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Les feux d’artifice, beaux pour les yeux, un peu moins pour l’air ambiant

En janvier 2012 à Londres. Paul Brock Photography/Flickr, CC BY-NC-ND

Des célébrations du 14 juillet à celles du Nouvel An, les monuments des grandes villes – comme le Champ-de-Mars à Paris ou Big Ben à Londres – deviennent régulièrement le théâtre de spectacles pyrotechniques de plus en plus impressionnants. Depuis le passage au nouveau millénaire, les feux d’artifice ne cessent en effet de gagner en popularité ; on les retrouve même dans les jardins des particuliers.

Ces animations nous amusent et nous émerveillent : nous aimons deviner la couleur des fusées avant qu’elles ne s’enflamment dans le ciel, écouter leur explosion faire écho dans l’enceinte des bâtiments ou encore écrire nos noms à la lumière de cierges magiques.

Les feux d’artifice ne sont toutefois pas sans effet sur l’environnement : leur fumée est riche en particules métalliques fines qui leur confèrent leurs couleurs éclatantes. Une coloration issue du même procédé qui permit aux scientifiques de l’époque victorienne d’identifier des substances chimiques en les faisant brûler au bec Bunsen ; le bleu provient du cuivre, le rouge du strontium ou du lithium, et le vert vif ou le blanc de composés de baryum.

Bien qu’ils ne provoquent pas de fumée, des composés de potassium et d’aluminium (servant à propulser les feux d’artifice dans les airs) sont également présents, ainsi que les perchlorates. Ces derniers sont issus de la même famille que des composés très réactifs comportant du chlore et de l’oxygène, auxquels la NASA recourt pour booster les navettes spatiales lors du décollage.

Une pollution de l’air non négligeable

Les feux d’artifice peuvent entraîner d’importants problèmes de pollution de l’air ; des cas ont d’ailleurs été bien documentés dans plusieurs villes : à Gérone (Espagne) lors de la Fête de la Saint-Jean, la pollution aux particules métalliques peut stagner dans la ville pendant plusieurs jours. En Inde, les feux d’artifices tirés lors de la fête annuelle de Divali causent même une pollution bien supérieure à celle que connaît Pékin lors d’une journée particulièrement irrespirable !

Feu de joie. Dan Shirley/Flickr, CC BY-NC-ND

Au Royaume-Uni, la nuit de Guy Fawkes est souvent le jour le plus pollué de l’année. Les scientifiques du King’s College de Londres ont d’ailleurs constaté que les feux de joie allumés pour l’occasion ajoutent à cette pollution.

Dans des espaces fermés, les feux d’artifice peuvent également avoir un effet significatif sur la pollution de l’air. En Allemagne des tests ont ainsi montré que des concentrations élevées de particules en suspension dans l’air pouvaient envahir les stades de football, lorsque des feux de Bengale, des fumigènes ou d’autres engins pyrotechniques étaient utilisés pour célébrer des buts ou des fin de matches.

Évidemment, ce qui est envoyé en l’air finit par toucher terre : et les feux d’artifice retombant au sol ramènent avec eux du propergol (un produit de propulsion) et des colorants non brûlés ; quant à la pollution par particules dans l’air, elle peut se redéposer au sol ou bien être emportée par la pluie.

Cette dernière se retrouve dans les lacs et les rivières, pouvant même causer des problèmes de thyroïde. Dans certains États américains des mesures restrictives concernant l’accès à l’eau potable ont dû être mises en place. Pour les stations balnéaires comme pour les parcs d’attractions, où les feux d’artifice sont fréquents, cette pollution des eaux est une préoccupation majeure.

Des chercheurs londoniens ont collecté et analysé des particules aériennes issues des fêtes de Divali ou de la nuit de Guy Fawkes. Ils ont découvert que celles-ci diminuaient les défenses pulmonaires humaines de manière plus importante que la pollution routière, suggérant que les effets néfastes des feux d’artifice pouvaient être d’une plus grande toxicité. En Inde, les feux de Divali pourraient conduire à une augmentation de 30 à 40 % des problèmes respiratoires.

Une lampe à ghee, éclairage traditionnel de la fête indienne de Divali. Premnath Thirumalaisamy/Flickr, CC BY

Autrefois célébrée par l’éclairage de lampes à ghee, la fête indienne de Divali a changé ses habitudes avec l’ouverture en 1940 de la première usine de feux d’artifice du pays. Une pétition civile, envoyée à la Cour suprême, a exigé la mise en place d’une meilleure sécurité autour de ces feux d’artifice ainsi que des restrictions touchant leur vente et leur utilisation. Mais cette requête est arrivée trop tard pour limiter le smog cette année…

Des mesures à prendre

Des mesures simples peuvent réduire notre exposition à la pollution des feux d’artifice.

On évitera leur allumage de même que l’usage des cierges magiques dans des endroits clos. Positionner la foule face au vent constitue également une bonne façon de réduire leurs impacts négatifs sur la santé.

Au Royaume-Uni, les feux d’artifice constituent aujourd’hui la plus grande source de production de certaines particules métalliques dans l’atmosphère. Et cette part ne fera qu’augmenter étant donné les nombreuses initiatives pour réduire les autres sources de pollution urbaine. Ainsi, presque tous les véhicules diesel modernes disposent désormais de filtres à particule et les émissions industrielles sont de plus en plus contrôlées dans les pays les plus riches. Mais la pollution générée par les feux d’artifice reste, elle, largement tolérée.

Bien sûr, l’interdiction de ces feux pourrait constituer la meilleure façon de remédier à ce problème de pollution, mais cette approche est certainement trop radicale. Une analyse des plus récents spectacles pyrotechniques donnés lors des fêtes du Nouvel An dans certaines grandes métropoles offre une autre piste : précis et très contrôlés, ils montrent la capacité d’innovation de l’industrie du feu d’artifice sur laquelle s’appuyer pour préserver un air ambiant respirable.

This article was originally published in English

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