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cellules au microscope
Le virus du papillome humain (VPH), premier responsable du cancer du col de l’utérus, est la cause principale du cancer de la gorge. (Shutterstock)

Le sexe oral est devenu le principal facteur de risque du cancer de la gorge

Depuis une vingtaine d’années, le nombre de cancers de la gorge a connu une augmentation rapide dans les pays occidentaux, au point qu’on en est venu à parler d’épidémie. Cette hausse est imputable à un type particulier de cancer, le cancer oropharyngé (qui touche la zone des amygdales et de l’arrière de la gorge). Le virus du papillome humain (VPH), premier responsable du cancer du col de l’utérus, en est la cause principale. Aux États-Unis et au Royaume-Uni, le cancer de l’oropharynx est désormais plus fréquent que celui du col de l’utérus.

Le VPH est transmis par voie sexuelle. Pour le cancer de l’oropharynx, le plus important facteur de risque est le nombre de partenaires avec qui une personne a eu des rapports sexuels buccogénitaux. Les personnes qui en ont eu avec six partenaires ou plus au cours de leur vie ont 8,5 fois plus de risques de développer un cancer de l’oropharynx que celles qui ne pratiquent pas ce type de sexualité.

Les études sur les tendances comportementales montrent que la sexualité orale est très répandue dans certains pays. Dans une étude que mes collègues et moi-même avons menée au Royaume-Uni auprès d’un millier de personnes ayant subi une amygdalectomie pour des raisons non liées au cancer, 80 % des adultes ont déclaré avoir eu des rapports buccogénitaux à un moment ou à un autre de leur vie. Heureusement, seul un faible nombre de ces personnes développent un cancer de l’oropharynx. On ne sait pas très bien pourquoi.

La théorie la plus répandue est que la plupart des gens attrapent des infections à VPH et sont capables de les éliminer. Cependant, un petit nombre de personnes ne peuvent pas s’en débarrasser, peut-être en raison d’une déficience d’un aspect de leur système immunitaire. Chez elles, le virus peut se répliquer continuellement et, au fil du temps, il s’insère à des positions aléatoires dans l’ADN de l’hôte, ce qui peut engendrer un cancer.

Graphique montrant un cancer de l’oropharynx
L’oropharynx est le segment central de la gorge (pharynx). (Wikimedia), CC BY-SA

La vaccination des jeunes filles contre le VPH a été mise en place dans de nombreux pays pour prévenir le cancer du col de l’utérus. Des preuves de plus en plus nombreuses, bien qu’indirectes, indiquent qu’elle pourrait aussi être efficace pour prévenir l’infection de la gorge par le virus. Certaines données suggèrent également que les garçons sont protégés par l’immunité collective dans les pays où la couverture vaccinale des filles est importante (plus de 85 %). Tous ces éléments devraient permettre, d’ici quelques décennies, de réduire la prévalence du cancer de l’oropharynx.

Du point de vue de la santé publique, c’est une bonne chose, mais uniquement si la couverture est élevée chez les filles – plus de 85 % – et si l’on reste dans la « collectivité » couverte. Cela ne garantit toutefois pas une protection individuelle – surtout à l’ère des voyages internationaux – dans les cas où quelqu’un a des rapports sexuels avec une personne originaire d’un pays où la couverture est faible. Et cela n’offre assurément pas de protection dans les pays où la couverture vaccinale des filles est faible, comme aux États-Unis, où seulement 54,3 % des adolescentes âgées de 13 à 15 ans avaient reçu deux ou trois doses de vaccin contre le VPH en 2020.

Vacciner les garçons

Cela a conduit plusieurs pays, dont le Royaume-Uni, l’Australie et les États-Unis, à étendre leurs recommandations en matière de vaccination contre le VPH aux jeunes garçons, ce que l’on appelle une politique de vaccination neutre sur le plan du sexe.

Une politique de vaccination universelle ne garantit toutefois pas une bonne couverture. Une proportion importante de certaines populations est opposée à la vaccination contre le VPH pour des raisons de sécurité, de nécessité ou, plus rarement, parce qu’elle craint que cela encourage la promiscuité sexuelle.

Parallèlement, des études sur la population montrent qu’il arrive que de jeunes adultes, dans le but de s’abstenir de rapports sexuels avec pénétration, vont commencer par avoir des rapports sexuels oraux.

La pandémie de coronavirus a également engendré son lot de défis. Tout d’abord, il n’a pas été possible de sensibiliser les jeunes dans les écoles pendant un certain temps. Ensuite, on observe dans de nombreux pays une croissance de la réticence vis-à-vis des vaccins, ou des attitudes « antivax », ce qui peut contribuer à une réduction de la couverture vaccinale.

Comme toujours, lorsqu’il s’agit de populations et de comportements, rien n’est simple ni évident.

This article was originally published in English

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