tag:theconversation.com,2011:/us/topics/voyages-universitaires-74884/articlesvoyages universitaires – The Conversation2020-05-25T18:12:38Ztag:theconversation.com,2011:article/1389752020-05-25T18:12:38Z2020-05-25T18:12:38ZBusiness schools : dans la tourmente du Covid, créer de la valeur pour les étudiants<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/336485/original/file-20200520-152292-nlenw4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=2%2C23%2C995%2C621&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Il est important de proposer aujourd'hui aux étudiants des approches pluridisciplinaires.</span> <span class="attribution"><span class="source">Shutterstock</span></span></figcaption></figure><p>Ces vingt dernières années, le développement à l’international a été l’un des moteurs du <a href="https://www.challenges.fr/emploi/formation/ecoles-de-commerce-le-fabuleux-succes-francais_689088">succès des business schools</a> françaises. Cette voie continue certes à offrir de belles perspectives, car les besoins en formation non satisfaits par une offre locale en Afrique, en Amérique Latine ou en Asie restent importants. Et si l’éducation en ligne s’est accélérée ces dernières semaines, les turbulences actuelles liées à la crise du Covid-19 imposent de <a href="https://pureportal.coventry.ac.uk/en/publications/rethinking-the-business-model-of-business-schools-a-critical-revi">revoir le modèle</a> des établissements.</p>
<p>Différentes écoles ont annoncé la suspension des échanges internationaux pour la prochaine rentrée. De même, les universités partenaires stoppent ou retardent l’envoi de leurs propres étudiants sur les campus français. Pourtant ces séjours à l’étranger constituent un point central dans les parcours quand il s’agit de découvrir d’autres cultures, d’autres modes de management et des questionnements différents.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1263090233588867073"}"></div></p>
<p>Certains Executive MBA américains, comme celui de <a href="https://www.fuqua.duke.edu/programs/global-executive-mba">Fuqua</a> [3], etc.), ou européens, à <a href="https://www.triumemba.org/">HEC</a> ou à <a href="https://www.unibocconi.eu/wps/wcm/connect/Bocconi/SitoPubblico_EN/Navigation+Tree/Home/Programs/Current+Students/Services/International+Relations/International+Students/International+Student+Desk/Before+Your+Arrival/Educational+Offer/MBA+Courses/">Bocconi</a> mettent en avant l’organisation sur trois ou quatre continents de la formation comme clé de la valeur ajoutée, tandis que des programmes de <a href="https://etudiant.kedge.edu/programmes/ibba">bachelor</a> ou de <a href="https://www.escpeurope.eu/">master</a> prévoient un ou plusieurs séjours longs à l’étranger.</p>
<p>La crise épidémique questionne la viabilité de ce modèle non seulement par la fermeture actuelle des frontières mais aussi les contraintes qui pèseront sur les déplacements à venir, jusqu’à ce qu’un vaccin soit disponible : hausse des coûts de transport, mise en quarantaine, difficulté d’obtention des visas, etc.</p>
<h2>International et digital</h2>
<p>La difficulté des échanges internationaux exacerbe la concurrence à court terme entre les écoles françaises sur le marché national. Elle accélère aussi le développement des formations en ligne. Cependant sur ce créneau, les établissements classiques sont très fortement concurrencés par les EdTechs qui proposent des solutions intégrées ou des plates-formes d’apprentissage.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1257713333416996869"}"></div></p>
<p>Les site webs professionnels tels que Microsoft ou LinkedIn sont aussi actifs pour offrir un apprentissage spécifique et ainsi délivrer des certificats via <a href="https://www.linkedin.com/learning/">LinkedIn Learning</a> et Microsoft/learning. Si les Ed-Tech peuvent fournir des solutions techniques pour améliorer les performances des acteurs existants, les plates-formes disposent en prime d’un accès direct aux apprenants et bénéficient d’un <a href="https://www.cairn.info/revue-reflets-et-perspectives-de-la-vie-economique-2008-1-page-39.htm">marché à double face</a> auprès des apprenants, des entreprises et éventuellement des écoles et des universités.</p>
<p>La crise du Covid-19 accentue les tensions qui ne sont pas nouvelles. Dès 2012, <a href="http://www.garyhamel.com/author">Gary Hamel</a> remarque qu’au sein de leurs conférences</p>
<blockquote>
<p>« les universitaires discutent de la nécessité du changement, identifient les signaux d’une rupture potentielle et suggèrent qu’il est nécessaire de repenser en profondeur la nature de l’enseignement supérieur ; et quand ils sont de retour dans leurs bureaux, ils comptent leurs papiers et leurs citations, enseignent et gèrent leurs programmes. Et qu’enseignent-ils ? Le cas de Kodak dans lequel le management n’a pas su prendre le virage du digital ».</p>
</blockquote>
<p>Depuis 2012, les MOOC se sont développés ainsi que les cours en ligne. Et la disruption attendue n’a pas eu lieu. Car, au-delà du digital, il est nécessaire de réinterroger les mécanismes de <a href="https://jhupbooks.press.jhu.edu/title/designing-new-american-university">création de valeur</a> dans l’enseignement supérieur.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1044085072503148544"}"></div></p>
<h2>Valoriser l’expérience</h2>
<p>Si la connaissance est une commodité, la mise en situation de cette connaissance est un enjeu clé qui requiert une présence physique et un accompagnement individualisé. Les business schools mondiales, via les associations comme <a href="https://www.aacsb.edu/">AACSB</a> ou <a href="https://www.efmdglobal.org/">EFMD</a> sont toutes engagées dans cette démarche en orientant leurs activités dans le triptyque « Impact, Innovation et Engagement ». L’idée clé derrière ce triptyque est que les écoles doivent intégrer une pédagogie réflexive un temps de stage ou d’alternance pertinent dans les cursus pour créer de la valeur.</p>
<ul>
<li><p>L’innovation fait référence directement aux modalités pédagogiques pour les étudiants, mais aussi les employeurs et l’ensemble des communautés autour des business schools.</p></li>
<li><p>L’engagement décrit les interactions entre les professeurs, les étudiants et les mondes professionnels.</p></li>
<li><p>L’impact dépasse la production traditionnelle de connaissances en mettant l’accent sur comment les programmes et les étudiants font la différence dans le monde des affaires.</p></li>
</ul>
<p>Cette démarche amorce la rupture avec le paradigme précédent. Que ce soit en pédagogie ou en recherche, l’attention se porte sur la mise en action de la connaissance. Si l’articulation de concept est relativement aisée, la mise en situation de ces concepts pour l’action est beaucoup plus complexe.</p>
<p>C’est à cette démarche que nous invitent les associations de business schools AACSB et EFMD. Les compétences acquises par nos étudiants sont le produit de leurs expériences. Ils sont suivis par les professeurs qui leur fournissent une solide structure intellectuelle pluridisciplinaires et un accompagnement pour la mise en perspective de ce qu’ils ont vécu. Cela suppose des approches pluridisciplinaires pour bien comprendre et diagnostiquer les problèmes ainsi qu’une belle compétence technique pour proposer les solutions adaptées.</p>
