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A black and white kitten with its paw raised
On a constaté que l’on mentionnait de plus en plus souvent un animal dans la rubrique nécrologique de son compagnon humain. (Shutterstock)

Les animaux de compagnie sont de plus en plus mentionnés dans les notices nécrologiques

Les animaux remplissent différents rôles dans nos vies. Certaines personnes les considèrent comme des membres de la famille, tandis que d’autres apprécient le fait qu’ils les incitent à faire des promenades quotidiennes.

Qu’il s’agisse de chiens d’assistance, d’animaux de soutien émotionnel ou d’une petite bête qui nous accueille à la porte de la maison, les animaux peuvent nous apporter joie, réconfort et compagnie. Il est donc naturel que ces relations qui se nouent au cours de notre vie se poursuivent – ou du moins soient commémorées – après la mort.

Le Toronto Star a récemment fait état des efforts déployés pour déterrer et déplacer plus de 600 animaux d’un cimetière pour animaux d’Oakville, en Ontario. Comme le montre cet article, et comme d’autres en témoignent, l’enterrement, l’embaumement et l’incinération des animaux ne sont pas des pratiques nouvelles. Ces rites funéraires permettent de rendre hommage à un animal de compagnie et à tout ce qu’il représentait pour nous.

Mais qu’en est-il si c’est le propriétaire qui meurt en premier ? On a constaté que l’on mentionnait de plus en plus souvent un animal dans la rubrique nécrologique de son compagnon humain.

A smiling woman carries a bulldog
Qu’il s’agisse de chiens d’assistance, d’animaux de soutien émotionnel ou d’une petite bête qui nous accueille à la porte de la maison, les animaux peuvent nous apporter joie, réconfort et compagnie. (Shutterstock)

L’évolution des notices nécrologiques

La rédaction d’une notice nécrologique est un des nombreux actes que l’on accomplit après le décès d’un proche. Autrefois réservée à l’élite de la société, la nécrologie s’est démocratisée et davantage de personnes sont aujourd’hui commémorées de cette façon.

Nous rédigeons des notices nécrologiques pour différentes raisons. Certains sont purement pratiques : il s’agit d’annoncer le décès d’une personne ou d’inviter la famille et les amis aux funérailles.

Mais les notices nécrologiques donnent aussi aux personnes endeuillées l’occasion de raconter l’histoire de quelqu’un qui leur était cher. Qui était-il ? Qu’aimait-elle ? Quelles étaient ses valeurs ?

Dans le cadre du projet « Nonreligion in a Complex Future », notre équipe a analysé les notices nécrologiques canadiennes du siècle dernier afin de comprendre l’évolution de la manière dont les gens commémorent leurs morts. Au fil des ans, on voit de plus en plus souvent la mention d’animaux.

Aussi récemment qu’en 1990, pas un seul des 53 avis de décès publiés un samedi donné dans le Toronto Star n’évoquait d’animaux de compagnie. Cette situation a toutefois commencé à changer progressivement. Nous découvrons qu’en 1991, Harriet sera « tristement regrettée par tous ses amis et ses animaux ». De même, Berton, décédé en 1998, est « regretté par son bon toutou Scamp ».

Au milieu des années 2000, de 1 à 4 % des notices nécrologiques mentionnaient des animaux de compagnie. Depuis 2015, ce chiffre a grimpé pour atteindre 15 %.

Lollipop chart displaying the growth in percentage of obituaries that mention animals.
Le pourcentage de notices nécrologiques du Toronto Star qui mentionnent des animaux, de 1980 à 2022. Basé sur un échantillon de toutes les notices nécrologiques publiées un samedi donné.

Il est vrai que cela ne représente pas des quantités énormes. Dans un échantillon de 3 241 avis de décès datant de 1980 à 2022, seuls 79 évoquent des animaux. Cette légère augmentation indique toutefois une transformation dans la manière dont les gens rédigent les notices nécrologiques.

