tag:theconversation.com,2011:/us/topics/urbanite-87635/articlesurbanité – The Conversation2023-01-15T12:47:42Ztag:theconversation.com,2011:article/1974362023-01-15T12:47:42Z2023-01-15T12:47:42ZComment les sons de la ville sont devenus de la « musique urbaine » dans le Japon des années 1920<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/504059/original/file-20230111-24-7muuq1.png?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C1%2C924%2C591&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Osaka au début du 20e siècle. </span> <span class="attribution"><span class="source">MeijiShowa | Alamy</span></span></figcaption></figure><p>Des distributeurs de billets, des ascenseurs et des escalators qui parlent. Des jingles dans les grands magasins, les gares, les supermarchés et les galeries marchandes. Des avertissements par haut-parleurs sur les dangers du bus ou du train, superposés aux sirènes, aux klaxons des voitures, à la circulation et aux piétons. « Pour une culture qui accorde une grande importance au calme », a écrit un jour le <a href="https://www.japantimes.co.jp/life/2014/10/10/lifestyle/making-noise-keeping-decibels/">journaliste américain Daniel Krieger</a>, « le Japon peut parfois être très bruyant ».</p>
<p>Le militant antibruit japonais Yoshimichi Nakajima parle des gens qui <a href="https://www.japantimes.co.jp/life/2014/10/10/lifestyle/making-noise-keeping-decibels/">« marinent dans le bruit »</a>. Il affirme que la passivité et l’ignorance sont au cœur de la relation de son pays avec la pollution sonore. Les Japonais ne font pas attention au bruit, dit-il, ils le remarquent à peine.</p>
<p>Si la <a href="https://theconversation.com/our-centuries-long-quest-for-a-quiet-place-94614">pollution sonore</a> est un problème contemporain, la manière de la mesurer, de la contrôler et même de la définir fait depuis longtemps l’objet d’un débat au Japon. Mes <a href="https://www.taylorfrancis.com/chapters/oa-edit/10.4324/9781003143772-8/hell-modern-sound-martyn-david-smith">recherches montrent</a> que c’était particulièrement évident dans les débats au sujet du langage utilisé pour discuter du paysage sonore urbain dans les années 1920 et 1930.</p>
<h2>Un paysage sonore en mutation</h2>
<p>À partir des années 1860, alors que le gouvernement japonais importait des technologies de l’Ouest pour créer un État-nation moderne, la vie dans les villes japonaises s’est rapidement mécanisée, façonnée par les transports et l’industrie. Ce processus a également transformé le <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC9223413/">paysage sonore</a>.</p>
<p>En septembre 1902, un « M. A, victime » a écrit au <em>Japan Times</em> pour se plaindre de la quantité excessive de sifflements de bateaux à vapeur et de cloches d’usines sur et autour de la rivière Sumida à Tokyo. Le bruit causé par les projets de génie civil empiète de plus en plus sur la vie quotidienne, car les urbanistes repensent les grandes villes, posent des fondations en béton, construisent des métros et imaginent de nouveaux paysages urbains.</p>
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<p>Dans les rues des villes, les pousse-pousse, les chariots tirés par des chevaux et des bœufs, les charrettes et les piétons sont désormais en concurrence avec les bicyclettes, les tramways, les trains, les voitures et les motos. À Osaka – qui, dans les années 1920, était la sixième plus grande métropole du monde – le nombre de voitures, camions et motos a explosé, passant de 39 en 1915 à 6 886 en 1935.</p>
<p>Dans les médias, les commentateurs se déchaînent. L’édition du 2 février 1929 du journal <em>Osaka Asahi</em> décrit cet environnement comme « un enfer de sons modernes » qui donne naissance à « la maladie de la civilisation ». Et l’édition du 9 octobre 1931 de l’<em>Osaka Mainichi</em> qualifiait le bruit de la ville de « barbarie de la civilisation ».</p>
<p>Les universitaires, eux, adoptent un point de vue plus nuancé. Dans des revues telles que <em>Urban Problems</em>, des ingénieurs, des architectes et des acousticiens discutent de l’urgente nécessité d’une définition commune du bruit urbain comme préalable à toute recherche de solution.</p>
<h2>Définir le bruit urbain</h2>
<p>Le système d’écriture japonais utilise des alphabets phonétiques (hiragana et katakana) et des caractères chinois (kanji).</p>
<p>Si différents caractères chinois peuvent souvent avoir la même prononciation, les deux caractères pris séparément ont des significations différentes. Par exemple, le kanji utilisé pour « ondes sonores » est 音響, prononcé <em>onkyou</em> ; c’est un composé de 音 (<em>on</em>, « son ») et 響 (<em>kyou</em>, « écho ou réverbération »).</p>
<p>Dans les discussions du début du XX<sup>e</sup> siècle sur le problème du bruit dans les médias grand public, les composés 騒音 et 噪音, tous deux prononcés <em>souon</em>, étaient utilisés de manière interchangeable pour impliquer le « bruit ».</p>
<p>Pour les spécialistes, cependant, le problème pour parvenir à une définition commune du bruit urbain était que ces deux composés désignaient des choses légèrement différentes. Pour les physiciens, 噪音 désigne des ondes sonores compliquées qui se répètent rarement et peuvent changer de volume et de moment. Il est donc utilisé pour distinguer les sons indésirables et les interférences auditives des ondes sonores mélodieuses dont le volume et le rythme sont relativement constants – de la musique, en d’autres termes, ou en japonais, 音楽, prononcé <em>ongaku</em>.</p>
<p>Mais comme l’a fait remarquer le physicien Kohata Shigekazu dans <em>Urban Problems</em> en septembre 1930, cet usage a effectivement relégué au rang de « bruits » indésirables de nombreux sons courants de la vie urbaine quotidienne et du monde naturel. En raison de leurs fréquences diverses, qui changent constamment, toutes sortes de sons organiques et aléatoires pourraient être qualifiés de 噪音 : ceux du vent et de l’eau, des pas, ou les bruits des gens qui se promènent.</p>
<p>Pour tenter de résoudre ce dilemme, l’architecte Satou Takeo a proposé dans le même journal que le premier kanji <em>souon</em> – 騒音 – soit utilisé pour désigner tout bruit ayant un effet désagréable dans la vie quotidienne. Son raisonnement était que le premier caractère de ce composé – 騒, <em>sou</em> – implique « tapageur ou turbulent » : pris dans son ensemble, le composé signifie littéralement « son turbulent ». Aujourd’hui, 騒音 fait effectivement référence au bruit qui entrave la paix et la tranquillité, interfère avec la transmission de sons organisés tels que la musique ou la conversation, ou porte atteinte à l’audition ou à la santé.</p>
<p>Ces débats savants se sont poursuivis, attirant de plus en plus d’experts. En 1933, l’architecte Kinichi Hirose espérait régler la question en proposant <em>kensouon</em> (喧噪音), qui ajoutait le symbole de « tapageur, bruyant, bagarreur » (喧, <em>yakamashii</em>) à ce premier composé. Le point de vue de Hirose était que le problème de la pollution sonore était l’environnement sonore engendré par les machines modernes : les sons discordants des transports, du génie civil et des techniques de construction. C’est le « bruit de la ville » (都市喧噪音, <em>toshi kensouon</em>).</p>
<p>En revanche, les sons que Hirose considérait comme faisant partie intégrante de l’attrait esthétique de la vie urbaine – bruits de pas, chants, radios qui hurlent et commerçants qui crient dans la rue – doivent être compris comme de la « musique urbaine » (都市音楽, <em>toshi ongaku</em>).</p>
<h2>Un débat mondial</h2>
<p>Des débats similaires étaient en cours dans le monde nouvellement industrialisé. L’historien James G Mansell <a href="https://academic.oup.com/illinois-scholarship-online/book/23567">a montré</a> comment, au Royaume-Uni, les gens considéraient au début du 20e siècle que leur pays était entré dans « l’âge du bruit ». Dans ce contexte, les préjugés de classe ont influencé la définition du bruit urbain. A travers cette expression, on visait les marchands ambulants et les colporteurs.</p>
<p>Aux États-Unis, l’historien Raymond Smilor <a href="https://www.jstor.org/stable/40641255?searchText=Raymond+Smilor&searchUri=%2Faction%2FdoBasicSearch%3FQuery%3DRaymond%2BSmilor&ab_segments=0%2Fbasic_search_gsv2%2Fcontrol&refreqid=fastly--default%3A30ab7046e8032ef3b5e80ef58a47e820&seq=1#metadata_info_tab_contents">raconte</a> dans un article de 1977 intitulé « Cacophony at 34th and 6th » que des gens de toutes les classes sociales se sont regroupés pour faire campagne contre le bruit parce que « le bruit est un problème qui touche tout le monde intimement ».</p>
<p>Les gens ne se contentaient pas de plaider pour le calme, écrivait Smilor. Ils étaient aux prises avec les complexités et les incertitudes de ce qu’il appelait une société entièrement « nouvelle et déroutante ».</p>
<p>Celle-ci, à son tour, a donné naissance à une <a href="http://pzacad.pitzer.edu/%7Emma/teaching/MS115/readings/thompson.pdf">nouvelle économie</a>. Alors que les acousticiens développaient l’insonorisation, la science moderne de l’acoustique était présentée comme capable d’apporter des solutions au problème du bruit.</p>
<p>Même si cela s’est avéré vain – les villes sont devenues de plus en plus bruyantes – on peut observer au Japon, dans les années 1920 et 1930, une ruée similaire vers l’éradication du bruit de la part d’experts, de scientifiques, de conglomérats, de commerçants et de l’État lui-même. Pour certains, cependant, les sons des villes n’avaient rien d’une cacophonie. Ils ont simplement donné naissance à une musique d’un genre nouveau : la symphonie urbaine.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/197436/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Martyn Smith ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Au début du 20e siècle, l’avènement des sons de la modernité avait de quoi dérouter. Pour certains, ce n’était que de la pollution sonore ; pour d’autres, une nouvelle forme d’art.Martyn Smith, Lecturer in Japanese Studies, University of SheffieldLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1922042022-11-17T17:24:50Z2022-11-17T17:24:50ZLe Mobiliscope : un outil libre sur les rythmes quotidiens des territoires<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/489778/original/file-20221014-21-k8flsa.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C23%2C5306%2C3502&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Le Mobiliscope permet de savoir si la mobilité quotidienne a tendance à mélanger les groupes sociaux durant la journée ou si, au contraire, elle a tendance à les ségréger encore plus qu'ils ne le sont dans l'espace résidentiel.</span> <span class="attribution"><span class="source">Shutterstock</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><p>Le <a href="https://mobiliscope.cnrs.fr/fr">Mobiliscope</a> est un outil de géovisualisation librement et gratuitement accessible en ligne qui permet d’explorer les rythmes quotidiens des territoires et leur mixité sociale. Quels sont les quartiers les plus attractifs d’une ville ? Qui fréquente tel quartier ? Quels modes de transports sont utilisés pour s’y rendre ? Quelle est l’ampleur de la ségrégation spatiale des cadres ? Des ouvriers ? À toutes ces questions, le Mobiliscope apporte des réponses qui peuvent varier selon les heures de la journée au gré des déplacements quotidiens des populations.</p>
