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Dog looking at camera with mountains in the background
La quête de l’humain pour trouver le compagnon canin idéal a donné naissance à plus de 400 races, chacune dotée d’une combinaison unique de caractéristiques physiques et comportementales. (Shutterstock)

Si les humains disparaissaient, qu’adviendrait-il de nos chiens ?

Beaucoup d’humains considèrent que les chiens sont nos meilleurs amis. Mais vous êtes-vous déjà demandé ce qu’il adviendrait de votre chien si nous disparaissions soudainement ? Les chiens domestiques peuvent-ils se passer des humains ?

Au moins 80 % du milliard de chiens que compte la planète mènent une vie indépendante et libre, ce qui nous donne des pistes de réponse.

Que seraient nos chiens si nous n’étions pas là pour les influencer et prendre soin d’eux ?

Qu’est-ce qu’un chien ?

Les chiens détiennent le titre d’espèce domestiquée la plus réussie sur Terre. Pendant des millénaires, ils ont évolué sous notre regard attentif. Plus récemment, l’élevage sélectif a engendré une diversité induite par l’être humain, ce qui a donné naissance à des races singulières allant de l’imposant dogue allemand au minuscule chihuahua.

La diversité actuelle des races canines est le résultat de l’élevage sélectif moderne. (Shutterstock)

La quête de l’humain pour trouver le compagnon canin idéal a donné naissance à plus de 400 races, chacune dotée d’une combinaison unique de caractéristiques physiques et comportementales. À l’origine, les chiens étaient élevés principalement pour remplir des fonctions qui nous étaient utiles, telles que la garde de troupeaux, la chasse et la protection. Cette pratique ne s’est imposée qu’au cours des 200 dernières années.

Selon certains experts, le rôle d’animal de compagnie n’est qu’un autre type de travail pour lequel les humains ont sélectionné des chiens, l’accent étant alors mis davantage sur l’apparence. Les éleveurs jouent un rôle essentiel à cet égard, car ils choisissent délibérément les caractéristiques souhaitables et influencent ainsi l’orientation future des races.

Sommes-nous bons pour les chiens ?

Nous savons que certaines caractéristiques qui nous plaisent ont de graves répercussions sur la santé et le bien-être de l’animal. Ainsi, les chiens à face plate ont du mal à respirer en raison de leurs voies nasales étroites et de leurs voies respiratoires courtes. Ce manque d’air peut engendrer des crises d’asthme. Ces chiens sont également sujets à des problèmes de peau, d’yeux et de dents plus fréquents que les bêtes à museau long.

Les chiens à face plate tels que les carlins et les bouledogues ne sont pas toujours à l’aise dans le corps qu’on leur a créé. (Shutterstock)

De nombreux chiens modernes nécessitent une intervention médicale pour se reproduire. Ainsi, les bouledogues français et les chihuahuas doivent souvent subir une césarienne pour mettre bas, car la tête des chiots est très grosse par rapport à la largeur du bassin de la mère. Cette dépendance à l’égard de la chirurgie pour la reproduction met en évidence le profond impact de l’élevage sélectif intensif sur les chiens.

Si les chiens domestiques ont tout à gagner à faire partie d’une famille humaine, certains mènent une vie très isolée et contrôlée dans laquelle ils ont une possibilité réduite de faire des choix – un élément important pour leur bonheur.

Les chiens sans humains

Imaginez maintenant un monde où les chiens ne seraient plus soumis à la sélection et aux soins des humains. Les conséquences immédiates seraient frappantes. Les races dont les besoins fondamentaux, tels que nourriture, abri et soins de santé, dépendent largement de nous auraient du mal à s’adapter et nombre d’entre elles succomberaient aux dures réalités d’une vie sans soutien humain.

Cependant, cela n’affecterait probablement que moins de 20 % des chiens (ce qui correspond à peu près à ceux qui vivent dans nos maisons). La plupart des chiens du monde sont en liberté. Ce phénomène est très courant en Europe, en Afrique et en Asie.

