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Télescope dans la nuit. Photo by Alex Franzelin on Unsplash

Comment devenir astrophysicien ?

L’espace fait rêver. Et beaucoup de lycéens aimeraient devenir astrophysicien. À l’heure des choix dans Parcoursup, ils se demandent dans quelles études se lancer et quels sont les débouchés. Moi qui suis du métier, je vais ici leur donner quelques informations et pistes pour cette orientation… cosmique !

Le métier d’astrophysicien

Astrophysicienne, astrophysicien, le métier est fascinant. J’ai la chance d’exercer une activité aux multiples facettes. Tenter de percer les mystères de l’univers, des galaxies, étoiles, (exo)planètes et des lois fondamentales de la physique, voyager dans les plus grands observatoires de la planète, échanger avec les collègues du monde entier, concevoir et utiliser les télescopes spatiaux ou les sondes planétaires les plus performants jamais envoyés, utiliser les plus grands centres de calcul du monde ou développer les théories et modèles les plus raffinés qui soient, former les jeunes générations, informer le public et les décideurs, participer au débat public… Autant de moments forts de nos vies professionnelles.

D’autres activités rythment notre quotidien : écrire des articles scientifiques, écrire de nombreuses propositions, notamment de financement ou de télescope, dont la plupart seront rejetées, monter des projets et des collaborations internationales… au risque, parfois, de soubresauts d’ego qui ruinent des semaines d’effort ! Nous devons aussi convaincre les agences spatiales du bien-fondé de nos projets, et assister à de nombreuses réunions : équipe, collègues, labo, université, projet, commissions et évaluations variées, et leur lot d’écriture de rapports. Si vous aimez Twitter, vous pouvez suivre le quotidien professionnel de certains chercheurs. Moi par exemple, avec @herve_dole ou plutôt les astrophysiciens anglophones les plus suivis.

Les études

L’astrophysique est un domaine vaste, dans lequel on peut faire de la théorie, de l’instrumentation, des simulations numériques, des big data, de l’analyse de données, des modèles, de la théorie… Il couvre de larges domaines, de sorte qu’il est possible et légitime de faire des études de chimie, géologie, mathématiques, traitement du signal, informatique, sciences de l’ingénieur, et bien sûr avant de devenir astrophysicien. Les choix d’études sont donc très larges.

Amphi de physique. Collections École Polytechnique/Jérémy Barande, CC BY-SA

Complétons l’information en déroulant le fil en sens inverse. Les astrophysiciens sont tous titulaires d’un doctorat, appelé aussi thèse, que l’on passe en trois ans. Il faut être titulaire d’un master 2 (niveau bac+5) pour postuler à une thèse. Les chemins menant au master 2 sont variés, mais peuvent se résumer à deux filières : l’université (Licence puis Master) ou école d’ingénieur (prépa ou université, puis trois ans d’école ou école universitaire comme Polytech) permettant de suivre un master 2 lors de la troisième année.

De nombreuses exceptions existent. Des collègues ont commencé par un IUT, puis ont intégré une licence, puis un master. D’autres ont été les premiers de la classe et ont brillé dans les parcours d’excellence. Rares sont les parcours linéaires : j’ai, pour ma part, eu trois ans de retard dans mes études, raté quelques examens puis suis passé en 2e session, ce qui ne m’a pas empêché de majorer l’année de mon DEA (équivalent du master 2 actuel).

Votre avenir ne se jouera donc pas la première année dans le supérieur, mais se déterminera sur votre motivation et votre maturité (et donc la qualité du travail). Parfois, comme pour moi jadis, cela peut nécessiter plusieurs années de maturation et d’années non validées – notez que je ne parle pas d’échec, car chaque année est très utile pour se construire, se déterminer, s’ouvrir, rencontrer des chercheurs ou étudiants exceptionnels qui marqueront votre existence, même si elle n’est pas validée.

