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Sciences de gestion : mieux comprendre l’intention entrepreneuriale pour faciliter le passage à l’acte

Visite du président de la République et de la Ministre de l'Education à Polytechnique (Paris Saclay) le 17 septembre 2015 ; rencontre des étudiants entrepreneurs de start-up. Ecole polytechnique Université Paris-Saclay / Flickr, CC BY-SA

Cet article, issu d’une communication scientifique, est publié dans le cadre du partenariat FNEGE–The Conversation France autour des États Généraux du Management qui se sont tenus à Toulouse les 26 et 27 mai 2016 sur le thème « L’impact de la recherche en sciences de gestion ».

L’État est dans l’attente d’une meilleure diffusion de la culture entrepreneuriale auprès des étudiants. Au-delà du nombre des étudiants impactés, la pédagogie et le pré-accompagnement de l’entrepreneuriat doivent s’adapter en fonction des profils des étudiants. Or, le questionnement relatif au choix des approches pédagogiques à adopter reste entier. Les opinions sur le sujet divergent.

Pour aider les acteurs de la formation et de l’accompagnement à bien orienter ces choix méthodologiques, la recherche semble avoir son rôle à jouer.

Cet article s’interroge sur les croyances, les capacités entrepreneuriales et les attitudes des étudiants vis-à-vis de l’entrepreneuriat en identifiant des sous-groupes au sein de la population étudiante que beaucoup considèrent comme homogène.

Notre recherche, en s’intéressant à l’intention entrepreneuriale, essaie de mettre en lumière des éléments sous-exploités, voire passés sous silence par les études (par exemple, intention entrepreneuriale à court vs long terme ; ou encore intention par profil d’étudiants) pour voir comment la formation à l’entrepreneuriat peut assurer son rôle de catalyseur de l’esprit entrepreneurial. Pour pallier cette limite nous avons inclus dans l’analyse à la fois une distinction entre l’intention sur le court terme, et celle sur le long terme, mais aussi une distinction par profils d’étudiants.

Une étude menée sur de nombreuses filières de formation

De nombreux travaux ont été réalisés sur l’intention entrepreneuriale au sein de la population étudiante. Toutefois, rares sont ceux qui s’intéressent à l’ensemble des filières de formation. Nous avons donc fait le choix de questionner des étudiants issus de formations diverses (droit, économie ou sciences sociales ; gestion, management, commerce ; arts, lettres, langues et sciences humaines ; sciences de la vie et de la santé ; sciences, ingénierie et technologie). Au total notre échantillon se compose de 2300 étudiants issus de différentes filières de la région Midi-Pyrénées.

Renforcer l’attractivité ou agir sur les compétences ?

Les données recueillies nous ont permis de mettre en évidence différents profils d’étudiants se distinguant dans leur processus de formation de l’intention entrepreneuriale. Ainsi, même s’il n’existe pas de forte intention entrepreneuriale chez les étudiants interrogés, la classification nous a permis de distinguer des catégories d’étudiants divergeant dans leur intention entrepreneuriale : certains groupes sont peu attirés par l’entrepreneuriat et se sentent peu capable de créer leur entreprise alors que d’autres souhaitent entreprendre et ont confiance en leur capacité entrepreneuriale.

Ainsi, nos résultats nous laissent à penser que certains enseignements pourraient renforcer l’attractivité de l’entrepreneuriat auprès d’étudiants éloignés de la création d’entreprises, d’autres pourraient davantage agir sur les compétences d’étudiants déjà convaincus et désirant passer à l’acte sur le court terme.

Un autre apport de cette étude consiste en la distinction de l’intention sur le court et le long terme. Ainsi nos résultats montrent que selon l’horizon temporel considéré, les variables n’exercent pas la même influence : la capacité jouant un rôle supérieur à l’attitude lorsqu’il s’agit de l’intention de créer en fin d’études. En revanche, sur le long terme, c’est l’attitude qui domine.

Concernant les implications en matière d’éducation et d’accompagnement entrepreneurial des étudiants, nos résultats nous conduisent à penser qu’il serait pertinent de créer des modules d’enseignement différenciés selon le profil d’étudiants visés.

Ces résultats montrent un impact différent selon le genre des étudiants, mais va plus loin que la seule distinction homme/femme. Ainsi, certains modules pourraient mettre l’accent sur le témoignage de créateurs et créatrices d’entreprise pour séduire les étudiant(e)s, d’autres pourraient davantage mettre les étudiants (déjà convaincus par la création) en situation et proposer une boîte à outils. Selon le genre et les profils d’étudiants, l’énergie requise et les objectifs des programmes d’éducation sont donc très différents ; une formation à la carte est donc plus que jamais de mise pour accompagner au plus près les étudiants dans leur désir d’entreprendre.

En éclairant le processus de formation de l’intention entrepreneuriale, la recherche semble donc avoir un rôle à jouer pour aider les acteurs à constituer une offre de formation adaptée, et pour garantir une bonne efficacité des enseignements.

Les résultats détaillés de cette recherche sont disponibles ici.

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