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L’ex-président chinois Hu Jintao quitte sous escorte la cérémonie de clôture du 20e Congrès du Parti communiste chinois, sans émouvoir son successeur, Xi Jinping. (EPA-EFE/Mark R Cristino)

Chine : Xi Jinping plus fort que jamais au sein d’un parti communiste entièrement construit autour de lui

On avait cru, à tort, que la manière dont Xi Jinping a publiquement exclu son prédécesseur à la présidence de la République populaire de Chine, Hu Jintao, de la cérémonie de clôture du 20e congrès du Parti communiste, ferait les manchettes toute la semaine.

Ce développement spectaculaire était-il dû à l’état de santé de Hu Jintao ? Ou s’agissait-il d’une purge en direct, planifiée ou décidée spontanément ? On ne le saura sans doute jamais. Mais la froideur affichée par Xi devant un Hu désespéré dépeint certainement la fin de ce à quoi Hu (et avant lui Deng Xiapoing et Jiang Zemin) était associé : leadership collectif, démocratie interne et recherche du consensus.

Au cours de cette semaine de congrès, la plupart des changements de personnes, de doctrine et de priorités politiques pointent dans la même direction. Après dix ans d’effort pour centraliser son pouvoir, Xi Jinping a désormais le contrôle total du Parti communiste chinois.

La composition du 20e Comité permanent du Politburo (CPP), organe directeur du parti et du pays, illustre parfaitement sa domination de Xi de l’appareil politique. Outre Xi qui y siège, les six autres postes du CPP annoncés le 23 octobre appartiennent à un inconditionnel qui lui est lié politiquement et personnellement.

Li Qiang et Cai Qui, respectivement secrétaires du PC de Shanghai et de Pékin, ont été les exécutants de la très impopulaire politique Zéro Covid. Ding Xuexiang (chef de cabinet de Xi) le sert depuis son mandat à Shanghai en 2007. Et Li Xi (secrétaire du PC du Guangdong) est l’un des plus anciens partisans et un ami de la famille. Ces quatre nouveaux membres rejoignent deux « loyalistes » du 19e CPP : Zhao Leji (secrétaire du Comité central pour l’inspection disciplinaire) et Wang Huning (principal théoricien de Xi).

Les sept membres du CPP sont choisis parmi les 24 qui forment le Politburo, dont la composition illustre également le contrôle renouvelé de Xi sur les élites du parti. Pour y parvenir, le PCC a également créé plusieurs précédents en ignorant ou en interprétant de manière sélective les vieilles règles et coutumes régissant la carrière des politiciens. Et, pour la première fois depuis des décennies, ce cercle rapproché ne compte aucune femme.

Mots d’ordre : stabilité et contrôle

Au chapitre des idées maîtresses et des priorités politiques, le congrès a adopté en bloc le programme de Xi. Il l’a ensuite inscrit à la constitution du parti avant de le réélire au Secrétariat général pour la troisième fois — du jamais vu. Sur le plan économique, les politiques existantes sont toutes réaffirmées. La référence à la « prospérité commune » (une croissance plus équitable pour tous) et l’accent mis sur le marché intérieur (ses capacités d’innovation et d’autonomie) n’ont pas changé. Quant à la politique du Zéro Covid, aucun assouplissement n’est annoncé : l’ingérence décisive de l’État — qui s’est intensifiée — se poursuivra.

La vision sous-jacente est celle d’une Chine plus repliée sur elle-même, moins impliquée dans les affaires du monde, et dont les politiques s’élaboreront en conformité avec les volontés du centre du parti — Xi lui-même. Pour la première fois depuis la mort de Mao, il ne semble plus exister de contrôle institutionnel ou politique sur le pouvoir du chef suprême.

Les sept membres du Politburo
Aucune femme ne figure parmi les sept membres du Politburo. EPA-EFE/Wu Hao

Mais il est simpliste de comparer Xi à Mao. Ce dernier se considérait au-dessus du parti, qu’il voyait comme un véhicule pour mettre en œuvre ses idées irrationnelles et régler ses comptes. Il s’entourait de courtisans qui ne savaient pas gouverner, contrairement à Xi qui s’est entourés de technocrates loyaux. Et bien sûr, Mao n’a pas hésité à jeter le PCC dans l’abîme du radicalisme lorsqu’il en a perdu le contrôle.

Xi a grandi à l’époque des ravages et de l’anarchie de la Révolution culturelle décrétée par Mao, dont il est ressorti avec de profondes cicatrices (son père Xi Zhongxun a été enlevé par les Gardes rouges et sa sœur aînée Xi Heping s’est suicidée) et un dégoût pour le désordre.

Lorsque Xi est arrivé au pouvoir en 2012, il s’est inquiété du laxisme dans la discipline du parti et de son contrôle inefficace de la société. En dix ans, il a considérablement accru la capacité de surveillance et de répression du parti, il a purgé la plupart des cadres corrompus et déloyaux envers lui, et il a centralisé le contrôle du régime communiste.

La montée en puissance du PCXi

Xi centralise le pouvoir de façon très différente de Mao, car il le fait au sein du parti. Mais la manière se ressemble sur un point essentiel : la direction collective, la démocratie interne et la recherche du consensus sont sacrifiées au profit de la discipline et de la loyauté envers le leader « central ». En l’absence quasi totale de contrepouvoirs, le dirigeant n’est plus contraint par la nécessité de former des consensus. Son charisme personnel, son jugement, ses forces et ses faiblesses du leader auront donc un impact beaucoup plus important sur l’orientation future et la résilience du régime.

En outre, l’histoire nous apprend que plus un système est centralisé, plus la lutte pour la succession risque d’être âpre. En l’absence d’un héritier clair, il sera beaucoup plus difficile d’assurer une transition stable parmi des hauts dirigeants unis par leur seule loyauté envers Xi, alors que les conventions de jadis quant à la succession ont été abolies. Si la santé de Xi flanche ou à la première velléité de retraite, les couteaux risquent de voler bas dans son entourage pour arracher la succession.

Par la centralisation, Xi a transformé le PCC en une machine personnelle obsédée par le contrôle, mais au prix de saper des principes de fonctionnement qui avaient pourtant joué un rôle important dans la longévité et le succès du parti. Il reste à voir si ce nouveau « PCXi » parviendra à assurer la prospérité d’une société en évolution dynamique — ce que l’ancienne version du PCC avait su faire jusqu’à présent.

This article was originally published in English

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