<p>La ségrégation sociale (c’est-à-dire la séparation des groupes sociaux dans l’espace géographique) est bien documentée pour ce qui concerne <a href="https://www.strategie.gouv.fr/publications/evolution-de-segregation-residentielle-france">l’espace résidentiel</a> mais largement moins connue pour les espaces fréquentés la journée dans le cadre du travail, des études, des loisirs, etc. Le Mobiliscope permet ainsi de savoir si la mobilité quotidienne des individus conduit les groupes sociaux à se mélanger durant la journée ou si, au contraire, la ségrégation sociale augmente le jour par rapport à la nuit.</p>
<p>L’interface du Mobiliscope propose tout un ensemble de cartes et de graphiques interactifs pour suivre l’évolution de la population présente dans les territoires au cours des 24 heures de la journée selon le profil des individus, la nature de leurs activités et le mode de transport utilisé. Il permet ainsi d’étudier, au fil des heures, les changements de composition des quartiers et l’évolution de la ségrégation sociale.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/marche-velo-les-gains-sanitaires-et-economiques-du-developpement-des-transports-actifs-en-france-189487">Marche, vélo : les gains sanitaires et économiques du développement des transports actifs en France</a>
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<h2>La ségrégation sociale varie en journée</h2>
<p>Conçu et développé depuis 2017 au sein du <a href="https://geographie-cites.cnrs.fr/">laboratoire Géographie-cités</a> avec le soutien de différents partenaires (principalement le <a href="https://www.cnrs.fr/fr/page-daccueil">CNRS</a>, l’<a href="https://agence-cohesion-territoires.gouv.fr/">ANCT</a>, l’<a href="https://www.ined.fr/">Ined</a> et le <a href="https://www.cerema.fr/fr">Cerema</a>), cet outil d’abord centré sur l’Île-de-France, s’est progressivement enrichi de nouvelles villes.</p>
<p>La dernière version mise en ligne en avril 2022 regroupe 49 villes-régions françaises (10 000 communes), six canadiennes et trois latino-américaines. Les données sont issues de grandes enquêtes publiques sur les déplacements quotidiens produites entre 2009 pour les plus anciennes et 2019 pour les plus récentes. Ces <a href="https://www.cerema.fr/fr/activites/mobilites/connaissance-modelisation-evaluation-mobilite/observation-analyse-mobilite/enquetes-mobilite-emc2">enquêtes</a>, représentatives de la population d’une ville et de sa périphérie (dont le périmètre est défini par les collectivités locales en charge de l’enquête), collectent des informations spatiales et temporelles précises sur tous les déplacements réalisés par les personnes enquêtées sur 24 heures un jour de semaine, sur les motifs et les modes de transport de chaque déplacement, ainsi que le lieu de résidence des personnes enquêtées et leurs caractéristiques individuelles telles que le sexe, l’âge, la profession et le niveau d’éducation.</p>
<p>Ces données sont transformées par l’équipe du Mobiliscope pour dénombrer et qualifier les populations présentes (âgées de 16 ans et plus) dans les différents territoires à chaque heure de la journée.</p>
<p>À l’origine du Mobiliscope, un <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0966692316305105">travail de recherche</a> sur l’Île-de-France montre que la ségrégation spatiale des classes sociales est moins forte au cours de la journée que pendant la nuit en raison des déplacements quotidiens et que la concentration spatiale des classes supérieures est – quelle que soit l’heure de la journée – plus élévée que celles des classes populaires.</p>
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<p><a href="https://mobiliscope.cnrs.fr/fr/info/about/publications">D’autres publications</a> ont suivi, incluant dans l’analyse davantage de villes et de caractéristiques, telles que le sexe et l’âge. Il a ainsi été montré que les proportions d’hommes et de femmes dans les territoires sont bien moins équilibrées le jour que la nuit, avec des zones qui deviennent en journée majoritairement féminines et d’autres majoritairement masculines.</p>
<h2>Un outil libre destiné au plus grand nombre</h2>
<p>Le Mobiliscope s’inscrit dans une démarche de science ouverte en s’attachant à respecter les principes FAIR (« Faciles à trouver, Accessibles, Interopérables et Réutilisables »). Les données des populations présentes dans les différents territoires par heure et par catégorie (sexe, groupes d’âge, groupes socioprofessionnels, etc.) sont ainsi proposées au téléchargement sous des formats et licences libres.</p>
<p>Face aux solutions commerciales proposées notamment par les opérateurs de téléphonie, le Mobiliscope constitue ainsi une alternative libre et gratuite permettant d’accéder aux données et aux protocoles d’analyses sur l’attractivité quotidienne des territoires.</p>
<p>Le Mobiliscope s’adresse à un public plus large que la seule communauté des chercheurs. Il peut être un support ludique pour les enseignants afin d’aborder les thèmes de la mobilité, de la ségrégation, des modes de transports ou encore des inégalités. Les acteurs de la ville, de l’aménagement et des mobilités peuvent également utiliser l’outil pour affiner leurs diagnostics territoriaux et pour accompagner la mise en place de politiques publiques adaptées aux temporalités quotidiennes des populations et des territoires.</p>
<h2>Zoom sur trois villes</h2>
<p>Pour donner une idée plus concrète de ce que le Mobiliscope apporte à la compréhension des territoires, arrêtons-nous dans un premier temps à <a href="https://mobiliscope.cnrs.fr/fr/geoviz/santiago?m1=3&m2=1&m3=1&m4=nb&t=12&s=497">Santiago du Chili</a>, une ville connue pour avoir une ségrégation sociale très élevée lorsqu’on analyse les lieux de résidence des différents groupes sociaux. Grâce au Mobiliscope, on observe que la concentration de riches dans le cône nord-est de la ville (une zone favorisée bien connue par les <a href="https://www.scielo.cl/scielo.php?script=sci_arttext&pid=S0250-71612016000300007&lng=en&nrm=iso&tlng=en">travaux sur la ségrégation résidentielle</a>) est plus faible en journée que la nuit. Cette diminution résulte essentiellement de l’arrivée d’autres catégories de population dans le cône nord-est de la ville.</p>
<p>Le secteur de Leones (sélectionné sur la carte ci-dessous) est un bon exemple de ces quartiers aisés où existent de nombreux magasins et établissements scolaires et qui accueillent en journée des populations avec un profil social diversifié. Le graphique en haut à droite montre en effet que ce secteur, occupé quasi exclusivement la nuit par des populations à hauts niveaux de revenus, voit sa population tripler en journée avec l’arrivée de populations avec des niveaux de revenus bien plus diversifiés.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/489760/original/file-20221014-26-pk3e7.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Capture d’écran de la carte centrale du Mobiliscope" src="https://images.theconversation.com/files/489760/original/file-20221014-26-pk3e7.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/489760/original/file-20221014-26-pk3e7.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=302&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/489760/original/file-20221014-26-pk3e7.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=302&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/489760/original/file-20221014-26-pk3e7.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=302&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/489760/original/file-20221014-26-pk3e7.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=379&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/489760/original/file-20221014-26-pk3e7.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=379&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/489760/original/file-20221014-26-pk3e7.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=379&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Le Mobiliscope permet d’observer que la concentration de riches dans le cône nord-est de la ville (une zone favorisée bien connue par les travaux sur la ségrégation résidentielle) est plus faible en journée que la nuit.</span>
<span class="attribution"><span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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<p>Arrêtons-nous à présent sur la ville de <a href="https://mobiliscope.cnrs.fr/fr/geoviz/montreal?m1=1&m2=1&m3=1&m4=flow&t=14&s=101">Montréal</a> au Canada. Sans surprise, le centre-ville s’avère être un secteur très attractif à l’échelle de la région : à 14h plus de 230 000 personnes y sont présentes alors qu’elles n’y résident pas. Au survol de la souris sur ce secteur, apparaît son aire d’attractivité jusque dans les périphéries lointaines, symbolisé par des liens, plus ou moins épais selon les effectifs concernés.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/489761/original/file-20221014-21-syf98c.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Capture d’écran de la carte des principaux lieux de résidence des personnes présentes à 14h dans le centre-ville de Montréal" src="https://images.theconversation.com/files/489761/original/file-20221014-21-syf98c.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/489761/original/file-20221014-21-syf98c.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=302&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/489761/original/file-20221014-21-syf98c.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=302&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/489761/original/file-20221014-21-syf98c.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=302&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/489761/original/file-20221014-21-syf98c.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=379&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/489761/original/file-20221014-21-syf98c.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=379&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/489761/original/file-20221014-21-syf98c.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=379&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Cartographie de principaux lieux de résidence des personnes présentes à 14h dans le centre-ville de Montréal.</span>
