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BD « Sciences en bulles » : des bactéries pour lutter contre la grippe

Peb&Fox/Syndicat national de l’édition, CC BY-NC-ND.

Cet extrait de la BD « Sciences en bulles » est publié dans le cadre de la Fête de la science (du 2 au 12 octobre 2020 en métropole et du 6 au 16 novembre en outre-mer et à l’international) dont The Conversation France est partenaire. Cette nouvelle édition aura pour thème : « Planète Nature ? ». Retrouvez tous les débats et les événements de votre région sur le site Fetedelascience.fr.


Les virus influenza sont les virus responsables de la grippe, une maladie qui affecte un très large panel d’espèces. Certains d’entre eux sont propres aux oiseaux et responsables de ce qu’on appelle la grippe aviaire. Ces virus sont surveillés de près, car en plus de pouvoir causer des ravages dans les élevages, certains d’entre eux sont capables d’infecter l’homme avec des taux de mortalité très élevés.

Les oiseaux d’eau sauvages, en particulier les canards, sont ce qu’on appelle le réservoir des virus influenza. Cela signifie qu’ils hébergent, de manière souvent asymptomatique, les virus de la grippe dans leur tube digestif et qu’ils les disséminent à travers le monde. Mes travaux de thèse s’intéressent aux virus de la grippe aviaire qui ont frappé la France entre 2015 et 2017 et aux canards. Plus précisément, au microbiote des canards.

Comme le nôtre, le tube digestif des oiseaux contient des milliards de bactéries qui constituent ce que l’on appelle le microbiote intestinal. Ces bactéries vivent en symbiose avec leur hôte : elles ont le gîte et le couvert, et en contrepartie, elles rendent bien des services.

Elles jouent un rôle capital pour notre système immunitaire de différentes manières. Premièrement, leur simple présence constitue une barrière physique tenant à distance les agents pathogènes. Deuxièmement, elles encouragent les cellules intestinales à sécréter du mucus, un gel visqueux qui peut emprisonner les virus ou du moins ralentir leur avancée vers les cellules. Surtout, elles activent à bas bruit le système immunitaire, en sollicitant les cellules de l’immunité en permanence. En cas d’infection virale, une réponse immunitaire peut ainsi se mettre en place rapidement et efficacement.

Un point fascinant est que les signaux envoyés par les bactéries intestinales ont des répercussions dans d’autres organes. Un microbiote intestinal en pleine forme protège ainsi contre les symptômes respiratoires lors d’une infection par un virus influenza : on parle d’axe intestin-poumon.

Mes travaux montrent que lorsque l’on perturbe le microbiote des canards, le système immunitaire réagit moins bien et laisse l’opportunité aux virus influenza de mieux se multiplier et d’être davantage disséminés dans l’environnement.

Il y a donc tout intérêt à prendre soin de ces bactéries intestinales qui se révèlent très précieuses, en limitant tout ce qui pourrait leur nuire. En particulier, l’utilisation des antibiotiques doit être raisonnée, l’alimentation doit être équilibrée et le stress doit être limité. À l’inverse, les probiotiques, des micro-organismes vivants qui, ingérés, améliorent l’équilibre du microbiote intestinal, ont un effet protecteur en cas d’infection par un virus grippal.


Retrouvez les créations dessinées du duo Peb & Fox sur leur blog.

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