millions d’années) où l’on a trouvé parmi les premiers organismes multicellulaires complexes connus. Ces organismes énigmatiques ont été reconnus un peu partout sur Terre et sont morphologiquement distincts des formes de vie ultérieures. Du fait des difficultés pour établir des relations entre ces organismes, certains paléontologues ont suggéré qu’ils pourraient représenter une forme de vie éteinte ne ressemblant à aucun organisme vivant, une sorte d’expérience manquée de la vie multicellulaire.</p>
<p>Viennent ensuite les célèbres gisements liés à l’explosion cambrienne de la vie, à savoir les <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Schistes_de_Burgess">Schistes de Burgess</a> (Canada, -505 Ma) et la fabuleuse <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Schistes_de_Maotianshan">faune de Chengjiang</a> (Chine, -520 Ma) qui est la plus ancienne. La liste des Lagerstätten s’étoffe ensuite dans l’ensemble des temps fossilifères pour atteindre une cinquantaine d’occurrences.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/226523/original/file-20180706-122253-5zgwxj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/226523/original/file-20180706-122253-5zgwxj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=784&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/226523/original/file-20180706-122253-5zgwxj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=784&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/226523/original/file-20180706-122253-5zgwxj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=784&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/226523/original/file-20180706-122253-5zgwxj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=985&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/226523/original/file-20180706-122253-5zgwxj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=985&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/226523/original/file-20180706-122253-5zgwxj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=985&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Plante préservée dans un nodule de Montceau-les-Mines (Carbonifère supérieur, -300 Ma), France.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Sylvain Charbonnier</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
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<p>Toutes les périodes géologiques possèdent des Lagerstätten plus ou moins célèbres en domaine continental et en milieu marin. Par exemple, à la fin du Paléozoïque, deux Lagerstätten (Carbonifère supérieur, -300 Ma) sont très connus pour leurs concrétions de carbonates de fer qui renferment des animaux et des plantes préservés en volume ; il s’agit de Mazon Creek aux États-Unis et de Montceau-les-Mines en France.</p>
<p>Au Jurassique, plusieurs Lagerstätten majeurs sont mondialement connus comme ceux d’Holzmaden (Allemagne, Jurassique inférieur), de La Voulte-sur-Rhône (France, Jurassique moyen) et de Solnhofen (Allemagne, Jurassique supérieur). Au Cénozoïque, il est possible de citer le Lagerstätte du Monte Bolca en Italie (Lutétien, -45 Ma), célèbre pour ces magnifiques poissons fossiles préservés en connexion anatomique. Ces gisements restent toutefois ponctuels et sont loin de livrer une image complète et globale de la vie marine au cours des temps géologiques. Ils se sont peu à peu constitués dans des environnements particuliers et ne reflètent pas la diversité des milieux marins existant à cette époque et colonisés par les organismes.</p>
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<span class="caption">Pieuvre de La Voulte.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Sylvain Charbonnier</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
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<span class="caption">Poisson du Monte Bolca, Muséum national d’histoire naturelle (Paris, France).</span>
<span class="attribution"><span class="source">Christian Lemzaouda</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
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<h2>Où les admirer ?</h2>
<p><strong><a href="https://www.mnhn.fr/">Muséum national d’Histoire naturelle</a>, Paris</strong>.</p>
<p>C’est dans la Galerie de Paléontologie qu’il est possible de voir une concentration de spécimens provenant de plusieurs célèbres gisements à conservation exceptionnelle : ichtyosaures et crocodiles d’Holzmaden (Jurassique supérieur, Allemagne), dinosaures, tortues et poissons de Canjuers (Jurassique supérieur, France), crustacés, poissons et ptérosaures des calcaires lithographiques de Solnhofen (Jurassique supérieur, France), poissons des Lagerstätten du Crétacé supérieur du Liban, poissons du Monte Bolca (Lutétien, Italie) arrivés France pendant la Révolution française. Les plantes fossiles sont à nouveau exposées depuis quelques années. Il est ainsi possible de voir des fougères et des prêles en provenance de Commentry (Stéphanien, France) qui, bien que n’étant pas reconnu comme un Lagerstätte majeur, a toutefois livré la célèbre libellule géante <em>Meganeura</em> (70 cm d’envergure !).</p>