<span class="attribution"><span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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<p>L’observation des activités réalisées par les populations présentes dans le centre-ville de Montréal montre que l’activité « travail » est largement majoritaire en journée (et ne s’arrête d’ailleurs pas la nuit) et se trouve dépassée en soirée par l’activité « loisirs ». Ainsi, à 22h, tandis que près d’une personne sur trois présente dans le centre-ville pratique des activités récréatives, près d’une personne sur quatre travaille.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/489763/original/file-20221014-19-97h3sd.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Capture d’écran d’un graphique du Mobiliscope permettant d’observer le volume de la population présente dans le centre-ville de Montréal selon l’activité réalisée" src="https://images.theconversation.com/files/489763/original/file-20221014-19-97h3sd.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/489763/original/file-20221014-19-97h3sd.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=284&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/489763/original/file-20221014-19-97h3sd.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=284&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/489763/original/file-20221014-19-97h3sd.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=284&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/489763/original/file-20221014-19-97h3sd.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=357&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/489763/original/file-20221014-19-97h3sd.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=357&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/489763/original/file-20221014-19-97h3sd.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=357&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Le Mobiliscope permet d’observer le volume de la population présente dans le centre-ville de Montréal selon l’activité réalisée.</span>
<span class="attribution"><span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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<p>Terminons ce survol du Mobiliscope avec la ville de <a href="https://mobiliscope.cnrs.fr/fr/geoviz/toulouse?m1=1&m2=2&m3=2&m4=part&t=16&s=027">Toulouse</a> pour discuter de l’attractivité quotidienne du secteur de La Reynerie situé au sud-ouest de la ville et qui est majoritairement classé comme Quartier prioritaire en politique de la ville (QPV). Alors que le volume de la population présente dans ce secteur demeure un peu près stable tout au long de la journée (entre 10 000 et 12 0000 personnes), on observe un changement dans la composition de la population présente au fil des heures : entre 4h du matin et 16h, la part des personnes présentes avec un niveau de diplôme supérieur au baccalauréat passe de 10 % à 20 % et la part des personnes présentes âgées de 35 à 64 ans augmente de 51 % à 66 %. Ces variations s’expliquent par l’importance des flux quotidiens (40 % de la population présente dans ce secteur à 16h n’y réside pas) et par les différences de profil sociodémographique des populations « entrantes » et « sortantes ».</p>
<p>Ces analyses rendues possibles par le Mobiliscope viennent ainsi mettre en lumière la diversité des <a href="https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-03801117">rythmes quotidiens des quartiers prioritaires</a> et nuancer l’idée selon laquelle les QPV seraient systématiquement des territoires non attractifs dont les populations résidentes seraient captives.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/489766/original/file-20221014-23-q2v0zv.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Capture d’écran du Mobiliscope permettant d’observer la composition sociale et démographique de la population présente au fil des heures dans le quartier de La Reynerie à Toulouse" src="https://images.theconversation.com/files/489766/original/file-20221014-23-q2v0zv.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/489766/original/file-20221014-23-q2v0zv.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=302&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/489766/original/file-20221014-23-q2v0zv.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=302&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/489766/original/file-20221014-23-q2v0zv.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=302&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/489766/original/file-20221014-23-q2v0zv.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=379&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/489766/original/file-20221014-23-q2v0zv.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=379&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/489766/original/file-20221014-23-q2v0zv.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=379&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Le Mobiliscope permet d’observer la composition sociale et démographique de la population présente au fil des heures dans le quartier de La Reynerie à Toulouse.</span>
<span class="attribution"><span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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<h2>Perspectives</h2>
<p>Concluons cette présentation du Mobiliscope par des perspectives. Cet outil libre est ouvert aux propositions et contributions extérieures qui permettraient de continuer à l’enrichir. De nouveaux développements sont ainsi à l’étude avec l’idée d’intégrer des données de déplacements plus récentes et « post-Covid », de donner une plus grande autonomie à l’utilisateur « expert », et enfin de déployer de nouveaux champs de recherche, notamment celui de la transition écologique.</p>
<p>Si cet outil continue à se développer et à éveiller l’intérêt d’utilisateurs de plus en plus nombreux, sa pérennité n’est néanmoins pas garantie : celle-ci est largement dépendante des opportunités de financement (le projet n’a pas de source de financement pérenne) et repose en grande partie sur des personnes en contrat précaire.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/487264/original/file-20220929-18-btga69.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/487264/original/file-20220929-18-btga69.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=292&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/487264/original/file-20220929-18-btga69.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=292&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/487264/original/file-20220929-18-btga69.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=292&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/487264/original/file-20220929-18-btga69.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=367&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/487264/original/file-20220929-18-btga69.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=367&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/487264/original/file-20220929-18-btga69.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=367&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<p><em>Science et Société se nourrissent mutuellement et gagnent à converser. La recherche peut s’appuyer sur la participation des citoyens, améliorer leur quotidien ou bien encore éclairer la décision publique. C’est ce que montrent les articles publiés dans notre série « Science et société, un nouveau dialogue », publiée avec le soutien du <a href="https://www.enseignementsup-recherche.gouv.fr/fr">ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche</a>.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/192204/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Julie Vallée a reçu des financements de divers organismes publics pour ses travaux de recherche.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Guillaume Le Roux a reçu des financements de divers organismes publics pour ses travaux de recherche.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Aurélie Douet et Hadrien Commenges ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur poste universitaire.</span></em></p>Quels sont les quartiers les plus attractifs d’une ville ? Comment évolue leur mixité sociale au cours de la journée ? Un outil en ligne permet de répondre à ces questions.Julie Vallée, Géographe - Directrice de recherche, Centre national de la recherche scientifique (CNRS)Aurélie Douet, Ingénieure d'étude CNRS, Centre national de la recherche scientifique (CNRS)Guillaume Le Roux, Chercheur en géographie et démographie, Institut National d'Études Démographiques (INED)Hadrien Commenges, Maitre de conférences en géographie, Université Paris 1 Panthéon-SorbonneLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1896092022-09-01T17:48:05Z2022-09-01T17:48:05ZZones rurales contre zones urbaines : deux France s’opposent-elles vraiment dans les urnes ?<p>À la suite des élections présidentielle et législatives de 2022, de nombreux commentateurs ont mis en avant le clivage entre les ruraux et les urbains pour rendre compte des résultats du vote. Ce discours médiatique est produit principalement par des commentateurs qui pointent depuis des années, cartes à l’appui, le fossé – croissant – entre le vote des grandes villes et le vote d’une <a href="https://www.cairn.info/la-france-peripherique--9782081347519.htm">« France périphérique »</a>. Il y aurait une <a href="https://www.lepoint.fr/editos-du-point/jerome-fourquet-l-etat-de-la-france-d-apres-05-05-2022-2474389_32.php">opposition politique</a> entre une France des métropoles, multiculturaliste, gagnante de la mondialisation et une France éloignée des grands pôles urbains, perdante de la mondialisation, subissant un déclin industriel et économique.</p>
<p>Mais existe-t-il véritablement deux France opposées sur le plan électoral ? Si tel est le cas, l’origine de cette fragmentation est-elle essentiellement liée au contexte économique local ou à la composition de ces territoires ?</p>
<h2>Dispersion des populations selon les territoires</h2>
<p>Il est vrai que les cartes et les données sur les gradients d’urbanité semblent <a href="https://legrandcontinent.eu/fr/2022/04/13/50-cartes-pour-lire-le-premier-tour-de-la-presidentielle-de-2022/">corroborer cette hypothèse</a>. Cependant, d’autres géographes minimisent au contraire <a href="https://metropolitiques.eu/Apres-les-elections-geographies-plurielles-d-une-France-en-desequilibre.html">l’effet prédictif de cette opposition géographique</a>. Pour eux, derrière les espaces de vie, se cacherait une réalité sociale plus complexe de nature à impacter le vote.</p>
<p>En effet, certains politistes et géographes mettent en avant depuis des années le rôle de la <a href="https://www.cairn.info/revue-francaise-de-science-politique-2017-6-page-1041.htm">composition sociodémographique à un niveau très local</a> pour rendre compte du vote.</p>
