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Des arbres entourés d'un grand bâtiment en verre
Les palmarès des villes se concentrent souvent sur les facteurs économiques et de développement et négligent la durabilité et l'environnement. (Shutterstock)

Les classements des villes sur leur qualité de vie nous informent souvent mal sur leur développement durable

Chaque année, des indices sont publiés afin de classer les villes du monde selon leur habitabilité, leur durabilité, leur innovation et leur qualité de vie en général. Les grandes villes canadiennes comme Vancouver, Calgary et Toronto sont souvent en tête de ces listes, en dépit de leur coût élevé de la vie.

Le classement des meilleures collectivités du Canada établi par le magazine Maclean’s évalue 415 collectivités en fonction de divers indicateurs, notamment la prospérité économique, l’accessibilité du logement, la fiscalité, la mobilité durable, la sécurité publique ainsi que l’accès aux services de santé et aux activités culturelles et de loisirs.

Ces indicateurs et indices de qualité de vie peuvent être utiles pour comparer les villes ou choisir un lieu de résidence. Néanmoins, si les villes basent leurs politiques sur de tels critères, cela pourrait conduire à un développement non durable.

Différences entre durabilité et qualité de vie

Une étude récente a mis en lumière les critères environnementaux et socio-économiques couramment utilisés, en utilisant des indicateurs tels que les espaces verts, le recyclage, l’utilisation des transports publics, le taux de chômage et le taux de criminalité.

Une autre récente étude internationale réalisée par l’Observatoire en réseau de l’aménagement du territoire européen a évalué les villes selon des critères comme l’emploi, le logement, l’accès aux soins de santé et la sécurité. Les indicateurs comprenaient, entre autres, le coût de la vie, le revenu des ménages et la qualité des services publics.

Beaucoup des indicateurs de ces classements sont utilisés pour mesurer à la fois le développement durable et la qualité de vie dans une ville. Cette convergence peut s’expliquer par la base commune de ces deux concepts : il s’agit essentiellement de la manière dont une ville satisfait les besoins essentiels de ses habitants, que ce soit en matière de logement, de transport, de santé, d’éducation et de loisir.

La capacité à satisfaire ces besoins dépend fortement de facteurs économiques, comme le revenu, la richesse et le coût de la vie, qui jouent un rôle clé dans l’évaluation de la durabilité et de la qualité de vie des villes.

Un couple de personnes âgées se promenant dans un parc avec un vélo
Le développement visant à améliorer la vie urbaine peut parfois se faire au détriment de la durabilité. (Shutterstock)

Malgré ces points communs, des contradictions apparaissent. Des initiatives visant à améliorer la vie urbaine — l’expansion des infrastructures par exemple — peuvent parfois se faire au détriment de l’environnement, ce qui va à l’encontre des principes du développement durable.

En outre, l’accent mis sur la durabilité ne garantit pas nécessairement l’amélioration des conditions de vie. En effet, la durabilité peut requérir la réduction de la consommation de certains biens et services, une diminution de la taille des logements pour densifier les quartiers, ou l’instauration de taxes pour diminuer la pollution.

Ces mesures, quoique bénéfiques pour l’environnement, peuvent réduire le confort individuel et augmenter le coût de la vie, impactant ainsi la qualité de vie des habitants.

Les caractéristiques des villes durables et agréables à vivre

Nous avons récemment mené une étude visant à répondre à la question suivante : quelles sont les caractéristiques des villes les plus performantes en termes de qualité de vie et de durabilité ?

Pour répondre à cette question, nous avons analysé les similitudes et les différences entre les facteurs qui sous-tendent les classements en matière de durabilité et de qualité de vie pour 171 villes canadiennes de plus de 25 000 habitants.

Nos résultats révèlent une corrélation positive et statistiquement significative entre la qualité de vie urbaine et les indicateurs de développement durable dans les villes canadiennes. Cependant, des contradictions importantes existent concernant la durabilité des modes de vie dans les trois principales dimensions du développement durable : économique, sociale et environnementale.

Par exemple, Wood Buffalo, en Alberta, se classe dans les 20 % des villes les plus performantes en matière de durabilité, principalement en raison de ses revenus élevés et de sa population instruite, malgré une faible performance environnementale. En revanche, elle se situe dans les 20 % inférieurs pour la qualité de vie à cause du coût élevé de la vie et du manque d’équipements culturels.

Kamloops, en Colombie-Britannique, a obtenu de bons résultats en matière de qualité de vie, grâce à son abordabilité, la qualité de l’éducation et des soins de santé, et sa richesse culturelle. En revanche, elle se situe dans les 20 % inférieurs pour la durabilité, en raison des défis liés à la gestion des déchets, de l’énergie et de l’écologisation.

Les évaluations de la qualité de vie sont principalement basées sur des dimensions économiques et prennent en compte des indicateurs tels que le taux de chômage et le revenu moyen. Certains indicateurs concernent également la dimension sociale du développement durable, notamment la criminalité, l’accessibilité du logement, la santé et les arts.

Toutefois, certains aspects sociaux fondamentaux du développement durable, comme la répartition de la richesse et l’éducation, ne sont pas abordés directement.

La dimension environnementale est également largement négligée, à l’exception de la mobilité durable (par exemple, combien de personnes utilisent les transports publics). Il y a également absence de mesures directes des émissions de gaz à effet de serre, de la qualité des espaces verts ou de la qualité de l’eau d’une ville.

Un trottoir de ville très fréquenté
Les indices de qualité de vie peuvent être utiles pour comparer les villes. Toutefois, si les villes fondent leur politique sur de telles mesures, cela pourrait conduire à un développement non durable. (Shutterstock)

Les villes devraient donner la priorité à la durabilité

Ces différences entre la qualité de vie et le développement durable sont préoccupantes pour deux raisons principales. Tout d’abord, comme les gens peuvent utiliser ces classements pour décider où vivre, les villes bien classées, mais dont la durabilité est faible peuvent paraître attrayantes.

Deuxièmement, comme les villes cherchent généralement à attirer des résidents, elles peuvent être tentées de prendre des décisions basées sur des variables qui améliorent leur classement en matière de qualité de vie au détriment du développement durable.

Les villes les mieux classées sont susceptibles de maintenir le statu quo en ce qui concerne leur stratégie de développement afin de rester en tête de liste. En outre, les villes moins bien classées sont susceptibles d’imiter les façons de faire des villes les plus performantes.

Toutefois, ces objectifs ne sont pas toujours compatibles avec la durabilité urbaine, qui prend en compte des préoccupations environnementales et collectives plus larges, telles que la préservation de la qualité de l’environnement et la réduction de la pression sur les ressources naturelles et les espaces verts.

Cela signifie que la qualité de vie n’est pas durable si elle ne tient pas compte des impacts environnementaux tels que la gestion des déchets et l’utilisation de la voiture. Il en va de même pour la répartition de la richesse.

Donner la priorité à la durabilité, même si cela signifie un classement inférieur en termes de qualité de vie à court terme, garantit que les villes resteront viables. Intégrer des mesures de durabilité dans les politiques publiques, telles que l’amélioration des transports publics et la conservation d’espaces verts, est essentiel pour répondre aux besoins actuels et anticiper les défis futurs, garantissant ainsi un bien-être à long terme.

This article was originally published in English

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