tag:theconversation.com,2011:/us/topics/vie-quotidienne-30839/articlesvie quotidienne – The Conversation2023-10-11T17:25:08Ztag:theconversation.com,2011:article/2153082023-10-11T17:25:08Z2023-10-11T17:25:08Z« En continuant à utiliser des insecticides, on sélectionne les punaises de lit résistantes »<p><em>La France connaît une recrudescence de punaises de lit qui fait l’actualité. Comment expliquer ce phénomène ? Quelles mesures s’avèrent réellement efficaces pour lutter contre ces insectes ? Arezki Izri, parasitologue et entomologiste médical (hôpital Avicenne-APHP, Université Sorbonne Paris Nord), fait le point sur les données qui font consensus et celles qui font débat.</em></p>
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<p><strong>The Conversation : Pourquoi la France connaît-elle une recrudescence de punaises de lit ?</strong></p>
<p><strong>Arezki Izri</strong> : Le phénomène ne date pas d’hier. Les punaises de lit ont commencé à réapparaître en France au tout début des années 90 alors qu’elles avaient été éliminées auparavant par les insecticides. Deux <a href="https://www.anses.fr/fr/content/punaises-budget-qualite-vie-francais">causes principales</a> ont été identifiées : les voyages (les insectes étant transportés dans les bagages) et la résistance des punaises de lit aux insecticides.</p>
<p>Les Français voyagent beaucoup et peuvent ramener des punaises de lit de partout et les touristes du monde entier sont nombreux à venir en France, ce qui favorise la propagation de ces insectes.</p>
<p>D’autres facteurs interviennent comme la <a href="https://www.anses.fr/fr/system/files/BIOCIDES2021SA0147Ra-Anx.pdf">récupération de meubles d’occasion</a> qui peuvent être parasités. Attention aussi à nos comportements et à nos réactions ! Que deviennent les meubles et matelas dont on se débarrasse et qui, éventuellement, contiennent des parasites ? Ils sont repris par d’autres personnes…</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/tout-ce-que-vous-navez-jamais-voulu-savoir-sur-la-punaise-des-lits-88362">Tout ce que vous n’avez jamais voulu savoir sur la punaise des lits</a>
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<p>Néanmoins, si une personne trouve une punaise de lit dans un train, cela ne veut pas dire que tous nos trains sont infestés. À partir de rares cas, on ne peut pas faire une généralité. En juillet 2022, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) a mené une <a href="https://www.anses.fr/fr/system/files/BIOCIDES2021SA0147Ra.pdf#page=58">enquête</a>, en collaboration avec l’institut de sondage Ipsos, auprès d’un échantillon de 2000 personnes représentatives de la population française. D’après cette enquête, <a href="https://www.anses.fr/fr/system/files/BIOCIDES2021SA0147Ra.pdf#page=206">11 % des ménages français auraient été infestés</a> par les punaises de lit entre 2017 et 2022. Cette enquête montre également qu’il n’existe pas de lien entre le niveau de revenu d’un foyer et le fait d’être victime d’une infestation.</p>
<p><em>[Selon l’Anses, un faible niveau de revenu ne favorise pas l’infestation par les punaises de lit. Mais du fait du coût des moyens à mettre en œuvre pour lutter contre ces insectes – près de <a href="https://www.anses.fr/fr/content/les-punaises-de-lit-en-13-questions">900 euros en moyenne par foyer</a> selon les estimations de l’agence – l’infestation peut durer plus longtemps dans des foyers plus modestes, ndlr.]</em></p>
<p><strong>T.C. : Pourquoi les punaises de lit sont-elles devenues résistantes aux insecticides ?</strong></p>
<p><strong>I.A.</strong> : On a commencé à recourir aux insecticides contre les punaises de lit depuis les <a href="https://parasitesandvectors.biomedcentral.com/articles/10.1186/s13071-017-2232-3">années 40</a>, ce qui a permis de tuer les punaises de lit qui y étaient sensibles. Aujourd’hui, les insecticides principalement utilisés contre les punaises de lit appartiennent à la famille des pyréthrinoïdes. On les classe dans les neurotoxiques car ils pénètrent au niveau du système nerveux de l’insecte.</p>
<p>Les mécanismes à l’origine de la résistance des punaises de lit à ces insecticides sont désormais bien documentés. Il s’agit essentiellement de <a href="https://parasitesandvectors.biomedcentral.com/articles/10.1186/s13071-017-2232-3">mutations génétiques</a> modifiant les récepteurs neurologiques des insectes à ces produits.</p>
<p>Les pyréthrinoïdes pénètrent au niveau d’un orifice de la fibre nerveuse de la punaise de lit, ce qui paralyse l’insecte et le tue. Mais certaines punaises de lit, du fait d’une mutation au niveau de leur ADN, présentent une modification de cet orifice qui empêche l’action de l’insecticide. C’est pourquoi elles deviennent résistantes aux pyréthrinoïdes.</p>
<p>C’est un peu comme si l’insecticide était une clé et le nerf de l’insecte une serrure. Chez les punaises de lit présentant cette malformation au niveau de l’orifice de la fibre nerveuse, la « clé insecticide » ne rentre plus dans la « serrure nerf de l’insecte ». Les punaises de lit « anormales », c’est-à-dire celles qui présentaient cette malformation, se sont ainsi multipliées.</p>
<p>Cependant, ce phénomène est beaucoup plus compliqué qu’on ne le pense, parce que cohabitent en permanence des punaises de lit sensibles aux insecticides et d’autres qui y sont résistantes. En effet, quand on élimine les punaises de lit sensibles aux insecticides, celles qui survivent (parce qu’elles sont résistantes aux insecticides) peuvent donner naissance non seulement à de nouvelles punaises résistantes, mais aussi à des punaises de lit sensibles. Tout cela est une question de génétique. Mais en continuant à utiliser des insecticides, on sélectionne de plus en plus les punaises de lit résistantes.</p>
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<p><strong>T.C. : Pourquoi l’Agence de sécurité sanitaire (Anses) recommande-t-elle malgré tout le recours aux insecticides dans son rapport publié en juillet 2023 ?</strong></p>
<p><strong>I.A.</strong> : J’ai participé au groupe de travail de l’Anses. Pour lutter contre les punaises de lit, elle recommande de privilégier les méthodes non chimiques, comme le traitement par la <a href="https://www.iledefrance.ars.sante.fr/system/files/2019-09/Punaises-de-lit-2019-ars-idf.pdf">chaleur sèche ou la congélation</a>.</p>
<p>Concrètement, le nettoyage par la chaleur peut s’opérer par l’intermédiaire d’un appareil professionnel qui diffuse une chaleur sèche pouvant aller jusqu’à 180 °C ou via des nettoyeurs vapeur (dont la vapeur monte à des températures allant de 110 à 180 °C) que l’on peut acheter ou louer. Les petits objets et le linge non lavable peuvent, quant à eux, être placés pendant 2 heures au congélateur à – 20 °C.</p>
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<a href="https://theconversation.com/des-draps-a-la-telecommande-tele-tous-ces-microbes-qui-peuplent-les-chambres-dhotel-208329">Des draps à la télécommande télé, tous ces microbes qui peuplent les chambres d’hôtel…</a>
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<p>Mais effectivement, au sein du groupe de travail, certains experts défendaient le recours aux insecticides contre les punaises de lit. L’Anses préconise donc de « faire appel à des professionnels de la désinsectisation en cas de persistance de l’infestation ».</p>
<p>Toutefois, j’ai exposé une position divergente, mes arguments étant présentés en <a href="https://www.anses.fr/fr/system/files/BIOCIDES2021SA0147Ra.pdf#page=284">annexe</a> du rapport. Avec le <a href="https://www.parasite-journal.org/articles/parasite/full_html/2012/04/parasite2012194p381/parasite2012194p381.html">laboratoire de parasitologie-mycologie de l’hôpital Avicenne</a> à Bobigny et la <a href="https://www.mdpi.com/1660-4601/18/2/407">mission punaises de lit</a> de l’Agence régionale de santé (ARS) d’Ile-de-France, nos travaux sur la résistance aux punaises de lit ont fait l’objet de trois <a href="https://academic.oup.com/jme/article/55/6/1648/5059960?login=false">publications scientifiques</a>. Nos articles viennent enrichir un ensemble de plus de 200 publications scientifiques qui confirment la résistance aux différents insecticides dans le monde.</p>
<p><em>(Dans son <a href="https://www.anses.fr/fr/system/files/BIOCIDES2021SA0147Ra.pdf">rapport</a>, l’Anses indique que « l’usage intensif d’un insecticide nuit à son efficacité en augmentant le risque de sélection d’individus résistants ». Elle rappelle également que l’effet répulsif de certains insecticides favorise la dispersion des punaises et que cette « lutte chimique » peut avoir des effets sur la santé humaine et l’environnement, ndlr).</em></p>
<p><strong>T.C. : Quelles sont les conséquences pour la santé humaine ?</strong></p>
<p><strong>I.A. :</strong> La punaise de lit dispose d’une trompe qu’elle replie sous son abdomen quand elle est au repos. Pour piquer, elle pointe sa trompe dans la peau et va chercher les vaisseaux sanguins pour faire son repas de sang.</p>
<p>Les <a href="https://www.nejm.org/doi/10.1056/NEJMcp1905840">boutons</a> surviennent sur les parties du corps découvertes. Toutefois, toutes les personnes ne développent pas de boutons après avoir été piquées par des punaises de lit et un certain nombre des sujets piqués ne présentent que des boutons de petites tailles. Les boutons de grande taille sont observés chez les sujets qui développent une allergie à la salive de l’insecte.</p>
<p>Mais la piqûre d’une punaise de lit ne donne pas de maladie infectieuse. À ce jour, aucune épidémie de maladie infectieuse transmise par les punaises de lit n’a été décrite.</p>
<p><strong>T.C. : En pratique, comment savoir si un lieu est infesté par des punaises de lit ?</strong></p>
<p><strong>I.A.</strong> : D’abord, il faut apprendre à reconnaître cet insecte. À l’œil nu, une punaise de lit ressemble à un pépin de pomme qui se déplace rapidement. Elle apparaît de couleur rousse. Quand il sort de l’œuf, l’insecte, qui mesure moins d’un millimètre, est transparent et donc quasi invisible. Mais il va tout de suite prendre un repas de sang en piquant, ce qui va le colorer en rouge. A noter que cinq stades larvaires sont nécessaires avant que la punaise de lit devienne adulte.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/punaises-de-lit-apprendre-a-les-detecter-pour-eviter-les-piqures-184437">Punaises de lit : apprendre à les détecter pour éviter les piqûres</a>
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<p>Ensuite, chez soi ou quand on se rend dans un hôtel, il faut apprendre à inspecter la literie, en soulevant les draps, le matelas, etc., à la recherche des petites taches noires qui correspondent aux déjections fécales des punaises de lit.</p>
<p>Quand on intervient au début de l’infestation, par les méthodes mécaniques (ramasser et laver les textiles à 60 °C, passer l’aspirateur et jeter aussitôt le sac puis appliquer de la vapeur sèche aux endroits suspectés d’être les cachettes de l’insecte), on peut éliminer les punaises de lit sans trop de difficultés.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/215308/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Arezki Izri a une convention ARS et a bénéficié d'une bourse CIFRE de la ville de Paris pour travailler sur les punaises de lit. </span></em></p>Les punaises de lit connaissent une recrudescence en France. Parmi les causes identifiées : leur résistance aux insecticides, la multiplication des voyages et l’achat de meubles d’occasion parasités.Arezki Izri, Entomologiste médical et parasitologue, Université Sorbonne Paris NordLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1914492022-10-09T15:06:54Z2022-10-09T15:06:54ZRecherche d’emploi : les (réels) bénéfices des pauses et d’une prise de distance<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/486767/original/file-20220927-20-o5ruuf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=5%2C7%2C1272%2C841&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Aller au café avec des amis, un exemple de pause utile.