<p>La variation du vote en fonction du lieu de vie lors des derniers scrutins serait d’abord le résultat d’une dispersion de <a href="https://blogs.univ-poitiers.fr/o-bouba-olga/tag/gradient-durbanite/">populations dotées de certaines caractéristiques</a> comme l’appartenance à une catégorie socioprofessionnelle, l’âge, le niveau de diplôme ou le revenu. Le lieu de vie ne serait alors que l’arbre qui cache la forêt.</p>
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<h2>Une nouvelle classification des communes</h2>
<p>Pour contribuer à cette discussion, nous utilisons une <a href="https://www.insee.fr/fr/statistiques/5039991?sommaire=5040030">nouvelle typologie de l’Insee</a> (2020) qui répartit les communes en six territoires.</p>
<p>Elle distingue les communes rurales – soit 33 % de la population – en quatre catégories suivant leur densité et leur dépendance à un pôle d’emploi correspondant à une aire de plus de 50 000 habitants. Celle-ci est mesurée par les trajets domicile-emploi. Deux catégories du rural correspondent à la péri-urbanité (dépendant d’un pôle d’emploi) et deux à la ruralité <a href="https://www.insee.fr/fr/statistiques/5039991?sommaire=5040030">(autonome)</a>.</p>
<p>Par exemple, en région parisienne, dans le département des Yvelines, Versailles est classée comme de l’« urbain dense », Rambouillet comme de « l’urbain intermédiaire », Montfort l’Amaury comme du « rural sous forte influence d’un pôle » (donc du péri-urbain), et il faut aller plus à l’Ouest, dans l’Eure-et-Loir pour trouver des communes rurales sous faible influence d’un pôle ou autonomes.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/les-mots-de-la-science-r-comme-ruralite-159848">« Les mots de la science » : R comme ruralité</a>
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<h2>Deux espaces de compétition électorale</h2>
<p>En croisant cette typologie avec le score des principaux candidats au premier tour de l’élection présidentielle obtenu au niveau des communes, nous constatons qu’il existe deux espaces de compétition électorale distincts en France : celui des communes à dominante urbaine et les autres – rurales et péri-urbaines (cf. figure 1).</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/481812/original/file-20220830-33445-95ihm2.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Score des principaux candidats au premier tour de l’élection présidentielle par zone de résidence (moyenne de l’ensemble des communes par catégorie)" src="https://images.theconversation.com/files/481812/original/file-20220830-33445-95ihm2.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/481812/original/file-20220830-33445-95ihm2.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=328&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/481812/original/file-20220830-33445-95ihm2.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=328&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/481812/original/file-20220830-33445-95ihm2.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=328&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/481812/original/file-20220830-33445-95ihm2.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=412&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/481812/original/file-20220830-33445-95ihm2.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=412&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/481812/original/file-20220830-33445-95ihm2.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=412&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Figure 1 – Score des principaux candidats au premier tour de l’élection présidentielle par zone de résidence (moyenne de l’ensemble des communes par catégorie).</span>
<span class="attribution"><span class="source">Ministère de l’Intérieur, Élection présidentielle des 10 et 24 avril 2022 -- Résultats définitifs du 1ᵉʳ tour ; ANCT, Observatoire des territoires, Catégories du rural et de l’urbain(https://www.observatoire-des-territoires.gouv.fr/categories-du-rural-</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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<p>Dans les grandes villes et leur proche couronne, la compétition s’est jouée entre Emmanuel Macron – qui y a fait ses meilleurs scores – et Jean-Luc Mélenchon. On retrouve Marine Le Pen loin derrière les deux premiers candidats dans ces territoires. La compétition prend une autre forme dans la péri-urbanité et la ruralité puisque le premier tour s’est joué, quant à lui, entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen.</p>
<p>Le Président sortant a récolté moins de suffrages à l’extérieur des communes denses, tout en se maintenant à un niveau relativement élevé, mais plus faible que celui de sa rivale. La candidate du RN a obtenu ses meilleurs scores dans les communes rurales sous faible influence d’un pôle urbain. Jean-Luc Mélenchon, quant à lui, a vu son score baisser drastiquement de 10 points de pourcentage hors des communes urbaines denses.</p>
<p>Ce fossé électoral entre l’urbain dense – dans lequel résident 37,9 % des Français – et le reste des espaces est souvent expliqué par des variables socio-économiques.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/le-vote-metropolitain-et-ses-fractures-lexemple-de-montpellier-181188">Le vote métropolitain et ses fractures : l’exemple de Montpellier</a>
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<h2>Un déclassement social et économique ?</h2>
<p>Selon plusieurs hypothèses, certains territoires auraient été <a href="https://www.cairn.info/la-france-peripherique--9782081347519.htm">délaissés</a> par les pouvoirs publics et les investisseurs privés qui leur préféreraient les « villes-monde ». Derrière ce que l’on présente parfois comme le <a href="https://www.revuepouvoirslocaux.fr/fr/article/periurbain-le-choix-n-est-pas-neutre-617">choix individuel</a> d’habiter dans la péri-urbanité, se cacherait en réalité un double déclassement social et culturel : ces habitants résideraient dans les espaces péri-urbains en raison de la contrainte économique imposée par l’augmentation du coût des loyers dans les métropoles et par une <a href="https://www.cairn.info/la-france-peripherique--9782081347519.htm">stratégie d’évitement</a> de certaines populations issues de l’immigration. Tout ceci générerait un mécontentement social qui se traduirait dans les urnes avec une plus grande propension à voter pour des partis protestataires.</p>
<p>La limite de ces explications a été cependant mise en évidence par l’économiste <a href="https://livre.fnac.com/a15606204/Laurent-Davezies-L-%C3%89tat-a-toujours-soutenu-ses-territoires">Laurent Davezies en 2021</a>. Selon lui, la France, un état centralisé, investit massivement dans ses territoires et assure une solidarité fonctionnelle. Les métropoles contribuent plus au budget de l’état qu’elles ne reçoivent et inversement les territoires ruraux sont des nets bénéficiaires de l’argent public.</p>
<p>Bien que la mondialisation, puis la crise économique de 2008, aient <a href="https://journals.openedition.org/lectures/14875">affecté de manière disproportionnée</a> les territoires loin des grandes agglomérations, il nous semble ainsi exagéré de parler d’« abandon » ou de prendre quelques cas de délocalisations d’entreprises pour généraliser une opposition binaire entre une France heureuse et une France malheureuse.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/france-peripherique-abstention-et-vote-rn-une-analyse-geographique-pour-depasser-les-idees-recues-175768">« France périphérique », abstention et vote RN : une analyse géographique pour dépasser les idées reçues</a>
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<h2>Pas de gouffre territorial sur le plan économique</h2>
<p>La lecture de données économiques et sociales par catégories d’habitation nous invite aussi à être dubitatifs face à la thèse opposant deux France (cf. tableau 1 ci-dessous).</p>
<p>En effet, on constate que c’est dans les grandes villes (urbain dense) que le niveau du revenu médian est le plus élevé, mais qu’il ne diffère pas de manière importante des communes des espaces péri-urbains. Néanmoins, il existe un écart relativement important entre les espaces ruraux éloignés des grands pôles urbains et celui de l’urbain dense – 3000 euros par an.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/482067/original/file-20220831-4982-9t9z6y.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Indicateurs socio-économiques par catégorie d’habitation (moyenne par commune)" src="https://images.theconversation.com/files/482067/original/file-20220831-4982-9t9z6y.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/482067/original/file-20220831-4982-9t9z6y.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=208&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/482067/original/file-20220831-4982-9t9z6y.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=208&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/482067/original/file-20220831-4982-9t9z6y.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=208&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/482067/original/file-20220831-4982-9t9z6y.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=261&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/482067/original/file-20220831-4982-9t9z6y.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=261&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/482067/original/file-20220831-4982-9t9z6y.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=261&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Tableau 1 – Indicateurs socio-économiques par catégorie d’urbanisation (moyenne par commune).</span>
<span class="attribution"><span class="source">Insee, Statistiques locales -- Indicateurs : cartes, données et graphiques et ANCT, L’Observatoire des Territoires (observatoire-des-territoires.gouv.fr). Données téléchargées le 10/08/2022</span></span>
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<p>De même, le taux de chômage est plus élevé dans les espaces urbains que péri-urbains ou ruraux. Le taux d’emploi précaire est le plus faible dans la péri-urbanité, le plus élevé dans les zones rurales autonomes, mais l’écart avec les villes n’est pas immense (deux à trois points de pourcentage). Il y a un certain écart dans le niveau de création d’entreprises, mais là encore, pas de gouffre territorial. La part des familles monoparentales, indicateur parfois utilisé pour <a href="https://www.jean-jaures.org/publication/le-puzzle-francais-un-nouveau-partage-politique/">mesurer l’exclusion sociale</a>, est plus importante dans les grandes villes par rapport aux communes rurales. Enfin, le nombre d’allocataires du RSA est plus élevé dans les grandes villes que dans les communes péri-urbaines ou rurales, sauf dans les communes peu denses et éloignées des pôles d’emploi.</p>