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<span class="caption">Libellule géante <em>Meganeura</em> de Commentry (Carbonifère supérieur, -300 Ma), France.</span>
<span class="attribution"><span class="source">C. Lemzaouda, Charles Brongniart, P. Loubry</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
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<span class="caption"></span>
<span class="attribution"><a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
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<p><strong><a href="https://www.autun.com/sortir-a-autun/les-lieux-de-loisirs/le-museum-dhistoire-naturelle">Muséum d’Histoire naturelle Jacques de la Comble</a>, Autun</strong></p>
<p>Situé dans le Morvan, ce muséum régional expose de nombreux échantillons paléontologiques du Carbonifère (Stéphanien de Montceau-les-Mines) et du Permien (Autunien d’Autun). Une salle entière est consacrée aux nodules du Lagerstätte de Montceau-les-Mines qui sont remis dans leur contexte paléoenvironnemental. Des plantes préservées en compression sur les schistes houillers associés aux nodules sont également à l’honneur avec quelques spécimens très spectaculaires.</p>
<p><strong><a href="http://www.museedesconfluences.fr/">Musée des Confluences</a>, Lyon</strong></p>
<p>Héritier du Musée d’histoire naturelle Guimet de Lyon, le Musée des Confluences est un musée d’histoire naturelle, d’anthropologie, des sociétés, et des civilisations. La paléontologie occupe une place importante dans le parcours permanent. Une vitrine très impressionnante est notamment consacrée au Lagerstätte de Cerin. Elle présente les fossiles les plus emblématiques : crocodiles, poissons, crustacés, échinodermes (étoiles de mer, comatules).</p>
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<span class="caption">Vitrine sur le Lagerstätte de Cerin (Jurassique supérieur, -150 Ma), musée des Confluences (Lyon, France).</span>
<span class="attribution"><span class="source">Olivier Garcin</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
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<p><strong><a href="http://www.jura-museum.de/index.php/en/">Jura-Museum</a>, Eichstätt (Allemagne)</strong></p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/226531/original/file-20180706-122259-2li1na.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/226531/original/file-20180706-122259-2li1na.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=855&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/226531/original/file-20180706-122259-2li1na.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=855&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/226531/original/file-20180706-122259-2li1na.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=855&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/226531/original/file-20180706-122259-2li1na.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1075&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/226531/original/file-20180706-122259-2li1na.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1075&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/226531/original/file-20180706-122259-2li1na.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1075&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Crustacé décapode des Calcaires lithographiques de Solnhofen (Jurassique supérieur, -150 ma), Allemagne.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Christian Lemzaouda</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
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</figure>
<p>Situé en Bavière, ce musée est consacré aux fossiles issus des calcaires lithographiques de Solnhofen et d’Eichstätt. Il abrite notamment un spécimen d’<em>Archaeopteryx</em>, mais aussi de très nombreux autres fossiles (crustacés, poissons, crocodiles, ptérosaures…). Il a récemment acquis un très beau spécimen de <em>Juravenator</em> (dinosaure théropode). Le Musée est par ailleurs aménagé dans le château Willibaldsburg, siège des princes-évêques d’Eichstätt.</p>
<p><strong><a href="http://www.urweltmuseum.de/en/">Urweltmuseum Hauff</a>, Holzmaden (Allemagne)</strong></p>