<p>Au-delà de la crise actuelle du Covid-19, c’est la nature même de la connaissance qui est au centre de la discussion. Le modèle de production et diffusion des connaissances s’efface peu à peu pour laisser la place à l’expérimentation de la connaissance. Au-delà de la transmission des connaissances, le passage de la théorie à la pratique, comme dans une recette de cuisine, reste l’enjeu principal et suppose de se pencher sur l’accompagnement nécessaire.</p>
<p>La crise du Covid-19 marque un point d’inflexion. La montée rapide en compétence via le digital accélère la <a href="https://www.kmworld.com/Articles/Columns/David-Weinberger/The-commoditization-of-knowledge-40810.aspx">marchandisation de la connaissance</a> et met la mise en situation et l’expérience sous le feu des projecteurs. Reste à imaginer comment les vivre, que ce soit via l’alternance, l’apprentissage, les jeux sérieux, les stages ou la réalité virtuelle, dans cette période charnière où l’épidémie reste bien présente.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/138975/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Vincent Mangematin ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Le développement international a été l’un des moteurs du succès des business schools. Quelles perspectives alors que les voyages sont freinés et que les concurrents numériques se multiplient ?Vincent Mangematin, Dean, Kedge Business SchoolLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1310792020-02-06T09:50:29Z2020-02-06T09:50:29ZLes aventures des Baroudeurs de l’innovation managériale<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/313928/original/file-20200206-43084-t4ji08.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&rect=19%2C38%2C2552%2C1881&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Le voyage de Cassandre Verriest et Matthieu Vandermersch leur a permis de mieux définir ce que serait leur entreprise «&nbsp;idéale&nbsp;».</span> <span class="attribution"><span class="source">Auteur.</span></span></figcaption></figure><p>L’innovation est aujourd’hui perçue comme le principal outil de compétitivité des entreprises, qu’elle soit envisagée sous l’angle technologique ou organisationnel. Les recherches récentes montrent que ces différents types d’innovation ne peuvent se déployer de façon durable que si les méthodes et pratiques de management se renouvellent.</p>
<p>Le mouvement vers un management plus horizontal, responsabilisant et bienveillant donne lieu à un foisonnement de pratiques nouvelles qui démontre qu’il n’existe pas de recettes toutes faites. Phénomène de fond ou effet de mode, on assiste à une curiosité croissante des entreprises vers ce sujet, en particulier pour les idées et attentes des nouvelles générations.</p>
<p>Une initiative originale, les <a href="https://www.frenchbaroudeurs.com">« Baroudeurs de l’innovation managériale »</a>, apporte une réponse rafraîchissante à cette demande. J’ai recueilli le témoignage de deux de ces étudiants baroudeurs. Il illustre concrètement la grande diversité des approches découvertes au cours de leur périple, source d’inspiration pour les entreprises.</p>
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<figcaption><span class="caption">Le voyage des Baroudeurs résumé en deux minutes.</span></figcaption>
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<p>Les initiateurs sont deux copains étudiants en école de commerce à Lille et Lyon. En 2016, François Hubert et Léo Lustig découvrent l’innovation managériale dans les livres. Ils décident de dépasser la théorie en partant à la découverte d’entreprises qui la mettent en pratique et partent pour un tour du monde de six mois à travers onze pays, rédigeant des articles sur 30 entreprises qui les ont passionnés. L’année suivante, Hugo Chatel et François Force prennent la relève poursuivant cette quête de pratiques innovantes auprès de 50 entreprises dans 14 pays.</p>
<h2>Un voyage en quête de l’humain en entreprise</h2>
<p>En 2018, Cassandre Verriest et Matthieu Vandermersch reprennent le flambeau, avec une mission : prouver qu’il est possible de lier le bien-être des collaborateurs aux enjeux de croissance durable de l’entreprise. Pour atteindre cet objectif, ils décident d’aller sur le terrain, pour partir à la rencontre de ces hommes et femmes qui s’émancipent des schémas classiques de management pour inventer ceux de demain.</p>
<p>Pendant six mois, ils parcourent treize pays sur les cinq continents, des incontournables comme le Canada ou les Pays-Bas et d’autres, moins attendus, comme la Malaisie ou la Colombie. Au cours de ce voyage, ils rencontrent une soixantaine d’entreprises, de 10 à 200 000 salariés, des startups aux GAFA, en passant par des banques, des écoles, des communautés de freelance ou des laboratoires pharmaceutiques. Ils échangent sur leurs pratiques, leurs valeurs et leur vision pour le futur. Les nombreux témoignages recueillis prouvent que la responsabilisation, le bien-être et l’engagement des collaborateurs sont catalyseurs de productivité et de réussite pour l’entreprise.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/313929/original/file-20200206-43128-g9wl46.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/313929/original/file-20200206-43128-g9wl46.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/313929/original/file-20200206-43128-g9wl46.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/313929/original/file-20200206-43128-g9wl46.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/313929/original/file-20200206-43128-g9wl46.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/313929/original/file-20200206-43128-g9wl46.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/313929/original/file-20200206-43128-g9wl46.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/313929/original/file-20200206-43128-g9wl46.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Les Baroudeurs sont allés à la rencontre d’une soixantaine d’entreprises, des start-up aux GAFA.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Auteur.</span></span>
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<h2>Cape Town et les chroniques du CEO</h2>
<p>Première étape : Cape Town, en Afrique du Sud où nos Baroudeurs rencontrent Mike Scott, le CEO de NONA Creative. Fondée en 2012, il s’agit d’une entreprise de logiciels qui emploie 45 employés dont beaucoup de développeurs. On comprend l’intérêt de NONA pour le travail à distance : accéder à un vivier de talents plus grand et à des marchés de plus en plus lointains sans investir dans des locaux aux quatre coins de la planète.</p>
<p>Ce n’est pas si facile ! Comment faire pour inciter les salariés à travailler dans le respect des valeurs de l’entreprise, avec les bonnes méthodes ? Comment faire vivre et préserver la culture d’entreprise quand personne ne travaille au même endroit ? Comment encourager l’intelligence collective à distance ? Parmi les méthodes mises en place par Mike pour établir confiance et transparence figurent les chroniques. Chaque mois, il y partage par mail avec tous ses collaborateurs sa vie de PDG, les personnes qu’il rencontre, les articles et livres qui l’inspirent, les outils qu’il découvre et les décisions qu’il a prises.</p>
<p>En toute transparence, Mike partage sa vision et ses découvertes pour impliquer les collaborateurs et surtout leur donner un moyen de comprendre ses décisions stratégiques, sa façon d’agir et ses méthodes. En outre, les nombreux moments de rencontre permettent d’approfondir la relation de confiance tissée par les chroniques. Mike est aussi un adepte du co-walking qui lui permet de mieux connaitre les attentes de ses collaborateurs.</p>
