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Visite d’État du roi Charles : un an après le début de son règne, qu’est-ce qui a changé avec le nouveau monarque ?

Le roi Charles et Emmanuel Macron trinquent avec leurs épouses respectives lors d'un banquet à la cravate noire.
Brigitte Macron, le roi Charles, Emmanuel Macron et la reine Camilla portent un toast lors de la visite d'État du couple royal britannique en France. Benoir Tessier/EPA

La visite d’État en France de trois jours du roi Charles III, un an après le début de son règne, marque le retour de la dimension internationale de la monarchie britannique. Ce voyage, ainsi que sa visite d’État en Allemagne au début de l’année, sont les premiers d’une série qui devrait être longue.

Après une visite d’État en Allemagne et une visite à Malte en 2015, Élisabeth II avait cessé de voyager à l’étranger, réduisant ainsi l’une des fonctions clé de la monarchie, qui consiste à représenter le Royaume-Uni à l’international sous le sceau de la « soft power ». Bien que d’autres membres de la famille royale, dont Charles quand il était toutours prince de Galles, aient effectué des visites officielles à l’étranger, celles-ci n’ont pas eu l’ampleur et le faste d’une visite d’État officielle, qui comprend souvent de nombreuses cérémonies, un banquet d’État complet et un discours devant le parlement du pays d’accueil.

Evolution

La visite d’État en France est également le signe d’une évolution vers une monarchie dont le rôle est plus fortement défini. Elle a été organisée sur les conseils du gouvernement, très certainement pour envoyer un message clair : bien que le Royaume-Uni ait quitté l’UE, il se considère toujours comme faisant partie de l’Europe – un point qui est devenu d’autant plus important depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie. C’est précisément le genre de messages qui bénéficient d’un large soutien au Royaume-Uni et que la monarchie est bien placée pour projeter.

La reine Camilla, le roi Charles, Emmanuel Macron et Brigitte Macron sur un tapis rouge en cravate noire
Quand les Windsor dînent avec les Macron. EPA

Le roi doit néanmoins faire preuve de prudence. La monarchie ne peut envoyer de tels signaux que si elle conserve son impartialité politique. Lorsque le roi a rencontré Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne, en février 2023, il s’agissait d’une rencontre classique entre le Roi et un dirigeant mondial. Toutefois, cette rencontre a eu lieu à un moment crucial des négociations sur le Brexit sur l’Irlande du Nord, ce qui a conduit certains hommes politiques soutenant le Brexit à se plaindre que le roi était trop impliqué dans le dossier.

Il est vrai que les prises de position de Charles en tant que prince de Galles, le déservent, alors que sa mère avait su rester au dessus de la mélée. L’année qu’il a passée sur le trône lui a permis néanmoins de nuancer son approche et ses interventions sur le plan intérieur sont restées prudentes.

Fin 2022, par exemple, il a été annoncé que le roi avait fait un don personnel de frigidaires aux banques alimentaires, un geste qui a été interprété comme une prise de conscience de la monarchie du contexte difficile traversé par la population, tout en gardant une certaine réserve politique. Charles a également mis davantage l’accent sur la diversité dans le choix de ses engagements, entraînant l’une des photos les plus marquantes de sa première année de règne : Charles et Camilla marchant dans Brick Lane, un quartier londonien multi-ethnique.

D’autres membres de la famille royale ont également eu les coudées plus franches et ont fait évoluer les missions traditionnelles. Par exemple, le prince William s’est joint à son personnel pour dîner dans un restaurant convivial pour les LGBTQ+ à Varsovie lors d’une visite officielle en Pologne. Cette initiative a été perçue comme une réponse à la politique anti-LBGTQ+ dans le pays.

Avancer prudemment

Des défis se profilent aussi pour Charles III sur le plan international. Pour bon nombre des 14 royaumes du Commonwealth, comme l’Australie, le Canada, la Jamaïque et le Belize, qui partagent le roi comme chef d’État, le nouveau règne est l’occasion de réévaluer leur relation avec la Couronne.

Dans les Caraïbes en particulier, il s’agit d’aborder la question de l’esclavage et des pires excès de l’Empire britannique. Dans ce domaine, la marge de manœuvre du roi est limitée. Il a approuvé une étude sur les liens de la monarchie avec l’esclavage et a déclaré aux chefs de gouvernement du Commonwealth l’année dernière :

« Je ne peux décrire la profondeur de mon chagrin personnel face à la souffrance de tant de personnes, alors que je continue à approfondir ma propre compréhension de l’impact durable de l’esclavage. »

Pourtant, ce n’est pas au roi de décider des demandes de réparations. Ils relèvent de la compétence du gouvernement britannique, qui doit trouver un équilibre entre sa réponse à toute demande et l’opinion politique nationale.

En fin de compte, c’est l’opinion qui déterminera le succès du règne du roi. Même dans les jours les plus sombres de la monarchie, le républicanisme n’a jamais obtenu un soutien supérieur à 20 %. Mais après une longue période de stabilité pour la famille royale, la tendance à long terme est au déclin progressif. Ce phénomène est particulièrement marqué chez les jeunes adultes, dont l’expérience de la monarchie a été le départ du duc et de la duchesse de Sussex pour l’Amérique, ainsi que les allégations de racisme – et les allégations d’abus sexuels à l’encontre du prince Andrew.

Fondamentalement, le plus grand défi pour le roi est d’être à la hauteur de sa mère. Sur de longues périodes, Elizabeth II a transcendé le rôle de monarque, devenant une véritable figure mondiale. Des livres ont été publiés avec des titres tels que « Queen of the World » (Reine du monde). L’ancien premier ministre Boris Johnson l’a appelée « Elizabeth the Great ». Le plus grand rassemblement de dirigeants mondiaux de l’histoire a assisté à ses funérailles.

Comment Charles peut-il marcher dans ces pas ?

This article was originally published in English

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