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Chrystia Freeland est devenue ministre des Finances après la démission de Bill Morneau à la suite de l’affaire UNIS (WE). La Presse Canadienne/Adrian Wyld

Les femmes arrivent ! Les nouveaux postes – prestigieux – de Chrystia Freeland et de Kamala Harris sont dans l’air du temps

Deux nominations, qui ont eu lieu la semaine dernière, font éclater le plafond de verre en Amérique du Nord.

Aux États-Unis, la sénatrice Kamala Harris, ancienne procureure générale de Californie, a été nommée colistière de Joe Biden, candidat démocrate à la présidence âgé de 77 ans. Il s’agit de la troisième femme à être nommée à ce poste et, en tant que fille de parents indiens et jamaïcains, de la première femme racisée.

Le discours de Kamala Harris après sa nomination comme colistière.

Et Chrystia Freeland est devenue la première femme ministre des Finances au Canada. J’avais rêvé que je serais celle qui briserait ce plafond de verre lorsque j’étais la porte-parole officielle de l’opposition en matière de finances pour le NPD. Cela n’a pas été le cas, mais je suis heureuse pour Mme Freeland. Il y a eu déjà des femmes à la tête des finances dans des gouvernements provinciaux, mais cela ne s’était encore jamais produit au fédéral. Ces changements offrent de l’espoir aux filles et aux jeunes femmes de partout dans le monde.

Mais les transformations se font très lentement. Si l’on observe la situation dans le monde, on constate que parmi les dirigeants mondiaux élus, il n’y a que 16 femmes, soit environ 10 %. Ni le Canada ni les États-Unis n’ont jamais eu une femme à la tête du pays. Les conseils d’administration des entreprises ne sont pas beaucoup plus performants : 17 % des PDG dans le monde sont des femmes.

Kamala Harris et Chrystia Freeland prennent tous deux leur fonction pendant une période trouble, ce qui amène certains à se demander pourquoi est-ce en temps de crise qu’on met de l’avant les femmes ? Et la réponse semble être parce qu’elles font alors preuve d’une grande efficacité.


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Un souffle nouveau

L’administration américaine actuelle a mal géré la pandémie de Covid-19, et le pays est devenu celui qui a connu le plus grand nombre de cas et de morts. Les manifestations en lien avec le mouvement Black Lives Matter ont dénoncé le profilage racial des forces de l’ordre et la persistance du privilège blanc dans le monde politique, économique et social ainsi que dans les entreprises. Aux États-Unis, on craint que les fondements de la démocratie ne soient menacés par les actions du président Trump.

Kamala Harris insuffle de la vie, un changement générationnel, de l’énergie et de l’enthousiasme dans la campagne démocrate pour reconquérir la présidence. Elle devrait motiver les électeurs progressistes, jeunes, racisés et les femmes à se rendre aux urnes pour détrôner le président actuel. Sa nomination comme colistière est inédite, mais si elle devait passer à l’étape suivante, à savoir la présidence, elle pourrait bien aider les États-Unis à se remettre complètement de leur humeur maussade et de leur instabilité.

Ici, au Canada, il est regrettable que le gouvernement libéral soit embourbé dans son troisième scandale éthique. Le premier ministre Trudeau, déjà reconnu coupable deux fois de violation de règles d’éthique, souhaitait désespérément changer le cadre politique, mais au moment même où le gouvernement publiait des milliers de documents sur l’affaire UNIS (WE), Bill Morneau, ministre des Finances, donnait sa démission. Chrystia Freeland, ancienne journaliste et auteure, l’a alors remplacé tout en gardant son poste de vice-première ministre.

Le premier ministre Justin Trudeau comparaît par visioconférence en tant que témoin devant le Comité des finances de la Chambre des communes le 30 juillet. Le comité enquête sur les dépenses du gouvernement, l’organisme UNIS et le Programme de Bourse canadienne pour le bénévolat étudiant. La Presse Canadienne/Sean Kilpatrick

Mme Freeland a démontré son talent de négociatrice lors du renouvellement de l’accord ALENA et en tant que responsable des Affaires intergouvernementales. Elle est brillante, compétente et expérimentée. Elle peut faire un très bon travail aux finances, et beaucoup la voient comme une future première ministre – il est donc triste que d’autres la considèrent comme un paravent politique.

Envoyez la cavalerie

Il ne fait aucun doute que Mesdames Harris et Freeland sont toutes les deux solides, compétentes et à la hauteur de leurs nouvelles fonctions. C’est peut-être le meilleur moment pour faire appel aux femmes afin de remédier à tout ce qui cloche en politique. Certains affirment que si l’on compare le bilan des dirigeantes depuis le début de la pandémie, elles obtiennent de très bons résultats, surtout si on les compare aux hommes forts qui sont à la tête de différents pays.


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Le Canada, même avec un cabinet égalitaire, se classe 61e au monde pour la représentation des femmes dans les parlements nationaux. C’est une honte et nous devons élire davantage de députées qui correspondent à la grande diversité canadienne.

Si on regarde dans le monde entier, on remarque qu’il existe une nouvelle génération de femmes dirigeantes comme Jacinda Ardern, en Nouvelle-Zélande, ou Sanna Marin et sa coalition de cinq jeunes femmes dirigeantes de parti en Finlande, qui ont fait preuve d’excellentes qualités de meneuses.

Que ce soit au Canada, aux États-Unis, en Nouvelle-Zélande ou en Finlande, nous espérons que la prochaine génération n’aspirera pas seulement au pouvoir pour elle-même, mais qu’elle permettra une meilleure représentation pour les années à venir. Qu’on puisse cesser de chercher à briser le plafond de verre et parler enfin d’une véritable égalité.

This article was originally published in English

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