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Environnement : 80 % des chefs d’entreprises en faveur d’une régulation plus stricte

505 dirigeants d’entreprises ont répondu à une enquête de l’Ademe sur leur perception des questions environnementales et des mesures de régulation possibles. Shutterstock

Interrogés sur le changement climatique, les dirigeants d’entreprises se montrent très favorables à une régulation renforcée de leur activité. Un constat surprenant au regard des représentations habituelles qui voudraient que les dirigeants soient forcément rétifs aux interventions des pouvoirs publics dans la vie économique.

Pour la première fois en 2018, l’Ademe (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie) a interrogé 505 dirigeants d’entreprises de plus de 50 salariés – représentatifs du tissu industriel français – en leur posant les mêmes questions sur le changement climatique que celles que l’Agence adresse au grand public chaque année depuis l’an 2000. Les dirigeants ont également répondu plus spécifiquement sur des mesures de régulation des activités économiques.

Les résultats de l’enquête révèlent que les décideurs économiques se distinguent de l’ensemble de la population par de très forts taux d’acceptation de toutes les mesures proposées – y compris les plus coûteuses ou contraignantes – qu’elles concernent les citoyens ou les entreprises.

Favorables aux taxes et aux réglementations…

En matière de taxes, les dirigeants se déclarent à 69 % très ou assez favorables à l’augmentation de la taxe carbone – contre 48 % pour le grand public. 79 % accepteraient que l’on impose davantage les véhicules les plus émetteurs de GES (20 points de plus que la population globale), 66 % que l’on taxe plus le transport aérien pour favoriser le transport par le train – contre 55 % des Français.

Quant aux obligations réglementaires, 82 % des chefs d’entreprise se disent en faveur de l’obligation des propriétaires à rénover et à isoler les logements lors d’une vente ou d’une location, soit 20 points de plus que l’ensemble de la population. Sur la question de l’alimentation, 75 % soutiennent l’obligation pour la restauration collective publique de proposer une offre de menu végétarien, biologique et/ou de saison – contre 66 % pour le grand public.

… y compris pour les entreprises

Concernant les mesures de régulation sur les entreprises elles-mêmes, le plébiscite est encore plus marqué : aucune d’entre elles n’a reçu moins de 84 % d’avis très ou plutôt favorable.

‘« Ademe, Les représentations sociales du changement climatique », GLS, Opinion Way, Daniel Boy (2018).

À 89 %, les dirigeants acceptent ainsi de renforcer la réglementation sur les émissions de gaz à effet de serre, y compris à l’international. 85 % encouragent que l’on généralise les obligations de rapports environnementaux des entreprises, et 90 % que l’on étende l’affichage environnemental des biens de consommation.

Ils sont par ailleurs 88 % à se prononcer en faveur d’une modulation de la fiscalité en fonction de l’impact carbone de l’activité des entreprises, 91 % pour que soit facilité l’accès au financement en fonction des performances climat de l’entreprise, et 84 % pour l’instauration d’un prix élevé du carbone afin de réduire les émissions de GES et limiter le réchauffement climatique à 2 degrés.

Les éventuelles oppositions à une ou plusieurs de ces différentes mesures reposent en premier sur la lourdeur administrative (à 35 %), l’idée que l’État intervient déjà trop dans la vie économique (à 19 %), ou l’existence d’autres urgences plus stratégiques pour l’entreprise (à 17 %).

Les raisons les moins citées par les dirigeants économiques sont l’absence de marges de manœuvre pour s’adapter à ces mesures, évoquée par 8 % d’entre eux, ainsi que les distorsions de concurrence que cela pourrait induire – c’est-à-dire les pertes de compétitivité – qu’ils ne sont que 7 % à pointer.

Optimistes face au changement climatique

Tandis que les Français affichent une défiance forte à l’égard des institutions et un pessimisme marqué, les décideurs économiques font preuve d’une meilleure confiance dans l’avenir. Celle-ci se traduit par un optimisme plus prononcé face aux dérèglements environnementaux : 56 % d’entre eux estiment ainsi que le changement climatique sera limité à des niveaux acceptables d’ici la fin du siècle, soit 18 points de plus que la population globale.

Ils expriment également une inquiétude moins marquée. 48 % des décideurs – contre 63 % des Français – craignent que les conditions de vie deviennent extrêmement pénibles dans le pays si le changement climatique se poursuit. Mais ils sont tout autant – ce qui fait quasiment un dirigeant sur deux – à penser que l’on s’y adaptera sans trop de mal, alors que seulement 31 % des Français partagent cette vision optimiste du futur.

Ce n’est donc pas seulement dans l’inquiétude envers les impacts du changement climatique qu’il faut chercher la clé de l’acceptation des mesures pour le combattre. La position socio-économique ainsi que la confiance en la possibilité de gagner le combat climatique jouent un rôle déterminant.

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