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San Francisco plongé dans un ciel rouge, le 9 septembre 2020. (AP Photo/Eric Risberg)

Dix conseils pour lutter contre la fumée des incendies de forêt, selon un expert

Les incendies ont ravagé des millions d’hectares dans l’ouest des États-Unis. Des dizaines de milliers de personnes ont dû être évacuées, et des milliers de bâtiments et autres structures ont été détruits. Une épaisse fumée recouvre une grande partie de la région — peignant le ciel de couleurs rouge et orange — et se dirige désormais vers le nord, en Colombie-Britannique et en Alberta et plus à l’est, jusqu’au Québec. Des dizaines de millions de personnes ont été exposées à ces conditions dangereuses.

La fumée émise par les incendies de forêt est un mélange complexe de particules fines, appelées PM2.5, et d’émissions gazeuses, tel que des oxydes nitriques et du monoxyde de carbone. La formule de ce mélange varie grandement selon la nature des éléments combustibles, la température de la combustion, la météo ainsi que la distance par rapport au sinistre. Si la fumée de ces incendies diffère de la pollution atmosphérique émise par la circulation et les émissions industrielles, il n’en demeure pas moins qu’elle est nocive pour la santé humaine.

Les incendies de forêt sont, pour bien des gens, la source des pires épisodes de mauvaise qualité de l’air auxquels il auront à faire face. Les particules fines peuvent être aspirées au plus profond de nos poumons et déclencher une inflammation systémique pouvant se propager dans d’autres parties de notre organisme.

Durant les journées de fumée, plus de gens se rendent aux urgences, sont hospitalisés, et certains décèdent en raison d’une intoxication par la fumée. Nous savons également que les PM2.5 peuvent s’attaquer à notre système immunitaire, ce qui rend certains plus susceptibles à des infections respiratoires aiguës, comme la grippe et la Covid-19.

Il est difficile de faire face aux épisodes d’incendies intenses et prolongés, tant physiquement que mentalement. J’ai étudié pendant de nombreuses années les impacts de cette pollution imprévisible et extrême sur la santé respiratoire et cardiovasculaire des populations qui y sont sujettes. Voici donc dix conseils qui vous permettront de protéger les vôtres des risques que représentent les incendies de forêt.

1. Comprenez bien vos prédispositions

Certaines personnes présentent un niveau de risque plus élevé que d’autres aux conséquences de l’inhalation de fumée, particulièrement les asthmatiques, les personnes atteintes de maladie pulmonaire obstructive chronique (BPCO), les cardiaques, les diabétiques, et autres personnes atteintes de conditions chroniques ou d’infections aiguës telles que la Covid-19.

Les femmes enceintes, les bébés, les jeunes enfants, les personnes âgées ainsi que les gens qui travaillent ou habitent à l’extérieur sont également plus fragiles. Toute personne faisant usage d’un médicament de secours devrait l’avoir en sa possession en tout temps.

un navire passe sous le pont Lions Gate, à Vancouver, le 14 septembre 2020. THE CANADIAN PRESS/Jonathan Hayward

2. Écoutez votre corps

Les gens réagissent différemment à l’inhalation de la même quantité de fumée. Si vous vous sentez mal, prêtez attention à votre corps, et prenez les mesures nécessaires afin de limiter votre exposition.

Des yeux irrités, le mal de gorge, la toux et le mal de tête sont les symptômes les plus courants et disparaissent généralement dès que la fumée se dissipe. Toute personne présentant des symptômes plus sévères, comme des difficultés à respirer ou des palpitations cardiaques devrait consulter un médecin.

La fumée, c’est un danger environnemental et non un défi personnel à relever.

3. Relaxez !

Plus vous respirez fort, plus vous avalez de fumée. Un adulte au repos respire en moyenne six litres d’air à la minute, mais ce chiffre peut aisément grimper à 60 litres lors d’exercices intenses.

Relaxer est l’un des moyens les plus simples de contrôler son exposition à la fumée.

4. Utilisez un purificateur d’air portatif

Lorsqu’ils sont bien utilisés, les purificateurs d’air munis d’un filtre HEPA permettent de réduire considérablement les concentrations de PM 25. à l’intérieur. Même les plus petits purificateurs suffisent à maintenir une chambre à peu près propre, afin de pouvoir s’y réfugier si nécessaire.

Coller un filtre sur un caisson muni d’un ventilateur peut également faire du bon travail, mais il faut se souvenir que les appareils bricolés ne devraient pas être laissés sans surveillance.

5. Recherchez des espace confortables dans votre communauté

Les lieux publics, libraires, centres communautaires, et centres commerciaux, sont fréquemment munis de systèmes de filtration d’air de grande capacité, et donc d’une bonne qualité d’air. Malheureusement, l’accès à ces lieux peut être restreint durant la pandémie de Covid-19. Aménager un espace confortable chez soi est donc plus important que jamais.

Un pompier allume un contre-feu à l’incendie Dolan au Limekiln State Park à Big Sur, en Californie, le 11 septembre 2020. (AP Photo/Nic Coury)

6. Envisagez de porter un masque de protection

Le côté positif de la pandémie Covid-19, c’est que nous avons appris du nouveau en ce qui concerne le port du masque. Bien qu’un respirateur N95 bien ajusté soit toujours la meilleure alternative pour se protéger de la fumée des incendies de forêt,les études récentes indiquent que d’autres modèles offrent une protection convenable contre les PM25. s’ils sont bien ajustés. Les plus efficaces pour filtrer les particules fines sont ceux fabriqués avec plusieurs couches de matériaux différents.

7. Buvez beaucoup d’eau

Oui, je sais. Tout le monde vous dit tout le temps de boire plus d’eau ! Bien s’hydrater permet aux reins et au foie d’éliminer les toxines, ce qui contribue à réduire l’inflammation systémique causée par l’absorption de fumée.

8. Sachez comment vous renseigner

La qualité de l’air peut varier rapidement durant un incendie. Apprenez à vous tenir au courant sur les conditions environnementales dans votre voisinage. L’application pour téléphone intelligent « Cote air santé » (CAS) au Canada et « Smoke Sense » aux États-Unis sont capables de transmettre des alertes lorsque la qualité de l’air commence à se détériorer.

9. Portez attention aux prévisions de fumée

Prévoir la fumée résultant d’un incendie de forêt est encore plus compliqué que de prévoir la météo, mais la modélisation s’améliore d’année en année. Les outils tels que MétéoCAN, du gouvernement canadien, et « BlueSky » aux États-Unis permettent des prévisions à 48 heures.

10. Faites dès maintenant vos préparatifs pour la saison prochaine

Les saisons d’incendies de forêt sont de plus en plus longues et de plus en plus extrêmes au fur et à mesure des changements climatiques. La meilleure façon de vous protéger est de planifier et de vous préparer adéquatement bien avant l’arrivée de la fumée. De plus en plus, il nous faudra apprendre à vivre avec ces incendies et la fumée qui en résulte, et ce sur l’ensemble du Nord-Ouest américain.

On me demande souvent quels effets à long terme sur la santé provoquent des expositions répétées et extrêmes de fumée d’incendie de forêt. Nous en savons peu à l’heure actuelle, mais c’est un domaine de recherche très étudié et je pense que nous apprendrons bien des choses dans les cinq années à venir. Mais sachez qu’agir pour vous protéger contre ces épisodes à court terme vous aidera à vous protéger à long terme.

This article was originally published in English

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