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Une femme tient à la main une cuillère et un ruban à mesurer, isolés sur fond blanc.
Chaque année, plus de 100  000 Canadiens reçoivent un diagnostic de trouble de l’alimentation. (Shutterstock)

Les troubles de l’alimentation peuvent causer la mort : de quoi s’agit-il, qui est à risque et que peut-on faire ?

Les troubles de l’alimentation tels qu’anorexie, boulimie et hyperphagie boulimique entraînent des risques graves pour la santé et peuvent représenter un danger pour la vie. Ils sont fréquents, surtout chez les adolescentes.

Chaque année, plus de 100 000 Canadiens de 15 ans et plus reçoivent un diagnostic de trouble de l’alimentation. Ce trouble apparaît généralement chez des personnes âgées de 14 à 19 ans et se trouve au troisième rang des maladies chroniques en termes de fréquence chez les adolescents.

C’est également à l’adolescence que les troubles de l’alimentation ont le plus d’effets négatifs sur la santé. En Amérique du Nord, 5 % de la population souffrira d’un trouble alimentaire au cours de sa vie, mais peu de gens cherchent à se faire soigner. La prévalence de ces troubles et les difficultés à obtenir de l’aide mettent en évidence la nécessité d’accroître la sensibilisation et de combattre la stigmatisation.

Causes et facteurs de risque

Le sexe est le principal facteur de risque des troubles alimentaires. Ceux-ci sont dix fois plus fréquents chez les femmes que chez les hommes. Toutefois, des facteurs génétiques, biologiques, psychologiques et culturels peuvent également influencer l’évolution du trouble de l’alimentation.

  • Génétique :

Des gènes ont été associés à l’anorexie et à la boulimie, et des études sur des jumeaux indiquent que les troubles alimentaires sont à forte composante héréditaire, avec des taux estimés de 50 % à 83 %. Le risque d’hériter d’un trouble du comportement alimentaire est plus élevé si la mère a été exposée à des facteurs de stress ou à des complications peu avant ou après la naissance.

Une icône de femme découpée en papier se reflète beaucoup plus grande dans un miroir
Les personnes souffrant de dysmorphie corporelle (obsédées par les défauts perçus de leur corps) courent un risque accru de développer des troubles alimentaires. (Shutterstock)
  • Biologie :

Des facteurs biologiques, tels que des anomalies de la structure ou de la chimie du cerveau, peuvent être à l’origine de troubles alimentaires. Un cinquième des personnes anorexiques sont atteintes de troubles du développement tels qu’autisme ou TDAH. Des troubles de l’humeur tels que la dépression ou l’anxiété sont associés à l’hyperphagie boulimique et à la boulimie.

  • Psychologie :

Les troubles de l’alimentation sont plus fréquents chez les personnes perfectionnistes, qui ont des tendances obsessionnelles compulsives, des stratégies d’adaptation évitantes et qui souffrent d’anxiété. Les personnes qui ont beaucoup d’émotions négatives, une faible estime de soi et qui s’inquiètent beaucoup ou se focalisent sur leurs problèmes risquent de souffrir de troubles de l’alimentation, tout comme les personnes dépendantes et vulnérables à l’échec. Les personnes avec une dysmorphie corporelle (obsédées par les défauts perçus de leur corps) sont également susceptibles de développer des troubles alimentaires.

  • Société et culture :

Les troubles alimentaires sont plus fréquents dans les cultures qui valorisent la minceur. Les sociétés dont les idéaux corporels sont irréalistes (en termes de forme et de taille) encouragent les gens à comparer défavorablement leur corps à celui des autres et à avoir une mauvaise estime de soi. Ces sociétés promeuvent une culture de la critique et de l’intimidation en matière de poids. La maltraitance, la négligence ou toute forme d’adversité augmentent le risque de développer un trouble de l’alimentation.

Les troubles alimentaires ont tendance à s’autoentretenir. Ils modifient la perception de la nourriture et du corps. De plus, la privation de nourriture rétrécit le cerveau et provoque des problèmes tels que rigidité, dysrégulation émotionnelle et difficultés sociales qui perpétuent la maladie. Les effets du manque de nourriture sont particulièrement exacerbés à l’adolescence, car il s’agit d’une période de croissance et de vulnérabilité.

