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Pourquoi l'avenir n'est peut-être pas toujours devant nous

Retro alarm clock dissolving into little pieces
Bystrov/Shutterstock

Imaginez l’avenir. Où se situe-t-il pour vous ? Vous voyez-vous avancer à grands pas vers lui ? Peut-être est-il derrière vous. Peut-être même au-dessus de vous.

Et le passé ? Vous imaginez-vous en train de regarder par-dessus votre épaule pour le voir ?

La façon dont vous répondez à ces questions dépend de qui vous êtes et d’où vous venez. La façon dont nous nous représentons l’avenir est influencée par la culture dans laquelle vous avez grandi et par la ou les langues que vous parlez.

Pour de nombreuses personnes ayant grandi au Royaume-Uni, aux États-Unis et dans une grande partie de l’Europe, l’avenir se trouve devant elles et le passé est derrière. Les personnes appartenant à ces cultures perçoivent généralement le temps comme linéaire. Elles se voient comme allant continuellement vers l’avenir parce qu’elles ne peuvent pas retourner dans le passé.

Dans d’autres cultures, cependant, la localisation du passé et du futur est inversée. Les Aymaras, un groupe indigène d’Amérique du Sud vivant dans les Andes, considèrent que l’avenir est derrière eux et le passé devant eux.

Les scientifiques l’ont découvert en étudiant les gestes du peuple aymara lors de discussions sur des sujets tels que les ancêtres et les traditions. Les chercheurs ont remarqué que lorsque les Aymaras parlaient de leurs ancêtres, ils avaient tendance à faire un geste devant eux, indiquant que le passé était devant. En revanche, lorsqu’ils étaient interrogés sur un événement futur, leurs gestes semblaient indiquer que l’avenir était perçu comme étant derrière eux.

Regarder vers l’avenir

L’analyse de la façon dont les gens écrivent, parlent et font des gestes à propos du temps suggère que les Aymaras ne sont pas les seuls. Les locuteurs du darij, un dialecte arabe parlé au Maroc, semblent également imaginer que le passé est devant et le futur derrière. C’est également le cas de certains locuteurs vietnamiens.

Mais le futur ne se trouve pas toujours derrière ou devant nous. Il semble que certains locuteurs du mandarin représentent le futur comme étant en bas et le passé comme étant en haut. Ces différences suggèrent qu’il n’existe pas de lieu universel pour le passé, le présent et le futur. Au contraire, les gens construisent ces représentations en fonction de leur éducation et de leur environnement.

La culture n’influence pas seulement notre vision de l’avenir. Elle influence également la manière dont nous nous imaginons y parvenir.

Scène surréaliste, homme d’affaires et flèches d’un panneau indiquant trois options différentes, passé, présent et futur
Il est facile de supposer que tout le monde pense à l’avenir de la même manière que vous. StunningArt/Shutterstock

En France et aux États-Unis, les gens se voient généralement marcher le visage tourné vers l’avenir. Pour les Māori de Nouvelle-Zélande, cependant, le centre d’attention lorsqu’ils se déplacent dans le temps n’est pas le futur, mais le passé. Le proverbe Māori Kia whakatōmuri te haere whakamua se traduit par « Je marche à reculons vers l’avenir avec les yeux fixés sur mon passé ».

Pour les Māori, ce qui se trouve devant nous est déterminé par ce qui peut être ou a été vu. Les Māori considèrent le passé et le présent comme des concepts connus et vus parce qu’ils se sont déjà produits. Le passé est conceptualisé comme étant devant une personne, là où ses yeux peuvent le voir.

L’avenir, en revanche, est considéré comme inconnu parce qu’il ne s’est pas encore produit. Il est considéré comme derrière vous parce qu’il n’est pas encore visible. Les Māori se perçoivent comme marchant à reculons plutôt qu’en avant vers l’avenir parce que leurs actions futures sont guidées par les leçons du passé. En faisant face au passé, ils peuvent porter ces leçons dans le temps.

Différentes approches

Les scientifiques ne savent pas exactement pourquoi chaque personne se représente le passé, le présent et l’avenir différemment. L’une de leurs hypothèses repose sur l’idée que nos perspectives sont influencées par le sens dans lequel nous lisons et écrivons. Les recherches montrent que les personnes qui lisent et écrivent de gauche à droite dessinent des lignes temporelles dans lesquelles le passé se trouve à gauche et le futur à droite, ce qui reflète leurs habitudes de lecture et d’écriture.

En revanche, les personnes qui lisent de droite à gauche, comme les arabophones, dessinent souvent des lignes temporelles dans lesquelles les événements du passé se trouvent à droite et ceux du futur à gauche. Cependant, le sens de lecture ne peut expliquer pourquoi certaines personnes qui lisent de gauche à droite pensent que l’avenir se trouve « derrière ».

Selon une autre théorie, les valeurs culturelles peuvent influencer notre orientation vers l’avenir. Les cultures varient en fonction de l’importance qu’elles accordent aux traditions. Les chercheurs pensent que votre conception spatiale de l’avenir peut être déterminée par le fait que votre culture met l’accent sur les traditions du passé ou se concentre sur l’avenir.

Dans les cultures qui soulignent l’importance du progrès, du changement et de la modernisation, l’avenir est normalement à l’avant-plan – par exemple, en France et aux États-Unis. En revanche, dans les cultures qui accordent une grande importance à la tradition et à l’histoire ancestrale, comme au Maroc et dans les groupes indigènes tels que les Māori, le passé est au centre des préoccupations et se trouve donc généralement au premier plan.

Ces différences peuvent également avoir des répercussions sur les initiatives visant à relever les défis mondiaux. Si l’avenir n’est pas toujours au premier plan, les mantras des campagnes occidentales sur le thème « aller de l’avant » et « laisser le passé derrière soi » risquent de ne pas trouver d’écho auprès de nombreuses personnes.

Toutefois, si nous pouvons nous inspirer des représentations du temps dans d’autres cultures, nous pourrons peut-être recadrer notre compréhension de certains des problèmes les plus urgents du monde. Aborder l’avenir en jetant régulièrement un coup d’œil sur le passé pourrait conduire à un avenir plus juste pour tous.

This article was originally published in English

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