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TT News Agency/Reuters

Qui seront les nouveaux Prix Nobel ?

Dans le domaine académique, les États-Unis continuent à dominer la liste des pays qui se sont vus attribuer des prix Nobel, selon un nouveau classement établi par le magazine Times Higher Education (THE), qui précise que les universitaires et les institutions Américaines ayant remporté les prestigieuses récompenses sont largement en tête.

Quand ils ont été fondés en 1901, les prix Nobel ont été les premiers prix d’excellence académiques permettant d’établir une base de comparaison internationale. Mais aujourd’hui, les prix Nobel ne reflètent pas forcément la santé du secteur de la recherche dans un pays donné, notamment du fait du nombre croissant de collaborations internationales entre des chercheurs de plus en plus mobiles.

Le bon sens voudrait que l’on enregistre un nombre de plus en plus important de lauréats émanant des pays dits pays émergents dans le futur proche, mais cela sera uniquement possible si les gouvernements sont prêts à soutenir l’internationalisation de leurs systèmes de recherche.

Un paysage mondial

Gagner un prix Nobel est un événement extraordinaire pour un universitaire ainsi que pour l’institution et le pays qui ont nourri sa recherche. Mais de nombreux lauréats ont aussi des parcours internationaux et optent volontairement pour des travaux en équipe. En 2014 par exemple, Shuji Nakamura, un physicien japonais basé à l’Université de Californie a partagé son Prix Nobel de physique avec deux physiciens basés au Japon. Leur travail consistait à développer des sources de lumière permettant des économies d’énergie.

Cette internationalisation des universités et le développement de la recherche en équipe associant les universitaires n’ont ainsi pas profité à tous les pays de manière équitable. C’est ce que souligne le nouveau classement de THE, avec la domination des universités et des universitaires américains. Et cela même si personne ne pouvait préjuger du résultat.

Le classement prend en compte les prix Nobel de physique, de chimie, de physiologie ou de médecine, ainsi que le prix de la Banque de Suède en sciences économiques. Sont exclus le Prix Nobel de Littérature et le Prix Nobel de la paix, qui sont attribués en fonction de critères totalement différents.

Derrière les Américains, on trouve des établissements et des universitaires de haute renommée, qui conduisent principalement leur recherche dans les pays développés. L’Allemagne compte un grand nombre de Prix Nobel (à travers la Max Planck Society notamment), mais aussi Israël (grâce au Technion Israel Institute of Technology) ou encore le Japon, l’Australie, la France et la Grande-Bretagne, même si ces derniers ne sont pas forcément toujours dans les dix premiers.

Ces nations ont clairement les ressources économiques et la volonté politique pour créer et soutenir des établissements d’enseignement supérieur et de recherche de haut niveau, capables de recruter et d’employer des universitaires et chercheurs hautement qualifiés.

Un futur lauréat ? Milkovasa/Shutterstock

Tout cela soulève des questions qui reviennent sans cesse quant à l’internationalisation de la recherche. La concentration d’universitaires et de chercheurs de talent dans quelques institutions et quelques pays riches est-elle par exemple dommageable aux autres nations ? Avec une potentielle “fuite des cerveaux” qui a évidemment un impact sur le développement du pays concerné. Y a-t-il au contraire un “gain de cerveaux” commun grâce à l’échange régulier, le partenariat et la collaboration dans l’enseignement et la recherche ? Ce sont des questions complexes qui ne peuvent être débattues que dans la durée et qui ne trouvent pas forcément de réponse à travers la seule intervention politique, en tout cas pas facilement.

Prêts à collaborer

Les BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) peuvent être en mesure de construire des systèmes d’enseignement supérieur et de recherche compétitifs afin de rivaliser au cours des prochaines décennies dans la course aux prix Nobel, à la condition de maintenir leur stabilité politique et de soutenir leur développement économique. Ils auront besoin d’établir des partenariats dans l’enseignement supérieur et la recherche de pointe avec les pays développés, y compris avec des investisseurs privés et commerciaux.

La Chine et la Russie en particulier ont fait de la création d’universités de classe mondiale l’une des priorités de leur politique gouvernementale. Ils ont à la fois la puissance économique et intellectuelle et le potentiel éducatif pour atteindre cet objectif. Gagner des Prix Nobel représenterait la réussite ultime de ces politiques à long terme.

Cependant, il existe de sérieuses questions sur la volonté des dirigeants politiques des deux pays d’accorder à leurs chercheurs la liberté académique essentielle aux échanges intellectuels à l’échelle internationale susceptibles de conduire à un prix Nobel.

Dans les pays d’Afrique, d’Asie, d’Amérique centrale et du Sud, où l’infrastructure économique, politique et sociale n’est pas aussi développée, le potentiel pour créer des systèmes d’enseignement supérieur de qualité pérenne, et pour éventuellement décrocher un prix Nobel, dépendra principalement de la coopération internationale et des échanges.

L’attribution d’un prix Nobel représente un immense honneur pour le lauréat, son institution et son pays. Toutefois, son plus grand mérite devrait être la reconnaissance publique de l’apport que représente ce travail intellectuel et scientifique au développement humain en général, sans aucune considération géographique.

La version originale de cet article a été publiée sur The Conversation UK.

This article was originally published in English

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