<p>Des fossiles du Toarcien d’Holzmaden sont visibles sur place dans le célèbre musée Hauff. Dans ce musée familial et historique, il est possible d’admirer parmi les plus beaux fossiles extraits des schistes bitumineux d’Holzmaden : crocodiles, ichtyosaures avec parties molles préservées, plésiosaures, ptérosaures, poissons, crustacés, crinoïdes, ammonites… etc. Le gigantisme de certaines pièces paléontologiques est impressionnant : ichtyosaure de près de 8 m de longueur, concentration de crinoïdes fixés sur un bois flotté de 18 m de longueur. Le musée Hauff est incontournable dans la région d’Holzmaden : en plus des collections exposées, il est également possible de rechercher quelques fossiles dans les proches carrières, en respectant le patrimoine géologique bien entendu.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/99095/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Sylvain Charbonnier est Président de la Société Géologique de France, fondée en 1830 et reconnue d'utilité publique en 1832.</span></em></p>À l’occasion de la Fossil Week, plongée dans les entrailles de gisements exceptionnels par leur richesse et leur intérêt scientifique, les Lagerstätte.Sylvain Charbonnier, Maître de Conférences HDR; Responsable scientifique des collections de paléontologie, Muséum national d’histoire naturelle (MNHN)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/651152016-09-08T18:20:04Z2016-09-08T18:20:04ZQuels sont les plus vieux animaux de la planète ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/137085/original/image-20160908-25240-1nlujck.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Un requin du Groenland.</span> <span class="attribution"><span class="source">Julius Nielsen</span></span></figcaption></figure><p>Pour la <a href="https://www.researchgate.net/publication/257568506_Pangnirtung_Inuit_and_the_Greenland_Shark_Co-producing_Knowledge_of_a_Little_Discussed_Species">communauté inuite de Pangnirtung</a>, vivant dans le territoire autonome du Nunavut (Canada), le requin du Groenland est un animal qui ne meurt pas facilement :</p>
<blockquote>
<p>Mon père me disait que les requins avaient la peau dure. Ces animaux pouvaient être pourris, même visqueusement pourris, mais quand on touchait leur peau ou leur chair, elles continuaient à bouger. Vous voyez, c’est vivant mais pourri.</p>
</blockquote>
<p>Cela peut paraître horrible, mais cette réputation du requin du Groenland est en partie vraie. Avec une durée de vie estimée à 400 ans, cet animal <a href="http://science.sciencemag.org/lookup/doi/10.1126/science.aaf1703">vient juste d’être identifié</a> comme le plus vieux vertébré vivant sur la planète.</p>
<p>Cette découverte n’en est qu’une parmi d’autres récentes qui font reculer les limites de la longévité animale ; de telles découvertes font également resurgir des questions sur les causes de ce que nous pourrions nommer la longévité extrême, avec des durées de vie qui se mesurent en siècles !</p>
<p>Pour devenir une espèce à la durée de vie très longue, il faut qu’un certain nombre de ses membres meurent de vieillesse (et non de maladie ou du fait d’avoir été tué). L’expérience de la dégénérescence liée à l’âge est indispensable pour <a href="http://www.senescence.info/evolution_of_aging.html">y devenir plus résistant</a>.</p>
<p>Il faut également que ces espèces soient pourvues de mécanismes de défense efficaces contre leurs prédateurs – comme peut en fournir une coque résistante, par exemple. Une fois cette sécurité assurée, vivre plus longtemps devient une façon d’assurer sa descendance, tout particulièrement quand l’approvisionnement alimentaire <a href="http://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1002/bies.950100408/abstract">se fait irrégulier</a>.</p>
<p>Gros plan sur cinq espèces à l’extraordinaire longévité.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/133809/original/image-20160811-18034-10n2pxo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/133809/original/image-20160811-18034-10n2pxo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/133809/original/image-20160811-18034-10n2pxo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/133809/original/image-20160811-18034-10n2pxo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/133809/original/image-20160811-18034-10n2pxo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/133809/original/image-20160811-18034-10n2pxo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/133809/original/image-20160811-18034-10n2pxo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">On dit que le froid conserve…</span>
<span class="attribution"><span class="source">Julius Nielsen</span></span>
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<h2>Le requin du Groenland</h2>
<p>En plus d’être lui-même un redoutable prédateur, ce requin possède une imparable défense grâce à sa peau <a href="http://www.wired.com/2014/02/creature-feature-10-fun-facts-greenland-shark/">hautement toxique</a>. La capacité à échapper aux prédateurs durant ses jeunes années permet à ce requin d’adopter une stratégie de reproduction plus calme. C’est ainsi que les femelles doivent attendre d’avoir <a href="http://science.sciencemag.org/lookup/doi/10.1126/science.aaf1703">environ 150 ans</a> pour atteindre la maturité reproductive.</p>