<p>La fracture territoriale qu’on observait dans les urnes ne semble pas se retrouver sur le plan économique et social, à la lecture des données ci-dessus. De manière générale, ce ne sont pas les espaces où le RN a fait son meilleur score (péri-urbanité) que la situation économique et sociale est la plus dégradée (cf. tableau 1 ci-dessus).</p>
<p>Par exemple, dans le département du Nord, Marine Le Pen obtient de bien meilleurs scores dans les zones péri-urbaines (37 % dans le rural sous faible influence d’un pôle) où le revenu médian est plus élevé et le chômage plus faible que dans les grandes villes du département (22 100 euros vs 20 800). En effet, son score est plus faible dans les grandes villes du département comme Lille (12 %), Dunkerque (30 %), Douai (28 %) ou Valenciennes (25 %).</p>
<h2>Rester prudent face aux discours ambiants</h2>
<p>La présentation de ce faisceau d’indicateurs nous invite donc à considérer avec prudence les discours opposant une France bien lotie des villes d’un côté, et une France abandonnée des campagnes et de la péri-urbanité de l’autre. Un sondage pilote réalisé dans le cadre du projet dont nous faisons partie, <a href="https://www.norface.net/project/rude/">« Rural Urban Divide in Europe »</a> (RUDE), indique également que les ruraux et les péri-urbains sont plus satisfaits de leur lieu de vie que les urbains (87 % des ruraux sont d’accord avec l’affirmation « mon lieu de vie me rend heureux » contre 72 % des urbains).</p>
<p>Alors, si l’écart dans l’attitude électorale des citoyens issus d’espaces géographiques divers ne se fonde pas principalement sur le contexte économique et social, d’où pourrait-il provenir ?</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/coq-maurice-et-autres-bruits-de-la-campagne-une-vision-fantasmee-de-la-ruralite-127241">Coq Maurice et autres « bruits de la campagne », une vision fantasmée de la ruralité</a>
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<h2>Une politique du ressentiment</h2>
<p>Il nous semble que la <a href="https://hal-sciencespo.archives-ouvertes.fr/hal-03393105">crise des « gilets jaunes »</a> dont les premières manifestations étaient concentrées dans la France du péri-urbain et des villes moyennes, a mis en lumière au sein de cette population le sentiment d’être laissée pour compte et loin des prises de décision.</p>
<p>Un sondage pilote sur un échantillon restreint mené dans le cadre du projet « RUDE » nous invite à développer cette hypothèse (<em>cf. Figure 2</em>).</p>
<p>Même s’il n’y a pas d’écarts socio-démographiques flagrants entre les villes d’un côté, et les communes péri-urbaines et rurales de l’autre, en termes de niveau de vie, il y a un écart de perception au niveau du ressentiment de ces populations vis-à-vis des urbains. Dans la lignée des <a href="https://press.uchicago.edu/ucp/books/book/chicago/P/bo22879533.html">travaux pionniers de Katherine Cramer</a> sur la polarisation entre les électeurs ruraux et urbains du Wisconsin, on pourrait parler dans le cas français ce qu’elle décrit comme une « politique du ressentiment ».</p>
<p>Celle-ci prend quatre formes : la conscience d’appartenir à un lieu de vie spécifique et distinct des autres, le sentiment d’être moins bien doté en ressources publiques que les autres, d’avoir moins d’attention de la part des décideurs politiques, et de ressentir que son mode de vie n’est pas respecté par les élites urbaines. Le second graphique présente l’opinion des répondants à un sondage pilote en fonction de leur auto-identification à un lieu de vie.</p>
<p>Les réponses font apparaître, chez les personnes issues des zones rurales, un plus grand sentiment d’appartenance à leur zone géographique : sept ruraux sur dix déclarent avoir des valeurs similaires aux autres ruraux, seulement cinq sur dix pour les urbains. Les trois quarts des ruraux considèrent que les enjeux qui touchent leur lieu d’habitation sont ignorés par les responsables politiques, soit moitié plus que les urbains. L’écart est encore plus prononcé sur la question des ressources publiques : 84 % des ruraux considèrent qu’ils sont les derniers à profiter des dépenses publiques contre 31 % des urbains. Enfin, il existe un fort sentiment chez les ruraux que leur mode de vie n’est pas respecté par les urbains. La réciproque n’est pas vraie, seul un quart des urbains ont le sentiment que les ruraux ne respectent pas les spécificités liées à leur mode de vie.</p>
<h2>Prendre en compte la perception des individus</h2>
<p>Cette brève analyse de données descriptives ne clôt aucunement le débat sur le lien entre les lieux de vie et le vote et ne fournit pas une « preuve » que la composition socio-économique des territoires n’influe aucunement le comportement politique des électeurs à un niveau plus localisé. Elle invite à prendre en considération d’autres pistes d’explication. Elle montre l’utilité, en complément des cartes, de recourir aux données mises à disposition par l’Insee au niveau des communes, mais également à des enquêtes d’opinion prenant en compte l’appartenance objective et subjective à un lieu, pour comprendre les dynamiques électorales.</p>
<p>Surtout, elle nous invite également à prendre au sérieux le clivage entre l’urbanité d’un côté et la ruralité et la péri-urbanité de l’autre en y intégrant une dimension éminemment subjective : la perception que les individus ont de leurs intérêts et de leur situation locale par rapport à celle des autres.</p>
<p>La mise en évidence de ce clivage dans les représentations peut non seulement constituer une variable explicative du comportement électoral, mais potentiellement une source d’explication de la crise de la confiance dans la démocratie libérale que l’on observe depuis maintenant des années.</p>
<hr>
<p><em>Marion Mattos, Étudiante en Master « Progis », Sciences Po Grenoble, Université Grenoble Alpes, a contribué de manière significative à cet article.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/189609/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Kevin Brookes a reçu des financements de l'ANR "The rural-urban divide in Europe – RUDE" coordonnée par l'agence européenne NORFACE. </span></em></p>L’origine de la fragmentation du vote est-elle essentiellement liée au contexte économique local ou à la composition de ces territoires ?Kevin Brookes, Post-doctorant à Sciences Po Grenoble - Laboratoire PACTE, Université Grenoble Alpes (UGA)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1514242020-12-29T21:44:50Z2020-12-29T21:44:50Z« À qui appartient la ville ? » : un débat à revoir en ligne<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/375457/original/file-20201216-17-1ozmysk.png?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C0%2C1280%2C720&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption"></span> </figcaption></figure><p>Pour ses cinq ans, The Conversation a programmé cinq événements-débats entre septembre et novembre 2020.</p>
<p>Après une première <a href="https://youtu.be/DoD0VGQS3oM">table ronde consacrée aux transformations de l’école et aux évolutions de l’enseignement</a>, le 24 septembre dernier à Ground Control, c’est à Grenoble que notre équipe s’est déplacée.</p>
<figure class="align-droite ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/372877/original/file-20201203-19-1x7q2qa.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/372877/original/file-20201203-19-1x7q2qa.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/372877/original/file-20201203-19-1x7q2qa.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/372877/original/file-20201203-19-1x7q2qa.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/372877/original/file-20201203-19-1x7q2qa.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/372877/original/file-20201203-19-1x7q2qa.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/372877/original/file-20201203-19-1x7q2qa.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Clea Chakraverty, journaliste cheffe de rubrique Politique + Société et Françoise Marmouyet, coordinatrice éditoriale, interrogent nos expertes.</span>
<span class="attribution"><span class="license">Author provided</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>La table ronde « À qui appartient la ville ? » a réuni, dans l’amphithéâtre Louis Weil :</p>
<ul>
<li><p><a href="https://theconversation.com/profiles/magali-talandier-904457">Magali Talandier</a>, Professeure des universités en études urbaines, Université Grenoble Alpes (UGA)</p></li>
<li><p>et <a href="https://theconversation.com/profiles/isabelle-patroix-232478">Isabelle Patroix</a>, Docteur en littérature, Playground Manager, Grenoble École de Management (GEM).</p></li>
</ul>
<p>Une ville s’arpente, se découvre, c’est le lieu d’émancipation des jeunes, lieu de luttes sociales et politiques aussi. Cet espace multiple présente pour beaucoup des aspects ludiques mais aussi terriblement inégalitaires : accès aux espaces publics, aux espaces verts, aux zones de commerces, de transports et de repos. Autant de contrastes soulignés par la crise sanitaire et le confinement qui, selon certains, auraient d’autant plus accéléré les écarts entre villes et campagnes.</p>
<p>Magalie Talandier évoque ces oppositions et les déconstruit, en rappelant le poids politique des villes, Isabelle Patroix rappelle comment le jeu peut permettre de se réapproprier la ville.</p>
<figure>
<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/fcXoikdLZXY?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Replay de la table ronde « À qui appartient la ville ? » organisée le 8 octobre dernière à Grenoble, dans le cadre du cinquième anniversaire de The Conversation France.</span></figcaption>
</figure><img src="https://counter.theconversation.com/content/151424/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
Retour sur la table ronde organisée le 8 octobre 2020 à l’occasion des cinq ans de The Conversation, avec Magali Talandier et Isabelle Patroix.Fabrice Rousselot, Directeur de la rédaction, The Conversation FranceClea Chakraverty, Cheffe de rubrique Politique + Société, The Conversation FranceLou Biasutto, EditorFrançoise Marmouyet, Coordinatrice éditoriale, The Conversation FranceLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1481952020-10-29T20:24:09Z2020-10-29T20:24:09ZRepose et paie ! Comment comprendre les écarts entre les prix des concessions dans les cimetières français ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/363683/original/file-20201015-21-1hsttln.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C0%2C4608%2C3062&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Le cimetière du Père-Lachaise, le plus visité de la ville de Paris.
