tag:theconversation.com,2011:/us/topics/vieillissement-22584/articlesvieillissement – The Conversation2024-02-13T18:03:31Ztag:theconversation.com,2011:article/2146082024-02-13T18:03:31Z2024-02-13T18:03:31ZEst-ce normal d’oublier des mots quand on parle ? Quand doit-on s’inquiéter ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/553710/original/file-20231013-15-roq5c6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=10%2C2%2C979%2C663&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Lorsqu’un locuteur en bonne santé ne parvient pas à trouver un mot de son lexique qu’il a l’impression de connaître, les spécialistes du langage parlent du phénomène du « mot sur le bout de la langue ».</span> <span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span></figcaption></figure><p>On a tous vécu cette situation où, au milieu d’une phrase, on est incapable de trouver le mot qu’on veut utiliser, même si on sait très bien qu’on le connaît.</p>
<p>Pourquoi cela se produit-il ?</p>
<p>Et doit-on considérer qu’il s’agit d’un signe qu’il y a un problème ?</p>
<p>Tout le monde éprouve occasionnellement des difficultés à trouver ses mots. Mais si cela arrive très souvent avec un large éventail de mots, de noms et de chiffres, cela peut être le signe d’un trouble neurologique.</p>
<h2>Les étapes de la production de la parole</h2>
<p>La formulation d’un mot nécessite plusieurs <a href="https://doi.org/10.1093/oxfordhb/9780190672027.013.19">étapes de traitement</a> : </p>
<ol>
<li><p>déterminer le sens voulu ;</p></li>
<li><p>choisir le mot juste dans son « lexique mental » (un dictionnaire mental du vocabulaire du locuteur) ;</p></li>
<li><p>récupérer sa structure sonore (appelé « forme ») ;</p></li>
<li><p>exécuter les mouvements des organes de la parole pour formuler son idée.</p></li>
</ol>
<p>La difficulté à trouver des mots peut survenir à chacun de ces stades.</p>
<p>Lorsqu’un locuteur en bonne santé ne parvient pas à trouver un mot de son lexique qu’il a l’impression de connaître, les spécialistes du langage parlent du phénomène du « mot sur le bout de la langue ».</p>
<p>Souvent, le locuteur frustré tentera de donner quelques informations sur le sens du mot qu’il souhaite utiliser, « tu sais, ce truc avec lequel tu frappes sur un clou », ou sur son orthographe, « ça commence par un M ! »</p>
<p>Ce type de problème est relativement commun et se produit généralement lors de la récupération de la structure sonore d’un mot (étape 3 ci-dessus).</p>
<h2>Qu’est-ce qui peut faire qu’on cherche un mot ?</h2>
<p>Les difficultés à trouver des mots surviennent à tout âge, mais elles sont plus fréquentes à mesure qu’on vieillit. Chez les personnes âgées, elles peuvent être source de frustration et d’anxiété quant à la possibilité de développer une démence. Mais il n’y a pas toujours lieu de s’inquiéter.</p>
<p>Pour étudier ce phénomène, les chercheurs peuvent demander aux personnes de tenir un journal afin de noter la fréquence et le contexte dans lequel il se produit. <a href="https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fpsyg.2015.01190/full">L’examen de journaux de bord</a> a montré qu’on a davantage tendance à chercher certains types de mots, tels que les noms de personnes et de lieux, les substantifs concrets (de choses, comme « chien » ou « bâtiment ») et les substantifs abstraits (de concepts, comme « beauté » ou « vérité ») <a href="https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fpsyg.2015.01190/full">que les verbes et les adjectifs</a>.</p>
<p>Les termes qu’on utilise peu sont aussi plus susceptibles d’engendrer le phénomène du « mot sur le bout de la langue ». On suppose que c’est dû au fait que les liens entre leur signification et leur sonorité sont plus faibles que pour les mots fréquents.</p>
<p>Des études en laboratoire ont également montré que ce phénomène se produit plus souvent dans des <a href="https://www.tandfonline.com/doi/full/10.1080/13825585.2019.1641177">situations sociales stressantes</a>, par exemple lorsque l’on fait l’objet d’une évaluation, et ce, quel que soit son âge. Ainsi, de nombreuses personnes déclarent avoir connu ce type de problème dans le cadre d’entretiens d’embauche.</p>
<h2>Quand doit-on craindre un problème sérieux ?</h2>
<p>Des échecs répétés avec un large éventail de mots, de noms et de chiffres sont susceptibles d’indiquer des problèmes plus graves.</p>
<p>Les spécialistes du langage utilisent les termes « anomie » ou <a href="https://www.aphasia.com/aphasia-library/aphasia-types/anomic-aphasia/">« aphasie anomique »</a> pour décrire cette condition. Elle peut être due à des lésions cérébrales causées par un accident vasculaire cérébral, une tumeur, un traumatisme crânien ou une démence telle que la maladie d’Alzheimer.</p>
<p>La famille de l’acteur Bruce Willis a récemment révélé qu’il était atteint d’une maladie dégénérative connue sous le nom d’aphasie primaire progressive, dont l’un des premiers symptômes est la difficulté à trouver les mots plutôt que la perte de mémoire.</p>
<p>L’aphasie primaire progressive est généralement associée à la démence frontotemporale ou à la maladie d’Alzheimer, bien qu’elle puisse être causée par d’autres <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC3637977/">pathologies</a>.</p>
<p>L’aphasie anomique peut être due à des problèmes survenant à différents stades de la production de la parole. Une évaluation par un neuropsychologue clinicien ou un orthophoniste peut clarifier quel stade est affecté et quelle est la gravité du problème.</p>
<p>Par exemple, si quelqu’un est incapable de nommer l’image d’un objet courant tel qu’un marteau, la personne qui l’évalue lui demandera de décrire à quoi sert l’objet (la réponse pourrait être « c’est quelque chose qui sert à frapper sur des choses » ou « c’est un outil »).</p>
<p>Si cela ne fonctionne pas, on lui dira de faire un geste ou de mimer la façon dont on l’utilise. On pourra aussi lui donner un indice, comme la première lettre (M) ou la première syllabe (mar).</p>
<p>Les résultats de la plupart des personnes atteintes d’aphasie anomique s’améliorent lorsqu’on leur propose des indices, ce qui montre qu’elles ont surtout des difficultés aux derniers stades, soit la récupération des formes de mots et les aspects moteurs de la parole.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1699457147673682242"}"></div></p>
<p>Cependant, si la personne est incapable de décrire ou de mimer l’utilisation de l’objet, et que les indices ne l’aident pas, cela incite à penser qu’il y a perte de la connaissance ou de la signification des mots. C’est généralement le signe d’un problème plus grave, tel que l’aphasie primaire progressive.</p>
<p>Des études d’imagerie menées sur des adultes en bonne santé et des personnes souffrant d’aphasie anomique ont montré que ce ne sont pas les mêmes zones du cerveau qui causent la difficulté à trouver les mots.</p>
<p>Chez les <a href="https://direct.mit.edu/jocn/article-abstract/35/1/111/113588/Neural-Correlates-of-Naturally-Occurring-Speech">adultes en bonne santé</a>, des échecs occasionnels à nommer l’image d’un objet courant sont liés à des changements dans l’activité des zones du cerveau qui contrôlent les aspects moteurs de la parole, ce qui pourrait indiquer un problème ponctuel d’articulation plutôt qu’une perte de mots.</p>
<p>Dans le cas d’une anomie causée par une aphasie primaire progressive, les régions du cerveau qui traitent le sens des mots présentent une perte de cellules nerveuses et de connexions ou une <a href="https://journals.plos.org/plosone/article?id=10.1371/journal.pone.0148707">atrophie</a>.</p>
<p>Bien que l’aphasie anomique soit fréquente après un accident vasculaire cérébral survenu dans l’hémisphère gauche du cerveau, les difficultés à trouver des mots qui y sont associées ne semblent pas pouvoir être distinguées selon des <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0010945215003299">zones précises</a>.</p>
<p>Il existe des <a href="https://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/02687030244000563">thérapies</a> pour l’aphasie anomique. En général, un orthophoniste entraîne la personne à nommer des choses à l’aide de différents types d’indices ou d’amorces. Les indices peuvent être des caractéristiques d’un objet ou d’une idée, des caractéristiques sonores d’un mot ou une combinaison des deux. Les <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S002199241730014X">applications pour tablettes</a> et téléphones intelligents donnent des résultats prometteurs lorsqu’on s’en sert pour compléter le traitement par des exercices à domicile.</p>
<p>Le type d’indice utilisé dépend de la nature de la déficience. La réussite de la thérapie est associée à des changements dans l’activité des <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0093934X14000054">zones du cerveau</a> connues pour contribuer à la production de la parole. Malheureusement, il n’existe pas de traitement efficace pour l’aphasie primaire progressive, bien que <a href="https://www.tandfonline.com/doi/full/10.1080/13607863.2019.1617246">certaines études</a> indiquent que l’orthophonie peut apporter des bénéfices temporaires.</p>
<p>Si vous êtes préoccupé par vos difficultés, ou celles d’un proche, à trouver des mots, vous pouvez consulter votre médecin généraliste qui vous orientera vers un neuropsychologue clinicien ou un orthophoniste.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/214608/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Greig de Zubicaray est financé par l'Australian Research Council et la National Health and Medical Research Foundation.</span></em></p>Nous avons tous déjà oublié le mot dont nous avions besoin au milieu d’une phrase, et nous connaissons la sensation de l’avoir sur le bout de la langue. Mais quand est-ce que l’on doit s’inquiéter ?Greig de Zubicaray, Professor of Neuropsychology, Queensland University of TechnologyLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2208272024-02-08T16:21:09Z2024-02-08T16:21:09ZLa musculation a des bienfaits insoupçonnés sur la santé, surtout avec l'âge<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/568477/original/file-20231222-21-ph8fgz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=455%2C14%2C8365%2C5662&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">L’entraînement musculaire est à peu près aussi efficace que les exercices aérobiques pour tous les aspects importants de la santé, y compris la santé cardiovasculaire.</span> <span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span></figcaption></figure><p>Tout le monde s’accorde à dire que l’exercice physique est bon pour la santé. Parmi ses nombreux avantages, on peut noter l’amélioration des fonctions cardiaques et cérébrales, la régulation du poids, le ralentissement des effets du vieillissement et la réduction des risques de souffrir de plusieurs <a href="https://perspectivesinmedicine.cshlp.org/content/8/7/a029694">maladies</a> chroniques.</p>
<p>Cependant, on a trop longtemps considéré qu’une façon de se maintenir en forme, par les exercices aérobiques, était supérieure à l’autre, par la musculation, pour favoriser la santé. En réalité, elles sont aussi valables l’une que l’autre et elles peuvent toutes deux nous permettre d’atteindre le même objectif, c’est-à-dire une bonne forme physique générale.</p>
<p>Les exercices aérobiques, tels que la course à pied, la natation et le vélo, sont populaires parce qu’ils sont très bénéfiques. De nombreuses <a href="https://doi.org/10.1371/journal.pmed.1001335">données scientifiques</a> le confirment.</p>
<p>Ce qu’on sait moins, c’est que l’entraînement contre résistance – que ce soit avec des haltères, des appareils d’haltérophilie ou de simples pompes, fentes et tractions – fonctionne à peu près aussi bien que les exercices aérobiques pour tous les aspects importants de la santé, y compris la santé cardiovasculaire.</p>
<p>Les exercices de résistance offrent un autre avantage : le développement de la force et de la puissance, qui devient de plus en plus important <a href="https://doi.org/10.1007/s12603-021-1665-8">avec l’âge</a>.</p>
<figure>
<iframe src="https://player.vimeo.com/video/843867756" width="500" height="281" frameborder="0" webkitallowfullscreen="" mozallowfullscreen="" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Vidéo sur les différentes formes de musculation et leur efficacité pour améliorer sa force.</span></figcaption>
</figure>
<p>Comme mes collègues et moi-même l’expliquons dans un <a href="https://doi.org/10.1249/FIT.0000000000000916">article récemment publié</a> par l’<em>American College of Sports Medicine</em>, le développement et le maintien de la force musculaire permettent de se lever facilement d’une chaise, de préserver son équilibre et sa posture et d’activer son métabolisme.</p>
<p>Alors, si les exercices aérobiques et l’entraînement contre résistance offrent à peu près autant des bienfaits, comment se fait-il que nous voyions tellement plus de coureurs et de cyclistes que d’haltérophiles ?</p>
<p>C’est le fruit d’une combinaison de facteurs tels que le timing, la commercialisation et les stéréotypes.</p>
<h2>La montée de l’aérobique</h2>
<p>La préférence pour les exercices aérobiques remonte à <a href="https://www.cooperinstitute.org/research/ccls">l’étude longitudinale du Cooper Centre</a>, qui a joué un rôle essentiel dans la démonstration de l’efficacité de ce type d’entraînement. Le Dr Ken Cooper a inventé – ou du moins popularisé – le terme avec son livre <a href="https://www.cooperaerobics.com/About/Aerobics.aspx">« Aerobics »</a>, incitant les baby-boomers rivés à leur bureau à faire de l’exercice pour se mettre en forme.</p>
<p>Pendant ce temps, on ne s’intéresse pas à la musculation, en <a href="https://www.cnet.com/health/fitness/does-lifting-weights-make-women-bulky/">particulier chez les femmes</a>, en raison de l’idée erronée qui veut que ce type d’entraînement soit réservé aux hommes qui aspirent à être super musclés. <a href="https://www.britannica.com/biography/Charles-Atlas">Charles Atlas</a>, ça vous dit quelque chose ?</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="A smiling man holding small blue dumbbells" src="https://images.theconversation.com/files/567302/original/file-20231222-29-if70n6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/567302/original/file-20231222-29-if70n6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/567302/original/file-20231222-29-if70n6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/567302/original/file-20231222-29-if70n6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/567302/original/file-20231222-29-if70n6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/567302/original/file-20231222-29-if70n6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/567302/original/file-20231222-29-if70n6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Les exercices de résistance ne gonflent pas forcément les muscles et ne nécessitent pas de soulever des charges lourdes.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
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</figure>
<p>Des influences culturelles ont consolidé la prédominance des exercices aérobiques dans le domaine de la forme physique. En 1977, Jim Fixx a popularisé la course à pied et le jogging en publiant <a href="https://en.wikipedia.org/wiki/The_Complete_Book_of_Running">« Jogging : courir à son rythme pour vivre mieux »</a>. Dans les années 1980, la vidéo <a href="https://www.janefonda.com/shop/fitness-videos/jane-fondas-complete-workout/">« Complete Workout »</a> de Jane Fonda et des émissions d’exercices telles qu’<a href="https://www.imdb.com/title/tt0268895/">« Aerobicize »</a> et <a href="https://www.imdb.com/title/tt0299431/">« 20 Minute Workout »</a> ont contribué à renforcer l’idée que pour s’entraîner, on doit augmenter sa fréquence cardiaque.</p>
<p>Le mot « aérobique », auparavant confiné au lexique de la science et de la médecine, est entré dans la culture populaire à peu près en même temps que les jambières, les survêtements et les bandeaux absorbants. De nombreuses personnes trouvaient logique l’idée que respirer fort et transpirer pendant une longue séance d’exercices vigoureux était le meilleur moyen de se mettre en forme.</p>
<p>Pendant ce temps, la musculation attendait qu’on braque les projecteurs sur elle.</p>
<h2>Reconnaître le mérite des exercices de résistance</h2>
<p>Si l’aérobique est le lièvre, la musculation est la tortue. L’entraînement aux poids et haltères se rapproche maintenant de son rival et se prépare à le dépasser, car les athlètes et les gens ordinaires reconnaissent désormais sa valeur.</p>
<p>La musculation n’est entrée dans les mœurs qu’au cours des 20 dernières années, et ce, même pour les sportifs de haut niveau. Aujourd’hui, elle renforce le corps et prolonge la carrière des joueurs de soccer ou de tennis, des golfeurs et de <a href="https://doi.org/10.1007/s40279-016-0486-0">bien d’autres sportifs</a>.</p>
<p>L’intérêt croissant pour l’entraînement contre résistance doit beaucoup au <a href="https://www.livestrong.com/article/545200-the-fall-of-fitness/">CrossFit</a>, qui, malgré certaines controverses, a contribué à briser les stéréotypes et à initier de nombreuses personnes, en particulier des femmes, à la pratique de la musculation.</p>
<p>Il est important de savoir que les exercices de résistance ne gonflent pas forcément les muscles et ne nécessitent pas l’utilisation de charges lourdes. Comme l’ont montré les recherches de notre équipe, soulever des poids légers jusqu’au point de défaillance en plusieurs séries procure de <a href="https://journals.physiology.org/doi/full/10.1152/japplphysiol.00154.2016">réels bienfaits</a>.</p>
<h2>Force et vieillissement</h2>
<figure class="align-center ">
<img alt="An older couple in sweatshirts using small dumbbells" src="https://images.theconversation.com/files/567293/original/file-20231222-23-reglr3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/567293/original/file-20231222-23-reglr3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=452&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/567293/original/file-20231222-23-reglr3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=452&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/567293/original/file-20231222-23-reglr3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=452&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/567293/original/file-20231222-23-reglr3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=568&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/567293/original/file-20231222-23-reglr3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=568&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/567293/original/file-20231222-23-reglr3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=568&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">La musculation peut aider au maintien de l’autonomie et de la fonctionnalité globale du corps.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
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<p>Les bienfaits de la musculation ne se limitent pas à une amélioration de la force. Elle offre un aspect souvent négligé dans l’entraînement aérobique traditionnel : la capacité d’exercer une force rapidement, ou ce que l’on appelle la puissance. Avec l’âge, les activités de la vie quotidienne telles que se lever, s’asseoir et monter les escaliers demandent <a href="https://doi.org/10.1186/s11556-022-00297-x">plus de force et de puissance</a> que d’endurance cardiovasculaire.</p>
<p>Ainsi, la musculation peut être essentielle au maintien de l’autonomie et de la fonctionnalité globale du corps.</p>
<h2>Revoir le discours sur la mise en forme</h2>
<p>Le but n’est pas d’opposer la musculation à l’exercice aérobique, mais de reconnaître qu’ils se complètent. Il est préférable de pratiquer les deux types d’exercice plutôt que de se contenter d’une seule. L’<a href="https://doi.org/10.1161/CIR.0000000000001189"><em>American Heart Association</em></a> a récemment déclaré que</p>
<blockquote>
<p>« … l’entraînement contre résistance est une approche sûre et efficace pour améliorer la santé cardiovasculaire chez les adultes avec ou sans maladie cardiovasculaire… »</p>
</blockquote>
<p>Il est essentiel d’adopter une position nuancée, en particulier lorsque nous guidons des <a href="https://doi.org/10.1016/j.arr.2021.101368">personnes âgées</a> qui peuvent associer l’exercice physique principalement à la marche et ignorer qu’en négligeant la force et la puissance, elles seront de plus en plus limitées.</p>
<p>L’entraînement contre résistance peut être très varié, il offre un <a href="https://doi.org/10.1016/j.jshs.2023.06.005">éventail d’activités</a> pour répondre aux capacités de chacun.</p>
<p>Il est temps de revoir le discours sur la mise en forme pour faire davantage de place à la musculation. Il ne s’agit pas de la considérer comme un substitut à l’exercice aérobique, mais plutôt comme un élément essentiel d’une approche holistique de la <a href="https://doi.org/10.1249/ESM.0000000000000001">santé et de la longévité</a>.</p>
<p>En éliminant les stéréotypes, en démystifiant la pratique et en prônant l’inclusion, la musculation peut devenir accessible et attrayante pour un vaste public, ce qui conduira à une nouvelle façon de percevoir et de prioriser les avantages de cette forme d’entraînement pour la <a href="https://doi.org/10.1136/bjsports-2021-105061">santé et la forme physique</a>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/220827/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Stuart Phillips reçoit des fonds des IRSC, du CRSNG, des NIH américains et de plusieurs bailleurs de fonds industriels. Il est affilié à Exerkine Corporation.</span></em></p>Les exercices aérobiques devraient partager la vedette avec l’haltérophilie en tant que forme d’exercice qui favorise la santé et qui peut être indispensable au fur et à mesure que nous vieillissons.Stuart Phillips, Professor, Kinesiology, Tier 1 Canada Research Chair in Skeletal Muscle Health, McMaster UniversityLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2143482023-12-11T16:34:17Z2023-12-11T16:34:17ZCombien de temps vivra un être cher ? La réponse est difficile à entendre, mais ne pas savoir est encore pire<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/550115/original/file-20230922-27-gg4746.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=201%2C70%2C6508%2C4054&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Même pour un professionnel de la santé expérimenté, estimer l'espérance de vie d'un patient atteint d'une maladie grave est un défi.</span> <span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span></figcaption></figure><p>Il est difficile pour les personnes atteintes d’une maladie qui limite l’espérance de vie de planifier leur avenir. Les cliniciens, en fonction de leur expérience, peuvent donner une estimation générale du temps qu’il reste à vivre à une personne — de quelques jours à quelques semaines, de quelques semaines à quelques mois, ou de quelques mois à quelques années. </p>
<p>Cependant, les patients et leurs partenaires de soins souhaitent souvent obtenir une estimation plus précise pour pouvoir prendre les dispositions et les décisions nécessaires en matière de soins.</p>
<p>Une prédiction précise de l’espérance de vie peut devancer la tenue de discussions sur les préférences et les souhaits en fin de vie, ainsi que la mise en place des soins palliatifs.</p>
<p>Mais même pour un clinicien expérimenté, <a href="https://doi.org/10.1371/journal.pone.0161407">il peut être difficile d’estimer l’espérance de vie</a> d’un <a href="https://doi.org/10.1136/bmj.320.7233.469">patient atteint d’une maladie grave</a>. Cette évaluation doit reposer non seulement sur de grandes quantités de données, mais aussi sur une compréhension de la relation entre l’état de santé de base du patient, la complexité de ses problèmes de santé et la façon dont il réagit au traitement ou évolue sous celui-ci. </p>
<p>Voilà où les algorithmes prédictifs peuvent être utiles.</p>
<h2>Un outil pour avoir des discussions et planifier en temps opportun</h2>
<p><a href="https://www.projectbiglife.ca/respect-elder-life">RESPECT (Risk Evaluation for Support : Predictions for Elder life in their Communities Tool) est un outil de communication sur les risques</a> qui est alimenté par des algorithmes de prédiction estimant l’espérance de vie d’une personne — c’est-à-dire combien de temps cette dernière vivra. Cet outil a été mis au point par l’équipe de recherche du projet Big Life, et validé <a href="https://doi.org/10.1503/cmaj.200022">au moyen des données de soins de santé recueillies sur près d’un million d’aînés ayant reçu des soins à domicile et en milieu communautaire</a>, ou dans une maison de soins en Ontario.</p>
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<iframe src="https://player.vimeo.com/video/539710931" width="500" height="281" frameborder="0" webkitallowfullscreen="" mozallowfullscreen="" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">RESPECT a pour but d’aider les gens à planifier leurs soins palliatifs et leurs soins de fin de vie.</span></figcaption>
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<p>RESPECT a été conçu en tenant compte des besoins des patients en matière d’information et dans l’intention de donner aux patients et à leurs partenaires de soins les moyens d’agir. En leur fournissant des données sur l’espérance de vie et les expériences d’autres personnes ayant connu un parcours semblable, cet outil peut aider les patients à comprendre la trajectoire de leur maladie, à devancer les discussions concernant leurs préférences et leurs souhaits, et à demander le soutien dont ils ont besoin. </p>
<h2>Un outil pour les patients, les partenaires de soins et les cliniciens</h2>
<p><a href="https://www.projectbiglife.ca/respect-elder-life">RESPECT</a> a été lancé publiquement sur ProjectBigLife.ca en juillet 2021. <a href="https://www.projectbiglife.ca/">Ce site web</a> présente plusieurs calculateurs santé mis au point par l’équipe de recherche pour traduire les données probantes en outils susceptibles d’aider les Canadiens à réfléchir à leur santé et à planifier leurs soins.</p>
<p>Les gens doivent répondre à 17 questions sur leur santé et leur capacité à prendre soin d’eux-mêmes. RESPECT utilise ensuite les réponses fournies pour leur donner une estimation de leur espérance de vie, et ce, sur la base de renseignements recueillis sur des personnes présentant des caractéristiques semblables aux leurs. Les aînés peuvent utiliser le calculateur pour mieux comprendre leur déclin. Il en va de même pour leurs partenaires de soins et les professionnels de la santé qui ne peuvent prédire avec certitude l’espérance de vie d’une personne atteinte d’une maladie grave.</p>
<p>En plus de donner une estimation de l’espérance de vie, RESPECT fournit des mesures du déclin fonctionnel — par exemple, si le patient est capable de se déplacer dans sa maison et de se livrer aux activités de la vie quotidienne, comme se laver et cuisiner, sans aucune aide.</p>
<p>Un patient peut utiliser ces renseignements pour discuter de ses besoins en matière de soins avec ses partenaires de soins et ses fournisseurs de soins de santé. De même, les fournisseurs de soins de santé peuvent utiliser cet outil pour discuter avec leurs patients de ce à quoi ils peuvent s’attendre en fin de vie, et prévoir les mesures de soutien appropriées.</p>
<p>RESPECT est également utilisé activement dans les maisons de retraite et les foyers de soins de l’Ontario. De nombreux résidents de ces établissements ont une espérance de vie inférieure à deux ans. Lorsque les discussions sur les objectifs et les souhaits des aînés au regard du chemin qu’il leur reste à parcourir ont lieu en temps opportun, l’équipe de soins peut offrir aux personnes dont elle s’occupe la meilleure qualité de vie et de soins possible.</p>
<h2>Infrastructure durable</h2>
<p>L’un des objectifs de RESPECT est de fournir une infrastructure durable pour l’étude, l’apprentissage et l’amélioration de la façon dont nous utilisons les algorithmes prédictifs dans la prestation des soins de fin de vie.</p>
<p>Malgré les avantages qui sont observés dans le cadre des premières utilisations de RESPECT, de nombreuses questions subsistent en ce qui concerne le meilleur moment pour l’utiliser et la meilleure manière de le faire. Par exemple, une faible capacité de calcul — c’est-à-dire la compréhension des chiffres, des mathématiques et des statistiques — pourrait entraîner une mauvaise interprétation de l’estimation fournie par RESPECT. Bien que les ressources à l’appui de RESPECT aient été élaborées en collaboration avec les patients et leurs partenaires de soins, davantage de recherches sont encore nécessaires pour réduire ces inconvénients potentiels.</p>
<p>Pour assurer l’optimisation des avantages qui peuvent être tirés des algorithmes de prédiction tels que RESPECT, les épidémiologistes cliniques Douglas Manuel et Justin Presseau, ainsi que les co-auteurs du présent article, ont créé le système de santé apprenant RESPECT — un réseau de partenaires de soins, de chercheurs et de professionnels de la santé qui collaborent pour surmonter ces défis. Nous combinons la recherche et la pratique pour étudier et améliorer durablement les soins et l’expérience de fin de vie grâce à des algorithmes prédictifs.</p>
<h2>Prendre conscience de la situation n’est que le début</h2>
<p>Seulement <a href="https://www.cihi.ca/sites/default/files/document/access-to-palliative-care-in-canada-2023-report-fr.pdf">58 % des gens qui meurent au Canada</a> reçoivent une forme de soins palliatifs avant de mourir. Peu de personnes (13 %) ont la possibilité de mourir chez elles, avec le soutien d’une équipe de soins palliatifs à domicile.</p>
<p>Grâce à l’amélioration de notre compréhension de la fragilité et du déclin, RESPECT pourrait aider les cliniciens, les patients et leurs partenaires de soins à se préparer à un mauvais pronostic, et à élaborer un plan personnalisé en matière de soins.</p>
<p>Cependant, pour améliorer la prestation des soins de fin de vie au Canada et permettre aux Canadiens de mourir dans la dignité, il faut investir davantage dans notre système officiel de soins de santé pour répondre aux besoins des personnes en fin de vie.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/214348/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Lysanne Lessard reçoit des fonds des Instituts de recherche en santé du Canada pour des recherches liées au système d'apprentissage en santé RESPECT. Elle est membre de l'Institut de recherche LIFE de l'Université d'Ottawa.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Amy T. Hsu reçoit des fonds des Instituts de recherche en santé du Canada pour la recherche liée au calculateur RESPECT.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Peter Tanuseputro reçoit des fonds des Instituts de recherche en santé du Canada pour la recherche liée au calculateur RESPECT.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Sampath Bemgal ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Une prédiction précise de l’espérance de vie peut devancer la tenue de discussions sur les préférences et les souhaits de fin de vie, ainsi que la mise en place des soins palliatifs.Lysanne Lessard, Associate Professor, Telfer School of Management, L’Université d’Ottawa/University of OttawaAmy T. Hsu, Brain and Mind-Bruyère Research Institute Chair in Primary Health Care in Dementia, L’Université d’Ottawa/University of OttawaPeter Tanuseputro, Associate Professor, Division of Palliative Care, Department of Medicine, L’Université d’Ottawa/University of OttawaSampath Bemgal, Assistant Professor, Information Systems, University of New BrunswickLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2162172023-12-06T14:34:42Z2023-12-06T14:34:42ZVieillir en milieu rural est un enjeu collectif qui doit être pris au sérieux<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/560212/original/file-20231117-25-r47fsf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=4%2C1%2C994%2C664&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les personnes aînées vivant en milieu rural doivent composer quotidiennement avec la rareté des services de proximité, de longues distances à parcourir pour accéder aux services sans réelle alternatives à l’automobile et une pauvreté d’offres de logement adapté.</span> <span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span></figcaption></figure><p>Au cours des deux prochaines décennies, toutes les régions du Québec connaîtront une <a href="https://publications.msss.gouv.qc.ca/msss/fichiers/2021/21-830-01W.pdf">augmentation de la proportion de leurs citoyennes et citoyens âgés de 65 ans et plus</a>. Les petites municipalités rurales seront toutefois les <a href="https://www12.statcan.gc.ca/census-recensement/2021/as-sa/98-200-x/2021002/98-200-x2021002-eng.cfm">plus touchées par cette tendance</a>.</p>
<p>Comment expliquer ce phénomène? En partie par l’exode des jeunes vers les villes, par l’attrait des milieux ruraux pour certaines personnes retraitées et par la nette préférence des personnes immigrantes pour les milieux urbains. </p>
<p>La plupart des personnes âgées souhaitent vivre le plus longtemps possible dans leur domicile ou, à tout le moins, dans leur communauté et <a href="https://bmcpalliatcare.biomedcentral.com/articles/10.1186/s12904-022-01023-1">y décéder</a>. Or, la possibilité de demeurer chez soi jusqu’à la fin se révèle intimement liée au statut <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC7314918/">socio-économique et à des facteurs en lien avec l’aménagement du territoire</a>.</p>
<p>Respectivement stagiaire postdoctorale, cotitulaire de la <a href="https://www.uqar.ca/recherche/la-recherche-a-l-uqar/unites-de-recherche/chaire-interdisciplinaire-sur-les-services-de-sante-et-sociaux-pour-les-populations-rurales/presentation-objectifs-et-mission-chaire-interdisciplinaire-sur-les-services-de-sante-et-sociaux-pour-les-populations-rurales">Chaire interdisciplinaire sur la santé et les services sociaux pour les populations rurales à l’Université du Québec à Rimouski</a> et interniste gériatre dans la région de Montmagny-L’Islet au <a href="https://www.cisssca.com/accueil">CISSS de Chaudière-Appalaches</a>, nous sommes trois des trois chercheures au sein du <a href="https://labvivantmosaic.ca/">laboratoire vivant MOSAIC</a> dans lequel s’impliquent plusieurs citoyennes et citoyens et chercheur.es du <a href="http://www.crcisssca.com/accueil-centre-de-recherche">Centre de recherche du CISSS de Chaudière-Appalaches</a>. Le laboratoire vivant MOSAIC vise à codévelopper des solutions innovantes pour soutenir le vieillir en communauté rurale dans cette région du Québec. </p>
<p>Dans cet article, nous introduisons le fonctionnement du laboratoire vivant MOSAIC.</p>
<h2>Portrait de la ruralité</h2>
<p>Les personnes aînées vivant en milieu rural doivent composer quotidiennement avec la <a href="https://publications.msss.gouv.qc.ca/msss/fichiers/2022/22-830-52W.pdf">rareté des services de proximité, de longues distances à parcourir pour accéder aux services, sans réelle alternative à l’automobile, et une pauvreté d’offres de logement adapté</a>. </p>
<p>Malgré ces contraintes, nombre de ces personnes affirment que certaines dimensions de la vie en milieu rural, telles que <a href="https://unece.org/fileadmin/DAM/pau/age/Policy_briefs/ECE-WG1-25.pdf">l’attachement à la communauté et au territoire, la participation sociale et la familiarité, créent un sentiment d’appartenance qui l’emporte largement sur les aspects plus négatifs</a>. </p>
<p>Pour implanter des solutions collectives, innovantes, adaptées aux besoins et aux priorités des personnes aînées vivant en milieu rural, il apparaît nécessaire de mobiliser la <a href="https://publications.msss.gouv.qc.ca/msss/fichiers/ainee/F-5234-MSSS.pdf">collaboration intersectorielle et le dynamisme des communautés rurales</a>. </p>
<p>La collaboration intersectorielle vise à susciter des interdépendances entre une diversité d’actrices et d’acteurs issus de secteurs variés (société civile, communautaire, municipal, gouvernemental) afin de développer des réponses mieux adaptées à une problématique complexe. <a href="https://chairecacis.org/fichiers/intersectorialite_partenariat_2019.pdf">La mise en commun des différentes expertises et des ressources permet d’innover là où l’action d’un seul secteur serait jugée insuffisante</a>. </p>
<p>Pour favoriser cette collaboration intersectorielle, l’approche des laboratoires vivants s’avère prometteuse. En effet, les laboratoires vivants <a href="https://timreview.ca/sites/default/files/Issue_PDF/TIMReview_November2017.pdf">favorisent le développement d’innovations techniques et sociales durables, et ce, à grande échelle</a>.</p>
<h2>Le laboratoire vivant MOSAIC</h2>
<p>Le laboratoire vivant MOSAIC pour, avec et par les personnes aînées des milieux ruraux est actuellement en effervescence dans la région de Chaudière-Appalaches. <a href="https://numerique.banq.qc.ca/patrimoine/details/52327/3200274?docref=zW69gy-cg4bgW4VeViBQUw">Située sur la rive sud du fleuve Saint-Laurent, cette région s’étend sur 16 130 km²</a>, soit 34 fois la superficie de l’île de Montréal. </p>
<p>En 2023, les personnes âgées de 65 ans et plus représentent déjà 25 % de la population de Chaudière-Appalaches. Parmi ces personnes aînées, 56 % ont entre 65 à 74 ans, 32 % ont entre 75 à 84 ans et 12 % ont 85 ans et plus. <a href="https://www.cisssca.com/clients/CISSSCA/Surveillance_infogram/Documents/RAP_DSPu_Portrait%20aines_2023-10-23_VF.pdf">Près d’une personne aînée sur trois (31 %) de ce territoire ne détient aucun diplôme, 26 % habitent seules et 21 % jouissent d’un faible revenu</a>. </p>
<p>Le laboratoire vivant MOSAIC réunit des partenaires de quatre parties prenantes de même importance, soit des personnes aînées et leurs proches, des personnes représentantes des municipalités et de la collectivité, des organisations offrant des services aux personnes aînées (Centre intégré de santé et de services sociaux de la région, organismes privés ou communautaires) et des personnes du milieu de la recherche et de l’enseignement incluant étudiantes et étudiants de la relève en recherche. </p>
<p>Toutes et tous sont mobilisés afin de cibler et tester des solutions innovantes et inclusives favorisant le vieillir en milieu rural. </p>
<p>Le laboratoire vivant MOSAIC poursuit les objectifs suivants : </p>
<ul>
<li><p>Créer des opportunités de rencontres et des espaces de discussion sécuritaires pour explorer avec les personnes aînées des pistes de solutions à leurs besoins ; </p></li>
<li><p>Expérimenter des idées et solutions innovantes dans une approche de cocréation et en contextes de vie réels ;</p></li>
<li><p>Favoriser un dialogue durable entre les personnes aînées des milieux ruraux et les autres partenaires du laboratoire vivant MOSAIC.</p></li>
</ul>
<h2>Les cinq thèmes du laboratoire vivant MOSAIC</h2>
<p>Cinq grands thèmes favorisant le vieillir en milieu rural ont émergé dès les premiers échanges entre les parties prenantes à l’automne 2022, soit la participation sociale, les milieux de vie agréables et inclusifs, la réminiscence et la santé cognitive, les soins et services de santé et la préparation de la fin de vie.</p>
