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Adolescentes : les informations essentielles pour dédramatiser la première visite gynéco

Pour les jeunes filles, les appréhensions vis à vis de la première consultation gynécologique sont nombreuses. Monkey business images/Shutterstock

A partir du 1er novembre, la première consultation pour la contraception et la prévention des infections sexuellement transmissibles est prise en charge à 100 % par l'Assurance Maladie. Cette disposition, publiée au Journal officiel, concerne les jeunes filles de 15 à 18 ans.

La première consultation chez le gynéco, pour une jeune fille, c’est toute une affaire. Pour s’en rendre compte, il suffit de feuilleter le petit guide de dix pages diffusé par Santé publique France sur ce sujet. Avec des questions récurrentes : Il paraît que l’examen médical fait hyper mal, comment savoir ? Ma copine m’a dit que c’était horrible, qu’il faut se mettre nue, est-ce que c’est vrai ? Est-ce que ça vaut la peine que j’y aille si j’ai pas de petit copain ?

Distribué dans les établissements scolaires mais aussi par les médecins ou les conseillers conjugaux, accessible en ligne, ce guide est venu combler un besoin d’information important chez les adolescentes et les jeunes adultes. Sous le titre « La première consultation gynécologique, tout ce que tu as toujours voulu savoir sans jamais oser le demander », le document a atteint le but visé par ses concepteurs : dédramatiser et encourager la consultation d’un professionnel de santé, qu’il soit médecin ou sage-femme. C’est en tout cas ce que montre l’évaluation dont nous venons de publier les résultats, cinq ans après sa première diffusion.

« Paye ton utérus » sur Twitter

Il s’est passé beaucoup de choses dans l’intervalle. En 2014, une étudiante en pharmacie a lancé sur Twitter le hashtag (mot clé) #PayeTonUtérus, avec l’intention de libérer la parole des femmes vis-à-vis des médecins qui leur feraient « payer » d’avoir un utérus. Son appel a déclenché une vague de témoignages sur les indélicatesses subies en consultation.

En 2015, c’est le toucher vaginal sans consentement, pratiqué par des étudiants en médecine sur des patientes endormies pour une opération, qui a été dénoncé. Et le mois dernier, c’est un Collectif de défense des victimes de violences obstétricales et gynécologiques qui s’est constitué à l’initiative d’une blogueuse féministe, pour combattre la maltraitance dans les pratiques médicales.

Dans ce contexte tendu, le guide de la première consultation gynécologique mérite d’être redécouvert. Plus que jamais, il peut jouer son rôle de pacification des relations entre jeunes filles et soignants, faciliter le dialogue sur les questions de sexualité et éviter certaines incompréhensions.

Avec la collaboration du médecin écrivain Martin Winckler

Le document a été conçu par un groupe de travail comprenant médecins et spécialistes de la promotion de la santé, dont certains de l’association Adosen prévention santé MGEN dédiée au bien-être des élèves, de l’association Sparadrap, qui agit pour mieux préparer les enfants aux soins médicaux, et de Santé publique France (auparavant Institut national de prévention et d’éducation pour la santé, Inpes). Des jeunes ont été sollicités pour sa réalisation, ainsi que le médecin écrivain Martin Winckler, dont le blog sur la contraception est reconnu pour sa contribution à l’information des patientes.

Le guide traite notamment, sous forme de dialogues, de « la peur d’être jugée ». Au-dessus d’une jeune fille dessinée dans le style BD, une bulle transcrit sa pensée : « J’ai eu un rapport sans préservatif… ». Réponse des auteurs du guide : « Le professionnel de santé n’est pas là pour te faire la morale mais pour t’aider ». Est abordée, aussi, « la peur de poser des questions ridicules ». Par exemple : « Est-ce que je lui demande comment mettre un tampon ? » Réponse des auteurs : « Il n’y a pas de question stupide ou déplacée : tu as le droit à l’information ».

La consultation peut aussi mal se passer. Et les auteurs rappellent aux jeunes filles leur liberté de choix :

« Tu hésites à revenir… Tu n’as pas “accroché” avec le médecin ou la sage-femme, tu as eu l’impression d’être mal à l’aise, d’être jugée ou mal conseillée, que l’on n’a pas pris le temps de t’écouter… Tu as tout à fait le droit de changer jusqu’à ce que tu trouves quelqu’un avec lequel tu te sentes à l’aise ! »

Une enquête sur l’appréciation du guide par les professionnels

Les professionnels du social et de la santé se montrent satisfaits de cet outil d’information. Leur appréciation a pu être mesurée au cours d’une enquête menée par la Fondation d’entreprise MGEN pour la santé publique (FESP-MGEN). Sur les 2 746 personnes ou entités l’ayant commandé auprès de Santé publique France entre 2012 et 2016, 567 ont répondu au questionnaire. Les répondants sont 71 % à la trouver « très intéressante » et 29 % « plutôt intéressante ». 75 % d’entre eux la trouvent « très utile » et 24 % « plutôt utile ».

Dans la pratique, les infirmières et les conseillers conjugaux ont distribué le guide essentiellement à des élèves, dont l’immense majorité dans le secondaire. Les médecins et les sages-femmes l’ont surtout donné à leurs patients, à titre de support d’information.

Ainsi, le guide de la première consultation gynécologique constitue bien un outil de promotion de la santé, laquelle a été définie par l’Organisation mondiale de la Santé en 1986 comme « le processus qui confère aux populations les moyens d’assurer un plus grand contrôle sur leur propre santé afin d’améliorer celle-ci ».

Le gynéco, mais aussi le généraliste et la sage-femme

Des améliorations de son contenu ont été suggérées à travers l’enquête. Parmi les critiques, la place prépondérante accordée au « gynéco », c’est-à-dire au médecin spécialiste. Or c’est souvent un médecin généraliste qui reçoit les jeunes filles pour la première visite. Et tous les professionnels de santé, en particulier les sages-femmes, sont en capacité de la faire. Une nouvelle version du guide devrait ainsi être élaborée cet automne.

À ce jour, les jeunes filles inquiètes à l’idée de prendre rendez-vous pour cette visite touchant à leur intimité ont le choix entre questionner les sœurs aînées ou les copines, parcourir au hasard des articles traitant de ce sujet sur Internet et… lire le guide, où les informations sont validées et présentées de façon pédagogique. En tenant compte des appréhensions légitimes des adolescentes et des jeunes femmes, cet outil contribue à leur meilleur suivi gynécologique.

Et si la prochaine version s’adressait aussi… à leurs partenaires masculins ? Certes des jeunes gens apparaissent bel et bien dans les illustrations, et il est rappelé que le « petit copain » peut tout à fait accompagner la jeune fille à la consultation. Mais ils ne trouvent dans le guide aucune information à leur intention, comme cela a été souligné au cours de notre enquête. La contraception masculine, par exemple, on en parle ?

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