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Innovation : aux origines des succès français

Emmanuel Macron, ministre de l'économie, visitant les stands des start-up françaises au CES de Las Vegas le 6 janvier 2015. Robyn Beck/AFP

Les groupes français figurent toujours en bonne place dans le fameux Top 100 mondial de l’innovation. Pas moins de 10 sociétés françaises font partie de ce classement établi mi-novembre par le cabinet américain Thomson Reuters, permettant à la France de conforter sa troisième place mondiale, loin derrière le Japon (40 entreprises !) et les États-Unis (35), mais assez loin également devant l’Allemagne (4), la Suisse et la Corée du Sud (3). Bien sûr, les critères utilisés pour de tels classements ne sont pas neutres. L’analyse de ces derniers plaide en faveur d’une relativisation de la performance décrite. Il n’en demeure pas moins que cette dernière s’avère bien réelle. Et que la performance française s’avérerait sans doute meilleure encore en intégrant la multitude de start-up pour lesquelles l’essai reste certes encore à transformer.

La dimension internationale des brevets : un indicateur de base favorable au classement français

Au-delà du nombre de brevets détenus, le classement tient compte de leur qualité, appréhendée via leur taux de succès, mais aussi de leur portée internationale (mesurée au travers des dépôts réalisés auprès des offices américains, japonais, européens et chinois) et de leur influence. Ces derniers critères ont largement pour effet de favoriser les groupes français, portés par leur présence internationale. La prise en compte des organismes de recherche publique a également pour effet de renforcer le poids de la France (le CNRS et le CEA font partie des 10 acteurs français de ce classement). Ces mêmes critères, pertinents mais restant discutables, expliquent que la Chine, pourtant premier déposant de brevets au monde, soit totalement absente du classement : seules 6 % des inventions chinoises aboutissent à un dépôt de brevet à l’étranger.

Des secteurs aux dynamiques variées

21 entreprises du classement officiaient dans l’électronique et les semi-conducteurs en 2014. Seules 12 sont issues de ces secteurs cette année. Le classement est donc très évolutif d’une année sur l’autre, comme en témoigne la sortie de 27 entreprises par rapport à 2014. Dans ce contexte, les entreprises françaises tirent bien leur épingle du jeu puisque 7 d’entre elles seulement étaient présentes dans le palmarès 2014 (ce qui constituait déjà une performance notable). La chimie est un secteur de plus en plus dynamique selon les critères observés puisque 12 entreprises appartiennent à ce secteur contre 6 l’année dernière.

Une position solide et renforcée par la bonne santé de nos start-up

Mars 2015, Mobile World Congress, Barcelona. Pierre Metivier/Flickr, CC BY-NC

La stabilité de la position française repose sur des groupes présents dans le classement, et c’est remarquable, depuis ses origines (2011). C’est le cas de cinq d’entre eux : Alcatel-Lucent, Arkema, le CNRS, le CEA et Saint-Gobain. Au-delà du dynamisme de nos grands groupes, relayé par celui de nos organismes de recherche publique, et bien que leur taille leur interdise l’accès à ce type de classement, nos start-up ne sont pas en reste. Leur visibilité dans les grandes manifestations internationales comme le CES de Las Vegas en atteste. 77 y étaient représentées, remportant au total 14 médailles, performance inégalée.

Améliorer les relations entre les grandes entreprises et les start-up pour transformer l’essai

En dépit des performances atteintes par nos grands groupes d’un côté et par nos start-up de l’autre, nos entreprises souffrent encore largement d’une difficulté à exploiter les brevets déposés. Nombre d’entre eux sont en effet rachetés et donnent lieu à des développements de produits à l’étranger. L’« orientation client », parfois décrite comme insuffisante au sein de nos entreprises, n’en constitue pas toujours la raison la plus prégnante. Les relations entre grands groupes et PME ou start-up méritent en effet une attention au moins aussi grande. S’il est souvent reproché à la France son manque d’ETI, la taille nous semble moins déterminante que la capacité de collaboration, entendue comme le savoir-faire dans la constitution de relations constructives et fertiles entre des entreprises de tailles différentes.

Les progrès récents en matière de délais de paiement prouvent, sur une donnée très simple, que les grands groupes comprennent de mieux en mieux les intérêts qu’ils ont à mieux collaborer avec leurs partenaires plus petits. Les efforts entrepris depuis des années en faveur de l’innovation collaborative, notamment portée par les pôles de compétitivité et les IRTvont également dans le bon sens et renforcent cette prise de conscience. De la qualité des relations à l’œuvre dépend directement la pérennité de ces dernières et la capacité à exploiter à plusieurs les pépites issues de nos start-up.

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