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Sonia, 11 ans : « Pourquoi les racistes ne sont pas racistes entre eux ? »

Affiche du Mrap illustrée par Charb. Mrap discriminations

Répondre à ta question suppose préalablement de définir le racisme. Si on le comprend comme le fait d’accorder une valeur supérieure, de façon définitive, à un groupe humain sur un autre, il se manifeste à l’égard de tout membre du groupe désigné comme inférieur.

On considère que cette hiérarchie supposée sert à justifier des privilèges ou des agressions pouvant aller jusqu’à la très grande violence physique. Songeons aux lynchages de Noirs dans le sud des États-Unis, aux pogroms (actions de masse violentes) de Juifs à peu près partout et tout au long de l’histoire. On pourrait bien sûr trouver d’autres exemples.

C'est quoi le racisme ? - 1 jour, 1 question.

Toujours s’exprime la peur du mélange, de la contamination. Le sang de la victime est considéré comme impur et le raciste imagine qu’il pourrait être souillé par le simple contact et, plus encore, par des rapports intimes. Il va donc chercher à se protéger et, si la loi du pays où il vit le permet, il va rendre les rencontres presque impossibles par des interdictions de fréquenter les mêmes lieux.

Le récent film Green book montre comment les Blancs du sud de l’Amérique réservaient des endroits aux Noirs (toilettes, hôtels, lieux de concert, etc.) où ils ne risquaient pas de les croiser : on parle de ségrégation raciale. Quand celle-ci est inscrite dans la loi, on dit que nous sommes dans une société d’apartheid, c’est-à-dire de développement séparé.

Affiche du film Green Book. Allociné

Quand on a l’étrange et dangereux sentiment d’appartenir à un groupe supérieur, les membres de celui-ci se sentent unis par la supériorité qu’ils revendiquent.

Ils ne peuvent donc être racistes les uns envers les autres. Ce serait contradictoire avec le fait que, de la même façon que les victimes sont toutes considérées comme inférieures, les racistes s’imaginent tous supérieurs. Ils peuvent, pour des tas de raisons, se détester les uns les autres, mais ils sont persuadés que chacun d’eux mérite les privilèges qu’il se reconnaît ou que la législation du pays lui attribue.

À l’époque contemporaine, cette situation légale, mais non légitime (c’est-à-dire permise par la loi du pays mais non par la morale universelle), a existé en Afrique du Sud avant que Nelson Mandela, un Noir longtemps emprisonné en raison de sa lutte pour les droits civiques, n’en devienne le président. Mais le racisme, désormais illégal dans ce pays, n’y a pas disparu pour autant.

Bien entendu, le fait d’être victime du racisme ne nous immunise pas contre la maladie : par exemple, un Noir, victime de la ségrégation, peut avoir des attitudes racistes à l’égard du Blanc. Mais il ne faut pas confondre attitudes ou comportements avec un système, lequel est en lui-même une justification de la hiérarchie des « races ». La différence de couleur de peau n’est évidemment pas la seule cause possible : on a ainsi pu connaître une tentative de génocide des Hutus envers les Tutsis au Rwanda. Les deux populations avaient pourtant la même couleur de peau.


Diane Rottner, CC BY-NC-ND

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