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Une femme obèse marche de dos
Il n'est pas rare, après une chirurgie bariatrique, qu'une personne ait un surplus de peau. Cela peut occasionner plusieurs problèmes physiologiques et psycholoqiques. (Shutterstock)

Le surplus de peau après une chirurgie bariatrique est fréquent, mais on parle peu de ses conséquences

La chirurgie bariatrique, plus communément appelée la chirurgie de l’obésité, permet d’aider les personnes vivant avec une obésité sévère à perdre du poids et à améliorer leur santé. L’opération consiste globalement à réduire la taille de l’estomac avec ou sans réduction de la taille de l’intestin associée.

La chirurgie bariatrique est de plus en plus répandue, tant au Québec qu’au Canada, en raison notamment de l’augmentation de l’obésité sévère

Cependant, la perte de poids massive est à l’origine de surplus de peau chez plus de 70 % des personnes. Celui-ci est associé à une diminution de la qualité de vie et à des difficultés psychologiques, physiques, et fonctionnelles. En tant qu’équipe scientifique dans le domaine de la psychologie et des sciences de l’activité physique, nous nous intéressons à cette problématique depuis plusieurs années. Avec l’aide d’une patiente partenaire, Christyne Simard, nous vous présentons les connaissances actuelles sur le sujet.

Des conséquences psychologiques, physiologiques et fonctionnelles

Plusieurs études ont décrit les conséquences du surplus de peau après la chirurgie bariatrique.

Sur le plan psychologique, les personnes vivant avec un surplus de peau rapportent fréquemment de l’embarras en lien avec le jugement réel ou supposé des autres, des insatisfactions corporelles, des problèmes d’estime de soi, de la honte et du dégoût. Comme le dit une participante de notre étude :

Même avec moi-même, j’ai de la misère à me regarder dans le miroir parce que là bin surplus de peau fait que ça me ramène au fait que t’sais, c’est pas nécessairement attrayant selon les normes sociales.

Sur le plan physique, des problèmes de peau, tels que des irritations, des mycoses, des plaies ou des démangeaisons sont également rapportées. Le surplus de peau entraîne parfois de mauvaises odeurs et de la douleur.

Sur le plan fonctionnel, le surplus de peau peut être associé à une mobilité réduite pouvant nuire aux activités quotidiennes (par exemple : hygiène, déplacements, habillage). Les personnes vivant avec du surplus de peau peuvent aussi avoir des difficultés à se trouver des vêtements adéquats et confortables.

Dans l’une de nos études, des participants ont expliqué que l’inconfort causé par l’excès de peau peut être plus ou moins fort en fonction de sa localisation sur le corps. Ceci semble particulièrement vrai lorsque l’excès de peau est visible, comme sur les bras.

De plus, l’inconfort causé par l’excès de peau peut évoluer selon les événements ou les situations vécus. Par exemple, l’embarras peut être plus élevé l’été, période durant laquelle le corps est davantage exposé aux regards des autres et où le port de vêtements courts est plus difficilement évitable.

Trois questions fréquentes sur le surplus de peau

Au cours de nos recherches et d’après notre expérience clinique, trois questions apparaissaient de manière fréquente :

Pourquoi certaines personnes ont plus de surplus de peau que d’autres ?

D’après les différentes études, un indice de masse corporelle plus élevé avant la chirurgie serait relié à une quantité plus importante de surplus de peau après la chirurgie.

L’âge ou encore le temps écoulé depuis la chirurgie ne semblent pas être associés à la quantité de surplus de peau. La qualité ou l’élasticité de la peau seraient des pistes à explorer davantage dans de futures études.

Pourquoi certains ont plus d’inconfort par rapport à leur surplus de peau ?

Plusieurs facteurs influencent l’inconfort lié au surplus de peau. D’après les résultats d’études, le fait d’être une femme et d’avoir une perception négative de son image corporelle seraient liées à un inconfort plus important. La quantité de surplus de peau mesurée objectivement ne serait pas systématiquement associée à l’inconfort causé par celui-ci.

Plus d’études avec des évaluations à long terme sont tout de même nécessaires pour identifier d’autres facteurs liés à cet inconfort.

Est-il possible de prévenir l’apparition du surplus de peau ?

Selon l’état des connaissances actuelles, il semble malheureusement impossible de prévenir l’apparition du surplus de peau, même avec la pratique d’activité physique. C’est pourquoi il est important de savoir comment gérer le surplus de peau à la suite d’une chirurgie bariatrique.

La gestion du surplus de peau

Plusieurs stratégies peuvent aider avec la gestion du surplus de peau :

Des vêtements adéquats

Certains types de vêtements peuvent réduire les inconforts que le surplus de peau peut amener (par exemple, les manches longues, les vêtements serrés ou les gaines abdominales).

Une bonne hygiène

Elle est impérative pour minimiser les risques de plaies, de champignons et d’odeurs. Par exemple, bien laver et sécher le surplus de peau régulièrement est essentiel. Aussi, l’utilisation de poudres (tel que de l’amidon de maïs) aide à absorber l’humidité et l’utilisation de vêtements serrés au niveau des cuisses peut aider à réduire les frictions. Les infirmières ou les pharmaciens sont bien placés pour donner des conseils à ce niveau.

Le soutien social

Selon une de nos études, le soutien des proches joue un rôle important. En effet, cela peut favoriser l’acceptation du surplus de peau, en plus d’aider à diminuer l’évitement de situations où la peau pourrait être exposée et la crainte du jugement d’autrui. Le soutien social contribue à une estime de soi positive et à une bonne santé mentale.

Le soutien psychologique

Axé sur le développement d’une image corporelle positive, il peut aider les personnes vivant avec un surplus de peau. Une image corporelle positive implique d’être en mesure de respecter son corps, d’apprécier ce qui le rend unique et d’apprécier ce qu’il permet de faire. On tente alors de traiter le corps avec respect, comme si c’était un ami et non pas un objet qu’il faut changer.

La chirurgie reconstructive

Elle peut améliorer l’image corporelle, l’estime de soi, le bien-être sexuel, et la mobilité. Entre 60 % et 80 % des personnes ayant eu une chirurgie bariatrique désirent une chirurgie reconstructive pour enlever leur surplus de peau. Toutefois, son accès est limité par son coût élevé, rarement pris en charge par les assurances.

Ainsi, une proportion importante des personnes qui désirent une chirurgie reconstructive finissent par devoir garder et gérer leur surplus de peau.

Une meilleure communication

Le surplus de peau est associé à des problèmes psychologiques, physiques et fonctionnels. C’est pourquoi il est important d’en parler. Les personnes suivies au Québec expriment avoir besoin de plus de soutien et d’information sur cette question. En clinique, son évaluation devrait non seulement porter sur sa quantité, mais aussi sur ses conséquences pour chacun.

Avec toutes ces informations en tête, nous nous demandons si la chirurgie reconstructive ne devrait pas être accessible gratuitement aux patients après leur chirurgie bariatrique, afin d’aider à atténuer les conséquences parfois néfastes d’une telle opération.

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