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<figcaption><span class="caption">Le co-walking, la nouvelle façon de faire des réunions en marchant (BFMTV, 2018).</span></figcaption>
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<h2>Kuala Lumpur et l’entreprise des super-héros</h2>
<p>Et maintenant direction Kuala Lumpur en Malaisie, où Cassandre et Matthieu rencontrent Lu Xanne, Head of Culture chez Mindvalley. Cette entreprise de 200 collaborateurs propose une académie en ligne à destination des personnes qui souhaitent en savoir plus sur des thèmes comme le leadership, le développement personnel ou la méditation. Vishen Lakhiani, son fondateur, est parti du constat que trop de Malais partaient vers les États-Unis pour se révéler professionnellement. Il a donc décidé de créer l’entreprise la plus attractive possible en cherchant à comprendre les motivations des candidats.</p>
<p>Il a questionné les pratiques considérées comme habituelles et ordinaires, les a remises en cause pour créer une culture managériale totalement atypique et novatrice fondée sur les super-héros Marvel. Être leader chez Mindvalley, c’est réussir à révéler en chacun de ses collaborateurs le super-héros qui sommeille en lui. Quand Steve Jobs préconisait de s’entourer de personnes meilleures que soi dans tous les domaines, Mindvalley propose de révéler les talents en prônant son mantra « Hire for attitude, train for skills » (« recruter sur l’attitude, former pour les compétences »).</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/313321/original/file-20200203-41476-1jxyqdt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/313321/original/file-20200203-41476-1jxyqdt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=206&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/313321/original/file-20200203-41476-1jxyqdt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=206&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/313321/original/file-20200203-41476-1jxyqdt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=206&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/313321/original/file-20200203-41476-1jxyqdt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=258&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/313321/original/file-20200203-41476-1jxyqdt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=258&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/313321/original/file-20200203-41476-1jxyqdt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=258&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Carte des pays visités par les « French barouders ».</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.frenchbaroudeurs.com">Frenchbaroudeurs/site</a></span>
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<p>Tous les collaborateurs ont accès à la plate-forme 1Up, une plate-forme créée en interne qui leur permet de se témoigner leur reconnaissance au travers de badges numériques sous forme de… super-héros bien sûr ! On peut envoyer un Flash à son collègue afin de lui dire combien il a été rapide et efficace ou bien lui témoigner de notre vif intérêt pour le projet qu’il vient de réaliser. Une façon ludique de favoriser les feedbacks positifs entre collègues et de créer dans son entreprise des lieux d’expression des émotions et de renforcement des liens. Petite anecdote : le badge Teddybear est particulièrement plébiscité pour remercier les collaborateurs de la bonne humeur qu’ils créent dans l’entreprise.</p>
<h2>Buurtzorg et le self-management</h2>
<p>Un dernier coup de cœur vient cette fois-ci des Pays-Bas : Buurtzorg. Rendue célèbre par le coach de dirigeants Frédéric Laloux dans son livre <em>Reinventing Organizations</em>, cette entreprise créée, par Jos de Blok en 2006, propose des soins à domicile pour personnes en perte d’autonomie. La structure de Buurtzorg est très atypique et repose sur l’auto-gouvernance.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/313334/original/file-20200203-41503-11j9cm7.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/313334/original/file-20200203-41503-11j9cm7.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/313334/original/file-20200203-41503-11j9cm7.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=628&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/313334/original/file-20200203-41503-11j9cm7.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=628&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/313334/original/file-20200203-41503-11j9cm7.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=628&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/313334/original/file-20200203-41503-11j9cm7.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=789&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/313334/original/file-20200203-41503-11j9cm7.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=789&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/313334/original/file-20200203-41503-11j9cm7.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=789&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Chiffres de « French Baroudeurs » depuis le début de l’initiative.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.frenchbaroudeurs.com">FrenchBaroudeurs/site</a></span>
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<p>Chez Buurtzorg il n’y a aucun manager, pour 14 000 employés. Pour autant, Buurtzorg est la plus performante des organisations médicales. Elle a réussi à diviser par trois le nombre d’admissions en urgence chez les personnes âgées et à réduire de 30 % les heures de soins prescrites par les médecins.</p>
<p>À la base de ce choix d’organisation, il y a la volonté de miser sur l’humain et de simplifier les procédures, les règles et la communication, pour se focaliser sur l’essentiel : délivrer le meilleur soin aux patients. Les infirmières sont organisées en équipe de six à 12 personnes et sont responsables d’une zone géographique bien définie. Elles se partagent sept rôles qui tournent tous les six mois. Ces rôles sont explicités dans le manuel que toutes les infirmières Buurtzorg reçoivent, <em>Self-management, how it does work</em> de Astrid Vermeer et Ben Wenting.</p>
<p>Pour accompagner les infirmières et réaliser les démarches administratives, 50 personnes assurent un suivi depuis le siège social. 21 coachs guident les équipes dans le développement du self-management et les aident à résoudre les problèmes internes ou conflits nécessitant l’intervention d’un tiers.</p>
<p>Madelon, une infirmière, explique que ce cadre est essentiel et participe à la responsabilisation du personnel soignant. On sort du modèle infantilisant des pyramides managériales pour donner libre cours aux initiatives et à la passion du métier.</p>
<h2>Les 5 piliers de l’entreprise idéale</h2>
<p>Ceci n’est qu’un aperçu de ce que les Baroudeurs ont pu découvrir lors de leur tour du monde. Depuis leur retour, ils ont à cœur de partager leurs découvertes avec le plus grand nombre et d’inspirer par ces trouvailles les managers désireux de transformer leurs pratiques et d’améliorer l’engagement de leurs collaborateurs. Cette aventure leur a permis de se découvrir autant que de découvrir la richesse des échanges humains. « Quand on croit en l’humain, tout est possible ! », disent-ils souvent lors des conférences en entreprise.</p>
<p>Du haut de leurs 21 ans, ils ont poussé cette conviction jusqu’à la présentation de ce que serait leur entreprise « idéale », celle qui réunit les atouts de leurs coups de cœur et dans laquelle ils se verraient bien travailler.</p>
