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Ce que nous réserve le climat pour les 100 prochaines années

Les épisodes de pluies diluviennes deviennent plus fréquents, notamment en Asie du Sud-est. Soe Zeya Tun/Reuters

Au sommet de la COP21, les délégués se sont mis d’accord sur un objectif pour limiter le réchauffement climatique. L’accord de Paris demande que la communauté internationale « limite la hausse de la température moyenne à bien moins de 2 °C par rapport aux seuils préindustriels, et poursuive ses efforts pour qu’elle avoisine plutôt 1,5 °C ».

Mais les engagements de 185 pays en amont du sommet parisien ne permettent pas en l’état, et de loin, d’atteindre cet objectif de 1,5 °C, ni même celui de 2 °C. Pris dans leur ensemble, ils conduiraient à une augmentation de 2,7 °C au niveau mondial.

Pendant ce temps, l’année 2015 est sur le point d’établir un nouveau record mondial de température, avec une hausse moyenne qui dépasse probablement 1 °C.

Comment le réchauffement climatique nous affecte déjà

Que signifient tous ces chiffres pour la planète ? Nous en voyons déjà les effets. On observe presque partout une augmentation des moyennes annuelles, à mi-chemin du seuil de 2 °C. En Europe, en Australie et en Asie, les phénomènes de canicule sont en forte hausse.

Les cas de pluies diluviennes dépassent ceux que l’on pourrait observer normalement. Au niveau mondial, les cas d’averses exceptionnelles pendant la période 1980-2010 étaient 12 % supérieurs à ce qui se serait produit dans un monde non soumis au changement climatique. De tels phénomènes sont en hausse de 56 % en Asie du Sud-Est, de 31 % en Europe, et de 24 % dans le centre des États-Unis. Ces observations s’accordent avec les prédictions de précipitations en hausse du fait du réchauffement climatique : l’air chaud contient davantage d’humidité, qui peut être relâchée au cours d’épisodes de pluie brefs et intenses.

Une étude sur l’étendue des glaciers en septembre dans l’Arctique, qui porte sur la période 1979 à 2015, montre une réduction de 13,4 % par décennie par rapport à la moyenne enregistrée au cours de la période 1981 à 2010.

Quand l’eau se réchauffe, elle occupe plus d’espace, un processus connu sous le nom de « dilatation thermique ». Combiné à la fonte des glaciers de haute montagne, de la calotte glaciaire au Groenland et en Antarctique, ce processus a entraîné une élévation du niveau des océans de l’ordre de 20 cm depuis un siècle, au rythme actuel d’environ 3 mm par an.

Et ensuite ?

Même si la composition atmosphérique des gaz à effet de serre (GES) et d’autres facteurs externes restait stable par rapport au niveau de l’an 2000, le réchauffement climatique tournerait autour de 1,5 °C d’ici à la fin du siècle. Si nous ne changeons rien à nos habitudes, il pourra même atteindre 3 à 5 °C.

Les modèles climatiques ont montré qu’en raison du réchauffement, la probabilité de fortes températures au quotidien augmentera de façon non linéaire. À 2 °C d’augmentation, la probabilité d’épisodes de canicule exceptionnelle devrait être plus de cinq fois supérieure à celle qu’elle est aujourd’hui.

Les risques d’inondation devraient également augmenter. Actuellement, celles-ci constituent l’un des principaux événements météorologiques responsables de l’exode des populations, soit 22,5 millions de personnes en moyenne par an sur la période 2008-2014. Indépendamment des variations démographiques, le nombre de personnes concernées par les inondations pourrait plus que doubler si l’augmentation du réchauffement climatique tourne autour de 4 °C.

Les inondations vont conduire à des déplacements de populations de plus en plus massifs. Anindito Mukherjee/Reuters

Même si celle-ci ne dépasse pas 2 °C, l’accès à l’eau potable pourrait diminuer – parfois de 50 % – dans certaines régions, comme le pourtour méditerranéen. Au niveau mondial, la hausse des températures pourrait accroître de 20 % le nombre de personnes touchées par la pénurie chronique d’eau potable.

Dans le même temps, le niveau des océans devrait monter dans les siècles à venir. Depuis deux millénaires, on estime qu’il a progressé d’environ deux mètres par degré supplémentaire de réchauffement climatique. À l’horizon 2100, les efforts entrepris pour lutter contre le réchauffement climatique à 2 °C pourrait limiter la montée du niveau des océans à une fourchette comprise entre 26 et 55 mm. Si les températures augmentent de 4 °C en moyenne, cette hausse pourrait atteindre 45 à 82 mm. De notre vivant, nous pourrions même enregistrer une élévation de plus de 1 cm par an.

La fonte des glaces au Pôle Nord pourrait, elle, être totale si la hausse de la température mondiale dépasse 2 °C.

Le point de non-retour

Certains facteurs climatiques sont susceptibles d’entraîner des effets irréversibles quand le réchauffement climatique dépasse un certain seuil, un processus qui ne peut pas être entravé même si les températures se stabilisent.

Les conséquences environnementales sont donc profondes, et pourraient menacer le mode de subsistance de millions de personnes. Ainsi, au Groenland, la calotte glaciaire disparaîtra probablement si les températures dépassent un certain niveau (le seuil critique se situe peut-être sous la barre des 2 °C). Ceci entraînera une hausse du niveau des océans d’environ sept mètres.

Les limites ont peut-être déjà été franchies : des indices très récents montrent qu’une portion de la calotte glaciaire de l’Antarctique occidental pourrait avoir entamé une phase de déclin irrémédiable. Dans les siècles ou les millénaires à venir, ce seul phénomène risque d’entraîner une hausse de trois mètres du niveau des océans.


Traduit par Bamiyan Shiff/Fast for Word

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