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deux hommes dans un véhicule intermédiaire
Arrivée à Vannes du vélocar le 17 juillet 2023. © Visual Fx, Fourni par l'auteur

La « diagonale du plein » ou comment traverser la France pour inventer de nouvelles formes de mobilité

Depuis le 15 juillet, Julien Dossier s’est lancé dans la traversée de la France de Concarneau à Arles à bord d’un « cyclospace », véhicule intermédiaire entre la voiture et le vélo, autonome énergétiquement grâce aux panneaux solaires dont il est doté. En référence à la « diagonale du vide », qui relie la Meuse aux Landes, cet expert en neutralité carbone et en stratégies de transition écologique a baptisé « diagonale du plein » son aventure sur l’autre diagonale, en débutant du nord-ouest pour rejoindre le sud-est.

Auteur de Renaissance écologique : 24 chantiers pour le monde de demain, publié en 2019, Julien Dossier y partait de la fresque du bon gouvernement peinte par Lorenzetti à Sienne en 1338, pour concevoir une fresque de la Renaissance écologique : il entendait y décrire un monde sans carbone à travers 24 chantiers autour de thèmes aussi variés que l’éducation, l’agroécologie, l’eau ou les mobilités…

Cette fois, il souhaite matérialiser le propos de son ouvrage et incarner sa fresque : pour cela, il parcourra 1236 km en 24 jours à la rencontre des 24 initiatives écologiques racontées dans son livre, pour mettre un coup de projecteur sur elles tout en prouvant que se déplacer différemment est possible.

Mais l’aventure a surtout une vocation de sensibilisation, avec l’idée de « faire pour dire ». L’objectif de Julien Dossier est que sa pérégrination à bord du vélocar lui permette d’entrer en relation avec la population des zones traversées, et de faire réfléchir sur la mobilité : en montrant à travers sa propre expérience que d’autres moyens de transport, d’autres façons de voyager et d’autres modes de vie existent.

Une autre mobilité possible

Le vélocar de Julien Dossier est l’un des véhicules que porte l’eXtrême défi, un programme de l’Agence de la transition écologique (Ademe) dédié aux véhicules intermédiaires, à mi-chemin entre le vélo et la voiture.

Il vise à faire surgir des écosystèmes de conception et de production de véhicules intermédiaires. Cette gamme de véhicules standardisés, légers, peu consommateurs, facilement réparables et dotés de moins de pièces détachées, entend devenir une alternative crédible à la voiture pour les déplacements quotidiens.

Ce défi a donc vocation, avec l’aide d’entrepreneurs, d’industriels et de collectivités, à créer de nouvelles solutions de transport pour remplacer la voiture dans les trajets des habitants des territoires périurbains et ruraux.

L’objectif étant que ces écosystèmes, développés avec des processus de fabrication standardisés et distribués, soient opérationnels d’ici trois ans, avec une production de plusieurs centaines de véhicules par an.

homme devant son véhicule
Julien Dossier avec sa fresque de la Renaissance écologique. Thomas Balavoine, Fourni par l'auteur

Remodeler les imaginaires

La diagonale du plein entend donc faire connaître ces innovations dans des territoires peu denses comme ceux que traverse Julien Dossier, où la dépendance à l’automobile est très forte, faute de transports en commun et d’aménagements cyclables suffisants.

En allant de ville en ville à bord de son cyclospace, Julien Dossier souhaite en faire un vecteur de communication constructif avec la population des zones qu’il parcourt.

À rebours d’une approche moralisatrice vis-à-vis de l’usage de la voiture, il ambitionne plutôt de susciter l’intérêt pour ces véhicules émergents. Non seulement auprès des habitants, mais aussi des collectivités que cela pourrait inciter à repenser l’aménagement urbain en fonction de ces nouvelles mobilités : par exemple en créant des voies dédiées aux véhicules intermédiaires, en réduisant les vitesses maximales ou en sensibilisant les automobilistes à leur existence.

À Vannes le 17 juillet. L’objectif du voyage est aussi de dialoguer avec la population des territoires traversés. Thomas Balavoine, Fourni par l'auteur

De cette façon, la « diagonale du plein » entend contribuer à remodeler les imaginaires autour de la mobilité, pour que la société intègre que d’autres « objets roulants » et sans carburant existent et pourraient s’insérer dans leur quotidien. Il propose d’ailleurs à qui veut de le rejoindre pour réaliser une ou plusieurs étapes, soit au bord du cyclospace soit dans son propre véhicule.

« Slow travel », un autre tourisme possible

Avec cette traversée menée au cours de l’été, Julien Dossier aimerait également donner une vision nouvelle du tourisme, en montrant qu’il est possible de voyager différemment. En ne roulant que 50 km par jour à une vitesse moyenne de 16km/h, et en prenant le temps d’aller à la rencontre des habitants des régions traversées et d’initiatives écologiques inspirantes.

Là aussi, il s’agit de dialoguer sur la transition écologique tout en promouvant une autre façon de visiter un territoire, tandis que le tourisme à vélo bondit et pousse de plus en plus les collectivités à aménager leurs voies en fonction.

Par sa démarche, Julien Dossier s’inscrit dans la lignée d’autres traversées similaires, comme celle de Jacob Karhu qui a rejoint Istanbul depuis Brest avec son vélo solaire, parcourant ainsi 5 000 km en 32 jours. L’an prochain, le « véloreporter » Jérôme Zindy devrait réaliser son tour de France.

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