<p>Elle peut inspirer les entreprises à partir de cinq piliers majeurs du management de l’entreprise de leurs rêves :</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/313344/original/file-20200203-41516-1jl56pq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/313344/original/file-20200203-41516-1jl56pq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=300&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/313344/original/file-20200203-41516-1jl56pq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=300&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/313344/original/file-20200203-41516-1jl56pq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=300&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/313344/original/file-20200203-41516-1jl56pq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=377&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/313344/original/file-20200203-41516-1jl56pq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=377&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/313344/original/file-20200203-41516-1jl56pq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=377&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Les 5 piliers d’une entreprise idéale selon les « Frenchs Baroudeurs ».</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/fr/image-illustration/five-white-marble-pillars-on-black-457039933">rawf8/Shutterstock</a></span>
</figcaption>
</figure>
<ul>
<li><p><strong>Be involved</strong> (soyez impliqués) : une entreprise à mission est une entreprise qui engage si tant est que ses valeurs sont partagées et se concrétisent au quotidien.</p></li>
<li><p><strong>Be yourself</strong> (soyez vous-même) : la personnalité, les émotions et le développement des points forts des collaborateurs par la formation sont des catalyseurs de réussite pour les entreprises.</p></li>
<li><p><strong>Be a team player</strong> (jouez en équipe) : jouer collectif et apprendre à collaborer efficacement.</p></li>
<li><p><strong>Be a maker</strong> (soyez dans la réalisation concrète) : si je tape des rapports toute la journée sans jamais voir la concrétisation de mes actions, je me désengage vite.</p></li>
<li><p><strong>Be better</strong> (cherchez à progresser) : les entreprises qui portent des œillères et se confortent dans la concurrence et la compétition sont perdantes. Celles qui gagnent mettent en place des organisations inclusives et s’ouvrent à leurs clients, leurs concurrents, les écoles…
La démarche inventée par les baroudeurs représente en elle-même une vraie innovation managériale, issue de l’engagement des étudiants, auto-organisée, pérenne malgré des acteurs qui changent tous les ans, réflexive et visant à transmettre et à faire grandir… N’est-ce pas la leçon principale pour les entreprises : laisser émerger les initiatives et envies, autoriser de s’ouvrir et de sortir pour voir l’extérieur et changer son état d’esprit collectif ? Et si vous deveniez, à votre tour, des Baroudeurs ?</p></li>
</ul><img src="https://counter.theconversation.com/content/131079/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Thierry Picq ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>En 2018, Cassandre Verriest et Matthieu Vandermersch, deux étudiants, ont effectué un tour du monde pour découvrir des entreprises aux techniques de management innovantes.Thierry Picq, Professeur et Directeur de l'Innovation, EM Lyon Business SchoolLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1198922019-10-09T18:51:02Z2019-10-09T18:51:02ZCe que les étudiants apprennent en partant à l’étranger<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/295770/original/file-20191007-121101-1fywsgz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C4%2C998%2C661&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les séjours à l'étranger sont des atouts pour l'employabilité des jeunes, à condition de les valoriser.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/fr/download/confirm/376986877?src=Ezrtgt-0urUqMmPDUsUYGA-1-36&size=medium_jpg">Shutterstock</a></span></figcaption></figure><p>Initié <a href="https://www.cairn.info/revue-actes-de-la-recherche-en-sciences-sociales-2007-5-page-58.htm">au XVIIIᵉ siècle</a> par de jeunes aristocrates, le voyage de formation en Europe s’est démocratisé ces dernières années grâce aux programmes de mobilité universitaire. En tête des pays participant aux échanges Erasmus, la France a par exemple vu ses effectifs d’étudiants sortants augmenter de 37 % entre 2010 et 2015 (<a href="https://ressources.campusfrance.org/publi_institu/etude_prospect/chiffres_cles/fr/chiffres_cles_2018_fr.pdf">Campus France, 2017</a>).</p>
<p>Malgré la popularité de ces expériences interculturelles, les <a href="https://www.cairn.info/revue-journal-of-international-mobility-2015-1-page-45.htm">compétences</a> qu’elles permettent d’acquérir ne sont <a href="https://doi.org/10.3917/jim.004.0091">pas encore valorisées</a> autant qu’elles le devraient sur le marché de l’emploi. Un semestre d’étude ou un stage à l’étranger ne sont pas seulement l’occasion de progresser dans les langues de Shakespeare, Goethe ou Cervantes. Ce sont aussi des <a href="https://journals.sagepub.com/doi/full/10.1177/1028315313497589">tremplins</a> vers de nouvelles formes de savoir-être.</p>
<h2>Apprendre à s’adapter</h2>
<p>Faire preuve de curiosité, connaître ses forces et ses limites, apprendre à aborder le changement et nouer des relations avec les autres, voilà quelques-unes des compétences transversales que développent les jeunes de 18 à 30 ans lorsqu’ils voyagent, d’après l’<a href="https://www.aki-mobility.org/en/project/">AKI European Project</a>.</p>
<p>Ce référentiel, résultant d’un projet européen financé par l’Agence Erasmus + Jeunesse, les regroupe en cinq grands domaines : l’ouverture d’esprit, l’adaptation au changement, le sens des relations interpersonnelles, le sens des responsabilités, la confiance en soi</p>
<p>Les champs d’apprentissage mis en avant par l’AKI (Acquis pour la mobilité internationale) recoupent les compétences nécessaires pour « entrer, demeurer et progresser dans le monde du travail », identifiées par le <a href="https://www.conferenceboard.ca/edu/employability-skills-fr.aspx">Conference Board du Canada_</a>. Celles-ci se répartissent en trois catégories : les compétences de base, les compétences personnelles en gestion et les compétences pour le travail d’équipe.</p>
<p>On y met l’accent sur les compétences liées au savoir-être et au savoir-apprendre toute la vie. Parmi elles : communiquer, réfléchir et résoudre des problèmes, démontrer des attitudes et des comportements positifs, être responsable, être souple, apprendre constamment, travailler avec d’autres, participer aux projets et aux tâches, etc.</p>
<h2>Découverte de soi</h2>
<p>Attention à ne pas se tromper : l’acquisition des compétences et leur transfert d’un contexte à un autre relèvent de processus complexes. Avoir étudié à l’étranger ne veut donc pas dire que ces capacités à communiquer sont acquises de manière définitive.</p>
<p>En revanche, la mobilité favorise la progression de l’étudiant dans certaines d’entre elles, notamment les compétences transversales. Le fait d’avoir fait un échange universitaire peut ainsi révéler au recruteur la capacité d’adaptation d’un jeune face à un nouvel environnement de travail.</p>
