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« École et République » : une toute nouvelle mesure internationale de la qualité des systèmes éducatifs (1)

Le collège des Bernardins a mis en place un nouvel outil pour apprécier les performances des élèves. Frederick Florin / AFP

Cet article est co-écrit par Bernard Hugonnier, co directeur du séminaire Ecole et République du Collège des Bernardins et Elias Benzina, ingénieur Statisticien Economiste, University of Oxford, ENSAE, membre du séminaire.


Au sein du séminaire « École et République » du Collège des Bernardins, on s’est interrogé sur la question de savoir si la qualité d’un système éducatif pouvait être mesurée uniquement par la performance moyenne des élèves. De fait, c’est ainsi que sont souvent interprétés les classements des enquêtes PISA qui évaluent les performances des élèves en compréhension de l’écrit, en mathématiques et en sciences.

En effet, les performances d’un système ne dépendent-elles pas aussi de son efficience (mesurée par exemple par la rentabilité de l’investissement réalisé dans l’éducation) ? De son équité (mesurée par l’égalité des chances plus ou moins prégnante que dans d’autres pays) ? Et enfin de l’engagement des élèves et de celui des enseignants, qui sont autant de gages de réussite ?

Cinq critères et un nouvel outil

Le séminaire « École et République » a alors retenu ces cinq critères : efficacité, efficience, équité des systèmes éducatifs et engagements des élèves et des enseignants.

Il en a envisagé d’autres (comme l’équilibre des systèmes et leur efficacité externe), mais n’a pu les retenir par manque de données fiables et comparables pour les 34 pays de l’OCDE. En sommant le résultat des indicateurs de ces cinq critères, chacun formé de 6 statistiques, le séminaire a créé un tout nouvel outil pour évaluer la qualité des systèmes éducatifs des pays de l’OCDE.

PISA indiquait quels étaient les pays en tête du classement, sans autre information. Le classement (réalisé au sein du séminaire de recherche « Ecole et République » du Collège des Bernardins) fournit des renseignements précieux sur les performances de chaque pays en matière d’efficacité, d’efficience et d’équité de leur système éducatif, ainsi que d’engagement des élèves et des enseignants, de sorte qu’un diagnostic peut rapidement être établi sur les forces et faiblesses de leur système, et les réformes nécessaires apparaissent évidentes.

Efficacité, efficience, équité, engagement des élèves et des enseignants

L’analyse des résultats établit qu’une augmentation de l’efficacité et de l’efficience des systèmes éducatifs ne conduit pas nécessairement à un engagement plus élevé des élèves, au contraire. En revanche, une équité plus forte peut mener à une augmentation de cet engagement.

L’étude met également en avant qu’une amélioration des performances des systèmes (mesurées par leur efficacité, leur efficience et leur équité) peut conduire à un plus fort engagement des enseignants, tandis que l’on note que l’engagement des élèves et celui des enseignants ont peu d’influence l’un sur l’autre

Selon les résultats de l’étude, aucun des 34 pays de l’OCDE ne dispose d’un système éducatif qui est en tête dans les cinq domaines (efficacité, efficience, équité, engagement des élèves et engagement des enseignants). En d’autres termes, parmi les systèmes éducatifs des 34 pays de l’OCDE, aucun ne peut prétendre à l’excellence. Cela signifie que nul ne peut servir de modèle absolu pour les autres.

Nouveaux classements

Dans l’indicateur synthétique de qualité défini par le séminaire « École et République », les pays arrivant dans les cinq premières places sont, dans l’ordre, le Canada, le Japon, la Suisse, l’Irlande et la Finlande.

La France, qui arrive en 25e position, présente des performances assez bonnes en efficacité et efficience (voir tableau ci-dessous- le premier nombre donne le score, le second le classement), mais des faiblesses dans les trois autres indicateurs, notamment en matière d’équité et d’engagement des élèves. C’est donc dans ces deux derniers domaines que la France devra faire porter tout particulièrement ses efforts.

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L’Allemagne arrive 7e dans le classement défini par le séminaire « École et République ». C’est grâce à une efficience très élevée et à des bonnes performances en efficacité et en engagement des élèves. Ce pays est moins performant en équité et également en retard pour l’engagement des enseignants. Elle devrait se préoccuper de ces deux derniers domaines.

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Les classements que l’on obtient en utilisant les indicateurs PISA et du séminaire « École et République » différent grandement puisqu’aucun pays des 34 pays de l’OCDE n’a à chaque fois le même classement.

En passant du classement PISA à celui du séminaire « École et République », dix pays méritent une attention particulière, compte tenu de leur forte progression ou au contraire de l’importance de leur recul.

Dans le premier cas, il s’agit de la Hongrie (plus 14 places), des États-Unis (plus 13), de l’Islande (plus 10) et du Portugal (plus 9).

Dans le second, de l’Estonie (moins 16 places), de la Belgique (moins 12), de la Pologne (moins 10) et du Royaume-Uni, de la Slovénie et de la France (moins 9).

En analysant les résultats de ces pays dans les cinq indicateurs, on comprend pourquoi certains progressent et d’autres régressent, ce qui démontre à nouveau l’efficacité du nouvel outil mis au point par le séminaire « École et République » du Collège des Bernardins.


Ce texte est issu du colloque conclusif « Scénarios pour une nouvelle école » organisé le 23 juin 2016, suite à deux années de réflexion du séminaire « École et République » du Collège des Bernardins qui se proposait d’analyser la relation entre l’école et la République. Le colloque était organisé par Bernard Hugonnier et de Gemma Serrano, co directeurs du séminaire. Nous allons publier une série de huit articles sur le sujet.

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