</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Coffee_break_(3457656569).jpg">Wikimedia commons</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><p>Dans de nombreuses activités, y compris les études, le <a href="https://theconversation.com/fr/topics/travail-20134">travail</a> ou même la recherche d’un emploi, les individus ont besoin de faire des <a href="https://theconversation.com/fr/topics/pause-78818">pauses</a> afin de reconstituer leur niveau d’énergie. Lorsque l’on fait des efforts pour atteindre divers objectifs, de l’énergie physique et mentale est nécessaire, et ces niveaux d’énergie ne sont pas infinis.</p>
<p>En ce qui concerne les activités professionnelles, plusieurs recherches s’accordent sur les effets positifs des <a href="https://doi.org/10.1016/j.jvb.2022.103747">activités de récupération au travail</a> (par exemple, les pauses pendant la journée), des <a href="https://psycnet.apa.org/doi/10.1037/ocp0000079">activités de récupération hors travail</a> (l’exercice physique), des <a href="https://doi.org/10.1177/0149206319864153">expériences de récupération hors travail</a> (un détachement psychologique par rapport aux tâches professionnelles), ou, bien entendu, des activités sociales (passer du temps avec la famille et les amis) sur le bien-être des employés.</p>
<p>Or, les distractions et les pauses peuvent être réparatrices non seulement pour les activités professionnelles, mais aussi pour d’autres activités fatigantes de la vie quotidienne. La recherche d’un emploi est en ce sens une activité importante, à laquelle chacun·e est confronté·e une ou plusieurs fois au cours de sa vie.</p>
<h2>Un détachement essentiel</h2>
<p>En effet, rechercher un emploi est un processus potentiellement éprouvant, qui implique un nombre important de refus, des moments particulièrement stressants (par exemple, les entretiens), ainsi que beaucoup d’efforts et de résistance pour atteindre le but ultime de trouver un emploi. En d’autres termes, la recherche d’un emploi est un processus qui prend du temps et consomme beaucoup d’énergie mentale et physique.</p>
<p>Des recherches ont été menées dans différents domaines pour déterminer si et comment les niveaux d’énergie s’épuisent et si et comment ils peuvent être reconstitués. L’épuisement et la reconstitution de l’énergie dans la recherche d’emploi ne sont pas différents.</p>
<p>Dans une <a href="https://psycnet.apa.org/doi/10.1037/apl0000967">étude récente</a>, mes co-auteurs et moi avons constaté que lorsque les demandeurs d’emploi parviennent à se détacher psychologiquement de leur recherche sur une base hebdomadaire, ils se sentent reconstitués, revigorés, et finissent par fournir plus d’efforts et obtenir un plus grand nombre d’entretiens.</p>
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<p>Une autre façon d’interpréter les résultats de notre étude est qu’il est important de faire des pauses, de se distraire de la recherche d’emploi et de ne pas en faire une activité à plein temps. Comme pour de nombreuses autres activités, il est essentiel de reconstituer ses ressources épuisées pour réussir.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/recherche-demploi-comment-mettre-toutes-les-chances-de-votre-cote-173850">Recherche d’emploi : comment mettre toutes les chances de votre côté ?</a>
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<p>C’est pourquoi nous avons recueilli des données supplémentaires pour voir quel type de pause les chercheurs d’emploi, en l’occurrence les étudiants à la recherche de leur premier emploi à temps plein, faisaient. Ils prennent des pauses dont la durée varie, allant de pauses très courtes plusieurs fois par jour, comme envoyer des SMS à des amis ou à la famille, à des pauses plus longues de 20 à 30 minutes, comme regarder un épisode d’une série.</p>
<h2>Sports et jeux vidéo</h2>
<p>Nous avons constaté que les pauses les plus courantes consistaient à regarder la télévision/des séries/des films/des vidéos YouTube, à jouer à des jeux (vidéos) et à dormir.</p>
<p>Par exemple, une participante a déclaré qu’au cours d’une semaine importante de recherche d’emploi, qu’elle avait « essayé de nouveaux cafés, vu des films avec des amis et s’est promenée en ville pendant les jours les plus agréables ». Un autre participant a indiqué qu’il avait « passé du temps à apprendre à programmer », car il prévoit de « développer en parallèle une idée d’application » ; il a également déclaré « jouer à une tonne de jeux vidéo et aller à la salle de sport ».</p>
<p>Pour une autre participante, cependant, ces pauses n’ont eu lieu qu’après avoir reçu une première offre ferme : « j’étais tellement excitée d’avoir enfin obtenu ma première offre que j’ai passé beaucoup plus de temps que d’habitude cette semaine-là à me détendre avec des amis. Je me suis reposée plus que d’habitude et je me suis sentie plus soulagée que jamais par rapport à ce processus. Je passe encore des entretiens avec d’autres entreprises, mais j’ai pris le temps de me détendre en écoutant de la musique et en rattrapant certains contenus Netflix que j’avais manqués à cause de ma recherche d’emploi et d’autres obligations ».</p>
<p>Globalement, faire des pauses, sous différentes formes, peut être bénéfique pour se détacher mentalement de la recherche d’emploi, tout en donnant à l’esprit et au corps le temps de refaire le plein d’énergie.</p>
<h2>La voie de l’humour</h2>
<p>Dans un <a href="https://www.taylorfrancis.com/chapters/edit/10.4324/9781315671659-14/humor-job-search-recruitment-serge-da-motta-veiga">autre travail</a>, j’ai proposé qu’une de ces distractions, ou une façon de se détacher mentalement du stress de la recherche d’emploi est l’humour. En effet, rire peut agir comme un mécanisme de soulagement du stress, et pourrait donc être un comportement qui aide à réduire celui associé à la recherche d’emploi.</p>
<p>Par exemple, les individus concernés pourraient partager leurs mauvaises expériences de façon humoristique avec d’autres chercheurs d’emploi ou des services d’orientation professionnelle afin d’apprendre de leurs erreurs tout en riant d’eux-mêmes (c’est-à-dire en se distrayant…). Ces idées s’alignent avec les travaux sur l’humour en entreprise réalisés par le Dr. Vanessa Marcié, dont notamment <a href="https://www.hbrfrance.fr/chroniques-experts/2020/05/30098-lhumour-un-puissant-mecanisme-dadaptation-face-a-la-crise/">son article</a> sur l’humour comme mécanisme d’adaptation durant les crises.</p>
<p>En résumé, prendre du temps libre ou se déconnecter est essentiel pour réussir, en l’occurrence pour réussir sa recherche d’emploi. Quel que soit le type de pause que les demandeurs d’emploi choisissent de prendre, elle les aidera à récupérer et à se revigorer. Et cela a un impact direct sur leur recherche d’emploi, tant en termes d’efforts que de réussite.</p>
<p>Il est également important de noter que ces pauses peuvent varier en durée et en type de pause, mais qu’elles aident in fine à se distraire. Pour certains, ce sera de rire avec des amis ou d’autres chercheurs d’emploi. Pour d’autres, ce sera de regarder la télévision ou de jouer à des jeux vidéo.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/191449/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Serge da Motta Veiga ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Une étude montre que les demandeurs d’emploi qui parviennent à se détacher psychologiquement une fois par semaine de leur but décrochaient davantage d’entretiens d’embauche.Serge da Motta Veiga, Professeur en Gestion des Ressources Humaines, EDHEC Business SchoolLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1863372022-07-18T13:31:42Z2022-07-18T13:31:42ZLa douleur chronique : une maladie invisible trop souvent stigmatisée<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/472394/original/file-20220704-20-fu5d1y.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=5%2C2%2C992%2C663&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Même si la douleur chronique est reconnue comme une maladie à part entière par les scientifiques, celle-ci demeure largement sous-reconnue, sous-diagnostiquée et surtout accompagnée de nombreux préjugés.</span> <span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span></figcaption></figure><p>Imaginez vivre avec des douleurs au quotidien, pendant plusieurs mois, voire plusieurs années. Des douleurs tellement dérangeantes qu’elles viennent chambouler tout le cours de votre journée.</p>
<p>Malheureusement, c’est ce que des millions de personnes qui vivent avec de la douleur chronique doivent affronter, tous les jours. Et trop souvent, leur condition est stigmatisée, voire niée.</p>
<p>Doctorante en épidémiologie de la douleur chronique, j’ai l’opportunité de travailler avec des patientes et des patients partenaires. Avec une prévalence aussi élevée et des conséquences aussi multiples, il est plus que temps d’engager un vent de changement envers cette maladie entourée de préjugés.</p>
<h2>Les douleurs essentielles et les douleurs aiguës</h2>
<p>Avant de parler de douleur chronique, commençons par le début. Est-ce que la douleur entraîne toujours des conséquences aussi négatives ? Bien sûr que non. La douleur est essentielle à notre bon fonctionnement. Elle agit comme un <a href="https://www.canada.ca/content/dam/hc-sc/documents/corporate/about-health-canada/public-engagement/external-advisory-bodies/canadian-pain-task-force/report-2019/canadian-pain-task-force-June-2019-report-en.pdf">système d’alarme</a> pour nous avertir qu’un danger est présent.</p>
<p>Par exemple, si, par mégarde, on devait déposer notre main sur la plaque du four laissée ouverte et brûlante, un message de douleur sera envoyé à notre cerveau. Avant même que nous ayons le temps d’y penser, notre main sera retirée de la plaque chauffante, nous évitant une brûlure intense. Cette douleur nous permet donc d’avoir les réflexes nécessaires pour éviter le pire.</p>
<p>La douleur peut aussi durer un peu plus longtemps. C’est le cas, par exemple, à la suite d’une blessure, une opération ou une infection. <a href="https://www.canada.ca/content/dam/hc-sc/documents/corporate/about-health-canada/public-engagement/external-advisory-bodies/canadian-pain-task-force/report-2019/canadian-pain-task-force-June-2019-report-en.pdf">Ces douleurs vont souvent se résorber par elles-mêmes suivant un cycle normal de guérison</a> ou disparaîtront à l’aide de certains traitements. C’est ce qu’on appelle les douleurs aiguës. Des douleurs à court terme qui sont plutôt perçues comme un symptôme.</p>
<h2>La douleur chronique, une maladie aux impacts multiples</h2>
<p>Lorsque cette douleur persiste au-delà du temps normal de guérison, celle-ci n’est plus considérée comme un simple symptôme, mais comme une <a href="https://doi.org/10.1097/j.pain.0000000000000160">maladie à part entière</a>. C’est ce qu’on appelle la douleur chronique. La douleur chronique se définit comme une <a href="https://doi.org/10.1097/j.pain.0000000000001384">douleur qui persiste pour un minimum de trois mois</a>. Or, pour la grande majorité des personnes vivant avec cette maladie, les douleurs persistent pendant plusieurs années.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/472372/original/file-20220704-12-5r8qlt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/472372/original/file-20220704-12-5r8qlt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/472372/original/file-20220704-12-5r8qlt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/472372/original/file-20220704-12-5r8qlt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/472372/original/file-20220704-12-5r8qlt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/472372/original/file-20220704-12-5r8qlt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/472372/original/file-20220704-12-5r8qlt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Œuvre « Displacement », par Chloe Fleisher, 13 ans, qui vit avec des douleurs chroniques. Présenté dans le cadre du concours d’art intitulé « Pain and mental health », ce dessin a remporté un prix décerné par la Société canadienne de la douleur en 2022.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Marimée Godbout-Parent), Fourni par l’auteure</span></span>
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<p>Chez ces personnes, le message douloureux fait en quelque sorte défaut. Celui-ci n’est plus présent pour nous avertir d’un danger, mais devient un fardeau en soi. La douleur chronique peut survenir à la suite d’un cancer, d’un accident, ou encore après une chirurgie. Malheureusement, il arrive aussi que l’on soit incapable d’en trouver la cause. Ce qui complique la tâche pour les traitements.</p>
<p>Bien que cette maladie demeure méconnue, elle affecterait près de <a href="https://doi.org/10.24095/hpcdp.31.4.04">20 % de la population canadienne</a>. Considérant que notre population est estimée à près de 39 millions en 2022, ceci voudrait dire qu’environ 7,5 millions de personnes vivent avec de la douleur chronique. À titre comparatif, 7,5 millions de Canadiennes et Canadiens équivalent à <a href="https://worldpopulationreview.com/canadian-provinces/quebec-population">l’entièreté de la population québécoise</a>. Un nombre impressionnant et inquiétant.</p>
<p>En plus d’affecter une grande partie de la population, la douleur chronique <a href="https://www.canada.ca/content/dam/hc-sc/documents/corporate/about-health-canada/public-engagement/external-advisory-bodies/canadian-pain-task-force/report-2019/canadian-pain-task-force-June-2019-report-en.pdf">engendre plus que des douleurs physiques</a>. Cette condition affecte le fonctionnement au quotidien, le bien-être psychologique, la qualité de vie, la vie sociale et le travail des gens qui composent avec cette maladie.</p>
<p>Imaginez avoir tellement de douleurs, que celles-ci diminuent votre capacité à travailler, à jouer avec vos enfants, à voir vos amis, à vous concentrer et affectent même votre capacité à faire des tâches du quotidien. Malgré le désir de la personne de demeurer active, le corps ne peut pas suivre. Alors, il n’est pas surprenant qu’en découlent des conséquences telles que de la fatigue, de la frustration, de la tristesse, de l’anxiété et de la dépression. Ainsi, le chevauchement constant entre les difficultés physiques, psychologiques et sociales, engendre une détresse profonde chez cette population.</p>
<h2>Une maladie stigmatisée</h2>
<p>En dépit des impacts importants qui y sont associés, la <a href="https://doi.org/10.1111/j.1526-4637.2011.01264.x">douleur chronique demeure largement stigmatisée</a>. En effet, les attitudes et croyances négatives selon lesquelles les personnes qui vivent avec de la douleur chronique <a href="https://doi.org/10.1080/24740527.2017.1369849">deviennent dépendantes de leurs médicaments, qu’elles ont souvent tendance à exagérer la gravité de leur état, qu’elles sont en réalité simplement paresseuses</a>, qu’elles ne veulent pas s’aider, sont très répandues.</p>
<figure>
<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/IcdsYdUls44?wmode=transparent&start=48" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">La douleur chronique est une maladie bien réelle.</span></figcaption>
</figure>
<p>Sachant les conséquences multiples et la prévalence de cette maladie, pourquoi y a-t-il encore autant de préjugés et de stigmatisation envers ceux et celles qui souffrent de douleur chronique ?</p>
<p>C’est une question qui demeure en suspens. Pour certains, ce que l’on ne peut pas voir, n’existe pas. Comme la douleur est une expérience qui varie selon l’individu, que nous n’avons pas d’appareil spécifique pour la détecter ou que nous ne pouvons pas nécessairement la voir, la douleur peut paraître invisible. Nous avons plus de difficulté à éprouver de la <a href="https://doi.org/10.1016/j.jpain.2013.11.002">sympathie ou de la compréhension pour des choses que l’on ne peut pas expliquer médicalement</a> à l’aide d’examens médicaux, de rayons X.</p>
<h2>Comment devenir un allié</h2>
<p>Ainsi, malgré les nombreuses explications des patientes et patients, ceux-ci doivent souvent composer avec des préjugés provenant tant des professionnels de la santé, que de leur entourage ou de la population générale. Plusieurs personnes qui vivent avec la douleur chronique ont effectivement le sentiment que leur douleur n’est pas comprise par leurs amis, leur famille, leurs employeurs ou même par leurs professionnels de la santé, ajoutant un sentiment d’impuissance, de tristesse et de colère. En plus de composer avec les difficultés qu’apporte la douleur chronique, les commentaires reçus ajoutent un fardeau inestimable sur ces gens.</p>
<p>Francine, qui vit avec de la douleur chronique depuis 15 ans reçoit, régulièrement ce type de commentaire de la part de son entourage :</p>
<blockquote>
<p>Bien voyons, ça fait juste 10 minutes que tu marches, tu es capable d’en faire plus. Force-toi donc un peu.</p>
</blockquote>
<p>Sylvie, qui vit avec de la douleur chronique depuis 17 ans, doit pour sa part composer avec les commentaires de son médecin :</p>
<blockquote>
<p>Vous êtes la seule patiente que je n’arrive pas à soulager avec des infiltrations en 40 ans, vous devriez peut-être consulter un psychologue à la place.</p>
</blockquote>
<p>Ces phrases, qui peuvent paraître inoffensives pour certains, sont souvent lourdes de sens pour ceux et celles qui les entendent au quotidien. L’acceptation de la maladie est une étape importante et difficile. Elle ne devrait pas être jumelée avec la composition de tels commentaires péjoratifs.</p>
<p>Sans être un expert dans le domaine, nous pouvons tous jouer un rôle, de près ou de loin, dans la vie de ces gens. Offrir une écoute active et compréhensive, ne pas porter de jugement rapide et reconnaître leur condition est déjà un pas énorme dans la bonne direction.</p>
<p>Le support et la communication avec l’entourage sont des éléments à ne pas négliger, qui peuvent certainement faire une différence positive.</p>
<hr>
<p><em>Cet article à été écrit en collaboration avec Sylvie Beaudoin et Christian Bertrand, patiente et patient partenaires</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/186337/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Marimée Godbout-Parent a reçu des financements des Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC).</span></em></p>La douleur chronique est une maladie aux conséquences multiples qui méritent d’être abordées afin d’espérer des changements positifs pour les gens qui doivent composer avec cette condition.Marimée Godbout-Parent, Étudiante au doctorat recherche en sciences de la santé, Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue (UQAT)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1867712022-07-14T21:06:00Z2022-07-14T21:06:00ZLes podcasts « Objets cultes » : voir du sens dans les choses qui nous entourent<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/519784/original/file-20230406-28-ius3ni.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Version pour site</span> </figcaption></figure><p><em>Objets inanimés, avez-vous donc une âme ? demandait le poète. S’ils ont une âme, il s’agit bien de la nôtre. C’est ce que démontrait le sémiologue Roland Barthes dans ses Mythologies, publiées en 1957. L’intellectuel y étudiait en effet les objets et les rites populaires qui révélaient l’esprit d’une époque et les affects collectifs du pays, inventant ainsi une nouvelle manière de faire de la sociologie, accessible, impertinente et ludique. La DS, le steak-frites, les jouets en plastique… rien n’échappait à sa sagacité.</em></p>
<p><em>Aujourd’hui, ces objets ne sont plus les mêmes, et la globalisation a changé la donne. Mais l’exercice, lui, n’a pas pris une ride et c’est Pascal Lardellier, professeur de sociologie à l’université de Bourgogne, auteur entre autres de <a href="https://www.editions-ems.fr/livres-2/collections/societing/ouvrage/236-nos-modes-nos-mythes-nos-rites.html"><em>Nos modes, nos mythes, nos rites</em></a> qui se penche sur nos objets cultes.</em></p>
<p><iframe id="tc-infographic-818" class="tc-infographic" height="100" src="https://cdn.theconversation.com/infographics/818/2cb911d7f5dde27b26b0d660b5a8acba1b0830e6/site/index.html" width="100%" style="border: none" frameborder="0"></iframe></p>
<hr>
<p><br></p>
<h2><a href="https://theconversation.com/podcast-objets-cultes-le-scrolling-204466">« Le scrolling »</a></h2>
<iframe src="https://embed.acast.com/63ff129deef4080011120a9d/644fdcf20095f9001108a8f9" frameborder="0" width="100%" height="190px"></iframe>
<p>Je scrolle donc je suis : telle pourrait être la devise des humains du 21e siècle, les yeux si souvent rivés sur les écrans de leur téléphone ou de leur ordinateur.
