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Professeure agrégée de sciences économiques et sociales, doctorante en sociologie à l’Université Paris 8, rattachée au laboratoire CRESPPA-CSU, Université Paris 8 – Vincennes Saint-Denis

Thèse en cours :
"L'avortement, un stigmate genré", thèse de sociologie à l’Université Paris 8, sous la direction de Dominique Memmi.

L’encadrement historique de l’avortement en France, en droit comme en pratique, traduit et concourt à une moindre stigmatisation du recours à l’IVG. Toutefois, l’avortement demeure envisagé comme la « mauvaise technique de régulation des naissances » (Mathieu, 2016). L’encadrement légal, pensé pour améliorer l’accès au soin, demeure particulièrement contraignant (chapitre 1). La prise en charge médicale, quant à elle, est tributaire de l’organisation locale du soin et des équipes soignantes chargées de cet acte dévalorisé. Le parcours de soin, qui reste complexe, expose les avortantes à des prises en charge stigmatisantes (chapitre 2).

Cette stigmatisation se décline. Quatre figures d’identité déviantes au féminin sont ainsi identifiées, qui correspondent en fait à quatre processus de stigmatisation genrée distincts et historiquement produits. A la figure de « l’irresponsable » est associée une stigmatisation de l’échec contraceptif, caractéristique de l’abortion stigma français (Chapitre 3). A la figure de « la débauchée » est associée une stigmatisation plus générale du corps féminin et de la sexualité féminine non-reproductive (chapitre 4). Un troisième motif de stigmatisation, lié au refus de maternité, est associé à la figure de « l’égoïste » privilégiant sa vie personnelle et/ou professionnelle au dévouement maternel, familial et conjugal, à rebours de l’assignation des femmes à la sphère domestique (chapitre 5). Enfin, la figure de la femme « infanticide », associée à un imaginaire criminel, persiste dans les représentations : cette forme de stigmatisation de l’avortement, reposant sur l’humanisation du fœtus, est plutôt relayée par le militantisme international contre l’avortement (chapitre 6).

La gestion de cette stigmatisation plurielle par les avortées est analysée dans un troisième temps. La stigmatisation est d’abord une stigmatisation interne (ou auto-stigmatisation) qui impose aux avortées un travail émotionnel parfois lourd (chapitre 7). A l’inverse, la stigmatisation externe est plus potentielle que réelle : grâce à un travail de dissimulation, les avortées mettent en place de nombreuses stratégies pour cacher leur recours à l’avortement et esquiver la stigmatisation (chapitre 8). Ce contournement du stigmate peut enfin devenir contestation : certaines avortées, en politisant leur expérience individuelle, en viennent à remettre en cause la stigmatisation genrée de l’avortement. L’expérience de l’IVG peut ainsi engendrer, à certaines conditions, une « socialisation de transformation féministe » ouvrant la porte à une remise en question plus large des rapports de pouvoir genrés (chapitre 9).

Domaines de recherche :

- Sociologie du genre, du corps et de la sexualité
- Sociologie de la santé
- Sociologie des normes, de la socialisation, de la stigmatisation

Experience

  • –present
    Professeure agrégée de Sciences Economiques et Sociales, Education Nationale
  • –present
    Doctorante, Université Paris 8