<p>Le passage de l’université à l’entreprise matérialise, à une autre échelle, le <a href="https://www.cairn.info/revue-agora-debats-jeunesses-2008-4-page-44.htm?contenu=resume">passage</a> d’une culture à une autre. Au final, la mobilité internationale devrait permettre aux jeunes d’envisager positivement leur employabilité initiale, mais encore faut-il qu’ils soient capables de la valoriser aux yeux des recruteurs.</p>
<p>En choisissant de partir faire ses études ou un stage à l’étranger, l’étudiant s’engage dans un processus de découverte personnelle, qui l’amènera par confrontation à une culture différente à mieux analyser la sienne et à mieux se connaître (<a href="https://www.cairn.info/revue-agora-debats-jeunesses-2008-4-page-68.htm">Pleyers & Guillaume, 2008</a>). Néanmoins, la pratique réflexive que ce processus induit n’est pas spontanée. Elle suppose</p>
<blockquote>
<p>« une mise à distance et un regard critique sur son propre fonctionnement, mais aussi une analyse tant individuelle que collective des actions et décisions prises en cours d’action » (<a href="https://sites.google.com/site/sciencescroisees/articles-2/numero-7-8-soin-de-l-ame/perspectives-professionnelles">Lafortune, 2011</a>).</p>
</blockquote>
<h2>Des compétences à valoriser</h2>
<p>Pour que les étudiants soient capables d’identifier les progrès qu’ils ont faits, puis de les valoriser sur leur CV, il faut donc les aider à déployer cette attitude réflexive.</p>
<p>Or, le plus souvent, le suivi proposé aux étudiants reste limité : les informations mises à leur disposition concernent principalement les aspects pratiques de la mobilité. Ils peuvent par exemple se renseigner auprès du service des relations internationales de leur établissement, auprès du Centre d’information et de documentation jeunesse (CIDJ), de chaque Conseil Régional ou des structures d’éducation non formelle.</p>
<p>Pour aider les étudiants à prendre conscience de ce qui se joue lors de ces immersions interculturelles et à le mettre à profit face à des recruteurs, il faut donc instaurer un dialogue à long terme autour de ces expériences. C’est ce que tente le projet <a href="https://cap2025.fr/prepamobie-preparation-a-la-mobilite-internationale-des-etudiants-156737.kjsp">Prepamobie</a>, que nous déployons à partir de la rentrée 2019 à l’Université Clermont Auvergne.</p>
<p>Financé par le programme Learn’In Auvergne dans le cadre de l’I-Site Clermont, le dispositif s’appuie sur un cours en ligne, qui compare entre autres les cultures pédagogiques, afin de mieux appréhender la diversité de fonctionnement des cours en Europe. Prepamobie couvre les trois temps de la mobilité : la préparation, le quotidien dans l’université ou l’entreprise d’accueil, mais aussi le retour, étape tout aussi importante pour la consolidation des compétences.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/119892/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Cécilia Brassier-Rodrigues a reçu des financements du programme Learn'In Auvergne (I-Site Clermont).</span></em></p>Si l’on associe souvent les séjours à l’étranger avec des progrès linguistiques, ces expériences développent bien d’autres compétences transversales. Le point à l’occasion des 35 ans d'Eramus.Cécilia Brassier-Rodrigues, Maître de conférences en Sciences de l'Information et de la Communication, Directrice du département Information et communication, Université Clermont Auvergne (UCA)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1205452019-08-21T20:07:42Z2019-08-21T20:07:42ZÀ la montagne ou à la mer, en colloque, en conférence ou en rencontre : les pérégrinations des physiciens<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/288540/original/file-20190819-123745-1umo9nk.png?ixlib=rb-1.1.0&rect=7%2C1%2C1171%2C544&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Poster de présentation lors des rencontres de Moriond 2019</span> <span class="attribution"><a class="source" href="http://moriond.in2p3.fr/2019/Gravitation/">Photo par J. P. - Rencontres de Moriond</a></span></figcaption></figure><p>Chaque communauté a ses rois, ses reines et ses manants. Ainsi, celle des physiciens élève au rang d’Altesses Royales les Prix Nobel de la spécialité. Juste en dessous évoluent les princes et les ducs, c’est-à-dire les directeurs des grands laboratoires internationaux. On aura du mal à aborder ces personnages lors d’une assemblée car ils sont entourés à chaque instant par une foule de collaborateurs, éventuellement de journalistes et surtout d’intrigants. Il faut être soi-même un peu de la parenthèse pour pouvoir les approcher</p>
<p>Ainsi va l’étiquette en vigueur dans la communauté, particulièrement visible au moment des conférences qui rythment la vie du physicien. Mais apparaît alors un autre personnage-clé : l’organisateur de la manifestation. Une sorte de « shogun » qui exerce une influence considérable. C’est lui, en effet, qui décide, pour l’essentiel, de qui parlera, ce qui constitue le but ultime de tout chercheur. Réunir des physiciens ne s’improvise pas, cela requiert un maître de cérémonie aux multiples qualités alliant doigté, patience et entregent pour mettre en scène la grand’messe où des intervenants pas toujours accommodants veulent briller de tout leur éclat.</p>
<h2>Des conférences très convoitées</h2>
<p>Le besoin de se rencontrer est dans la nature humaine. On garde en mémoire le salon de la <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Madame_du_Deffand">marquise du Deffand</a> où se donnaient rendez-vous les notabilités d’alors, notamment Voltaire. Sous la Restauration, celui de <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Juliette_R%C3%A9camier">Mme Récamier</a> s’illustra en attirant les cercles politiques et littéraires avec Chateaubriand en vedette américaine.</p>
<p>Les physiciens, eux aussi, raffolent des réunions. Les conférences sont des passages obligés où il faut se montrer pour asseoir sa réputation. L’histoire de ces rencontres est ancienne. On cite encore aujourd’hui les vénérables <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Congr%C3%A8s_Solvay">Congrès Solvay</a>. Sur de vieilles photos en noir et blanc, on y contemple les prestigieux participants d’alors.</p>
<p>Le premier des « Solvay » eut lieu en 1911 à l’hôtel Métropole de Bruxelles. 30 physiciens s’y réunirent, dont Mme Curie, Einstein, Poincaré… Par la suite, en 1930 à Tübingen, <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Wolfgang_Pauli">Wolfgang Pauli</a> déclina l’invitation préférant rester à Zürich pour ne pas manquer un bal à son université. Mais il se rappela au bon souvenir de ses collègues par une lettre restée fameuse qui inventait le neutrino. En 1933, à nouveau à Bruxelles, Mme Marie Curie est toujours présente, cette fois accompagnée de sa fille Irène au milieu de 41 hommes.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/288542/original/file-20190819-123710-1a9nleo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/288542/original/file-20190819-123710-1a9nleo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=434&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/288542/original/file-20190819-123710-1a9nleo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=434&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/288542/original/file-20190819-123710-1a9nleo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=434&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/288542/original/file-20190819-123710-1a9nleo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=546&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/288542/original/file-20190819-123710-1a9nleo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=546&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/288542/original/file-20190819-123710-1a9nleo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=546&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Le Congrès Solvay en 1927. Du derrière au devant, et de gauche à droite : Auguste Piccard, Émile Henriot, Paul Ehrenfest, Édouard Herzen, Théophile de Donder, Erwin Schrödinger, Jules-Émile Verschaffelt, Wolfgang Pauli, Werner Heisenberg, Ralph Howard Fowler, Léon Brillouin, Peter Debye, Martin Knudsen, William Lawrence Bragg, Hendrik Anthony Kramers, Paul Dirac, Arthur Compton, Louis de Broglie, Max Born, Niels Bohr, Irving Langmuir, Max Planck, Marie Skłodowska Curie, Hendrik Lorentz, Albert Einstein, Paul Langevin, Charles-Eugène Guye, Charles Thomson Rees Wilson, Owen Willans Richardson.