<p>Dans les hautes latitudes où ils évoluent, la faible luminosité des mois d’hiver induit une raréfaction des plantes et des algues dont les autres créatures de ces zones se nourrissent ; cela peut avoir un effet sur les apports de nutriments de toute la chaîne alimentaire. Dès lors, la capacité à endurer les mauvaises années et à se reproduire pendant les périodes plus fastes est un élément-clé pour la survie de ces requins ; on l’aura compris, une durée de vie allongée est un moyen très efficace de connaître de nombreuses « bonnes » années.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/133812/original/image-20160811-11853-wo1i5t.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/133812/original/image-20160811-11853-wo1i5t.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=405&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/133812/original/image-20160811-11853-wo1i5t.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=405&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/133812/original/image-20160811-11853-wo1i5t.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=405&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/133812/original/image-20160811-11853-wo1i5t.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=509&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/133812/original/image-20160811-11853-wo1i5t.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=509&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/133812/original/image-20160811-11853-wo1i5t.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=509&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Boucliers anti-âge.</span>
</figcaption>
</figure>
<h2>La cyprine</h2>
<p>La cyprine (encore appelée quahog nordique ou praire d’Islande, <em>Arctica islandica</em>) détient le record de l’animal le plus vieux connu des scientifiques. Pour déterminer son âge, il suffit de compter les bandes annuelles observables sur sa coquille. C’est ainsi qu’un spécimen (désormais connu sous le nom de Ming) collecté en Islande a affiché un âge de <a href="http://www.sciencenordic.com/new-record-world%E2%80%99s-oldest-animal-507-years-old">507 années</a>.</p>
<p>Comme de nombreuses autres <a href="http://rspb.royalsocietypublishing.org/content/283/1836/20161364">espèces de mollusques</a>, la cyprine connaît une croissance lente et vit plus longtemps dans les hautes latitudes. Dans le nord de l’Islande, elle peut ainsi vivre en général <a href="http://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0031018212000302">au-delà de 300 ans</a>, quand, plus au sud, dans les eaux européennes ou nord-américaines (où les nutriments sont présents en plus grande quantité), son âge ne dépasse pas les 250 ans. De même que pour le requin du Groenland, il s’agit là d’une stratégie de reproduction adaptée dans des eaux pauvres en nutriments mais où il y a peu à craindre des prédateurs.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/133815/original/image-20160811-18014-1b7tcry.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/133815/original/image-20160811-18014-1b7tcry.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/133815/original/image-20160811-18014-1b7tcry.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/133815/original/image-20160811-18014-1b7tcry.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/133815/original/image-20160811-18014-1b7tcry.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=565&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/133815/original/image-20160811-18014-1b7tcry.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=565&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/133815/original/image-20160811-18014-1b7tcry.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=565&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Comment apprivoiser la vieillesse.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://en.wikipedia.org/wiki/Bowhead_whale#/media/File:Bowhead-1_Kate_Stafford_edit_(16272151841).jpg"> Bering Land Bridge National Preserve/Wikimedia Commons</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>La baleine boréale</h2>
<p>On a retrouvé sur une baleine boréale pêchée lors d’une expédition en Alaska courant 2007 la tête d’un harpon datant de <a href="http://www.nature.com/news/2007/070619/full/news070618-6.html">la fin du XIX<sup>e</sup> siècle</a>. On a établi son âge grâce au radiocarbone à 211 ans, ce qui en fait le plus vieux mammifère jamais observé. À la différence des autres baleines, on trouve ces animaux uniquement dans les eaux froides arctiques et subarctiques.</p>
