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Des dirigeants du monde entier se retrouvent à Dubaï pour la COP28 du 30 novembre au 12 décembre. Ministerio para la Transición Ecológica - España / Flickr, CC BY-NC-ND

Coopérer pour le climat entre pays, c’est aussi une affaire de management

Les chefs d’État et de gouvernement se retrouvent à la COP28 à Dubaï, avec pour ambition, 8 ans après l’Accord de Paris sur le climat, de dresser un premier bilan mondial des engagements pris par les États afin de limiter le réchauffement climatique. Au-delà de la polémique sur l’hôte de ces rencontres – la cohérence entre l’objectif affiché de la conférence et la dépendance aux énergies fossiles des Émirats arabes unis n’allant pas de soi – une question essentielle est celle de la collaboration nécessaire pour pouvoir effectivement adresser la question du réchauffement climatique.

Parmi les 17 Objectifs du développement durable (ODD) des Nations unies, la lutte contre les changements climatiques figure aux côtés d’autres grands défis économiques, sociaux et environnementaux : lutte contre la pauvreté, lutte contre la faim dans le monde, égalité des sexes, mais aussi préservation de la vie aquatique et de la vie terrestre.

Comme le montre le Stockholm Resilience Centre, bien connu pour avoir développé le concept de limites planétaires, il semble exister une hiérarchie entre ces ODD : la biosphère (ODD 6, 13, 14 et 15) « porte » les ODD qui concernent directement la société (ODD 1, 2, 3, 4, 5, 7, 11 et 16), sur lesquels reposent les ODD liés à l’économie (ODD 8, 9, 10, 12). Tout en haut de cette « pièce montée », nom donné par les auteurs, on retrouve l’ODD 17, intitulé « partenariats pour la réalisation des objectifs ». Sous ce titre simple, réside en fait toute la complexité de l’atteinte des ODD.

Travailler ensemble ne se décrète pas

La littérature académique s’est emparée, depuis plusieurs années déjà, de la notion de « grands défis » (« Grand Challenges » ou « wicked problems », en anglais), définis comme des problèmes complexes aux enjeux économiques, sociaux et environnementaux majeurs qui impactent des populations importantes et nécessitent la collaboration de plusieurs acteurs, car impossibles à résoudre seul.

Relever de tels défis nécessite une prise de conscience de la part des différentes parties prenantes, qui ont des attentes variées, voire opposées sur le sujet. Les pays du Sud mettent en avant leurs besoins de consommation d’énergies fossiles afin de permettre le développement de leurs économies. À cela s’ajoute la nécessité de lever des barrières sociales, mais aussi des contraintes organisationnelles et institutionnelles. Une des grandes difficultés, dans l’atteinte de ces objectifs ambitieux, est ainsi de bousculer les modèles et croyances établis, en adoptant une démarche plus critique pour pouvoir explorer des solutions régénératives.

Travailler ensemble ne se décrète pas. La variété des parties prenantes impliquées dans ces grands défis nécessite un effort certain de leur part pour identifier un objectif partagé, dénominateur commun constituant un début de possible collaboration. Et, forcément, des tensions émergent.

Collaborer sous la contrainte

La recherche académique a tenté de mieux comprendre les enjeux d’une collaboration entre acteurs multiples et pourquoi l’échec est souvent au rendez-vous. La variété des acteurs présents, regroupés en trois grandes catégories (secteur public, secteur privé, société civile), pose deux types de questions.

Tout d’abord, celle de la sélection des partenaires, qui s’avère être une étape cruciale, quel que soit le projet. Mais le choix est-il vraiment possible ? La COP28 nous prouve, si besoin il y avait, que la négociation se joue parfois avec des partenaires imposés, qui sont en l’occurrence les gouvernements des autres pays.

La seconde question est celle de la compatibilité entre partenaires : sont-ils en capacité de se mettre d’accord sur l’objectif recherché d’une part, et quels types de complémentarité de ressources et de compétences apportent-ils d’autre part ? Là aussi, l’opposition est évidente entre les attentes des pays du Sud, en termes de développement économique et social, et celles des pays du Nord qui tentent d’enrayer ce qui peut encore l’être en matière climatique. Mais la lutte contre le réchauffement climatique est-elle vraiment un « problème de riches » ?

En tout état de cause, l’ODD 17, souvent passé sous silence, s’avère être une clé essentielle dans la quête – nécessairement longue et sans garantie de succès – de l’atteinte des autres ODD, grâce à une démarche participative, intégrant toutes les parties prenantes utiles à l’atteinte de ces objectifs.

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