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Illustration d'économie circulaire
Le nombre de recherches sur Google avec le mot clef « économie circulaire » connaît une tendance à la hausse depuis plus d’une décennie. Shutterstock

Économie circulaire : la perception des Français dépend notamment de l'impulsion politique

Au lieu de suivre le schéma traditionnel de production, d’utilisation et d’élimination, l’économie circulaire promeut la réutilisation, la réparation, le recyclage et la régénération des produits et des matériaux. En adoptant ce modèle économique, les entreprises réduisent leur dépendance aux ressources vierges, réduisent leur empreinte carbone et favorisent l’innovation dans la conception de produits durables. Susciter l’intérêt du grand public pour l’économie circulaire est donc crucial car en l’absence de son implication, atteindre les objectifs de durabilité devient impossible, vouant à l’échec toute politique volontariste.

Mais comment les perceptions du grand public évoluent-elles sur ce sujet ? Pour répondre à cette question, nous avons utilisé, dans le cadre d’un travail de recherche, les volumes de recherches issus de Google Trends, qui fournit des données sur la fréquence de recherche d’un mot-clé spécifique par rapport au volume total de recherches, sur une période définie et dans une région géographique précise. Autrement dit, plus le volume de recherches est important, plus l’intérêt du public pour ce sujet est grand.

Il en ressort notamment que l’intérêt du grand public pour l’économie circulaire est en partie corrélé avec la mise en place de mesures politiques. Les évolutions s’expliquent notamment par les politiques en place depuis les années 1990, lesquelles ont évolué au fil du temps.

Des « pauses » pendant les subprimes et le Covid

La figure 1 illustre l’évolution des recherches utilisant le mot-clé économie circulaire en France sur une période de 22 ans, s’étendant de janvier 2004 à juin 2022. On constate qu’à partir de mai 2004, le terme « économie circulaire » a commencé à générer des résultats de recherche atteignant un premier pic. Cette année-là, la France a en effet initié les premières actions liées aux politiques de valorisation des déchets, telles que la méthanisation.

Cependant, à partir de 2007, l’intérêt pour l’économie circulaire marque une pause, tout comme dans le domaine politique, très certainement éclipsé par la crise des subprimes. Par la suite, l’année 2013 marque le début d’une croissance exponentielle des recherches consacrées à l’économie circulaire. Cette tendance peut s’expliquer par un renouveau des politiques françaises qui intègrent explicitement le concept d’économie circulaire dans le Grenelle de l’environnement depuis 2007, ou encore l’inauguration de la Maison de l’économie circulaire à Lyon en 2017.

D’autres mesures directement liées à l’économie circulaire, mises en place au cours des années suivantes, ne font qu’accentuer l’intérêt pour le sujet – même si on note un ralentissement en 2020, probablement dû à la pandémie de Covid-19. Parmi ces mesures figure notamment la loi AGEC (Anti-gaspillage pour une économie circulaire), en vigueur depuis 2020, qui englobe une série de dispositions visant à réduire le gaspillage, promouvoir la réutilisation des produits et encourager le recyclage. Cette législation innovante positionne la France comme un acteur leader dans la promotion de l’économie circulaire en Europe.

Une perception globalement positive

Une des dispositions majeures de cette loi est l’interdiction progressive de la mise en décharge des produits non alimentaires recyclables d’ici à 2025*.* Cette mesure a pour objectif de stimuler le recyclage et d’encourager les industries et les citoyens à repenser leurs pratiques pour minimiser les déchets.

Globalement, nos travaux montrent qu’une très grande majorité du grand public a une perception positive de l’économie circulaire. Une tendance à mettre en lien avec les 84 % des articles de recherche, de plus en plus nombreux, qui expriment un discours valorisant sur ce concept. Cette perception peut être attribuée à un discours positif promu à la fois par les acteurs politiques et le milieu académique.

Cependant, nos travaux indiquent aussi une montée récente de la pensée critique quant à la capacité de l’économie circulaire à réellement représenter un levier du développement durable, suscitant, en particulier, des doutes réels sur ses effets sur l’environnement.

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