<p>L’<a href="http://www.medicaldaily.com/can-marine-biology-help-us-live-forever-bowhead-whale-can-live-200-years-cancer-316424">analyse de leur ADN</a> suggère que l’absence de prédateurs naturels leur a permis de développer des défenses naturelles contre le déclin lié à l’âge.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/133814/original/image-20160811-18014-1wjt4b1.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/133814/original/image-20160811-18014-1wjt4b1.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=449&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/133814/original/image-20160811-18014-1wjt4b1.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=449&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/133814/original/image-20160811-18014-1wjt4b1.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=449&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/133814/original/image-20160811-18014-1wjt4b1.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=564&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/133814/original/image-20160811-18014-1wjt4b1.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=564&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/133814/original/image-20160811-18014-1wjt4b1.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=564&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Les années passent, pas la carapace.</span>
</figcaption>
</figure>
<h2>La tortue géante</h2>
<p>Seul animal terrestre connu pour vivre plus de 200 ans, la tortue géante se rencontre aujourd’hui seulement sur quelques îles isolées des océans pacifique et indien. Une tortue géante originaire de l’atoll d’Aldabra aux Seychelles est morte en 2006 à l’âge de 255 ans dans un <a href="http://news.bbc.co.uk/1/hi/world/south_asia/4837988.stm">zoo de Calcutta</a>, en Inde. Jonathan, la tortue géante la plus âgée vit aujourd’hui aux Seychelles et <a href="http://www.bbc.co.uk/news/science-environment-35268755">affiche 184 années</a>.</p>
<p>Pour déjouer les attaques de ses prédateurs, la tortue géante adopte le système « ceinture-bretelle », et conserve sa très résistante carapace même dans les zones où elle ne craint absolument rien. Sans la menace de devenir une proie, l’animal peut – comme c’est le cas du requin du Groenland et de la cyprine – ralentir son métabolisme, ce qui lui permet d’affronter les périodes où la nourriture <a href="https://animalcaseprofile.wordpress.com/2015/10/21/galapagos-giant-tortoise-geochelone-nigra/">se fait rare</a>.</p>
<h2><em>Homo sapiens</em></h2>
<p>Jeanne Calment, qui est morte en 1997 à l’âge de 122 ans, fut la plus vieille personne (et très probablement le plus vieux mammifère terrestre) dont on a pu établir <a href="http://www.nytimes.com/1997/08/05/world/jeanne-calment-world-s-elder-dies-at-122.html">avec exactitude</a> la longévité. De fait, <em>Homo sapiens</em> est le seul mammifère terrestre connu pour vivre <a href="http://www.encyclopedia.com/topic/lifespan.aspx">plus d’un siècle</a>, et la question de savoir si une telle longévité a pu exister avant l’avènement de l’agriculture est passionnante.</p>
<p>Pour les mammifères, l’un des indicateurs de la longévité semble être la taille du cerveau. Celle-ci reflète une capacité renforcée à s’adapter à un environnement qui évolue sans cesse ainsi qu’une défense efficace contre les prédateurs. Et il semble que même les premiers humains pouvaient vivre jusqu’à 70 ou 80 ans, ce qui est nettement plus long que les <a href="http://biomedgerontology.oxfordjournals.org/content/55/4/B201.full.pdf+html">grands singes</a>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/65115/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Paul Butler a reçu des financements de l’Union européenne. </span></em></p>Après la récente découverte d’un requin vieux de quatre siècles, gros plan sur cinq espèces à l’extraordinaire longévité.Paul Butler, Research Lecturer, School of Ocean Sciences, Bangor UniversityLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/530762016-01-13T05:36:14Z2016-01-13T05:36:14ZOn a retrouvé les tortues géantes disparues des Galapagos<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/107957/original/image-20160112-6977-jmqx4u.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">L’une des vénérables habitantes des pentes du mont Wolf sur l'île Isabela. </span> <span class="attribution"><span class="source">Luciano Beheregaray</span>, <span class="license">Author provided</span></span></figcaption></figure><p>Au large des côtes équatoriennes, les îles Galapagos sont mondialement connues pour avoir inspiré à Darwin sa <a href="https://theconversation.com/explainer-theory-of-evolution-2276">théorie de l’évolution</a>. Elles abritent une flore et une faune d’une richesse exceptionnelle, à l’image de ces tortues géantes, considérées comme les plus grands animaux terrestres à sang froid. </p>
<p>Les tortues géantes ont longtemps prospéré dans cet archipel de l’océan Pacifique. Il en existait une quinzaine d’espèces évoluant au gré de <a href="http://www.pnas.org/content/101/17/6514.full">la formation volcanique</a> des îles. À la suite de l’arrivée des premiers hommes, quatre espèces disparurent. </p>
