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Une jeune femme en pull bleu assise à une fenêtre et portant un masque facial, l'air fatigué.
La forme longue de la Covid semble affecter environ 10 % des personnes qui ont contracté la Covid-19. Shutterstock

Covid longue : une personne infectée sur dix en souffre

Pendant que le taux d’infection à la Covid-19 continue de monter et de descendre de manière imprévisible ici et ailleurs dans le monde, un problème grave lié à la pandémie est en train d’émerger.

On l’appelle communément « Covid longue », et nous en savons encore très peu à son sujet, notamment ce qu’elle est, qui, quand et avec quelle force elle frappera, combien de temps il faudra pour s’en remettre et si une guérison complète est possible pour tous.

La Covid longue, ou syndrome post-Covid, se caractérise par des symptômes qui peuvent inclure difficultés respiratoires, douleurs thoraciques, « brouillard » cérébral, fatigue, perte de l’odorat ou du goût, nausées, anxiété et dépression, entre autres.

Elle semble toucher environ une personne sur dix qui s’est rétablie d’une infection à la Covid-19. Au Canada, une estimation prudente veut que la Covid longue ait affecté de 100 000 à 150 000 personnes jusqu’ici, bien que les études qui en évaluent la prévalence présentent de sérieux défauts méthodologiques.

Syndromes post-viraux

Quand la communauté médicale et celle de la recherche ont pris conscience de l’existence de la Covid longue, on a considéré qu’il s’agissait d’un syndrome post-viral parfois débilitant apparu pour la première fois chez des patients qui avaient souffert d’une forme grave de la Covid-19, en particulier ceux qui avaient été traités aux soins intensifs.

Ce qui est difficile dans l’identification de la Covid longue est que ses symptômes sont nombreux et peuvent être associés à d’autres troubles. Par ailleurs, certains de ces symptômes, comme l’anxiété, la dépression et la fatigue, ne peuvent être confirmés par des tests de laboratoire.

Des symptômes semblables ont déjà été observés auparavant à la suite d’infections virales autres que la Covid. Ainsi, le syndrome post-viral après une grippe continue de hanter certaines personnes longtemps après la fin de la maladie. Même des infections virales courantes et généralement peu dangereuses, comme la mononucléose, peuvent avoir des séquelles très graves et persistantes.

Un calendrier sur fond de bois superposé à des coronavirus
Ce qui rend difficile l’identification de la Covid longue, c’est que les symptômes sont nombreux et qu’ils peuvent être associés à d’autres maladies. (Pixabay/Canva)

Or, la Covid longue semble être différente : elle est souvent plus grave et plus difficile à étudier. Bien que nous soyons, avec d’autres chercheurs, activement investis dans la recherche sur la Covid longue, il faudra probablement attendre un an avant d’avoir une meilleure vision de cette maladie. Dès lors, il devrait être plus facile d’élaborer des thérapies.

Parmi les questions auxquelles il est urgent de répondre, il y a celle de savoir si la Covid longue est un syndrome post-viral typique qui suit un schéma prévisible, ou si elle a une empreinte immunitaire unique. Existe-t-il des marqueurs cliniques, radiologiques ou autres de la Covid longue ? Peut-on trouver des preuves d’une infection persistante de faible intensité ou d’une inflammation qui perdure ?

Une partie du défi réside dans le fait que pendant que des chercheurs comme nous tentent d’étudier les séquelles de la Covid-19, le monde est encore aux prises avec la phase aiguë de la pandémie avec, entre autres, le nouveau variant Omicron.

Causes et effets

Nous travaillons de manière systématique pour déterminer les causes et les effets possibles. Nous avons besoin de preuves fiables, mais elles sont difficiles à trouver.

Trouver un groupe témoin, ou une population de comparaison, pour la recherche – des personnes qui n’ont pas été affectées – est déjà ardu, car certaines personnes qui ont été infectées par la Covid-19 n’ont jamais été diagnostiquées, tandis que d’autres ont été diagnostiquées sans avoir été testées.

Tant qu’il reste une partie de la population dont on ignore si elle a eu la Covid-19, il est extrêmement difficile de constituer un groupe témoin qui nous permettrait de tirer des conclusions définitives sur ce qu’est la Covid longue et ce qu’elle n’est pas.

Un autre obstacle est que nous ne disposons pas d’informations détaillées sur l’état de santé des patients atteints de la Covid-19 avant l’infection, ce qui rend difficile de déterminer comment leur état de santé a évolué après la maladie.

Si un patient est déprimé aujourd’hui, pourrait-il y avoir une autre cause, ou cet état aurait-il pu se développer avant l’infection ? Une toux persistante pourrait-elle trouver son origine dans quelque chose qui s’est produit avant ou après une infection à la Covid-19 ?

Des virus et des hôtes

Illustration d’un coronavirus qui se désintègre
Lorsque l’organisme d’un patient est incapable d’éliminer rapidement un virus, il intensifie sa réponse immunitaire et peut finir par fabriquer des anticorps contre lui-même. (Shutterstock)

La relation entre un hôte et un virus peut être complexe et diversifiée. Elle dépend de l’état du patient avant l’infection et de son système immunitaire. L’interaction entre ces facteurs crée un large éventail de résultats possibles, ce qui complique l’étude et le traitement de cette nouvelle maladie.

Une théorie que nous et nos collègues explorons dans le cadre de nos recherches est que la Covid-19 déclenche une réponse immunitaire si vigoureuse que ce n’est peut-être pas le virus qui est directement responsable de l’apparition de la Covid longue, mais la réponse de notre corps à celui-ci.

Certains des effets de la longue Covid semblent être causés par l’inflammation, qui fait partie de la réaction typique de l’organisme à n’importe quel virus. Dans le cas de la Covid-19, cette réaction est exagérée, notamment en ce qui concerne l’incapacité du système immunitaire à retrouver un fonctionnement normal.

Quand l’organisme d’un patient n’arrive pas à éliminer rapidement un virus, il intensifie sa réponse immunitaire et peut finir par fabriquer des anticorps contre lui-même. Une partie de ce que nous observons avec la Covid longue pourrait être causée par les dommages collatéraux de cette réponse, en particulier lorsque l’inflammation résultant de l’infection aiguë était grave.

Malgré les obstacles logistiques, méthodologiques, scientifiques et autres – notamment la surcharge générale causée par la pandémie –, il est essentiel de mener des recherches pour répondre à ces questions et à de nombreuses autres.

Les systèmes de soins de santé doivent prévoir les ressources nécessaires pour prendre en charge ce groupe important de patients, et ce, peut-être pendant des années après la fin de la pandémie. Ce n’est qu’en en découvrant davantage sur ce problème grave et croissant que nous pourrons nous en occuper et trouver des solutions.

This article was originally published in English

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