</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/jmenj/9339245830">Jeanne Menjoulet / Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><p>Le cimetière constitue un objet essentiel à l’urbanité, en témoigne sa permanence historique et son emprise foncière communale (0,5 % du territoire communal en moyenne). Son étude reste pourtant embryonnaire et cette absence d’intérêt devient préoccupante.</p>
<p>D’une part, les structures démographiques vieillissantes des pays européens renforcent la demande potentielle de concessions funéraires même en tenant compte de l’évolution des pratiques d’incinération. D’autre part, l’encadrement légal de la création et du renouvellement des cimetières, notamment lorsque des concessions perpétuelles sont en cours, génère de fortes contraintes sur l’offre de concessions.</p>
<p>La presse alerte depuis longtemps (<a href="https://www.lemonde.fr/societe/article/2018/10/02/paris-explosion-des-prix-des-concessions-dans-les-cimetieres_5363340_3224.html">Le Monde</a> en 2018, ; <a href="https://www.sudouest.fr/2011/10/11/de-nouveaux-tarifs-pour-les-concessions-523397-4396.php">Sud-Ouest</a> et la <a href="http://www.afif.asso.fr/francais/presse/2011/Afif.pdf">Voix du Nord</a> en 2011, etc.) sur la croissance moyenne des tarifs et leurs écarts grandissants entre les villes sans pour autant proposer une mesure nationale de ces disparités et en expliquer les origines.</p>
<p>La France offre pourtant une information publique des tarifs communaux des concessions permettant une étude plus approfondie. Il est donc temps d’aborder ce sujet économique à la fois anxiogène et complexe.</p>
<h2>Diversité de l’offre foncière funéraire</h2>
<p><a href="https://recherche.inseec.com/app/uploads/2019/10/urban-stud-2016-faye-0042098016655036.pdf">Notre étude</a>, d’abord qualitative auprès de directeurs de cimetières de grandes métropoles (Le Havre, Lille et Bordeaux) puis quantitative avec l’analyse de 4 520 tarifs dans les 185 cimetières des 42 plus grandes villes françaises, permet de mieux comprendre les écarts de 1 à 50 qui peuvent être constatés (cf. figure 1 ci-dessous), ainsi que les logiques complexes des tarifications proposées et les grands enjeux pour l’avenir.</p>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/363670/original/file-20201015-15-1i8olma.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/363670/original/file-20201015-15-1i8olma.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/363670/original/file-20201015-15-1i8olma.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=607&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/363670/original/file-20201015-15-1i8olma.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=607&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/363670/original/file-20201015-15-1i8olma.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=607&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/363670/original/file-20201015-15-1i8olma.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=763&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/363670/original/file-20201015-15-1i8olma.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=763&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/363670/original/file-20201015-15-1i8olma.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=763&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Figure 1 : Prix annuel en euros d’une concession de 2m² pour 30 ans (*ou métrage le plus proche de 2m², **ou durée la plus proche de 30 ans).</span>
<span class="attribution"><span class="source">Faye, Channac, 2016</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Cette complexité tient à la superposition des modes de tarification et de gestion des concessions funéraires. Notons préalablement que l’offre foncière funéraire bien que publique s’inscrit à la fois dans les domaines marchand et non marchand.</p>
<p>En effet, si une partie des cimetières (terrain commun) est obligatoirement consacrée à des emplacements de sépultures gratuits offerts aux indigents pour une durée minimale de cinq ans, une surface de plus en plus étendue (terrain concédé) fait l’objet d’une concession (contrat d’occupation du domaine public).</p>
<p>Le périmètre de cette étude se limite à ces concessions (hors columbarium). Dans ce segment, une première diversité des tarifs s’observe à l’intérieur même de chaque cimetière selon les caractéristiques des concessions (durée, surface, emplacement ou accessibilité).</p>
<p>Si une standardisation des caractéristiques s’impose autour de 30 ans de durée et une surface de 2m<sup>2</sup>, l’accessibilité restant définie par zonage en fonction de la distance de l’entrée principale, de nombreux cimetières continuent à offrir des produits non standards (concession perpétuelle, à 10, 20, 25 ans, surface de moins de 2m<sup>2</sup> à 4m<sup>2</sup>).</p>
<p>Une deuxième diversité tient à celle des cimetières. Les cimetières ont été créés à différentes périodes du développement urbain et de fait présentent des caractéristiques différentes.</p>
<h2>Différents types de cimetières</h2>
<p>Dans le modèle médiéval, le cimetière est attenant à l’Église, patrimonial et religieux (type 1), certains sont encore présents. À la fin du XVIII<sup>e</sup>, leur densité posant des problèmes sanitaires, de larges espaces sont réservés en marge des villes qui, au gré de la croissance urbaine, deviennent rapidement des cimetières intra-urbains au XIX<sup>e</sup>.</p>
<p>Certains sont aujourd’hui restés des cimetières de quartier (type 2), mais d’autres ont pu s’étendre pour devenir cimetières de ville (type 3), voire cimetière principal (type 4).</p>
<p>Au début du XX<sup>e</sup>, la saturation des cimetières intra-urbains et les effets de la Première Guerre mondiale conduisent à la formation de cimetières suburbains (type 5) généralement sur des terrains peu coûteux près des voies de chemin de fer, des zones industrielles, des grandes routes.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/363696/original/file-20201015-15-1fgsjbl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/363696/original/file-20201015-15-1fgsjbl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/363696/original/file-20201015-15-1fgsjbl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/363696/original/file-20201015-15-1fgsjbl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/363696/original/file-20201015-15-1fgsjbl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/363696/original/file-20201015-15-1fgsjbl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/363696/original/file-20201015-15-1fgsjbl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">À Ville-di-Pietrabugno en Corse, le cimetière est attenant à l’église Sainte-Lucie (type 1) comme à l’époque médiévale.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Ville-di-Pietrabugno-Ste_Lucie_et_cimeti%C3%A8re.jpg">Wikimedia</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>L’étalement urbain de la seconde moitié du XX<sup>e</sup> siècle conduit à l’entrée des cimetières des villages périurbains dans le tissu urbain (type 6) voire à la création de cimetières périurbains nouveaux (type 7).</p>
<p>Enfin apparaissent les cimetières métropolitains paysagers (type 8), intercommunalité oblige, avec de larges espaces agricoles comme possibles extensions.</p>
<p>Certaines villes possèdent l’ensemble des types, d’autres quelques-uns seulement. La ville de Limoges par exemple est dotée d’un seul cimetière principal (type 4) en faisant mécaniquement un des plus grands de France.</p>
<p>Une situation assez similaire à celle de Dijon. À l’inverse Reims ou Toulouse présentent une grande diversité de types. Globalement, la représentativité des types décroît du plus représenté (type 2) au moins représenté (type 8) à l’exception du type 7 dont le nombre est très réduit.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/363700/original/file-20201015-15-xcceht.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/363700/original/file-20201015-15-xcceht.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=454&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/363700/original/file-20201015-15-xcceht.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=454&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/363700/original/file-20201015-15-xcceht.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=454&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/363700/original/file-20201015-15-xcceht.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=571&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/363700/original/file-20201015-15-xcceht.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=571&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/363700/original/file-20201015-15-xcceht.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=571&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Le cimetière de Louyat à Limoges, seul de la ville (type 4), est l’un des plus grands de France.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://commons.wikimedia.org/wiki/Category:Cimeti%C3%A8re_de_Louyat#/media/File:Cimeti%C3%A8re_de_Louyat.jpg">Wikimedia</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Leurs caractéristiques de centralité urbaine, de végétalisation, de taille sont très différentes et conduisent aussi à des coûts de gestion très différents.</p>
<h2>Contraintes de tarification</h2>
<p>En dernier lieu, les décisions tarifaires prises par les collectivités subissent les contraintes propres à chaque ville (démographiques, foncières, financières…).</p>