Nous sommes en effet devenus experts en scrolling (de l'anglais « scroll », parchemin), cet art de faire défiler des images et du texte sur un écran.
Mais que dit ce geste de nos besoins et de nos travers contemporains? </p>
<h2><a href="https://theconversation.com/podcast-objets-cultes-le-sac-a-dos-204080">« Le sac à dos »</a></h2>
<iframe src="https://embed.acast.com/63ff129deef4080011120a9d/643e65bbd354bc001127952a" frameborder="0" width="100%" height="190px"></iframe>
<p>Symbole de l’aventure ou de la vie étudiante, le sac à dos n’en finit plus d’envahir les rues et de compléter le look des branchés urbains. Une obsession qui en dit long sur nos fantasmes et nos modes de vie. C’est l’objet qui retient notre attention aujourd’hui.</p>
<h2><a href="https://theconversation.com/podcast-objets-cultes-le-mma-202890">« Le MMA »</a></h2>
<iframe src="https://embed.acast.com/63ff129deef4080011120a9d/642af3552d9d700011d91465" frameborder="0" width="100%" height="190px"></iframe>
<p>Quel est le sport de combat le plus efficace entre la boxe anglaise, le kickboxing, la lutte ; le karaté, et le jiu-jitsu brésilien ? C’est pour répondre à cette colle que le MMA (<em>mixed martial arts</em>) est né dans les années 1920 au Brésil, avant de s’installer dans le paysage sportif américain dans les années 1990. En France, la pratique du MMA en compétition a été légalisée et sa diffusion à la télévision autorisée depuis janvier 2020. D’une violence spectaculaire, opérant une fusion ultramoderne entre différentes disciplines tout en convoquant un imaginaire sans âge, le MMA rencontre un succès planétaire, qui va grandissant. Comment l’expliquer ?</p>
<hr>
<h2><a href="https://theconversation.com/podcast-objets-cultes-la-cigarette-electronique-202205">« La cigarette électronique »</a></h2>
<iframe src="https://embed.acast.com/63ff129deef4080011120a9d/6418cbea202f500011bda7c7" frameborder="0" width="100%" height="190px"></iframe>
<p>La cigarette électronique, dite aussi vapoteuse ou e-cigarette, a le vent en poupe. Venue de Chine, elles s'est installée dans le paysage français en 2005. Dans cet épisode, il sera question des codes liés à ce nouvel usage social et de l'imaginaire qui émerge de sa fumée parfumée. </p>
<hr>
<h2><a href="https://theconversation.com/podcast-objets-cultes-les-emojis-201256">« Les émojis »</a></h2>
<iframe src="https://embed.acast.com/63ff129deef4080011120a9d/64060f4d52deee00111711e4" frameborder="0" width="100%" height="190px"></iframe>
<p>Au quotidien, les émojis ou émoticônes ponctuent nos mails et nos textos, ils rendent nos conversations plus chaleureuses et complètent le sens de nos mots. Grâce à ces images pop et colorées, qui renvoient à l’univers de l’enfance, nous exprimons nos émotions et nous inventons collectivement une nouvelle forme de communication.
Mais quels symboles charrient ces signes, leur usage est-il toujours simple, et s’agit-il d’un langage universel ?</p>
<hr>
<h2><a href="https://theconversation.com/objets-cultes-les-ecouteurs-182086">« Les écouteurs »</a></h2>
<iframe src="https://embed.acast.com/63ff129deef4080011120a9d/6404f05ce83d830010609f25" frameborder="0" width="100%" height="190px"></iframe>
<p>Avec ou sans fils, les écouteurs sont un objet du quotidien devenu indispensable pour beaucoup d’entre nous. Mais que racontent-ils de nos modes de vie et de nos mondes intérieurs ?</p>
<hr>
<h2><a href="https://theconversation.com/objets-cultes-la-doudoune-182719">« La doudoune »</a></h2>
<iframe src="https://embed.acast.com/63ff129deef4080011120a9d/63ff613fb6e2f5001143bf30" frameborder="0" width="100%" height="190px"></iframe>
<p>Réservée aux alpinistes dans les années 1930, la doudoune s’est largement démocratisée.</p>
<hr>
<h2><a href="https://theconversation.com/objets-cultes-le-chargeur-182983">« Le chargeur »</a></h2>
<iframe src="https://embed.acast.com/63ff129deef4080011120a9d/6404ef8c9ade8700115b28a5" frameborder="0" width="100%" height="190px"></iframe>
<p>Que dit de nous notre addiction au chargeur et à la batterie pleine ?</p>
<hr>
<h2><a href="https://theconversation.com/objets-cultes-le-gel-hydroalcoolique-182979">« Le gel hydroalcoolique »</a></h2>
<iframe src="https://embed.acast.com/63ff129deef4080011120a9d/6404efe5e83d830010608b4a" frameborder="0" width="100%" height="190px"></iframe>
<p>Avec la pandémie de Covid-19, de nouvelles pratiques d’hygiène sont apparues, comment questionnent-elles notre rapport à la sensorialité ?</p>
<hr>
<h2><a href="https://theconversation.com/objets-cultes-le-masque-182999">« Le masque »</a></h2>
<p></p>
<iframe src="https://embed.acast.com/63ff129deef4080011120a9d/6404ef1802a1ce00117220de" frameborder="0" width="100%" height="190px"></iframe>
<p>Barrière physique qui protège des virus, mais qui limite également les interactions sociales, le masque s’est imposé à nos quotidien depuis maintenant deux ans.</p>
<hr>
<h2><a href="https://theconversation.com/objets-cultes-le-pass-184754">« Le pass »</a></h2>
<iframe src="https://embed.acast.com/63ff129deef4080011120a9d/6404eeb5db11850011dc2598" frameborder="0" width="100%" height="« 190px""></iframe>
<p>QR code, digicode, mot de passe, données biométriques, les « pass » conditionnent nos déplacements et nos accès aux biens et services.</p>
<hr>
<h2><a href="https://theconversation.com/objets-cultes-le-tatouage-185415">« Le tatouage »</a></h2>
<iframe src="https://embed.acast.com/63ff129deef4080011120a9d/6404dc641181ac0011e0ef64" frameborder="0" width="100%" height="190px"></iframe>
<p>Bien que douloureux et définitif, le tatouage séduit un public de plus en plus large. Quel est le sens de cette pratique ?</p>
<hr>
<h2><a href="https://theconversation.com/objets-cultes-la-trottinette-186054">« La trottinette »</a></h2>
<iframe src="https://embed.acast.com/63ff129deef4080011120a9d/6404dbf89ade87001157807a" frameborder="0" width="100%" height="190px"></iframe>
<p>Légères, pliables, les trottinettes prolifèrent dans les villes et font de nous de grands enfants.</p>
<hr>
<h2><a href="https://theconversation.com/objets-cultes-le-spritz-186347">« Le spritz »</a></h2>
<iframe src="https://embed.acast.com/63ff129deef4080011120a9d/63ff60e12019d4001132e8e1" frameborder="0" width="100%" height="190px"></iframe>
<p>À la fois chic et simple, fun et sophistiqué, rétro et moderne, le spritz séduit toutes les générations.</p>
<hr>
<p><em>Crédits : Conception et animation, Sonia Zannad. Réalisation, Romain Pollet. Chargé de production, Rayane Meguenni</em>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/186771/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Roland Barthes, dans ses « Mythologies », publiées en 1957, analysait notre rapport aux objets et rites du quotidien. Aujourd’hui, ces objets ont changé, mais l’exercice n’a pas pris une ride.Sonia Zannad, Cheffe de rubrique Culture, The Conversation FrancePascal Lardellier, Professeur à l'Université de Bourgogne Franche-Comté, Chercheur au laboratoire CIMEOS, Université de Bourgogne – UBFCLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1530052021-01-13T18:14:29Z2021-01-13T18:14:29ZAcheter des vins trop âgés : une question de goût (du risque)<p>Contrairement aux idées reçues, la grande majorité des vins produits ne sont pas destinés à être vieillis : selon Kevin Zraly, l’un des plus célèbres professeurs de vins au monde, 99 % de la production mondiale de vin est destinée à être consommée dans les 5 années qui suivent sa production.</p>
<p>Malgré tout, il est de notoriété commune que la qualité du vin est susceptible de s’améliorer avec l’âge. Les nombreux facteurs susceptibles d’influencer le vieillissement d’un vin concernent autant les caractéristiques intrinsèques du vin (cépage, région d’origine, processus de vinification…) que d’autres caractéristiques extrinsèques (conditions de stockage, type de liège et de bouteille…).</p>
<h2>558 000 dollars pour un Romanée-Conti 1945</h2>
<p>En dépit des nombreuses études menées sur le sujet, la détérioration ou la bonification d’un vin avec l’âge reste un sujet mal compris et les réactions chimiques qui interviennent au fil du temps et modifient l’arôme ou la sensation en bouche d’un vin sont loin d’être toutes identifiées. Pour l’heure, le mystère autour du vieillissement du vin reste donc intact… ce qui n’empêche pas certaines vieilles bouteilles de se vendre à prix d’or.</p>
<p>Certains vins, riches de leur histoire ou de leur réputation, suscitent en effet la fascination des amateurs du monde entier. Pour l’heure, la bouteille de vin la plus chère au monde a été vendue lors d’une vente aux enchères à New York en 2018. Il s’agit d’une bouteille de Romanée-Conti millésime 1945 acquise pour la somme de 558 000 dollars.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1051217714327343104"}"></div></p>
<p>Bien qu’il s’agisse là d’un prix extraordinaire, de nombreuses bouteilles de luxe sont vendues chaque année pour des sommes importantes. Par exemple, en 2020, une bouteille de Musigny 2001 du domaine Leroy ainsi qu’une bouteille de Romanée-Conti 2009 ont été vendues aux <a href="https://www.lepoint.fr/vin/vins-et-spiritueux-les-bouteilles-les-plus-cheres-de-l-annee-22-12-2020-2406794_581.php">prix respectifs de 17 499 et 16 578 euros</a>. Il s’agit des deux ventes aux enchères les plus importantes enregistrées sur la plate-forme iDealwine l’année passée.</p>
<p>Quel est le profil de ces acheteurs qui, sans savoir si la qualité du vin sera bonifiée ou détériorée, sont prêts à ouvrir leur portefeuille ? Pour tenter de répondre à cette question, nous avons mené un <a href="https://www.researchgate.net/publication/337799635_The_Role_of_Individual_Risk_Attitudes_on_Old_Wine_Valuations">travail de recherche</a> à partir d’une série d’études expérimentales (encore en cours pour affiner les résultats) dont il ressort que la disposition à payer dépend de l’aversion au risque financier des sujets.</p>
<h2>Loteries</h2>
<p>« Tous les vins qui vous sont présentés sont âgés et ont vieilli dans des conditions non optimales. Certains de ces vins peuvent donc être encore bons et même meilleurs qu’ils l’étaient au départ, et d’autres peuvent avoir tourné au vinaigre ». C’est ainsi que nous introduisons ces expériences, réalisées dans le Wine & Spirits Business Lab de Burgundy School of Business, le laboratoire de recherche comportementale dédié au monde des vins et spiritueux.</p>
<p>Devant les sujets se trouvent entre 20 et 30 bouteilles de vins très variés, rouges et blancs, français et étrangers, qui présentent un seul point commun : la date de consommation optimale a été dépassée.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/377985/original/file-20210111-15-pw9b3u.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/377985/original/file-20210111-15-pw9b3u.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/377985/original/file-20210111-15-pw9b3u.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/377985/original/file-20210111-15-pw9b3u.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/377985/original/file-20210111-15-pw9b3u.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/377985/original/file-20210111-15-pw9b3u.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/377985/original/file-20210111-15-pw9b3u.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Le professeur Nikos Georgantzis prévient avant l’expérience que certaines bouteilles peuvent avoir tourné au vinaigre.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Romain Lafabrègue/AFP</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Avant de passer à l’étude des bouteilles, les sujets participent à un jeu dans lequel ils doivent choisir entre plusieurs loteries. Certaines de ces loteries permettent au sujet d’être certain de gagner 1 euro, tandis que d’autres leur offrent la possibilité de gagner jusqu’à 100 euros avec une probabilité décroissante en fonction de la somme à gagner. Cette tâche a pour objectif de mesurer l’aversion au risque monétaire des sujets.</p>
<p>Ensuite, chaque participant étudie chaque bouteille pendant deux ou trois minutes. Après avoir étudié l’étiquette, la couleur du liquide ou encore l’état du bouchon, il note le prix qu’il serait prêt à payer pour son acquisition. Il peut miser jusqu’à 20 euros. Dans la phase suivante, on tire au sort des groupes de 5 participants, puis une bouteille pour chaque groupe. Celui des 5 participants qui a misé le plus pour cette bouteille la remporte.</p>
<h2>Les connaisseurs sont plus méfiants</h2>
<p>À la fin de l’expérience, on s’aperçoit que les sujets qui prennent davantage de risques dans leur choix de loterie sont également ceux qui présentent la disposition à payer la plus forte pour les bouteilles qui leur ont été présentées. Ce résultat suggère donc qu’il existe bien une relation positive entre l’appétit pour le risque financier et la disposition à payer pour les vins âgés.</p>
<p>Par ailleurs, les résultats montrent également que les sujets les plus connaisseurs ayant validé leur diplôme d’œnologie (WSET) présentent en moyenne une disposition à payer plus faible pour ces vins. Ce second résultat suggère que les consommateurs les moins informés tendent certainement à surestimer l’impact positif du vieillissement du vin sur sa qualité.</p>
<p>Ces conclusions apportent un nouvel éclairage sur le comportement des consommateurs de vins, particulièrement sur les vins âgés qui connaissent un succès croissant au fil des années. Cette expérience met en évidence que les consommateurs les mieux informés sont conscients que le vieillissement d’un vin n’est pas forcément un gage de qualité. Par ailleurs, la relation positive entre le goût du risque des acheteurs et leur disposition à payer pour des vins âgés suggère qu’en ce qui concerne la fixation du prix de ces vins, la passion et la pulsion peuvent l’emporter sur la raison.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/153005/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Une expérience montre que les individus les plus joueurs sont aussi les plus enclins à dépenser pour une bouteille dont la date de consommation optimale est dépassée.Jean-Christian Tisserand, Professeur permanent en économie, Burgundy School of Business Nikos Georgantzis, Professor, Director of the Wine and Spirits Business Lab, Burgundy School of Business Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1477682020-10-14T18:58:52Z2020-10-14T18:58:52ZComment expliquer le succès du home organising ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/362449/original/file-20201008-14-12qoyre.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C0%2C4313%2C2431&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Trier nécessite d’accepter de se séparer des objets. Une décision qui peut s’avérer douloureuse pour certains.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/14903992@N08/10851963906/">Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc/4.0/">CC BY-NC</a></span></figcaption></figure><p>Vous avez sans doute entendu parler de Marie Kondo. Cette « fée du logis » explique comment organiser son intérieur en retenant uniquement des objets qui nous mettent en joie. La série qui a connu un vif succès sur Netflix a popularisé un phénomène naissant et encore mal connu : le <em>home organising</em>.</p>
<p>Depuis, cette prestation connaît un certain engouement en France. La <a href="https://ffpo.eu/">FFPO</a> (Fédération française des professionnels de l’organisation) recense 22 home organisers en France – sachant que tous ne font pas partie de la fédération. Au niveau mondial, la <em>National Association of Professional Organizers</em> (NAPO) parle de 4 000 membres dans 22 pays. Quant à la demande en France, peu de données sont disponibles. Les personnes qui ont recours à ce service restent discrètes, à l’instar des professionnels qui taisent généralement le nombre de leurs clients.</p>