<p>Nous sommes rentrés il y a quelques semaines d’une expédition aux Galapagos dont l’objectif était de retrouver deux de ces espèces disparues. Cela peut paraître un peu fou, mais nous sommes arrivés à nos fins. Voici comment. </p>
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<iframe src="https://www.google.com/maps/d/u/0/embed?mid=zXUWIAKxCpHk.kJdpTkVYSjfk" width="100%" height="480"></iframe>
<figcaption>The Galápagos Islands, showing locations mentioned in this story.</figcaption>
</figure>
<h2>Menace sur les tortues</h2>
<p>L’archipel a été colonisé à la fin du XIX<sup>e</sup> siècle avec nombre de conséquences néfastes pour les tortues : braconnage des baleiniers et pirates, introduction de nuisibles privant les tortues de nourriture, mangeant leurs œufs ou leurs petits. Ces dernières ont ainsi disparu de certaines îles et vu leur population se réduire dramatiquement dans d’autres zones insulaires. </p>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/107482/original/image-20160107-14966-93jac6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/107482/original/image-20160107-14966-93jac6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/107482/original/image-20160107-14966-93jac6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=343&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/107482/original/image-20160107-14966-93jac6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=343&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/107482/original/image-20160107-14966-93jac6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=343&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/107482/original/image-20160107-14966-93jac6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=431&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/107482/original/image-20160107-14966-93jac6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=431&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/107482/original/image-20160107-14966-93jac6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=431&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Lonesome George, immortalisé à 100 ans, peu avant son trépas.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/putneymark/1351695967/in/photolist-34rN7T-5bSaiw-9tj9ht-9tj94z-ddSFnF-5ZkkAG-5ZEWRd-6uBcng-2VoC8b-fSktL5-7qthop-5ZAK66-2VjeSp-frYxAd-oRuePR-6bwgpi-amMf7L-5ZEXzy-4z5wrn-4z9Kkf-4z9NVY-4z5AY2-4z9Q9d-4z9SCb-4z9LEf-4z5BRP-4z5uFp-4z5Bhr-4z5wVp-4z9LTQ-5ZEXjG-7pBkcK-djLaSB-nqnCJ-94aMU7-5Y6B6q-9tn6A7-au9qVd-au6Ljz-5Y2kq8-amQy7m-cm7hp3-cYsUQW-4z5uUX-4z5yTe-4z9TEf-4z9PtS-4z5vv8-4z9R97-4z9Pzq">Flickr/putneymark</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Darwin consacra, lors de sa visite de 1835 sur l’archipel, des pages à la reproduction d’une espèce de tortue, la <a href="http://www.iucnredlist.org/details/9023/0"><em>Chelonoidis elephantopus</em></a>, que l’on ne trouvait alors que sur l’île Floreana et qui disparut vers 1850. </p>
<p>Une autre espèce, qui se rencontrait seulement sur l’île Pinta, la <a href="http://www.iucnredlist.org/sotdfiles/chelonoidis-(nigra)-abingdonii.pdf"><em>Chelonoidis abingdoni</em></a>, s’éteignit pour sa part en 2012, lorsque son dernier représentant, un mâle retenu en captivité et répondant au surnom de <a href="http://www.bbc.com/news/world-18574279">Lonesome George</a> mourut. Il était devenu une véritable star et fut un temps considéré comme l’une des créatures vivantes <a href="http://www.guinnessworldrecords.com/world-records/most-endangered-animal/">les plus rares</a> au monde. </p>
<h2>Sur la trace des espèces disparues</h2>
<p>Il y a dix ans, <a href="http://mscg.yale.edu/">notre programme de recherche</a> en génétique fit une découverte des plus étonnantes. Certaines tortues du mont Wolf, un volcan de l’île Isabela, ne correspondaient pas à celles (<em>Chelonoidis becki</em>) que l’on trouve habituellement dans cette zone. Au lieu de cela, leur ADN correspondait à celui des espèces disparues de <a href="http://www.pnas.org/content/early/2008/09/19/0805340105.abstract">Floreana</a> et <a href="http://www.nature.com/news/2007/070430/full/news070430-1.html">Pinta</a> </p>
<p>Cette trouvaille donna lieu, en 2008, à une expédition sur le mont Wolf, où nous avons procédé au marquage et à l’échantillonnage de 1 600 tortues. Les analyses révélèrent un nombre très importants de tortues à l’ADN hybride : 17 possédaient des traces de l’ADN de la tortue de l’île Pinta, <em>Chelonoidis abingdoni</em> ; 89 autres présentaient des traces de l’ADN de la tortue de l’île Floreana, <em>Chelonoidis elephantopus</em>. </p>
<p>Comment cela était-il possible ? </p>
<p>Il semblait fort probable que des gens aient déplacé ces tortues d’une île à l’autre. De vieux carnets de bord de l’industrie baleinière rapportaient que pour alléger leurs navires, baleiniers et pirates se délestaient, dans la baie de Banks à proximité du mont Wolf, de tortues qu’ils avaient capturées. </p>