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://9gag.com/gag/axNKG8Y/imagine-the-collective-iq-and-knowledge-solvay-conference-1927">Wikipedia</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Le Congrès Solvay se réunit toujours aujourd’hui. Mais la foule préfère se presser dans des cycles de grandes conférences qui chacune attire jusqu’à mille physiciens. Elles se tiennent en plein été, prenant avantage des vacances universitaires en se transportant de ville en ville. L’équilibre souhaité par la communauté se traduit par le choix, à tour de rôle, de tel ou tel continent. Le schéma est bien rodé et le cérémonial est immuable : discours de bienvenue déclamé par le représentant de la ville-hôte aux visiteurs de tous horizons ; discours de clôture où s’exprime la personnalité la plus en vue. Les organisateurs sont des physiciens locaux et leur charge est éphémère.</p>
<figure class="align-left ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/288551/original/file-20190819-123749-1vouw4z.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/288551/original/file-20190819-123749-1vouw4z.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/288551/original/file-20190819-123749-1vouw4z.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/288551/original/file-20190819-123749-1vouw4z.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/288551/original/file-20190819-123749-1vouw4z.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/288551/original/file-20190819-123749-1vouw4z.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/288551/original/file-20190819-123749-1vouw4z.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Jean Trân Thanh Vân.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="http://rencontresduvietnam.org/conferences/2016/search-for-life/committee/">Rencontres du Viêtnam</a></span>
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</figure>
<p>Dans cet univers, un personnage est particulièrement remarquable. Il a gagné ses titres de noblesse en organisant des conférences. Il s’appelle <a href="https://www.aip.org/aip/awards/tate-medal/jean-tr%C3%A2n-thanh-v%C3%A2n">Jean Trân Thanh Vân</a> mais tout le monde l’appelle Tran ou plus familièrement Van. Cet attachant personnage est devenu plus influent que beaucoup de Prix Nobel ! Il dure depuis plus de 50 ans au sommet de l’empyrée. Les Prix Nobel, eux, sont par construction d’un âge avancé, quand aux directeurs de laboratoires, ils ne restent en fonction qu’un maigre quinquennat. Exemple de longévité, Tran porte durablement l’organisation de une, puis deux, et maintenant trois cycles annuels.</p>
<h2>Physique aux sommets</h2>
<p>Jadis, notre chercheur franco-vietnamien eut l’idée de réunir une vingtaine de jeunes collègues, tous à peine diplômés, dans un gîte des Alpes, pour échanger sur la physique du moment. C’était en janvier 1966 dans la localité de Moriond. Il loua un chalet bon marché, et ce fut le début d’une rencontre digne d’une colonie de vacances. Tous aidaient aux tâches domestiques, certains cuisinaient quand d’autres faisaient la vaisselle. Le ski n’étant qu’une occupation secondaire entre deux expertes discussions puisque la rencontre était labelisée séminaire de travail. Le terme Rencontre était novateur pour l’époque, un vocable dans l’air du temps, il restera une marque de fabrique et les « Rencontres de Moriond » furent pérennisées. Elles prirent la forme d’un rendez-vous annuel en mars, qui devint rapidement l’une des principales occasions d’échanges entre physiciens d’abord des particules, puis astrophysiciens et cosmologistes. Depuis 53 ans, les Rencontres réunissent chaque année de l’ordre de 450 participants. Le lieu a évolué. Tran, négociateur avisé, sélectionne le meilleur rapport qualité/prix de la prestation. Ainsi les Rencontres voyagèrent pour visiter les Arcs, la Plagne, Méribel… et maintenant la Thuile dans le Val d’Aoste.</p>
<h2>Sous les auspices de François 1<sup>er</sup></h2>
<p>Après avoir réussi à métisser la physique et le ski, Tran décida d’allier la science à la culture. Par un heureux hasard, il réussit à greffer une conférence de physique à l’intérieur même du Château Royal de Blois. C’était un cadre prestigieux pour des physiciens parfois mal dégrossis, résidence de 7 rois et de 10 reines de France. Entre deux exposés de cosmologie, on a pu se perdre dans le musée adjacent en empruntant l’escalier Renaissance. Une telle immersion permet de tout apprendre sur la généalogie des Valois, sans trop s’éloigner du boson de Higgs.</p>
<p>La première « Rencontre de Blois » eut lieu en 1989, célébrant les 25 ans de la découverte de la <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Sym%C3%A9trie_CP">violation de symétrie CP</a>, phénomène fondamental qui tente d’expliquer la disparition de l’antimatière. Quatre Prix Nobel y participèrent.</p>
<p>Les <a href="http://blois.in2p3.fr/">« Rencontres de Blois »</a> fêtent cette année leur 31ème épisode sur le thème : « Physique des Particules et Cosmologie ». Les présentations se tiennent dans l’aile Gaston d’Orléans, où Louis XIII tentait de retenir son encombrant frère qui, à Paris, aimait comploter.</p>
<figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/288546/original/file-20190819-123741-121sbu9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/288546/original/file-20190819-123741-121sbu9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=500&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/288546/original/file-20190819-123741-121sbu9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=500&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/288546/original/file-20190819-123741-121sbu9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=500&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/288546/original/file-20190819-123741-121sbu9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=628&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/288546/original/file-20190819-123741-121sbu9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=628&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/288546/original/file-20190819-123741-121sbu9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=628&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">L’illustration des Rencontres de Blois, 2015.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="http://blois.in2p3.fr/2015/">Rencontres de Blois</a></span>
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</figure>