<p>Nous allons chercher à comprendre les raisons de cette discrétion. Quelles attentes ce service nourrit-il chez les consommateurs ? Comment vivent-ils le recours à ces professionnels ? Pour répondre à cette question, nous avons conduit une série de 15 entretiens auprès des professionnels de l’organisation en France. L’objectif était de comprendre leur métier, ses enjeux relatifs à la crise environnementale notamment et les attentes de leurs clients, surtout de leurs clientes.</p>
<h2>Un monde de femmes</h2>
<p>Car tout d’abord, c’est un métier de femme pour des femmes. À l’instar des professions du <em>care</em> (du soin) à laquelle <a href="https://www.deboecksuperieur.com/ouvrage/9782807321878-du-gaspillage-la-sobriete">ce métier s’apparente</a> c’est « souvent pour des femmes, ma clientèle c’est 95 % des femmes », comme en témoigne une home organiser interrogée.</p>
<p>Pourquoi ? Car, comme nous l’explique une professionnelle « le développement personnel, c’est un truc de fille. Les femmes ont envie de progresser sur elles-mêmes. Là où les hommes vont dire “ attends, mais les trucs à la maison, moi je m’en fous !” Il délègue. L’affaire domestique reste encore extrêmement féminine ». Quant aux hommes, ils font appel aux <em>home organisers</em> « parce qu’ils accumulent trois années de papiers administratifs non classés et à un moment ils voient bien que ça ne va plus ».</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/362394/original/file-20201008-18-1hr84bc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/362394/original/file-20201008-18-1hr84bc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/362394/original/file-20201008-18-1hr84bc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/362394/original/file-20201008-18-1hr84bc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/362394/original/file-20201008-18-1hr84bc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/362394/original/file-20201008-18-1hr84bc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/362394/original/file-20201008-18-1hr84bc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Selon les recherches de l’auteur, les hommes font appel à un <em>home organiser</em> afin de trier leurs papiers administratifs.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://pixy.org/838177/">Pixy</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Certaines personnes font appel à un home organiser car elles ont le sentiment d’étouffer à force de voir des placards qui débordent d’objets. C’est ce qu’explique une autre spécialiste de l’organisation de la maison :</p>
<blockquote>
<p>« Ils sont épuisés, fatigués d’avoir tout ce bazar et ils ont besoin d’aide car ils ne savent pas par où commencer. »</p>
</blockquote>
<p>Et ce sentiment est encore plus partagé depuis le confinement et le développement du télétravail. Travailler chez soi ponctuellement peut se faire sur la table de la cuisine. Travailler chez soi régulièrement, plusieurs jours par semaine, nécessite un <a href="https://theconversation.com/confinement-quelle-organisation-pour-travailler-au-mieux-a-son-domicile-134071">lieu dédié, agréable à vivre</a>, soigné et non encombré.</p>
<h2>Ranger pour se sentir mieux</h2>
<p>D’autres font appel à un home organiser car elles vivent une situation de rupture. Burn-out, licenciement, divorce, accident, deuil ou encore congé maternité, déménagement, promotion professionnelle, en somme des parenthèses de l’existence.</p>
<p>Rompre un rythme souvent effréné qui caractérise nos modes de vie, ou encore rompre avec une façon d’être, de se définir, de se positionner invite à faire un retour sur soi et à remettre en question ses liens, dont ceux avec les objets.</p>
<p>C’est donc une transformation intérieure en cours, pas nécessairement encore consciente, qui pousse à faire appel à un home organiser, comme le souligne une interviewée :</p>
<blockquote>
<p>« Quand je commence un chantier chez une personne, je sais que sa vie va changer. Chacun fait son chemin. J’ai des retours de clientes qui disent “depuis que tu es rentrée dans ma vie, ma vie a changé”. C’est aussi les gens qui ont fait l’effort, ils sont responsables moi j’ai été un outil. »</p>
</blockquote>
<p>Enfin, le désordre, l’accumulation constituent des sujets dont le cadrage médiatique reste plutôt négatif, faisant d’autant plus ressortir les bienfaits d’un autre discours, celui de la légèreté, du minimalisme, de la sobriété.</p>
<p>Certaines personnes prennent alors conscience qu’elles seraient mieux dans un environnement moins encombré. Une home organiser le rappelle dans notre étude :</p>
<blockquote>
<p>« Marie Kondo nous a fait beaucoup de bien : elle a fait prendre conscience aux gens de leur rapport à l’objet. »</p>
</blockquote>
<p>Mais concrètement, pourquoi payer pour aider à s’alléger ? Une interviewée le rappelle :</p>
<blockquote>
<p>« Ce pour quoi elles ont besoin de moi, pour le plus souvent, c’est de trier. »</p>
</blockquote>
<h2>Le poids émotionnel des objets</h2>
<p>Par son activité de tri, le home organiser se distingue d’une femme de ménage, avec lequel il est pourtant si souvent confondu. Cette dernière ôte la poussière, replace quelques objets à leur ou à une place dans la maison. En aucun cas, la femme de ménage trie et jette des objets.</p>
<p>Trier nécessite d’accepter de se séparer des objets. L’objet est porteur de liens. « Ça peut toujours servir », « ça me rappelle tellement de choses » ou encore « je l’ai payé tellement cher » sont des justifications martelées par les personnes qui <a href="https://www.vuibert.fr/ouvrage/9782311004526-garder-tout-prix">« gardent tout »</a> et que nous avions rencontrées pour de la rédaction du livre <em>Garder à tout prix</em> (Éditions Vuibert/Fnege).</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/WvyeapVBLWY?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Bande-annonce de l’émission de Marie Kondo sur Netflix (en anglais).</span></figcaption>
</figure>
<p>Les objets cristallisent en effet des souvenirs, des émotions, des relations sociales, de l’argent, une identité, un passé, etc. L’objet étant une extension du soi, le perdre peut conduire à avoir le sentiment de se séparer d’une partie de soi faisant émerger un sentiment d’abandon, de perte.</p>
<p>Le rôle du home organiser vise à faire s’exprimer les clients sur leurs croyances vis-à-vis des objets et à leur montrer que l’on peut aussi penser différemment le rapport à ces objets. Une home organiser en témoigne :</p>
<blockquote>
<p>« Une cliente se refusait à jeter une vieille croûte que son petit frère avait faite quand il avait 14 ans et qui est aujourd’hui décédé. Elle s’obligeait en quelque sorte à conserver ce souvenir. C’était alors à moi de montrer l’espèce d’absurdité, l’espèce d’incohérence de cette croyance. Les clients conservent tout et n’importe quoi, sans même plus se poser la question de la valeur, de l’intérêt et du plaisir. »</p>
</blockquote>
<p>Parler des objets permet de relier différentes expériences internes (affect, pensée, sensation) et de les inscrire dans une trajectoire de vie. L’expérience subjective des objets permet de faire émerger la question du sens, de la cohérence entre ce que l’on est, aimerait être et ses pratiques.</p>
<p>Une interviewée qualifie ce que les clients attendent alors du home organiser :</p>
<blockquote>
<p>« Ils recherchent une autorisation officielle de se débarrasser de certaines choses, ou la confirmation de quelque chose qu’ils entrevoyaient, mais sans oser franchir le pas de la séparation d’avec l’objet. »</p>
</blockquote>
<h2>Un guide du tri et du rangement</h2>
<p>Autre attente de la part des clients : charger le home organiser de trier à leur place. Mais là, ça ne marche pas ! Le professionnel du rangement accompagne, guide, conseille, aide à cette prise de décision fatigante et compliquée pour chaque objet (garder ou jeter ?) mais en aucun cas il fait « à la place de ».</p>
<p>Sans quoi, comme l’explique une home organiser :</p>
<blockquote>
<p>« Ça ne tient pas, le désordre et l’accumulation reviennent rapidement et l’objectif n’est pas de revenir, je ne retourne jamais chez mes clients car après le travail que l’on a fait ensemble ils savent faire désormais sans moi, ils ont appris. »</p>
</blockquote>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/362447/original/file-20201008-20-iw6mb5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/362447/original/file-20201008-20-iw6mb5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=391&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/362447/original/file-20201008-20-iw6mb5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=391&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/362447/original/file-20201008-20-iw6mb5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=391&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/362447/original/file-20201008-20-iw6mb5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=492&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/362447/original/file-20201008-20-iw6mb5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=492&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/362447/original/file-20201008-20-iw6mb5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=492&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Méthode de rangement façon Marie Kondo.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/sabine_kracht/29772792841/in/photostream/">Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Enfin, parvenir à un lieu de vie rangé constitue l’objectif ultime des clients, explique une interviewée :</p>
<blockquote>
<p>« Une fois qu’elles savent faire le tri, en général, il n’y a plus de problème pour ranger. Ranger, c’est simple, c’est regrouper des objets par catégories. »</p>
</blockquote>
<p>Les catégories restent toutefois subjectives, parfois difficiles à définir (les livres sont à classer par couleurs ? thèmes ?) voire transgressées, créant de la pollution symbolique. Autrement dit, <a href="https://academic.oup.com/jcr/article-abstract/41/3/565/2907524?redirectedFrom=fulltext">du désordre</a>.</p>
<p>Le home organiser pense à une organisation optimale des objets en cohérence avec le mode de vie d’un foyer conduisant à un certain bien-être, souligne une professionnelle :</p>
<blockquote>
<p>« Petit bout par petit bout, doucement, ça se dégage, elles retrouvent du plaisir à occuper leur maison, leur appartement. »</p>
</blockquote>
<p>En somme, l’activité des home organisers permet une prise de conscience du <a href="https://theconversation.com/quatre-idees-recues-sur-le-gaspillage-dobjets-142881">gaspillage des objets</a> et contribue à éduquer le consommateur vers une <a href="https://editions.flammarion.com/Catalogue/hors-collection/documents-temoignages-et-essais-d-actualite/une-autre-voie-est-possible">autre voie</a>, celle de la consommation sobre.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/147768/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Valérie Guillard ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>L’art de réorganiser son intérieur, popularisé par l’émission de Marie Kondo sur Netflix, répond aux attentes des consommateurs qui ont du mal à se débarrasser des objets qui encombrent leur espace.Valérie Guillard, Professeur des Universités (Sciences de Gestion), Université Paris Dauphine – PSLLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1319822020-02-24T17:06:25Z2020-02-24T17:06:25ZLe vélo peut-il se développer hors des grandes villes ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/316438/original/file-20200220-92558-87507.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=6%2C157%2C3772%2C2634&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les cyclistes sont de plus en plus nombreux en zone rurale et péri-urbaine.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/fr/image-photo/female-commuter-riding-bike-out-town-1205268484">Shutterstock</a></span></figcaption></figure><p>La <a href="https://www.fub.fr/">Fédération des usagers de la bicyclette</a> a rendu publics le 6 février dernier les résultats de son baromètre 2019. Parmi les grandes nouveautés, la participation record des villes petites et moyennes.</p>
<p>768 communes ont été classées par l’association, en fonction du résultat des réponses à un questionnaire rempli par plus de 180 000 cyclistes. Au total, plus de 5000 communes ont fait l’objet d’au moins une contribution, et 50 % du total des contributions émane d’une commune de moins de 50 000 habitants (contre moins du quart en 2017).</p>
<p>Des chiffres qui révèlent un engouement croissant pour la pratique quotidienne du vélo, bien au-delà des grandes métropoles françaises.</p>
<h2>Des zones où l’automobile est reine</h2>
<p>Entre 1995 et 2008, la mobilité quotidienne a évolué selon des <a href="https://www.aurm.org/document/la-revue-du-cgdd-la-mobilite-des-francais-panorama-issu-de-lenquete-nationale-transports-et-deplacements-2008/show">tendances contradictoires</a>.</p>
<p>Dans les grandes villes, la part de l’automobile et des navettes domicile-travail a diminué. Mais dans les zones <a href="https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-00934756/PDF/MOUR_rapport_final_-_Quelles_mobilitA_s_en_milieu_rural_A_faible_densitA_.pdf">rurales et péri-urbaines</a> où ces trajets dominent, leur distance moyenne a augmenté et l’automobile semble régner sans partage. Alors que les systèmes de transport en commun sont peu développés et inadaptés aux contraintes des horaires de travail, les communes rurales, qui gagnent régulièrement des habitants… gagnent aussi des voitures.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1082854865355894785"}"></div></p>
<p>Si l’on se penche toutefois sur les modes de déplacements des ruraux, on s’aperçoit que l’automobile y atteint aussi un stade de saturation : bien que le taux de motorisation y soit pratiquement maximal, le <a href="https://www.insee.fr/fr/statistiques/2017650?sommaire=2017660">kilométrage annuel moyen stagne et même régresse</a> dans les zones peu denses.</p>
<p>Le <a href="http://archives.strategie.gouv.fr/cas/system/files/16_periurbain_1.pdf">poids économique de plus en plus lourd de l’automobile</a> pousse les ménages ruraux, en particulier les plus modestes, à réserver de plus en plus souvent la voiture aux seuls déplacements contraints. L’automobile traduit donc d’une part l’absence d’alternatives face à une mobilité obligatoire, et d’autre part des <a href="https://www.cairn.info/revue-transports-urbains-2017-1-page-18.htm">choix d’aménagement</a> <a href="https://www.cairn.info/revue-transports-urbains-2017-1-page-18.htm">qui la favorisent</a>, ainsi que l’ont rappelé avec force les « gilets jaunes ».</p>
<h2>Devenir « vélotafeur » à la campagne</h2>
<p>Pour toutes ces raisons, la mobilisation des cyclistes des petites villes dans le baromètre évoqué plus haut a de quoi surprendre. Nous nous sommes donc demandé qui étaient ces cyclistes ruraux, en nous intéressant particulièrement à ceux qui se rendent régulièrement au travail à vélo.</p>
<p>Pour cela, nous avons interrogé les « vélotafeurs » d’une ville de 8 000 habitants, située à la campagne. Dans cette commune, la pratique du vélo semble avoir progressé significativement au cours des dernières années. On ne dispose pas de chiffres précis, mais les comptages effectués par l’association « Vélo dans la ville » indiquent que le nombre de cyclistes aurait plus que doublé entre 2012 et 2019.</p>
<p>En sondant les vélotafeurs sur leurs pratiques, nous nous sommes d’abord rendu compte que la grande majorité d’entre eux avait commencé le vélo… dans une grande ville. Alors étudiants ou jeunes actifs, il leur était soit trop coûteux, soit très peu pratique – et bien souvent, les deux à la fois – de se déplacer en transports en commun.</p>
<p>Économique et rapide, le vélo s’est alors imposé comme le choix à privilégier, dans un contexte où la voiture n’était pas une option. Dans leur cas, devenir vélotafeur a été le résultat de socialisations successives : d’abord par les parents, puisque la totalité de nos enquêtés ont appris à pédaler dans l’enfance. Dans le contexte urbain, ensuite, une seconde socialisation a lieu, cette fois à l’usage « utilitaire » du vélo via des trajets réguliers. Une pratique qu’ils ont conservée une fois la ville quittée.</p>