<p>Depuis l’hiver 2023, ces thèmes font l’objet de rencontres de groupes de travail tenues principalement en ligne et visant à dégager les besoins prioritaires, à cibler des pistes de solution innovantes et ultimement, à les tester et à les implanter en contextes de vie réels. À ce moment-ci de la démarche, les pistes retenues sont le développement d’un programme d’aide favorisant la maîtrise des technologies des communications en soutien à la participation sociale, la mise en place d’un réseau sécuritaire d’aide aux menus travaux, la création d’un réseau bien traitant pour dépister les personnes aînées vulnérables à domicile, un projet misant sur les technologies pour favoriser la santé cognitive via la réminiscence du quotidien en ruralité et des activités pour démystifier la fin de vie en milieux ruraux.</p>
<p>Des constats généraux se dégagent de ces premiers mois d’expérimentation, soit une forte mobilisation des personnes aînées, de leurs proches et des représentantes et représentants d’organismes communautaires, ainsi qu’un désir commun de (re)créer des relations de confiance durable entre les membres des communautés rurales de différentes générations.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/216217/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Le laboratoire vivant MOSAIC est financé par les Fonds de recherche Québec- Santé</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Lily Lessard est membre chercheure du Centre de recherche du CISSS de Chaudière-Appalaches et de l'Assemblée des chercheur.es du CISSS du Bas-St-Laurent. Elle est cotitulaire de la chaire interdisciplinaire sur la santé et les services sociaux pour les populations rurales (Chaire CIRUSSS). Elle est chercheure principale sur Laboratoire vivant MOSAIC (financé par le Fonds québecois de recherche-Santé-Plateforme vieillissement) avec la Dre Michèle Morin et superviseure principale du stage postdoctoral de mme Ariane Plaisance. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Michèle Morin ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Le laboratoire vivant MOSAIC pour, avec et par les personnes aînées vivant en milieu rural, a pour mission de développer des innovations sociales facilitant le vieillir dans la communauté d’attache.Ariane Plaisance, Stagiaire post-doctorale, Université du Québec à Rimouski (UQAR)Lily Lessard, infirmière, Ph.D. santé communautaire, Université du Québec à Rimouski (UQAR)Michèle Morin, Interniste gériatre, CISSS Chaudière-Appalaches ; Professeure agrégée de clinique, Département de médecine, Faculté de médecine, Université Laval; Directrice responsable scientifique, Centre d'excellence sur le vieillissement de Québec, Université LavalLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2143352023-11-23T17:56:44Z2023-11-23T17:56:44ZAlzheimer : une nouvelle explication généralisable à toute maladie liée au vieillissement ?<p>Alors que le vieillissement de la population française s’accélère, la maladie d’Alzheimer progresse dans notre pays. On estime qu’elle affecte actuellement 900 000 personnes et, chaque année, environ 225 000 nouveaux cas sont diagnostiqués.</p>
<p>Ces chiffres élevés font de cette pathologie la principale cause de démence sénile d’évolution inexorable. En effet, les traitements disponibles aujourd’hui ne permettent malheureusement pas d’en guérir, mais uniquement d’en atténuer certains symptômes et de ralentir son évolution.</p>
<p>Actuellement, pour tenter de décrypter les causes de la maladie d’Alzheimer, les recherches suivent deux voies majeures, focalisées respectivement sur des mécanismes impliquant deux types de protéines : les protéines amyloïdes et la protéine Tau.</p>
<p><a href="https://www.mdpi.com/2073-4409/12/13/1747">Nos travaux</a>, publiés au mois de juin dernier dans la revue Cells (MDPI), ont permis de mettre en évidence un autre mécanisme pouvant expliquer l’origine de la maladie d’Alzheimer. Notre découverte permet d’envisager de nouvelles façons de la diagnostiquer et ouvre de nouvelles pistes thérapeutiques. Par ailleurs, ses applications potentielles ne se limitent pas à cette seule affection : elles pourraient aussi concerner d’autres maladies du vieillissement.</p>
<h2>Causes de la maladie d’Alzheimer : les hypothèses classiques en difficulté</h2>
<p>On sait de longue date que le cerveau des personnes décédées atteintes de la maladie d’Alzheimer présente deux types de lésions : <a href="https://www.inserm.fr/dossier/alzheimer-maladie/">les dépôts amyloïdes et les dégénérescences neurofibrillaires</a>.</p>
<p>Les dépôts amyloïdes sont des agrégats extracellulaires composés de protéines amyloïdes. Ces plaques s’accumulent autour des neurones et les empêchent de bien communiquer entre eux. Les dégénérescences neurofibrillaires résultent quant à elles de modifications d’autres protéines, les protéines Tau.</p>
<p>En temps normal, les protéines Tau assurent le maintien des microtubules dans la cellule (des sortes d’armatures squelettiques qui assurent la cohésion cellulaire). Mais chez les patients atteints de la maladie d’Alzheimer ou d’autres maladies dégénératives (tauopathies), les protéines Tau changent de forme tridimensionnelle par un processus appelé hyperphosphorylation. Cette hyperphosphorylation des protéines Tau conduit notamment à une fragilisation des microtubules des neurones qui, progressivement, meurent.</p>
<p>On a longtemps cru que l’accumulation au fil du temps de plaques amyloïdes et d’enchevêtrements de protéines Tau était responsable des manifestations cliniques de la maladie d’Alzheimer. Toutefois, depuis quelques années, les <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/37334596/">différents essais cliniques ciblant les protéines amyloïdes</a> se sont révélés <a href="https://www.vidal.fr/actualites/30049-maladie-d-alzheimer-la-fin-de-l-hypothese-amyloide.html">très décevants</a>.</p>
<p>Face à cette situation, l’acquisition de connaissances nouvelles à propos des mécanismes biologiques spécifiques à la maladie d’Alzheimer est aujourd’hui plus que jamais nécessaire. En particulier, pour proposer une nouvelle vision de la maladie d’Alzheimer, il faut retourner aux sources mêmes de cette maladie dégénérative, c’est-à-dire à la gestion du stress dit « oxydatif », qui, s’il n’est pas correctement réduit, conduit au vieillissement accéléré. L’accumulation de plaques amyloïdes et d’enchevêtrements de protéine Tau pourrait en être alors de simples conséquences.</p>
<p>Les résultats récents obtenus au sein de notre laboratoire de recherche, <a href="https://www.radiobiologie.fr/">l’UMR 1296 Inserm</a>, s’inscrivent dans ce contexte. Nos données nous ont en effet permis de proposer un nouveau mécanisme moléculaire pouvant <a href="https://hal.science/hal-04157903">expliquer l’origine de la maladie d’Alzheimer</a>. Cette hypothèse est soutenue non seulement par des observations expérimentales cohérentes, mais aussi par une modélisation mathématique.</p>
<p>Au cœur de notre modèle figure une autre protéine, baptisée ATM.</p>
<h2>Les cassures de l’ADN, une nouvelle piste d’explication</h2>
<p>En tant que radiobiologistes, nous étudions les effets sur le vivant des rayonnements ionisants (les rayons X, les rayons gamma, les particules…), lesquels produisent du stress oxydatif. À ce titre, la protéine ATM revient systématiquement dans tous nos projets de recherche. Elle est en effet une <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/16026874/">actrice majeure de la réponse à tout stress oxydatif</a>.</p>
<p>Ce type de stress survient lorsque des composés chimiques très réactifs, les espèces radicalaires oxygénées (ou ROS), sont présents dans l’environnement des cellules. Les conséquences d’une telle situation sont potentiellement très graves, puisque le stress oxydatif peut casser l’ADN. Schématiquement, la protéine ATM gère la signalisation et la réparation de telles cassures de l’ADN, qui nous agressent et qui nous font vieillir.</p>
<p>Nos travaux de recherche ont notamment démontré qu’après un stress, dû par exemple <a href="https://www.mdpi.com/2072-6694/11/7/905">à une irradiation</a>, une <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/34680095/">contamination aux métaux</a> ou <a href="https://www.mdpi.com/2218-273X/12/2/250">aux pesticides</a>, de nombreuses copies d’ATM quittent le cytoplasme où elles sont produites (le cytoplasme est la partie de la cellule qui se trouve entre le noyau – contenant le matériel génétique – et la membrane cellulaire) pour entrer dans le noyau. Là, elles déclenchent la reconnaissance et la réparation des cassures de l’ADN.</p>
<p>Ce phénomène est appelé transit de la protéine ATM. En temps normal, il dure quelques minutes après le stress, et aboutit à la reconnaissance puis à la réparation de toutes les cassures de l’ADN. Toutefois, le transit d’ATM peut se trouver ralenti ou empêché si les protéines rencontrent et s’associent en chemin à d’autres protéines spécifiques, anormalement surexprimées dans le cytoplasme.</p>
<p>Nous avons appelé ces protéines les « protéines X », car elles peuvent varier d’un individu à un autre, d’une maladie à une autre, d’un tissu à un autre. Ces protéines X sont généralement celles qui, par leurs mutations, <a href="https://www.mdpi.com/2072-6694/11/7/905">causent les maladies</a> (quand ces mutations ne font pas disparaître lesdites protéines, mais au contraire, les dérégulent).</p>
<h2>Comment le blocage d’ATM provoque des maladies</h2>
<p>Depuis 2014, nous étudions au laboratoire des maladies associées soit à une forte prédisposition au cancer, soit à un vieillissement accéléré, mais qui ont toutes un point commun : <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/34281212/">elles sont connues pour leur réponse anormale à une irradiation</a>.</p>
<p>C’est notamment le cas du <a href="https://www.esmo.org/content/download/79763/1460927/file/ESMO-ACF-Sarcomes-des-Tissus-Mous-un-Guide-pour-les-Patients.pdf#page=7">syndrome du rétinoblastome</a>, un syndrome familial qui est à haut risque de cancer de l’œil. Causée par la mutation du gène de la protéine Rb, cette maladie est associée à une surexpression de ladite protéine Rb dans le cytoplasme, ce qui empêche ATM d’atteindre le noyau. <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/32862699/">Les cassures de l’ADN sont alors mal réparées et leur accumulation cause le cancer</a>.</p>
<p>Nous avons pu mettre en évidence des mécanismes de ce type dans d’autres maladies dégénératives, comme la maladie de Huntington dans lequel le rôle de la protéine X est tenu par une <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/24277524/">protéine appelée la huntingtine</a>, ou encore la <a href="https://link.springer.com/article/10.1007/s12035-017-0648-6">sclérose tubéreuse de Bourneville</a> et la tubérine, le <a href="https://www.mdpi.com/1422-0067/23/3/1570">syndrome de Usher et les protéines USH</a>, etc.</p>
<p>De façon intéressante, la très grande majorité des protéines X qui sont associées à des <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/34281212/">maladies dégénératives sont localisées autour du noyau</a>, si bien que lors de leur transit du cytoplasme au noyau, les protéines ATM sont stoppées directement sur la membrane nucléaire. Pour évaluer la réponse au stress oxydatif, notamment dû à l’irradiation, on comprend donc qu’il faut d’abord rechercher quelle(s) protéine(s) X ralenti(ssen)t les protéines ATM dans leur transit du cytoplasme au noyau.</p>
<p>C’est aussi le cas lorsque l’on s’intéresse à la maladie d’Alzheimer. Dans ce cas précis, notre quête de la (ou des) protéine(s) X spécifique(s) de la maladie s’est rapidement orientée vers une protéine appelée Apoliprotéine E, ou APOE.</p>
<h2>Des couronnes autour du noyau, premier signe de la maladie d’Alzheimer ?</h2>
<p>La protéine APOE est surtout connue par les spécialistes de la maladie d’Alzheimer en raison des variations (on parle de « polymorphismes ») qu’elle présente chez une grande majorité de patients atteints. Par ailleurs, on sait que APOE présente des sites d’interaction préférentielle avec la protéine ATM, ce qui en faisait une bonne candidate au statut de « protéine X ».</p>
<p>Nous avons donc décidé d’étudier 10 lignées de cellules de peau provenant de patients atteints de la maladie d’Alzheimer à différents stades. Nous avons ainsi découvert que, bien que les origines de ces lignées cellulaires provenant de divers malades soient variées (et donc que les polymorphismes qu’elles contiennent soient différents de l’une à l’autre), toutes montraient systématiquement une surexpression de la protéine APOE autour du noyau.</p>
<p>De plus, nous avons aussi observé que la protéine ATM était elle aussi systématiquement localisée autour du noyau, formant des « couronnes périnucléaires ». Des analyses plus approfondies ont par ailleurs révélé que ces couronnes étaient constituées d’une première couche d’interaction entre ATM et APOE, au plus près de la membrane du noyau.</p>
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<img alt="Image de microscopie montrant grâce à l’immunofluorescence des exemples représentatifs de couronnes périnucléaires formées par la protéine ATM autour du noyau de cellules (fibroblastes) de peau de patients atteints par la maladie d’Alzheimer." src="https://images.theconversation.com/files/561393/original/file-20231123-15-uzoi2p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/561393/original/file-20231123-15-uzoi2p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=209&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/561393/original/file-20231123-15-uzoi2p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=209&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/561393/original/file-20231123-15-uzoi2p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=209&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/561393/original/file-20231123-15-uzoi2p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=262&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/561393/original/file-20231123-15-uzoi2p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=262&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/561393/original/file-20231123-15-uzoi2p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=262&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Exemples représentatifs de couronnes périnucléaires formées par la protéine ATM autour du noyau de cellules (fibroblastes) de peau de patients atteints par la maladie d’Alzheimer.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.mdpi.com/2073-4409/12/13/1747">Berthel E., et al. « Toward an Early Diagnosis for Alzheimer’s Disease Based on the Perinuclear Localization of the ATM Protein », Cells (MDPI)</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p><a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/37443782/">Grâce à des observations plus poussées d’imagerie cellulaire, ainsi qu’à un modèle mathématique</a> produit par Laurent Pujo-Menjouet, professeur à l’Université Lyon I, nous sommes aujourd’hui en mesure d’écrire un scénario décrivant un mécanisme probable pour expliquer la maladie.</p>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/561402/original/file-20231123-27-rh6kse.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Schéma explicatif du modèle de vieillissement pathologique impliquant ATM." src="https://images.theconversation.com/files/561402/original/file-20231123-27-rh6kse.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/561402/original/file-20231123-27-rh6kse.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=228&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/561402/original/file-20231123-27-rh6kse.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=228&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/561402/original/file-20231123-27-rh6kse.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=228&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/561402/original/file-20231123-27-rh6kse.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=287&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/561402/original/file-20231123-27-rh6kse.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=287&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/561402/original/file-20231123-27-rh6kse.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=287&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Le processus commencerait d’abord par la formation de complexes ATM-APOE qui ne gêneraient pas l’entrée d’ATM dans le noyau (points verts lumineux visibles à l’intérieur). Progressivement, la première couche ATM-APOE couvrirait tout le noyau (fine couronne en vert autour du noyau, quelques points vert encore visibles dedans). Enfin, la couronne épaissie interdirait toute pénétration d’ATM (plus de point vert lumineux dans le noyau).</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.mdpi.com/2073-4409/12/13/1747">Berthel E., et al. « Toward an Early Diagnosis for Alzheimer’s Disease Based on the Perinuclear Localization of the ATM Protein », Cells (MDPI)</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>À mesure que du stress est produit, au fil de l’existence, chez des personnes dont les cellules surexpriment APOE, ATM s’agglutinerait progressivement autour du noyau des cellules, formant une première couche avec APOE, puis avec elle-même.</p>
<p>Ces multicouches interdiraient le passage de ATM dans le noyau. Les cassures de l’ADN dues au stress s’accumuleraient donc progressivement, puisqu’ATM ne serait plus capable de déclencher leur reconnaissance puis leur réparation.</p>
<p>Les couronnes périnucléaires s’avéreraient d’autant plus épaisses que le processus d’agglutination serait déjà ancien – à l’image, en quelque sorte, des cernes qui se forment lors de la croissance des troncs d’arbres. Cette accumulation de cassures dans l’ADN provoquerait une accélération du vieillissement des cellules et, in fine, leur mort. À cet instant, « l’épaisseur » des couronnes périnucléaires serait maximale.</p>
<p>En plus d’une explication mécanistique, nos observations introduisent ici la notion de prédisposition à la maladie d’Alzheimer, puisque tout porteur de cellules surexprimant une protéine APOE autour du noyau serait potentiellement susceptible.</p>
<h2>Une explication moléculaire du vieillissement valable pour d’autres pathologies</h2>
<p>Ces observations ont été menées sur des cellules provenant de la peau de 10 patients atteints de la maladie d’Alzheimer, mais elles pourraient être transposables aux cellules cérébrales et à d’autres types cellulaires. En effet, des données récentes suggèrent que la maladie d’Alzheimer pourrait être une maladie du vieillissement généralisée à d’autres tissus que le tissu cérébral (<a href="https://jacob.cea.fr/drf/ifrancoisjacob/Pages/Agenda/2023/SEPIA-lecture-series-wenquan-zou.aspx">communication du professeur Zou de l’université de Nanchang</a> (Chine), durant une conférence donnée au sein du service d’étude des prions et des infections atypiques de l’Institut François Jacob du CEA).</p>
<p>Par ailleurs, depuis la publication de notre étude, nous avons observé la formation de couronnes périnucléaires d’ATM dans d’autres pathologies liées au vieillissement, comme la myopathie de Duchesne (mais évidemment avec une protéine X différente d’APOE). En outre, en laissant vieillir en culture des cellules de cristallin, on voit également apparaître des couronnes périnucléaires d’ATM <a href="https://www.mdpi.com/2073-4409/12/16/2118">qui pourraient être liées à la formation de cataractes</a>. Enfin, des travaux en cours suggèrent que des cellules de peau issues d’individus normaux et vieillies artificiellement en culture pourraient montrer également des couronnes périnucléaires d’ATM.</p>
<p>L’agglutination de la protéine ATM autour du noyau, aidée par la surexpression d’une protéine spécifique constituerait donc une explication mécanistique du vieillissement cellulaire, en raison de l’impossibilité de réparer les dommages de l’ADN accumulés par un stress endogène et/ou exogène.</p>
<h2>Quelles retombées et quelles nouvelles pistes pour nos recherches ?</h2>
<p>Ces résultats pourraient également avoir des implications en matière de diagnostic. En effet, un simple prélèvement dermatologique de cellules de peau pourrait permettre de révéler non seulement l’existence d’une forte prédisposition à la maladie d’Alzheimer, mais aussi renseigner sur son avancée éventuelle. Un brevet a été déposé en ce sens par Inserm Transfert, en collaboration avec la société Neolys Diagnostics (groupe ALARA expertise, à Entzheim, en Alsace). Toutefois, de nouvelles investigations sont nécessaires pour asseoir ces tests sur des bases encore plus solides.</p>
<p>Ces résultats préliminaires pourraient aussi ouvrir de nouvelles pistes d’exploration en matière de traitement. On pourrait par exemple chercher des moyens de « détruire » précocement les couronnes périnucléaires d’ATM, ou d’en limiter la formation, afin d’améliorer la survie cellulaire par une meilleure gestion des cassures de l’ADN accumulées. Dans cette optique, différentes substances chimiques susceptibles de séparer les protéines ATM des protéines APOE sont en cours d’investigation au laboratoire.</p>
<p>Soulignons que nos observations ont été faites directement sur des cellules humaines, ce qui les rend d’autant plus pertinentes sur le plan clinique et évite tous les biais liés à l’extrapolation à partir de modèles animaux, pour lesquels la gestion des cassures de l’ADN peut montrer certaines différences avec l’être humain. Elles constituent une avancée majeure dans la compréhension des mécanismes en jeu dans la genèse de la maladie d’Alzheimer.</p>
<hr>
<p><em>Elise Berthel, la première auteure de la publication scientifique dont les résultats sont présentés dans cet article, a été postdoctorante financée par l’Inserm (UMR 1296) avant de devenir cheffe de projet financé par Neolys Diagnostics. Les premières expériences de caractérisation radiobiologique de la maladie d’Alzheimer ont été réalisées dans le cadre du master de Eymeric Le Reun (U1296), dirigé par Elise Berthel et Nicolas Foray.</em></p>
<p><em>Un brevet sur le diagnostic de la maladie d’Alzheimer à partir des couronnes périnucléaires d’ATM a été déposé conjointement par Inserm Transfert et Neolys Diagnostics sous la référence 23305025.1 le 9 janvier 2023.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/214335/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Nicolas Foray a été fondateur et conseiller scientifique de 2014 à 2020 (mais jamais dirigeant actif) de la Société Neolys Diagnostics, qui développe des tests de radiosensibilité. Il a reçu 2000 Euros en totalité pour cette fonction. L'unité Inserm 1296 que dirige Nicolas Foray reçoit régulièrement des financements et subventions d'agences soutien à la recherche : ANR, projets d'Investissement d'avenir, INCa, Ligue, ARC, FRM, CNES, Commission Européenne, EDF. Toutes dans le cadre réglementé d'appels à projets publics.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Michel Bourguignon ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Alors que les recherches sur les deux principales pistes d’explication de la maladie d’Alzheimer piétinent, des données récentes ouvrent une troisième voie, impliquant des problèmes de réparation de l’ADN.Michel Bourguignon, Professeur émérite de Biophysique et Médecine Nucléaire, Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines (UVSQ) – Université Paris-Saclay Nicolas Foray, Directeur de Recherche à l'Inserm, Unité U1296 « Radiations : Défense, Santé, Environnement », InsermLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2101432023-11-02T21:02:16Z2023-11-02T21:02:16ZProtéger nos protéines pour prévenir le vieillissement : une piste prometteuse ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/557309/original/file-20231102-21-co328v.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C6%2C4643%2C3079&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Et si protéger nos protéines permettait de bien vieillir ?</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://unsplash.com/fr/photos/donna-sorridente-VMGAbeeJTKo">Ravi Patel/Unsplash</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><p>C’est notamment grâce à une petite bactérie ultra-résistante capable de « revenir à la vie » après des attaques extrêmement nocives, que les théories existantes sur la chimie du vieillissement sont en train d’être rebattues.</p>
<p>Il s’agit de <a href="https://presse.inserm.fr/wp-content/uploads/2017/01/2006_09_27_CP_Deinococcus_Resurrec.pdf"><em>Deinococcus radiodurans</em></a>, une des bactéries les plus résistantes connues à ce jour, qui vit dans des environnements arides comme le sable du désert. Elle survit dans les conserves de viande après le traitement de « choc » que constitue une stérilisation par rayonnement gamma. Elle peut également survivre à une dose d’irradiation 5000 fois plus importante que la dose mortelle pour les humains.</p>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/553213/original/file-20231011-25-suiwlh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="microscopie électronique à transmission d’une bactérie extrêmophile" src="https://images.theconversation.com/files/553213/original/file-20231011-25-suiwlh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/553213/original/file-20231011-25-suiwlh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=690&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/553213/original/file-20231011-25-suiwlh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=690&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/553213/original/file-20231011-25-suiwlh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=690&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/553213/original/file-20231011-25-suiwlh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=867&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/553213/original/file-20231011-25-suiwlh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=867&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/553213/original/file-20231011-25-suiwlh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=867&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption"><em>Deinococcus radiodurans</em> est une bactérie extrêmophile et l’un des organismes les plus résistants aux radiations que l’on connaisse. Ici elle est vue par microscopie électronique à transmission.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Deinococcus_radiodurans#/media/Fichier:Deinococcus_radiodurans.jpg">Michael Daly, Uniformed Services University, US Department of Energy</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Les études ont montré que <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/26871429/">cette bactérie survit même si son ADN est endommagé et brisé en plusieurs centaines de fragments à cause d’un stress violent</a>. En seulement quelques heures, elle reconstitue entièrement son patrimoine génétique et revient à la vie. Son ADN n’est pas plus résistant, il est simplement réparé immédiatement par des protéines indestructibles face à cette radiation extrême.</p>
<p>Ainsi, le secret de la robustesse de cette bactérie extrêmophile dépend de la robustesse de son « protéome » – l’ensemble de ces protéines – et notamment de ses protéines de réparation de l’ADN.</p>
<p>Ceci suggère un nouveau paradigme : pour augmenter la longévité, et notamment celle des humains, c’est le protéome – plus que l’ADN – qu’il nous faut protéger.</p>
<p>En effet, la survie de l’organisme dépend de l’activité de ses protéines. Si on agit contre l’altération du protéome, qui est à l’origine du vieillissement, on intervient simultanément sur l’ensemble de ses conséquences : par exemple la survie et le fonctionnement cellulaire ; et on évite les mutations induites par les radiations.</p>
<h2>Les clefs du vieillissement</h2>
<p>Le <a href="https://www.medecinesciences.org/en/articles/medsci/full_html/2020/11/msc200258/msc200258.html">vieillissement</a> se caractérise par l’accumulation d’évènements qui détériorent les fonctions de nos organes, et par une <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/30914006/">augmentation exponentielle des risques de décès et des maladies au fil du temps</a>.</p>
<p>De nombreux modèles ont été proposés pour expliquer la base moléculaire du vieillissement, tels que la théorie de la <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC8344376/">sénescence cellulaire</a>, la diminution de la capacité de réparation de l’ADN, le <a href="https://www.inserm.fr/c-est-quoi/ca-use-ca-use-c-est-quoi-telomeres/">raccourcissement des télomères</a>, le dysfonctionnement mitochondrial et le <a href="https://www.medecinesciences.org/en/articles/medsci/full_html/2006/04/medsci2006223p266/medsci2006223p266.html">stress oxydant</a> ou encore <a href="https://www.medecinesciences.org/en/articles/medsci/full_html/2020/11/msc200019/msc200019.html">l’inflammation chronique</a>.</p>
<p>Ces différents modèles s’attachent tous à tenter de comprendre les conséquences du vieillissement, et non les causes. Le dogme central « ADN -> ARN -> protéines », qui désigne les relations entre l’ADN, l’ARN et les protéines et qui renvoie à l’idée que cette relation est unidirectionnelle (c’est-à-dire que de l’ADN vers les protéines en passant par l’ARN), mérite aujourd’hui d’être reconsidéré.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/553215/original/file-20231011-24-r1aap0.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/553215/original/file-20231011-24-r1aap0.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/553215/original/file-20231011-24-r1aap0.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/553215/original/file-20231011-24-r1aap0.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/553215/original/file-20231011-24-r1aap0.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/553215/original/file-20231011-24-r1aap0.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/553215/original/file-20231011-24-r1aap0.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Triple hélice de collagène, une protéine structurelle qui contribue à la résistance de la peau.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Naos</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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</figure>
<p>En effet, si plutôt que de s’intéresser d’abord à notre ADN et de rechercher à le protéger pour freiner notre vieillissement, <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/36660191/">nous protégions notre protéome</a> ?</p>
<h2>Qu’est-ce que le protéome ?</h2>
<p>Le terme <a href="https://www.inserm.fr/actualite/proteomique-code-vie-traduit-plus-90/">« protéome »</a> désigne l’ensemble des protéines présentes dans une cellule ou dans un organisme. Les protéines – du grec <em>protos</em> qui signifie « premier » – représentent le second principal constituant du corps humain, après l’eau, soit <a href="https://legacy.foresight.org/Nanomedicine/Ch03_1.html">environ 20 %</a> de sa masse.</p>
<p>Le terme « protéome » a été construit par analogie avec le génome : le protéome étant aux protéines ce que le génome est aux gènes, c’est-à-dire l’ensemble des gènes/protéines d’un individu – cet ensemble protéique variant en fonction de l’activité des gènes.</p>
<p>En effet, le protéome est une entité dynamique, qui s’adapte en permanence aux besoins de la cellule face à son environnement. Les protéines sont des molécules essentielles à la construction et au fonctionnement de tous les organismes vivants. <a href="https://www.aquaportail.com/definition-15276-interactome.html">Environ 650 000 réseaux interactifs protéine-protéine</a> ont été identifiés dans divers organismes, dont environ 250 000 chez l’humain.</p>
<p>Les protéines exécutent une <a href="https://www.futura-sciences.com/sante/definitions/biologie-proteine-237/">grande variété de fonctions</a> :</p>
<ul>
<li><p>Un rôle structurel : de nombreuses protéines assurent la structure de chaque cellule, et le maintien et la cohésion de nos tissus. Par exemple, l’actine et la tubuline participent à l’architecture de la cellule. La kératine à celle de notre épiderme, de nos cheveux et de nos ongles. Le collagène est une protéine qui joue un rôle important dans la structure des os, des cartilages et de la peau.</p></li>
<li><p>Un rôle fonctionnel : enzymatique (par exemple, les protéases participent au nettoyage des protéines dysfonctionnelles et à la desquamation), hormonal (par exemple, l’insuline régule la glycémie), de transport (par exemple, les aquaporines transportent l’eau dans les différentes couches de la peau) ou de défense (par exemple, les immunoglobulines participent à la réponse immunitaire). Ainsi, l’ensemble des fonctions vitales est assuré par l’activité des protéines.</p></li>
</ul>
<h2>La « carbonylation », première cause d’altération irréparable de notre protéome</h2>
<p>L’équilibre entre la synthèse de nouvelles protéines et leur dégradation s’appelle la <a href="https://cordis.europa.eu/article/id/435462-maintaining-proteostasis-may-slow-ageing-and-related-diseases/fr">protéostasie</a>. Celle-ci est nécessaire au fonctionnement de notre organisme.</p>
<p>Mais cet état d’équilibre est sensible. Il est même constamment menacé, car la synthèse et la dégradation des protéines dépendent… de protéines. Avec le temps et les agressions extérieures, le protéome est soumis à <a href="https://www.medecinesciences.org/en/articles/medsci/full_html/2017/02/medsci20173302p176/medsci20173302p176.html">diverses altérations</a>, dont la plus redoutable est la « carbonylation », dommage irréversible lié à l’oxydation des protéines.</p>
<p>Les protéines carbonylées sont modifiées de façon permanente. Elles ne peuvent plus assurer correctement leurs fonctions biologiques ; et acquièrent même parfois des fonctions toxiques sous forme de petits agrégats.</p>
<p>Lorsqu’elles sont endommagées de façon irréparable, les protéines doivent être recyclées ou éliminées. Avec l’âge, cette élimination se fait plus difficilement, ce qui peut causer leur accumulation sous forme d’agrégats toxiques qui entravent la physiologie cellulaire et accélèrent le vieillissement. Au-delà d’un certain seuil, ces agrégats sont néfastes pour l’organisme : un état de <a href="https://www.sciencedirect.com/topics/biochemistry-genetics-and-molecular-biology/proteotoxicity">protéotoxicité</a> s’installe alors.</p>
<p>La <a href="https://www.nature.com/articles/s41580-019-0101-y">perte de la protéostasie</a>, c’est-à-dire l’équilibre entre la synthèse de nouvelles protéines et leur dégradation, due à l’accumulation d’agrégats protéiques, constitue la cause centrale dans le vieillissement et les maladies dégénératives. Ces agrégats de protéines carbonylées se retrouvent dans la plupart des maladies liées à l’âge, ainsi que dans les principaux signes de vieillissement de la peau.</p>
<p>Ainsi, alors que <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/26871429/">notre vision du vieillissement était jusqu’à présent centrée sur le génome</a>, les recherches récentes sur le protéome introduisent l’importance de l’accumulation des protéines endommagées comme un facteur-clef du processus de vieillissement dans son ensemble.</p>
<h2>Les molécules chaperonnes antioxydantes, pour agir sur les causes du vieillissement</h2>
<p>Pour se replier correctement, la plupart des protéines ont besoin de l’aide de protéines spécialisées appelées « chaperonnes ». Les molécules chaperonnes sont de petites protéines qui aident et assistent au repliement normal des protéines après leur synthèse par les ribosomes, ou à leur bon repliement après un stress, tel un stress thermique.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/553218/original/file-20231011-23-at0nwd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/553218/original/file-20231011-23-at0nwd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=365&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/553218/original/file-20231011-23-at0nwd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=365&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/553218/original/file-20231011-23-at0nwd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=365&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/553218/original/file-20231011-23-at0nwd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=459&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/553218/original/file-20231011-23-at0nwd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=459&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/553218/original/file-20231011-23-at0nwd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=459&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Illustration de l’extraction de bactériorubérines à partir de la bactérie <em>Arthrobacter agilis</em> – les bactériorubérines sont des pigments biologiques antioxydants et à effet chaperon, protégeant le protéome. NAOS.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Naos</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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<p>Le terme de molécule chaperonne – d’origine française bien que proposé par <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/2695089/">John Ellis et Sean Hemmingsen</a> – a été adopté car leur rôle est d’empêcher les interactions indésirables et de rompre les liaisons incorrectes qui peuvent se former, à l’instar d’un chaperon humain. Bref, les chaperonnes (protéiques ou chimiques) sont les médecins des protéines mal-formées !</p>
<p>Revenons à la bactérie <em>Deinococcus radiodurans</em>, chez elle, les chaperonnes jouent un rôle clé dans la protection des protéines contre la carbonylation, en évitant que leurs acides aminés ne soient exposés aux radicaux libres ou ROS. Ainsi, elles réduisent leur susceptibilité aux altérations et limitent la formation d’agrégats. En parallèle, leur efficacité antioxydante neutralise les causes de la carbonylation.</p>
<p>En collaboration avec les laboratoires NAOS, il a été établi que ces protéines chaperonnes antioxydantes constituent donc un moyen efficace de protéger le protéome, en apportant à la fois une protection physique de la structure fonctionnelle des protéines, et un bouclier antioxydant lié aux protéines qui protège contre les dommages tels que la carbonylation.</p>
<p>Chez <em>Deinococcus radiodurans</em>, grâce à une protection efficace de son protéome contre les dommages oxydatifs par les <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/23818498/">molécules chaperonnes chimiques</a>, plutôt que de son génome, son protéome intact est alors capable de réparer les dommages causés à son génome et <em>in fine</em> de lui permettre de ressusciter en quelques heures.</p>
<p>Au-delà du génome, la protection de notre protéome, c’est-à-dire de nos protéines, peut être considérée aujourd’hui comme la clé de notre santé et de notre longévité. Toute autre théorie du vieillissement est compatible avec cette théorie, et se laisse interpréter par celle-ci.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/210143/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Miroslav Radman est fondateur et directeur scientifique de l'Institut Méditerranéen des Sciences de la Vie (MedILS). Le MedILS a pu bénéficier de financements de l’Entreprise NAOS dans le cadre de plusieurs collaborations de recherche. Il est consultant et membre du Comité Scientifique de NAOS.