Les métiers

Si les activités des astrophysiciens peuvent faire rêver, leur travail est rendu possible par de très nombreux autres métiers, tout aussi intéressants et bien plus divers. Il est possible de faire du droit par exemple, et devenir expert en droit de l’espace (métier très prisé) ! Les métiers techniques et administratifs sont moins connus mais également passionnants. Que vous aimiez la comptabilité, l’électronique, la mécanique, l’administration publique, les ressources humaines, l’optique, le management, l’informatique (du hardware à l’IA), la communication (et j’en oublie) : tous ces métiers sont représentés dans la recherche fondamentale des organismes nationaux de recherche comme le CNRS ou le CEA, des universités et des agences comme le CNES, l’ESA ou l’ESO. Des grandes et petites entreprises liées au spatial ou aux technologies proches de l’astrophysique ont également besoin de ces métiers.

Pour ces métiers techniques et administratifs, de nombreuses filières s’offrent à vous, en particulier les études d’ingénieur et de technicien supérieur. Il existe une belle brochure complétée d’interviews sur les métiers liés au spatial.

Les débouchés

Certains parents, qui sentent leur panique monter devant les chiffres du (très) faible nombre de postes d’astrophysiciens ouverts chaque année en France, pourraient déconseiller à leurs lycéens de s’engager dans cette voie. Ce serait regrettable.

D’abord, les études sont passionnantes. Des étudiants de licence arrivent à l’université avec une idée de métier ou de thématique en tête, et au bout d’un semestre changent complètement d’avis une fois exposés aux chercheurs de différents domaines. Ils se découvrent souvent de nouvelles passions ou centres d’intérêt. L’enseignement supérieur a ceci de merveilleux qu’il permet aux étudiants d’être confrontés à de nombreuses disciplines, approches et thèmes tous plus enrichissants (sans parler de l’épanouissement personnel lié à la vie étudiante).

Ensuite, on a vu que les métiers de l’astrophysique sont variés. Pourquoi se focaliser sur les postes d’astrophysiciens accessibles à bac+8 alors que technicien supérieur, ingénieur, et d’autres métiers sont possibles, et avec des débouchés dans la recherche publique et les entreprises ?

Les docteurs en astrophysique, une fois leur thèse en poche, vont en grande majorité poursuivre leurs carrières dans les entreprises, notamment en tant que data scientist. Leur expertise et hauteur de vue sur les effets statistiques des échantillons sont notamment très prisées.

Enfin, il est fréquent que les étudiants passionnés d’astrophysique s’orientent au final vers d’autres horizons, également intéressants dans le fond et en terme de débouchés. Un collègue avisé a confié à des étudiants « Vous appréciez les pâtisseries ? Voulez-vous pour autant devenir pâtissier ? L’astrophysique c’est pareil ! Ce n’est pas parce qu’on aime ce thème qu’il faut pour autant en faire son métier. » Sans forcer le trait ainsi, il est cependant vrai que de nombreuses formations et spécialités passionnantes s’offrent aux étudiants, que ce soit dans le domaine très vaste de l’astrophysique, ou dans d’autres domaines.

Conseils aux lycéens

Je proposais dans un article précédent des conseils assez généraux pour les choix dans Parcoursup. S’agissant ici de la thématique de l’astrophysique et de la recherche fondamentale, je conseillerais aux (futurs) étudiants :

  • de ne pas vous censurer quant à vos projets (en particulier les filles : toutes les formations sont accessibles !) : la motivation est un facteur déterminant de réussite ;

  • de considérer que le choix de la première année dans le supérieur ne va pas déterminer toute votre vie : votre parcours pourra évoluer en fonction de vos goûts, rencontres et résultats ;

  • de profiter de chaque instant dans votre formation supérieure pour questionner les enseignant-chercheurs et les personnels sur leurs métiers afin de vous faire une idée plus précise ;

  • l’université offre une grande richesse de formations, sélectives ou non, permettant de répondre aux enjeux sociétaux, économiques, climatiques, technologiques, scientifiques et humains de demain : profitez-en pour trouver votre voie !

Enfin, il n’y a pas que les études dans la vie, même si elles sont structurantes et fondamentales. Une vie personnelle riche avec une implication dans des associations, le sport, la musique, l’art, la culture, l’aide aux devoirs, l’humanitaire, etc. ou dans toute autre passion est source d’ouverture d’esprit et d’expérience ; cela participe de la formation du citoyen en général, et du professionnel que vous deviendrez en particulier.


Podcast Paris-Saclay. Paris-Saclay, CC BY

Cet article est complété d’un podcast de 17 minutes sous forme d’interview de Hervé Dole par François Legrand sur Radio Paris-Saclay.

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