<p>Ces animaux, récupérés sur les îles moins montagneuses de Floreana et de Pinta, furent durant des siècles les proies des baleiniers et pirates qui avaient l’habitude de faire une halte dans l’archipel pour renouveler <a href="https://www.newscientist.com/article/mg19426071-300-galapagos-tortoises-untangling-the-evolutionary-threads/">leurs provisions de nourriture</a> en prévision de leurs longues traversées. </p>
<p>Nombre de ces tortues rejetées en mer atteignirent le rivage, se mélangeant aux espèces endémiques de l’île Isabela. Elles donnèrent ainsi naissance à une lignée hybride qui conservait les caractéristiques distinctives des espèces de Floreana et de Pinta. </p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/106589/original/image-20151218-8065-1rpuvvf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/106589/original/image-20151218-8065-1rpuvvf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/106589/original/image-20151218-8065-1rpuvvf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=200&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/106589/original/image-20151218-8065-1rpuvvf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=200&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/106589/original/image-20151218-8065-1rpuvvf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=200&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/106589/original/image-20151218-8065-1rpuvvf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=252&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/106589/original/image-20151218-8065-1rpuvvf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=252&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/106589/original/image-20151218-8065-1rpuvvf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=252&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Le mont Wolf, point culminant des Galapagos.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Luciano Beheregaray</span></span>
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</figure>
<h2>Une expédition difficile</h2>
<p>Notre dernière expédition avait pour objectif d’identifier les animaux dont les ancêtres venaient de Floreana ou de Pinta. C’était un objectif ambitieux et compliqué sur le plan logistique. </p>
<p>Notre équipe – composée de gardes du parc national des Galapagos, de scientifiques et de vétérinaires originaires de 10 pays différents – fut répartie en 9 groupes de 3 à 4 personnes. Chaque groupe devait inspecter de vastes champs de lave instables et inhospitaliers ainsi qu’une végétation épineuse sur les pentes du mont Wolf. Sans oublier les rencontres impromptues avec les guêpes, l’étouffante chaleur équatoriale, et une période de pluie non-stop six jours durant. </p>
<p>Lorsque nous trouvions l’une des tortues recherchées, nous contactions notre vaisseau ravitailleur par radio et dégagions la végétation des pentes du volcan pour faire de la place au filet de cargaison transporté par hélicoptère. La précieuse tortue était alors installée dans le filet, puis transportée à bord de notre navire ancré dans la baie de Banks.</p>
<p>Notre équipe découvrit ainsi plus de 1 300 tortues, dont près de 200 possédaient des ancêtres à la fois de Floreana et de Pinta. Nous en avons transportées 32 par les airs jusqu’à notre navire pour rejoindre ensuite la zone d’élevage en captivité du parc national de Galapagos. </p>
<figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/106594/original/image-20151218-8068-1k4c9k7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/106594/original/image-20151218-8068-1k4c9k7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=383&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/106594/original/image-20151218-8068-1k4c9k7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=383&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/106594/original/image-20151218-8068-1k4c9k7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=383&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/106594/original/image-20151218-8068-1k4c9k7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=481&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/106594/original/image-20151218-8068-1k4c9k7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=481&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/106594/original/image-20151218-8068-1k4c9k7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=481&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Une tortue géante dont les ancêtres appartenaient aux deux espèces disparues prend son envol pour rejoindre le vaisseau ravitailleur.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Elizabeth Hunter</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Parmi ces 32 sujets, 4 femelles présentaient des gènes de Floreana ; un mâle et une femelle possédant ceux de Pinta furent marqués et étudiés. </p>
<h2>Réintroduire les espèces</h2>
