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Mobilités internationales : ce qui incite les étudiants à choisir la France

Contrairement aux idées reçues, ce sont les jeunes européens et nord-américains qui sont attirés par le faible coût des études en France. Shutterstock

Avec la présentation à l’automne 2018 par le gouvernement de la nouvelle « stratégie d’attractivité pour les étudiants internationaux », la question de la mobilité des jeunes et de leur accueil dans l’enseignement supérieur s’est invitée au cœur du débat public. L’une des mesures phares de ce Plan « Bienvenue en France », la hausse des frais d’inscription pour les étudiants venus d’ailleurs, est l’objet de vagues de contestations régulières depuis plus de trois mois.


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Argument mis en avant par le gouvernement : une augmentation du coût des études revaloriserait l’image d’excellence des établissements français dans un contexte de plus en plus concurrentiel. En 2018, en effet, si l’Hexagone reste en quatrième position des principaux pays d’accueil d’étudiants, après les États-Unis, le Royaume-Uni et l’Australie, des destinations comme l’Allemagne, le Canada, la Russie et la Chine ou les Pays-Bas gagnent du terrain.

La solution choisie par ce plan s’appuie-t-elle sur un diagnostic pertinent ? Une enquête en ligne conduite auprès d’étudiants internationaux inscrits en master ou en doctorat en France, en Espagne et au Royaume-Uni (Academic International Migration Survey – AIMS) permet d’y voir plus clair sur les motivations des étudiants.

Une réputation déjà solide

Diffusée par Campus France dans différents établissements d’enseignement supérieur, cette étude a également été lancée spécifiquement à l’Université de Strasbourg, l’Université de Paris 1 Panthéon-Sorbonne et l’Université de Perpignan, dans des centres de recherche (IRD, CNRS et INED) et dans certaines unités mixtes (CEPED, INALCO et URMIS). 1 173 étudiants internationaux y ont répondu, dont 52 % de femmes, 643 inscrits en master et 530 en doctorat, avec une vraie diversité géographique.

Régions de naissance des étudiants internationaux de master et de doctorat en France (Enquête AIMS). Note : La taille de la flèche reflète le nombre d’étudiants de chaque région d’origine

Parmi tout un ensemble de propositions, les personnes interrogées devaient indiquer les motifs les ayant conduits à venir étudier en France, et leur importance. Deux raisons principales à ces mobilités étudiantes en sont ressorties :

  • la valeur du diplôme français sur le marché du travail

  • la réputation des établissements d’enseignement supérieur de l’Hexagone.

Les étudiants de master et de doctorat disent ainsi miser sur la valeur du diplôme français pour accéder à une carrière internationale, en France ou dans leur pays d’origine. Contrairement au postulat du plan « Bienvenue en France », il n’est donc pas nécessaire d’augmenter les frais de scolarité pour que la qualité des établissements français soit reconnue à l’international. Parmi les autres raisons jugées importantes, figurent également les possibilités de financement et la connaissance du français.


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Figure 1 : Motifs de la poursuite des études en France. Note : « PN », pays de naissance ; « PE », pays d’étude. (Étudiants internationaux, master et doctorat, enquête AIMS.)

D’un continent à l’autre

Les principaux motifs de la poursuite d’études en France déclarés par les étudiants africains sont sensiblement les mêmes que ceux de l’ensemble des étudiants internationaux interrogés : la valeur du diplôme français pour accéder au marché du travail à l’international, dans le pays de naissance ou en France, ainsi que la réputation des établissements d’enseignement supérieur.

Viennent ensuite la connaissance du français et les possibilités de financement. Il en est de même pour les étudiants originaires d’Amérique latine. Les étudiants asiatiques, quant à eux, accordent plus d’importance aux possibilités de financement.

Figure 2 : Motifs de la poursuite des études en France. Note : « PN », pays de naissance ; « PE », pays d’étude. (Étudiants africains, master et doctorat, enquête AIMS.)

Parmi les étudiants internationaux, et en contradiction avec les idées reçues véhiculées dans le discours ambiants, ce sont les étudiants nord-américains et les étudiants de master européens qui mentionnent le faible coût des études parmi les six principales raisons les ayant conduits à poursuivre leurs études en France.

De même que plusieurs autres recherches, notre enquête montre la multiplicité des facteurs en jeu dans les mobilités étudiantes. Au-delà de la réputation des établissements et de la valeur des diplômes, l’écart de niveau de développement économique entre pays d’origine et de destination, ainsi que la proximité géographique, culturelle et linguistique et les liens historiques sont également importants.

Étudier à l’étranger a un coût qui ne peut uniquement se résumer aux frais d’inscription. À ceci s’ajoutent le coût de la vie dans le pays de destination et surtout les difficultés liées à l’obtention du visa ou au renouvellement du titre de séjour, l’effort à faire pour s’intégrer, la difficulté d’apprendre une nouvelle langue, les perspectives d’emploi, etc.

La politique d’attractivité présentée dans le Plan « Bienvenue en France » ne s’adresse qu’à une population spécifique, celle des classes moyennes supérieures. Elle fait fi des nombreux facteurs qui influent sur les mobilités étudiantes et de l’enrichissement culturel et scientifique que peut apporter une diversité sociale des profils.

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