<p>Les tarifications actuellement à l’œuvre sont donc le résultat d’une hétérogénéité imbriquée des situations (type de concession dans un cimetière, type de cimetière, type de ville) impliquant un grand nombre de variables explicatives.</p>
<p>Notre contribution évalue l’impact de chacun des éléments précédents informant les acteurs publics sur les composantes des tarifications dans une activité où l’information circule peu.</p>
<p>Pour chacun des 4 520 tarifs de concessions funéraires sur la période 2010-2014 (pour laquelle les données sont toutes accessibles), nous mesurons l’influence sur le prix (approche hédonique) de chaque caractéristique des concessions, cimetières et villes.</p>
<p>Globalement, les mécanismes de tarification des concessions funéraires sont étonnamment proches de ceux des logements des vivants.</p>
<p>Nous observons une influence des caractéristiques des cimetières proche de celle qu’exerce le quartier avec une influence négative de la superficie (traduisant sa centralité) et une influence positive de la végétalisation.</p>
<p>L’influence des caractéristiques des concessions est proche de celle des logements : effet positif de l’accessibilité et de la durée contractuelle, effet négatif de la surface sur les prix annuels au m<sup>2</sup>. L’influence des caractéristiques urbaines enfin, avec un fort impact de la demande potentielle (poids des tranches d’âge les plus âgées dans la population et de leur pouvoir d’achat).</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/363669/original/file-20201015-19-1poqrt8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/363669/original/file-20201015-19-1poqrt8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=213&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/363669/original/file-20201015-19-1poqrt8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=213&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/363669/original/file-20201015-19-1poqrt8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=213&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/363669/original/file-20201015-19-1poqrt8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=267&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/363669/original/file-20201015-19-1poqrt8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=267&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/363669/original/file-20201015-19-1poqrt8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=267&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Figure 2 : Ratio entre la surface totale des cimetières et la surface totale de la ville modérée par la densité d’habitants.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Auteurs</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Notons aussi l’effet positif de l’endettement des villes et des valeurs foncières, qui compte tenu des contraintes légales d’extension des cimetières, du vieillissement des populations et de la paupérisation d’une part d’entre elles nécessitant plus de terrains communs, laisse entrevoir une croissance forte des prix des concessions dans l’avenir.</p>
<p>Le graphe ci-dessus mesurant le ratio entre la surface totale des cimetières et la surface totale de la ville modérée par la densité d’habitants, laisse entrevoir les villes dans lesquelles les situations sont les plus tendues et où les prix sont les plus à même de croître rapidement.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/148195/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Benoît Faye ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Les mécanismes de fixation des prix, qui peuvent être 50 fois plus élevés d’un lieu à l’autre, demeurent extrêmement complexes – et étonnamment proches de ceux des logements des vivants.Benoît Faye, Professeur associé Inseec Business School, Chercheur associé LAREFI Université de Bordeaux Economiste des marchés du vin, de l'art contemporain et Economiste urbain, INSEEC Grande ÉcoleLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1392712020-05-28T15:58:34Z2020-05-28T15:58:34ZChalet : y aller ou pas ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/338307/original/file-20200528-51467-7uv4qh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Scène d'un lac des Laurentides. Les propriétaires de chalet et les villégiatures veulent profiter de la nature cet été, mais les résidents des zones touristiques craignent les risques de propagation de la Covid-19.</span> <span class="attribution"><span class="source">Shutterstock</span></span></figcaption></figure><p>De nombreux Canadiens aiment passer leurs fins de semaine estivales, voire toutes leurs vacances, dans un chalet. Mais cette année, la pandémie de Covid-19 <a href="https://www.buzzfeednews.com/article/annehelenpetersen/coronavirus-covid-cities-second-homes-rural-small-towns">accentue le clivage entre les zones rurales et urbaines</a>. D’ailleurs, le <a href="https://www.ledevoir.com/politique/canada/576974/coronavirus-mise-a-jour-ottawa-14-avril">premier ministre Justin Trudeau</a>, a fait l’objet de critiques parce qu’il s’est rendu dans sa maison de campagne.</p>
<p>Les propriétaires de chalet ne sont pas tous des dirigeants politiques. Ils sont beaucoup à considérer qu’ils devraient pouvoir visiter leur demeure saisonnière, et certains menacent de <a href="https://www.thestar.com/news/gta/2020/04/14/how-about-we-stop-paying-taxes-peterborough-dealing-with-cottagers-who-want-to-use-lakeside-retreats-during-pandemic.html">ne pas payer leurs impôts fonciers</a> s’ils ne peuvent s’y rendre.</p>
<p>D’un autre côté, les <a href="https://ruralroutespodcasts.com/?p=2274">résidents des municipalités rurales</a> craignent que l’arrivée des estivants augmente les risques d’une deuxième vague qui pourrait surcharger un <a href="https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1698544/bas-saint-laurent-cote-nord-gaspesie-iles-frontieres-deconfinement-18-mai">système de santé dont les ressources sont limitées</a>.</p>
<p>La <a href="https://laws-lois.justice.gc.ca/fra/Const/page-15.html">Charte canadienne des droits et libertés</a> garantit la liberté de circulation. Mais ce droit se heurte aux mesures temporaires prises dans l’esprit collectiviste des <a href="https://laws-lois.justice.gc.ca/fra/Const/page-15.html">ordonnances de santé publique</a>. La pandémie de coronavirus a aggravé les tensions engendrées par la négociation entre le « droit des ruraux » et la tendance vers une <a href="https://www.nbcnews.com/pop-culture/pop-culture-news/some-celebrities-are-quarantining-rural-areas-where-medical-infrastructure-severely-n1181076">« gentrification exacerbée par les catastrophes »</a> qui découle de <a href="https://www.businessinsider.com/pandemic-urban-flight-people-leaving-silicon-valley-coronavirus-2020-5">l’exode urbain</a>.</p>
<h2>L’action individuelle et son impact sur la collectivité</h2>
<p>En 1968, le sociologue français Henri Lefebvre a proposé pour la première fois le <a href="https://www.ledevoir.com/societe/transports-urbanisme/563712/r-evolution-le-droit-a-la-ville-pour-se-reapproprier-l-espace-urbain">« droit à la ville »</a>. Il s’agissait d’une invitation à se réapproprier la vie urbaine en plaçant les gens au cœur des décisions civiques et en privilégiant les expériences collectives aux intérêts individuels. Cela a inspiré des <a href="http://www.citego.org/bdf_fiche-document-1098_fr.html">mouvements civiques dans le monde entier</a> ainsi que des réflexions comme <a href="https://www.oii.ox.ac.uk/blog/our-digital-rights-to-the-city-downloadorder/">celle sur les droits numériques</a>.</p>
<p>En s’appuyant sur ce concept, les sociologues <a href="https://americanstudies.yale.edu/people/laura-barraclough">Laura Barraclough</a> et <a href="https://www.dal.ca/faculty/arts/sociology-social-anthropology/faculty-staff/our-faculty/karen-foster.html">Karen Foster</a> cherchent à savoir s’il existe aussi un <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/abs/10.1111/anti.12040">« droit à la campagne »</a> ou un <a href="http://semaphore.uqar.ca/id/eprint/1116/">« droit à la ruralité »</a>. Dans le conflit des chalets, nous nous retrouvons sans manuel d’instructions pour nous aider à répondre à des questions complexes comme « qui a droit à la ruralité » – et qui peut en décider ?</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/338311/original/file-20200528-51449-w069gz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/338311/original/file-20200528-51449-w069gz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=209&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/338311/original/file-20200528-51449-w069gz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=209&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/338311/original/file-20200528-51449-w069gz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=209&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/338311/original/file-20200528-51449-w069gz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=262&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/338311/original/file-20200528-51449-w069gz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=262&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/338311/original/file-20200528-51449-w069gz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=262&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">La ville de Saint-Sauveur, dans les Laurentides, est envahie de touristes les week-ends et durant l’été. Ils font vivre bien des commerces locaux, mais sont craints en temps de pandémie.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Shutterstock</span></span>
