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Illustration de politique verte
La gouvernance d'entreprise joue un rôle clé dans l'adoption (ou non) de pratiques plus vertueuses. Shutterstock

Les comités de durabilité ne sont pas toujours efficaces pour responsabiliser les entreprises

De plus en plus d'entreprises mettent aujourd'hui en place des «comités de durabilité» pour promouvoir activement des pratiques durables et rendre compte de ces activités. Ces comités, nommés par le conseil d'administration, sont censés aider les organisations à mieux aligner leur véritable performance environnementale. Leurs divulgations visent ainsi à réduire l'engagement des entreprises dans des pratiques de découplage, définies comme l'écart entre ce que les organisations communiquent en termes de performance sociale et environnementale et ce qu'elles font réellement.

Cependant, certaines entreprises peuvent mettre en place des comités de durabilité purement symboliques ou pour se donner une image plus responsable auprès des parties prenantes. En enquêtant sur un échantillon mondial d'entreprises de 37 pays, nous avons ainsi mis en évidence une association négative significative entre l'existence d'un comité de durabilité et le découplage environnemental. Ainsi, la nomination d'un comité ne semble pas suffire à contrôler le comportement de découplage des dirigeants.

Des performances exagérées

Dans notre recherche, nous avons postulé que la création d'un comité de durabilité spécialisé améliorait l'alignement entre la divulgation liée à l'environnement et la performance environnementale réelle. En principe, le comité de durabilité agit en effet d'abord en tant que canal approprié pour contrôler la discrétion managériale sur les questions de durabilité, jouant ainsi un rôle décisif dans les effets de la gouvernance de l'entreprise.

Or, dans notre échantillon, les entreprises soit exagèrent leur performance en matière de durabilité pour renforcer leur légitimité, soit sous-estiment leurs activités de développement durable dans les rapports afin de détourner l'attention d'éventuelles initiatives coûteuses. Par conséquent, un écart se crée entre la divulgation de durabilité et la performance réelle malgré l'existence d'un comité de durabilité.

Pourtant, ce découplage entre la pratique et les objectifs affichés en termes de responsabilité sociétale et environnementale (RSE) peut avoir des impacts désastreux sur la rentabilité et la réputation d'une entreprise. L'écart, s'il est révélé, peut présenter des coûts importants pour les entreprises, notamment lorsque les parties prenantes externes surveillent la performance en matière de RSE.

Une question de genre

Dans notre échantillon, nous avons néanmoins constaté que des comités de durabilité plus indépendants et diversifiés sur le plan du genre sont efficaces pour réduire le niveau de découplage environnemental. Les résultats offrent donc des implications pour les entreprises : il s'agit pour elles de nommer davantage de directeurs indépendants et féminins au sein des comités de durabilité.

La diversité des genres au sein des conseils est notamment reconnue pour son impact positif sur les résultats financiers et non financiers. La recherche suggère ainsi que la présence de femmes au sein des conseils améliore la prise de décision en matière de RSE en raison de leur orientation sociale. La Norvège a été le premier État à introduire une législation sur les quotas de genre au sein des conseils d'administration, une mesure visant à remédier à la domination masculine de longue date dans les échelons supérieurs du monde des entreprises.

En réponse à la vague mondiale de promotion de l'égalité des genres, la France a introduit en janvier 2011 des quotas obligatoires afin d'accroître la diversité des genres au sein des conseils d'administration des entreprises. En vertu de ces quotas, les entreprises françaises sont tenues de nommer au moins 40 % de femmes dans leur conseil d'administration. Autant de mesures qui permettent in fine de corriger les défauts des conseils de durabilité.

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