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Il n’est jamais trop tard pour commencer un entraînement afin d’améliorer la mémoire. Shutterstock

S’entraîner et être actif aident la mémoire et repoussent la démence

Pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, les personnes âgées sont plus nombreuses que les jeunes. Cela présente un défi de taille pour le domaine de la santé.

La démence est sans doute ce qu’il y a de plus effrayant – une condition débilitante qui gomme la mémoire ; une maladie sans guérison possible, du moins pour l’instant.

Mais nous n’y sommes pas nécessairement condamnés. Car l’activité physique nous protège contre la perte de nos souvenirs, et selon nos plus récentes études, il n’est jamais trop tard pour s’y mettre.

En tant que professeur associé du département de kinésiologie de l’Université MacMaster, je dirige une équipe de chercheurs du NeuroFit lab où nous avons démontré que l’inactivité physique contribue tout autant que la génétique au risque de démence.

Nos recherches suggèrent que l’intensité des exercices est un élément significatif. Nous avons recruté des personnes âgées sédentaires dans un nouveau programme d’activités physiques, et en à peine douze semaines, leur mémoire s’est améliorée. Mais cela s’est produit uniquement chez ceux ayant marché à plus forte intensité, et leur regain de mémoire était directement lié à l’amélioration de leur condition physique.

L’étape suivante nous permettra de comprendre comment l’activité physique modifie l’activité cérébrale – afin que nous puissions établir des routines sur mesure pour contrer les effets du vieillissement sur la santé du cerveau.


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S’entraîner pour un cerveau sain

Alors que la population vieillit, nous courons tous le risque d’être atteint de démence. Car une part de notre destin est prédéterminée par des facteurs biologiques. Le vieillissement est un facteur de risque primordial pour la démence, et certains gènes en augmentent aussi la probabilité.

Mais nous avons récemment commencé à reconnaître le rôle joué par notre hygiène de vie. De nouveaux éléments de preuve pointent vers une diminution des cas de maladies neurodégénératives et ce, malgré le vieillissement de la population. Et la raison s’en trouve dans l’amélioration de nos conditions de vie, de l’éducation, et des soins de santé.

L’un des plus grands risques qui changent la donne, c’est l’inactivité physique. Et c’est ce constat qui nous offre la possibilité de former un cerveau en meilleure santé.


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L’activité physique fait baisser les risques

Une étude menée par mon laboratoire a analysé l’interaction entre la génétique et l’activité physique sur un groupe de plus de 1600 personnes âgées qui prenaient part à la Canadian Study of Health and Aging.

Environ 25 pour cent de notre échantillon présentaient des risques de démence d’ordre génétique, mais ce n’était pas le cas de la majorité (environ 75 pour cent). Cet échantillon est représentatif de la population dans son ensemble. Aucun des participants ne présentait de symptômes de démence au début de l’étude, et nous avons effectué le suivi cinq ans plus tard.

Des aînés sédentarisés ont participé à un programme de conditionnement physique à l’université McMaster sur une période de douze semaines. Author provided

Voici ce que nous avons trouvé : 21 pour cent des personnes à risque du fait de leur bagage génétique ont développé des symptômes de démence, et l’activité physique n’a eu aucun effet sur eux. Par contre, chez les sujets sans risque génétique, ceux qui étaient actifs physiquement présentaient des risques bien plus faibles de démence que ceux qui étaient inactifs.

De manière critique, les inactifs ont présenté un niveau de risque équivalent à ceux qui étaient génétiquement prédisposés à la démence. Autrement dit, l’inactivité physique peut provoquer la démence même si les gènes n’y prédisposent pas. On ne peut changer ses gènes, mais on peut changer de mode de vie !

L’exercice agit comme de l’engrais

Il s’avère que l’activité physique aide à la régénération du cerveau : elle fait pousser de nouveaux neurones au niveau de l’hippocampe, ce qui améliore la mémoire.

Bien que nous ne comprenions pas parfaitement ce fonctionnement, nous savons que l’exercice fait augmenter le facteur neurotrophique dérivé du cerveau (BDNF), qui agit tel un fertilisant favorisant la croissance, le fonctionnement, et la survie des nouvelles cellules.

Ces nouveaux neurones s’agencent comme les pièces d’un puzzle, dont chaque élément représente un aspect différent de la mémoire. Lorsque nous disposons de plus de nouveaux neurones, nous sommes capables de créer des souvenirs plus détaillés et moins susceptibles d’être erronés. Par exemple, on se souviendra si l’on a pris ses médicaments hier ou aujourd’hui, ou encore où on a garé sa voiture dans un stationnement encombré.

Nous avons démontré que l’activité physique améliore la neurogénèse de la mémoire, que ce soit chez les jeunes adultes comme chez les plus âgés.

La transpiration, ça compte !

Les aînés ont pris part à trois séances hebdomadaires. Certains ont pratiqué des entraînements fractionnés de haute intensité, d’autres des entraînements continus d’intensité modérée, tandis qu’un groupe témoin n’a pratiqué que des étirements.

Pour obtenir des résultats tangibles, il faut augmenter en intensité vos activités. Author provided

Le protocole d’entraînement fractionné à haute intensité comprenait quatre ensembles de quatre minutes d’exercice sur tapis roulant, suivis d’une période de récupération. Celui de l’entraînement continu d’intensité modérée comprenait une période d’exercices aérobiques d’intensité moyenne sur une durée de 50 minutes. Chaque exercice était adapté pour tenir compte de la forme physique des participants.

Seuls les aînés faisant partie du groupe à d’entraînement fractionné à haute intensité ont présenté des symptômes d’amélioration au niveau de la mémoire neurogénétique. Aucune amélioration n’a été constatée chez les personnes ayant suivi un programme d’entraînement continu d’intensité modérée, pas plus que chez le groupe témoin.

Ces résultats sont prometteurs, car ils suggèrent qu’il n’est jamais trop tard pour bénéficier d’une santé cérébrale améliorée en étant actif. Mais si vous commencez sur le tard et voulez des résultats rapides, il vous faudra augmenter l’intensité de vos exercices.

Vous pouvez y parvenir en incorporant des collines dans votre routine pédestre quotidienne, et en accélérant le rythme entre deux poteaux. Cela vous permettra de tenir la démence à distance et de contribuer à une vieillesse en santé pour une population de plus en plus nombreuse.

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This article was originally published in English

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