<h2>Plus qu’un sport, une philosophie de vie</h2>
<p>Parmi ces adeptes de la pédale, nombreux sont ceux à avoir fréquenté des ateliers vélo, dans diverses villes de France, d’Europe et même du monde. En dehors des trajets utilitaires, les « vélotafeurs » aiment aussi voyager en pédalant. Un tiers de nos enquêtés a ainsi enfourché sa bicyclette pour un long séjour à l’étranger. Deux de nos enquêtés se sont même rencontrés sur la Panaméricaine. Le vélo permet ainsi d’appartenir à une communauté, dans laquelle on échange itinéraires et bons conseils. Cela devient même une philosophie, « un mode de vie ». Les adeptes se rejoignent autour d’un certain état d’esprit : liberté, indépendance, autonomie.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1216843959760314369"}"></div></p>
<p>La diffusion du vélo à la campagne s’appuie donc en partie sur les mobilités résidentielles : au-delà du périphérique, il y a aussi une campagne qui attire sans cesse de nouveaux résidents, en particulier venus des grandes agglomérations. Ceux-ci y recherchent une tranquillité qui passe notamment par l’évitement des grands trajets harassants typiques du cadre urbain.</p>
<p>Le pivot de cette stratégie est le choix d’un lieu de vie proche du lieu de travail, dans une ville « à taille humaine », où tout est accessible. La présence d’une gare, également, joue un rôle décisif pour garantir l’accessibilité à la longue distance. Un élément paraît alors central, c’est celui du choix. Nos enquêtés ont décidé en conscience d’un lieu de vie et de travail proches, dans un environnement défini. Sans surprise, ils occupent des positions plutôt qualifiées – voire très qualifiées – qui leur offrent une meilleure emprise sur les cadres spatiaux et temporels du travail.</p>
<h2>Une pratique encore réservée à une minorité</h2>
<p>Bien que cyclistes convaincus, nos interrogés ont aussi recours à la voiture, plus souvent en famille, le week-end, ou pour les loisirs des enfants : des motifs non contraints, essentiellement.</p>
<p>C’est bien cette inégalité face à la contrainte qui constitue le premier frein à la diffusion du vélo. Pour de nombreux actifs, le(s) lieu(x) de travail éloignés (<a href="https://www.observatoire-des-territoires.gouv.fr/observatoire-des-territoires/sites/default/files/ip1129.pdf">24 km en moyenne</a> en zone rurale), ou variables, ne permettent pas d’envisager une alternative à la voiture.</p>
<p>Mais tous motifs confondus, la moitié des trajets effectués font moins de 5 kilomètres : pour ceux-ci, le <a href="https://www.cerema.fr/system/files/documents/2017/12/note_zonespeudenses_modesactifs_cle6cdcc1.pdf">vélo</a> <a href="https://www.cerema.fr/system/files/documents/2017/12/note_zonespeudenses_modesactifs_cle6cdcc1.pdf">semble une solution pertinente</a>.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1145956753122746368"}"></div></p>
<h2>Des infrastructures inadaptées</h2>
<p>Le second frein repose sur la dangerosité des routes départementales et nationales et sur le manque d’équipements. Cyclistes militants et associations jouent dans les petites villes un rôle crucial de plaidoyer pour inciter les collectivités locales à créer et sécuriser les voies cyclables, encore largement insuffisantes et davantage pensées pour les touristes que pour un usage quotidien.</p>
<p>Le baromètre de la FUB montre qu’il existe, partout en France, des usagers qui se mobilisent et peuvent potentiellement infléchir les décisions locales d’aménagement. Le coût d’un VAE, enfin, plus adapté aux régions vallonnées, aux trajets plus longs ou au transport de charges (courses, enfants), constitue un frein important.</p>
<p>En contexte peu dense, il apparaît très difficile de se passer complètement de voiture : le vélo est plutôt un outil supplémentaire, et donc un coût supplémentaire, qui peut vite être perçu comme un véritable luxe dans le cas du VAE.</p>
<h2>Une aubaine pour les centres-villes</h2>
<p>Au-delà de l’aspect écologique, le cyclisme encourage aussi une autre manière d’habiter les petites villes, dont les centres ont souvent été vidés de leurs activités et de leurs habitants au profit de la périphérie, entièrement aménagée pour l’automobile. L’usage du vélo donne un accès privilégié aux commerces du centre-ville et incite à l’inverse à se détourner des zones commerciales périphériques, dangereuses et inadaptées aux cycles.</p>
<p>Garantir l’accessibilité des cœurs de ville aux vélos, c’est aussi les rendre plus attractifs pour les commerces et pour les habitants.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/131982/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Aurore Flipo a reçu des financements de l'ANR. </span></em></p>Les « vélotafeurs », qui pédalent entre leur domicile et leur travail, sont de plus en plus nombreux en zone rurale.Aurore Flipo, Sociologue, ENTPELicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1258532019-10-27T20:38:44Z2019-10-27T20:38:44ZLes associations sont-elles solubles dans le marché ? L’exemple de l’aide à domicile<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/298802/original/file-20191027-113998-z5inae.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=52%2C64%2C943%2C543&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les associations ont été pionnières dans l’organisation des services d’aide à la vie quotidienne auprès des personnes âgées.</span> <span class="attribution"><span class="source">Alpa prod/Shutterstock</span></span></figcaption></figure><p><em>Nous publions ici des extraits du livre <a href="https://www.deboecksuperieur.com/ouvrage/9782807306813-economie-politique-des-associations">« Économie politique des associations : transformations des organisations de l’économie sociale et solidaire »</a> coordonné par Anne Le Roy et Emmanuelle Puissant et écrit avec François-Xavier Devetter et Sylvain Vatan (Éditions de Boeck Supérieur), qui consacre un chapitre au cas de l’aide à domicile pour analyser les tensions entre les objectifs des associations et les logiques marchandes.</em></p>
<hr>
<h2>Le rôle pionnier des associations</h2>
<p>Bien que les initiatives populaires d’entraide aient commencé à se développer dans l’entre-deux-guerres, les premières associations d’aide à domicile naissent en majorité au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Le temps était alors à la reconstruction de la France : reconstruction matérielle, mais aussi politique, économique et sociale. La question de la misère des personnes âgées et des familles ouvrières était alors préoccupante. </p>
<p>Les initiatives populaires et la création des premières associations ont précédé les politiques publiques : les premières associations d’aide à domicile aux familles d’abord, puis aux personnes âgées, ont vu le jour avant que le secteur de la gérontologie ne soit reconnu comme tel. Les associations ont été pionnières d’abord dans l’organisation et la structuration des services d’aide à la vie quotidienne auprès des familles populaires, puis auprès des personnes âgées.</p>
<h2>Répondre à des besoins</h2>
<p>Dans la grande majorité des situations, les associations sont nées pour répondre à des besoins non satisfaits ou alors, elles ont aussi pu se créer pour répondre de manière différente à des besoins pour lesquels des réponses publiques ou privées existaient déjà.</p>
<p>Les premières formes d’organisations oeuvrant dans la prise en charge de l’indigence, de la pauvreté ou d’autres formes de marginalités ont bien souvent été des associations. Soit elles se sont créées pour répondre à ces besoins non satisfaits, pour permettre à des catégories oubliées de l’action publique et privée d’accéder à des aides, des services, des biens ; soit elles se sont créées en complémentarité ou même en réaction avec l’action sociale de « secours aux pauvres » et de traitement de l’indigence de la puissance publique, jugée comme relevant d’une logique d’assistanat, ne permettant pas aux usagers ou bénéficiaires de ces services d’être réellement acteurs dans la réflexion et la construction des réponses à leurs besoins.</p>
<h2>Repères bousculés</h2>
<p>L’essor des financements marchands bouscule les repères du monde associatif. Souvent justifiée par la recherche d’efficience, évaluant les activités des associations au regard de leurs coûts, l’introduction du marché et d’une régulation marchande semble pourtant dépasser la seule question de l’efficience pour impacter plus fondamentalement l’efficacité, comprise comme l’évaluation des activités au regard de leurs objectifs. Il s’agit alors non plus de répondre, le mieux possible, à des besoins sociaux mais d’y parvenir à moindre coût. Plus largement, l’introduction du marché questionne l’activité associative dans son rapport aux usagers comme dans son organisation productive. Cette régulation marchande contribuant à requalifier son identité et ses pratiques, l’activité associative pourrait-elle se perdre, se fondre, dans le marché ? Les associations y seraient-elles solubles ?</p>
<h2>La marchandisation limitée de l’aide à domicile</h2>
<p>L’évolution de l’aide à domicile dans les années 2000 permet de rendre compte de la multidimensionnalité du processus de marchandisation et de l’impact de ce processus sur les associations, acteurs historiques très largement majoritaires dans le champ. En effet, ce champ d’activité fait l’objet à la fois (1) d’une libéralisation et d’une privatisation de l’offre par son intégration au <a href="https://journals.openedition.org/sdt/15409">secteur nouvellement constitué</a> des services à la personne et (2) d’une évolution en profondeur du mode de régulation tarifaire et budgétaire des acteurs historiques dans les <a href="https://www.researchgate.net/publication/301587298_Les_associations_au_coeur_d%E2%80%99un_enchevetrement_de_regulation">rapports qu’ils entretiennent avec leur tutelle</a> dans leur mission de service social.</p>
<p>En examinant le rôle paramétrique du prix dans cette nouvelle configuration institutionnelle, c’est-à-dire la manière dont le prix sous-tend les relations d’échange, il nous est possible de tracer les différents espaces de déploiement de la marchandisation dans l’aide à domicile. L’essor de la marchandise au sens strict nous apparaît alors comme limité au regard de ce que l’on peut considérer comme l’<a href="https://blogs.alternatives-economiques.fr/abherve/2013/09/15/la-suppression-de-l-ansp-marque-l-echec-du-plan-borloo-de-developpement-des-services-a-la-personne">échec du plan Borloo</a>. En revanche, l’expansion de la forme marchandise, perceptible par l’analyse du rôle paramétrique du prix, nous apparaît être le véritable vecteur de la marchandisation des secteurs médico-sociaux comme l’aide à domicile. La marchandisation de ce secteur d’activité passe par la transformation de son mode de financement qu’est la tarification administrée.</p>
<p>Le plan Borloo prévoyait l’ouverture totale à la concurrence de l’activité prestataire d’aide à domicile. Ainsi, jusqu’en 2006, l’activité prestataire d’aide à domicile réalisée dans le cadre des prestations d’aide sociale du département devait être réalisée par les organismes bénéficiant de l’habilitation à l’aide sociale. Ces organismes devaient être autorisés par les conseils généraux, autorisation qui leur ouvrait droit au mode de financement historique des activités sociales et médico-sociales : la tarification sociale et médico-sociale.</p>
<p>À partir de 2006, les entreprises lucratives peuvent donc investir le champ et, contrairement au principe de la tarification administrée, peuvent y pratiquer un prix « librement » fixé par les producteurs. Ce qu’on qualifiera ici de prix marchand se distingue du prix de marché dans l’analyse économique néoclassique, en ce qu’il est administré par les producteurs, donc construit et non fixé par la rencontre de l’offre et de la demande. À la différence de la tarification sociale, la validation sociale de la production est alors décentralisée et individualisée. La puissance publique s’efface ainsi en partie de la relation d’échange et, avec elle, une part importante de la dimension politique de l’activité d’aide à domicile qui s’est historiquement construite en tant que relation de service social.</p>
<p>Ce pan de l’activité d’aide à domicile est donc celui qui renvoie le plus à l’idéal type de l’activité marchande. Les prix y cristallisent un rapport d’échange désincarné où les relations tendent à se réduire à un taux d’échange. La logique collective d’anticipation et de validation d’une production, répondant à des besoins.</p>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/298577/original/file-20191024-170484-bd9su3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/298577/original/file-20191024-170484-bd9su3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/298577/original/file-20191024-170484-bd9su3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=847&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/298577/original/file-20191024-170484-bd9su3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=847&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/298577/original/file-20191024-170484-bd9su3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=847&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/298577/original/file-20191024-170484-bd9su3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1064&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/298577/original/file-20191024-170484-bd9su3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1064&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/298577/original/file-20191024-170484-bd9su3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1064&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption"></span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.deboecksuperieur.com/ouvrage/9782807306813-economie-politique-des-associations">Éditions de Boeck Supérieur</a></span>
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<p>Pour autant que ce pan de l’activité d’aide à domicile relève bien de la marchandise, cet espace de déploiement de la marchandisation reste malgré tout confiné. Si les premières années suivant la mise en place du plan Borloo ont vu l’explosion de la création d’entreprises de services à la personne et de leur activité16, cette forte croissance doit être remise dans la perspective du faible poids que ces entreprises représentent dans l’activité en direction des personnes fragiles qui est le périmètre historique de définition de l’aide à domicile17.</p>
<p>La marchandisation au sens strict de l’aide à domicile reste donc limitée. C’est par un autre canal, celui de la transformation de la tarification administrée, que le levier de l’extension marchande est principalement activé.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/125853/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Les auteurs du livre « Économie politique des associations » décryptent les tensions entre les logiques marchandes et les missions des associations au travers de l'exemple des services à la personne.Anne Le Roy, Enseignante chercheuse en Economie au CREG à l'UGA, Université Grenoble Alpes (UGA)Emmanuelle Puissant, Enseignante-chercheuse, Université Grenoble Alpes (UGA)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1197262019-07-04T21:33:24Z2019-07-04T21:33:24ZApprenez à dire « non »<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/282504/original/file-20190703-126400-1rhsglq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=5%2C0%2C992%2C666&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Oubliez la crainte de déplaire et sachez être clairs avec vos interlocuteurs.</span> <span class="attribution"><span class="source">Shutterstock</span></span></figcaption></figure><p><em>Cette chronique se nourrit des recherches et rencontres publiées sur mon site <a href="https://www.cahiersdelimaginaire.com/votrelaboratoirecreatif-sylviegendreau">Les cahiers de l’imaginaire</a>.</em></p>
