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Io, la troisième plus grande lune de Jupiter, en pleine éruption volcanique.
Éruption volcanique sur Io, une lune de Jupiter. NASA/JPL/DLR

La NASA a refusé les missions vers les lunes de Jupiter et de Neptune. Voici ce que nous aurions pu découvrir

Cela fait 30 ans que la NASA a visité Vénus pour la dernière fois, en 1990, avec l’orbiteur Magellan. Aujourd’hui, deux nouvelles missions ont été choisies pour explorer son atmosphère mortelle, ses pressions écrasantes et ses paysages volcaniques.

Le projet remonte à février 2020, lorsque la NASA a annoncé que quatre missions allaient être soumises à un processus d’examen de neuf mois par les pairs pour évaluer leur faisabilité. Elles faisaient toute partie du programme Discovery, lancé par la NASA en 1992 pour réunir des scientifiques et des ingénieurs dans le but de créer des missions emballantes et révolutionnaires. Si l’on excepte ses missions phares — telles que Curiosity et Perseverance, les autres qui font partie de Discovery ont adopté des approches uniques et innovantes pour explorer le système solaire.

Davinci et Veritas, les deux propositions gagnantes pour Vénus ont obtenu un financement de 500 millions de dollars US et seront lancées vers les années 2028-2030. La concurrence a été rude pour les deux perdantes, qui se seraient rendues sur Io et Triton, respectivement des lunes de Jupiter et de Neptune. Qu’allons-nous rater en conséquence de ce choix ?

L’étrange lune de Jupiter

Io est une lune étrange — même parmi les lunes, qui sont étranges en soi. En tant que satellite le plus près de Jupiter, avec une orbite à seulement 350 000 km du sommet des nuages, Io bénéficie d’un mécanisme de réchauffement extrême, ce qui en fait l’objet le plus actif du système solaire sur le plan volcanique, avec plus de 400 volcans.

On pourrait penser, étant donné que l’on vit sur une planète qui compte un bon nombre de volcans, que l’on connaît bien l’origine de toute cette chaleur. En fait, selon Alfred McEwen, chercheur principal de la mission proposée Io Volcanic Explorer, ou IVO, on en ignore encore largement le fonctionnement.

IVO a été conçue pour effectuer plusieurs survols de la lune et utiliser une série d’instruments pour cartographier l’activité sur et sous sa surface. En recueillant des informations sur les champs magnétiques et gravitationnels d’Io, en filmant les énormes éruptions de lave et en analysant les gaz et les poussières qui s’échappent du satellite, IVO aurait permis aux scientifiques de comprendre comment la chaleur y est produite et perdue.

Toutes ces informations sont cruciales — et pas seulement pour les superbes vidéos de volcans de l’espace —, car ce type d’activité extrême est considéré comme un aspect important de la formation et de l’évolution des planètes. En explorant les processus qui entraînent des changements sur Io, on aurait pu en apprendre davantage sur la naissance des planètes et des lunes.

Les géantes de glace

Uranus et Neptune, les planètes les moins explorées et les moins comprises, ont certaines des caractéristiques les plus étranges du système solaire. Uranus a une inclinaison axiale — l’angle de son axe de rotation par rapport au plan de son orbite autour du Soleil — si extrême qu’elle tourne sur le côté. On croit que c’est le résultat d’une énorme collision qui a eu lieu il y a très longtemps.

Quant à Neptune, elle possède la seule grosse lune qui tourne à l’envers autour de sa planète mère : l’étrange Triton. Cette disposition orbitale particulière n’est pas sa seule bizarrerie. Le plan de l’orbite de Triton est décalé de 23 degrés par rapport à celui de Neptune, et on pense que le satellite s’est déplacé vers Neptune depuis la ceinture de Kuiper, la région située au-delà de l’orbite de Neptune et remplie de restes glacés de la formation du système solaire.

Un diagramme montrant la surface de Triton et les objectifs de la mission Trident
Ce que la mission Trident aurait exploré. NASA/JPL-Caltech

Triton possède également une ionosphère active — une couche de son atmosphère formée de particules chargées, dix fois plus active que celle de toute autre lune et qui n’est pas alimentée par le Soleil — ainsi qu’une surface dynamique et en constante évolution, recouverte de ce qui pourrait être de la neige d’azote. Quand Voyager 2 a photographié Triton, on y a découvert des cryovolcans — des geysers qui éjectent de la glace et du gaz jusqu’à 8 km de haut, ce qui pourrait indiquer la présence d’un océan souterrain.

La mission Trident aurait exploré les nombreux phénomènes étranges de cette lune. Elle proposait une approche en trois phases avec des instruments pour mesurer le champ magnétique de Triton. Elle aurait pu détecter la présence et la structure d’un océan souterrain. Des caméras infrarouges à haute résolution auraient permis au vaisseau spatial de prendre des images de toute la surface, grâce à la lumière solaire réfléchie par Neptune, et de montrer aux scientifiques ce qui avait changé depuis le dernier passage qui remonte à 1989. Enfin, le vaisseau spatial aurait tenté de comprendre pourquoi la surface de Triton reste si dynamique et jeune.

Cependant, Trident et IVO ont perdu contre les missions Vénus. Il aurait été fascinant d’explorer une fois de plus les confins du système solaire ou de voir les volcans colossaux sur Io. Mais Vénus est une planète fascinante, avec ses propres mystères et caractéristiques.

This article was originally published in English

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