</span></em></p>Des bactéries résistantes à des quantités phénoménales de radiation poussent à repenser notre compréhension des mécanismes qui sous-tendent le vieillissement.Miroslav Radman, Professeur, InsermLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2149252023-10-13T13:32:56Z2023-10-13T13:32:56ZIndicateurs précoces de la démence : 5 changements de comportement à surveiller après 50 ans<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/551837/original/file-20230929-24-as88uw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=146%2C251%2C6514%2C4290&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Des changements de comportement tels que l’apathie, la difficulté à maîtriser ses pulsions ou une attitude socialement inappropriée peuvent indiquer un risque de démence chez les personnes âgées de plus de 50 ans.</span> <span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span></figcaption></figure><p>On relie souvent la démence à des troubles de la mémoire, notamment lorsqu’une personne âgée pose les mêmes questions ou égare des objets. En réalité, les individus atteints de démence présentent non seulement des problèmes dans d’autres domaines de la cognition, comme l’apprentissage, la réflexion, la compréhension et le jugement, mais aussi des <a href="https://www.alzint.org/u/World-Alzheimer-Report-2021.pdf">changements de comportement</a>. </p>
<p>Il est important de comprendre ce qu’est la démence et comment elle se manifeste. Je n’imaginais pas que les comportements étranges de ma grand-mère étaient le signe avant-coureur d’une maladie bien plus grave. </p>
<p>Elle devenait facilement agitée si elle ne parvenait pas à accomplir des tâches telles que la cuisine ou la pâtisserie. Elle prétendait voir une femme dans la maison, alors qu’en réalité, il n’y avait personne. Elle se méfiait également des autres et cachait des objets dans des endroits bizarres. </p>
<p>Ces comportements ont persisté pendant un certain temps avant qu’un diagnostic de démence ne soit posé.</p>
<h2>Troubles cognitifs et comportementaux</h2>
<p>Lorsque les changements cognitifs et comportementaux interfèrent avec l’autonomie fonctionnelle d’un individu, celui-ci est considéré comme atteint de démence. En revanche, si ces changements n’entravent pas l’indépendance d’une personne, mais qu’ils affectent néanmoins ses relations et son rendement au travail, on parle respectivement de <a href="https://alzheimer.ca/sites/default/files/documents/maladies-apparentees_trouble-cognitf-leger.pdf">troubles cognitifs légers (TCL)</a> et de <a href="https://doi.org/10.1186/s13195-021-00949-7">trouble du comportement léger</a>. </p>
<p><a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC9169943/">Les troubles légers cognitifs et comportementaux peuvent se produire ensemble</a>, mais chez un tiers des personnes qui développent une démence de type Alzheimer, les symptômes associés au comportement surgissent <a href="http://dx.doi.org/10.1016/j.jagp.2019.01.215">avant le déclin cognitif</a>. </p>
<p>Il peut être utile de repérer ces changements de comportement, qui apparaissent plus tard dans la vie (50 ans et plus) et marquent un changement persistant par rapport à des habitudes bien ancrées, afin de mettre en œuvre des traitements préventifs avant que des symptômes plus graves ne se manifestent. En tant que doctorante en sciences médicales, mes recherches se concentrent sur les comportements problématiques qui surviennent à un âge avancé et qui indiquent un risque accru de démence. </p>
<h2>Cinq signes comportementaux à rechercher</h2>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/551071/original/file-20230928-17-jmy46j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Illustration de cinq changements de comportement pouvant indiquer un risque de démence" src="https://images.theconversation.com/files/551071/original/file-20230928-17-jmy46j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/551071/original/file-20230928-17-jmy46j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=525&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/551071/original/file-20230928-17-jmy46j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=525&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/551071/original/file-20230928-17-jmy46j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=525&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/551071/original/file-20230928-17-jmy46j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=659&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/551071/original/file-20230928-17-jmy46j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=659&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/551071/original/file-20230928-17-jmy46j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=659&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">La détection des changements de comportement peut être utile pour mettre en œuvre des traitements préventifs avant l’apparition de symptômes plus graves.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Daniella Vellone)</span></span>
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</figure>
<p>Nous pouvons observer <a href="https://doi.org/10.3233%2FJAD-160979">cinq comportements principaux</a> chez nos amis et parents plus âgés qui <a href="https://doi.org/10.1186/s13024-023-00631-6">peuvent justifier une attention particulière</a>. </p>
<h2>1. Apathie</h2>
<p>L’<a href="https://doi.org/10.1002%2Ftrc2.12370">apathie</a> est une baisse d’intérêt, de motivation et de dynamisme.</p>
<p>Une personne apathique peut négliger ses amis, de sa famille ou de ses activités. Elle peut manquer de curiosité pour des sujets qui l’auraient normalement intéressée, perdre la motivation d’agir en fonction de ses obligations ou devenir moins spontanée et énergique. Elle peut également sembler manquer d’émotions par rapport à ce qui la caractérise et donner l’impression que plus rien ne lui importe.</p>
<h2>2. Dysrégulation affective</h2>
<p>La <a href="https://doi.org/10.1016/j.jad.2023.03.074">dysrégulation affective</a> comprend des symptômes d’humeur ou d’anxiété. Une personne qui présente une dysrégulation affective peut développer une tristesse ou une instabilité de l’humeur ou devenir plus anxieuse ou préoccupée par des choses routinières telles que des événements ou des visites.</p>
<h2>3. Maîtrise des pulsions</h2>
<p>La <a href="https://doi.org/10.1002%2Ftrc2.12016">perte de maîtrise des pulsions</a> est l’incapacité à retarder la satisfaction et à gérer son comportement ou ses pulsions.</p>
<p>Une personne qui présente une incapacité à gérer ses pulsions peut devenir agitée, agressive, irritable, capricieuse, contestataire ou facilement frustrée. Elle peut se montrer plus têtue ou rigide, au point de ne pas vouloir considérer d’autres points de vue et d’insister pour obtenir ce qu’elle veut. Parfois, elles peuvent développer une désinhibition sexuelle ou des agissements intrusifs, présenter des comportements répétitifs ou des compulsions, se lancer dans les jeux d’argent ou le vol à l’étalage, ou éprouver des difficultés à réguler leur consommation de substances telles que le tabac ou l’alcool.</p>
<h2>4. Inadaptation sociale</h2>
<p>L’<a href="http://dx.doi.org/10.1017/S1041610217001260">inadaptation sociale</a> comprend les difficultés à respecter les normes sociétales dans les interactions avec les autres.</p>
<p>Une personne socialement inadaptée peut perdre le discernement dont elle disposait auparavant quant à la façon de s’exprimer ou de se comporter. Elle peut cesser de se préoccuper des conséquences de ses paroles ou de ses actes sur les autres, discuter ouvertement de sujets intimes, parler à des inconnus comme s’ils lui étaient familiers, dire des grossièretés ou manquer d’empathie dans ses interactions avec autrui.</p>
<h2>5. Anomalies de perception ou de pensée</h2>
<p>Les <a href="https://doi.org/10.1038/s44220-023-00043-x">anomalies de perception ou de pensée</a> renvoient à des croyances et à des expériences sensorielles fortement ancrées dans l’esprit des gens.</p>
<p>Un individu dont les perceptions ou les pensées sont perturbées peut se méfier des intentions d’autrui ou craindre que d’autres lui fassent du mal ou lui volent ses biens. Il peut aussi dire qu’il entend des voix, parler à des personnes imaginaires ou voir des choses qui n’existent pas.</p>
<p>Avant de considérer l’un de ces comportements comme le signe d’un problème plus grave, il est important d’exclure certaines causes potentielles de changement de comportement, telles que les drogues ou les médicaments, d’autres maladies ou infections, les conflits interpersonnels ou le stress, ou encore la réapparition de symptômes psychiatriques associés à un diagnostic antérieur de troubles mentaux. En cas de doute, il est peut-être temps de consulter un médecin. </p>
<h2>Les effets de la démence</h2>
<figure class="align-center ">
<img alt="Un jeune homme entourant de ses bras un homme plus âgé" src="https://images.theconversation.com/files/551224/original/file-20230929-21-dz5kln.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/551224/original/file-20230929-21-dz5kln.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/551224/original/file-20230929-21-dz5kln.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/551224/original/file-20230929-21-dz5kln.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/551224/original/file-20230929-21-dz5kln.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/551224/original/file-20230929-21-dz5kln.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/551224/original/file-20230929-21-dz5kln.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Certains types de changements de comportement méritent une attention particulière.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
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<p>Beaucoup d’entre nous connaissent quelqu’un qui a souffert de démence ou qui s’est occupé d’une personne atteinte de démence. Ce n’est pas surprenant, car on prévoit que cette maladie touchera un <a href="https://www.ctvnews.ca/health/nearly-one-million-canadians-will-live-with-dementia-by-2030-alzheimer-society-predicts-1.6056849#:">million de Canadiens d’ici 2030</a>.</p>
<p>Les personnes âgées de 20 à 40 ans peuvent penser qu’il leur reste des dizaines d’années avant de souffrir d’une telle pathologie, mais il est important de comprendre qu’il s’agit d’un processus qui implique plusieurs personnes. En 2020, des partenaires de soins – y compris des membres de la famille, des amis ou des voisins – ont consacré <a href="https://alzheimer.ca/sites/default/files/documents/Landmark-Study-1-Path-Forward-Alzheimer-Society-of-Canada-2022-wb.pdf">26 heures par semaine</a> à aider les Canadiens âgés atteints de démence. Cela équivaut à 235 000 emplois à temps plein ou à 7,3 milliards de dollars par an. </p>
<p>Ces chiffres devraient tripler d’ici 2050. Il est donc important de chercher des moyens de compenser ces prévisions en prévenant ou en retardant la progression de la démence.</p>
<h2>Identifier les personnes à risque</h2>
<p>Bien qu’il n’existe actuellement aucun moyen de guérir la démence, des progrès ont été réalisés dans la <a href="https://alzheimer.ca/fr/au-sujet-des-troubles-neurocognitifs/comment-traiter-les-troubles-neurocognitifs">mise au point de traitements</a> qui <a href="https://alzheimer.ca/fr/au-sujet-des-troubles-neurocognitifs/suis-je-atteint-dun-trouble-neurocognitif/comment-obtenir-un-0">peuvent être plus efficaces à un stade précoce de la maladie</a>. </p>
<p>D’autres recherches sont nécessaires pour comprendre les symptômes de la démence au fil du temps ; par exemple, l’<a href="https://www.can-protect.ca/">étude en ligne CAN-PROTECT</a> évalue de nombreux facteurs contribuant au vieillissement du cerveau. </p>
<p>En identifiant les personnes à risque de démence par la détection des changements cognitifs, fonctionnels et comportementaux survenant plus tard dans la vie, on peut non seulement prévenir les conséquences de ces changements, mais aussi éventuellement la maladie ou sa progression.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/214925/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Daniella Vellone ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>La démence ne se manifeste pas uniquement par des troubles de la mémoire. Les personnes qui en sont atteintes peuvent également présenter des problèmes d’apprentissage, de compréhension et de jugement, mais aussi des changements de comportement.Daniella Vellone, Medical Science and Imaging PhD Candidate, University of CalgaryLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2150242023-10-06T13:01:01Z2023-10-06T13:01:01ZVieillissement : favoriser l’exercice physique pour prévenir le risque de dépendance<p>En France, l’espérance de vie <a href="https://www.ined.fr/fr/tout-savoir-population/graphiques-cartes/graphiques-interpretes/esperance-vie-france/">a presque doublé au cours du XXᵉ siècle</a>. En 2022, elle s’établissait <a href="https://www.ined.fr/fr/tout-savoir-population/chiffres/france/mortalite-cause-deces/esperance-vie/">à 79,4 ans pour les hommes, et 85,3 pour les femmes</a>.</p>
<p>Cette augmentation de la longévité, bien qu’elle soit un indicateur positif du progrès en matière de santé publique, apporte son lot de défis. En particulier, l’allongement de la durée de vie ne garantit pas nécessairement une vie plus longue en bonne santé. </p>
<p>En outre, parallèlement à cette augmentation de l’espérance de vie, la sédentarité s’est insidieusement installée dans nos modes de vie. Les auteurs d’une étude publiée en 2016 estimaient que plus d’un quart de la population mondiale <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/27475271/">est sédentaire</a> et que l’activité physique pouvait partiellement et sous certaines conditions contrer ces effets négatifs. Cependant, la sédentarité associée à l’inactivité physique entraîne une augmentation significative des risques de maladies chroniques et à une perte d’autonomie.</p>
<p>Résultat : accroissement de la sédentarité et allongement de la durée de vie se conjuguent et accentuent le risque de dépendance chez les personnes âgées. Dans un tel contexte, la prévention de la perte d’autonomie devient non seulement une stratégie judicieuse pour améliorer la qualité de vie des aînés, mais aussi une nécessité pour faire face aux coûts socio-économiques croissants associés au vieillissement de la population. </p>
<p>En 2020, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) soulignait que l’adoption de stratégies efficaces de prévention, parmi lesquelles la promotion de l’activité physique, peut retarder, voire prévenir, l’apparition de maladies chroniques. Cela permettant ainsi de renforcer la capacité des individus à maintenir leur autonomie et leur qualité de vie à mesure qu’ils avancent en âge. </p>
<p>Cependant, si l’urgence de la prévention fait consensus, la manière de la concevoir et de la déployer efficacement suscite encore de nombreuses interrogations et débats. L’efficacité de la prévention repose sur plusieurs piliers cruciaux, nécessitant une attention particulière pour garantir non seulement l’adoption, mais aussi la pérennisation des initiatives de prévention. </p>
<p>Nous en aborderons ici trois principaux : l’accessibilité, l’<em>empowerment</em> (ou la motivation) et la personnalisation.</p>
<h2>L’accessibilité</h2>
<p>L’accessibilité des programmes de prévention est une pierre angulaire indispensable pour garantir une prévention efficace de la perte d’autonomie chez les personnes âgées. Celle-ci peut revêtir plusieurs formes : géographique, numérique ou sociale.</p>
<p>L’accessibilité géographique reste un défi majeur, en particulier pour les personnes âgées résidant dans des zones rurales ou isolées. Des solutions innovantes, <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/22390503/">comme les cliniques mobiles</a>, les programmes communautaires locaux et la télémédecine peuvent contribuer à réduire la distance entre les seniors et les services de santé. Bien que ces solutions aient été validées et déployées avec succès dans la prise en charge médicale et la gestion des maladies chroniques, leur application dans le domaine de la prévention de la perte d’autonomie est encore marginale et <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/36307764/">mérite d’être davantage explorée et développée</a>.</p>
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<img alt="Des femmes âgées font de l’exercice dans une piscine" src="https://images.theconversation.com/files/552551/original/file-20231006-29-xm9q5j.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/552551/original/file-20231006-29-xm9q5j.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/552551/original/file-20231006-29-xm9q5j.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/552551/original/file-20231006-29-xm9q5j.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/552551/original/file-20231006-29-xm9q5j.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/552551/original/file-20231006-29-xm9q5j.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/552551/original/file-20231006-29-xm9q5j.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">L’accessibilité des programmes de prévention est un point important à prendre en compte.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.rawpixel.com/image/9658084">Rawpixel</a></span>
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</figure>
<p>À l’ère du digital, l’accessibilité numérique s’avère cruciale. Or, chez les 60 ans et plus, <a href="https://www.insee.fr/fr/statistiques/7633654">une personne sur trois est en situation d’« illectronisme »</a> (non-usage prolongé d’Internet et/ou manque de compétences numériques). Parallèlement, de plus en plus de services de prévention migrent en ligne, notamment depuis la pandémie de Covid-19, il est alors impératif d’assurer que tous les seniors puissent naviguer et utiliser efficacement les plates-formes digitales. Cela passe par la création d’interfaces intuitives et <em>user-friendly</em>, l’offre de formations au numérique pour les seniors, et la mise à disposition d’assistances techniques dédiées.</p>
<p>Enfin, l’accessibilité sociale est tout aussi vitale. Les obstacles socio-économiques peuvent sérieusement empêcher l’accès à la prévention. Par exemple, <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/23252574/">les contraintes financières entravent l’accès des individus à des services de santé préventifs et à des ressources de qualité</a>.</p>
<p>L’isolement social peut également limiter l’accès aux programmes de prévention de la perte d’autonomie en entravant la réception d’informations, <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/20658322/">en diminuant la motivation à participer, et en créant des barrières psychologiques et logistiques</a>.</p>
<p>Par conséquent, il est essentiel de développer des programmes inclusifs et d’adopter des stratégies proactives pour atteindre et impliquer les communautés défavorisées ou marginalisées, en tenant compte des différences socio-économiques et culturelles. Ces dernières modulent en effet l’accès aux programmes de prévention pour les aînés : certaines cultures, valorisant la sagesse des aînés, facilitent leur inclusion, tandis que d’autres, accentuant l’autonomie <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/22930600/">pourraient limiter leur participation à ces initiatives</a>. </p>
<p>Alors que l’accessibilité aux services de soins est sérieusement prise en compte par les autorités, l’accès aux programmes de prévention de la perte d’autonomie n’est pas suffisamment priorisé, malgré leur rôle central reconnu dans la promotion du bien vieillir. Ce déséquilibre nécessite une attention et un engagement accrus en faveur de l’accessibilité à la prévention comme pilier essentiel du bien vieillir. Il sera ainsi plus facile d’impliquer les personnes âgées, mais aussi tous les acteurs de la prévention, et de les engager dans cette démarche préventive.</p>
<h2>L’« empowerment », ou comment rendre autonomes les seniors</h2>
<p>L’empowerment, ou motivation, des seniors constitue un axe stratégique clé dans la prévention de la perte d’autonomie. Il s’agit d’un processus par lequel les individus acquièrent plus de contrôle sur leur santé et leurs décisions de vie, favorisant ainsi une participation active et informée aux stratégies préventives. </p>
<p>En premier lieu, l’empowerment implique l’éducation et la sensibilisation des seniors aux enjeux liés à leur santé et bien-être. En étant mieux informés, ils sont davantage en mesure de faire des choix éclairés, de participer activement à la définition de leurs objectifs de santé et <a href="https://doi.org/10.1007/978-981-15-6968-5">d’adopter des comportements favorables à la préservation de leur santé et de leur autonomie</a>.</p>
<p>Ensuite, l’empowerment vise également à renforcer la confiance et l’estime de soi chez les personnes âgées. Des programmes de prévention efficaces doivent ainsi inclure des composantes psychosociales, fournissant aux seniors les outils nécessaires pour gérer le stress, surmonter les obstacles et rester engagés et motivés dans le maintien de leur santé et de leur indépendance. </p>
<p>Enfin, l’empowerment se concrétise par l’implication des seniors dans la conception, le développement et l’évaluation des programmes de prévention. Cette approche participative garantit non seulement que les initiatives répondent adéquatement aux besoins et attentes des personnes âgées, mais également <a href="https://doi.org/10.1007/s12062-019-09247-5">qu’elles bénéficient de l’adhésion et de l’engagement des principaux intéressés</a>.</p>
<h2>Adapter la prévention au « chemin de vieillissement » de chacun</h2>
<p>La médecine personnalisée moderne fonctionne selon un paradigme qui reconnaît et exploite l’hétérogénéité des patients. Ce modèle s’appuie sur des approches basées sur des données afin d’optimiser les décisions de traitement, assurant ainsi que chaque patient reçoive le traitement approprié au moment opportun. </p>
<p>En partant du principe préventif « mieux vaut prévenir que guérir », la personnalisation de la prévention émerge comme une priorité incontestable pour favoriser un vieillissement en bonne santé. Loin d’être une simple option, la personnalisation est un impératif, surtout quand on considère la nature profondément individuelle et variée du processus de vieillissement. </p>
<p>Chaque senior traverse un chemin de vieillissement distinct, influencé non seulement par des facteurs génétiques – qui affectent la longévité, la résistance à certaines maladies et la conservation des fonctions motrices et cognitives – mais également par le mode de vie et les antécédents médicaux.</p>
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<img alt="Femme d’âge mûr en train de faire un exercice sur une machine, dans une salle de sport." src="https://images.theconversation.com/files/552332/original/file-20231005-24-qsud8p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/552332/original/file-20231005-24-qsud8p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/552332/original/file-20231005-24-qsud8p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/552332/original/file-20231005-24-qsud8p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/552332/original/file-20231005-24-qsud8p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/552332/original/file-20231005-24-qsud8p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/552332/original/file-20231005-24-qsud8p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">L’activité physique doit être adaptée à chaque personne, car les parcours de vieillissement ne sont pas identiques pour tout le monde.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://unsplash.com/fr/photos/dHHcDjMcN_I">Unsplash</a></span>
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<p>Des facteurs tels que la <a href="https://www.aging-us.com/article/204668/text">diététique, l’exercice</a>, le sommeil et la gestion du stress jouent des rôles cruciaux dans ce processus, <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/31573833/">tout comme l’environnement dans lequel chaque individu a évolué</a>. La prévention de la perte d’autonomie chez les personnes âgées peut être adaptée en ciblant les faiblesses individuelles, par exemple, en recommandant des activités physiques spécifiques pour ceux qui sont déconditionnés ou sédentaires. Mais elle doit également être ajustée <a href="https://www.thelancet.com/journals/eclinm/article/PIIS2589-5370(23)00100-1/fulltext">selon les objectifs personnels, les facteurs socio-économiques, la familiarité avec les technologies numériques, ou la personnalité de chaque senior</a>.</p>
<p>La prévention de la perte d’autonomie requiert donc d’adopter une approche centrée sur l’individu. Cela implique d’engager les seniors et leurs familles dans la planification et l’exécution des plans préventifs, afin d’appréhender de manière plus précise leurs besoins spécifiques, et ainsi de développer des interventions sur mesure et plus adaptées.</p>
<h2>De la théorie à la pratique, l’utilité du numérique</h2>
<p>Élaborer des programmes de prévention accessibles, personnalisés, et centrés sur la personne, c’est très bien en théorie. Malheureusement, dans le contexte économique actuel, cela semble relever d’une certaine utopie. </p>
<p>En effet, la mise en place de programmes efficaces de prévention est coûteuse en ressources humaines : elle nécessite la contribution de divers professionnels tels que professeurs en activité physique adaptée (APA), diététiciens ou infirmiers. Cette exigence impose une contrainte significative sur le système de santé, qui se trouve dans l’incapacité de proposer un accompagnement professionnel individuel et régulier pour chaque senior qui le nécessite. </p>
<p>Les outils numériques apparaissent comme une solution majeure à cette problématique. Ils permettent une gestion judicieuse des ressources humaines limitées, tout en assurant un niveau élevé de service. Par exemple, certaines plateformes de gestion des parcours patients peuvent optimiser les parcours de prévention en dirigeant les ressources humaines vers les individus qui en ont le plus besoin, permettant ainsi une intervention ciblée et efficiente. </p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/les-outils-digitaux-partenaires-du-bien-vieillir-des-seniors-143567">Les outils digitaux, partenaires du bien-vieillir des seniors</a>
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<p>De plus, les outils numériques offrent des possibilités d’éducation en santé (e-santé), favorisant ainsi l’augmentation de la <a href="https://theconversation.com/la-litteratie-medicale-permet-aux-patients-de-mieux-comprendre-leur-etat-de-sante-et-favorise-leur-bien-etre-210772">littératie en santé</a> chez les personnes âgées, ce qui est crucial pour la prévention de la perte d’autonomie. Ces outils peuvent également faciliter l’évaluation des fonctions motrices et cognitives des seniors de manière automatisée et précise, réduisant ainsi la nécessité d’une intervention humaine constante et spécialisée. </p>
<p>De nombreux aînés montrent une capacité et une volonté d’intégrer ces outils dans leur quotidien, à condition qu’ils soient spécifiquement conçus pour répondre à leurs besoins, notamment en termes de facilité d’utilisation.</p>
<h2>Le programme « Bien Vieillir ensemble »</h2>
<p>Partant de ces divers constats, l’Université Côte d’Azur, le CHU de Nice, l’Université de Nîmes et l’Université Grenoble Alpes ont décidé d’unir leurs forces et expertises pour mener à bien un programme ambitieux et novateur nommé « Bien Vieillir Ensemble ». Dans le cadre de ce programme, le projet Pré.S.Age (Prévention du Sujet Agé) a été sélectionné par l’Agence nationale de la Recherche, qui lui a attribué un financement exceptionnel de 3,5 millions d'euros.</p>
<p>Situé à la confluence du soin, de la recherche et de l’innovation, ce projet sera déployé auprès de 30 000 participants résidant dans les Alpes-Maritimes. Chacun d’entre eux bénéficiera d’interventions et de suivis personnalisés, élaborés avec soin pour répondre à leurs besoins spécifiques en matière de prévention et de bien-être. </p>
<p>Le but est de créer des solutions adaptées et innovantes pour favoriser un vieillissement en bonne santé, actif et autonome. Grâce à cette initiative, nous espérons améliorer la qualité de vie des seniors dans la région des Alpes-Maritimes. </p>
<p>Les outils mis en place et les connaissances accumulées pourront ensuite être utilisés et adaptés dans d’autres contextes et régions, pour améliorer la prévention sur l’ensemble du territoire.</p>
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<p><em>Le projet <a href="https://newsroom.univ-cotedazur.fr/actualites-evenements/universite-cote-dazur-et-le-chu-de-nice-laureats-de-lappel-a-projet-%C2%AB-autonomie-vieillissement-et-situations-de-handicap-%C2%BB-lance-dans-le-cadre-du-plan-france-2030-par-lagence-nationale-de-la-recherche">Pré.S.Age (Prévention du Sujet Agé)</a> est soutenu par l’Agence nationale de la recherche (ANR), qui finance en France la recherche sur projets. Elle a pour mission de soutenir et de promouvoir le développement de recherches fondamentales et finalisées dans toutes les disciplines, et de renforcer le dialogue entre science et société. Pour en savoir plus, consultez le site de l’<a href="https://anr.fr/">ANR</a>.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/215024/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>De nos jours, la sédentarité augmente et la durée de vie s’allonge, ce qui accentue le risque de dépendance chez les personnes âgées. Promouvoir l’activité physique pourrait limiter l’ampleur du problème.Raphael Zory, Professeur des universités - Membre de l'institut universitaire de france (IUF) - Administrateur du GCS CARES - Directeur du Laboratoire Motricité Humaine, Expertise, Sport, Santé (LAMHESS - UPR 6312), Université Côte d’AzurFrédéric Prate, Chercheur - Médecin en santé publique, centre hospitalier universitaire de Nice, Clinique Gériatrique du Cerveau et du Mouvement, Université Côte d’AzurMeggy Hayotte, Maîtresse de conférences - Laboratoire Motricité Humaine, Expertise, Sport, Santé (LAMHESS - UPR 6312), Université Côte d’AzurOlivier Guérin, Professeur des Universités – Praticien Hospitalier en gériatrie, chef du pôle Réhabilitation Autonomie Vieillissement du centre hospitalier universitaire de Nice, Université Côte d’AzurLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2121502023-09-06T14:07:45Z2023-09-06T14:07:45ZDe saines habitudes de vie peuvent prévenir jusqu’à 40 % des cas de démence<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/545116/original/file-20230828-155659-vtkf7i.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=14%2C8%2C1888%2C1270&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les facteurs de risque modifiables de la démence sont l'hypertension artérielle, l'obésité, la sédentarité, le diabète, le tabagisme, la consommation excessive d'alcool et le manque de contacts sociaux.</span> <span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span></figcaption></figure><p>Une femme de 65 ans consulte plusieurs professionnels de la santé au sujet de ses problèmes de mémoire. On lui dit d’abord qu’il n’y a pas lieu de s’inquiéter. Un an plus tard, on lui indique qu’il s’agit d’un phénomène normal lié au vieillissement. Jusqu’au jour où le diagnostic tombe enfin. Il s’agit de la maladie d’Alzheimer, contre laquelle il n’existe aucun traitement.</p>
<p>Les cas comme celui-là sont trop fréquents.</p>
<p>En effet, la démence demeure largement sous-diagnostiquée, même dans un pays développé, comme le Canada, où la <a href="https://doi.org/10.1136/bmjopen-2016-011146">proportion de cas non détectés dépasse 60 %</a>. La croyance selon laquelle les troubles cognitifs sont normaux chez les personnes âgées et le manque de connaissances, chez les médecins, sur les symptômes de démence et les critères de diagnostic <a href="https://doi.org/10.1590/S1980-57642011DN05040011">expliquent en grande partie les cas manqués et les retards de diagnostic</a>.</p>
<p>Les pertes de mémoire liées à l’âge ne doivent pas être considérées comme un aspect normal du vieillissement. Bien sûr, il peut arriver à tout le monde d’oublier où la voiture est stationnée ou d’égarer ses clés, mais lorsque ces situations deviennent fréquentes, il est important de consulter.</p>
<p>Si une légère altération de la capacité à penser et à retenir de l’information ne se transformera pas forcément en démence, chez certaines personnes, ces déclins représentent des signes avant-coureurs. Des recherches ont d’ailleurs révélé <a href="https://doi.org/10.1111/acps.12336">que les personnes présentant de légers changements cognitifs</a> couraient un risque accru d’être atteintes de démence plus tard dans leur vie.</p>
<p>Il a même été démontré que la <a href="https://doi.org/10.3390/ijms20225536">modification de la structure et du métabolisme du cerveau liée à la maladie</a> s’amorçait des décennies avant l’apparition de symptômes comme la perte de mémoire. Par ailleurs, il est de <a href="https://doi.org/10.1038/s43587-022-00269-x">plus en plus reconnu dans le milieu scientifique</a> que les interventions visant à ralentir ou à <a href="https://doi.org/10.1016/S0140-6736(15)60461-5">prévenir</a> la dégradation de l’état du patient sont plus susceptibles d’être efficaces lorsqu’elles ont lieu tôt dans l’évolution de la maladie.</p>
<p>Or, les protocoles de détection précoce <a href="https://canadiantaskforce.ca/lignesdirectrives/lignes-directrices-publiees/deficience-cognitive/?lang=fr">ne sont pas courants</a> au sein du milieu médical, en partie parce que les mécanismes de la démence demeurent mal compris.</p>
<h2>Démence et vieillissement de la population</h2>
<p>Dans le cadre de mes recherches, j’emploie des méthodes d’IRM cérébrale avancées pour caractériser la santé du cerveau des personnes âgées qui présentent un risque élevé de démence. Mon objectif est de trouver de nouveaux biomarqueurs de pathologie précoce en vue d’améliorer les méthodes de détection.</p>
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<img alt="Une femme aux cheveux gris accompagnée d’une professionnelle de la santé" src="https://images.theconversation.com/files/543761/original/file-20230821-27-g1ams7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/543761/original/file-20230821-27-g1ams7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/543761/original/file-20230821-27-g1ams7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/543761/original/file-20230821-27-g1ams7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/543761/original/file-20230821-27-g1ams7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/543761/original/file-20230821-27-g1ams7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/543761/original/file-20230821-27-g1ams7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">D’ici 2050, le nombre de Canadiens atteints de démence devrait dépasser 1,7 million.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
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<p>La proportion de personnes âgées augmente au sein de la population canadienne. La démence étant fortement associée au vieillissement, le nombre de diagnostics de démence, y compris la maladie d’Alzheimer, devrait donc augmenter considérablement au cours des prochaines décennies. On estime que <a href="https://www.ctvnews.ca/health/nearly-one-million-canadians-will-live-with-dementia-by-2030-alzheimer-society-predicts-1.6056849">1,7 million</a> de Canadiens en seront atteints d’ici 2050, soit un nombre supérieur à celui de la <a href="https://www150.statcan.gc.ca/t1/tbl1/fr/tv.action?pid=1710000901&request_locale=fr">population du Manitoba</a>.</p>
<p>Si aucune mesure importante n’est prise pour renverser la tendance, cette hausse attendue exercera une pression énorme sur nos systèmes de santé déjà surchargés. Nous avons donc besoin de stratégies de prévention efficaces, maintenant plus que jamais.</p>
<p>Des <a href="https://www.ctvnews.ca/health/promising-new-drug-to-treat-alzheimer-s-in-pipeline-of-approval-in-canada-1.6443850">annonces récentes au sujet de médicaments prometteurs</a> pour traiter la maladie d’Alzheimer mettent encore plus en évidence la nécessité d’un dépistage précoce. Des <a href="https://doi.org/10.1056/NEJMoa2212948">essais cliniques</a> ont montré que ces médicaments étaient plus efficaces pour ralentir le déclin cognitif lorsqu’ils étaient administrés aux premiers stades de la maladie.</p>
<p>Bien que l’émergence de ces nouveaux traitements représente une avancée dans le domaine de la maladie d’Alzheimer, la recherche doit se poursuivre. En réduisant les niveaux d’amyloïde, une substance considérée comme toxique pour les neurones, ces thérapies n’agissent que sur un seul processus pathologique. Elles ne peuvent donc ralentir le déclin cognitif que chez un <a href="https://doi.org/10.1093/braincomms/fcad175">sous-ensemble restreint de patients</a>. Une caractérisation adéquate des autres processus, sur une base personnalisée, est nécessaire pour combiner ces traitements à d’autres stratégies.</p>
<p>Il faut également tenir compte de la hausse importante des ressources humaines et financières qui seront nécessaires pour administrer ces nouveaux traitements. Ces coûts pourraient en limiter l’accès, particulièrement dans les pays à revenus faibles ou moyens, où les <a href="https://doi.org/10.1016/S0140-6736(20)30367-6">cas de démence augmentent le plus</a>.</p>
<h2>Mode de vie et santé cérébrale</h2>
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<img alt="Cinq personnes âgées assises, faisant des exercices avec les bras" src="https://images.theconversation.com/files/543760/original/file-20230821-25-z8e7mg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/543760/original/file-20230821-25-z8e7mg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/543760/original/file-20230821-25-z8e7mg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/543760/original/file-20230821-25-z8e7mg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/543760/original/file-20230821-25-z8e7mg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/543760/original/file-20230821-25-z8e7mg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/543760/original/file-20230821-25-z8e7mg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Personnes âgées participant à une séance d’exercices assis. La sédentarité est un facteur de risque modifiable de démence.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
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<p>En revanche, il a été démontré que des changements de mode de vie pouvaient réduire le risque de démence à peu de frais et sans effets secondaires. Ainsi, si l’évaluation du risque de démence faisait partie des examens médicaux de routine des personnes âgées, les personnes les plus à risque pourraient être identifiées et conseillées sur les moyens de maintenir leur santé cérébrale et leur cognition.</p>
<p>Ces personnes à risque sont sans doute celles qui ont le plus à gagner de ces interventions, potentiellement fondées sur une approche pharmaceutique combinée à des changements de mode de vie. Mais tout le monde peut bénéficier de l’adoption de saines habitudes de vie, qui protègent non seulement le cerveau, mais aussi le cœur et d’autres organes.</p>
<p>Selon un <a href="https://www.thelancet.com/article/S0140-6736(20)30367-6/fulltext">rapport phare</a> publié dans <em>The Lancet</em> en 2020, 40 % des cas de démence seraient attribuables à 12 facteurs de risque modifiables. Ceux-ci comprennent l’hypertension artérielle, l’obésité, la sédentarité, le diabète, le tabagisme, la consommation excessive d’alcool et le manque de contacts sociaux.</p>
<p>Les conclusions de ce rapport signifient donc qu’en adoptant de saines habitudes de vie, nous pourrions théoriquement prévenir environ 40 % des cas de démence. Bien qu’il n’existe aucun moyen de se prémunir complètement contre tout déclin cognitif, nous pouvons réduire considérablement notre risque de démence en faisant de l’activité physique, en étant mentalement actifs, en augmentant la fréquence de nos contacts sociaux, en évitant de fumer et en limitant notre consommation d’alcool.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Un groupe de personnes âgées dans un cours d’arts plastiques avec leur enseignante" src="https://images.theconversation.com/files/543759/original/file-20230821-27982-v420lw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/543759/original/file-20230821-27982-v420lw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/543759/original/file-20230821-27982-v420lw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/543759/original/file-20230821-27982-v420lw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/543759/original/file-20230821-27982-v420lw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/543759/original/file-20230821-27982-v420lw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/543759/original/file-20230821-27982-v420lw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">En encourageant les gens à être physiquement, mentalement et socialement actifs, nous pouvons potentiellement prévenir un nombre important de cas de démence.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
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<p>Certaines données probantes indiquent également qu’un <a href="https://doi.org/10.3945/an.117.015495">régime de type méditerranéen</a>, combinant une consommation élevée d’aliments d’origine végétale (en particulier les légumes-feuilles) et une consommation limitée de gras saturés et de viande, <a href="https://doi.org/10.1093/ajcn/nqx070">peut aussi être bénéfique pour la santé du cerveau</a>.</p>
<p>Bref, en encourageant les gens à être physiquement, mentalement et socialement actifs, nous pouvons potentiellement prévenir un nombre important de cas de démence.</p>
<h2>Obstacles aux saines habitudes de vie</h2>
<p><a href="https://aaic.alz.org/downloads2020/2020_Race_and_Ethnicity_Fact_Sheet.pdf">On observe une prévalence plus élevée de démence</a> au sein des <a href="https://content.iospress.com/articles/journal-of-alzheimers-disease/jad201209">minorités ethniques</a> et des populations vulnérables. L’adoption de nouvelles politiques peut apporter des solutions aux inégalités sociétales conduisant à l’apparition de plusieurs facteurs de risque. Car même s’il dispose d’un système de santé universel, le Canada connaît encore des inégalités en matière de santé. Les personnes appartenant aux classes socioéconomiques inférieures, les personnes handicapées, les Autochtones, les personnes racisées, les immigrants, les minorités ethniques et les membres de la communauté LGBTQ2S sont en effet <a href="https://www.canada.ca/fr/sante-publique/services/promotion-sante/sante-population/est-determine-sante.html">plus susceptibles d’éprouver des problèmes de santé</a>.</p>
