Menu Close

Portrait géologique de la Bretagne : La kersantite, une pierre bénie des dieux

Une scène du calvaire de Pleyben (Finistère) réalisée en kersantite et représentant la nativité. Pierrick Graviou/BRGM, CC BY-NC-ND

Cet été, le géologue Pierrick Graviou nous invite à découvrir, en photos, 5 curiosités géologiques à travers la Bretagne.


Si les monuments mégalithiques, comme les menhirs et les dolmens, sont emblématiques de la Bretagne, les calvaires ne sont pas en reste avec de très nombreux exemplaires répartis sur l’ensemble du territoire breton.

On peut ainsi en rencontrer au hasard d’une promenade à l’intérieur du pays, s’identifiant le plus souvent à une croix ou, plus rarement, à un édifice plus ou moins imposant, comme à Pleyben ou à Plougastel-Daoulas (Finistère). Il ne s’agit alors plus d’un simple monument religieux, mais d’une véritable œuvre d’art, admirablement et finement sculptée, sur laquelle sont représentées des scènes de la vie du Christ.

Observons-les en détail !

Certaines de ces scènes illustrent la nativité, d’autres, la visitation ou la mise au tombeau… Les thèmes bibliques figurés sont donc variés, mais les sculptures restent, pour la plupart, réalisées dans le même matériau.

Il s’agit de la kersantite : une roche sombre qui doit son nom au hameau de Kersanton, situé au fond de la rade de Brest, sur la commune de Loperhet. C’est là, il y a environ 280 millions d’années, que s’est formée cette roche peu commune résultant de la cristallisation d’un magma venu s’injecter sous forme de filons au sein de roches sédimentaires plus anciennes.

Le jubé de la basilique Notre-Dame du Folgoët (Finsitère), entièrement réalisé en kersantite. Pierrick Graviou/BRGM, CC BY-NC-ND

Exploitée depuis l’Antiquité, la kersantite est une roche à grain fin, tendre à la taille, durcissant à l’air et devenant résistante à l’altération. À partir de la Renaissance, ses qualités sont remarquées par les plus grands sculpteurs de la région, notamment Roland Doré qui en fait sa pierre de prédilection.

Le phare des Pierres noires, situé au large de la pointe Saint-Mathieu (Finistère). Julien Carnot/Wikimedia, CC BY-SA

Aujourd’hui, il n’est donc pas étonnant de retrouver la kersantite dans de nombreuses églises, en particulier dans la basilique du Folgoët (Finistère) où elle est omniprésente. Mais si ce matériau béni des dieux a été principalement mis en œuvre dans le patrimoine religieux régional, il a également été utilisé pour la construction des phares d’Eckmühl, de la Vieille, des Pierres noires, etc. Peut-être pour mieux veiller sur les marins…

Want to write?

Write an article and join a growing community of more than 182,600 academics and researchers from 4,945 institutions.

Register now