Raconter des histoires personnelles

Nos recherches montrent que, du début des années 1900 jusqu’à aujourd’hui, les notices nécrologiques se sont progressivement allongées. Autrefois, les avis étaient courts, on y indiquait le nom du défunt, son âge et le lieu de son décès, le tout en l’espace d’environ quatre lignes. Ces dernières années, la longueur moyenne est passée à environ 40 lignes, certaines atteignant même plus de 100 lignes.

Cet espace supplémentaire permet d’ajouter des informations sur le défunt. Ainsi, plus de 80 % des notices nécrologiques récentes mentionnent les enfants de la personne décédée. La proportion était d’environ 50 % avant 1960.

Dans les notices nécrologiques récentes, il est plus probable que la formation, la profession ou les loisirs soient mentionnés. Au-delà d’une simple énumération, il est courant de voir des descriptions riches et détaillées. Plutôt que de lire le titre de son poste, nous apprenons qu’un homme était « un visionnaire dévoué qui est resté fier et loyal envers ses nombreux employés et collègues ».

Set of four line graphs displaying the upward trends in how often personal details about the deceased are mentioned in obituaries
Le pourcentage de notices nécrologiques qui évoquent diverses caractéristiques du défunt, telles que sa profession, sa formation, ses loisirs ou ses traits de caractère. Ces deux derniers détails sont beaucoup plus fréquents depuis 20 ans.

Nos amis à fourrure

Les notices nécrologiques étant plus longues et détaillées, il semble normal que les animaux y figurent. Il est de plus en plus courant d’y mentionner l’animal de compagnie ou l’amour des animaux de la personne décédée. Ces passages deviennent également plus détaillés. Au-delà du nom de l’animal, nous apprenons s’il s’agissait d’un « caniche très chochotte », d’un « fidèle compagnon » ou du « meilleur chien de tous les temps ».

La profession est un autre élément incontournable des notices nécrologiques. Pour Mary, décédée en 2019, l’un des points forts de sa carrière chez Nestlé Purina, a été « l’intronisation de divers animaux de compagnie et chiens d’assistance héroïques au Temple de la renommée de Purina ». Ce n’était pas seulement une passion professionnelle, car Mary avait aussi six labradors noirs à la maison.

Les passe-temps et les intérêts sont également de plus en plus fréquents dans les avis de décès. Bobby, par exemple, aimait « s’asseoir dans son jardin avec sa chienne Chloe » et « laisser son perroquet bien-aimé, Pookie, le divertir ».

Plutôt que d’envoyer des fleurs à la famille, on demande souvent de faire des dons à la mémoire du défunt. Il n’est pas surprenant de voir que des groupes comme l’Ontario SPCA, la Fondation Farley et divers groupes de protection de la nature gagnent en popularité.

A smiling golden retriever
Il est de plus en plus courant de mentionner l’animal de compagnie d’une personne ou son amour des animaux dans sa notice nécrologique. (Shutterstock)

De nouvelles façons de pleurer les morts

Cette tendance dans les avis de décès est révélatrice d’un changement sociétal plus large. En effet, les gens accordent de plus en plus de valeur à la nature et aux créatures non humaines. Les raisons de cette évolution sont variées et complexes. Mais les données – tirées des notices nécrologiques et d’autres documents – laissent voir que les gens forgent des liens précieux avec la nature et les animaux.

Les notices nécrologiques révèlent d’autres transformations importantes de la manière dont nous commémorons les morts. Autrefois, il s’agissait de textes brefs et convenus (et il en reste encore dans ce genre). Mais de nos jours, les avis de décès sont souvent des fenêtres sur la vie d’une personne. Ils peuvent être tristes ou tragiques, mais aussi drôles, sarcastiques ou réconfortants.

Par-dessus tout, les notices nécrologiques sont aujourd’hui plus personnelles. Pour commémorer le souvenir d’un être cher, les familles veulent faire connaître au monde entier ce qui rendait cette personne spéciale. Cela peut être raconté en parlant des activités, des gens ou des animaux de compagnie qui lui ont apporté de la joie. Pour certains, on se rappellera leur équipe de hockey préférée, la fois où ils ont réussi un trou d’un coup et, souvent, l’ami à fourrure qui se blottissait contre eux après une dure journée.

This article was originally published in English

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