<p>Nous pouvons nous attaquer à ces inégalités non seulement en faisant la promotion de saines habitudes de vie, mais aussi en agissant pour améliorer les <a href="https://doi.org/10.1016/j.joclim.2021.100035">conditions de vie des membres de ces groupes</a>. À titre d’exemples, mentionnons <a href="https://doi.org/10.1093/heapro/dav022">l’élargissement de l’accès aux centres sportifs</a> et aux cliniques de prévention pour les personnes à faible revenu ainsi que l’aménagement de lieux publics favorisant un mode de vie actif. Les autorités publiques doivent évaluer et lever les obstacles qui empêchent les membres de certains groupes d’adopter de saines habitudes de vie.</p>
<p>En matière de prévention, nous devons être ambitieux. L’avenir du système de santé et de notre santé individuelle en dépend.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/212150/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Stefanie Tremblay est financée par les Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC). Elle est affiliée à Dragonfly Mental Health, un organisme sans but lucratif qui milite en faveur d'une meilleure santé mentale dans le milieu universitaire.</span></em></p>En encourageant les gens à être physiquement, mentalement et socialement actifs, nous pouvons potentiellement prévenir un nombre important de cas de démence.Stefanie Tremblay, PhD candidate in medical physics, studying MRI biomarkers of declining brain health in aging, Concordia UniversityLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2048722023-08-17T20:51:29Z2023-08-17T20:51:29ZQuel âge avez-vous vraiment ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/532731/original/file-20230619-23-nyre08.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C0%2C5184%2C3445&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Déterminer l'âge d'un individu implique de prendre en compte les différents âges de sa vie. </span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.pexels.com/fr-fr/photo/fille-et-trois-garcons-sur-escalier-2105199/">Sameer Daboul/Pexels</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span></figcaption></figure><p>Donnée quantitative, l’âge civil, c’est-à-dire calculé à partir de la date de naissance enregistrée à l’état civil, <a href="https://royalsocietypublishing.org/doi/10.1098/rstl.1693.0007">est à la base de la démographie</a> depuis que les premiers démographes ont établi, il y a plus de trois siècles, le <a href="https://www.ined.fr/fr/publications/editions/etudes-enquetes-historiques/l-ombre-demesuree-de-halley/">lien entre mortalité et âge</a>.</p>
<p>L’utilisation privilégiée de cette variable dans l’exploitation et la mise en lumière de tous les phénomènes démographiques peut laisser entendre que l’âge civil est le déterminant de tous ces comportements. Cependant, si cette notion de temps écoulé entre la naissance et le phénomène étudié est aujourd’hui banale, elle ne doit pas masquer les différentes réalités qu’elle recouvre selon les locuteurs, les lieux et les époques.</p>
<p>L’<a href="https://www.researchgate.net/publication/302180578_Age_biologique_age_demographique_age_sociologique_estimation_de_l%E2%80%99age_des_enfants_inhumes">âge social</a> est le reflet de la place qu’occupe, à un moment donné, un individu au sein de la société à laquelle il appartient.</p>
<p>Cet âge, qui lui assigne des droits et des devoirs, est une donnée relative selon la perception que les acteurs ont des continuités ou des discontinuités de leur propre vie, et celle que le groupe social a des étapes qui rythment le cycle de vie, <a href="https://www.cairn.info/revue-annales-de-demographie-historique-2003-1-page-169.htm">comme l’ont montré les travaux de Tamara Haraven</a>.</p>
<img id="http://classes.bnf.fr/ema/grands/131.htm" align="centre">
<p>Par exemple, un âge social-clé est celui de la majorité, variable d’une société à l’autre. Ainsi, selon le <a href="https://books.openedition.org/pumi/23572?lang=fr">droit romain</a>, les filles accédaient à la majorité civile (âge légal à partir duquel une personne est reconnue comme pleinement capable et responsable) et matrimoniale (âge à partir duquel le consentement des parents au mariage n’est plus exigé) à 12 ans et les garçons à 14 ans, proche de l’âge de la puberté. Mais au <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Ordonnance_de_Blois">XVIᵉ siècle, avec l’édit d’Henri III</a>, la majorité matrimoniale <a href="https://www.editions-jclattes.fr/livre/histoire-du-mariage-en-occident-9782709615662/">s’en éloigne</a>, passant respectivement à 25 et à 30 ans, et la majorité civile à 25 ans (jusqu’en 1789).</p>
<p>Actuellement, l’âge de la majorité varie de 15 à 21 ans dans le monde. Dès lors, les adolescents peuvent être considérés comme des non-adultes ou comme des adultes, selon que le droit en vigueur les engage ou non dans les activités de leurs aînés et les exposent précocement à certains risques (exercices militaires, activités professionnelles, maternités précoces, etc.).</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/525680/original/file-20230511-12732-hulhqs.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="L’âge de la majorité civile dans le monde en 2023" src="https://images.theconversation.com/files/525680/original/file-20230511-12732-hulhqs.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/525680/original/file-20230511-12732-hulhqs.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=314&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/525680/original/file-20230511-12732-hulhqs.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=314&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/525680/original/file-20230511-12732-hulhqs.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=314&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/525680/original/file-20230511-12732-hulhqs.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=394&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/525680/original/file-20230511-12732-hulhqs.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=394&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/525680/original/file-20230511-12732-hulhqs.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=394&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">L’âge de la majorité civile dans le monde en 2023.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Majorit%C3%A9_civile#/media/Fichier:Age_of_Majority_-_Global.svg">Par CookieMonster755/Wikimedia</a></span>
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<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/532729/original/file-20230619-22-xivcnr.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="L’âge légal de mariage des femmes dans le monde en 2016" src="https://images.theconversation.com/files/532729/original/file-20230619-22-xivcnr.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/532729/original/file-20230619-22-xivcnr.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=300&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/532729/original/file-20230619-22-xivcnr.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=300&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/532729/original/file-20230619-22-xivcnr.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=300&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/532729/original/file-20230619-22-xivcnr.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=377&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/532729/original/file-20230619-22-xivcnr.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=377&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/532729/original/file-20230619-22-xivcnr.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=377&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">L’âge légal de mariage des femmes dans le monde en 2016.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.globalwomenconnected.com/wp-content/uploads/2016/03/GLobal-women-connected-legal-age-to-marry.png">Professor Joyce Harper/GlobalWomenConnected</a></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>L’âge biologique</h2>
<p>Enfin, l’âge biologique est une autre mesure du temps qui sépare la naissance du moment étudié. Celle-ci est toutefois très variable d’un individu à l’autre car elle repose sur des indicateurs biologiques de croissance pour les sujets immatures (les enfants et les adolescents), ou de vieillissement pour les adultes.</p>
<p>Il s’agit d’une caractéristique moins liée au type de société que l’âge social, mais elle peut grandement varier en fonction des conditions de vie des individus. Ainsi, sur le temps court de quelques générations, on a pu constater un <a href="https://hal.science/hal-02270381v1/file/La%20Rochebrochard%201999%2C%20Popul.pdf">abaissement de l’âge moyen de la puberté</a> et une accélération des processus de croissance en relation avec l’amélioration récente de l’alimentation, de l’hygiène et des soins médicaux.</p>
<p>Bien que chacun grandisse et vieillisse à des rythmes différents, ces processus restent circonscrits dans un schéma évolutif bien défini qui autorise une liaison statistique – faible – entre un stade biologique et un âge civil. Par exemple, la perte des premières dents de lait intervient généralement entre 5 et 7 ans, mais certains enfants les perdent plus tôt ; d’autres, plus tard. Il faut tenir compte des cas atypiques, et on ne peut donc pas dire avec certitude qu’un sourire édenté correspond à un enfant de 5-7 ans.</p>
<p>Alors que la relation entre âge social et âge civil dépend fortement de la société et de sa législation, la relation entre les indicateurs d’âge biologiques et l’âge civil des individus ne peut se définir que par leur corrélation statistique. Celle-ci est calculée au moyen de « données de référence », c’est-à-dire issues d’un échantillon d’individus pour lesquels on connaît simultanément les deux âges.</p>
<h2>Comment estimer l’âge en l’absence d’état civil ?</h2>
<p>L’âge est une notion fondamentale pour de nombreuses spécialités relevant des sciences humaines, sociales ou médicales. Toutefois, il arrive qu’il ne puisse pas être directement mesuré, soit parce qu’il n’y a pas d’état civil, soit parce que celui-ci est très déficient. L’estimation indirecte de l’âge, quels que soient les objectifs disciplinaires poursuivis, repose sur un même principe méthodologique, qui consiste à comparer des indicateurs biologiques, de croissance pour les enfants et de vieillissement pour les adultes, observés sur des individus vivants ou décédés, à des tables de référence reliant le stade biologique observé à un ou plusieurs âges calendaires.</p>
<p>Ces tables sont construites à partir de petits échantillons de population, de sexes et d’âges connus, sur lesquelles des caractères de croissance ou de sénescence ont été observés et classés en fonction de l’âge atteint par chacun des individus considérés.</p>
<figure class="align-left zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/530868/original/file-20230608-23-qptkll.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Table d’estimation de l’âge des jeunes enfants à partir des éruptions dentaire" src="https://images.theconversation.com/files/530868/original/file-20230608-23-qptkll.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/530868/original/file-20230608-23-qptkll.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=397&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/530868/original/file-20230608-23-qptkll.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=397&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/530868/original/file-20230608-23-qptkll.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=397&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/530868/original/file-20230608-23-qptkll.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=498&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/530868/original/file-20230608-23-qptkll.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=498&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/530868/original/file-20230608-23-qptkll.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=498&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Table d’estimation de l’âge des jeunes enfants à partir des éruptions dentaire.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.jstor.org/stable/2061560">Nicholas Townsend & E. A. Hammel, Age Estimation from the Number of Teeth Erupted in Young Children : An Aid to Demographic Surveys, 1990</a>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
</figcaption>
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<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/530869/original/file-20230608-19-hgjrvf.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/530869/original/file-20230608-19-hgjrvf.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/530869/original/file-20230608-19-hgjrvf.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=236&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/530869/original/file-20230608-19-hgjrvf.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=236&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/530869/original/file-20230608-19-hgjrvf.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=236&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/530869/original/file-20230608-19-hgjrvf.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=297&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/530869/original/file-20230608-19-hgjrvf.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=297&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/530869/original/file-20230608-19-hgjrvf.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=297&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Cliché panoramique de la dentition d’un enfant âgé de 4 ans et 4 mois, présentant à la fois la dentition visible, et les germes des dents permanentes, incluses dans la machoire.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Anonyme</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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</figure>
<h2>Travailler à partir de sources anciennes</h2>
<p>Dès lors, deux écueils sont à éviter. L’un est de nature biologique et nécessite d’accepter le postulat que les processus de croissance et de sénescence sont invariables dans le temps et dans l’espace. L’autre, de nature statistique, résulte de la faible corrélation entre l’âge biologique et l’âge civil.</p>
<p>Bien que l’un et l’autre soient une expression du temps écoulé entre la naissance et l’observation, l’âge biologique suit des rythmes individuels et son estimation s’inscrit dans une fourchette chronologique assez large. Parfois beaucoup trop large pour que la réponse – correcte statistiquement – garde sa pertinence par rapport à la demande sociale ; mais taire la marge d’incertitude expose à un risque d’erreur qui peut être lourd de conséquences individuelles, sociales, voire pénales.</p>
<p>Un certain nombre de travaux ont d’ores et déjà été réalisés pour pallier au mieux ces inconvénients ; une nouvelle méthode statistique <a href="https://www.jstor.org/stable/40926968">a récemment été proposée</a>, <a href="https://www.cepam.cnrs.fr/methodes/paleodemographie-approches-demographiques-et-sanitaires/la-paleodemographie/">améliorée</a>, et appliquée en <a href="https://www.persee.fr/doc/bspf_0249-7638_2013_num_110_1_14245">anthropologie biologique</a> comme nous l’avons fait par exemple sur des <a href="https://bmsap.revuesonline.com/articles/lvbmsap/abs/2017/02/lvbmsap2017291p70/lvbmsap2017291p70.html">sites antiques et médiévaux bas-normands</a>.</p>
<p>En effet, pour les époques anciennes, les sources écrites permettant de connaître l’âge au décès des populations sont très peu nombreuses, ce qui a incité les paléodémographes à utiliser les informations livrées par les squelettes humains mis au jour par les archéologues.</p>
<p>Son principe trouve(rait) d’autres applications concrètes, car de nombreuses disciplines sont confrontées à l’arbitraire du calendrier et de l’état civil et doivent tenter de rapprocher des temps biologiques d’une division normée du temps.</p>
<h2>Des enjeux très contemporains</h2>
<p>Or, la corrélation imparfaite entre âge biologique et âge civil n’a pas toujours été perçue à sa juste mesure, même quand les enjeux le nécessitaient. C’est par exemple le cas avec l’épineuse question de la <a href="https://www.cairn.info/revue-migrations-societe-2010-3-page-115.htm">détermination de l’âge des mineurs isolés</a> à partir de critères osseux et dentaires. Ce n’est que <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/29804941/">très récemment</a> que le manque de fiabilité des résultats obtenus et la nécessité de prendre correctement en compte leur marge d’erreur ont été admis.</p>
<p>Toutes les méthodes disponibles sont imparfaites. Comme indiqué plus haut, outre qu’elles doivent éviter plusieurs sortes de biais, la réponse la plus adéquate ne saurait être fournie qu’avec une évaluation correcte de l’incertitude, évaluation nécessairement de nature probabiliste. La méthode statistique, introduite pour la paléodémographie, adaptée aux aspects très spécifiques de la problématique médico-légale (flux des sujets examinés à la demande de la justice par un service donné, questions éthiques, etc.), <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/25534455/">peut être préconisée</a>. Elle pourra conclure par exemple que, dans telles circonstances, la personne examinée a sept chances sur dix d’avoir plus de 18 ans.</p>
<p>On notera qu’à travers la détermination d’un âge civil, c’est bien souvent une question d’âge social qui est en jeu, qu’il s’agisse d’évaluer la fiabilité des âges déclarés ou d’étudier la démographie de populations ne disposant pas d’un bon état civil. Le reconnaître nécessite un changement de paradigme.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/204872/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Nous avons tous plusieurs âges, civil, social et biologique, qui recouvrent différentes réalités selon les locuteurs, les lieux et les époques.Isabelle Seguy, Chercheur, Institut National d'Études Démographiques (INED)Daniel Courgeau, Directeur de recherche émérite, Institut National d'Études Démographiques (INED)Henri Caussinus, Professeur émérite, statistique mathématique, Université Fédérale Toulouse Midi-PyrénéesLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2090982023-07-10T15:45:15Z2023-07-10T15:45:15ZFace aux risques d’accident de la vie courante, les seniors ne sont pas tous égaux<p>Chaque année, en France, plus de 10 millions de personnes sont victimes d’un accident de la vie courante, dont près de 2,5 millions de seniors.</p>
<p>Sous cette expression sont regroupés les accidents domestiques (se produisant au domicile ou dans ses abords immédiats), les accidents survenant à l’extérieur du domicile (trottoir, magasin, etc.), les accidents survenant dans les établissements scolaires, les accidents liés à la pratique sportive et les accidents de vacances et de loisirs.</p>
<p>Avec les autres traumatismes (accidents de la route, accidents du travail, agressions, suicides…), les accidents de la vie courante représentent la <a href="https://drees.solidarites-sante.gouv.fr/publications/rapports/letat-de-sante-de-la-population-en-france-rapport-2015">troisième cause de mortalité en France</a> (après les cancers et les maladies de l’appareil circulatoire et cérébro-vasculaire). Chaque année, ils donnent lieu à plus de 21 000 décès, près de 5 millions de recours aux urgences hospitalières et plus de 500 000 hospitalisations.</p>
<p>Malgré ces chiffres alarmants et les conséquences parfois graves que peuvent avoir les accidents de la vie courante, peu d’études s’y sont intéressées. Or, cette problématique a des enjeux économiques, démographiques et de santé publique très importants, en particulier chez les seniors, la catégorie de la population la plus concernée par les accidents de la vie courante.</p>
<h2>Les seniors particulièrement concernés</h2>
<p>Les seniors sont de loin la population la plus exposée aux accidents de la vie courante : un sur cinq déclare au moins un accident de la vie courante chaque année, et plus des trois quarts des décès engendrés par les accidents de la vie courante concernent des seniors.</p>
<p>Les chutes constituent plus de la moitié de ces accidents. Elles sont responsables à elles seules de la moitié des décès par accident de la vie courante chez les seniors, <a href="https://drees.solidarites-sante.gouv.fr/publications/rapports/letat-de-sante-de-la-population-en-france-rapport-2015">soit 8 000 à 9 000 décès chaque année</a>. Pour comparaison, elles tuent chaque année près de 2,5 fois plus que les accidents de la route.</p>
<p>Pour déterminer le profil des personnes âgées les plus exposées aux accidents de la vie courante, la vague 2012 de l’<a href="https://www.irdes.fr/recherche/enquetes/esps-enquete-sur-la-sante-et-la-protection-sociale/actualites.html">Enquête Santé et Protection Sociale</a> (ESPS) est particulièrement utile. Que nous apprend-elle ?</p>
<h2>Âge avancé et difficultés financières exposent aux accidents de la vie courante</h2>
<p>Indépendamment de la nature de l’accident (grave, c’est-à-dire nécessitant des soins médicaux, ou pas) ou du lieu de survenue (domestique ou pas), trois facteurs semblent déterminants dans la survenue des accidents de la vie courante : l’état de santé, l’âge et les attitudes à risque (à domicile – monter sur un tabouret, jardiner – ou à l’extérieur – pratiquer des activités sportives ou de loisirs, etc.).</p>
<p>Par ailleurs, les résultats suggèrent que le genre n’influence que marginalement la probabilité d’accident de la vie courante : elle n’est en effet que légèrement plus élevée chez les hommes que chez les femmes.</p>
<p>Lorsque la gravité de l’accident est prise en compte, la plus forte exposition aux accidents de la vie courante concerne les seniors les plus âgés, dont l’état de santé est très dégradé. Cependant, une composante sociale vient se rajouter à ces facteurs : les difficultés financières.</p>
<p>Ainsi, les seniors plus jeunes (entre 65 et 70 ans), prudents et sans problème (de santé ou financier) ont moins de 1 % de chance d’avoir un accident de la vie courante. Inversement, les plus de 85 ans souffrant d’au moins trois maladies chroniques, déclarant des difficultés financières et ayant dans la vie une attitude imprudente ont près de 30 % de risque d’avoir un accident de la vie courante grave (nécessitant des soins médicaux).</p>
<h2>La localisation du logement importe également</h2>
<p>Ce résultat est confirmé dans le cas d’accidents graves à domicile (à l’intérieur du logement ou dans ses abords immédiats) pour lesquels une nouvelle caractéristique apparaît : la localisation du logement.</p>
<p>Les blessures graves à domicile sont plus probables chez les personnes âgées passant la plupart de leur temps à domicile en raison de leur état de santé dégradé, d’un possible fonctionnement corporel diminué et/ou d’une prise de risque importante (en particulier si le senior occupe un logement avec un étage ou un espace extérieur). Concrètement, près d’une personne sur deux âgée de plus de 85 ans, en mauvais état de santé, imprudente et vivant en zone rurale risque un accident de la vie courante grave à domicile.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/535754/original/file-20230705-19-vbdq9w.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/535754/original/file-20230705-19-vbdq9w.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/535754/original/file-20230705-19-vbdq9w.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/535754/original/file-20230705-19-vbdq9w.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/535754/original/file-20230705-19-vbdq9w.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/535754/original/file-20230705-19-vbdq9w.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/535754/original/file-20230705-19-vbdq9w.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption"></span>
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<p>Les blessures graves à l’extérieur du domicile lors d’activités de plein air (loisir, sport, etc.) sont principalement associées à un groupe « plus jeune », les 75-79 ans. Probablement parce qu’à cet âge, les individus sont encore capables de sortir seuls.</p>
<p>Enfin, les résultats suggèrent que les accidents de la vie courante, et notamment ceux graves à domicile, ont un impact majeur et immédiat sur la santé de la personne. Par exemple, trois mois après l’accident, l’état de santé des personnes ayant été victimes d’un accident grave de la vie courante est en moyenne encore plus fortement dégradé que l’état de santé de ceux n’ayant pas eu d’accident.</p>
<h2>Enjeux de politiques publiques</h2>
<p>Les principaux déterminants des accidents de la vie courante se structurent autour de deux dimensions principales. D’une part, les facteurs inéluctables : un âge avancé et un état de santé dégradé.</p>
<p>Mettre en place des mesures orientées vers la réduction des inégalités de santé (qu’elles soient financières, territoriales ou informationnelles), afin de renforcer le processus de vieillissement en bonne santé permettrait de limiter la survenue et la gravité des accidents de la vie courante.</p>
<p>D’autre part, l’exposition aux accidents de la vie courante, en particulier les accidents graves, est fortement renforcée par les comportements à risque. Deux types de mesures préventives pourraient être envisagées dans le cas des seniors : celles encourageant les attitudes prudentes (accompagnement aux activités, sensibilisation, adoption de procédures de sécurité dans l’environnement domestique ou à l’extérieur, etc.) et celles facilitant l’accès et l’utilisation d’outils d’assistance technique (adaptation du logement, utilisation d’objets connectés ou de systèmes domotiques, etc.).</p>
<hr>
<p><em>Cet article s’appuie sur les résultats obtenus dans un article scientifique publié dans la revue <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/full/10.1111/boer.12366">Bulletin of Economic Research</a>.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/209098/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Le vieillissement nous fragilise tous, comme en témoigne le grand nombre de seniors victimes d’accidents de la vie courante. Où se produisent-ils ? Quelles personnes âgées y sont les plus exposées ?Cornel Oros, Professeur des Universités, Université de PoitiersGreivis Buitrago Gamez, ResearcherLiliane Bonnal, Professeur d'économiePascal Favard, Professeur d'économie, Université de Tours IRJI François-RabelaisLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2072612023-06-15T16:42:52Z2023-06-15T16:42:52ZTourisme : qu’est-ce qui décourage les voyageurs seniors ?<p>Les voyageurs seniors représentent aujourd’hui une <a href="https://institut.amelis-services.com/bien-vieillir/voyages-tourisme/vacances-ideales-des-seniors/">source essentielle de croissance pour l’industrie touristique</a>. Ceci s’explique par plusieurs raisons. Tout d’abord, le nombre de personnes âgées augmente fortement dans un contexte de <a href="https://www.who.int/fr/news-room/fact-sheets/detail/ageing-and-health">vieillissement de la population mondiale</a>. En outre, la génération actuelle de seniors apprécie particulièrement le <a href="https://theconversation.com/fr/topics/tourisme-21268">tourisme</a> et, entre 60 et 75 ans, la <a href="https://letourismesenior.com/chiffres-cles-du-tourisme-senior/">durée des séjours est plus longue</a> que pour les plus jeunes. Les <a href="https://theconversation.com/fr/topics/seniors-38909">seniors</a> voyagent également davantage pendant la « saison intermédiaire », c’est-à-dire la période entre la haute et la basse saison, ce qui contribue à allonger la saison touristique.</p>
<p>Cependant, l’accès à ces différents bénéfices n’est possible que si les retraités sont en mesure de voyager lorsqu’ils le souhaitent. La compréhension de ce qui peut les empêcher de voyager reste donc essentielle pour leur permettre d’accéder aux expériences touristiques.</p>
<p>La réalisation d’une étude qualitative menée auprès de 15 seniors âgés de 60 à 85 ans, présentée en mai dernier lors de <a href="https://easychair.org/smart-program/2023AMSAnnualConference/2023-05-18.html">l’Academy of Marketing Science Annual Conference</a>, nous a permis d’identifier plusieurs types d’obstacles au <a href="https://theconversation.com/fr/topics/voyage-42605">voyage</a>.</p>
<h2>« J’aurais aimé parler anglais »</h2>
<p>Les contraintes liées aux loisirs, qui varient avec l’âge, peuvent être <a href="https://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/01490409109513147">classées en trois catégories</a>, comme l’expliquent les chercheurs américains Duane W. Crawford, Edgar L. Jackson et Geoffrey Godbey : les contraintes intrapersonnelles, interpersonnelles et structurelles.</p>
<p>Les <strong>contraintes intrapersonnelles</strong>, qui se réfèrent à des contraintes internes et psychologiques telles que l’expérience antérieure, la culpabilité, le manque de confiance en soi d’un individu, sont les plus puissantes. Elles influencent naturellement les préférences en matière de loisirs. Sur ce plan-là, nos interviewés évoquent d’abord le déclin des capacités physiques, de l’énergie ou encore de la difficulté à s’adapter à un nouvel environnement.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/530633/original/file-20230607-28-4mt2ul.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Couple de personnes âgées regardant une carte" src="https://images.theconversation.com/files/530633/original/file-20230607-28-4mt2ul.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/530633/original/file-20230607-28-4mt2ul.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=414&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/530633/original/file-20230607-28-4mt2ul.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=414&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/530633/original/file-20230607-28-4mt2ul.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=414&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/530633/original/file-20230607-28-4mt2ul.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=520&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/530633/original/file-20230607-28-4mt2ul.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=520&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/530633/original/file-20230607-28-4mt2ul.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=520&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Les difficultés à s’adapter à un nouvel environnement, un frein au voyage.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Old_tourist_couple_%28435347929%29.jpg">Wikimedia</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Ces contraintes concernent notamment l’impact psychologique du <a href="https://theconversation.com/fr/topics/vieillissement-22584">vieillissement</a> : la difficulté à quitter le domicile est ainsi souvent mentionnée par nos répondants. Enfin, le manque de ressources en matière de communication est évoqué, les interviewés faisant référence à leur capacité limitée à parler une autre langue que le français. Jeanne, 63 ans, regrette ses lacunes :</p>
<blockquote>
<p>« J’aurais aimé parler anglais car c’est une langue internationale. Les quelques mots que je connais, ce n’est pas suffisant pour échanger. Ça me ralentit un peu par exemple pour aller aux États-Unis ».</p>
</blockquote>
<p>Les <strong>contraintes interpersonnelles</strong>, d’ordre social et culturel, sont liées à l’association avec d’autres individus. Elles comprennent, par exemple, le fait de ne pas avoir de partenaire avec qui pratiquer l’activité. Nos répondants âgés soulignent souvent l’absence de compagnon de voyage à la suite d’un veuvage ou un divorce. Liliane, 76 ans, évoque également un partenaire qui ne partage pas les mêmes envies :</p>
<blockquote>
<p>« Mon mari et moi, nous avons des goûts opposés en matière de voyages : il veut aller au soleil, sous les cocotiers. Je n’aime pas la chaleur. Je préférerais aller dans des pays plus froids ! »</p>
</blockquote>
<p>Enfin, les <strong>contraintes structurelles</strong> sont externes à l’individu et de nature contextuelle. Elles reflètent les ressources nécessaires pour s’engager dans l’activité de loisir considérée et comprennent, par exemple, le fait de ne pas avoir assez d’argent. À ce sujet, nos répondants mettent parfois en avant des ressources insuffisantes ou encore la difficulté à se séparer d’un animal de compagnie. Claudine, 74 ans, explique ainsi :</p>
<blockquote>
<p>« Je dois mettre mon chien dans un chenil quand je pars. Je n’ai pas d’autre solution, alors je le fais mais les inconvénients prennent alors le pas sur le plaisir de partir en voyage ».</p>
</blockquote>
<p>De même, nos interviewés citent leur manque de disponibilité (notamment à cause d’actions de bénévolat ou de soutien à la famille), la peur de laisser leur maison sans surveillance, mais aussi une offre de voyage qu’ils considèrent comme inadéquate. Gilles, 66 ans, regrette par exemple le peu de flexibilité qu’offrent les voyages organisés :</p>
<blockquote>
<p>« J’aime beaucoup la nature, j’aime donc prendre mon temps et m’arrêter où je veux pour admirer les paysages. Lors d’un voyage en groupe, j’aimerais m’arrêter quelque part, mais je ne peux pas le faire parce que nous devons être ailleurs à une heure précise ».</p>
</blockquote>
<h2>Profiter de la vie</h2>
<p>Les seniors constituent un potentiel économique indéniable pour les professionnels du tourisme mais leur consommation de voyages diminue jusqu’à s’arrêter complètement en raison de ces nombreuses contraintes. </p>
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<p>Pourtant, comme nous l’avons expliqué dans un autre <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0160738317301111">travail de recherche</a>, les voyages génèrent des émotions positives et des bénéfices spirituels qui contribuent au bien-être des seniors : donner un sens à sa vie, se révéler ou encore de mieux comprendre les autres et leur relation avec la nature. En outre, à un âge où le senior est conscient de sa propre mortalité, les voyages permettent de profiter de la vie et de se créer des souvenirs.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/530634/original/file-20230607-25-mll35h.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Couple de personnes âgées marchant sur une plage de sable fin" src="https://images.theconversation.com/files/530634/original/file-20230607-25-mll35h.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/530634/original/file-20230607-25-mll35h.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/530634/original/file-20230607-25-mll35h.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/530634/original/file-20230607-25-mll35h.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/530634/original/file-20230607-25-mll35h.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/530634/original/file-20230607-25-mll35h.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/530634/original/file-20230607-25-mll35h.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Le voyage, source d’émotions positives chez les plus âgés.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.pxfuel.com/en/free-photo-qnycd">Pxfuel.com</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>La compréhension de ces freins à voyager semble donc nécessaire afin d’aider les professionnels du tourisme à adapter leurs services et leurs offres dans un contexte de vieillissement de la population. Plusieurs recommandations peuvent ici être faites pour ces professionnels, comme proposer des voyages prenant en compte l’avancée en âge de ces touristes. Ces séjours peuvent être calibrés pour éviter des temps de trajets trop longs et des transports trop fatigants, avec prise en charge dès le domicile. Le croisiériste Costa Cruises a même développé une <a href="https://www.costacroisieres.fr/experience/croisieres-over-65.html">offre réservée aux plus de 65 ans</a>.</p>
<p>Il conviendra également d’assurer la surveillance du domicile lors de l’absence du senior ainsi que la garde de leur animal de compagnie. Autant de préconisations qui permettront de lever les freins à voyager des seniors et les aideront à leur procurer bien-être physique et psychologique.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/207261/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Un travail de recherche a identifié une série de contraintes qui incitent les personnes âgées à renoncer aux voyages.Corinne Chevalier, Maître de Conférences en Sciences de Gestion, Université Paris-SaclayGaëlle Moal, Enseignante-chercheure en marketing, Laboratoires L@bIsen et LEGO, YncréaLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2044792023-04-27T17:58:53Z2023-04-27T17:58:53ZBien vieillir en France : un défi sociétal politique et éthique<p>En France on vieillit, et c’est une chance. Une petite fille sur deux qui naît aujourd’hui <a href="https://www.lefigaro.fr/actualite-france/2011/03/29/01016-20110329ARTFIG00943-le-boom-annonce-des-centenaires-francais.php">sera centenaire</a>, et <a href="https://www.insee.fr/fr/statistiques/3303333?sommaire=3353488">nous serons plus de 30 % à avoir 65 ans et plus en 2050</a>…</p>
<p>Mais vieillit-on « bien » ? Se donne-t-on les moyens de nos légitimes ambitions dans ce domaine sensible ? Selon l’Insee, nous serions les <a href="https://www.insee.fr/fr/statistiques/7234483">champions d’Europe avec 30 000 centenaires</a>, dont 86 % de femmes, multipliant par 30 leur nombre depuis les années 1960-1970.</p>
<p>Cependant le vieillissement, qui n’est pas une maladie mais un processus naturel, transforme progressivement l’adulte en bonne santé en un individu fragile. Les <a href="https://www.insee.fr/fr/statistiques/3676610?sommaire=3696937#:%7E:text=En%20France%2C%20en%202018%2C%20l,4%20ans%20pour%20les%20hommes.">gains récents d’espérance de vie se sont toutefois aussi traduits par des gains d’espérance de vie en bonne santé</a>. En 2021, l’<a href="https://drees.solidarites-sante.gouv.fr/publications-communique-de-presse/etudes-et-resultats/lesperance-de-vie-sans-incapacite-65-ans-est">espérance de vie sans incapacité à 65 ans</a> était ainsi de 12,6 ans pour les femmes et 11,3 ans pour les hommes en France… ce qui n’empêche par l’Hexagone d’être descendu au <a href="https://www.sciencesetavenir.fr/sante/esperance-de-vie-la-france-au-7e-rang-mondial_29451">septième rang mondial du vieillissement sans dépendance</a>.</p>
<h2>Réussir à « bien » vieillir</h2>
<p>Vieillir en bonne santé n’est pas qu’une chance. Cela repose en partie sur de la prévention, un accompagnement, etc. En France, on peut citer les <a href="https://travail-emploi.gouv.fr/IMG/pdf/presentation_plan-3.pdf">plans « Bien vieillir » (2007-2009)</a>, le <a href="https://sante.gouv.fr/IMG/pdf/plan_national_daction_de_prevention_de_la_perte_dautonomie.pdf">plan prévention de la perte d’autonomie en 2015</a> qui propose, selon six axes différents, des programmes de prophylaxie sanitaire : <a href="https://sante.gouv.fr/soins-et-maladies/maladies/vivre-avec-une-maladie-chronique/article/bien-manger-et-bien-bouger">bien manger, bien bouger</a>, prévenir les facteurs de risques évitables comme le tabac, l’alcool, le diabète, l’hypertension, etc.</p>
<p>Il existe également des plans de formations, de préparation à la cessation d’activité, de décloisonnement, d’accessibilités aux lieux et aux droits, de parcours de soins ou encore de <a href="https://www.leparisien.fr/val-de-marne-94/limeil-brevannes-94450/une-consultation-pour-apprendre-a-bien-vieillir-07-12-2010-1180922.php">consultations « bien vieillir »</a> comme celle ouverte depuis 2010 à l’hôpital Émile Roux (APHP) où je travaille.</p>
<p>Faut-il alors une nouvelle loi sur le bien vieillir ? Car force est de constater que <a href="https://sante.gouv.fr/IMG/pdf/dossier_de_presse_vieillir_en_bonne_sante_2020-2022.pdf">ces plans et messages simples de santé publique</a> ne sont pas suffisamment connus et appropriés sur le terrain.</p>
<p>Comment, malgré la bonne volonté de faire de la prévention, ne pas tomber dans le séquençage et le réductionnisme, qui découle sur des messages que personne n’a envie de suivre car ils deviennent des ordres ? En ce qui concerne sa santé, l’être humain est en effet soit rétif, soit négligent, soit hypocondriaque, cherchant dans le moindre gargouillis le cancer tapi dans l’ombre ou, au contraire, fuyant pour oublier un signe d’alerte « qui va finir par passer ».</p>
<p>Les <a href="https://www.santepubliquefrance.fr/presse/2022/avancer-en-age-en-bonne-sante-une-priorite-de-sante-publique">campagnes de prévention du vieillissement avec pathologies</a> sont nécessaires, mais ne s’adressent qu’aux seniors. Or, les personnes très âgées et déjà dépendantes ne se sentent pas concernées. Ce qui fait dire au <a href="https://www.cairn.info/la-tyrannie-du-bienvieillir--9782749257990.htm">sociologue Michel Billé</a> que bien vieillir « devient successivement, une invitation, une incitation et finalement une injonction voire une tyrannie ».</p>
<h2>« Rater » son vieillissement</h2>
<p>Il y a donc un danger à ce que certains réussissent à bien vieillir, alors que d’autres « échouent ».</p>
<p>Le <a href="https://www.santemagazine.fr/actualites/actualites-sante/une-etude-devoile-les-facteurs-dun-vieillissement-reussi-948477">vieillissement « réussi »</a> est souvent présenté de manière caricaturale et élitiste, la corollaire de cette « victoire » est que seul un nombre limité de personnes l’obtiendra… Les autres, les fainéants, sont laissés loin du regard et de nos concitoyens. La société tolérerait plus facilement les personnes âgées qui suivent les prescriptions du bien vieillir (<a href="https://www.reseau-national-nutrition-sante.fr/fr/les-projets/manger-bouger-pour-bien-vieillir_-r.html">bien manger, bien bouger</a>, bien s’amuser, bien dépenser, bien cogiter…).</p>
<p>Il y a donc une double injonction : vieillir le plus tard possible et vieillir bien, sans paraître vieux. Car cette étiquette va de pair avec de nombreux préjugés – devenir une charge inutile, une image vivante (et repoussante) de notre finitude. Or ces injonctions sont impossibles à suivre…</p>
<p>Quoiqu’il en soit, la « pandémie grise » arrive, <a href="https://www.insee.fr/fr/statistiques/4277619?sommaire=4318291#:%7E:text=Au%201er%20janvier%202020,7%20points%20en%20vingt%20ans.">sans surprise</a> : en effet, les <a href="https://www.insee.fr/fr/statistiques/5893969">projections de population pour 2070</a> envisagent, dans une population en France de 76,4 millions d’habitants, la part des 65 ans ou plus à 28,7 % ; celle des moins de 20 ans diminuant à 21,3 % et des 20 à 64 ans à 50,0 %.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/vieillissement-demographique-de-la-france-a-quoi-sattendre-dici-un-demi-siecle-177935">Vieillissement démographique de la France : à quoi s’attendre d’ici un demi-siècle ?</a>