<hr>
<p>« Je suis aussi fier des choses que nous n’avons pas faites », déclarait Steve Jobs. On le sait en effet, dire « oui » à tout ne mène nulle part… alors, pourquoi ne pas refuser ce qui est compliqué pour nous ou nous rebute ? Craint-on le rejet ? Appréhende-t-on la réaction de celui ou celle à qui cette réponse est destinée ?</p>
<p>De fait, la peur de déplaire est ancrée en nous depuis l’enfance et ses racines sont tentaculaires. Nous souffrons d’un manque d’attention et par conséquent, nous voulons plaire à tout prix. Votre mère était constamment déprimée, vous vous sentiez responsable de son état, et vous avez maintenant tendance à acquiescer à n’importe quelle requête ?</p>
<p>Mais, à la longue, un engorgement se produit. Les requêtes d’autrui prennent toute la place, et empêchent d’aménager un temps pour soi. C’est alors qu’un mot de trois lettres devient une phrase. Non. En l’employant judicieusement, et parfois à plusieurs reprises dans une journée, il s’accompagne d’un sentiment de colère. Vous réalisez alors le temps que vous avez perdu dans des tâches futiles.</p>
<h2>Sens des priorités</h2>
<p>Comme le souligne <a href="https://www.theguardian.com/lifeandstyle/2019/jun/02/want-to-improve-your-life-just-say-no">Chloe Brotheridge</a>, il faut bien voir que constamment dire « oui » est une forme de manipulation, dont l’objectif est de se faire aimer à tout prix. Ce qui évidemment ne marche pas pour deux raisons :</p>
<ul>
<li><p>L’effet désiré se produit rarement.</p></li>
<li><p>Exécuter une tâche que l’on ne veut pas accomplir nous rend détestable la personne qui nous le demande et nous frustre parce que cela nous prive d’un temps qui aurait été mieux occupé à faire autre chose.</p></li>
</ul>
<p>Toutefois, dès qu’on prend l’habitude de dire non, une difficulté nouvelle fait son apparition. Nous nous trouvons alors dans l’obligation de faire face à ce que l’on veut vraiment. Ce que l’on me demande me correspond-il ? Lorsqu’il s’agit de requêtes sans importance, le questionnement reste superficiel mais des interrogations plus profondes surgissent lorsqu’il s’agit de décisions importantes, de véritables choix de vie.</p>
<p>Lorsqu’on nous demande quelque chose, il est possible que nous soyons pris au dépourvu. Que faire alors ? Pourquoi ne pas proposer à la personne de formuler sa demande par écrit, sous la forme d’un courriel par exemple ? Voilà qui peut vous laisser le temps d’y réfléchir et de lui répondre.</p>
<h2>Langage clair</h2>
<p>En tant qu’ancien dirigeant d’une grande maison d’édition, Michael Hyatt, l’auteur de <a href="https://www.amazon.fr/gp/product/B07F3DM7C1/ref=as_li_tl?ie=UTF8&tag=lescahideli00-21&camp=1642&creative=6746&linkCode=as2&creativeASIN=B07F3DM7C1&linkId=b6028bbe8c7321e7e2d27ad78fb31c42"><em>Free to Focus</em></a>, reçoit souvent des demandes pour lire des manuscrits ou rencontrer des personnes qui ont besoin de conseils. Bien entendu, il n’a pas le temps d’accéder à toutes ces demandes. Il a préparé un modèle de lettre où il refuse en encourageant les auteurs à poursuivre leur travail d’écriture. Il ne lui reste qu’à en personnaliser le premier paragraphe.</p>
<p>« L’important, explique-t-il, est de ne pas créer d’attente en laissant la personne dans l’incertitude. Il vaut mieux un “non” positif bien formulé, cela permet à la personne de s’organiser autrement. »</p>
<p>Pour savoir quand dire « non » ou « oui », il faut toutefois bien connaître ce qui nous importe, ce que nous ne voulons pas et ce que nous désirons accomplir.</p>
<p>C’est la première étape que conseille Michael Hyatt. Soyons clairs avec notre vision de la productivité. Une fois que nous savons ce que nous désirons, il sera plus facile d’évaluer nos compétences et nos responsabilités à la lumière de ce que nous devons (vraiment) faire nous-mêmes et ce qui serait mieux fait par d’autres, ou par un robot.</p>
<p>Cet exercice nous aidera ensuite à faire une liste de choses à ne pas faire plutôt qu’une liste de choses à réaliser.</p>
<h2>Temps libre</h2>
<p>Le temps libéré doit nous offrir du temps pour dormir, réfléchir, créer, échanger et nous amuser davantage. Si l’on en profite pour nous charger de tâches qui nous coûtent, cela ne servira pas à grand-chose.</p>
<p>Dans son ouvrage, <a href="https://www.amazon.fr/gp/product/B07F3DM7C1/ref=as_li_tl?ie=UTF8&tag=lescahideli00-21&camp=1642&creative=6746&linkCode=as2&creativeASIN=B07F3DM7C1&linkId=b6028bbe8c7321e7e2d27ad78fb31c42"><em>Free to Focus</em></a>, Michael Hyatt rappelle l’innovation de Henry Ford qui a été le premier à réduire la semaine de travail à 40 heures ! Cela a causé un enthousiasme incroyable chez les employés qui n’avaient que le dimanche pour se reposer avec leur famille. Leur plus grande surprise a été de constater que malgré les heures travaillées en moins, la productivité a explosé.</p>
<p>Reposés, nous travaillons mieux, nous réfléchissons mieux.</p>
<p>Encore aujourd’hui, dans la majorité des pays, le modèle de la semaine de 40 heures (voire 35 heures) est encore en vigueur, sauf que… les employés du savoir, tous munis d’un téléphone intelligent restent accessibles en tout temps ou presque. Pour eux, le nombre d’heures de travail est à la hausse !</p>
<p>Il n’est pas rare pour ces personnes de lire leurs e-mails tous les jours, y compris le week-end, avant ou après leur journée de travail afin d’éviter l’encombrement pendant les heures au bureau. Il est de plus en plus difficile de faire de vraies pauses.</p>
<p>Or sans pauses, surtout dans un monde de distractions comme le nôtre, il devient difficile de se concentrer.</p>
<h2>Croyances à dissiper</h2>
<p>Les méthodes de productivité qui aident à accomplir davantage plus rapidement ne sont pas nécessairement ce qui améliorera notre vie. La stratégie gagnante est d’accomplir ce qui importe. Se libérer du temps prend son sens si cela permet d’accomplir ces choses essentielles et de se ressourcer.</p>
<p>Nous pensons parfois qu’il est impossible de faire autrement et que les choix ne sont pas entre nos mains. Or ces croyances sont nos plus grands freins. Nous ne prenons pas le temps de tout remettre à plat sous prétexte que nous manquons de temps pour le faire, mais cela est un gouffre. On s’imagine ne pas être suffisamment disciplinés, mais avec les bonnes habitudes en place cela peut se faire plus facilement qu’on ne le pense.</p>
<p>Pour une partie de notre temps, nous pouvons tous être en contrôle. Cela implique toutefois que nous soyons clairs avec nos désirs et les compétences à exploiter pour rediriger les tâches qui ne conviennent pas.</p>
<p>Je vous propose de suivre les conseils de Michael Hyatt, de faire votre liste de choses à ne pas faire, d’éliminer les tâches qui ne sont pas essentielles ou de les rediriger en les déléguant.</p>
<p>Cela vous permettra de vous focaliser sur les tâches essentielles et de récupérer du temps libre pour vous ressourcer afin de donner le meilleur de vous-même lorsque viendra le moment de vous remettre au travail.</p>
<p>Et, vous l’avez compris, la condition <em>sine qua non</em> est de refuser toutes les demandes qui ne sont pas compatibles avec vos objectifs ou votre vision… sinon ce sont les autres qui contrôleront votre agenda.</p>
<p>L’exercice que je vous propose cette semaine : apprendre à dire non avec élégance, c’est <a href="https://www.cahiersdelimaginaire.com/cahier-d-exercices/de-sylvie-gendreau-exercice-116">ICI</a>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/119726/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<h4 class="border">Disclosure</h4><p class="fine-print"><em><span>Sylvie Gendreau, intervenante à Polytechnique Montréal, accompagne des dirigeants, des entrepreneurs et des créateurs dans la conduite de leurs projets et offre des cours en ligne dans le cadre de son entreprise, La Nouvelle École de Créativité.</span></em></p>Les méthodes de productivité qui aident à accomplir davantage plus rapidement ne sont pas nécessairement la clé pour améliorer le quotidien.Sylvie Gendreau, Chargé de cours en créativité et innovation, Polytechnique MontréalLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1090522019-01-22T23:40:01Z2019-01-22T23:40:01ZL’orthorexie, ou quand l’obsession du « manger sain » vire à la maladie<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/254364/original/file-20190117-32837-zr2xyv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=35%2C0%2C4778%2C2958&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Parfois, chercher à manger sain n'est plus si sain…</span> <span class="attribution"><span class="source">Shutterstock</span></span></figcaption></figure><p>Aujourd’hui, nous ne choisissons plus les aliments uniquement pour leur goût : nous voulons manger plus équilibré, moins riche, moins gras, pour rester en bonne santé. Nous sélectionnons donc notre nourriture en fonction de ses « qualités », de ses vertus, que celles-ci reposent sur des informations fondées scientifiquement ou non : certains achètent des aliments « bio » ou cultivés de façon plus respectueuse de la nature, parce qu’ils sont plus « sains », d’autres vont accorder une attention particulière à leur valeur nutritive…</p>
<p>Ces démarches débouchent sur un art de vivre plus responsable, plus à l’écoute de son corps. Mais il arrive que les choses dérapent, et que l’obsession s’installe. Cette dérive porte un nom : l’orthorexie.</p>
<h2>Qu’est-ce que l’orthorexie ?</h2>
<p>Le terme orthorexie (du grec <em>ortho</em>, « droit », « exact », et <em>orexia</em>, « appétit ») désigne un trouble alimentaire qui peut nuire à la santé et à la qualité de vie des personnes qui en sont atteintes.</p>
<p>Une personne orthorexique passe plusieurs heures par jour à choisir ses aliments, à prévoir ses repas. Elle va par exemple rechercher les aliments qui contiennent le moins de sel possible, ou ceux qui sont, selon elle, exempts de polluants, dans une quête souvent idéalisée… Pour les personnes atteintes d’orthorexie, la <a href="http://www.pur-editions.fr/detail.php?idOuv=4036">notion de pureté est importante</a>. Certaines d’entre elles expriment « se sentir souillées » quand elles ne peuvent exercer ces choix alimentaires.</p>
<p>Cette quête peut aussi s’étendre à l’activité physique. Il s’agit d’obtenir un corps sain idéalisé, version extrême de l’adage « un esprit sain dans un corps sain ». Il s’ensuit parfois un envahissement par ces préoccupations. La personne orthorexique ressent de l’anxiété, voire de la culpabilité, quand les contraintes de choix qu’elle s’impose ne sont pas satisfaites. Cette situation peut aboutir à l’isoler socialement.</p>
<h2>Quelles sont les conséquences pour la santé ?</h2>
<p>Dans les contextes les plus extrêmes, des cas de dénutrition profonde, de <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/27299484">malnutrition</a>, c’est-à-dire de déficiences en certains nutriments, <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/21998605">ont été rapportés</a>. Il s’agit toutefois de cas cliniques isolés qui ne reflètent pas la situation courante.</p>
<p>Des études menées sur des populations à risque <a href="https://doi.org/10.1007/s40519-018-0565-3">n’ont pas révélé de différence</a> en termes de corpulence entre les personnes orthorexiques et les personnes témoins. Ce constat ne permet cependant pas d’exclure l’existence de carences, à des degrés moindres.</p>
<p>La souffrance psychologique est un autre champ de complications. L’orthorexie a en effet des conséquences sur l’humeur. Il arrive qu’elle se traduise par une anxiété pouvant devenir envahissante, parfois associée à des troubles obsessionnels compulsifs, voire à une dépression.</p>
<h2>Qui est concerné ?</h2>
<p>Il est difficile d’estimer la fréquence de l’orthorexie dans la population générale. Cela est en partie dû au fait que les critères diagnostiques sont encore débattus. La littérature commence à peine à s’intéresser à ce phénomène, et l’orthorexie n’est pas encore officiellement reconnue comme un trouble du comportement alimentaire, contrairement par exemple à l’anorexie ou à la boulimie. </p>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/255060/original/file-20190122-100276-32py3t.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/255060/original/file-20190122-100276-32py3t.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/255060/original/file-20190122-100276-32py3t.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=455&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/255060/original/file-20190122-100276-32py3t.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=455&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/255060/original/file-20190122-100276-32py3t.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=455&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/255060/original/file-20190122-100276-32py3t.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=572&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/255060/original/file-20190122-100276-32py3t.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=572&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/255060/original/file-20190122-100276-32py3t.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=572&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption"><em>S. Thomas :« Est-il temps que l’orthorexie soit officiellement classée comme trouble du comportement alimentaire ? » S. Bratman : « La reconnaissance officielle exige un important corpus de recherche, qui n’existe pas encore. Mais au cours des prochaines années…»</em></span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://twitter.com/StevenBratman/status/662719978869657601">@StevenBratman</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Ce trouble a été décrit pour la première fois par un médecin américain, Steven Bratman, en 1997. Le nombre de publications médicales et scientifiques qui lui ont été consacré <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/26724459">ne s’est que récemment accru</a>, pour atteindre près de 30 publications par an depuis 2015. </p>
<p>Les données disponibles concernent des groupes de population jugés « à risque » tels que les jeunes, et notamment les <a href="https://bmcpsychiatry.biomedcentral.com/articles/10.1186/s12888-018-1943-0">étudiants</a>, en particuliers ceux suivant des cursus en diététique, médecine et sport. Les fréquences de l’orthorexie vont de 5-10 % dans les populations non ciblées à plus de 50 % dans les populations « ciblées ».</p>
<h2>Aux racines de l’orthorexie</h2>
<p>La quête d’une nourriture « saine », pour ne pas « s’intoxiquer », n’est pas récente, comme le rappelle l’historienne de l’alimentation Madeleine Ferrières dans son ouvrage <a href="http://www.seuil.com/ouvrage/histoire-des-peurs-alimentaires-du-moyen-age-a-l-aube-du-XXe-siecle-madeleine-ferrieres/9782020476614">consacré aux peurs alimentaires</a>.</p>
<p>Toutefois, si autrefois les craintes liées à la nourriture étaient notamment nourries par le risque d’ingérer des aliments de mauvaise qualité sanitaire, aujourd’hui d’autres sources de préoccupations émergent. Pour comprendre l’apparition de l’orthorexie, il faut donc croiser approche historique et analyse sociologique.</p>
<p>Quatre peurs alimentaires, étroitement imbriquées, alimentent les racines de l’orthorexie : la peur du manque, la peur de l’empoisonnement, la peur de l’excès et, plus récemment, la peur du regard de l’altérité et la <a href="https://www.odilejacob.fr/catalogue/psychologie/psychologie-generale/fatigue-detre-soi_9782738108593.php">« mésestime de soi »</a> qui risque d’en résulter.</p>
<h2>La peur du manque</h2>
<p>Cette peur est entremêlée avec la crainte de la famine (qui malheureusement <a href="https://www.who.int/fr/news-room/detail/11-09-2018-global-hunger-continues-to-rise---new-un-report-says">concerne encore une partie importante de la population mondiale</a>). Elle prend toutefois une forme nouvelle dans nos sociétés urbaines et « hypermodernes » où la « médicalisation » de l’alimentation engendre un effet pervers de « déconstruction » de nos aliments, réduits à leur seule dimension nutritionnelle.</p>
