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Comment Internet change la manière de faire son deuil

Matthew Henry/Unsplash, CC BY-SA

Les gens ne meurent plus comme avant. Dans le passé, un parent, un ami, un conjoint décédait et, avec le temps, il ne restait plus que des souvenirs et une collection de photographies. De nos jours, les morts sont présents pour toujours en ligne et les rencontres numériques avec une personne décédée deviennent une expérience commune.

Chacun d’entre nous a une empreinte numérique : l’accumulation de notre activité en ligne qui raconte une vie numérique à travers des blogs, des photos, des jeux, des sites web, des réseaux, des histoires partagées et des expériences.

Quand une personne meurt, son empreinte virtuelle reste à la portée de tous. Une version numérique co-existe dans les mêmes espaces en ligne que nous utilisons chaque jour. C’est un phénomène nouveau et inconnu qui peut être très troublant.

Pourtant, pour certains, ces espaces sont devenus un outil précieux, surtout pour les personnes en deuil. Un corpus de recherches émergentes se penche maintenant sur la manière dont Internet, y compris les réseaux sociaux et les sites web mémoriels, permettent de nouveaux modes de deuil qui transcendent les notions traditionnelles de « laisser aller » et de « passer à autre chose ».

À jamais en ligne

Un collègue et moi nous sommes intéressés pour la première fois, à la façon dont on se souvenait des êtres chers décédés en ligne, il y a quelques années. Mon intérêt particulier à l’époque était de savoir comment les suicides étaient commémorés en ligne et ce qui motivait les gens à le faire. Je voulais aussi savoir comment ces mémoriaux en ligne avaient un impact sur le chagrin des gens et sur le traumatisme causé par le suicide.

Le deuil en ligne peut faire sentir les gens moins seuls. Shutterstock

Se tourner vers les réseaux sociaux pour obtenir de l’aide en cas de deuil ou de perte d’un être cher aide les personnes en deuil : elles peuvent parler pour essayer de trouver un sens à une mort. Cela diminue la sensation d’isolement. Ils fournissent aux personnes en deuil « une communauté de personnes en deuil » ou, comme le dit l’un de nos participants :

« J’ai 67 personnes dans ma vie avec qui je peux partager mon chagrin… et elles comprennent toutes ce que j’ai traversé. »

Pour de nombreuses personnes en deuil, le facteur de motivation le plus important semble être la nécessité de rester en contact avec le défunt et de « les garder en vie ». Maintenir une page Facebook du défunt, ou en créer un nouveau profil « en mémoire », permet aux utilisateurs d’envoyer des messages privés ou publics au défunt et d’exprimer publiquement leur chagrin. Dans nos recherches, les récits de conversations avec les défunts sur Facebook étaient courants :

« Aujourd’hui, il y a plus de trois ans et demi… ils écrivent et disent, tu me manques vraiment Mark ou j’ai fait telle chose et j’ai pensé à toi… il est toujours inclus dans ce que font ses amis. »

L’utilisation des réseaux sociaux de cette manière contribue à répondre à la question de savoir où exprimer ses sentiments – tels que l’amour, le chagrin, la culpabilité – après un décès. Beaucoup de personnes se tournent vers les mêmes sites pour promouvoir la sensibilisation ou la collecte de fonds pour diverses œuvres caritatives en mémoire de leurs proches.

Vie virtuelle

En ce sens, maintenir le défunt en vie sur Facebook est un moyen de lutter contre la perte. Cela illustre comment les réseaux sociaux remplacent les objets de deuil traditionnels, tels que les bijoux, les vêtements ou les pierres tombales, qui sont imprégnés d’une résonance émotionnelle particulière et qui prennent une importance supplémentaire après la mort.

Contrairement aux objets sentimentaux, les pages Facebook et les espaces en ligne permettent aux gens de partager le chagrin avec les autres dans le confort de leur foyer. Parler aux gens en ligne peut aussi aider à libérer certaines des inhibitions qui sont ressenties lorsqu’on parle de perte – cela permet des formes d’expression non censurée qui ne sont pas comparables aux conversations en face à face.

Donc, même si le lien physique avec un être cher a disparu, une présence virtuelle demeure et évolue après la mort. Les espaces virtuels aident les personnes en deuil à voir comment les événements du passé peuvent continuer à avoir de la valeur et de la signification dans le présent et l’avenir.

This article was originally published in English

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