<p>La manifestation est « un don du ciel » selon un ancien maire, et la conférence paye tribut à la ville royale en offrant aux Blésois une conférence grand public très suivie. Le faste de la Renaissance demeure, bien que le banquet, cérémonie obligatoire d’une telle manifestation, n’ait plus lieu comme auparavant dans le Château de Chambord. Là, une sonnerie de cors de chasse annonçait l’heure des agapes, et tous pouvaient alors discuter de l’âge de l’Univers au détour de l’escalier à double hélice, une coupe de champagne à la main.</p>
<h2>Retour aux sources</h2>
<p>Venu en France encore tout jeune pour passer une thèse de physique théorique à l’ENS, Tran s’est bâti un imbattable réseau d’amitiés dans toute la communauté et au-delà. L’âge avançant, il voulut œuvrer pour son pays natal. Avec sa femme Kim toujours à ses côtés, il créa d’abord une fondation en faveur des enfants orphelins de son pays d’origine. Mais bientôt, la physique reprit l’ascendant et il lança les <a href="https://rencontresduvietnam.org/?lang=fr">« Rencontres du Vietnam »</a>. La première édition eut lieu en 1993 à Hanoi. C’était une entreprise risquée mais les relations solides de Tran développées aux quatre coins du monde permirent de convaincre de nombreux physiciens de venir découvrir le Vietnam. Une seconde édition eut lieu à Ho Chi Minh ville à l’occasion d’une éclipse totale de Soleil. La machine était enclenchée, et la Rencontre s’est stabilisée depuis quelques années dans une ville située sur la côte au milieu du pays : Quy Nhon. Tran y a réussi à construire un centre pérenne de Congrès nommé ICISE doté d’une plage privée, qui favorise les contacts avec les chercheurs vietnamiens autrement très isolés. Cette année 21 colloques sont programmés, et cela fait progresser la cause de la physique fondamentale dans un pays qui a d’autres priorités.</p>
<p>Moriond, puis Blois, puis le Vietnam… Quoi d’autre à l’avenir ? Il ne reste plus à Tran qu’à organiser, dans 20 ou 30 ans d’aujourd’hui, un centre de rencontres au Paradis où les physiciens pourront échanger en toute connaissance de cause sur l’âge de l’Univers, et comprendre enfin ce que faisait le temps au moment du big bang.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/120545/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>François Vannucci ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Un physicien, ça voyage. Ski, bains de mer… Les colloques, rencontres et conférences servent aussi à travailler. Les exemples sont anciens.François Vannucci, Professeur émérite, chercheur en physique des particules, spécialiste des neutrinos, Université Paris CitéLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1201562019-08-14T13:51:41Z2019-08-14T13:51:41ZLes universitaires sont de gros émetteurs de gaz à effet de serre. Voyagent-ils trop?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/287887/original/file-20190813-9431-3pjirg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les chercheurs sont friands de déplacements à l'étranger. Or, les transports contribuent de façon importante aux émissions globales de gaz à effet de serre. </span> <span class="attribution"><span class="source">Shutterstock</span></span></figcaption></figure><p>Un <a href="https://www.sciencemag.org/careers/2019/05/why-some-climate-scientists-are-saying-no-flying">article paru récemment</a> dans la revue <em>Science</em> a fait grand bruit dans le milieu universitaire: il relate le cas de la professeure Kim Cobb, du Georgia Institute of Technology.</p>
<p>La chercheuse spécialisée en science du climat a calculé qu’en 2017, elle avait parcouru près de 200 000 km, surtout pour participer à des conférences – soit l’équivalent de 10 allers-retours Montréal-Beijing, ou cinq fois le tour du monde ! Elle s’est donc questionnée sur l’impact environnemental de ses activités professionnelles et a réduit de 75 pour cent la distance parcourue en avion l’année suivante. </p>
<p>Bien que son cas soit extrême, Kim Cobb ne fait pas exception. Les chercheurs universitaires sont souvent appelés à voyager pour participer à des conférences, des réunions, des comités ou pour effectuer des travaux de recherche. Une <a href="https://iopscience.iop.org/article/10.1088/1748-9326/ab33e6">enquête que nous avons réalisée</a> parmi les professeurs de l’Université de Montréal a permis de déterminer que ceux-ci parcourent en moyenne 33 000 km par année dans le cadre de leurs activités professionnelles, majoritairement par avion. Les stagiaires postdoctoraux et les étudiants aux cycles supérieurs voyagent aussi dans le cadre de leurs travaux de recherche et pour présenter leurs résultats, à raison de 13 600 km et 5 900 km par personne, respectivement. </p>
<h2>Un impact environnemental non négligeable</h2>
<p>Tous ces kilomètres parcourus pour la science laissent des traces. Les transports contribuent de façon importante aux émissions globales de gaz à effet de serre, qui sont en grande partie responsables du dérèglement climatique actuel. Le transport aérien contribue à lui seul pour près de <a href="http://www.oecd.org/sd-roundtable/papersandpublications/49482790.pdf">2 pour cent des émissions annuelles globales</a> de dioxyde de carbone (CO₂) en plus d’émettre de <a href="https://www.carbonbrief.org/explainer-challenge-tackling-aviations-non-co2-emissions">nombreux autres polluants</a> nocifs à la fois pour la santé et l’environnement. C’est aussi une des sources de CO₂ qui croissent le plus rapidement dans le monde : les émissions dues à l’aviation ont augmenté de <a href="https://unfccc.int/resource/docs/2014/sbi/eng/20.pdf">plus de 75 pour cent entre 1990 et 2012</a>, et elles <a href="https://www.carbonbrief.org/aviation-consume-quarter-carbon-budget">continuent de croître</a> à un rythme effréné. </p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/287883/original/file-20190813-9400-cgqlt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/287883/original/file-20190813-9400-cgqlt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/287883/original/file-20190813-9400-cgqlt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/287883/original/file-20190813-9400-cgqlt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/287883/original/file-20190813-9400-cgqlt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/287883/original/file-20190813-9400-cgqlt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/287883/original/file-20190813-9400-cgqlt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Un congrès de cardiologues à Mannheim, en Allemagne. Tous ces kilomètres parcourus pour la science contribuent de façon importante aux émissions de gaz à effet de serre.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Shutterstock</span></span>
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<p>À l’échelle individuelle, le Canadien moyen émet, par sa consommation de biens et services, <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S2211464515000317#bib41">environ 13 tonnes de CO₂</a> par an. Or, à elles seules, les émissions résultant du transport aérien des professeurs de l’Université de Montréal atteignent en moyenne <a href="https://iopscience.iop.org/article/10.1088/1748-9326/ab33e6">11 tonnes de CO₂ annuellement par personne</a>. Pour rester dans la moyenne canadienne des émissions, les chercheurs devraient donc réduire pratiquement à néant les émissions produites dans les autres sphères de leur vie, incluant leur alimentation, leur consommation d’énergie et leurs transports quotidiens – mission presque impossible. </p>