<p>Dans les catégories sociales de bon niveau socioculturel, dans les catégories socio-professionnelles supérieures, et davantage chez les femmes, la peur du manque ne concerne plus l’accès à des quantités suffisantes de calories nécessaires à la (sur)vie mais plutôt à <a href="https://www.odilejacob.fr/catalogue/sciences-humaines/sociologie/alimentations-particulieres_9782738128706.php">des craintes fragmentées</a>, relatives au déficit en sel minéraux, vitamines, oligo-éléments, antioxydants.</p>
<p>Cette préoccupation exacerbe une seconde sorte de peur, celle de l’excès.</p>
<h2>Peur de l’excès et peur de l’empoisonnement</h2>
<p>L'excès dont il est question ici ne concerne pas les quantités au sens large, mais plutôt l'excès de consommation de certains produits jugés malsains… Cela suppose l’existence d’une typologie sous-jacente où le végétal est naturellement bon, alors que les produits d’origine animale doivent être consommés avec parcimonie ou écartés de la diète pour des raisons éthiques et idéologiques.</p>
<p>Cette peur d’un excès, basée sur une classification des aliments qui n’a rien de scientifique, conforte à son tour une troisième peur, celle de l’empoisonnement. Contrairement aux empoisonnements évoqués par Madeleine Ferrières, ceux-ci ne sont plus attribués à un individu en particulier (empoisonneur au service d’une famille royale, « sorcière », homme de pouvoir dans la société villageoise – meunier, curé, instituteur, etc.) mais à une entité collective que l’on est bien incapable de définir !</p>
<p>La dimension industrielle (qui pourtant permet une qualité sanitaire supérieure à celle d’autrefois) effraie, au même titre que les décisions politiques et économiques « anonymes » (sur la protection de l’environnement, les processus de transformation alimentaire, etc.). Au contraire, les paradigmes du « small is beautiful » et la personnalisation de la nourriture (via son origine géographique, la connaissance du producteur, etc.) rassurent le mangeur, <a href="https://journals.openedition.org/lectures/5463">particulièrement français et d’Europe du Sud</a>.</p>
<p>Enfin une dernière peur est elle, assez récente : il s’agit de celle liée au jugement que l’autre porte sur notre silhouette ou sur notre consommation de produits (qui participe d’une manière ou d’une autre à la « destruction » de notre planète).</p>
<h2>La peur du jugement d’autrui</h2>
<p>Cette peur peut avoir différentes origines. Par exemple, dans un contexte sociétal où la minceur (voire la maigreur ?) préside à l’esthétique corporelle, on surveille ses incorporations (de gras animal, de sucre, de sel, etc.), soupçonnées de faire grossir et d’<a href="http://www.lemangeur-ocha.com/dossiers/corps-de-femmes-sous-influence-questionner-les-normes-symposium-de-locha-novembre-2003/">éloigner de la réalisation d’une image corporelle de séduction, de réussite et d’efficacité sociale</a>.</p>
<p>La crainte du regard d’autrui peut aussi survenir dans le cas où l’on consomme des produits dont la production ou la fabrication seraient condamnables d’un point de vue éthique, en termes de développement durable ou de pollution planétaire.</p>
<p>Dans tous les cas, ces peurs correspondent à un désir inconscient d’inclusion dans un groupe référent ou dans un conformisme normatif émergeant, <em>in fine</em> sécurisant pour un mangeur revendiquant par ailleurs une liberté d’action.</p>
<h2>La caisse de résonance des médias et des réseaux sociaux</h2>
<p>Ces peurs sont diffusées par les médias et les réseaux sociaux. C’est par exemple le cas des effets sur la santé de certains additifs alimentaires, du risque de cancer lié à certains aliments, ou de la contamination des sols et de la nourriture par les pesticides.</p>
<p>Des articles récents, publiés dans des <a href="https://www.thelancet.com/gbd">journaux scientifiques prestigieux</a>, ont ainsi mis en avant le rôle de l’alimentation comme première cause de décès chez l’être humain. Ces résultats ont parfois ensuite été repris par la presse <a href="https://www.theguardian.com/society/2018/nov/08/poor-diet-a-factor-in-one-fifth-of-global-deaths-in-2017-study">« grand public »</a>.</p>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/255055/original/file-20190122-100295-14ex29i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/255055/original/file-20190122-100295-14ex29i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/255055/original/file-20190122-100295-14ex29i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=253&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/255055/original/file-20190122-100295-14ex29i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=253&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/255055/original/file-20190122-100295-14ex29i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=253&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/255055/original/file-20190122-100295-14ex29i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=318&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/255055/original/file-20190122-100295-14ex29i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=318&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/255055/original/file-20190122-100295-14ex29i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=318&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Détail de la « une » du quotidien Le Monde du 27 octobre 2015.</span>
<span class="attribution"><span class="source">DR</span></span>
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</figure>
<p>On se souvient en particulier que le quotidien Le Monde <a href="https://www.letemps.ch/societe/argentine-plutot-mourir-dabandonner-viande-rouge">avait titré sans nuance</a>, en première page de l’édition datée du mardi 27 octobre 2015 : <a href="http://medias-org.lemonde.fr/editionelectronique/une/15102701.pdf">« Les viandes rouges classées cancérogènes »</a>. Cet article faisait écho à une <a href="https://www.thelancet.com/journals/lanonc/article/PIIS1470-2045(15)00444-1/abstract">publication du journal <em>The Lancet Oncology</em></a> qui alertait sur le rôle des viandes transformées (charcuterie par exemple), dans le développement de cancers, ainsi qu’à un moindre niveau, sur le rôle de la viande rouge. Cette diffusion de l’information, amplifiée par les réseaux sociaux, peut contribuer à modifier le comportement alimentaire.</p>
<p>En outre, un nombre croissant de personnes orientent leurs choix alimentaires pour servir des causes qui ne sont pas directement liées à leur santé, tels que le bien-être animal ou la préservation de l’environnement. <a href="https://www.cnews.fr/conso/2019-01-21/regimes-vegan-vegetarien-vegetalien-pescetarien-quelles-differences-764768">Vegan, végétarien, flexitarien, pesco-végétarisme (pescatarian)</a>… De nombreux régimes sont concernés. Des travaux récents ont étudié <a href="https://www.thelancet.com/journals/lanpla/article/PIIS2542-5196(18)30206-7/fulltext">leur impact sur la santé</a>, et on peut s’attendre à ce que ces nouveaux modes d’alimentation nourrissent eux-aussi des conduites orthorexiques, sur la base d’effets bénéfiques démontrés ou suggérés.</p>
<p>Ceci est d’autant plus prévisible que certains de ces régimes peuvent être interprétés comme des démarches identitaires qui permettent à la personne qui les suit d’« exister » au sein d’un groupe. Or dans notre société « numérique » qui donne accès à tout, sans filtre aucun, les individus sont submergés par la multiplicité des informations. Cette saturation peut parfois engendrer un trouble profond, l’<a href="https://philosciences.com/204-anomie-ideologie">anomie</a> (ou sensation de perte de repères), qui pousserait certains à s’engager dans des démarches identitaires pouvant être alimentaires, comme l’orthorexie, pour retrouver le sens perdu.</p>
<h2>Que faire en pratique ?</h2>
<p>Les répercussions sur l’humeur, la socialisation, ou le poids des personnes orthorexiques doivent mener à consulter un médecin. Ce dernier jugera s’il est nécessaire d’orienter le patient vers un médecin « somaticien » spécialisé, vers un psychiatre, ou encore s’il faut se placer sur ces deux niveaux simultanément.</p>
<p>Il est toutefois souvent difficile d’établir une alliance thérapeutique car la personne est généralement envahie par ses troubles. Peu apte à entendre les arguments ou à suivre une prescription, elle ne « vit » que dans le cadre qu’elle s’impose, persuadée que son obsession est justifiée. Opposer une attitude dogmatique, de raison, étayée par des arguments « scientifiques » et/ou « médicaux » est donc souvent vouée à l’échec.</p>
<p>Il n’existe à l’heure actuelle aucune stratégie thérapeutique universelle. Pour établir une relation de confiance dans ce contexte, il faut avant tout faire preuve de patience. Il s’agit de progressivement sortir les patients de leur enfermement, afin qu’ils puissent à nouveau simplement manger pour vivre, et non plus vivre pour chercher à manger…</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/109052/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Régis Hankard a reçu des financements de l'Inserm et d'association pour conduire des projets de recherche. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Jean-Pierre Corbeau est membre de.
Comité scientifique de l'OCHA
Comité scientifique du GROS
Comité scientifique de l'Institut Danone</span></em></p>Sains, riches en oligo-éléments, équitables, bio… Les aliments sont de plus en plus souvent choisis en fonction de leurs vertus, réelles ou supposées. Une quête qui tourne parfois à l’obsession…Régis Hankard, PU-PH, Professeur de Pédiatrie, Inserm UMR 1069 "Nutrition, Growth Cancer" & Inserm F-CRIN PEDSTART, Université de Tours, CHU de Tours, InsermJean-Pierre Corbeau, Professeur émérite de sociologie de l'alimentation, vice-président de l'Institut Européen de l'Histoire et des Cultures de l'Alimentation, Université de ToursLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/785682017-06-01T22:15:36Z2017-06-01T22:15:36ZLes stratégies souterraines pour concilier vies « pro et perso » au masculin<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/171624/original/file-20170531-25689-e4ke77.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=85%2C95%2C872%2C547&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Monsieur, êtes-vous rentré « trop tôt » du travail ?</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://visualhunt.com/f/photo/2621684166/dee9f0540e/">Nickster 2000/Visual Hunt </a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span></figcaption></figure><p>L’articulation vie professionnelle-vie personnelle dans les entreprises a été longtemps considérée comme un sujet féminin, devenu un enjeu managérial suite à l’entrée massive des femmes sur le marché du travail et des transformations socioculturelles s’y afférant.</p>
<h2>L’équilibre travail/vie privée, une affaire d’hommes aussi</h2>
<p>Ainsi, historiquement les politiques d’équilibre vie professionnelle–vie personnelle ont émergé dans les entreprises dans le cadre de la mise en œuvre des actions en faveur de l’égalité professionnelle et de la promotion des femmes aux plus hautes responsabilités hiérarchiques. Elles étaient destinées aux femmes et visaient peu les hommes.</p>
<p>D’ailleurs, d’un point de vue académique, il a fallu attendre 1992 pour qu’apparaissent les premières recherches s’intéressant à l’équilibre des <a href="http://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1002/job.4030130407/abstract">sphères de vie des hommes</a>.</p>
<p>Bien que ces études continuaient de refléter la division sexuée du travail et la persistance du <a href="https://link.springer.com/chapter/10.1007/978-0-230-80083-0_1">« breadwinner model »</a>, elles ont aussi mis en lumière que les hommes vivaient un niveau de conflit travail-famille équivalent à celui des femmes, reconnaissant ainsi que la conciliation était aussi une question au cœur des préoccupations masculines. Cette reconnaissance s’est alors consolidée et accélérée ces dernières décennies grâce notamment aux différentes législations autour du congé parental et de paternité dans l’objectif d’une répartition plus équitable des responsabilités familiales.</p>
<p>Aujourd’hui, de plus en plus de voix masculines se rassemblent et s’érigent contre l’exclusive féminisation du sujet de la conciliation. Les hommes osent exprimer des attentes de plus en plus fortes vis-à-vis de leur équilibre vie professionnelle-vie personnelle. Ces exigences s’inscrivent à la fois dans une volonté de reconnaissance de leurs responsabilités hors-travail et de leur paternité mais aussi dans le but de <a href="http://www.happymen.fr/">promouvoir l’égalité femmes-hommes</a> au sein du couple et de l’entreprise.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/171695/original/file-20170531-25697-1qc32if.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/171695/original/file-20170531-25697-1qc32if.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/171695/original/file-20170531-25697-1qc32if.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/171695/original/file-20170531-25697-1qc32if.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/171695/original/file-20170531-25697-1qc32if.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/171695/original/file-20170531-25697-1qc32if.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/171695/original/file-20170531-25697-1qc32if.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">L’homme travaille tard…</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.pexels.com/photo/businessman-man-space-desk-7059/">Pexels</a></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Stratégies hors du modèle de la masculinité hégémonique</h2>
<p>Toutefois, la majorité des entreprises demeurent hostiles et sourdes à ces attentes. Elles continuent d’être empreintes de cultures organisationnelles qui semblent entraver l’application des lois et les désirs de changement et ne favorisant pas l’utilisation des outils de conciliation.</p>
<p>Le monde de l’entreprise demeure basé sur le modèle de masculinité hégémonique : un homme adulte, <a href="http://bit.ly/2rny7Yb">chef et père de famille</a>. Il continue de récompenser la présence physique sur le lieu de travail et la disponibilité en temps.</p>
<p>Les hommes osant questionner cet « ordre sexué » se retrouvent souvent en position de marginalité : ils deviennent « déviants » par rapport à la norme du « salarié idéal » et sont stigmatisés (stigmates de la féminité et flexibilité). C’est pour ces raisons que peu défient le modèle dominant de masculinité et mobilisent des stratégies « souterraines » pour concilier. Une récente recherche a mis en lumière ces différentes stratégies masculines pour concilier tout en restant loyal aux normes dominantes de masculinité et de <a href="http://pubsonline.informs.org/doi/abs/10.1287/orsc.2015.0975">salarié idéal</a>.</p>
<p>Contrairement aux femmes qui expriment leurs demandes et prennent des congés parentaux et temps partiels, beaucoup d’hommes trouvent les moyens de modifier « en douce » la structure horaire de leur emploi et l’organisation de leur travail. Ainsi, ils parviennent à avoir un contrôle accru de leur emploi du temps, en trouvant une clientèle plus locale, en réduisant leurs déplacements professionnels, assouplissant ainsi leur temps de travail et en comptant sur la solidarité de leurs collègues.</p>
<p>Ces stratégies leur permettent ainsi de continuer de se faire passer pour des salariés idéaux, sans être pénalisés de s’écarter des normes dominantes. Ceux qui à l’inverse expriment leurs attentes en termes de conciliation et recourent à des aménagements formels sont marginalisés et pénalisés.</p>
<p>Malgré des évolutions certaines, le temps du changement semble encore lointain et les entreprises toujours résistantes à promouvoir des modes d’organisation plus flexibles, inclusifs, transparents et respectueux des différentes sphères d’épanouissement des salariés. Elles encouragent implicitement ces stratégies et attitudes clandestines.</p>
