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Bientôt la fin du diesel en ville ?

Paris fait la chasse au diesel. jafsegal/Flickr, CC BY

Quatre grandes villes ont décidé de bannir les véhicules diesel de leur centre-ville pour améliorer leur qualité de l’air. C’est ce que les maires de Paris, Madrid, Athènes et Mexico ont annoncé lors du récent sommet du réseau C40 qui portait sur le changement climatique. Cette initiative ambitieuse pourrait inciter d’autres villes à en faire autant, contribuant ainsi à accélérer la fin du diesel.

Les moteurs diesel ont une grande part de responsabilité dans la pollution de l’air, de par leurs émissions de dioxyde d’azote et de particules fines. Ces polluants sont bien connus pour leur effet sur la santé : ils peuvent en effet provoquer des crises cardiaques, des problèmes respiratoires et même des décès prématurés.

Au sommet du C40, Anne Hidalgo soulignait que « chaque année, 2 500 personnes meurent à Paris du fait de la pollution de l’air. On ne peut pas rester inactif face à cette situation ». Du côté de Mexico, Miguel Ángel Mancera a fait savoir que les investissements dans les transports publics seraient revus à la hausse pour améliorer la qualité de l’air et faire baisser les émissions de gaz à effet de serre. Pour le maire d’Athènes, Giorgos Kaminis, il s’agit de débarrasser le centre-ville des voitures tout en travaillant avec le gouvernement grec et les industriels pour promouvoir la mobilité électrique et des modes de transports « verts ».

L’adieu au diesel

La mise au ban du diesel ne fait que se confirmer. Il y a un an, Manuel Valls alors premier ministre, reconnaissait que le soutien aux véhicules diesel – s’appuyant sur le fait qu’ils consommaient moins de carburant et émettaient moins de CO2 que les moteurs à essence – avait été une erreur. Cette déclaration était le signe d’un profond changement en Europe, accéléré par le scandale du « dieselgate » impliquant Volkswagen. De fait, Paris a déjà prévu d’interdire les anciens diesels à partir de 2020.

Ces mesures sont susceptibles d’accroître la pression sur les autres pays et de bannir les véhicules diesel ou, au moins, de créer des espaces préservés. La zone utra-basses émissions mise en place à Londres vise, par exemple, à empêcher aux véhicules diesel les plus polluants l’accès au centre-ville.

À la suite du scandale du « dieselgate », il faut s’attendre à la mise en place de contrôles plus stricts sur les émissions et la consommation de carburant afin de mieux refléter les conditions de conduite réelles dans le monde. Et si de tels contrôles réclament des ajustements techniques pour que les véhicules diesel respectent les nouvelles normes, alors il est probable qu’ils deviennent plus coûteux, donc moins attractifs pour de potentiels acheteurs.

L’affaire des moteurs diesel truqués a éclaboussé Volkswagen en 2015. Hamza Daoui/Flickr, CC BY-NC-ND

Dans la même dynamique, les pays européens ont pris des mesures pour réduire l’utilisation de ces véhicules. Depuis des années, en effet, les voitures diesel avaient bénéficié du soutien des gouvernements et des industriels ; en Europe, ces véhicules représentent ainsi près de 50 % des ventes, soit bien davantage que pour les autres grands marchés automobiles mondiaux.

Séance de rattrapage

Heureusement, toute une gamme de véhicules hybrides et électriques a ces dernières années été conçue pour répondre à la nécessité de mettre en circulation des automobiles moins polluantes. Les constructeurs japonais et nord-américains ont en ce domaine suivi deux voies bien distinctes. Les constructeurs nippons – Toyota en tête – se sont engagés dans l’hybride tandis que les entreprises nord-américaines, comme General Motors et Tesla, ont choisi le tout électrique et les hybrides rechargeables.

À l’exception de Renault-Nissan et de BMW, les constructeurs européens sont aujourd’hui exposés à une crise du diesel ; ces derniers semblent n’avoir pas pris les bonnes options technologiques. Et les voitures hybrides et électriques pourraient bien tirer profit de la débâcle de Volkswagen, un point sur lequel ne manque pas d’insister Elon Musk, le fondateur de Tesla.

Toyota tente de rattraper son retard sur les véhicules électriques tandis que Jaguar Land Rover a annoncé récemment une impulsion électrique tardive avec le lancement de sa I-Pace. De son côté, Volkswagen tente de se racheter avec l’objectif que 25 % de ses ventes de véhicules concernent les électriques d’ici à 2025.

Mais jusqu’à présent, si l’on met de côté les bons résultats de Tesla sur le marché des voitures de luxe, les ventes de véhicules électriques n’ont pas rencontré le succès attendu. Seule la Norvège peut se targuer d’un développement massif de la mobilité électrique sur son territoire, dû notamment à la volonté du gouvernement qu’il en soit ainsi.

Le marché du véhicule électrique cherche encore sa place. Simopala/Flickr, CC BY-ND

Ceci est en partie dû à des attentes déçues : ce n’est en effet que récemment que des modèles réellement viables ont fait leur apparition sur le marché ; on pense à la BMW i3, la Nissan Leaf 2 ou encore la Tesla Model S.

D’autres facteurs ralentissent le déploiement des véhicules électriques : le défaut de confiance dans la technologie et l’efficacité de ces véhicules, le manque d’informations autour des mesures qui rendent ces voitures moins coûteuses et, enfin, une absence de variété qui donne le sentiment que ces voitures n’ont pas de style.

Mais ces freins devraient se lever et 2017 verra de nombreux modèles prometteurs arriver sur le marché. Des véhicules comme la Tesla Model 3, la Chevrolet Volt, de même que les créations de Renault et Nissan, devraient faire la différence.

Les choses sont désormais claires : les véhicules diesel doivent avoir un accès limité aux centres-villes pour contribuer à améliorer la qualité de l’air. Des mesures en faveur des transports en commun et de la mobilité électrique et hybride doivent d’autre part être étendues et encouragées par les gouvernements.

This article was originally published in English

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