<p>L’ADN des ces tortues va être analysé et servira à établir la meilleure stratégie de reproduction : nous souhaitons réintroduire autant que possible les gènes présents à l’origine sur Floreana et Pinta. La progéniture née en captivité et descendant des deux espèces disparues devrait rejoindre ses îles d’origine d’ici 5 à 10 ans. </p>
<p>La réintroduction de ces tortues dans leurs îles d’origine ainsi que la restauration de leur habitat sont en effet essentielles pour la <a href="http://www.galapagos.org/conservation/conservation/project-areas/ecosystem-restoration/tortoise-restoration/">préservation des écosystèmes insulaires</a>. Ces grands herbivores à l’exceptionnelle longévité se comportent en effet comme des <a href="http://journals.plos.org/plosone/article?id=10.1371/journal.pone.0110742">ingénieurs</a> au service des écosystèmes, modifiant leur habitat au profit d’autres espèces. </p>
<p>Mais la faible diversité génétique ne risque-t-elle pas d’entraver la survie des populations réintroduites ? </p>
<p>Il s’agit là d’une préoccupation logique pour tous les programmes de réintroduction s’appuyant sur un petit nombre de reproducteurs en captivité. Les tortues géantes des Galapagos peuvent toutefois survivre à des accidents démographiques majeurs et garantir ainsi le succès des programmes de réintroduction. </p>
<p>Prenons l’exemple de la population de tortues du volcan Alcedo (île Isabela), connue comme la plus importante des Galapagos : elle descend d’une unique femelle qui aurait survécu à une très importante <a href="http://www.nature.com/news/2003/031003/full/news03029-11.html">éruption volcanique</a> durant la période préhistorique. </p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/106595/original/image-20151218-8081-13q58io.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/106595/original/image-20151218-8081-13q58io.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=385&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/106595/original/image-20151218-8081-13q58io.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=385&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/106595/original/image-20151218-8081-13q58io.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=385&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/106595/original/image-20151218-8081-13q58io.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=484&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/106595/original/image-20151218-8081-13q58io.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=484&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/106595/original/image-20151218-8081-13q58io.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=484&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Les tortues géantes de notre expédition au mont Wolf sont déplacées dans la zone de reproduction en captivité du parc national des Galapagos, sur l’île de Santa Cruz.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Joe Flanagan</span></span>
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</figure>
<p>La réintroduction de plus de 1 500 petits nés en captivité et appartenant à une espèce qu’on trouvait jadis sur l’île Espanola est un autre succès. Toute la population rapatriée dans cette zone provient d’une quinzaine de reproducteurs captifs et <a href="http://journals.plos.org/plosone/article?id=10.1371/journal.pone.0110742">se porte aujourd’hui très bien</a>. </p>
<p>Faire revivre des espèces éteintes, comme celles de Floreana et de Pinta, était quelque chose d’impensable il n’y a pas si longtemps. C’est désormais possible. Et l’intérêt d’une telle initiative s’est encore accru du fait qu’il reste de très nombreuses tortues possédant des gènes de Floreana et de Pinta sur les pentes du mont Wolf. Les ajouter aux programmes d’élevage devrait stimuler la diversité génétique et s’avère donc très prometteur pour les futures expéditions. </p>
<p>Nul doute que ce sera épique, mais absolument gratifiant pour les scientifiques concernés par la préservation des tortues géantes.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/53076/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Luciano Beheregaray receives funding from the Australian Research Council.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Adalgisa 'Gisella' Caccone receives funding from the Galápagos Conservancy and National Geographic Society for this research.</span></em></p>Lorsque Lonesome George, une tortue géante des Galapagos, mourut à 100 ans, beaucoup pensèrent que son espèce venait de disparaître à jamais avec lui… mais il n’en était rien.Luciano Beheregaray, Professor in Biodiversity Genetics and ARC Future Fellow, Flinders UniversityAdalgisa 'Gisella' Caccone, Senior Research Scientist and Lecturer, Department of Ecology & Evolutionary Biology, Yale UniversityLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.