<p>Seul un travail sur la culture et les codes organisationnels invisibles viendra à bout de ces comportements et facilitera l’épanouissement de chacun et chacune dans les sphères de son choix, sans crainte d’être stigmatisé et écarté de perspectives de développement de carrière stimulantes.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/78568/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Sabrina Tanquerel ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Comment jouer l'égalité femmes-hommes jusqu'au bout en sortant les hommes du modèle de masculinité hégémonique en entreprise.Sabrina Tanquerel, Enseignant-chercheur en Management des Ressources Humaines - Laboratoire Métis EM Normandie, EM NormandieLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/644992016-09-04T20:05:43Z2016-09-04T20:05:43ZPratique… vraiment ? La face sombre de la praticité<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/136320/original/image-20160901-1036-1o6hhq4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C26%2C1280%2C879&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Pratique !</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/cindyfunk/926191702/in/photolist-2pQYws-8vCCtN-2pQVMU-2pQYZm-2pLA6z-2pLBfR-2pLB6x-pNL9Ht-9wjbex-2pLBLH-2pQWvQ-2pLCeV-7mxNey-dsB2dr-fweEbv-ixj2HW-4XJsbd-fweDAX-8QsR3-agcxd-hs4ofp-cY7oMU-67jppr-6zVCp-6hcDhE-fwtSCm-aq38DQ-5nqNDZ-2MfssS-59GrA8-7LbvP6-qiig6R-bVp1WJ-dVAxPz-dVG9XN-5nvaJE-wNNTi-6MJgRf-9g3vZH-6MJgH3-6GUmjJ-8g3mMi-4dNsb5-oqS8UZ-fwtTuG-e3Xaaj-e3RxfH-e3X9XY-e3XaoJ-beXdnr#undefined">Cindy Funk/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span></figcaption></figure><blockquote>
<p>« Un téléphone portable, c’est pratique mon bon monsieur. Imaginez-vous en panne au beau milieu de la cambrousse, ou bloqué au fin fond d’une crevasse en pleine montagne. On sait jamais ! ».</p>
</blockquote>
<p>Le régulateur de vitesse, pratique ! La lumière qui s’allume par détecteur de mouvement, pratique ! Le ferme-porte, pratique ! Le terme « pratique » réunit à lui seul les arguments commerciaux les plus puissants, rendant toute preuve supplémentaire inutile. « Plus besoin de », madame, monsieur, le truc le fait à votre place, laissant alors tout loisir aux activités autrement plus intéressantes.</p>
<p>Or Platon, en son temps, nous avait déjà mis en garde contre ces dispositifs, ces <a href="http://arsindustrialis.org/pharmakon"><em>pharmakon</em></a> qui, présentés comme remède à un problème, cachent aussi la face sombre d’un poison. Observons à ce titre quelques exemples volontairement divers.</p>
<h2>Émois d’ascenseur</h2>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/136301/original/image-20160901-1036-1wy4lcd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/136301/original/image-20160901-1036-1wy4lcd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/136301/original/image-20160901-1036-1wy4lcd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=904&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/136301/original/image-20160901-1036-1wy4lcd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=904&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/136301/original/image-20160901-1036-1wy4lcd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=904&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/136301/original/image-20160901-1036-1wy4lcd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1136&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/136301/original/image-20160901-1036-1wy4lcd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1136&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/136301/original/image-20160901-1036-1wy4lcd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1136&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">L’ascenseur.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/andrepmeyer/3970116806/in/photolist-73PTpL-btgcvS-cm1vZm-4MpkVg-cm1vXf-e2jJdX-62VLSA-euE72s-26LEhW-6EwcRt-5wpEk4-JmjQC-6Q1zpp-q7nUMm-FHpJKj-6Q5Fgf-53PVfX-8HoBYT-fak516-dK1P7B-8rpcdG-5PABBA-5MhrH2-a2YXMo-aoz73D-9EPtSn-6ApX7h-6TcgVa-peteYS-hmg4T-fAT6sa-DYwW3C-e5zJ2k-4v8XiU-5mKK1r-cRznkW-4saCbP-75zYth-bbEPCn-5mPZfd-6KbguW-aY9a4R-f1sXhS-ievENK-b3D9JH-dfGCQQ-e2FRxR-6tHm7x-gBQ3xy-9pjigu#undefined">André P. Meyer-Vitali/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Première illustration d’apparence peu sérieuse… J’étais récemment en vacances à Menton et je me suis retrouvé face à un ascenseur fin de siècle (XIX<sup>e</sup>, s’entend). Porte métallique, rideau coulissant multipliant les occasions de bloquer l’ascenseur en laissant la porte se fermer brutalement, ou de méchamment se pincer les doigts à la fermeture (comme à l’ouverture d’ailleurs) du volet. D’ailleurs, au premier puis deuxième essai, ladite porte a violemment claqué (menaçant de détraquer l’ascenseur, ce dont j’étais prévenu par la petite affiche placardée dans l’ascenseur) et j’ai sauvé de justesse les doigts de ma main droite. Donc, me direz-vous, quoi de mieux qu’une unique porte dotée d’un groom ou, mieux, de portes coulissantes ?</p>
<p>Ce serait oublier le <strong>plaisir</strong> que j’ai éprouvé a progressivement <strong>maîtriser</strong> l’engin. Attendre le signal (un clac) pour ouvrir la porte d’une main, saisir le volet de la seconde en plaçant verticalement la main dans l’emplacement dédié à cet effet (là où elle ne se coincera pas), rentrer dans l’ascenseur en prenant soin à la fois de ralentir la porte de mon pied sans la claquer, rabattre le volet délicatement, puis appuyer sur le bouton d’étage en espérant que l’engin décolle.</p>
<p>Je ne compte plus le nombre de petites attentions mobilisées et la délicatesse des gestes requis pour cette tâche : porte à ouvrir et refermer doucement, volet à glisser puis refermer délicatement, mains, pieds… L’agencement des éléments qui concourent à ce que « ça » marche est impressionnant pour une opération aussi banale que celle de « prendre l’ascenseur ».</p>
<h2>Des couteaux pour les manches</h2>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/136303/original/image-20160901-1012-1ymumo3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/136303/original/image-20160901-1012-1ymumo3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/136303/original/image-20160901-1012-1ymumo3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=397&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/136303/original/image-20160901-1012-1ymumo3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=397&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/136303/original/image-20160901-1012-1ymumo3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=397&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/136303/original/image-20160901-1012-1ymumo3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=499&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/136303/original/image-20160901-1012-1ymumo3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=499&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/136303/original/image-20160901-1012-1ymumo3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=499&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Le petit couteau.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/aurelienbreeden/7782541624/in/photolist-cRHyu9-c2tcCm-aLrPAz-94WHH3-pz34mc-7MB5X6-7MBeJg-bbVryR-aLr33c-b3CxRD-65s9ay-RWzZt-bwP8ds-aLrcvB-a4zvV-6aoZt5-htXYzu-7MFBsN-4xJciR-aKKLZv-e29JZi-aojJ34-aLrQxa-aCqr7K-7WQYCf-7WKoQx-dwL4FH-dwLhRn-eWL7XX-7ccRqj-9rw7Yv-dwKGr8-9ASxDp-dwLcLa-38wGue-8ahRpp-dwRXcu-dwRsHA-nU7y9B-dwLdDX-8QJ5BM-8rdSEa-zETawz-4iF8nW-e8vp5J-zsKB2Q-AgEiXL-BRc3VJ-v7UgF6-C2Bg5t#undefined">Aurelien Breeden/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
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<p>Deuxième illustration… Flashback. Je revois encore ce petit couteau au manche en bois bien fatigué tenu par les mains énergiques de ma grand-mère. Un petit couteau qui lui servait à manger mais aussi… à éplucher pommes de terre, poires ou navets, dénoyauter cerises et olives, enlever le cœur des pommes, dénerver la viande et nettoyer le poisson. Chaque opération exigeait un <strong>tour de main</strong> spécifique, permettant notamment d’obtenir ces pelures d’une finesse à rendre jalouses les ailes d’un papillon.</p>
<p>Il fallait pourtant <strong>adapter chaque geste</strong> à la texture du fruit ou du légume, au but visé – épluchage, découpage, dénoyautage. Et tout cela avec, de surcroît, une vitesse d’exécution telle que je me mets à douter de la qualité de mes souvenirs (ne serais-je pas dans cette histoire en train de mythifier ma grand-mère pour les besoins de l’argumentation ?).</p>
<p>Aujourd’hui, mon tiroir contient des couteaux de plusieurs tailles pour la viande, le poisson, les légumes, sans compter un dénoyauteur d’olive, un vide-pomme, un économe, un coupe-frite et une râpe pour découper les pommes de terre en lamelles. Douze objets plutôt qu’un, chacun avec son geste simple : tchak ! Et la pomme perd son cœur, la patate devient frites ; et vive l’efficacité ! Peu importe le coût, la place prise et la perte du geste adroit remplacé par le choix du « bon outil ».</p>
<h2>Paresse vs attention</h2>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/136304/original/image-20160901-1043-11yh7z0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/136304/original/image-20160901-1043-11yh7z0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/136304/original/image-20160901-1043-11yh7z0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=398&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/136304/original/image-20160901-1043-11yh7z0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=398&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/136304/original/image-20160901-1043-11yh7z0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=398&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/136304/original/image-20160901-1043-11yh7z0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/136304/original/image-20160901-1043-11yh7z0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/136304/original/image-20160901-1043-11yh7z0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Régulateur.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/naudinsylvain/6042971406/in/photolist-pNdX26-p8NvJL-acZNSb-5euyac-b29tzF#undefined">Sylvain Naudin/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
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<p>Quittons ces exemples « rétro » pour un cas plus sérieux, au sens où des études en ont accompagné ma mise en œuvre, celui du régulateur de vitesse. Ce petit dispositif, bien pratique, est supposé assister l’automobiliste dans ses tâches de conduite en économisant son attention afin qu’elle se porte sur des choses autrement plus importantes que son compteur de vitesse, c.-à-d. la surveillance de l’environnement par exemple. De l’énergie attentionnelle, donc, utilisée à des fins plus hautes… Une fois de plus, une certaine qualité d’attention, associée aux gestes appropriés (ici, les nuances de pression sur la pédale d’accélérateur).</p>
<p>Pourtant, <a href="http://fondation.vinci-autoroutes.com/fr/article/une-etude-met-en-evidence-les-effets-du-regulateur-et-du-limiteur-de-vitesse-sur-la">certaines études</a> montrent que, loin d’augmenter cette attention au contexte externe, le régulateur de vitesse produit une paresse généralisée qui réduit toutes les fonctions de la conduite, une « diminution du niveau de vigilance liée à l’automatisation de la conduite », ou encore une « maîtrise plus aléatoire de la trajectoire rectiligne ».Ces régulateurs n’étaient-ils pas supposés faire de nous de meilleurs conducteurs ? Tout ceci est bien perturbant…</p>
<h2>Taylorisation du quotidien</h2>
<p>L’ambition est pourtant belle. Faciliter la vie, réduire les efforts inutiles, économiser, donc, du temps et de l’énergie grâce à de salvatrices assistances. Finalement, nous assistons à une taylorisation des petits gestes de la vie quotidienne (laissons de côté les gestes mentaux pour la clarté du propos) : simplification des gestes conduisant à une réduction des compétences requises pour les exécuter et une augmentation de la productivité des résultats obtenus. Sauf que…</p>
<p>Sauf qu’avec le recul, nous savons que le taylorisme n’a pas eu que des effets positifs. Et l’aliénation des individus à des tâches industrielles parcellisées, simplifiées à l’extrême a d’ailleurs trouvé son prolongement dans le domaine des services en ayant sûrement sa part de responsabilité dans l’apparition des <a href="https://theconversation.com/jobs-a-la-con-lennui-le-sens-et-la-grandiloquence-58382"><em>bullshit jobs</em></a>.</p>
<p>Les incantations vantant la créativité individuelle et collective et son corollaire, l’innovation à tous les niveaux organisationnels suffiront-elles à contrebalancer cette obsession de la productivité ; productivité qui, à l’aune des exemples précédents, a déjà contaminé notre quotidien le plus banal ?</p>
<h2>Autonomie et hétéronomie</h2>
<p>Ivan Illich, en son temps, nous avait mis en garde contre les effets contre-productifs des systèmes techniques. Tout progrès qui se manifeste par une mise en place d’une assistance réduit notre autonomie au profit du dispositif d’assistance, et crée ce qu’<a href="http://www.laviedesidees.fr/Les-deux-vies-d-Ivan-Illich.html">Illich</a> appelle de l’hétéronomie. Mais celle-ci est supposée être la source d’une autonomie accrue relative aux fonctions supérieures pour lesquelles du temps est libéré.</p>
<p>Cependant, il existe pour Illich un seuil critique au-delà duquel</p>
<blockquote>
<p>« plus la production hétéronome croît, plus elle devient un obstacle à la réalisation des objectifs mêmes qu’elle est censée servir : la <a href="http://www.esprit.presse.fr/archive/review/article.php?code=8076">médecine corrompt la santé</a>, l’école bêtifie, le transport immobilise, les communications rendent sourd et muet, les flux d’information détruisent le sens, le recours à l’énergie fossile, qui réactualise le dynamisme de la vie passée, menace de détruire toute vie future et, <em>last but not least</em>, l’alimentation industrielle se transforme en poison. » (<a href="http://www.seuil.com/ouvrage/pour-un-catastrophisme-eclaire-jean-pierre-dupuy/9782020660464">Jean-Pierre Dupuy, 2004</a>).</p>
</blockquote>
<p>Or, l’usage immodéré, sans nuance du terme « pratique » n’est-il pas à obstacle à la perception de ce seuil et aux signaux d’alerte qui pourraient signaler son approche ?</p>
<p>Plus, cet argument qui prétend se suffit à lui-même, « pratique », derrière son apparence anodine, cache peut-être un glissement progressif vers une hétéronomie généralisée. Car en flattant notre paresse sous couvert de simplicité et de productivité, il participe d’une <strong>perte</strong> : celle de cette attention soutenue aux choses, ici une porte et un volet métallique, là la fragilité d’une cerise, la résistance d’une pomme ou l’irrégularité d’une patate, et les gestes qui leur sont associés, tours de main, de pieds ou de poignet.</p>
<p>Et dans quelles mesures cette attention perdue, ces exigences oubliées et cette adresse évaporée des petits gestes de la vie quotidienne ne se réverbéreraient-ils pas dans l’espace plus exigeant encore, du monde professionnel ?</p>
<p>Mais tout cela ne relève que d’une attitude bêtement réactionnaire, n’est-ce pas ?</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/64499/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Raffi Duymedjian ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Les dispositifs techniques qui transforment nos petits gestes quotidiens participent plus généralement d’une perte d’attention et d’adresse dans notre rapport au monde sous couvert de praticité.Raffi Duymedjian, Professeur associé,, Grenoble École de Management (GEM)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.