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<p>Les propriétaires de chalet ne sont pas des étrangers : ils paient des impôts fonciers, soutiennent les entreprises locales et certains ont des liens avec leur collectivité saisonnière qui remontent à plusieurs générations. Et si l’on demande aux propriétaires de chalets de rester à l’écart, cela engendre des coûts socio-économiques immédiats et à long terme pour de nombreuses collectivités rurales : si les gens doivent demeurer en ville, leur argent y reste aussi et ils pourraient remettre en question leur investissement dans une propriété saisonnière. Cela risque de créer un cercle vicieux de désinvestissement privé qui aggravera le <a href="https://ccednet-rcdec.ca/fr/outil/etat-canada-rural-2015">sous-investissement chronique dans les collectivités rurales</a>.</p>
<p>Les habitants des zones rurales sont toutefois <a href="http://crrf.ca/wp-content/uploads/2020/05/CRRFruralinsights-SurveyReport.pdf">préoccupés</a> par les risques de propagation du virus dans des écosystèmes délicats. Les soins de santé en milieu rural <a href="https://www.cbc.ca/news/canada/ottawa/perth-ventilator-covid-19-1.5501891">sont souvent restreints</a> et les experts continuent d’exhorter les gens à <a href="https://www.ledevoir.com/politique/quebec/579325/qu-est-ce-qui-est-interdit-ou-pas-a-la-suite-du-deconfinement">limiter les déplacements non essentiels</a> et <a href="https://www.facebook.com/watch/?v=174573587203755">à rester chez eux</a>.</p>
<p>Les <a href="https://ici.radio-canada.ca/espaces-autochtones/1695598/autochtones-pandemie-covid-gestion-confinement">Premières Nations</a> qui <a href="https://www.simcoe.com/news-story/9924717-beausoleil-first-nation-will-deny-cottagers-entry-to-territory-during-covid-19-pandemic-opp/">louent des terres</a> à des propriétaires de chalets <a href="https://saugeentimes.com/son-blocks-access-to-reserve-properties/">ont fermé leurs frontières</a>. Au Québec, les <a href="https://www.journaldemontreal.com/2020/05/20/des-mohawks-de-kanesatake-bloquent-lacces-au-parc-national-doka">Mohawks ont bloqué l’accès au parc d’Oka</a>, pourtant ouvert par la SEPAQ, craignant que les visiteurs de l’extérieur n’apportent avec eux la Covid-19.</p>
<p>Les <a href="https://www.thestar.com/news/ontario/2020/04/09/its-simply-not-safe-peterborough-locals-say-cottagers-are-putting-added-covid-19-strain-on-rural-areas.html">épiceries</a> et les services essentiels des régions rurales ont du mal à s’adapter aussi bien que leurs homologues urbains à la récente fragilisation des chaînes d’approvisionnement.</p>
<p>On a tendance, dans nos échanges, <a href="https://www.theglobeandmail.com/canada/article-urbanites-run-for-country-homes-cottages-amid-coronavirus-outbreak">à déshumaniser les personnes impliquées</a> dans tous les aspects du conflit. On parle des populations rurales comme si elles ne faisaient que <a href="http://crrf.ca/wp-content/uploads/2020/05/CRRFruralinsights-Survey1Page.pdf">partie du paysage</a>.</p>
<p>Au moment où les droits individuels à la propriété et à la circulation entrent en conflit avec les efforts collectifs visant à atténuer la crise de la Covid-19, nos liens et notre responsabilité les uns envers les autres semblent disparaître et laisser place à un débat insoluble sur la question de savoir les droits de quels citoyens devraient primer.</p>
<h2>Exode urbain et gentrification rurale</h2>
<p>Si vous êtes un travailleur essentiel et que vous gagnez le salaire minimum, vous n’avez peut-être pas une grande empathie envers ceux qui se sentent lésés de devoir choisir entre différentes résidences pendant cette crise – un luxe que n’ont pas ceux qui sont les plus touchés par les conséquences de ces choix.</p>
<p>Cependant, les habitants de zones rurales doivent parfois effectuer des déplacements interrégionaux essentiels, pour avoir accès à des spécialistes dans des zones urbaines, par exemple, ou pour obtenir des biens essentiels. Les <a href="http://www.conscientiabeam.com/journal/26/abstract/3510">liens entre les zones rurales et urbaines</a> permettent une circulation dans les deux sens.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/338308/original/file-20200528-51456-osschx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/338308/original/file-20200528-51456-osschx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/338308/original/file-20200528-51456-osschx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/338308/original/file-20200528-51456-osschx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/338308/original/file-20200528-51456-osschx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/338308/original/file-20200528-51456-osschx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/338308/original/file-20200528-51456-osschx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Pourrez-vous vous s’asseoir sur des chaises adirondaks cet été ? Et dans quelles conditions ?</span>
<span class="attribution"><span class="source">Shutterstock</span></span>
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<p>Au final, ce conflit renvoie aux questions plus profondes de la géographie de la richesse, des privilèges et de l’inégalité structurelle. Comme l’a affirmé la sociologue Tressie McMillan Cottom, <a href="https://www.buzzfeednews.com/article/annehelenpetersen/coronavirus-covid-cities-second-homes-rural-small-towns">« le vecteur, c’est la richesse »</a>. Si l’écrivain et critique britannique <a href="https://lrb.co.uk/contributors/john-lanchester">John Lancaster</a> a raison d’affirmer que <a href="https://lrb.co.uk/the-paper/v38/n15/john-lanchester/brexit-blues">« la géographie, c’est le destin »</a>, les processus de déplacement et de remplacement de la <a href="https://rqoh.com/gentrification-rurale-un-phenomene-de-plus-en-plus-repandu/">gentrification rurale</a> doivent être examinés de manière critique.</p>
<p>La ville de Montréal est <a href="https://www.aa.com.tr/fr/monde/covid-19-le-qu %C3 %A9bec-offre-un-million-de-masques- %C3 %A0-montr %C3 %A9al/1843299">l’épicentre de la pandémie</a> de Covid-19 au Canada. En Ontario, plus de la moitié des nouveaux cas de la maladie <a href="https://www.cbc.ca/news/canada/toronto/covid-19-coronavirus-may-13-long-term-care-education-1.5567403">se trouvent à Toronto</a>. Pendant que les gens perçoivent de plus en plus l’existence d’un lien (qu’il soit <a href="https://theconversation.com/as-coronavirus-forces-us-to-keep-our-distance-city-density-matters-less-than-internal-density-137790">réel ou inventé</a>) entre la densité de population et la prévalence de la maladie et que le travail à distance devient la norme pour de <a href="https://theconversation.com/remote-work-worsens-inequality-by-mostly-helping-high-income-earners-136160">nombreuses professions de cols blancs</a>, l’exode urbain pourrait créer des transformations à long terme dans les zones rurales qu’il faudra <a href="https://www.brandonu.ca/rdi/publication/rural-urban-fringe-in-canada-conflict-and-controversy/">aborder avec prudence</a> pour éviter de creuser les écarts géographiques et socioéconomiques.</p>
<p><a href="http://crrf.ca/wp-content/uploads/2020/05/CRRFruralinsights-EcRecoveryResilience.pdf">Il nous faut concevoir avec soin une politique</a> rurale et prévoir des investissements qui placent l’équité au cœur de la <a href="https://some-thoughts.org/weeden.html">planification du droit à la ruralité</a>. Que ce soit dans des villes comme Vancouver ou Montréal ou dans des municipalités rurales comme Tobermory, en Ontario, Saint-Sauveur, au Québec, les réponses et interventions doivent respecter les <a href="http://www.neoruraux.ucs.inrs.ca/PDF/ForumNatLacsJuin06.pdf">besoins et les objectifs locaux</a>.</p>
<p>Notre tendance à transformer notre réaction de lutte ou de fuite en dichotomie <a href="https://theconversation.com/why-our-brains-see-the-world-as-us-versus-them-98661">« eux contre nous »</a> ne nous est pas utile. Et en percevant notre pays (ou ses habitants) via l’axe « rural vs urbain », on ne fait qu’exacerber ces divisions.</p>
<p>Pour survivre à la pandémie, il nous faudra trouver le bon équilibre entre notre liberté individuelle et l’impact de nos actes sur la collectivité. S’il n’est pas illégal de visiter son chalet pendant la pandémie, pour assurer notre avenir commun, il faudra faire preuve de patience et savoir concevoir le droit à la ruralité du point de vue de la responsabilité civique.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/139271/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>S. Ashleigh Weeden est une candidate au doctorat à l'École d'aménagement de l'environnement et de développement rural de l'Université de Guelph. Elle coordonne actuellement la série « Rural Insights : COVID-19 »pour la Fondation canadienne pour la revitalisation rurale (FCRR) et soutenue par le Rural Policy Learning Commons (RPLC), un réseau de recherche financé par une subvention de partenariat du Conseil de recherches en sciences humaines du Canada (CRSH). Ashleigh participe à diverses initiatives de recherche liées à la politique rurale tournée vers l'avenir, à l'infrastructure rurale et aux approches de développement rural axées sur le lieu. Ashleigh a reçu des fonds du RPLC, de la FCRR, de l'Ontario Agri-Food Innovation Alliance, du Digital Justice Lab et de l'Université de Guelph pour soutenir ses activités de recherche.</span></em></p>Les conflits entre propriétaires saisonniers et résidents ruraux à l’année mettent en évidence la dualité entre le « droit d’être rural » et l’embourgeoisement provoqué par l'arrivée des citadins.S. Ashleigh Weeden, PhD Candidate, School of Environmental Design & Rural Development, University of GuelphLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.