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<p>Les injonctions touchent aussi aux aux métiers du grand âge : à eux de masquer, réparer, compenser là où la société a échoué. Métiers socialement incontournables et pourtant <a href="https://travail-emploi.gouv.fr/actualites/l-actualite-du-ministere/article/metiers-du-grand-age-et-de-l-autonomie-renforcer-l-action-en-faveur-de-l">dévalorisés (en termes de reconnaissance et de rémunération)</a>. « Pourquoi y a-t-il un gouffre entre l’engagement, la fierté des personnes que nous avons rencontrées et la manière dont on raconte leur métier ? » s’interrogeait Myriam El Khomri en amont de son <a href="https://sante.gouv.fr/IMG/pdf/rapport_el_khomri_-_plan_metiers_du_grand_age.pdf">rapport sur les métiers du grand âge (2020-2024)</a>.</p>
<p>Ce rapport renvoie aussi à notre déni collectif du vieillissement avec dépendance, et notre incapacité à penser le grand âge en termes de chance, de valeur humaine et de solidarité afin de bâtir une société bienveillante.</p>
<h2>Un manque d’ambition et caricature sociale</h2>
<p>Des voix, comme celle du <a href="https://www.lejdd.fr/politique/lappel-du-depute-ps-jerome-guedj-le-grand-age-ne-peut-plus-attendre-134247">député socialiste Jérôme Guedj</a> et de la <a href="https://www.huffingtonpost.fr/politique/article/monique-iborra-ne-votera-pas-la-loi-sur-le-bien-vieillir-alors-qu-elle-devait-la-porter_216488.html">députée Renaissance Monique Iboora</a>, se font entendre pour dénoncer un nouveau projet de loi « Bien vieillir » qui ne serait qu’une coquille vide.</p>
<p>L’<a href="https://www.ash.tm.fr/dependance-handicap/le-gouvernement-enterre-definitivement-la-loi-grand-age-et-autonomie-676088.php">ajournement de la loi grand âge en 2021</a> (qui aurait été un signe d’engagement politique fort sur les financements des métiers du grand âge, l’évolution du modèle des Ehpad, le ratio de personnels…) reste une immense déception. Le nouveau projet de loi « Bien vieillir » devait à son tour être une étape avant la loi « Grand âge », mais il s’avère être loin des attentes.</p>
<p>Il y a à la fois une confusion des calendriers législatifs et des thématiques concernant « le grand-âge » : <a href="https://www.vie-publique.fr/loi/287916-loi-reforme-des-retraites-2023-plfss-rectificatif">loi sur la réforme des retraites</a>, <a href="https://www.mutations.fr/aide-active-a-mourir-les-defis-dune-loi/">projet de loi sur une aide médicale active à mourir</a> et la <a href="https://www.lemonde.fr/societe/article/2023/04/12/loi-bien-vieillir-pour-le-gouvernement-pas-de-grand-soir-mais-une-reforme-continue_6169211_3224.html">future loi sur le bien vieillir et le grand âge</a>…</p>
<p>Ce télescopage des enjeux sociétaux et politiques brouille le modèle français qui, d’un côté, valorise les seniors autonomes actifs aux retraites encore enviables et, de l’autre, stigmatise ceux devenus dépendants, précaires et fragiles – et qu’il ne se donne plus les moyens de prendre en charge dans des conditions dignes, le <a href="https://www.publicsenat.fr/actualites/societe/maltraitance-dans-les-Ehpad-un-an-apres-le-scandale-orpea-le-compte-n-y-est-pas">scandale des Ehpad</a> <a href="https://www.defenseurdesdroits.fr/fr/communique-de-presse/2023/01/residents-accueillis-en-Ehpad-les-5-points-dalerte-de-la-defenseure">sous dotés en personnels</a> étant encore dans les esprits.</p>
<p>L’<a href="http://www.agisme.fr/">âgisme (ou « racisme anti vieux »)</a> se déploie, de façon insidieuse, à de nombreux niveaux.</p>
<p>En démographie, la population toujours croissante des seniors est régulièrement présentée comme le problème de santé publique de demain. La publicité y voit soit une charge à porter, soit une mine d’or à exploiter…</p>
<p>Le discours économique s’articule souvent autour valeurs utilitaires et productives de l’être humain, d’où les idées que « les jeunes paient pour les vieux, qui ont déjà profité des <a href="https://www.economie.gouv.fr/facileco/trente-glorieuses">« trente glorieuses »</a>, et « les vieux, souvent malades, creusent le “trou de la sécu” », « agrandissent le gouffre des retraites, car on peut aujourd’hui être en retraite à 30 voire 40 ans », etc.</p>
<p>Un rejet qui peut créer, chez certains, le sentiment d’être de trop, allant jusqu’au <a href="https://editions-metailie.com/livre/disparaitre-de-soi/">désir de disparaître et de mourir</a>.</p>
<h2>Bien vieillir chez soi</h2>
<p>Ces approches, caricaturales, témoignent plus d’une méconnaissance (sinon d’un déni) d’une réalité naturelle. D’une peur aussi.</p>
<p>La vieillesse vécue comme un déclin progressif conduisant à la mort avec comme compagnes de route la <a href="https://www.petitsfreresdespauvres.fr/informer/prises-de-positions/mort-sociale-luttons-contre-l-aggravation-alarmante-de-l-isolement-des-aines">solitude</a>, la tristesse, la crainte du « mal-vieillir » puis du mal mourir, la perte de l’élan vital, qui peuvent conduire à la tentation de disparaître <a href="https://theconversation.com/le-suicide-des-personnes-agees-un-impense-de-la-recherche-159263">par le suicide</a> – un sujet largement tabou en France notamment.</p>
<p>Rejeter ces réflexions majeures ne permettra pas de les résoudre. Si une vie n’a pas de prix, l’on sait que <a href="https://www.securite-sociale.fr/files/live/sites/SSFR/files/medias/CCSS/2021/FICHES %20ECLAIRAGE %20SEPTEMBRE %202021/2021 %20Septembre %20-Co %C3 %BBt %20de %20la %20prise %20en %20charge %20des %20personnes %20 %C3 %A2g %C3 %A9es %20selon %20leur %20degr %C3 %A9 %20d %E2 %80 %99autonomie %20et %20leur %20lieu %20de %20r %C3 %A9sidence.pdf">maintenir les personnes très âgées et dépendantes en vie a un coût</a>. Le coût moyen de la prise en charge des personnes âgées en perte d’autonomie était à 22 000 € en 2019 pour l’ensemble des bénéficiaires de l’<a href="https://www.service-public.fr/particuliers/vosdroits/F10009">Allocation personnalisée d’autonomie (APA)</a> : 35 000 € en établissement et 12 000 € à domicile, <a href="https://www.service-public.fr/particuliers/vosdroits/F1229">pour l’ensemble des GIR 1 à 4</a>, soit les personnes les plus dépendantes).</p>
<p><a href="https://www.lafinancepourtous.com/2021/01/18/vieillir-a-domicile-a-partir-de-65-ans-un-cout-moyen-de-1-043-e-par-mois/">Bien vieillir chez soi</a> est toutefois le souhait de plus de 85 % des quelque 15 millions de retraités en France. Mais rester à domicile de 65 ans à plus de 85 ans représente un coût moyen évalué à 12 514 € sur une année, pour les seuls frais liés au vieillissement… et les <a href="https://www.securite-sociale.fr/files/live/sites/SSFR/files/medias/CCSS/2021/FICHES %20ECLAIRAGE %20SEPTEMBRE %202021/2021 %20Septembre %20-Co %C3 %BBt %20de %20la %20prise %20en %20charge %20des %20personnes %20 %C3 %A2g %C3 %A9es %20selon %20leur %20degr %C3 %A9 %20d %E2 %80 %99autonomie %20et %20leur %20lieu %20de %20r %C3 %A9sidence.pdf">dépenses moyennes pour en cas de perte d’autonomie s’établissent à 22 000 € par an</a> (en 2019), tous niveaux de dépendance confondus.</p>
<p>Est-ce que ça doit être un obstacle ? La réponse est liée au monde que nous voulons pour demain. Une vie maîtrisée sans une ride, sans douleur ni souffrance ? Une vie où la vieillesse et la mort seraient gommées ? C’est là nier notre réalité biologique, et notre finitude intrinsèque. Les valeurs d’accueil, de bienveillance, d’écoute ne sont plus entendues et sont ravalées au rang de petites vertus comme en témoigne le peu de considération apportée à ces métiers.</p>
<p>La vigilance éthique nous pousse, que nous soyons soignants ou acteurs en gériatrie, à alerter pour que les injonctions sociétales ne prennent pas le pas sur les conditions de consentements éclairés, de choix et possibilités de chaque individu.</p>
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<p><em>Véronique Lefebvre des Noëttes est l’auteure de <a href="https://www.editionsdurocher.fr/product/124194/vieillir-n-est-pas-un-crime/ ?9782268105222">« Vieillir n’est pas un crime : pour en finir avec l’âgisme »</a> (2021) et <a href="https://www.editionsdurocher.fr/product/127061/la-force-de-la-caresse/">« La force de la caresse »</a> (2022).</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/204479/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Véronique Lefebvre des Noettes ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>« Bien vieillir » en France pose de nombreuses problématiques, allant de la santé à l’éthique. Une situation qui résonne avec la triple actualité législative et se heurte à bien des idées reçues.Véronique Lefebvre des Noettes, Psychiatre du sujet âgé, chercheur associé au Laboratoire interdisciplinaire d'étude du politique Hannah Arendt (Université Paris-Est Créteil), co-directeur du département de recherche Éthique biomédicale du Collège des Bernardins, Collège des BernardinsLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2030252023-04-05T19:17:40Z2023-04-05T19:17:40ZPourquoi le système de retraite ne bénéficie-t-il pas aujourd’hui d’importantes réserves ?<p>La rencontre entre Élisabeth Borne et les représentants syndicaux, la première depuis la présentation de la <a href="https://theconversation.com/topics/reforme-des-retraites-82342">réforme des retraites</a> le 10 janvier, a tourné court ce mercredi 5 avril. À la veille de la <a href="https://www.bfmtv.com/economie/entreprises/transports/transports-energie-ecoles-a-quoi-s-attendre-pour-la-greve-du-6-avril_AV-202304050385.html">onzième journée de mobilisation</a> contre le projet gouvernemental de relèvement de l’âge de départ de 62 à 64 ans, la Première ministre espérait un « apaisement ». La réunion aura été <a href="https://www.francetvinfo.fr/economie/retraite/reforme-des-retraites/direct-retraites-elisabeth-borne-doit-rencontrer-l-intersyndicale-qui-reclame-le-retrait-de-la-reforme_5753093.html">« inutile »</a> selon Sophie Binet, nouvelle secrétaire générale de la CGT. « Nous lui avons redit combien sa réforme était injuste et brutale », ajoute pour sa part Cyril Chabanier, président de la CFTC, qui prendra part aux défilés demain en attendant que l’intersyndicale soit reçue par <a href="https://theconversation.com/topics/emmanuel-macron-30514">Emmanuel Macron</a> une fois rendue la décision du Conseil Constitutionnel.</p>
<p>Au cours des dernières journées de manifestations, les syndicats ont pu se réjouir de la présence de plus en plus massive dans les cortèges de <a href="https://www.francetvinfo.fr/economie/retraite/reforme-des-retraites/reforme-des-retraites-la-mobilisation-des-jeunes-se-durcit_5737799.html">lycéens, étudiants et jeunes actifs</a>. La retraite paraît pour eux bien lointaine, même hypothétique, craignent certains.</p>
<p>Semble en tout cas se dessiner pour eux un système de <a href="https://theconversation.com/le-systeme-de-retraite-sera-t-il-aussi-genereux-avec-les-generations-futures-quavec-les-retraites-actuels-202060">moins en moins généreux</a> par rapport à celui appliqué aux retraités actuels. Comment en est-on arrivé là ? Il ne s’agit pas ici de débattre de l’opportunité actuelle d’une réforme et de sa dimension ou non impérative. De nos <a href="https://www.cairn.info/revue-economique-2022-3-page-429.htm">recherches</a> émane un questionnement en particulier : pourquoi le régime n’est-il pas aujourd’hui doté de réserves importantes ?</p>
<p>Dans un système par répartition, les pensions des retraités actuels sont financées avec les cotisations payées par les travailleurs actuels. Le mécanisme, également appelé « pay as you go », s’avère ainsi, par construction, vulnérable aux chocs démographiques, qu’il s’agisse d’une baisse de la natalité ou de l’allongement de l’espérance de vie. Cela a justifié des réformes dans <a href="https://www.ouest-france.fr/economie/retraites/reforme-des-retraites-qu-en-est-il-dans-les-autres-pays-europeens-339f2b50-a0ae-11ed-be8f-4d2939631a03">plusieurs pays d’Europe</a> ces dernières années.</p>
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<p>Il ne faudrait cependant pas confondre équilibre à chaque date et soutenabilité. Cette dernière est le critère essentiel. Le dispositif est dit soutenable si les ressources disponibles (les réserves et les cotisations actuelles et futures) sont suffisantes pour faire face aux engagements pris vis-à-vis des retraités actuels et futurs. Un système de retraite ne doit ainsi pas nécessairement présenter un équilibre financier chaque année. Il pourrait présenter des déficits dans les années ou décennies futures, à condition que le niveau actuel des réserves soit suffisant à satisfaire la condition de soutenabilité, c’est-à-dire, que le taux de croissance de l’endettement soit inférieur au taux d’intérêt.</p>
<p>Or, cette variable d’ajustement que sont les réserves semble bien avoir été oubliée par les politiques publiques.</p>
<h2>Considérer les bons indicateurs</h2>
<p>Le débat public se focalise généralement sur le taux de remplacement, c’est-à-dire le ratio entre la première retraite et le dernier salaire pour un individu. Ce n’est cependant pas la variable qui renseigne quant à la soutenabilité ou à l’équité d’un système. Il s’agit du taux de rendement implicite des cotisations (TRI).</p>
<p>Le TRI est le taux de rendement qui permet d’égaliser la valeur des cotisations versées avec les retraites perçues, en tenant compte de la probabilité de survie. Pour être équitable, le système de retraite devrait garantir le même TRI à tous les individus. Considérons deux individus qui ont exercé la même profession, cotisé exactement les mêmes montants pendant 40 ans, mais l’un entre 22 ans et 62 ans et l’autre de 25 ans à 65 ans. Ils devraient ainsi percevoir une retraite différente du fait que l’un restera moins longtemps à la retraite. Leur taux de remplacement ne serait ainsi pas le même, mais leur TRI identique.</p>
<p>En voulant équilibrer le système à chaque période, les décideurs politiques ont en fait permis à des générations de bénéficier d’un TRI très élevé, quand celles et ceux qui partiront dans les décennies à venir obtiendront des TRI très faibles. Cela semble problématique du point de vue de l’équité entre les générations.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1641180236099321857"}"></div></p>
<p>Concilier équité et soutenabilité n’est pourtant pas impossible. Telle est la leçon que nous tirons d’un modèle théorique que nous avons construit à partir d’hypothèses macroéconomiques standards (pour les initiés, il s’agit d’un modèle à générations imbriquées avec une fonction de production Cobb-Douglas, où les retraites sont calculées avec des règles actuarielles). Une règle en découle : si le TRI de chaque individu était fixé au niveau du taux de croissance de la masse salariale, alors le système de retraite serait soutenable et donc capable de faire face aux différents chocs démographiques, tout en permettant de garantir une équité entre les générations.</p>
<p>Avec cette règle, le système de retraite aurait pu accumuler des réserves importantes pendant le baby-boom, utilisables pour financer les déficits générés pendant la période de vieillissement démographique.</p>
<h2>Pas besoin d’être devin</h2>
<p>Certes, on pourrait objecter que pour calibrer le tout, il faudrait pouvoir anticiper les <a href="https://theconversation.com/topics/demographie-20955">évolutions démographiques</a> futures, ce qui paraît bien délicat. Une prédiction parfaite est même irréalisable.</p>
<p>A cette objection, on peut répondre d’abord en considérant que le problème du vieillissement démographique était connu depuis longtemps : à la page 60 (49 dans la version anglaise) du <a href="https://digitallibrary.un.org/record/722922?ln=fr#record-files-collapse-header">rapport de la World Population Conference</a> organisée par les Nations unies à Bucarest en août 1974, on peut ainsi lire :</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/518527/original/file-20230330-28-n1nquh.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/518527/original/file-20230330-28-n1nquh.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/518527/original/file-20230330-28-n1nquh.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=201&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/518527/original/file-20230330-28-n1nquh.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=201&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/518527/original/file-20230330-28-n1nquh.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=201&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/518527/original/file-20230330-28-n1nquh.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=253&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/518527/original/file-20230330-28-n1nquh.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=253&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/518527/original/file-20230330-28-n1nquh.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=253&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption"></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Les erreurs de prédiction restaient néanmoins importantes, peut-on rétorquer. Par exemple, en <a href="https://www.ons.gov.uk/peoplepopulationandcommunity/birthsdeathsandmarriages/lifeexpectancies/articles/howhaslifeexpectancychangedovertime/2015-09-09">Angleterre et au Pays de Galles</a>, on estimait en 1980 une augmentation de l’espérance de vie à la naissance de 2,4 ans pour chaque sexe à l’horizon 2012. Elle a, dans les faits, été de 6,1 ans pour les femmes et 8,4 ans pour les hommes.</p>
<p>Nos simulations numériques montrent que pour garantir la soutenabilité du système, prédire partiellement les évolutions démographiques suffit : anticiper seulement 20 % de l’augmentation future de l’espérance de vie aurait permis de générer des réserves suffisantes pendant le baby-boom.</p>
<h2>Payer des erreurs passées ?</h2>
<p>Le cadre que nous avons déployé n’est sans doute pas parfait et demande des développements futurs. Il n’intègre par exemple pas une variable démographique importante que constituent les flux migratoires. Il suggère néanmoins que quelque chose a été manqué par le passé : les pays dotés de systèmes par répartition ne semblent ainsi pas avoir accumulé de réserves suffisantes pour faire face au problème du vieillissement démographique.</p>
<p>D’après l’<a href="https://doi.org/10.1787/data-00519-fr">OCDE</a>, en 2008, seuls le Japon, la Corée et la Suède possédaient des réserves excédant 20 % du PIB. Ailleurs, le montant élevé des cotisations a été utilisé pour payer les pensions avec un taux de rendement des cotisations élevé.</p>
<p>Peut-être les économistes avaient-ils eux aussi sous-estimé le rôle des réserves. La littérature semble davantage les considérer comme une <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/abs/10.1111/j.1468-246X.2009.01327.x">option</a>, au mieux comme une <a href="https://elibrary.worldbank.org/doi/abs/10.1596/978-0-8213-9478-6">politique utile</a>.</p>
<p>Ainsi est-il, légitime de se demander s’il est juste que les générations futures, non représentées dans les prises de décision antérieures, aient à payer pour les erreurs économiques des politiques passées.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/203025/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Riccardo Magnani ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Accumuler des réserves lorsqu’il y avait beaucoup d’actifs par rapport aux retraités aurait été un bon moyen de garantir à la fois la soutenabilité financière et l’équité entre les générations.Riccardo Magnani, Maître de Conférences en économie, Université Sorbonne Paris NordLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2022162023-03-24T10:16:14Z2023-03-24T10:16:14ZBronzage artificiel : inutile, dangereux… mais toujours autorisé !<p>Le saviez-vous ? Depuis le 26 janvier 2016, la vente aux particuliers d’appareils de bronzage est interdite en France… Une mesure de santé publique instaurée 17 ans après le classement des rayonnements ultraviolets artificiels dans la <a href="https://www.thelancet.com/journals/lanonc/article/PIIS1470-2045(09)70213-X/fulltext">catégorie des agents cancérogènes certains</a> par le <a href="https://www.iarc.who.int/fr/a-propos-du-circ/">Centre international de recherche sur le cancer, le Circ</a>, une agence de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Aucun doute possible sur l’intérêt de cette disposition.</p>
<p>Et pourtant, en 2023, l’interdiction n’est toujours que théorique.</p>
<p>L’article de la Loi de modernisation de notre système de santé, qui interdit <a href="https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/article_jo/JORFARTI000031912996">« la vente ou la cession, y compris à titre gratuit, d’un appareil de bronzage pour un usage autre que professionnel »</a>, prévoit en effet qu’un décret en Conseil d’État détermine les modalités d’application de cette interdiction. Les directions générales des ministères en charge de la santé et de la consommation ont donc préparé un projet qui, conformément à la <a href="https://ec.europa.eu/growth/tools-databases/tris/fr/about-the-20151535/the-notification-procedure-in-brief1/">mécanique juridique entre l’Europe et ses états membres</a>, a été notifié, <a href="https://ec.europa.eu/growth/tools-databases/tris/index.cfm/fr/index.cfm/search/?trisaction=search.detail&year=2017&num=13&mLang=FR">c’est-à-dire présenté</a>, à la Commission européenne.</p>
<p>Or, si un projet de réglementation nationale est susceptible, selon la Commission ou d’autres états membres, de créer des obstacles à la libre circulation des marchandises, l’Europe peut bloquer son application. C’est ce qui s’est produit, à la faveur des relations complexes entre la normalisation et la réglementation européennes.</p>
<p>Les raisons invoquées par la Commission européenne pour bloquer le décret français tiennent au fait que les appareils de bronzage tombent sous le coup d’une autre réglementation européenne (<a href="https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000030396035">directive 2014/35/UE</a>) dite « basse tension », qui réglemente tous les appareils électriques branchés sur le secteur.</p>
<p>La conformité des appareils de bronzage à cette directive est établie à partir d’une norme technique (<a href="https://www.boutique.afnor.org/fr-fr/norme/nf-en-60335227/appareils-electrodomestiques-et-analogues-securite-partie-227-regles-partic/fa174169/83905#AreasStoreProductsSummaryView">EN 60335-2-27</a>), qui indique que les appareils de bronzage de type « UV3 » (selon le <a href="https://www.legifrance.gouv.fr/loda/id/JORFTEXT000028398316">décret n°2013-1261</a>) peuvent être utilisés par des particuliers dès lors que la sécurité électrique est assurée.</p>
<p>Par conséquent, tout matériel conforme à ces exigences peut circuler librement au sein de l’Union européenne.</p>
<p>Les arguments en faveur de la protection de la santé n’ont pas su renverser la logique réglementaire européenne : la Commission a ainsi rejeté le projet de décret français, qui aurait fait obstacle à la libre circulation sur le marché européen des bancs solaires destinés aux particuliers.</p>
<p>Au passage, toutes les autres dispositions du décret, visant notamment à renforcer l’information des utilisateurs de cabines de bronzage en institut sur les risques pour la santé, ainsi que le contrôle des appareils, n’ont pu à ce jour être mises en œuvre.</p>
<h2>Des risques pourtant avérés</h2>
<p>Et pourtant, les données scientifiques et sanitaires ne laissent aucun doute sur les risques pour la santé que fait peser la <a href="https://www.anses.fr/fr/content/les-dangers-du-bronzage-artificiel">pratique du bronzage artificiel</a>. Comme le souligne l’OMS depuis de nombreuses années : <a href="https://www.who.int/fr/publications/i/item/9789241512596">« Cancer, coups de soleil, accélération du vieillissement cutané, inflammation oculaire et immunosuppression transitoire sont tous associés à l’utilisation des appareils de bronzage »</a>.</p>
<p>De nombreux travaux montrent également que <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC5714671/">l’exposition aux UV artificiels</a> peut engendrer une <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/24601904/">addiction au bronzage</a>.</p>
<p>Concernant le cancer, de loin l’effet le plus grave, les études les plus récentes permettent de préciser comment le risque de mélanome, par exemple, augmente en fonction des pratiques. Dès 2006, dans une méta-analyse regroupant 19 études épidémiologiques, le Circ mettait en évidence un risque de mélanome encore plus élevé lorsque les expositions aux UV artificiels avaient débuté avant l’âge de 30 ans.</p>
<p><a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC2993823/">Plusieurs</a> <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC4888600/">études</a> <a href="https://academic.oup.com/aje/article/185/3/147/2893688">internationales</a> et <a href="https://www.bmj.com/content/345/bmj.e4757">méta-analyses</a> ont depuis confirmé que plus la première séance de bronzage en cabine est réalisée jeune, plus le risque de développer une tumeur maligne de la peau (mélanome) augmente.</p>
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<p>Le <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC2883000/">nombre annuel de séances</a> ainsi que la <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/20056629/">durée globale d’exposition</a> sont également <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0190962214000024">directement corrélées avec l’augmentation du risque</a>.</p>
<p>L’exposition aux rayonnements ultraviolets émis par le soleil est tout aussi dangereuse, classée également par le Circ dans la catégorie des cancérogènes certains. Des campagnes de prévention contre les <a href="https://www.soleil.info/">risques à s’exposer au soleil sans protection</a> sont d’ailleurs régulièrement diffusées à l’initiative, notamment des pouvoirs publics. Un message qui semble peu à peu être intégré, en particulier pour les jeunes enfants (lunettes, tee-shirts anti-UV, horaires de plage…).</p>
<p>C’est pourquoi la possibilité de s’exposer à des UV artificiels, dont les séances en institut peuvent représenter l’équivalent d’un soleil tropical d’index UV 12, apparaît paradoxale. <a href="https://www.who.int/fr/news-room/questions-and-answers/item/radiation-the-ultraviolet-(uv)-index">L’index (ou indice) UV exprime l’intensité du rayonnement ultraviolet et le risque qu’il représente pour la santé</a> : au-delà de l’indice 10, les risques sont extrêmes…</p>
<h2>Idées reçues sur les atouts des UV artificiels</h2>
<p><a href="https://www.santepubliquefrance.fr/content/download/468515/document_file/190524_spf00000155.pdf">De nombreuses idées reçues concernant les UV artificiels persistent</a> en effet, comme le montrent les enquêtes sur le sujet.</p>
<p>Parmi les <a href="https://www.anses.fr/fr/content/bronzage-artificiel-attention-aux-id%C3%A9es-re%C3%A7ues">idées fausses les plus répandues</a>, celle qui consiste à croire que quelques séances en cabine de bronzage préparent la peau au soleil de l’été… Il n’en est rien, au contraire !</p>
<p>La composition des UV artificiels est différente de celle du soleil. Les rayonnements ultraviolets contenus dans la lumière naturelle sont ainsi répartis en trois « bandes », en fonction de leurs longueurs d’onde, des moins aux plus énergétiques : UVA, UVB et UVC. Les cabines de bronzage, en France, émettent principalement des UVA (qui pénètrent plus profondément notre peau, qui de ce fait s’affine et vieillit plus vite), le taux d’UVB étant limité par la réglementation. Toutes les longueurs d’onde des rayonnements UV, via des mécanismes biologiques différents, sont des cancérogènes certains.</p>
<p>Les UV artificiels ne font de plus que colorer la peau, sans déclencher le mécanisme d’épaississement associé à des expositions progressives au soleil. Une étude a ainsi montré un <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC2883000/">doublement des cas de coups de soleil chez les personnes atteintes de mélanomes utilisatrices de cabines de bronzage</a>.</p>
<p>Et comme il n’y a pas de sensation de chaleur, le risque de brûlure en cas d’exposition prolongée est réel.</p>
<p>Parmi les autres arguments utilisés pour justifier l’intérêt des cabines de bronzage, l’apport en vitamine D ou la lutte contre la dépression saisonnière ont la vie dure. Or, <a href="https://www.e-cancer.fr/Comprendre-prevenir-depister/Reduire-les-risques-de-cancer/Exposition-aux-rayonnements-UV/Bronzage-artificiel">notre organisme la produit suite à son exposition aux UVB… très minoritairement émis par les cabines</a>. Quelques minutes d’exposition au soleil (mains, visage) suffisent largement pour couvrir les besoins normaux en vitamine D… Quant aux effets positifs sur le moral, ils sont inexistants là encore : seule la lumière visible joue ce rôle.</p>
<h2>L’impact en France… évitable</h2>
<p>Les expositions aux UV artificiels sont facilement évitables, leurs conséquences sur la santé aussi : une étude a estimé, en 2015, que <a href="https://www.santepubliquefrance.fr/determinants-de-sante/climat/uv/documents/article/cutaneous-melanoma-in-france-in-2015-attributable-to-solar-ultraviolet-radiation-and-the-use-of-sunbeds">83 % des mélanomes (3 % des cancers en France) pouvaient être attribués à l’exposition solaire, et 3 % aux appareils de bronzage</a>. Le baromètre cancer 2015 précisait que <a href="https://www.santepubliquefrance.fr/content/download/468515/document_file/190524_spf00000155.pdf">1,5 % de Français, dont des mineurs, malgré l’interdiction en vigueur, avaient réalisé des séances de bronzage en cabine</a>.</p>
<p>En faisant l’hypothèse que les mélanomes induits par les cabines de bronzage ont les mêmes conséquences que ceux provoqués par les ultraviolets solaires, entre 19 et 76 décès par an seraient associés à la <a href="https://www.santepubliquefrance.fr/determinants-de-sante/climat/uv/documents/article/evaluation-de-l-impact-sanitaire-de-l-exposition-aux-ultraviolets-delivres-par-les-appareils-de-bronzage-artificiel-sur-le-melanome-cutane-en-france2">pratique du bronzage artificiel</a>.</p>
<p>Dès novembre 2009, à la suite du classement par le Circ des UV artificiels comme « cancérogènes certains pour l’Homme », le Brésil a été le premier pays à interdire totalement l’usage des appareils de bronzage. D’autres ont suivi ; les États australiens de Victoria (en 2005), de Nouvelle-Galles-du-Sud (en 2015), puis <a href="https://www.who.int/publications/i/item/9789241512596">tous les états australiens depuis le 1ᵉʳ janvier 2016</a> ont prohibé à leur tour la pratique commerciale du bronzage en cabine.</p>
<p>En France toutefois, la voie réglementaire promet d’être encore longue avant de supprimer une exposition inutile, responsable de nombreux décès. Les trois derniers avis de l’Anses sur les <a href="https://www.anses.fr/fr/content/les-dangers-du-bronzage-artificiel">risques pour la santé liés au bronzage artificiel</a> recommandaient pourtant, sans équivoque, « la cessation, à terme, de tout usage commercial du bronzage par UV artificiels et de la vente d’appareils délivrant des UV artificiels à visée esthétique ».</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/202216/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Olivier Merckel ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Préparer sa peau au soleil, aide contre la dépression saisonnière… Voilà quelques idées reçues, tenaces et fausses, associées aux cabines de bronzage. Retour sur les risques de ces appareils.Olivier Merckel, Chef d'unité - évaluation des risques liés aux agents physiques, Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2007602023-03-19T16:16:32Z2023-03-19T16:16:32ZVieillir : l’âge est-il un bon repère ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/512869/original/file-20230301-26-mmrbwy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">A 65 ans, en France, il vous reste à vivre entre onze et treize années en bonne santé en moyenne.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://drees.solidarites-sante.gouv.fr/publications-communique-de-presse/etudes-et-resultats/lesperance-de-vie-sans-incapacite-65-ans-est">Ravi Patel / Unsplash</a></span></figcaption></figure><p>La nouvelle réforme des retraites a provoqué des débats houleux dans tout le pays depuis de longues semaines et une même formule est revenue comme un mantra : « les chiffres le disent : la <a href="https://theconversation.com/vieillissement-demographique-de-la-france-a-quoi-sattendre-dici-un-demi-si%C3%A8cle-177935">population vieillit</a> ». Et c’est vrai.</p>
<p>L’espérance de vie à la naissance a quasiment doublé au cours du XX<sup>e</sup> siècle et s’accroît toujours de manière continue. L’espérance de vie à la naissance, à 1 an, à 20 ans, à 40 ans, ou à 60 ans a même <a href="https://www.insee.fr/fr/statistiques/2416631">augmenté de quelques mois depuis 10 ans</a>. L’espérance de vie sans incapacité, c’est-à-dire sans être limité dans la vie quotidienne, augmente parallèlement à celle de l’espérance de vie. </p>
<p>La récente <a href="https://drees.solidarites-sante.gouv.fr/publications-communique-de-presse/etudes-et-resultats/lesperance-de-vie-sans-incapacite-65-ans-est">étude</a> publiée par la Drees l’atteste, les années de vie gagnées le sont surtout en bonne santé. La <a href="https://theconversation.com/pile-ou-face-ce-que-les-modeles-statistiques-nous-enseignent-sur-la-probabilite-de-vivre-au-dela-de-110-ans-182834">longévité maximale</a> (durée de vie maximale jamais observée) semble également avoir atteint un <a href="https://theconversation.com/depasser-le-cap-des-100-ans-les-scientifiques-tentent-de-percer-le-mystere-172660">plateau élevé</a>. Depuis les années 1990, l’âge de décès de ceux qu’on appelle désormais les <a href="https://www.nature.com/articles/nature19793">super-centenaires</a> s’est stabilisé aux alentours de 110 ans.</p>
<p>Mais, que nous disent réellement ces chiffres ? Et pourquoi renvoyer à tel ou tel indicateur ? Il est certes nécessaire de <a href="https://www.ined.fr/fr/tout-savoir-population/jeux/l-esperance-de-vie/">comprendre ce qu’ils sous-tendent</a>, mais aussi de ne pas penser uniquement le vieillissement à partir de l’âge chronologique. Ce repère ne peut décrire l’hétérogénéité des situations vécues. En reposant sur la seule référence chronologique, le discours se rend perméable à des interprétations biaisées et perd de sa valeur.</p>
<h2>Repenser le vieillissement</h2>
<p><a href="https://academic.oup.com/ageing/article/49/5/692/5831206">La crise Covid l’a rappelé</a>, utiliser l’âge chronologique comme seul critère est une simplification qui s’appuie sur des <a href="https://theconversation.com/la-pandemie-de-Covid-19-a-aggrave-lagisme-dans-notre-societe-168460">représentations stéréotypées</a>. L’âge avait alors pu être utilisé comme critère de <a href="https://www.liberation.fr/planete/2020/03/19/la-selection-des-malades-divise-le-corps-medical-italien_1782400/">sélection des bénéficiaires de soins urgents</a>, établissant une rupture avec le principe d’équité pour l’accès aux soins.</p>
<p>En France, ces <a href="https://theconversation.com/seniors-comment-travailler-plus-longtemps-quand-personne-ne-vous-recrute-plus-198464">stéréotypes âgistes</a> auraient pour partie été favorisés par la construction d’une <a href="https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/le-cours-de-l-histoire/assurer-la-vieillesse-la-longue-histoire-des-retraites-5133032">représentation négative de la vieillesse associée aux régimes des retraites</a> (à partir de la loi de 1905, première grande loi sociale à s’intéresser aux « vieux »). Simone de Beauvoir le soulignait déjà en 1970 dans <a href="https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/les-chemins-de-la-philosophie/la-vieillesse-de-simone-de-beauvoir-1560429"><em>La Vieillesse</em></a> :</p>
<blockquote>
<p>« Ce qui caractérise l’attitude pratique de l’adulte à l’égard des vieillards, c’est sa duplicité. Il se plie jusqu’à un certain point à la morale officielle que nous avons vu s’imposer dans les derniers siècles et qui lui enjoint de les respecter. Mais il a intérêt à les traiter en êtres inférieurs et à les convaincre de leur déchéance. » (les comportements de discrimination à l’égard des plus âgés étant supposément destinés à favoriser une relation d’autorité de la part des adultes plus jeunes.)</p>
</blockquote>
<p>Depuis, la recherche sur les stéréotypes âgistes a montré qu’ils peuvent être intégrés dès le plus jeune âge, pour exister tout au long de la vie, y compris à un âge avancé. On sera toujours le vieux de quelqu’un, quel que soit son âge. Or, l’âgisme a des <a href="https://www.who.int/fr/news/item/18-03-2021-ageism-is-a-global-challenge-un">conséquences majeures sur l’accès à l’emploi ou sur la santé</a>. L’Organisation mondiale de la santé <a href="https://www.who.int/fr/news/item/18-03-2021-ageism-is-a-global-challenge-un">estime</a> notamment que 6,3 millions de cas de dépression dans le monde sont dus à l’âgisme.</p>
<figure>
<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/Y3YJDxK-GFg?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Edgar Morin : « La vieillesse est dévaluée ».</span></figcaption>
</figure>
<h2>Sortir d’une vision purement décliniste</h2>
<p>Les recherches menées en gérontologie apportent des connaissances désormais solides et utiles pour adopter un positionnement plus éclairé sur ces questions.</p>
<p>Depuis les travaux de <a href="https://ia600708.us.archive.org/view_archive.php?archive=/28/items/crossref-pre-1923-scholarly-works/10.1037%252Fh0070848.zip&file=10.1037%252Fh0071260.pdf">Foster et Taylor</a> (1920), on sait que les résultats aux tests d’intelligence déclinent avec l’avancée en âge. Pourtant, garder cette perspective décliniste n’est pas juste. On considère en effet aujourd’hui qu’il existe un profil différentiel du vieillissement cognitif : les <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/full/10.1111/tops.12078">compétences de raisonnement déclinent plus précocement et plus rapidement que les connaissances verbales</a>. Les situations qui demandent de traiter rapidement plusieurs informations de manière simultanée sont celles qui sont le plus affectées par le vieillissement, contrairement à celles qui s’appuient sur les connaissances et les compétences issues de l’expérience, qui sont bien préservées. Un <a href="https://sls.psychiatry.uw.edu/">suivi longitudinal</a> mené pendant 35 ans – à partir de 1956 – auprès d’un échantillon d’environ 2 500 personnes à Seattle (États-Unis) a également montré que l’avancée en âge se traduit par une augmentation des différences entre les individus. Vieillir c’est devenir différent les uns des autres.</p>
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<p>Les données citées, parmi bien d’autres, soulignent la nécessité de reconnaître que chaque personne âgée possède des compétences bien présentes, qui doivent être objectivement appréhendées. Il ne s’agit pas seulement d’individus caractérisés par leurs limites. Ce sont des citoyens qui peuvent partager, à partir de connaissances souvent solides.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Personne âgée en train de bricoler" src="https://images.theconversation.com/files/513501/original/file-20230305-3440-uh0nhn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/513501/original/file-20230305-3440-uh0nhn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/513501/original/file-20230305-3440-uh0nhn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/513501/original/file-20230305-3440-uh0nhn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/513501/original/file-20230305-3440-uh0nhn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/513501/original/file-20230305-3440-uh0nhn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/513501/original/file-20230305-3440-uh0nhn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Les connaissances issues de l’expérience sont bien préservées et beaucoup moins affectées par le vieillissement que d’autres types de connaissances et compétences.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://unsplash.com/fr/photos/tnYWFvk-frU">Carter Yocham/Unsplash</a></span>
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</figure>
<h2>Penser la coopération tout au long de la vie</h2>
<p>Alors oui, « les chiffres le disent », le vieillissement de la population devient de plus en plus prégnant, ce qui, pour certains, peut paraître inquiétant. Et le vieillissement de la population modifie la vie telle qu’elle était connue jusqu’à présent.</p>
<p>Dans le contexte professionnel, les personnes les <a href="https://academic.oup.com/gerontologist/article/58/2/e1/2894393">plus âgées sont fréquemment décrites</a> comme loyales et fiables, mais aussi moins capables de s’adapter au changement. Quand elles sont confrontées aux attitudes qui découlent de ces représentations âgistes, elles se sentent plus stressées et <a href="https://www.cambridge.org/core/journals/canadian-journal-on-aging-la-revue-canadienne-du-vieillissement/article/abs/la-sante-en-peril-repercussions-de-la-communication-agiste-sur-le-desengagement-psychologique-et-lestime-de-soi-des-infirmiers-de-45-ans-et-plus/66EAD0342A32CB99D304F25B4DBF1340">moins engagées dans leur environnement de travail</a>. Elles peuvent même avoir l’intention de <a href="https://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/01973530903435763?journalCode=hbas20">prendre plus précocement leur retraite</a>.</p>
<p>Le vieillissement est pourtant une opportunité, qui s’appuie sur le développement de compétences socio-émotionnelles fortes. À partir des recherches qu’elle a initiées au milieu des années 1980, Laura Carstensen, professeure de psychologie à l’université Stanford (États-Unis), a mis en évidence les formidables capacités d’adaptation sociale des personnes qui vieillissent. En avril 2020, son <a href="https://journals.sagepub.com/doi/full/10.1177/0956797620967261">équipe de recherche a interrogé 945 personnes, de 18 à 76 ans</a>. Leurs conclusions sont claires : l’avancée en âge est associée à un meilleur bien-être émotionnel, y compris dans le contexte de la pandémie de Covid-19.</p>
<p>Le vieillissement de la population met au premier plan le besoin de repenser les relations sociales pour qu’elles deviennent des relations de coopération qui associent toutes les générations. Au-delà de la reconnaissance des compétences des personnes qui vieillissent, il s’agit certainement aussi de reconnaître mieux une valeur à l’engagement durant toute l’existence, qu’il s’agisse d’un engagement professionnel ou informel. On peut à titre d’exemple citer les nombreuses activités de l’association <a href="https://www.oldup.fr/">Old’up</a>, qui ambitionne de rendre compte de la variété des actions menées par les personnes âgées.</p>