<p>Si l’on compile le CO₂ généré par tous les déplacements reliés à la recherche pour l’Université de Montréal (chercheurs, stagiaires postdoctoraux et étudiants aux cycles supérieurs), ceux-ci sont responsables de près de 40 % de toutes les émissions de CO₂ de l’université, un calcul qui tient compte de la consommation d’énergie sur le campus, des déplacements quotidiens du personnel et des étudiants, et de la production de la nourriture vendue sur le campus, entre autres.</p>
<p>Le cas de l’Université de Montréal n’est toutefois pas unique. D’autres universités, comme <a href="https://www.mcgill.ca/sustainability/article/environmental-impact-academic-travel">l’Université McGill</a> ou <a href="https://pics.uvic.ca/addressing-greenhouse-gas-emissions-business-related-air-travel-public-institutions-case-study">l’Université de la Colombie-Britannique</a>, ont fait cet exercice. Les résultats varient, mais une constante subsiste : les déplacements reliés à la recherche sont nombreux et responsables de l’émission d’une quantité importante de CO₂. </p>
<h2>Pourquoi tous ces déplacements</h2>
<p>Les chercheurs ont plusieurs raisons de voyager, mais la raison principale est liée à la présentation des résultats de recherche : 67 pour cent des voyages effectués par les répondants de l’Université de Montréal avaient pour but de participer à des conférences ou des séminaires, alors que 18 pour cent permettaient la tenue de travaux de recherche, le reste étant liés à des réunions, des comités ou autres rencontres.</p>
<p>Ces activités sont prisées par les universités et les organismes subventionnaires, qui valorisent le rayonnement international de la recherche. Cette internationalisation ne se limite toutefois pas aux chercheurs : les universités cherchent de plus en plus à recruter des étudiants étrangers et favorisent les échanges internationaux chez leurs propres étudiants, ce qui a aussi un <a href="https://iopscience.iop.org/article/10.1088/1748-9326/ab33e6">impact environnemental non négligeable</a>. </p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/287885/original/file-20190813-9419-izumt0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/287885/original/file-20190813-9419-izumt0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/287885/original/file-20190813-9419-izumt0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/287885/original/file-20190813-9419-izumt0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/287885/original/file-20190813-9419-izumt0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/287885/original/file-20190813-9419-izumt0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/287885/original/file-20190813-9419-izumt0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Une conférence scientifique à Varsovie, en Pologne. Les voyages sont prisées par les universités et les organismes subventionnaires qui valorisent le rayonnement international de la recherche.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Shutterstock</span></span>
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<h2>Des déplacements rentables</h2>
<p>Une question demeure : tous ces déplacements sont-ils rentables scientifiquement ? Le débat a été lancé en début d’année par des chercheurs de l’Université de la Colombie-Britannique, qui ont <a href="https://www.natureindex.com/news-blog/do-best-academics-researchers-scientists-fly-travel-more">évalué la productivité scientifique des chercheurs en fonction de la fréquence de leurs déplacements en avion</a>. Le raisonnement est simple : plus les chercheurs voyagent, plus ils étendent leurs réseaux, plus ils disséminent leur recherche, plus ils ont du succès.</p>
<p>Les résultats surprennent : le nombre de voyages effectués n’influencerait que très peu la productivité des chercheurs. Une hypothèse qui pourrait expliquer ces résultats est que les chercheurs qui voyagent beaucoup auraient moins de temps pour effectuer leurs travaux de recherche et rédiger des articles pour les revues scientifiques. Autre constat : 10 pour cent des voyages rapportés auraient été faciles à éviter, puisqu’il s’agissait de voyages de moins de 24 heures qui auraient pu se tenir par vidéoconférence ou dont la distance ne justifiait pas un voyage en avion. </p>
<h2>Existe-t-il des solutions ?</h2>
<p>Certains chercheurs, comme Kim Cobb, ont opté pour un engagement clair visant à réduire leurs déplacements. Plusieurs, en particulier des spécialistes du climat, sont signataires de l’initiative <a href="https://noflyclimatesci.org/">No Fly Climate Sci</a>, où ils s’engagent à voyager moins par avion entre autres en limitant leur présence à des conférences internationales pour favoriser des conférences régionales. </p>
<p>Certaines institutions ont également pris les devants. Par exemple, l’Université de Californie à Los Angeles <a href="https://www.sustain.ucla.edu/airtravelfund/">exige une contribution</a> de tous les chercheurs voyageant en avion pour compenser les émissions de CO₂ de leurs déplacements. D’autres, comme le Centre Tyndall pour la Recherche sur les Changements Climatiques en Angleterre, ont <a href="https://tyndall.ac.uk/travel-strategy">établi des règles claires</a> pour valoriser les rencontres à distance, utiliser un autre mode de transport lorsque c’est possible, et combiner différentes activités professionnelles à l’intérieur d’un même voyage.</p>
<p>À l’Université de Montréal, pour l’instant, il n’existe aucune politique pour réduire les impacts environnementaux des déplacements académiques. Bien que plusieurs chercheurs interrogés souhaitent réduire leurs émissions, deux enjeux ont été soulevés par nos répondants : (1) la difficulté de payer pour la compensation carbone à même leurs fonds de recherche en raison des règles des organismes subventionnaires, qui ne permettent souvent pas ce type de dépense; (2) le manque d’accessibilité à des systèmes de vidéoconférence. </p>
<p>Enfin, il faut se demander si tous les chercheurs ont la même responsabilité ou la même capacité à réduire leurs émissions, ce qui renvoie à des questions d’équité. Par exemple, les chercheurs qui proviennent de la Nouvelle-Zélande ou de l’Australie peuvent difficilement trouver des moyens de transport alternatifs vers des destinations internationales. C’est le cas aussi des chercheurs qui proviennent de pays en développement qui ont avantage à présenter leurs résultats dans des conférences européennes ou nord-américaines. Les déplacements sont aussi essentiels pour les chercheurs en début de carrière qui doivent étendre leur réseau de contacts pour sécuriser un emploi permanent ou pour ceux dont les travaux de recherche nécessitent une présence sur le terrain. </p>
<p>Bref, les impacts environnementaux des voyages académiques sont connus. Les solutions aussi. C’est aux institutions de déterminer maintenant comment les adapter à leurs réalités et aux chercheurs de les adopter.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/120156/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Julie Talbot a reçu des financements du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada et du Fonds de recherche du Québec – Nature et technologies. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Julien Arsenault a reçu du financement du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada.</span></em></p>Une conférence en Autriche, une autre en Chine, des travaux de recherche en Indonésie… Plusieurs questionnent l'impact environnemental des habitudes de travail cosmopolites des universitaires.Julie Talbot, Professeure agrégée en géographie, Université de MontréalJulien Arsenault, Candidat au doctorat en géographie, Université de MontréalLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.