De nombreux chiens vivent de manière autonome au milieu des humains, comme ces chiens dans la rue en Inde. Shutterstock

Bien que ces chiens ne soient pas domestiqués au sens traditionnel du terme, ils cohabitent avec les humains. De ce fait, leur survie dépend presque exclusivement des ressources produites par l’homme, telles que les dépotoirs et les dons de nourriture. En l’absence des humains, la sélection naturelle entrerait rapidement en jeu. Les chiens dépourvus de caractéristiques essentielles à leur survie, telles qu’adaptabilité, capacité de chasser, résistance aux maladies, instinct parental et sociabilité, déclineraient progressivement.

Les chiens extrêmement grands ou petits seraient désavantagés, car la taille influe sur les besoins caloriques, la régulation de la température corporelle en fonction de l’environnement et la vulnérabilité aux prédateurs.

Des stratégies comportementales limitées, comme le fait d’être trop craintif pour explorer de nouveaux lieux, seraient également néfastes. Et bien que les chiens stérilisés puissent présenter des caractéristiques avantageuses pour la survie, ils ne pourraient transmettre leurs gènes aux générations futures.

L’élevage de chiots sans soutien humain est pratiqué avec succès dans le monde entier. (Shutterstock)

Fini les races hybrides

Au final, un nouveau type de chien verrait le jour, déterminé par la santé et la réussite comportementale plutôt que par les goûts humains.

Les chiens ne s’accouplent pas seulement avec des individus de leur race et peuvent en choisir des très différents d’eux lorsque l’occasion se présente. Avec le temps, les races distinctes s’estompent, et les accouplements spontanés conduisent à une apparence qui se rapproche du « chien de village », semblable aux « chiens de camp » des communautés autochtones isolées en Australie et aux chiens que l’on voit Asie du Sud-Est.

Les chiens de village et de camp sont habitués à une certaine autonomie, notamment sur le plan social, sexuel et environnemental. (Shutterstock)

Ces chiens sont généralement de taille moyenne, avec une morphologie équilibrée, un pelage court de différentes couleurs et des oreilles et une queue droites. Toutefois, des variations régionales comme un pelage plus touffu peuvent apparaître en raison de facteurs tels que le climat.

Avec le temps, les chiens retrouveraient un mode de vie de canidé sauvage. Ces bêtes adopteraient probablement des comportements sociaux et alimentaires semblables à ceux de leurs congénères sauvages actuels, tels que le dingo d’Australie. Ils pourraient vivre en petits groupes familiaux sur des territoires définis, revenir à une saison de reproduction annuelle, pratiquer une chasse sociale et recevoir des soins parentaux attentifs (en particulier de la part des pères).

La transition serait plus facile pour certaines races, en particulier les chiens de troupeau et ceux qui vivent déjà de manière autonome dans les villages ou dans la nature.

Qu’est-ce qu’une bonne vie de chien

Dans leur livre Le rappel de la forêt, Jessica Pierce et Marc Bekoff explorent l’idée de préparer nos chiens à un avenir sans humains. Ils nous encouragent à leur donner davantage d’autonomie et, par conséquent, de bonheur. Cela peut signifier de les laisser simplement choisir la direction de leur promenade ou prendre leur temps quand ils reniflent un arbre.

En réfléchissant à un éventuel avenir sans humains, une question se pose : nos actions à l’égard des chiens sont-elles durables, dans leur intérêt et conformes à leur nature ? Ou correspondent-elles plutôt à nos désirs ?

En envisageant la façon dont les chiens pourraient vivre sans nous, nous pourrions peut-être trouver des moyens d’améliorer leur vie avec nous.

Pour offrir une bonne vie aux chiens, il faut penser à leur bien-être mental, à leur santé et à leur environnement. (Shutterstock)

This article was originally published in English

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