<p>Vieillir, c’est – pour reprendre l’<a href="https://www.ourcivilisation.com/smartboard/shop/fowlerjh/chap17.htm">allégorie de Mirza</a> – parcourir collectivement un pont, parsemé de trappes, dans lesquelles on peut tomber, mais que l’on peut aussi éviter. Penser le vieillissement implique donc de s’intéresser à l’évolution des capacités tout au long de la vie, en réponse à des exigences de plus en plus nombreuses. Le processus de vieillissement est complexe, hétérogène et adaptatif. Cette réalité peine à prendre sa place dans le discours public. Il est pourtant urgent de l’intégrer à celui-ci, et ne plus se contenter d’arguments trop simplificateurs.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/200760/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Emmanuel Monfort est vice-présdent de la Société Auvergne Rhône Alpes de Gérontologie. </span></em></p>Le processus de vieillissement est complexe, hétérogène et dynamique. Cela peine à prendre sa place dans le discours public, où une approche par l’âge, trop simplificatrice, prédomine encore.Emmanuel Monfort, Maître de conférences en Psychologie, Université Grenoble Alpes (UGA)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2018312023-03-16T15:55:13Z2023-03-16T15:55:13ZAides à domicile : l’éthique d’un engagement professionnel digne d’être mieux reconnu<p>Le <a href="https://solidarites.gouv.fr/premiere-edition-de-la-journee-nationale-des-aides-domicile-le-17-mars-2023">17 mars 2023 est célébrée la première journée nationale consacrée aux 570 000 aides à domicile</a>, professionnels du soin et de l’accompagnement impliqués au quotidien auprès de personnes qui les accueillent dans leur « chez soi ». Leur mission relève d’un engagement méconnu, tant dans sa valeur que dans ses enjeux.</p>
<p>Il porte en effet une exigence d’éthique en termes de responsabilités assumées au service de personnes vulnérables dans la maladie, le handicap ou le vieillissement dans le contexte plus ou moins adapté du domicile. Il est nécessaire d’en saisir le caractère particulier du point de vue des compétences mobilisées et de l’esprit de sollicitude qui anime ces intervenants dans le cadre d’un rapport singulier, souvent solitaire, différent du travail en équipe au sein d’un établissement.</p>
<p>Cette affirmation d’une présence vigilante de la cité est incarnée par ces professionnels qui bénéficient trop rarement d’une juste considération et de conditions d’exercice tenant compte de la complexité de leurs missions.</p>
<p>Dans un document du 21 mars 2022, le <a href="https://travail-emploi.gouv.fr/actualites/l-actualite-du-ministere/article/les-metiers-du-soin-et-de-l-accompagnement-recrutent">ministère du Travail, du Plein emploi et de l’Insertion évoque « les métiers du soin et de l’accompagnement tournés vers l’autre »</a> :</p>
<blockquote>
<p>« Altruisme, solidarité, engagement, soutien, proximité sont autant de valeurs attachées à ces professions. Très estimés par les Français, indispensables à notre système de protection sociale, ces métiers “ont du sens”, à la fois pour le professionnel qui l’exerce, pour la personne dont il prend soin et pour chacune et chacun d’entre nous. »</p>
</blockquote>
<p>C’est toute la signification de cet hommage public : une reconnaissance de la valeur humaine et de l’importance sociale de cet exercice. La réflexion éthique appliquée aux réalités du domicile doit être menée avec la hauteur que demandent le « virage ambulatoire » en cours, l’approche novatrice du dispositif de l’« Ehpad au domicile » mais aussi la forte exigence des personnes qui souhaitent éviter les lieux collectifs pour vivre dans un environnement familier.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1635636352313171970"}"></div></p>
<p>Les <a href="https://www.cnsa.fr/documentation/cnsa_chiffres_cles_2022_access_exe_corrige-071022.pdf">chiffres clés de l’aide à l’autonomie présentés en 2022 par la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie (CNSA)</a> présentent une approche globale détaillée des besoins et de l’offre à domicile et en établissement.</p>
<h2>S’interroger sur les enjeux éthiques du soin au domicile</h2>
<p>Lors de la rédaction en 2016 du préambule de la <a href="https://www.espace-ethique.org/sites/default/files/Charte-A2016.pdf">Charte éthique & relation de soin au domicile</a>, je reprenais les points retenus après concertation avec des professionnels et des membres d’associations représentatifs de l’intervention soignante hors des murs d’une institution médicale ou médico-sociale.</p>
<p>Nous observions alors que le « chez-soi » est l’espace de l’intime, marqueur d’une histoire de vie, constitutif d’une identité. Il a également une fonction protectrice, d’autant plus essentielle lorsque les fragilités sont accentuées par toute sorte de dépendances. Y intervenir dans le contexte délicat de la maladie impose donc de ne pas transgresser des rythmes et un ordre établis, d’adopter une position retenue, discrète. Le domicile relève de la sphère privée garantie par l’article 8 de la <a href="https://www.echr.coe.int/documents/convention_fra.pdf">Convention européenne des droits de l’Homme</a> : « Toute personne a droit au respect de sa vie privée et familiale, de son domicile et de sa correspondance. » Il convient d’y respecter l’intégrité de la personne, ses secrets.</p>
<p>À domicile, la personne malade peut être seule ou bénéficier du soutien de proches et de réseaux relationnels préservés. Chaque situation nécessite une démarche personnalisée, adaptée, tenant compte du contexte – soumis aux évolutions d’une aggravation, voire d’une séparation ou d’un deuil qui peuvent imposer des décisions dans l’urgence. La relation de soin renforce alors les exigences du « colloque singulier », construit dans la confiance. La proximité doit concilier l’attention à l’autre, le respect de son autonomie et l’exigence d’une « juste présence », expression de la prévenance qui rassure sans qu’il y ait confusion : malgré sa proximité, un auxiliaire n’est pas membre de la famille.</p>
<p>Comment intervenir avec justesse et retenue, parvenir au respect réciproque des droits et devoirs de chacun ? Comment tenir compte de « l’aidant naturel », le proche, qui parfois vit difficilement cette présence quotidienne d’un tiers qui imposerait ses règles et, faute de vigilance, donnerait à penser qu’il outrepasse sa mission ? Les rôles de « l’ aimant » et de « l’aidant », selon la formule de Catherine Ollivet, sont distincts.</p>
<p>Le soin de la personne malade <a href="https://theconversation.com/prise-en-charge-des-personnes-agees-quel-role-pour-les-departements-177410">à son domicile se développe</a> du fait des évolutions des pratiques médicales, de l’avantage à limiter les périodes de séjour dans un établissement hospitalier et à favoriser l’autonomie de la personne affectée de maladies chroniques. L’<a href="https://www.service-public.fr/particuliers/vosdroits/F732">hospitalisation à domicile (HAD)</a> associe avec une même exigence l’ensemble des intervenants au service de cette dernière et de ses proches. Mais ce projet de soin hors les murs d’un établissement a pour limite la compatibilité du domicile avec les contraintes d’un suivi médicalisé et la capacité de professionnels à maintenir la continuité d’un accompagnement compétent. <a href="https://www.fnehad.fr/chiffres-cles/">En 2021, 158 000 personnes ont été suivies en HAD</a>.</p>
<p>Les droits de la personne malade à son domicile ne semblent cependant pas mobiliser autant que ceux de celle hospitalisée ou en établissement encadrés par nombre de chartes : ce qui ne manque pas d’interroger sur un déficit de principes et de règles claires. D’autant que le domicile peut-être un huis clos, un lieu exposé aux risques d’exactions et de maltraitances. Pour le professionnel qui les soupçonne ou en est le témoin, selon quels critères les signaler ? Évaluer les conséquences pour la personne de ce qui apparaîtra comme une dénonciation est complexe. La plus forte crainte de cette dernière n’est-elle pas de devoir quitter un domicile – même inconfortable et inhospitalier ?</p>
<p>Certains principes s’imposent comme cadre d’une éthique de l’intervention au domicile :</p>
<ul>
<li><p>le respect de la personne, de son histoire, de sa singularité, de son intimité, de ses préférences et de ses choix, mais aussi le souci de sa protection, de la sauvegarde de ses intérêts ;</p></li>
<li><p>une exigence de confidentialité, de discrétion, de neutralité et de non-jugement ;</p></li>
<li><p>une exigence de cohérence, de compétence et de concertation dans la mise en œuvre du dispositif d’intervention ;</p></li>
<li><p>le respect des professionnels intervenant dans un cadre et avec des objectifs précis, bénéficiant d’une formation, de soutiens et de moyens adaptés ;</p></li>
<li><p>la possibilité de recours à un réseau de compétences pour l’arbitrage des décisions complexes, notamment lorsque le domicile n’est plus adéquat à la qualité ou à la continuité d’un soin ou d’un accompagnement.</p></li>
</ul>
<p>Cette démarche doit tenir compte de l’évolution possible des circonstances, d’une capacité de vigilance et d’anticipation des situations de crise, de dilemmes en privilégiant le choix de la personne, son intérêt direct dans le cadre d’un arbitrage collégial.</p>
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<h2>Les difficultés propres des soins à domicile</h2>
<p>Le « retour au domicile » est souvent l’attente la plus pressante de la personne malade – retrouver son « chez soi », ses repères et le bien-être d’un cadre de vie insoumis aux contraintes de l’organisation d’un établissement. Encore est-il nécessaire qu’elle y dispose d’un contexte favorable.</p>
<p>Ce n’est pas toujours le cas. Les présences humaines, l’environnement social et la capacité d’une chaîne de soin continue, déterminent le recours à cette alternative à l’hospitalisation ou à la vie en établissement spécialisé.</p>
<p>Nos réponses ne sont pas à la hauteur des besoins et des attentes, tant d’un point de vue organisationnel qu’en termes de financement : la difficulté à bénéficier des prestations d’un réseau d’aide à domicile ainsi que le poids économique du « reste à charge » accentuent le sentiment de précarité et altèrent les conditions de vie au quotidien. <a href="https://evaluation.securite-sociale.fr/home/autonomie/232-garantir-un-reste-a-charge-p.html">Des dispositifs compensatoires sont toutefois accessibles à destination des personnes dont les ressources « sont les plus faibles »</a>.</p>
<p>Les contraintes inhérentes au suivi de certaines maladies aboutissent à ce que l’espace de vie se médicalise, de telle sorte que le domicile perd son identité pour ressembler à une dépendance de l’hôpital. La sphère privée se voit annexée par la succession d’interventions quotidiennes relevant de règles loin du rythme de vie de la personne. Comment la respecter dans son intimité lorsque le va-et-vient selon des logiques qui échappent à toute maîtrise la soumet à des décisions indifférentes à ses attentes essentielles ?</p>
<p>Les professionnels sont accueillis par la personne malade et la rencontrent dans son espace privé. Ce partage dans le contexte de l’intime modifie la nature de la relation de soin.</p>
<p>Cinq questions permettent de synthétiser nombre d’enjeux :</p>
<ul>
<li><p>Quels engagements réciproques, dans le cadre d’une alliance thérapeutique et soignante, contribuent à instaurer une relation de confiance avec des professionnels dont on accepte, par nécessité, qu’ils interviennent dans la sphère privée, parfois sur une longue durée ?</p></li>
<li><p>Quelle autorité peut exercer la personne, souvent vulnérable, sur l’intervenant qui parfois déroge aux règles imparties à sa mission sans qu’un contrôle réel soit effectué sur ses prestations ?</p></li>
<li><p>De quelle manière préserver la confidentialité alors que de multiples professionnels aux statuts différents partagent des informations sensibles et sont amenés à déterminer des stratégies – parfois par défaut, du fait de carences dans la coordination – trop souvent sans y associer la personne ?</p></li>
<li><p>De quelles limitations convenir, afin d’éviter le sentiment d’envahissement, accentuant les vulnérabilités et dépendances de la personne, de sa faculté de décider chez elle de ce à quoi elle aspire pour elle et par respect de ses proches ?</p></li>
<li><p>Cet espace protecteur qu’est le domicile ne se trouve-t-il pas destitué de son caractère propre, de ce qu’il représente de personnel et de précieux ?</p></li>
</ul>
<h2>Comment anticiper et respecter la volonté propre de la personne ?</h2>
<p>Pour les professionnels du domicile, le défi est d’assurer cohérence et continuité du projet de soin, de situer la personne malade au centre des décisions alors que nombre d’injonctions parfois contradictoires doivent être conciliées dans un cadre d’intervention doté de moyens parfois dégradés.</p>
<p>Dans un contexte où prévalent impératif temps et rentabilité, les prestations peuvent être réduites « à l’essentiel », au détriment de la qualité relationnelle. L’attente à ce niveau est pourtant souvent d’autant plus forte qu’est éprouvé un sentiment d’isolement social. Devoir ainsi s’adapter, réexpliquer sans fin, vérifier que la transmission des informations s’est faite, attendre en cas de retard ou être réveillé brusquement lorsque le planning est modifié… Voilà autant de difficultés qui accentuent la sensation de dépendance et abrasent la qualité de vie, provoquant une forme de résignation ou d’usure qui suscitent une souffrance pouvant devenir insupportable.</p>
<p>Certains choix s’imposent dans le parcours de soin au domicile : une hospitalisation en urgence, l’orientation vers une structure spécialisée, voire vers un établissement d’hébergement. Selon quels critères et avec quelle concertation envisager une prise de décision complexe dans ce cadre ? Comment anticiper et respecter la volonté de la personne malade, y compris s’agissant de sa fin de vie « là où elle a toujours vécu » ?</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Une jeune femme aide une personne âgée à faire ses courses (affiche officielle de la journée)" src="https://images.theconversation.com/files/515442/original/file-20230315-18-n09gk0.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/515442/original/file-20230315-18-n09gk0.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=200&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/515442/original/file-20230315-18-n09gk0.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=200&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/515442/original/file-20230315-18-n09gk0.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=200&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/515442/original/file-20230315-18-n09gk0.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=252&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/515442/original/file-20230315-18-n09gk0.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=252&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/515442/original/file-20230315-18-n09gk0.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=252&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">L’aide à domicile doit trouver la bonne distance avec la personne qui sollicite ses services, ce qui est complexe.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Ministère des Solidarités, de l’autonomie et des personnes handicapées</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Éviter que le domicile soit un lieu d’enfermement médicalisé</h2>
<p>La relation avec les proches a ses spécificités, dès lors que le conjoint ou un membre de la famille peuvent se trouver en position de suppléer à l’absence de l’intervenant professionnel, voire de coordonner le dispositif des prestations. Entre « aidant naturel » et « aidant professionnel » les approches peuvent diverger. Chacun aspire à être reconnu dans sa légitimité et son champ de compétence.</p>
<p>Selon la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES), <a href="https://drees.solidarites-sante.gouv.fr/sites/default/files/2020-07/2019_infographie_aidants_des_personnes_agees_0.pdf">3,9 millions d’aidants apportent leur soutien à un proche à domicile</a>.</p>
<p>Préserver une position loyale n’est pas toujours aisé. Il en va de même du point de vue de la neutralité en cas de conflits familiaux ou d’appréciations contradictoires. On sait l’impact parfois péjoratif de l’évolution d’une relation au sein d’un couple qui se dénature au point de ne plus apparaître que dans un rapport au soin. Les professionnels doivent tenir compte de l’état de santé, de la fatigue ou de la lassitude du/des proche(s) dont dépend le bien-être de la personne malade.</p>
<p>Comment préserver une position professionnelle de neutralité dans un contexte parfois exposé, et maintenir comme préoccupation supérieure l’intérêt de la personne malade ?</p>
<p>Alors que la position du proche fait l’objet d’attentions fortes, et que sa fonction et ses compétences sont valorisées, il convient de ne pas le contraindre à un rôle qu’il pourraient ne pas souhaiter assumer et de ne pas surhausser l’importance de ses conceptions et de ses choix au regard des droits de la personne malade. Lorsque l’autonomie est affectée, le conjoint est souvent le seul interlocuteur. Et lorsque la personne malade est dans l’impossibilité de communiquer directement, il est parfois assigné à se substituer à elle en tout ce qui la concerne au quotidien. Quelles relations établir entre proche et professionnel dans le contexte chaotique d’un accompagnement vécu dans ses conséquences traumatisantes ? Ces moments impliquent l’intervenant dans un champ d’engagement et de responsabilités d’une ampleur difficilement soupçonnable. On saisit mieux ainsi la valeur de leur engagement éthique, et ce que nous avons à apprendre de leur expérience.</p>
<p>Au moment où les politiques de santé publique visent à renforcer les dispositifs de proximité, les séjours d’hospitalisation en ambulatoire, les conditions du soin et de l’accompagnement au domicile justifient une réflexion collective.</p>
<p>Comment éviter que le domicile soit un lieu médicalisé, relégué, désocialisé et l’intégrer à la vie dans la cité ? Quelle place accorder aux temps dits de « répit », pour des moments alternatifs hors de chez soi, favorables à l’ouverture sur d’autres perspectives de vie au-delà de la maladie ? Quelles solidarités et quelles innovations concevoir au rang de nos urgences et de nos devoirs à l’égard des personnes vulnérables dans la maladie, les handicaps ou le vieillissement, de leurs proches – et tout autant des intervenants professionnels auprès d’eux ?</p>
<p>À propos du grand âge, le <a href="https://www.senat.fr/rap/r20-453/r20-4531.pdf">rapport sénatorial d’information sur la prévention et la perte d’autonomie du 17 mars 2021</a> propose une analyse approfondie de la réalité et des besoins en termes de dispositifs à faire évoluer ou à inventer pour un « bien vieillir » à domicile.</p>
<p>Le constat est évident : vivre la vulnérabilité et la perte de l’autonomie parmi les siens ou dans la solitude au domicile n’est possible que dans le cadre de solidarités auxquelles contribuent des intervenants professionnels voire les membres d’associations. Ils apportent leurs compétences et esprit d’engagement au plus près de la personne, dans son espace privé mais en relation avec un environnement qui permet de faire société.</p>
<p>Il est évident que les professionnels de l’aide au domicile sont nos vigiles, délégués à une éminente fonction qui préserve le lien social là où il risque de rompre en ce qui parfois est assimilé à une forme d’isolement, une certaine « mort sociale ».</p>
<p>Leur consacrer une journée d’hommage est important si nous comprenons mieux leur mission si spécifique, et ce dont elle témoigne en termes de valeurs sociales. Mais également ce qu’elle aurait de partielle et d’insatisfaisant si nous ne comprenons pas que celles et ceux qu’ils accompagnent ont choisi comme domicile nous seulement leur « chez soi » mais aussi notre « chez nous ». Il convient de leur permettre de comprendre que leur domicile est aussi notre société, qu’une juste place leur est reconnue parmi nous. Ces « professionnels du domicile » sont à cet égard de précieux médiateurs, tisserands du lien là où il nous lie à la vie.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/201831/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Emmanuel Hirsch ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>La fonction d’aide à domicile fait partie des plus sous-estimées aujourd’hui. Centrale, au cœur de nombreux enjeux éthiques, elle est pour la première fois mise en avant lors d’une journée nationale.Emmanuel Hirsch, Professeur d'éthique médicale, Université Paris-SaclayLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2009582023-03-05T16:50:15Z2023-03-05T16:50:15ZL’emploi des seniors : une culture des âges à faire évoluer ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/512922/original/file-20230301-20-g8wehi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C2%2C1920%2C1273&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Plutôt que de vouloir chasser les seniors de la vie active, l'OCDE propose de mettre en avant leur capacité à mener une vie productive, « au bénéfice tant de l’individu que de la collectivité ».</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://pixabay.com/fr/photos/mains-vieille-dactylographie-545394/">Steve Buissine / Pixabay</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><p>La France reste loin de la moyenne de l’Union européenne en termes de taux d’emploi des seniors. Avec <a href="https://dares.travail-emploi.gouv.fr/publication/les-seniors-sur-le-marche-du-travail-en-2021">56 %</a> des personnes âgées de 55 à 64 ans en emploi en 2021, le pays pointe au seizième rang des 27, dont la moyenne est à 60,5 %. Ce taux étant calculé sur la population totale (et non sur les seuls actifs comme l’est le calcul du taux de chômage), une explication à cela réside dans le fait que l’âge de départ à la retraite y est des plus « jeunes » : 62 ans.</p>
<p>En quelques années, après l’abaissement de l’âge de départ de 65 ans à 60 ans en 1982, un nouveau modèle d’emploi semble s’être mis en place en France. Une seule génération (30-54 ans) se devait d’être au travail avec l’idée qu’il fallait, par tous les moyens, d’un côté inciter les jeunes à se former et de l’autre, évincer les « seniors » de l’emploi.</p>
<p>Dès 1998, l’OCDE propose toutefois une <a href="https://www.oecd-ilibrary.org/economics/maintaining-prosperity-in-an-ageing-society_9789264163133-en">autre stratégie</a> d’action. Plutôt que de considérer directement l’âge, il s’agirait plutôt de proposer une gestion des parcours et des temps sociaux avec l’avancée en âge. Plutôt que de parler de « senior », on parlera alors de <a href="https://www-cairn-info.ezproxy.universite-paris-saclay.fr/revue-retraite-et-societe1-2013-2-page-17.htm">« vieillissement actif »</a>. Est mis en avant « la capacité des personnes avançant en âge à mener une vie productive dans la société et l’économie au bénéfice tant de l’individu que de la collectivité ». En 2001, le <a href="https://www.consilium.europa.eu/uedocs/cms_data/docs/pressdata/fr/ec/00100-r1.%20ann-r1%20cor2.f1.html">Conseil européen</a>, réuni à Stockholm, précise de nouveaux objectifs, en lien avec la <a href="https://www.europarl.europa.eu/summits/lis1_fr.htm">stratégie dite « de Lisbonne »</a> établie un an auparavant. Est visé un taux d’emploi global de 70 % pour 2010, 50 % pour les 55-64 ans.</p>
<p>Le bilan global semble un échec. En 2013, l’<a href="https://www-cairn-info.fr/revue-retraite-et-societe1-2013-2-page-17.htm">analyse comparative</a> menée par la sociologue Anne-Marie Guillemard mettait déjà en évidence une grande disparité entre les pays membres à la fois dans leur capacité à maintenir les seniors sur le marché du travail et dans la mise en œuvre d’un vieillissement actif en emploi. Elle établissait que les trajectoires professionnelles différenciées de fin de carrière et les capacités des seniors à durer en emploi dépendaient des options de politiques de protection sociale, d’emploi et de formation retenues. Les options choisies révèlent en fait des cultures vis-à-vis de l’âge différentes selon les pays, élément que nous souhaiterions mettre en perspective dans les débats actuels.</p>
<h2>Comment inclure, comment indemniser ?</h2>
<p>La même auteure a proposé une <a href="https://www-cairn-info.ezproxy.universite-paris-saclay.fr/les-defis-du-vieillissement--9782200249205-page-101.htm">typologie</a> culturelle de la façon dont est saisie la question des deuxièmes parties de carrière. Quatre groupes s’y articulent selon deux dimensions : le niveau d’indemnisation du non-travail et les politiques d’inclusion ou d’exclusion des actifs vieillissants du marché de l’emploi.</p>
<p><iframe id="WkKHt" class="tc-infographic-datawrapper" src="https://datawrapper.dwcdn.net/WkKHt/1/" height="400px" width="100%" style="border: none" frameborder="0"></iframe></p>
<p>La culture de la « régulation par le marché du travail » se retrouve notamment dans les pays anglo-saxons, où les actifs vieillissants sans ressources financières n’ont pas d’autre choix que de se maintenir sur le marché du travail. Ils subissent alors de plein fouet la conjoncture du marché du travail. La possibilité de se maintenir ou le rejet est fonction du niveau de l’offre et de la demande de la main d’œuvre.</p>
<p>La « culture du devoir d’activité et du maintien en emploi », elle, se retrouve particulièrement au Japon où les salariés vieillissants bénéficient de plusieurs opportunités de maintien sur le marché du travail. C’est la catégorie qui correspond le plus à l’application du concept de vieillissement actif au sens de l’OCDE. Les hommes japonais sortaient ainsi du marché du travail en 2020 à un <a href="https://stats.oecd.org/OECDStat_Metadata/ShowMetadata.ashx?Dataset=PAG&Lang=fr">âge moyen de 68,2 ans</a>, le plus élevé des pays de l’OCDE avec la Nouvelle-Zélande.</p>
<p>Les pays scandinaves ainsi que les Pays-Bas sont ceux qui correspondent le mieux à la « culture du droit au travail à tout âge ». Le modèle propose des programmes préventifs de maintien de l’employabilité et de la capacité de travail. Des actions de réinsertion et de réhabilitation sont proposées à tous les âges permettant de se maintenir au travail.</p>
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<p>La France, elle, avec un niveau d’indemnisation élevé du risque de non-travail associé à une politique d’exclusion des actifs vieillissants du marché du travail, semble davantage touchée par une « culture de la sortie précoce ». Présente sur plusieurs décennies, elle a établi une norme, une sorte de privilège dont chaque actif vieillissant souhaite profiter comme ses prédécesseurs. Le niveau élevé et la durée des indemnités du non-travail contribuent à la réduction de l’offre de travail pour les actifs vieillissants. L’inactivité et le chômage sont finalement incités et accompagnés par les pouvoirs publics et les employeurs.</p>
<h2>L’image des seniors à valoriser</h2>
<p>Deux cultures des âges apparaissent les plus appropriées pour faire face au vieillissement de la population et atteindre l’équilibre des finances publiques : celles « du droit à tout âge » et « du devoir d’activité et du maintien en emploi ». Ces cultures suggèrent une approche d’inclusion, qui consiste à prévenir et organiser le travail des actifs vieillissants. L’idée est de favoriser le maintien des capacités à tout âge et la prolongation de la période active. Il s’agit de valoriser l’emploi des seniors alors que, en France, l’<a href="https://theconversation.com/valoriser-lemploi-des-seniors-le-prealable-oublie-de-la-reforme-des-retraites-197141">image des seniors</a> est souvent associée à une charge économique, un problème de cohésion interne et un risque de productivité.</p>
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<p>Les dernières <a href="https://acompetenceegale.com/wp-content/uploads/2022/10/ETUDE_EMPLOI_SENIORS_A-COMPETENCE-EGALE116007.pdf">études</a> sur la représentation des seniors mettent en lumière les principaux freins perçus tant par les candidats que les recruteurs : l’âge, leurs prétentions salariales, leur adaptabilité, leur flexibilité, leur familiarité avec les nouvelles technologies et enfin la fragilité de leur santé. La discrimination des candidats âgés à l’embauche générerait même une forme d’<a href="https://theconversation.com/seniors-comment-travailler-plus-longtemps-quand-personne-ne-vous-recrute-plus-198464">« invisibilisation »</a>.</p>
<p>Comment passer en France d’une culture d’exclusion du marché de l’emploi des actifs vieillissants à une culture d’inclusion ? Ce changement de paradigme nécessite une stratégie multidimensionnelle qui, au-delà de la réforme en débat, implique autant les politiques publiques que les organisations. Cette révolution culturelle des mentalités s’opère lentement et nécessite la réforme des modalités d’attribution et des niveaux d’indemnisation du non-travail ainsi qu’un changement de représentation à l’égard des actifs vieillissants. Ce dernier passera par la diffusion des bonnes pratiques organisationnelles facilitant l’amélioration de la qualité de vie et des conditions de travail pour tous, objet de nos <a href="https://www.researchgate.net/publication/273526922_Assessment_and_improvement_of_employee_job-satisfaction_a_full-scale_implementation_of_MUSA_methodology_on_newly_recruited_personnel_in_a_major_French_organisation">travaux passés</a> et à venir.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/200958/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Bérangère Gosse est membre du bureau de l'association Référence RH et de la commission QVCT de l'ANDRH Rouen. </span></em></p>Quatre types culturels d’accompagnement des fins de carrière ont pu être identifiés dans les pays développés et le modèle français ne semble pas le plus approprié au contexte démographique.Bérangère Gosse, Maître de conférences en GRH, IAE Rouen Normandie - Université de Rouen NormandieLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1976402023-02-09T23:41:56Z2023-02-09T23:41:56ZSilence, déclassement et dépendance : la vie des personnes âgées vivant avec le VIH au Sénégal<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/506615/original/file-20230126-35203-3amwxg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C0%2C1288%2C598&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Réunion de personnes âgées organisée par le Conseil national des Aînés du Sénégal, sur le rôle des aidants dans la prise en charge des maladies chroniques à Dakar, 2023.
</span> <span class="attribution"><span class="source">S. Sagne, CNAS</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span></figcaption></figure><p>En Afrique, grâce à l’efficacité des traitements antirétroviraux (ARV) qui ont été généralisés à partir des années 2000, de plus en plus de personnes vieillissent avec le VIH. On estime que le nombre de personnes vivant avec le VIH âgées de plus 50 ans devrait tripler d’ici 10 ans, et atteindre <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/28831864/">6 à 10 millions en Afrique sub-saharienne</a>. Elles subissent les effets physiologiques universels du vieillissement, cumulés avec ceux des traitements médicamenteux et de l’infection virale sur le long terme. Vieillir avec le VIH en Afrique devient une expérience – somatique et sociale, individuelle et collective – de plus en plus fréquente.</p>
<p>Le Sénégal fut le <a href="https://horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/divers20-10/010064279.pdf">premier pays d’Afrique francophone</a> à avoir rendu disponibles les antirétroviraux (ARV), dès 1998. En 2022, les personnes âgées de plus de 50 ans vivant avec le VIH (PAVVIH) représentent plus du tiers des 31 637 personnes traitées. Certaines le sont depuis plus de 20 ans.</p>
<p>Comment ces personnes et leurs proches vivent-ils le vieillissement avec le VIH ? Comment la société gère-t-elle leur santé ? Une étude anthropologique <a href="https://crcf.sn/grand-age-et-vih-au-cameroun-et-au-senegal-anthropologie-du-vieillissement-et-de-la-maladie/">« Grand âge et VIH »</a> est actuellement en cours à Dakar et à Yaoundé (Cameroun) auprès de personnes âgées de plus de 70 ans, vivant avec de VIH, de leurs proches et des soignants pour analyser le vécu et les perceptions du vieillissement avec le VIH. Les premiers résultats de l’étude à Dakar sont ici présentés.</p>
<h2>Vivre avec le VIH dans la longue durée</h2>
<p>« On vit avec ça, cela ne nous pose plus de problème, on s’est habitué, on oublie presque que l’on est malade », déclare Aminata, âgée de 70 ans, qui reçoit un traitement antirétroviral depuis 21 ans (tous les prénoms sont fictifs).</p>
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<p>Dans les années 2000, la prise des traitements contre le VIH était très contraignante. Le nombre des comprimés était élevé – jusqu’à 20 comprimés par jour – et certains traitements avaient des effets secondaires éprouvants. Vingt ans après, ces traitements, rendus gratuits, ont été simplifiés et se résument souvent à la prise quotidienne d’un seul comprimé. Généralement dépistées alors qu’elles étaient dans un état grave, ces personnes ont retrouvé santé et vie « normale » ; certaines se qualifient de « survivantes ». Elles font preuve d’une très bonne adhésion aux soins et au traitement ARV.</p>
<p>Mais avec l’âge, elles sont confrontées à diverses pathologies liées au vieillissement qui surviennent plus précocement que chez les personnes non infectées par le VIH. Les plus fréquentes sont l’hypertension artérielle, le diabète et leurs complications (maladies cardiaques, oculaires, AVC, etc.) Ces maladies complexifient leur suivi médical et les contraignent à fréquenter diverses structures de santé, en plus de leur visite semestrielle pour le VIH. Certaines PAVVIH témoignent de difficultés à suivre les traitements pour ces autres maladies qu’elles jugent moins prioritaires, d’autant que les médicaments sont souvent coûteux.</p>
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<h2>Secret, silence, partage</h2>
<p>Au moment du diagnostic, les personnes se sont parfois confiées à quelques proches : le conjoint, la personne qui les accompagnait aux consultations ou qui finançait les soins. Par la suite, rares sont celles qui l’ont révélé à d’autres personnes.</p>
<p>D’une manière générale, les personnes considèrent que « le VIH est une maladie qu’il ne faut pas divulguer », car « cette maladie n’est pas jolie ». La crainte d’un jugement moral sur les circonstances de la contamination demeure le principal motif du maintien du secret. En 2022, le VIH demeure une maladie stigmatisante.</p>
<p>Les femmes âgées vivant avec le VIH sont souvent veuves parce que leur conjoint est décédé du VIH et en raison de la différence d’âge liée au contexte de polygamie. Elles subissent une pression au remariage de la part de la famille et de la société, mais peu d’entre elles acceptent de se remarier, de crainte que leur nouveau conjoint divulgue leur maladie.</p>
<p>Les enfants des PAVVIH sont également peu informés, même si ce sont des adultes. « Je vis comme si je n’avais pas cette maladie, je la garde pour moi, même à mes enfants, je n’ai rien dit » témoigne Ibrahima, âgé de 72 ans ; d’autres s’accommodent d’une forme de non-dit : « Je n’ai jamais discuté de la maladie avec mes enfants ; ils savent parce qu’en 2000 c’est ma fille aînée qui m’accompagnait à l’hôpital, mais je n’ai jamais fait face à eux pour en parler », explique Ousseynou, 84 ans, traité par ARV depuis 22 ans. Ces réticences sont majorées chez les personnes dépistées à un âge avancé, en raison du tabou portant sur la sexualité des personnes âgées.</p>
<p>Mais la survenue d’incapacités fonctionnelles (cécité, difficultés à se déplacer, etc.) nécessitant une aide pour les activités quotidiennes (prise des médicaments ou trajets pour les consultations) oblige à revoir ces choix. Au mieux, l’annonce à l’un des enfants clarifie un non-dit ou suscite une sollicitude ; mais parfois, cela ravive des conflits anciens et des accusations de dissimulation.</p>
<h2>Déclassement économique et précarité</h2>
<p>Avec l’avancée en âge, l’arrêt de toutes activités professionnelles se traduit pour la majorité des personnes âgées par une diminution majeure de leurs ressources économiques. Au Sénégal, seules 24 % des personnes de plus de 60 ans ont une pension de retraite, au montant souvent modeste, le <a href="https://www.cairn.info/revue-sante-publique-2016-1-page-91.htm?ref=doi">minimum étant de 53 € par mois</a>. À travers les dispositifs de réversion, les veuves reçoivent des pensions encore plus faibles, notamment dans les cas de partage lié à la polygamie.</p>
<p>Les personnes qui avaient une activité professionnelle dans le secteur informel, et qui n’ont plus de revenu, constatent avec inquiétude l’érosion de leur capital économique. Certaines se retrouvent contraintes à des déménagements successifs qui les repoussent progressivement vers la périphérie urbaine pour trouver des loyers moins onéreux.</p>
<p>Les PAVVIH tentent de travailler tant que leur condition physique le leur permet, afin de repousser le moment où elles n’auront plus d’autonomie économique. Cette perte d’autonomie se traduit pour toutes par un déclassement économique et par l’exacerbation de situations de précarité et de dépendance qui ont un impact direct sur leur santé physique et psychologique.</p>
<p>Dans le même temps, leurs dépenses de santé augmentent. En effet, au Sénégal, si les médicaments ARV et certains examens biologiques sont gratuits depuis 2003, une partie des coûts des soins liés au VIH et ceux des autres maladies sont supportés par les patients. Or la moitié des PAVVIH présentent au moins une comorbidité qui nécessite un traitement régulier. <a href="https://theconversation.com/au-senegal-quelle-couverture-de-sante-des-personnes-agees-souffrant-de-diabete-et-dhypertension-174180">Une étude réalisée en 2021 à Dakar</a> évalue entre 34 et 40 € le reste à charge d’une consultation pour des patients âgés présentant une hypertension artérielle ou un diabète, ce à quoi s’ajoutent les coûts du transport pour se rendre dans les structures de soins. Alors que le dispositif de protection sociale prévu pour les plus de 60 ans – le <a href="https://www.agencecmu.sn/plan-sesame-0">Plan Sésame</a> – fonctionne mal, ces dépenses de santé constituent souvent un véritable casse-tête pour les PAVVIH et leur famille.</p>
<h2>Dépendance</h2>
<p>Le manque de ressources place les personnes âgées, et notamment les PAVVIH, en situation de dépendance économique à l’égard de leurs proches. Les aides dont elles peuvent bénéficier sont fonction de la nature et de la qualité des liens, une forme d’héritage des relations familiales sur l’ensemble de leur vie.</p>
<p>Les personnes le plus souvent sollicitées sont les enfants, les frères et sœurs utérins, puis les descendants indirects (neveux et nièces) ; moins souvent, des relations amicales anciennes ou des parents aisés plus éloignés ; plus rarement encore, le voisinage. Les PAVVIH déploient parfois toute une stratégie pour éviter la honte de devoir quémander (la <a href="https://www.cairn.info/revue-autrepart-2015-1-page-181.htm">sutura</a>) et ne pas solliciter trop souvent les proches au risque de les « fatiguer ».</p>
<p>« Je vis avec l’aide des gens et la grâce divine », reconnaît Habib, 84 ans, traité depuis 20 ans qui précise que ce sont ses voisins qui financent le déplacement pour se rendre à l’hôpital (2 €). Le code d’honneur est souvent évoqué : « Mon fils gère la vie dans la maison : s’il me donne, je vais prendre, mais ma dignité ne me permet pas de lui demander. »</p>
<p>Au Sénégal, la cohabitation intergénérationnelle est fréquente, la taille moyenne des ménages étant de dix personnes. Cette situation peut favoriser une entraide au bénéfice des personnes âgées. Mais les difficultés d’accès à l’emploi conduisent souvent à ce que ce soient les personnes âgées disposant d’une pension de retraite qui entretiennent la maisonnée. Il leur faut alors choisir entre les dépenses familiales et celles concernant leurs dépenses médicales, souvent au détriment de leur santé.</p>
<h2>Une entrée « digne » dans les rôles sociaux du grand âge avec le VIH</h2>
<p>Les PAVVIH ne vivent heureusement pas toutes dans des situations dramatiques. Notre étude a permis d’identifier les conditions favorisant une entrée « digne », pour les personnes vivant avec le VIH, dans les rôles sociaux du grand âge.</p>
<p>Fatou, 74 ans, veuve, est traitée par ARV depuis 2006 ; elle habite avec ses deux fils, ses belles-filles et cinq petits-enfants scolarisés. Seul son fils aîné est informé de sa maladie. Elle dit vivre une vieillesse heureuse. Ses enfants la prennent en charge et elle s’occupe de ses petits-enfants : « Je ne fais rien comme activité à part garder mes petits-enfants qui me tiennent compagnie, je suis la « yaay » (mère de famille) ».</p>
<p>Dans le contexte actuel de dépendance économique de la plupart des PAVVIH, ces rôles sociaux sont rendus possibles lorsque leurs enfants sont socialement insérés, à travers un emploi et des revenus stables. Ils peuvent alors se répartir la prise en charge financière de leurs parents ; en retour, ceux-ci peuvent s’investir dans leur rôle au sein de la famille ou de la communauté.</p>
<p>À défaut du soutien familial, il est de la responsabilité collective d’assurer une vie digne aux PAVVIH. Des associations de personnes vivant avec le VIH commencent à se mobiliser en faveur de leurs ainés. Plus largement, des collectifs comme le <a href="http://archives.aps.sn/article/144413?lightbox%5Bwidth%5D=75p&lightbox%5Bheight%5D=90p">Conseil national des Ainés du Sénégal</a> militent pour un meilleur fonctionnement du Plan Sésame et la création d’un minimum vieillesse pour les personnes démunies. Au Sénégal, les personnes de plus de 60 ans ne représentent que 6 % de la population. Dans un pays où le <a href="https://www.cairn.info/revue-gerontologie-et-societe-2019-1-page-85.htm">grand âge est valorisé</a>, s’occuper des aînés devrait être l’une des valeurs cardinales d’une société solidaire, tout comme cela devrait l’être dans le reste du monde.</p>
<hr>
