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Un cheval à rayures ? Pas vraiment… Shutterstock

Pourquoi les zèbres n’ont pas été domestiqués

Les zèbres ressemblent à des chevaux à bien des égards (ou plutôt à des poneys, vu leur taille). Pourtant, les chevaux ont été domestiqués, tandis que les zèbres sont restés sauvages, car il existe des différences fondamentales entre ces deux animaux. Alors, comment les zèbres sont-ils parvenus à éviter le destin de bêtes de somme ou de bêtes de course ? Et qui s’en sort le mieux aujourd’hui, du cheval ou du zèbre ?

Évidemment, les humains ont tenté de monter et de faire galoper les zèbres, à la fois par attrait de la nouveauté et en raison de leurs apparentes similitudes avec les chevaux. Le film de 2005, Racing Stripes (Courses de rayures) raconte ainsi l’histoire d’un jeune zèbre qui veut participer à des courses de chevaux – sauf que les réalisateurs ont dû tourner certaines scènes avec un cheval pour doubler le zèbre (à l’image, c’est la queue qui trahit le cheval).

Un ancêtre commun

La crinière et la queue du zèbre ressemblent davantage à celles des ânes, ce qui reflète l’évolution du gène Equus. Même si les chevaux, les ânes et les zèbres ont un ancêtre commun, l’Hyracotherium, qui vivait en Europe et en Amérique du Nord il y a 55 millions d’années, les divergences dans leurs gènes montrent que le zèbre et l’âne sont plus proches entre eux que l’âne ou le zèbre ne le sont du cheval.

Les équidés nord-américains (les équidés désignant la famille des chevaux) ont disparu il y a 8 à 10 000 ans de cela. En Europe comme en Asie, l’homme du paléolithique a parcouru les plaines pour chasser sans relâche les troupeaux de chevaux sauvages. Le changement climatique, le boisement et la chasse ont progressivement repoussé les animaux vers les zones semi-désertiques d’Asie centrale.

L’ancêtre sauvage du cheval domestique (Equus ferus) a été apprivoisé pour la première fois à l’ouest de la steppe eurasienne, zone où l’on a retrouvé les premières traces archéologiques de sa domestication. Des études récentes montrent également que les chevaux sauvages venaient grossir les rangs des troupeaux de chevaux domestiqués, tandis qu’ils s’éparpillaient dans toute l’Eurasie.

Chevaux à tout faire

Les chevaux ont d’abord été domestiqués pour leur viande, mais leur immense potentiel pour le transport, la communication et la guerre en ont rapidement fait des alliés importants du développement de la civilisation. En Mongolie, le pays du cheval, c’est sur son fier destrier que le légendaire guerrier Gengis Khan a conquis des terres qui s’étendaient de la Hongrie à la Corée et de la Sibérie au Tibet, au XIIIe siècle.

Alors, si le cheval a joué un rôle si important dans notre civilisation, pourquoi n’est-ce pas le cas du zèbre ? Les premiers humains sont apparus sur le continent africain, il paraît donc étonnant qu’ils n’aient pas cherché à exploiter le potentiel du zèbre, qui vivait dans les parages.

Contrairement aux équidés eurasiens, cependant, la population de zèbres africains était relativement protégée et particulièrement adaptée à son environnement. Tous les équidés sont des herbivores, et en tant que proies, ils ont tous développé une réaction puissante en cas de danger : ils fuient, ou ils se battent. Afin de survivre dans un environnement peuplé de grands prédateurs tels que le lion, le guépard et la hyène, le zèbre est devenu un animal très vif et très réactif capable de s’enfuir quand il est confronté au danger et qui sait aussi se défendre vigoureusement s’il est capturé.

Des ruades et des morsures

La ruade d’un zèbre peut casser la mâchoire d’un lion. Le zèbre peut aussi infliger des morsures terribles et possède un réflexe d’esquive qui empêche quiconque de l’attraper au lasso : autant de puissantes réactions d’évitement qui ont peut-être été favorisées par la familiarité des zèbres avec les chasseurs-cueilleurs.

En somme, le zèbre n’est pas très porté sur l’espèce humaine, et il ne répond pas aux critères requis pour la domestication d’une espèce animale. Selon l’explorateur et savant Francis Galton (un parent de Charles Darwin), ces critères incluent que l’animal ait un certain goût du confort, qu’il soit facile de s’en occuper, qu’il soit utile à l’homme et qu’il en apprécie la compagnie.

Pour Galton, le zèbre est l’exemple type de l’espèce impossible à domestiquer. Il indique que les Boers, en Afrique du Sud, ont essayé plusieurs fois de harnacher des zèbres. Même s’ils y sont parvenus quelquefois, la nature sauvage et têtue de l’animal déjouait la plupart de leurs tentatives.

Une mise en garde à prendre au sérieux. Shutterstock

Libres mais menacés

Bien qu’il semble possible de domestiquer un zèbre isolé, cette espèce n’est pas une bonne candidate à la domestication. Outre la nature intraitable du zèbre et son puissant instinct de survie, le fait qu’il soit un « aliment pour lion » l’a peut-être rendu moins attrayant aux yeux des premiers humains.

La domestication et l’élevage sélectif ont certainement transformé les caractéristiques physiques et comportementales du cheval, qui à l’origine était sans doute plus petit, plus sauvage et plus proche du zèbre que le cheval d’aujourd’hui.

Et même si les chevaux travaillent dur, vivent dans des environnements plus urbanisés que les zèbres et font ce que leur propriétaire leur demande, ils vivent en sécurité et jouissent d’un certain confort. En réalité, la domestication les a sauvés de l’extinction. En tant que stratégie de survie, la domestication a même très bien marché pour la population de chevaux, qui atteint désormais 60 millions d’individus.

De leur côté, les zèbres sont aujourd’hui moins de 800 000, les humains étant la plus grande menace pour leur survie. La liberté leur a coûté cher.

This article was originally published in English

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