Effets sur la santé

Les troubles alimentaires sont chroniques, éprouvants et ils nuisent à la capacité de fonctionner. Ils augmentent les risques de dépression, de trouble anxieux, de trouble obsessionnel compulsif, de trouble de la personnalité, de toxicomanie, de morbidité et d’obésité future.

Emballages vides de bonbons et de snacks
Les personnes avec une hyperphagie boulimique sont souvent stigmatisées à cause de leur poids, risquent de connaître d’importantes variations de poids, de souffrir d’obésité clinique et de dépression. (Shutterstock)

Les personnes atteintes de troubles alimentaires courent six fois plus de risques de mourir que la population générale et cinq fois plus de risques de faire une tentative de suicide. En fait, l’anorexie a un taux de mortalité particulièrement élevé par rapport à d’autres maladies psychiatriques.

Les troubles alimentaires peuvent avoir des conséquences à long terme en raison de leurs effets sur le squelette (par exemple, retard de croissance et ostéoporose), le système reproducteur et le cerveau.

  • Anorexie mentale

Les personnes anorexiques peuvent avoir des changements hormonaux, des problèmes cardiaques, des déséquilibres électrolytiques, une baisse de la fertilité, une perte de densité osseuse, de l’anémie et des idées suicidaires. Certains de ces effets peuvent être mortels.

Faute d’un apport calorique suffisant, l’organisme est contraint de réduire ses activités pour économiser de l’énergie. Les personnes anorexiques se plaignent souvent de crampes d’estomac, de constipation, de reflux gastriques, de ralentissement du rythme cardiaque, de gonflement des extrémités, d’irrégularités menstruelles, de difficultés à fonctionner, d’étourdissements, de troubles du sommeil et d’un affaiblissement de l’immunité et de la cicatrisation.

Les déficits nutritionnels peuvent causer des problèmes dentaires, une peau sèche, des cheveux et des ongles secs et cassants, des cheveux clairsemés et une diminution de la force musculaire.

Les personnes anorexiques sont souvent frileuses et des poils fins apparaissent sur leur corps pour conserver la chaleur. Elles sont également souvent hyperactives (excès d’entraînement) et, dans ce cas, elles présentent des taux de rechute élevés, une survenue précoce du trouble, une psychopathologie plus grave, un IMC plus faible, une plus grande insatisfaction à l’égard de leur corps et une moins bonne réponse au traitement.

  • Boulimie

Comme la boulimie se caractérise par des épisodes de compulsion alimentaire suivis d’épisodes de purge ou de privation de nourriture, les personnes boulimiques souffrent de conséquences similaires à celles de l’anorexie. En outre, elles ont souvent des variations importantes de poids ou font de la rétention d’eau.

Les vomissements provoqués peuvent entraîner des coupures et des callosités sur le dessus des articulations des doigts, un gonflement des glandes salivaires, des lésions œsophagiennes, des caries ou une décoloration des dents.

La boulimie est associée à l’automutilation, à l’abus de substances psychoactives, aux fausses couches, au suicide et aux comportements impulsifs.

  • Hyperphagie boulimique

Les personnes souffrant d’hyperphagie boulimique sont souvent stigmatisées à cause de leur poids, ont d’importants cycles de variations de poids, souffrent d’obésité clinique et de dépression. Elles courent près de deux fois plus de risques de devenir obèses ou en surpoids que la population générale et ont deux fois plus de risques de développer une dépression sévère.

Traitements

Malgré la fréquence, la chronicité et les problèmes que posent les troubles de l’alimentation, peu de personnes cherchent à se faire soigner. Pourtant, il existe des traitements efficaces. De nombreux effets comportementaux, psychologiques et physiques d’un régime hypocalorique disparaissent une fois le poids repris et la masse cérébrale restaurée.

Pour l’anorexie, on recommande une approche qui aborde les aspects médicaux, nutritionnels, sociaux et psychologiques. Pour la boulimie et l’hyperphagie boulimique, une thérapie cognitivo-comportementale (qui consiste à reconnaître, à évaluer et à modifier les schémas de pensée nocifs) peut fonctionner, tout comme des médicaments tels que le stimulant Vyvanse (lisdexamfétamine).

Les troubles alimentaires sont graves et peuvent être dangereux pour la santé, mais il existe des traitements efficaces. Il y a de l’espoir. La sensibilisation aux troubles alimentaires permet de combattre la stigmatisation et d’encourager les gens à chercher de l’aide.

This article was originally published in English

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