<p><em>Le projet <a href="https://crcf.sn/grand-age-et-vih-au-cameroun-et-au-senegal-anthropologie-du-vieillissement-et-de-la-maladie/">« Grand âge et VIH au Cameroun et au Sénégal, anthropologie du vieillissement et de la maladie »</a> est financé par Sidaction-Ensemble Contre le Sida. Les investigateurs principaux sont au Cameroun : Laura Ciaffi, Marie-José Essi, Antoine Socpa ; au Sénégal : Gabrièle Laborde-Balen, Khoudia Sow, Bernard Taverne ; au Sénégal, les enquêtes ont été réalisées par Seynabou Diop, Catherine Fall et Marcel Ndiana Ndiaye</em>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/197640/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Gabriele Laborde-Balen a reçu des financements de Sidaction-Ensemble Contre le Sida, Expertise France, ANRS I Maladies Infectieuses Emergentes</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Bernard Taverne a reçu des financements de Sidaction-Ensemble Contre le Sida, Expertise France, ANRS I Maladies Infectieuses Emergentes</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Khoudia Sow a reçu des financements de Sidaction-Ensemble Contre le Sida, Expertise France, ANRS I Maladies Infectieuses Emergentes.</span></em></p>Au Sénégal, le VIH reste largement tabou, ce qui a un impact direct sur les personnes qui en sont porteuses, et particulièrement sur les seniors.Gabriele Laborde-Balen, Anthropologue, Centre Régional de Recherche et de Formation à la prise en charge Clinique de Fann (CRCF, Dakar), Institut de recherche pour le développement (IRD)Bernard Taverne, Anthropologue, médecin, Institut de recherche pour le développement (IRD)Khoudia Sow, Chercheuse en anthropologie de la santé (CRCF)/TransVIHMI, Institut de recherche pour le développement (IRD)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1984642023-01-30T19:06:17Z2023-01-30T19:06:17ZSeniors : comment travailler plus longtemps quand personne ne vous recrute plus ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/507075/original/file-20230130-18-jfvv4y.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C0%2C5784%2C3850&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Une personne ayant entre 48 et 55 ans a trois fois moins de chance d'être rappelée pour un entretien qu'un 23-30 ans.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.pexels.com/fr-fr/photo/personne-femme-telephone-mobile-depression-8871524/">Pexels/Kampus</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span></figcaption></figure><p>Il est impossible d’avoir un débat pertinent sur la réforme du système de retraites sans prendre en compte la difficulté française à employer des travailleurs âgés. Les mesures déjà prises pour inciter au maintien en emploi ou au recrutement des seniors ont été très insuffisantes : comme le montrent plusieurs <a href="https://populationandeconomics.pensoft.net/article/49760/">comparaisons internationales</a>, les <a href="https://journals.sagepub.com/doi/abs/10.1177/0146167220950070?journalCode=pspc">stéréotypes négatifs vis-à-vis des seniors</a> sont particulièrement forts en France.</p>
<p>La France fait partie des pays où la population a le plus <a href="https://conseil-recherche-innovation.net/articles/les-tests-d%E2%80%99associations-implicites">d’a priori négatifs inconscients</a> à l’encontre des seniors : elle se classe <a href="https://journals.sagepub.com/doi/abs/10.1177/0146167220950070?journalCode=pspc">61ᵉ sur 68 pays</a>. Cet <a href="https://theconversation.com/la-pandemie-de-Covid-19-a-aggrave-lagisme-dans-notre-societe-168460">âgisme</a> ne peut rapidement changer, ni être aisément surmonté. Le rejet des seniors est considérable lors des embauches, et cette discrimination perdure d’autant qu’elle est fréquemment passée sous silence ou considérée comme compréhensible et acceptable.</p>
<p>Cette vision négative des salariés âgés, notamment de leur performance au travail, est profondément injuste car les <a href="https://academic.oup.com/workar/article/8/2/208/6574297?login=false">travaux scientifiques en psychologie la contredisent</a>. Par exemple, les seniors ne sont <a href="https://bpspsychub.onlinelibrary.wiley.com/doi/abs/10.1111/joop.12031">pas moins créatifs</a> et pas plus <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/abs/10.1111/peps.12003">rétifs aux changements</a>. Malgré <a href="https://theconversation.com/les-seniors-sont-plus-nombreux-que-jamais-a-creer-des-entreprises-voici-leurs-cinq-grandes-motivations-163477">ces qualités</a>, en entreprise, les seniors se sentent stigmatisés.</p>
<h2>L’âgisme français et la stigmatisation au travail</h2>
<p>En France, 78 % des salariés ont le sentiment d’avoir une caractéristique qui peut les marginaliser ou les pénaliser au travail. En 2022, après l’origine sociale (citée par 22 % des salariés), c’est le <a href="https://www.medef.com/uploads/media/default/0019/100/14755-guide-synthese-barometre-diversite-2022.pdf">fait d’être senior</a> qui est le plus mentionné (21 %).</p>
<p>Au-delà des moqueries, des mises à l’écart ou du harcèlement, la moitié des salariés craignent d’être un jour victime de discrimination au travail. La <a href="https://www.medef.com/uploads/media/default/0019/100/14755-guide-synthese-barometre-diversite-2022.pdf">première crainte</a> pour ceux-ci est de très loin l’âge (43 % l’indiquent), devant l’apparence (23 %), le diplôme (23 %) puis le sexe (21 %).</p>
<p>Cette inquiétude est compréhensible quand on observe la catastrophe que représente pour eux la perte d’emploi. À cause de leur âge chronologique et souvent de leur apparence physique, il leur sera en effet <a href="https://www.researchgate.net/publication/278683210_Looking_Too_Old_How_an_Older_Age_Appearance_Reduces_Chances_of_Being_Hired">difficile de retrouver un travail</a>. Sauf à être proche de la retraite, ils risquent en cas de chômage de longue durée de perdre leurs indemnités (les <a href="https://www.unedic.org/indemnisation/vos-questions-sur-indemnisation-assurance-chomage/jai-plus-de-50-ans-y-t-il-des">durées d’indemnisation</a> des plus de 50 ans ont été réduites en 2022). Une crainte d’autant plus grande que pour quatre recruteurs sur dix on est déjà <a href="https://acompetenceegale.com/wp-content/uploads/2022/10/ETUDE_EMPLOI_SENIORS_A-COMPETENCE-EGALE116007.pdf">senior à 45 ans, voire à 40 ans</a>.</p>
<h2>La discrimination des seniors au recrutement</h2>
<p>La difficulté des seniors à retrouver un emploi est parfaitement identifiée par les Européens et les Français : ils considèrent qu’avoir plus de 55 ans est le <a href="https://op.europa.eu/en/publication-detail/-/publication/d629b6d1-6d05-11e5-9317-01aa75ed71a1">premier motif de rejet lors des embauches à compétences égales</a>.</p>
<p>Le Défenseur des Droits a montré que l’âge est le <a href="https://www.defenseurdesdroits.fr/sites/default/files/atoms/files/ddd_etu_20140201_barometreoit_etudes.pdf">premier critère de discrimination</a> dont considèrent être victimes les demandeurs d’emploi (35 % des chômeurs discriminés disent l’être pour ce motif), devant l’apparence physique (25 %) et l’origine (20 %). Avoir plus de 55 ans est rarement un atout pour trouver un travail. Après le fait d’être enceinte, c’est le critère le plus rédhibitoire aux yeux des salariés comme des chômeurs (<a href="https://juridique.defenseurdesdroits.fr/doc_num.php?explnum_id=7975">8 salariés et 9 demandeurs d’emploi sur 10 le déclarent</a>).</p>
<p>Par ailleurs, les seniors sont fréquemment discriminés pour des motifs liés au vieillissement comme la prise de poids, les problèmes de santé ou le handicap. Ceux-ci ont un fort impact sur les <a href="https://www.ifop.com/wp-content/uploads/2018/03/2939-1-study_file.pdf">chances d’embauche</a>. L’apparence physique, et en particulier le poids, est le deuxième critère de discrimination à l’embauche. Or, la prise de poids est très corrélée à l’âge. <a href="https://www.odilejacob.fr/catalogue/sciences-humaines/anthropologie-ethnologie/societe-du-paraitre_9782738134325.php">Jeunesse, beauté et bonne santé</a> sont valorisés en emploi. Il faut examiner ensemble ces facteurs aggravants pour comprendre les obstacles rencontrés par les seniors lors des recrutements.</p>
<h2>Un ressenti corroboré par les faits</h2>
<p>Le nombre des demandeurs d’emploi de plus de 50 ans a nettement augmenté, passant de 312 000 en 2008 (cat. A) à <a href="https://dares.travail-emploi.gouv.fr/donnees/les-demandeurs-demploi-inscrits-pole-emploi-France-metro">809 000 fin 2022</a> (il a baissé chez les moins de 25 ans, passant de 355 000 à 311 000 demandeurs). De surcroit, il s’agit beaucoup plus souvent de chômeurs de longue durée : la durée moyenne de chômage des plus de 50 ans était de 370 jours début 2008. Elle atteint 665 jours fin 2022 (celle des moins de 25 ans est passée de 123 jours à 143 jours).</p>
<p>Des « testings », qui permettent de juger de la réaction des recruteurs face à des candidatures factices montrent une situation désastreuse et qui ne change pas. En 2006, un candidat de 48-50 ans avait en moyenne <a href="https://www.observatoiredesdiscriminations.fr/_files/ugd/9274d5_e8fb9a2d09b54d59acafc225711592b8.pdf">trois fois moins de chance</a> qu’un candidat de 28-30 ans de passer le stade du tri de CV. Un candidat au nom maghrébin avait aussi à cette date environ trois fois moins de chances de recevoir une réponse positive qu’un autre.</p>
<p>En 2022, le <a href="https://dares.travail-emploi.gouv.fr/sites/default/files/fc5a96e5fc19ccdcf46fd9d55339591b/Dares%20Analyses_testing_discrimination_embauche.pdf">résultat est quasiment le même</a> s’agissant des candidats seniors. Une personne ayant entre 48 et 55 ans a trois fois moins de chance d’être rappelée pour un entretien qu’un 23-30 ans (75 % de réponses positives de moins). La discrimination en raison du nom porté (les origines nationales) a diminué (33 % de réponses positives de moins au lieu 75 % en 2006). Ces « testings » sur l’âge révèlent là encore les <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0014292122001957">médiocres résultats</a> de la France par rapport aux autres pays européens et aux États-Unis.</p>
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<figcaption><span class="caption">Comment booster l’emploi des seniors ? Un débat sur Public Sénat.</span></figcaption>
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<p>Les progrès dans la lutte contre les discriminations ont été très insuffisants s’agissant des seniors. Une des raisons qui l’explique est le fait que la question de la discrimination des <a href="https://theconversation.com/personne-ne-devient-soudainement-vieux-et-improductif-a-65-ans-il-faut-repenser-les-lois-sur-lage-de-la-retraite-183762">candidats âgés</a> à l’embauche suscite peu d’intérêt. On peut même parler d’une véritable « invisibilisation ».</p>
<h2>La statistique publique peut mieux faire</h2>
<p>Bien que la discrimination en raison de l’âge soit le <a href="https://www.defenseurdesdroits.fr/sites/default/files/atoms/files/ddd_etu_20140201_barometreoit_etudes.pdf">premier motif de discrimination</a> mentionnée par les demandeurs d’emploi, les pouvoirs publics ont eu d’autres priorités. Le gouvernement a mesuré les discriminations à l’embauche au moyen de « testings ». Il en a même fait un outil pour amener les grandes entreprises à modifier leurs pratiques en donnant les noms de celles ayant de mauvais résultats (stratégie dite du <a href="https://www.novethic.fr/lexique/detail/name-and-shame.html">« name and shame »</a>, littéralement « nommer pour faire honte »). Mais ces tests concernaient les discriminations en raison des origines nationales, du sexe et du lieu de résidence. Ils n’ont jamais porté sur l’âge avancé.</p>
<p>Le ministère du Travail ne diligente pas non plus de « testings » concernant spécifiquement les seniors et si, incidemment, une discrimination sur ce critère apparaît, elle n’est ni relevée ni analysée lors de la publication des résultats. Seuls l’effet des <a href="https://dares.travail-emploi.gouv.fr/sites/default/files/fc5a96e5fc19ccdcf46fd9d55339591b/Dares%20Analyses_testing_discrimination_embauche.pdf">origines</a> ou du <a href="https://dares.travail-emploi.gouv.fr/sites/default/files/7c0b731072830d6f4663376d66ae5746/Discrimination_embauche_femmes-hommes.pdf">sexe</a> suscitent l’attention.</p>
<p>La France n’est pas le seul pays concerné par cet oubli. Une <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0014292122001957">méta-analyse</a> publiée en 2023 recense les « testings » publiés de 2005 à 2020 dans le monde : 143 de ces tests portent sur les questions ethno-raciales (<a href="https://osf.io/preprints/socarxiv/5z6a2/">surtout en France</a> d’ailleurs, et 17 seulement sur les seniors.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/quelles-solutions-pour-prolonger-la-vie-professionnelle-des-travailleurs-plus-ages-183177">Quelles solutions pour prolonger la vie professionnelle des travailleurs plus âgés ?</a>
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<p>Autre exemple, lorsque l’<a href="https://www.insee.fr/fr/statistiques/6473349">Insee</a> et l’<a href="https://www.ined.fr/fichier/s_rubrique/19134/466.fr.pdf">INED</a> communiquent depuis plusieurs années sur les discriminations que vivent les Français, notamment au travail, en utilisant l’enquête trajectoire et origines (TEO), ils ne risquent pas de montrer que la France maltraite ses seniors en emploi ou ses personnes retraités. Ceci pour une raison simple : lors de la première enquête, en <a href="https://www.ined.fr/fichier/s_rubrique/19558/dt168_teo.fr.pdf">2008</a>, on n’avait pas interrogé assez d’individus de plus de 49 ans. En conséquence, les exploitations de l’enquête pour rendre compte des <a href="https://www.ined.fr/fichier/s_rubrique/19134/466.fr.pdf">inégalités et discriminations</a> vont exclure des données ceux qui ont 50 ans et plus, soit la moitié des Français de plus de 18 ans.</p>
<p>De leur côté, les statistiques en entreprise devraient enfin progresser grâce à l’index senior annoncé par le gouvernement – s’il fixe des obligations de résultat concernant le maintien dans l’emploi et les recrutements. Il risque néanmoins d’être construit de telle sorte que les entreprises obtiennent aisément de très bons résultats, à l’instar de ce qui se passe pour l’index égalité femmes/hommes.</p>
<p>Mesurer et s’attaquer aux discriminations à l’encontre des seniors est un impératif de justice sociale. C’est aussi <a href="https://journals.plos.org/plosone/article?id=10.1371/journal.pone.0220857&utm_source=STAT+Newsletters&utm_campaign=d15b0efe12-MR_COPY_02&utm_medium=email&utm_term=0_8cab1d7961-d15b0efe12-149563537">un [enjeu de santé publique]</a> et économique : les discriminations que les seniors connaissent sur le marché du travail ont des effets sur leur <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S2468266719300350">santé physique</a> et <a href="https://journals.sagepub.com/doi/abs/10.1177/21568693221116139?journalCode=smha">mentale</a>. C’est enfin un moyen pour augmenter le taux d’activité des seniors et financer les retraites. Les débats sur le recul de l’âge de départ à la retraite auront peut-être ainsi le mérite de finalement sortir les discriminations à l’encontre des seniors de la pénombre.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/198464/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Jean-François Amadieu ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>La France fait partie des pays où la population a le plus d’a priori négatifs inconscients à l’encontre des seniors. Cela a un impact fort (et peu mesuré ou combattu) sur leur employabilité.Jean-François Amadieu, Professeur d'université, Université Paris 1 Panthéon-SorbonneLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1982262023-01-27T11:27:52Z2023-01-27T11:27:52ZLa méditation, nouvel atout contre Alzheimer chez les seniors ?<p>La méditation est une pratique en plein essor, à laquelle sont prêtés de <a href="https://theconversation.com/meditation-de-pleine-conscience-des-benefices-en-sante-varies-197824">nombreux bénéfices sur la santé, tant physique que mentale</a>. De plus en plus d’études suggèrent qu’elle pourrait améliorer le bien-être et la santé mentale dans le vieillissement, et notamment réduire les risques de développer une maladie neurodégénérative : un atout qui pourrait s’avérer crucial alors que l’espérance de vie augmente, ce qui va de pair avec un vieillissement de la population.</p>
<p>Aujourd’hui en France, sur 67 millions d’habitants, <a href="https://www.insee.fr/fr/statistiques/4238381?sommaire=4238781#:%7E:text=Au%201er%20janvier%202019,moyenne%20de%20l%E2%80%99Union%20europ%C3%A9enne.">19,6 % ont plus de 65 ans et ce chiffre est en constante hausse</a>. L’espérance de vie est de 78,4 ans pour les hommes et de 84,8 ans pour les femmes ; en <a href="https://sante.gouv.fr/archives/loi-relative-a-l-adaptation-de-la-societe-au-vieillissement/article/personnes-agees-les-chiffres-cles#:%7E:text=L%E2%80%99esp%C3%A9rance%20de%20vie%20est,8%20ans%20pour%20les%20femmes.">2060, elle devrait être respectivement de 86 et 91,1 ans</a> – soit un gain de plus de 6 ans attendu. Or la santé des seniors pose des questions spécifiques. En parallèle à l’accroissement de la durée de vie, un nombre toujours plus important de personnes est affecté par la maladie d’Alzheimer ou d’autres maladies neurodégénératives conduisant à une démence. Près de <a href="https://theconversation.com/lentrainement-cerebral-pour-ameliorer-la-sante-des-seniors-104120">15 % des adultes de plus de 60 ans souffrent ainsi de pathologies associées au vieillissement</a>.</p>
<p>La préservation de la bonne santé mentale de ce public est donc un véritable enjeu et toute stratégie préventive est à considérer. Or, les effets réels de la méditation n’ont jamais vraiment été investigués scientifiquement dans cette optique. </p>
<p>C’est l’objectif de notre dernière étude publiée, menée dans le cadre du <a href="https://theconversation.com/lentrainement-cerebral-pour-ameliorer-la-sante-des-seniors-104120">projet <em>Age-Well</em> (programme Silver Santé Study)</a> – une première, dont nous présentons ici les <a href="https://jamanetwork.com/journals/jamaneurology/fullarticle/2796818">résultats et les perspectives</a>.</p>
<h2>Pourquoi la méditation</h2>
<p>Toute une série de facteurs de risque pour les maladies neurodégénératives a été identifiée : <a href="https://www.thelancet.com/article/S0140-6736(20)30367-6/fulltext">tabagisme, pollution, mauvaise alimentation, inactivité physique, etc</a>. Les techniques pour les contrer sont nombreuses : pratiquer une activité physique et un entraînement cognitif, avoir un <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/28359749/">bon régime alimentaire</a> (méditerranéen de préférence), suivre un <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/27474376/">programme d’éducation à la santé cardiovasculaire</a>… <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/25771249/">Plusieurs études évaluent ces pratiques</a>.</p>
<p>Mais d’autres facteurs de risque, dont certains sont amplifiés lors du vieillissement, restent largement sous-estimés par la recherche : dépression, stress, anxiété, problèmes de sommeil (qui touchent une personne de plus 60 ans sur deux), sentiment de solitude et d’exclusion sociale, etc. Et il n’existe pas de programmes d’intervention préventive scientifiquement étayés ciblant directement ces facteurs de risque psycho-(socio-)affectifs.</p>
<p>C’est cette carence que nous avons souhaité combler en étudiant les effets de la méditation dans le cadre du <a href="https://silversantestudy.fr/">projet européen H2020 Silver Santé Study</a>.</p>
<p>La pratique de la méditation se distingue justement par le fait de cibler directement ces facteurs psycho-(socio-)affectifs, en plus d’être un excellent entraînement cognitif. Elle s’est montrée par exemple efficace pour réduire le stress, la dépression, l’anxiété… Ce sujet d’étude étant récent, il n’y a <a href="https://theconversation.com/fake-news-resultats-peu-fiables-comment-distinguer-bonne-et-mauvaise-recherche-biomedicale-195262">pas encore de données solides, dans le cadre d’essais contrôles randomisés</a>, sur les éventuels impacts de la méditation sur la cognition et le cerveau dans le vieillissement.</p>
<p>Les techniques de méditation les plus pratiquées et utilisées en recherche sont des techniques séculaires de pleine conscience (<em>Mindfulness</em> en anglais). Il s’agit d’une forme d’entraînement mental, incarnée dans une posture corporelle stable et détendue. Elle cherche à cultiver une nouvelle manière de se relier aux émotions, pensées et sensations, qui soit plus ouverte, accueillante et bienveillante. Il ne s’agit donc pas seulement de relaxation ni de se forcer « à ne penser à rien ». L’aspect religieux et les croyances associées au Bouddhisme sont absents.</p>
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<p>Il existe désormais différents <a href="https://www.association-mindfulness.org/les-programmes-bases-sur-la-pleine-conscience.php">programmes développés sur huit semaines, standardisés et accessibles à tous</a>.</p>
<p><a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/30525995/">Ils aident, avec des exercices simples, (observation, ressenti de la respiration…)</a>, à entrer en contact avec son mental afin de prendre conscience des réactions affectives spontanées ou des perceptions erronées qui peuvent amplifier le stress ou les ruminations. Ce qui permet d’être plus présent dans ce que l’on fait, d’être plus consciemment présent sur ce que l’on vit, de moins s’éparpiller.</p>
<p>Ces programmes sont étudiés en détail depuis bientôt 40 ans et utilisés au quotidien dans des centaines d’hôpitaux à travers le monde. Des méta-analyses synthétisant ces résultats ont démontré un <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/34350544/">effet positif sur la cognition</a>, la régulation du stress et des <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/29126747/">conditions cliniques</a> comme la dépression ou l’anxiété.</p>
<p>Ce gage de sérieux, qui donne la garantie d’une pratique rigoureuse (MBSR), a permis sa diffusion.</p>
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<h2>Un programme de recherche sans équivalent</h2>
<p>Dans le cadre du projet de recherche européen H2020, impliquant onze équipes de recherche dans six pays, nous avons mis en place un programme de méditation de 18 mois. Notre but : en étudier l’impact sur de multiples facteurs associés au vieillissement à la maladie d’Alzheimer via des essais cliniques (ici, <em>Age-Well</em>, dont nous avons <a href="https://jamanetwork.com/journals/jamaneurology/fullarticle/2796818">récemment publié les premiers résultats dans la revue Jama Neurology</a>). Une infrastructure adaptée, où ont été mobilisés les outils d’imagerie nécessaires, a été mise en place au centre Cycéron.</p>
<p>Notre protocole a plusieurs points forts, rarement réunis, à savoir une large cohorte, un long temps d’étude et un éventail très varié de mesures :</p>
<ul>
<li><p>Nous avons suivi un panel de 137 participants de plus de 65 ans, distribués en trois groupes : un recevant un entraînement à la méditation (45 personnes), un suivant une activité cognitive (ici, l’apprentissage d’une langue étrangère ; 46 personnes) et un groupe contrôle (pas d’activité spécifique ; 46 personnes).</p></li>
<li><p>Dans ce genre d’étude, les temps d’observation sont habituellement plus courts que dans notre étude (2 à 6 mois) et le taux d’attrition (c’est-à-dire la proportion de participants qui quitte l’étude) est d’environ 15 %. Ici, en 18 mois, et malgré les contraintes (venir toutes les semaines pour une session de 2 heures avec un enseignant + une pratique quotidienne individuelle, assistée par une tablette, de 20 min ou plus), nous n’avons pas eu d’abandon. Ce qui laissait supposer une forte implication des participants et un ressenti positif.</p></li>
<li><p>Notre originalité reposait également sur la diversité des mesures menées, avant et après l’essai : recherche de lésions (présence de dépôts amyloïdes liés à Alzheimer, etc.), analyse de la connectivité fonctionnelle au niveau cérébrale, mesures du volume des structures cérébrales, marqueurs sanguins (présence de marqueurs du stress, etc.), du sommeil, échelle de bien-être, etc. Ce qui nous a permis d’évaluer précisément les potentiels effets de la méditation sur un large spectre de mesures d’intérêt complémentaires.</p></li>
</ul>
<h2>Des résultats mitigés</h2>
<p>Des travaux antérieurs avaient permis de déterminer les <a href="https://www.nature.com/articles/s41598-017-07764-x">régions du cerveau à suivre principalement</a>.</p>
<p>Il s’agissait du cortex cingulaire antérieur (qui intègre des processus affectifs – ressenti émotionnel, rythme cardiaque – et des fonctions cognitives, telles que l’anticipation de récompense, la prise de décision ou le contrôle cognitif, etc.) et de l’insula ou cortex insulaire (impliquée dans les émotions, l’intéroception, la dépendance, la conscience…).</p>
<p>Nous pensions que leur volume et leur fonctionnement étaient susceptibles d’avoir été influencés par la méditation, comme cela s’observe chez des sujets experts de longue date.</p>
<p>En réalité, nous n’avons pas mesuré de modification significative de volume, tant pour le cortex cingulaire antérieur que pour l’insula. Il n’y a donc pas eu d’effet détectable sur la structure du cerveau dans ces deux régions. En mesurant le débit sanguin, ou la quantité du sang qui arrive dans ces régions cérébrales par unité de temps (reflet du fonctionnement), nous n’avons pas vu non plus d’effet significatif de la méditation… Une tendance positive était toutefois observée, indiquant que, possiblement, un suivi plus long ou un nombre de participants plus important aurait pu permettre d’atteindre le seuil de significativité.</p>
<p>Par contre, concernant l’impact de la méditation sur le comportement, les effets sont significatifs : les capacités de régulation des émotions et de l’attention rapportées par les participants étaient mieux préservées dans le groupe méditation par rapport aux deux autres.</p>
<p>Un effet positif était également retrouvé sur le score global regroupant les mesures des capacités socio-émotionnelles, de connaissance de soi et de régulation de l’attention – des mesures que l’on sait corrélées au bien-être des personnes âgées. Ce bénéfice ressort non seulement de nos questionnaires mais également d’une étude qualitative menée sur la base d’entretiens à la fin de l’étude.</p>
<h2>Des travaux qui ne font que commencer</h2>
<p>Il reste de nombreuses données à analyser pour comprendre les effets de la méditation, non seulement sur le volume et le fonctionnement du reste du cerveau, comme sur toutes les autres mesures effectuées (sommeil, biomarqueurs sanguins, etc.).</p>
<p>De plus, nous avons eu la chance de pouvoir effectuer un suivi complémentaire trois ans après la fin de l’intervention : ces données supplémentaires vont nous permettre d’évaluer les effets de la méditation à plus long terme.</p>
<p>Enfin, nous sommes en train de développer une application pour téléphones ou tablettes proposant le même programme de méditation. Proposer ouvertement cette application permettra de toucher plus de personnes encore sera une nouvelle opportunité de recueillir des données complémentaires.</p>
<p>Il s’agit, dans tous les cas, d’une étude exploratoire d’un genre nouveau. Et nos résultats, quoi qu'encore préliminaires, sont porteurs de promesses. Et les données en cours de collecte vont alimenter beaucoup d’autres travaux : ce n’est qu’un début.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/198226/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Gaël Chételat a reçu des financements de l'Horizon 2020 de l'Union européenne (programme de recherche et innovation Horizon 2020) de la Fondation d'entreprise MMA des Entrepreneurs du Futur, de la Fondation Alzheimer, du programme hospitalier de recherche clinique, de l'Agence nationale de la recherche, de la région Normandie, de l'Association France Alzheimer et maladies apparentées, des Fondations Vaincre Alzheimer, Recherche Alzheimer et pour la Recherche médicale.
Elle est membre du comité consultatif externe (EAB) du Lifebrain H2020, du comité opérationnel de la Fondation Plan Alzheimer, des groupes consultatifs scientifiques d'imagerie de l'European et du consortium de prévision de la maladie d'Alzheimer (EPAD), UE (non rémunéré). </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Antoine Lutz a reçu des financements de l'Horizon 2020 de l'Union européenne (programme de recherche et innovation Horizon 2020, et programme ERC consolidator), de l'agence Nationale de Recherche Française (ANR) , et de la Fondation d'entreprise MMA des Entrepreneurs du Futur. Antoine Lutz est membre de l'association Mind & Life Europe. </span></em></p>En France comme ailleurs, la population vieillit. Préserver la santé mentale des seniors devient donc un défi majeur de santé publique. La méditation offre de réelles perspectives, voici pourquoi.Gaël Chételat, Directrice de recherche INSERM, InsermAntoine Lutz, Directeur de Recherche, co-responsable de l’équipe EDUWELL : Neurosciences de l’Expérience Subjective et Entraînement Mental, INSERM U1028 - CNRS UMR5292, InsermLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1983412023-01-25T18:05:16Z2023-01-25T18:05:16ZOstéoporose masculine : un danger réel… et trop souvent sous-estimé<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/505872/original/file-20230123-7710-u5ynf8.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C0%2C5991%2C3359&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">
</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/es/image-illustration/osteoporosis-stage-3-4-upper-limb-523868392">Crevis / Shutterstock</a></span></figcaption></figure><p>En vieillissant, tout le corps s’altère et le tissu osseux ne fait pas exception : il se détériore et perd en densité, ce qui le rend moins résistant. Le phénomène est bien connu sous le terme d’<a href="https://www.ameli.fr/assure/sante/themes/osteoporose/comprendre-osteoporose#:%7E:text=L%E2%80%99ost%C3%A9oporose%20est%20une%20maladie%20osseuse%20qui%20associe%20%C3%A0%20la,%2C%20des%20vert%C3%A8bres%E2%80%A6">ostéoporose</a>. Chez les femmes, cette baisse de la qualité osseuse devient particulièrement évidente après la ménopause, car l’œstrogène, une hormone sexuelle qui a un effet protecteur sur le squelette, est moins produit (notamment par les ovaires).</p>
<p>Ce qui est moins connu, malheureusement, c’est que les hommes, eux aussi, sont affectés.</p>
<p>Bien qu’ils ne subissent pas une perte brutale d’hormones sexuelles comme les femmes, ils peuvent également être frappés d’ostéoporose. Il se produit ainsi un nombre bien plus important de fractures masculines que ce que l’on croit souvent.</p>
<h2>Des os toujours plus fragiles</h2>
<p>L’ostéoporose se caractérise par une diminution de la masse osseuse et une détérioration de la microarchitecture et de la qualité de l’os. Ces changements augmentent leur fragilité et entraînent par conséquent un risque accru de fractures. Certaines zones du squelette sont particulièrement vulnérables : hanches, colonne vertébrale et poignets sont concernés.</p>
<p>On estime que la maladie provoque plus de 9 millions de fractures par an dans le monde, mais beaucoup plus de personnes seraient touchées – environ <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC5380170/">200 millions</a>. (<em>En France, à partir de 65 ans, près de <a href="https://www.inserm.fr/dossier/osteoporose/">40 % des femmes souffrent d’ostéoporose</a>, ndlr</em>). Leur condition passe souvent inaperçue, car il s’agit d’une maladie qui se développe en silence et est asymptomatique… jusqu’à un certain point.</p>
<p>Puis, à un moment donné, la détérioration du squelette va être à l’origine d’une première fracture qu’aucun signe avant-coureur ne laissait présager. (<em>En France, plus de <a href="https://www.inserm.fr/dossier/osteoporose/">370 000 fractures seraient dues à l’ostéoporose chaque année</a>, dont 74 000 de la hanche, ndlr</em>).</p>
<p>Mais pourquoi perdons-nous de la masse osseuse ? Tout au long de la vie, notre squelette connaît des cycles de renouvellement ou de remodelage au cours desquels le <a href="https://www.medecinesciences.org/en/articles/medsci/full_html/2017/03/medsci20173303p221/medsci20173303p221.html">tissu osseux « ancien » est dégradé (par des cellules appelées ostéoclastes) et, dans le même temps, est remplacé par de l’os neuf (par les ostéoblastes)</a>. Cette régénération permanente lui permet de continuer à résister aux défis parfois brutaux auxquels nous le soumettons au quotidien…</p>
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Leer más:
<a href="https://theconversation.com/losteoporose-nest-pas-une-fatalite-liee-au-vieillissement-mais-une-maladie-a-depister-108483">L’ostéoporose n’est pas une fatalité liée au vieillissement, mais une maladie à dépister</a>
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<p>Le problème est qu’au fil des décennies, ce processus de remplacement se fait moins efficace. Les cellules responsables de la (re)formation de l’os ne sont alors plus en mesure de compenser la perte de matière qui, elle, continue au même rythme. En conséquence, le bilan devient négatif. Nous perdons, à la fois en quantité et en qualité, du tissu osseux dans le cadre d’un processus naturel inhérent au vieillissement.</p>
<h2>Un quart des hommes touchés</h2>
<p>Le problème n’est pas seulement féminin. Il est vrai que chez les femmes, la perte de qualité osseuse est particulièrement évidente après la ménopause – une étape qui est marquée par une forte baisse de la production des <a href="https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fphys.2022.1052429/full">hormones sexuelles féminines, les œstrogènes</a>. Ces hormones exercent un effet protecteur majeur contre la perte osseuse, et leur déclin au début de la ménopause entraîne logiquement une forte baisse de la masse osseuse.</p>
<p>Cependant, environ <a href="https://www.thelancet.com/journals/landia/article/PIIS2213-8587(20)30408-3/fulltext">25 % des fractures ostéoporotiques</a> surviennent chez les hommes.</p>
<p>Autre point particulièrement important, les complications et la mortalité associées à ces fractures sont plus élevées chez les hommes que chez les femmes. En effet, on estime qu’environ <a href="https://revistadeosteoporosisymetabolismomineral.com/2021/09/30/osteoporosis-varon-esteroidea/">80 000 hommes développeront, chaque année, une fracture de fragilité de la hanche</a>, qu’un sur trois en mourra au cours de la première année et qu’une même proportion sera sujette à de nouvelles fractures.</p>
<p>Malgré ces chiffres, l’ostéoporose reste sous-diagnostiquée chez les hommes et donc, dans de nombreux cas, non traitée. Les professionnels de la santé ne sont parfois pas suffisamment conscients du phénomène, ce qui contribue à <a href="https://revistadeosteoporosisymetabolismomineral.com/2021/09/30/osteoporosis-varon-esteroidea/">retarder son diagnostic</a>. Les hommes concernés, et qui ignorent l’être, ne sont donc pas incité à prendre les précautions adéquates.</p>
<h2>Un risque qui augmente dix ans après la femme</h2>
<p>Garçon ou fille, le pic de la masse osseuse est atteint au cours de la troisième décennie de la vie, entre 20 et 30 ans. Ensuite, nous commençons, tous, à perdre du tissu osseux.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="La densité osseuse est atteinte vers 30 ans puis diminue pour les deux sexes, quoique pas à la même vitesse" src="https://images.theconversation.com/files/506083/original/file-20230124-20-mey1n0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/506083/original/file-20230124-20-mey1n0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=386&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/506083/original/file-20230124-20-mey1n0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=386&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/506083/original/file-20230124-20-mey1n0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=386&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/506083/original/file-20230124-20-mey1n0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=484&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/506083/original/file-20230124-20-mey1n0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=484&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/506083/original/file-20230124-20-mey1n0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=484&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Courbe de l’évolution de la densité osseuse chez l’homme et la femme.</span>
<span class="attribution"><span class="source">OpenStax College</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Toutefois, chez les hommes <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC5380170/">ce pic est atteint un peu plus tard</a>, car ils commencent leur puberté plus tard et y restent plus longtemps que les femmes.</p>
<p>En outre, les androgènes, les hormones sexuelles masculines, augmentent l’épaisseur des os, ce qui constitue un avantage mécanique certain. Un autre facteur important est que, chez les hommes, il n’y a pas de perte brutale des hormones sexuelles, comme c’est le cas chez les femmes après la ménopause : le déclin hormonal masculin se produit progressivement à partir de la quatrième ou cinquième décennie de vie.</p>
<p>Tous ces facteurs font que les hommes développent l’ostéoporose au moins une décennie plus tard que les femmes. L’incidence des fractures augmente ainsi fortement <a href="https://www.larevuedupraticien.fr/article/osteoporose-chez-lhomme">entre 70 et 75 ans</a>. Cela contribue à l’augmentation de la gravité et du risque de mortalité post-fracture, notamment parce que le vieillissement <a href="https://theconversation.com/por-que-la-inflamacion-aumenta-al-envejecer-166988">produit également une situation d’inflammation chronique de faible intensité</a> qui accélère le processus de dégradation osseuse – et donc accroît le risque de fracture.</p>
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<h2>Des facteurs aggravants… mais des pistes pour limiter les risques</h2>
<p>La réparation du squelette se fait aussi plus difficilement. Avec l’âge, la vitamine D, essentielle à la minéralisation et à la qualité des os, se fait également moins présente et la fonction musculaire est altérée.</p>
<p>Comme souvent, il existe des facteurs aggravants qui accélèrent ces différents processus. Les plus répandus sont l’abus d’alcool et de tabac, un traitement continu par des glucocorticoïdes utilisés comme anti-inflammatoires ou immunosuppresseurs, une trop grande sédentarité ou une minceur excessive. Et, souci spécifiquement masculin, en cas d’hypogonadisme (état dans lequel les testicules des hommes ne produisent pas ou peu d’hormones sexuelles).</p>
<p>À ce stade, il devrait être clair que la qualité de nos os a un effet direct sur notre santé. Nous devrions donc tous, hommes et femmes, nous préoccuper de prendre soin de notre squelette. Principalement en <a href="https://theconversation.com/nos-os-sont-plus-fragiles-que-ceux-de-nos-ancetres-chasseurs-cueilleurs-voici-comment-y-remedier-108394">restant actif</a>, en ayant une alimentation variée riche en calcium et en vitamine D, en limitant la consommation d’alcool et en évitant de fumer.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/198341/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Arancha R. Gortázar reçoit un financement de l'Agence Nationale de la Recherche dans le cadre du Programme National de R&D&I Orienté vers les Défis de la Société.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Juan Antonio Ardura reçoit un financement de l'Agence Nationale de la Recherche dans le cadre du Programme National de R&D&I Orienté vers les Défis de la Société.</span></em></p>L’ostéoporose est liée à plus de 370 000 fractures par an en France. Et les femmes ne sont pas les seules concernées : dans 25 % des cas, les hommes sont touchés, avec des complications spécifiques.Arancha R. Gortázar, Profesora Titular de Biología Celular. Investigador Principal Grupo Fisiopatología ósea, Universidad CEU San PabloJuan Antonio Ardura, Investigador Principal grupo Fisiopatología Ósea, Universidad CEU San Pablo. Profesor en el área de biología celular e histología, Universidad CEU San PabloLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1789592023-01-19T14:50:25Z2023-01-19T14:50:25ZLes défis d’être une personne proche aidante en milieu rural pendant la pandémie<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/466426/original/file-20220531-16-hx3lis.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=2%2C0%2C995%2C664&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les mesures liées à la pandémie ont eu des répercussions majeures sur la santé et le bien-être des PPA qui demeurent en région rurale.</span> <span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span></figcaption></figure><p>Une personne proche aidante (PPA) <a href="https://www.publications.msss.gouv.qc.ca/msss/document-003000/">se définit comme</a> « toute personne qui apporte un soutien à un ou à plusieurs membres de son entourage qui présentent une incapacité temporaire ou permanente de nature physique, psychologique, psychosociale ou autre, peu importe leur âge ou leur milieu de vie, avec qui elle partage un lien affectif, familial ou non ».</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/a-laide-les-proches-aidants-sont-epuises-et-nous-en-payons-tous-le-prix-121420">À l'aide! Les proches aidants sont épuisés et nous en payons tous le prix</a>
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<p>La pandémie vécue depuis mars 2020 a mené les PPA à <a href="https://www.lapresse.ca/actualites/chroniques/2022-04-15/gerer-mon-risque.php">revoir leur rôle de soutien</a> dans le respect des consignes sanitaires émises par la santé publique. Pour plusieurs, cette situation a eu pour effet d’augmenter leurs responsabilités, exacerbant de ce fait leur niveau de <a href="https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1704222/info-proche-aidant-covid-19-chsld-domicile-augmentation-demande">stress, d’anxiété, d’épuisement et de détresse</a>.</p>
<p>Leurs expériences varient en fonction de la nature du diagnostic de la <a href="https://publications.msss.gouv.qc.ca/msss/document-003000/">personne aidée, de l’accompagnement requis, de l’aide et du soutien disponibles</a>, mais également <a href="https://doi.org/10.1177/23337214211025124">selon leur milieu (urbain ou rural) de vie</a>. À cet effet, des recherches suggèrent que l’accès aux services de soins est, de manière générale, <a href="https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1837064/etude-iris-soins-sante-rural-outaouais-classement">moindre en région rurale qu’en région urbaine</a>.</p>
<p>Membres de la Chaire interdisciplinaire sur la santé et les services sociaux pour les populations rurales à l’UQAR, <a href="https://www.uqar.ca/recherche/la-recherche-a-l-uqar/unites-de-recherche/chaire-interdisciplinaire-sur-les-services-de-sante-et-sociaux-pour-les-populations-rurales/axes-de-recherche-chaire-interdisciplinaire-sur-les-services-de-sante-et-sociaux-pour-les-populations-rurales">nous nous sommes intéressées</a> aux conséquences de la pandémie sur la santé physique et mentale des PPA demeurant en milieu rural et prenant soin d’une personne ayant un trouble de santé mentale, du spectre de l’autisme ou un problème lié au vieillissement. <a href="https://qualaxia.org/wp-content/uploads/2022/06/quintessence-vol-13-no-03.pdf">Une étude a été menée entre les mois de mars et août 2021, principalement dans quatre régions du Québec, auprès de 68 PPA et 14 acteurs communautaires (intervenants et directeurs d’organismes)</a>.</p>
<p>Les principales variables d’intérêt étaient la santé globale des PPA, les changements de responsabilités occasionnés par la pandémie et le statut rural-urbain. Il existe plusieurs définitions de la <a href="https://doi.org/10.1177/23337214211025124">« ruralité » en recherche sur la santé</a>. Deux principaux éléments de définition ont été retenus ici, soit la densité de la population (moins de 100 000 habitants) et le code postal.</p>
<h2>Détresse chez les PPA qui demeurent en milieu rural</h2>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/466856/original/file-20220602-14205-brs9v3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/466856/original/file-20220602-14205-brs9v3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=521&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/466856/original/file-20220602-14205-brs9v3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=521&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/466856/original/file-20220602-14205-brs9v3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=521&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/466856/original/file-20220602-14205-brs9v3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=655&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/466856/original/file-20220602-14205-brs9v3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=655&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/466856/original/file-20220602-14205-brs9v3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=655&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">61,8 % des PPA et 92,8 % des acteurs communautaires considèrent que la pandémie a moyennement ou énormément fragilisé la santé globale des PPA.</span>
</figcaption>
</figure>
<p>Les PPA estiment, dans une proportion de <a href="https://semaphore.uqar.ca/id/eprint/1913/">61,8 %</a>, que la pandémie a affecté leur <a href="https://www.infodimanche.com/actualites/actualite/402748/limpact-de-la-pandemie-sur-les-proches-aidants">santé physique et psychologique</a>. Depuis le début de la crise sanitaire, 35,5 % d’entre eux révèlent avoir vécu des symptômes s’apparentant à la dépression (tristesse, irritabilité, difficultés de concentration, découragement, sentiment d’inutilité) ou à l’anxiété (incertitude, peur de l’inconnu, sentiment de perte de contrôle).</p>
<p>Par ailleurs, 76,9 % des acteurs communautaires croient que la pandémie a engendré une grande détresse émotionnelle chez les PPA, particulièrement chez celles devant prodiguer des <a href="https://www.lapresse.ca/covid-19/2020-06-01/l-epuisement-des-parents-fait-peur">soins soutenus</a> (en continu et sur du long terme), à un membre de leur entourage.</p>
<p>Les PPA qui rapportent avoir éprouvé une plus grande détresse psychologique indiquent aussi avoir ressenti davantage de symptômes physiques (courbatures, tensions musculaires, maux de tête, troubles digestifs). Celles qui prennent soin d’une personne présentant une autonomie fonctionnelle et un état de santé relativement stable ont été moins affectées par la crise.</p>
<p>Certaines ont pu conserver un soutien familial, social ou professionnel :</p>
<blockquote>
<p>Je parle au téléphone avec ma mère à tous les jours. J’ai aussi 4 sœurs, dont une qui s’implique beaucoup. Je sais que je peux l’appeler jour et nuit si j’ai besoin de quelque chose. Elle est vraiment touchée par ma situation et je sais que si j’ai besoin de quelque chose, je peux compter sur elle.</p>
</blockquote>
<p>D’autres ont pu maintenir ou adopter de saines habitudes de vie, leur permettant ainsi d’évacuer plus facilement leur stress et se changer les idées :</p>
<blockquote>
<p>Depuis le mois de mars, je me suis mise à faire de l’exercice, 1h de marche dehors, puis du tapis roulant, à peu près 30 minutes par jour et c’est très sain pour mon psychologique.</p>
</blockquote>
<h2>Portrait de la situation</h2>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/466855/original/file-20220602-9439-8dvu4g.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/466855/original/file-20220602-9439-8dvu4g.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=346&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/466855/original/file-20220602-9439-8dvu4g.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=346&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/466855/original/file-20220602-9439-8dvu4g.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=346&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/466855/original/file-20220602-9439-8dvu4g.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=435&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/466855/original/file-20220602-9439-8dvu4g.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=435&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/466855/original/file-20220602-9439-8dvu4g.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=435&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Un échantillon de 68 PPA, soit 56 femmes et 12 hommes, provenant de différentes régions du Québec, ont participé à la première phase de cette étude qui consistait à remplir un questionnaire en ligne.</span>
</figcaption>
</figure>
<p>L’étude révèle que la pandémie et les restrictions sanitaires ont suscité de <a href="https://semaphore.uqar.ca/id/eprint/1912/">nouvelles inquiétudes</a> chez les PPA demeurant en milieu rural.</p>
<p>D’une part, celles dont la personne aidée demeure à l’extérieur (logement autonome, ressource de type familial (RTF), ressource intermédiaire (RI), centre d’hébergement de soins de longue durée (CHSLD)) ont dû <a href="https://www.lapresse.ca/covid-19/2020-04-24/chsld-les-proches-aidants-veulent-que-quebec-assouplisse-les-regles">restreindre leurs contacts</a> et n’ont pu assurer les mêmes soins et offrir le même soutien qu’avant la pandémie. Cette situation a généré de <a href="https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1697697/proche-aidant-chsld-quebec-appui-personne-agee-coronavirus">l’impuissance, de l’anxiété et des inquiétudes</a> chez les PPA, concernant la situation de leur proche.</p>
<p>D’autre part, les PPA qui <a href="https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1777960/quebec-vaccination-covid-19-handicape-autiste-deficience-ressource-supervisee">demeurent avec la personne aidée</a> ont vu leur charge de travail et leurs responsabilités s’accroître, particulièrement lors de la période de confinement :</p>
<blockquote>
<p>C’était d’organiser ses journées, de le surveiller pour ne pas qu’il passe 100 % de son temps sur l’ordi, de surveiller qu’il mange, qu’il prenne sa médic, qu’il se lave, qu’il s’habille, qu’il s’occupe de son chien, c’était tout ça. Donc c’était une surcharge de travail pour moi, vraiment une surcharge.</p>
</blockquote>
<p>Leur quotidien étant centré sur leur rôle de soutien, les PPA ont été privées des moments de répit ou de détente et ont vécu beaucoup d’isolement et de solitude. Ainsi, 40 % des PPA de l’étude croient que les mesures sanitaires les ont beaucoup ou énormément contraintes dans leur rôle d’aidants et 50 % estiment que ce rôle a présenté davantage de défis au quotidien.</p>
<h2>La particularité du milieu rural</h2>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/466857/original/file-20220602-15259-brs9v3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/466857/original/file-20220602-15259-brs9v3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=436&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/466857/original/file-20220602-15259-brs9v3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=436&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/466857/original/file-20220602-15259-brs9v3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=436&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/466857/original/file-20220602-15259-brs9v3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=547&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/466857/original/file-20220602-15259-brs9v3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=547&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/466857/original/file-20220602-15259-brs9v3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=547&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">61,4 % des PPA et 71,4 % des acteurs communautaires croient que la proche aidance se vit différemment en milieu rural et en milieu urbain.</span>
</figcaption>
</figure>
<p>Dans les milieux ruraux, l’accessibilité réduite aux services de santé, en particulier aux services spécialisés, a été exacerbée par la pandémie. <a href="https://semaphore.uqar.ca/id/eprint/1916/">Les milieux ruraux sondés</a> ont été touchés par les mesures gouvernementales visant à limiter la propagation du virus : fermeture des ressources d’aide et de soutien, délestage de certaines activités et transitions de divers soins et services en mode virtuel.</p>
<p>Des <a href="https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1816567/deficience-intellectuelle-pandemie-pertes-acquis-services">personnes vulnérables</a> ont été privées d’accès à plusieurs ressources pourtant essentielles à leur bien-être physique et psychologique, alourdissant de ce fait les responsabilités des PPA déjà éprouvées. Le tiers révèle avoir dû s’impliquer davantage auprès de la personne aidée pour <a href="https://www.lapresse.ca/actualites/sante/2021-09-22/ruptures-de-services/c-est-pire-que-jamais.php">combler le manque de services sur leur territoire</a>.</p>
<blockquote>
<p>Mon fils s’est détérioré. Les difficultés qu’on a rencontrées à cause de la pandémie ont augmenté. Son anxiété, sa rigidité, son agressivité ont pris de l’ampleur. Il s’est mis à avoir des comportements inappropriés, des rituels, des obsessions, des choses comme ça. On n’avait plus les services pour l’aider. Tout reposait sur nous. On est exténués.</p>
</blockquote>
<p>Plusieurs d’entre elles évoquent aussi leur difficulté à composer avec le surcroît de responsabilités occasionné par le <a href="https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1856012/sante-pandemie-delestage-penurie">manque de disponibilité et d’accessibilité des ressources</a>. Le passage à des services en mode virtuel a représenté un défi supplémentaire pour ces milieux, où les <a href="https://www.ledroit.com/2021/12/06/internet-en-zone-rurale-le-parcours-dun-combattant-e3f3181e7a09ea96312c47f51c0d6dd3">problèmes de connectivité</a> ont empêché une utilisation optimale des plates-formes de télécommunication. De plus, plusieurs PPA estiment que les rencontres virtuelles se sont avérées plus ou moins adaptées à leurs besoins et à ceux de leur proche, rendant davantage complexe une juste évaluation de la gravité des situations.</p>
<blockquote>
<p>Son éducatrice voulait me donner un coup de main par Zoom, mais devant l’écran, souvent le comportement de l’enfant change. C’est attractif. Ma fille fait une fixation sur tout ce qui est électronique, donc aussitôt qu’on faisait une rencontre Zoom, elle se métamorphosait complètement, son caractère changeait, donc c’était pas du tout la même façon d’intervenir. Ça été problématique.</p>
</blockquote>
<h2>Des pistes de solutions</h2>
<p>La <a href="https://publications.msss.gouv.qc.ca/msss/fichiers/2021/21-835-01W.pdf">première Politique nationale</a> pour les personnes proches aidantes (2021) et les mesures du <a href="https://publications.msss.gouv.qc.ca/msss/fichiers/2021/21-835-11W.pdf">Plan d’action gouvernemental</a> en découlant offrent déjà des pistes de réflexion intéressantes (reconnaissance des compétences et des connaissances des PPA, adoption d’une approche de partenariat, développement d’environnements conciliants, promotion des ressources).</p>
<p>Il convient toutefois d’examiner comment intervenir de façon plus ciblée en tenant compte de la diversité des contextes de proche aidance et des réalités spécifiques aux milieux ruraux.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/178959/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Marie-Hélène Morin a reçu des financements de Fond institutionnel de recherche de l'Université du Québec (FIR-UQAR); Réseau intersectoriel de recherche en santé de l'Université du Québec (RISUQ); Ministère de l'économie et de l'innovation (MEI). </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Anne-Sophie Bergeron ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>La pandémie a eu des conséquences sur la santé physique et psychologique des personnes proches aidantes qui prennent soin d’une personne demeurant en région rurale.Marie-Hélène Morin, Professeure travail social, Université du Québec à Rimouski (UQAR)Anne-Sophie Bergeron, Agente de recherche, Université du Québec à Rimouski (UQAR)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1954962023-01-04T19:57:55Z2023-01-04T19:57:55ZSoins aux personnes âgées, le travail invisible des femmes migrantes<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/500022/original/file-20221209-24715-9tmah6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Photo extraite du documentaire « Auprès d’elle » sur la vie des travailleuses s'occupant de nos aînés 24h/24. Co-réalisé par Chiara Giordano.</span> </figcaption></figure><p>« Elle n’aime pas que j’appelle ça un boulot. Elle veut que je fasse partie de la famille ». Meliza partage la vie d’une personne âgée qui ne peut plus rester seule. Comme des milliers de travailleuses – souvent des femmes migrantes – elle s’occupe d’une de nos aîné·e·s <a href="https://theconversation.com/travailler-a-des-horaires-atypiques-de-plus-en-plus-frequent-chez-les-femmes-peu-qualifiees-182535">24 heures sur 24</a>. Invisibles et pourtant indispensables, ces femmes les aident, les lavent et les habillent. Elles cuisinent et nettoient. Elles les accompagnent : elles restent auprès de nos aîné·e·s, jour et nuit.</p>
<p>L’importance de ces travailleuses se révèle de plus en plus cruciale avec le <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S221256711500492X">vieillissement de la population</a> et l’explosion du besoin de prise en charge à domicile des personnes âgées. Pourtant, en Belgique comme ailleurs en Europe, non seulement les conditions de travail dans <a href="http://www.lecavalierbleu.com/livre/vers-societe-care/">ce secteur</a> sont parmi les plus précaires sur le marché de l’emploi, mais la position de ces travailleuses dans la stratification sociale est également parmi les plus basses sur l’échelle socioprofessionnelle.</p>
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<iframe src="https://player.vimeo.com/video/596498428" width="500" height="281" frameborder="0" webkitallowfullscreen="" mozallowfullscreen="" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Le documentaire « Auprès d’elle » co-réalisé par Chiara Giordano offre un aperçu de la vie des travailleuses qui s’occupent de nos aînés 24h/24.</span></figcaption>
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<p>Salaires bas, horaires difficiles, manque d’opportunités d’évolution professionnelle : quelles sont les raisons de la persistance de mauvaises conditions de travail dans ce secteur ? Pourquoi les métiers du <a href="https://www.revue-etudes.com/article/l-ethique-du-care-une-nouvelle-facon-de-prendre-soin-13367"><em>care</em></a> (soin donné à autrui) ont-ils une mauvaise réputation, malgré le rôle social qu’ils remplissent ? D’où viennent les difficultés à valoriser et à professionnaliser ce travail ?</p>
<h2>Le statut inférieur du travail du <em>care</em></h2>
<p>La pénibilité du travail, qui est bien <a href="https://www.vie-publique.fr/en-bref/282286-aides-domicile-conditions-de-travail-et-risques-psychosociaux">documentée</a>, est en partie liée à la nature même de l’activité (s’occuper de l’hygiène des autres, porter des poids lourds, s’occuper de personnes parfois très malades, etc.). Mais ce qui empêche une évolution des conditions de travail est avant tout la représentation symbolique du métier. Celle-ci accorde au <a href="https://theconversation.com/nous-ne-sommes-pas-en-guerre-nous-sommes-en-care-137619">travail de <em>care</em></a> un statut inférieur dans la stratification des occupations sur le marché de l’emploi. Elle la rend <a href="https://www.editionsladecouverte.fr/les_services_a_la_personne-9782707187949">différente de toute autre relation d’emploi</a>.</p>
<p>Deux facteurs au moins nourrissent cette représentation. Le premier est l’héritage de la mauvaise image sociale du travail domestique au sens plus large. Le fait de s’occuper de la saleté de l’autre est associée à des métiers dégradants, à de <a href="https://www.bloomsbury.com/uk/doing-the-dirty-work-9781856497619/">« sales boulots »</a>. De surcroît, le travail domestique convoque des images de <a href="https://theconversation.com/le-travail-pour-autrui-survivance-de-lesclavagisme-dans-nos-economies-150317">« servitude »</a> : il y a toujours une personne « qui sert » et une personne « qui est servie ». Si la relation entre travailleuse et bénéficiaire repose sur une relation interpersonnelle de pouvoir qui se traduit et se justifie traditionnellement par une distance de classe, elle s’articule aujourd’hui sur des <a href="https://ladispute.fr/catalogue/les-aides-a-domicile-un-monde-populaire/">formes plus complexes</a>. La nationalité ou le groupe ethnique <a href="https://theconversation.com/les-noires-sont-sales-par-contre-elles-font-de-bonnes-nounous-dans-lemploi-domestique-des-stereotypes-tenaces-150191">remplissent la fonction de l’altérité</a>, là où l’origine sociale ou le niveau d’éducation le permettent moins qu’avant.</p>
<h2>Un travail à domicile 24h/24… donc pas un vrai travail ?</h2>
<p>Le second facteur est lié à la dichotomie entre les sphères publique et privée et à la division genrée du travail au sein de la famille.</p>
<p>D’une part, le travail de <em>care</em> est inextricablement lié à la sphère privée. L’opposition entre « travail productif » (possédant une valeur économique) et « travail reproductif » (effectué gratuitement au sein de la famille) joue en la défaveur des métiers du <em>care</em>. Leur statut de « vrai » travail est constamment remis en cause. De surcroît, on les considère comme une activité qui ne demande pas de compétence spécifique, ni de qualification puisque « tout le monde le fait pour sa famille ».</p>
<p>D’autre part, ce travail reproductif possède encore aujourd’hui une dimension fortement genrée, puisqu’il est associé au travail traditionnellement effectué par les membres féminins de la famille. Le <em>care</em>, vu comme une activité « naturelle », ou du moins naturellement acquise par les femmes, est essentialisé comme un travail féminin, ce qui explique la <a href="https://www.routledge.com/Migration-and-Domestic-Work-A-European-Perspective-on-a-Global-Theme/Lutz/p/book/9781138257221">prédominance de femmes</a> dans le secteur. Le concept de <em>care</em> soulève précisément des critiques pour cette raison : il désigne à la fois la pratique de prendre soin d’autrui et la disposition à le faire. Le risque de créer une confusion entre les deux est réel.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/500032/original/file-20221209-33096-w2nl8t.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/500032/original/file-20221209-33096-w2nl8t.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/500032/original/file-20221209-33096-w2nl8t.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/500032/original/file-20221209-33096-w2nl8t.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/500032/original/file-20221209-33096-w2nl8t.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/500032/original/file-20221209-33096-w2nl8t.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/500032/original/file-20221209-33096-w2nl8t.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Photo extraite du documentaire « Auprès d’elle » co-réalisé par Chiara Giordano.</span>
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<p>Si le caractère privé et la dimension genrée du <em>care</em> contribuent à la faible valorisation de ces métiers en général, le travail effectué à domicile 24h/24 ajoute des défis supplémentaires.</p>
<p>Non seulement la nature privée du travail implique le manque de contrôle sur les conditions de travail, mais même lorsque les heures de travail sont définies par contrat, le travail 24h/24 implique souvent une disponibilité permanente. Ceci entraîne une absence de séparation entre la maison et le travail, entre le temps de loisirs et le temps de travail. De surcroît, le partage d’un espace intime et le travail émotionnel qui caractérisent ce travail font que la relation entre la travailleuse et la personne âgée <a href="https://www.editionsladecouverte.fr/les_services_a_la_personne-9782707187949">oscille constamment entre relation de travail et relation familiale</a>. Ceci génère une forte ambiguïté, la travailleuse n’étant plus considérée comme telle, mais plutôt comme « un membre de la famille », comme les employeurs tendent à la définir.</p>
<p>Cet ensemble de facteurs fait que les employeurs, qu’il s’agisse de familles ou d’intermédiaires, considèrent que ces métiers ne « méritent » pas des bons salaires.</p>
<h2>Des échelons dans la misère</h2>
<p>On retrouve dans cette profession les personnes les plus vulnérables du marché de l’emploi : <a href="https://www.routledge.com/Migration-and-Domestic-Work-A-European-Perspective-on-a-Global-Theme/Lutz/p/book/9781138257221">souvent des femmes migrantes et/ou d’origine étrangère</a>. Cette concentration de main-d’œuvre étrangère s’explique notamment par des facteurs de nature économique : l’augmentation de la demande de <em>care</em> dans les pays occidentaux s’est accompagnée d’une augmentation de l’offre principalement étrangère. </p>
<p>Les éléments généralement proposés pour expliquer la formation de cette offre reposent sur les caractéristiques de la main-d’œuvre, qui serait plus flexible, moins chère et plus adaptable à des horaires atypiques, par rapport à la population active locale. Néanmoins, comme <a href="https://link.springer.com/book/10.1007/978-3-031-16041-7">mes recherches</a> le montrent, d’autres éléments contribuent à l’ethnicisation du secteur. Au niveau macro, par exemple, les politiques publiques régulant les migrations, la protection sociale ou les inégalités de genre ont un impact sur la concentration dans ce secteur de travailleuses migrantes.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/nounous-africaines-a-paris-trop-presentes-pour-etre-visibles-195385">Nounous africaines à Paris : trop présentes pour être visibles ?</a>
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<p>Ainsi, la position des travailleuses domestiques et du <em>care</em> ne peut être réduite à leur situation professionnelle. Elle est définie et continuellement <a href="https://www.wiley.com/en-us/Understanding+Inequalities:+Stratification+and+Difference,+2nd+Edition-p-9781509521265">remodelée par d’autres facteurs</a>, tels que leur statut administratif et leurs permis de travail, qui sont à leur tour déterminés par le régime migratoire propre à chaque pays.</p>
<p>Mais parmi les travailleuses, toutes ne jouissent pas des mêmes conditions de travail. Au sein de cette force de travail globalement fort dévalorisée, les travailleuses migrantes sans contrat, et en particulier celles qui habitent chez la personne âgée, représentent les plus invisibles et les plus précaires. La situation d’irrégularité administrative peut s’ajouter à ces facteurs et rendre leur situation encore plus vulnérable.</p>
<p>Dans nos sociétés vieillissantes, des véritables mesures publiques sont à envisager pour que ce phénomène ne devienne pas un nouveau modèle global d’exploitation.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/195496/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Cette recherche a été financée par Innoviris (Région de Bruxelles-Capitale).</span></em></p>Invisibles et pourtant indispensables, des femmes – souvent migrantes – s’occupent de nos ainés à leur domicile 24h/24.Chiara Giordano, Chercheuse postdoctorale et maître de conférence en sociologie, Université Libre de Bruxelles (ULB)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1916452022-10-12T19:14:30Z2022-10-12T19:14:30ZLa qualité du sommeil diminue avec l’âge : pourquoi, et comment l’améliorer ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/489355/original/file-20221012-15-wl6sbg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=23%2C47%2C7916%2C5249&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">À mesure que l’on vieillit, le sommeil va de moins en moins de soi…</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://unsplash.com/photos/MtBsjmC4RT0"> Annie Spratt / Unsplash</a></span></figcaption></figure><p>Nous autres, êtres humains, sommes actifs la journée et nous reposons la nuit. Notre bon fonctionnement physique et psychique est très dépendant de cette alternance de périodes d’activité diurnes et de récupération nocturnes.</p>
<p>Toutefois, bien qu’essentiel à notre santé, ce rythme veille/sommeil n’est pas immuable : <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/28159095/">à mesure que l’on avance en âge, le sommeil, comme toute autre fonction physiologique, se modifie</a>.</p>
<p>De quelle façon ? Comment s’assurer malgré tout de garder un repos de qualité ?</p>
<h2>Les cycles de sommeil</h2>
<p>On sait aujourd’hui que le sommeil est impliqué <a href="https://www.aimspress.com/article/id/266">dans de nombreux processus physiologiques</a>. Il est par exemple partie prenante des fonctions de régénération cellulaire et tissulaire, de développement cérébral et immunitaire. Il joue également un rôle dans les processus de consolidation des souvenirs.</p>
<p>Lorsqu’il est dégradé, on observe une <a href="https://www.aimspress.com/article/id/266">détérioration progressive de ces différents processus</a>, ce qui a un impact négatif sur la qualité de vie : augmentation de la somnolence en journée, perturbation du fonctionnement cognitif, comme des problèmes de mémoire ou d’attention. Un mauvais sommeil chronique va nous rendre <a href="https://www.aimspress.com/article/id/266">plus irritable, plus anxieux, plus facilement malade et davantage sujet à la prise de poids</a>.</p>
<p>Le sommeil se décompose en plusieurs phases, qui constituent un cycle : le sommeil lent léger, le sommeil lent profond et le sommeil paradoxal. Le sommeil lent léger correspond à un stade intermédiaire entre la veille calme et le sommeil, et représente environ 50 % de la durée totale de sommeil. Le sommeil lent profond représente environ 25 % du temps total de sommeil ; il s’agit du sommeil le plus récupérateur sur le plan physique. Enfin, le sommeil paradoxal est animé par nos rêves et représente 20 à 25 % du temps totale de sommeil. Il doit son nom au contraste entre une activité cérébrale intense, comparable à celle observée au cours de la veille, associée à une absence de tonus musculaire.</p>
<p>Chacune de ces phases <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1111/j.1365-2869.1992.tb00013.x">joue un rôle précis dans le processus de récupération et de préparation à la période de veille à venir</a>. Or, avec l’avancée en âge, <a href="https://linkinghub.elsevier.com/retrieve/pii/S1556407X17301029">l’organisation temporelle du sommeil se modifie, et sa qualité diminue</a> sont observées.</p>
<h2>Le sommeil n’est pas immuable</h2>
<p>Tandis que chez le jeune adulte, les différents stades de sommeil s’enchaînent de façon stable au cours de la nuit, chez le sujet âgé, le sommeil se fragmente.</p>
<p>On constate entre autres choses une <a href="https://www.cell.com/neuron/fulltext/S0896-6273(17)30088-0">augmentation du temps d’endormissement, une réduction du temps passé en sommeil lent profond</a> et une <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/28346153/">augmentation des éveils nocturnes associée à des difficultés pour se rendormir</a>. La quantité de sommeil lent profond et de sommeil paradoxal diminue, ce qui signifie que le sommeil est plus léger et moins réparateur.</p>
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<img alt="Photo d’une jeune femme qui s’étire dans un lit." src="https://images.theconversation.com/files/489450/original/file-20221012-15-6u1yot.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/489450/original/file-20221012-15-6u1yot.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=429&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/489450/original/file-20221012-15-6u1yot.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=429&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/489450/original/file-20221012-15-6u1yot.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=429&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/489450/original/file-20221012-15-6u1yot.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=539&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/489450/original/file-20221012-15-6u1yot.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=539&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/489450/original/file-20221012-15-6u1yot.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=539&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Ce n’est pas une impression : on dort mieux quand on est jeune.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://unsplash.com/photos/kqDEH7M2tGk">Kinga Cichewicz / Unsplash</a></span>
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<p>De ce fait, il n’est pas surprenant que plus de la <a href="https://www.cell.com/neuron/fulltext/S0896-6273(17)30088-0">moitié des personnes âgées rapportent au moins un trouble du sommeil</a>, ce qui se traduit par une tendance à la somnolence en journée. La fatigue accumulée <a href="https://linkinghub.elsevier.com/retrieve/pii/S0749069014000421">n’est pas sans conséquence sur les fonctions cognitives, l’humeur et la condition physique</a>, et elle peut aussi avoir un effet délétère sur l’autonomie.</p>
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<p>Les éventuelles conséquences d’un manque de sommeil chronique ne doivent donc pas être ignorées. Elles peuvent être diverses : fatigue permanente, problème de concentration, morosité, mélancolie, irritabilité ou encore réduction de la résistance immunitaire.</p>
<h2>Pourquoi le sommeil se complique-t-il avec l’âge ?</h2>
<p>Chaque problème de sommeil est différent, et plusieurs facteurs peuvent expliquer la fréquence plus élevée de survenue de difficultés à dormir avec le vieillissement.</p>
<p>L’existence de problèmes de santé peut être une explication. En effet, la prise de certains médicaments peut causer des perturbations du sommeil. L’état émotionnel peut aussi être en cause : anxiété, stress, dépression ou ruminations dégradent la qualité du sommeil. Au moment de la retraite, le changement de mode de vie et de repères sociaux peut aussi avoir des conséquences.</p>
<p>Par ailleurs, il faut savoir que le vieillissement « normal » s’accompagne d’une désynchronisation de l’horloge biologique liée à la <a href="https://doi.org/10.1016/S0013-7006(06)76239-X">diminution de la plasticité et des capacités d’adaptation de l’organisme du sujet âgé</a>. Ce dérèglement peut se traduire par une heure de coucher anticipée et un réveil plus précoce le matin. La diminution du niveau d’activité physique et l’augmentation de la sédentarité peuvent aussi dégrader la qualité du sommeil. Enfin, à mesure que l’on avance en âge, le risque de survenue de pathologies du sommeil (telle que le <a href="https://theconversation.com/somnolence-perte-de-vigilance-fatigue-mentale-les-apnees-du-sommeil-gachent-peut-etre-votre-quotidien-133732">syndrome d’apnées obstructives du sommeil</a>) augmente.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/somnolence-perte-de-vigilance-fatigue-mentale-les-apnees-du-sommeil-gachent-peut-etre-votre-quotidien-133732">Somnolence, perte de vigilance, fatigue mentale : les apnées du sommeil gâchent peut-être votre quotidien</a>
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<h2>La lumière, une solution pour garder un sommeil de qualité ?</h2>
<p>Les plaintes associées au déclin du sommeil lié à l’âge aboutissent souvent à la prescription de somnifères. Or, leurs effets secondaires peuvent altérer la qualité de vie des personnes âgées, en diminuant les capacités mentales, en <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC5005954/">détériorant la coordination motrice et en augmentant le risque de chutes</a>.</p>
<p>Pour limiter ces effets et améliorer le sommeil, des thérapeutiques non médicamenteuses peuvent être mises en place, <a href="https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fnins.2020.00359/full">comme la luminothérapie</a>, qui peut être <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S1769449315002563?via%3Dihub">associée à la pratique d’une activité physique</a>.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/489451/original/file-20221012-24-rfmpq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Photo du soleil qui filtre entre les arbres, lumière douce d’automne." src="https://images.theconversation.com/files/489451/original/file-20221012-24-rfmpq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/489451/original/file-20221012-24-rfmpq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=906&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/489451/original/file-20221012-24-rfmpq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=906&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/489451/original/file-20221012-24-rfmpq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=906&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/489451/original/file-20221012-24-rfmpq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1138&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/489451/original/file-20221012-24-rfmpq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1138&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/489451/original/file-20221012-24-rfmpq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1138&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">La lumière influence notre horloge biologique.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://unsplash.com/photos/Enr71dsAO5w">Michał Bielejewski / Unsplash</a></span>
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<p>La lumière est en effet considérée comme le synchroniseur le plus puissant pour l’horloge biologique et permet de maintenir et de remettre à l’heure nos rythmes, <a href="https://doi.org/10.1371/journal.pbio.1000145">par exemple de régler nos heures de coucher et de lever</a>. Elle permet aussi de réguler des cycles auxquels nous ne pensons pas ou que la plupart des personnes ignorent : les rythmes de l’humeur et des performances cognitives, notamment les capacités de réflexion et d’attention. Ainsi, selon l’heure de la journée et la qualité de notre nuit précédente, nous sommes plus irritables, ou au contraire, <a href="https://doi.org/10.1001/archpsyc.1997.01830140055010">plus attentifs et efficaces dans des tâches nécessitant une réflexion intense</a>.</p>
<p>Ces rythmes varient d’un individu à l’autre, mais une chose est commune : lorsque notre horloge est déréglée, par exemple à cause du vieillissement, ces rythmes sont perturbés et altèrent notre humeur et nos capacités intellectuelles. Pour lutter contre ce processus, des études ont montré que l’exposition à la lumière du soleil ou artificielle pouvait être bénéfique. La lumière permet <a href="https://www.dovepress.com/bright-light-therapy-as-part-of-a-multicomponent-management-program-im-peer-reviewed-fulltext-article-CIA">d’améliorer le rythme veille/sommeil</a> tout en <a href="https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fnins.2020.00359/full">réduisant les symptômes de la dépression</a>. Elle peut aussi <a href="https://linkinghub.elsevier.com/retrieve/pii/S0197457218305482">améliorer les performances cognitives et l’état émotionnel des personnes âgées</a>.</p>
<p>L’exposition à la lumière a également des <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC5187459/">effets positifs sur le système immunitaire</a> et stimule la production des défenses de notre organisme. D’une manière générale, pour améliorer ces paramètres, il est recommandé de <a href="https://doi.org/10.1016/j.lpm.2018.10.013">s’exposer au moins une demi-heure le matin chaque jour à une intensité de 10 000 lux</a>. À titre indicatif, en plein soleil l’intensité lumineuse varie de 50 000 à 100 000 lux et celle d’un ciel nuageux est comprise entre 500 et 25 000 lux. Pour un éclairage artificiel, <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/24164100/">il faudra veiller à avoir le matériel adéquat</a>, comme une lampe de luminothérapie.</p>
<p>La luminothérapie est un traitement des troubles du rythme veille-sommeil qui peut être utilisé dans des situations telles que le décalage horaire, le travail de nuit ou posté, le syndrome d’avance de phase, ou la cécité. Concrètement, il s’agit de <a href="https://doi.org/10.1016/j.lpm.2018.10.013">s’exposer à la lumière de lampes de haute intensité pendant une période recommandée</a>. Attention toutefois : si la période d’exposition n’est pas pratiquée au bon moment (trop tôt ou trop tard dans la journée), des troubles du sommeil peuvent survenir. Par ailleurs, ce type de thérapie peut être déconseillée aux patients présentant une pathologie oculaire ou traités par des médicaments photosensibles. De ce fait, l’avis d’un ophtalmologiste est recommandé.</p>
<h2>Les bienfaits de l’activité physique s’étendent aussi au sommeil</h2>
<p>L’activité physique est connue pour ses nombreux bienfaits : amélioration de la condition physique et de la santé cardiovasculaire, prévention de la douleur chronique, amélioration du fonctionnement immunitaire, effet anxiolytique et antidépresseur. Mais on sait peut-être moins qu’elle permet aussi <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/28708630/">d’améliorer la qualité du sommeil</a>.</p>
<p>En effet, l’activité physique joue le rôle de synchroniseur du rythme veille-sommeil : elle renforce le contraste entre les périodes de veille, où l’on est censé être actif, et les périodes de repos et de sommeil, où l’on est censé dormir. De plus, l’exercice augmente la « bonne » fatigue, tout en diminuant l’anxiété qui a tendance à alimenter des ruminations le soir, au moment du coucher.</p>
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<img alt="Un vieil homme s’apprête à détacher son vélo, accroché à un poteau dans la rue." src="https://images.theconversation.com/files/489454/original/file-20221012-14-29kn95.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/489454/original/file-20221012-14-29kn95.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/489454/original/file-20221012-14-29kn95.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/489454/original/file-20221012-14-29kn95.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/489454/original/file-20221012-14-29kn95.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/489454/original/file-20221012-14-29kn95.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/489454/original/file-20221012-14-29kn95.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Le vélo, comme les autres activités qui augmentent les rythmes cardiaque et respiratoire, peut aider à mieux dormir.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://unsplash.com/photos/bSVQzLryxtY">DESIGNECOLOGIST / Unsplash</a></span>
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<p>De manière générale, les personnes âgées qui pratiquent une activité physique plutôt à dominante aérobie – c’est-à-dire une activité induisant une augmentation du rythme cardiaque et respiratoire – telle que la marche nordique, le longe-côte, le vélo, la randonnée, etc. – rapportent <a href="https://academic.oup.com/ptj/article/92/1/24/2735115?login=false">qu’elles s’endorment plus rapidement, qu’elles dorment plus longtemps et que leur sommeil est de meilleure qualité</a>. L’Organisation mondiale de la Santé recommande d’ailleurs aux personnes âgées de pratiquer au moins 150 à 300 minutes d’activité physique aérobie modérée par semaine.</p>
<h2>D’autres pistes en cours d’évaluation</h2>
<p>La recherche progresse et d’autres thérapeutiques non médicamenteuses se développent. Une d’entre elles en particulier mérite toute notre attention, il s’agit de la stimulation vestibulaire.</p>
<p>Le système vestibulaire se situe dans l’oreille interne et nous permet de sentir les accélérations subies par notre tête. Il nous permet de savoir comment elle est inclinée, ce qui nous renseigne sur notre position (debout, allongée, sur un côté, etc.), ainsi que sur la façon dont elle bouge, et avec quelle intensité.</p>
<p>L’exposition de l’oreille interne à un léger courant électrique permet de stimuler le système vestibulaire de manière artificielle. Cette stimulation vestibulaire a déjà montré des <a href="https://www.degruyter.com/document/doi/10.1515/tnsci-2020-0197/html">effets bénéfiques sur l’équilibre</a>, <a href="https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fnsys.2019.00057/full">l’humeur</a> et le <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC2919660/">sommeil</a>, qui sont trois fonctions altérées avec l’avancée en âge. Bien que cette piste nécessite encore des recherches approfondies, elle pourrait rapidement devenir une nouvelle thérapeutique incontournable.</p>
<p>En attendant cette confirmation, pour avoir un bon sommeil, il est d’ores et déjà vivement recommandé de s’exposer suffisamment à la lumière et de pratiquer une activité physique régulière, et ce, quel que soit votre âge ! Si jamais cela s’avère insuffisant, il ne faut pas hésiter à consulter un médecin, qui déterminera la pertinence de recourir à d’autres approches, comme la psychothérapie, ou envisagera des analyses pour dépister d’éventuelles pathologies.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/191645/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Nombre de personnes âgées vous le diront : quand on vieillit, notre relation au sommeil change, et pas pour le meilleur. Nos nuits se font plus fragmentées, moins récupératrices. Peut-on y remédier ?Emma Milot, Doctorante en Sciences et Techniques des Activités Physiques et Sportives - Laboratoire COMETE U1075 INSERM/Unicaen, Université de Caen NormandieMarc Toutain, Doctorant en Sciences et Techniques des Activités Physiques et Sportives - Laboratoire COMETE UMR-S 1075 INSERM/Unicaen, Université de Caen NormandieLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.