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A female doctor wearing a white lab coat looks at brain scans on a computer screen.
Des recherches ont montré qu’une diminution du volume de l’hippocampe précède les signes de déclin cognitif chez les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer. (Shutterstock)

Alzheimer : une nouvelle étude établit un lien entre le déclin cognitif et la taille d’une zone du cerveau

Une petite zone du cerveau de la taille d’un cheval de mer est responsable de la majeure partie de notre apprentissage et de notre mémoire. Cette zone appelée hippocampe est essentielle à plusieurs fonctions cérébrales importantes, notamment la transformation des souvenirs à court terme en souvenirs à long terme, la régulation des émotions et la navigation spatiale, c’est-à-dire la capacité à planifier où aller et comment y arriver.

Avec l’âge, il est normal que l’hippocampe perde un peu de volume. Mais pour certaines maladies, comme l’Alzheimer, cela se fait plus rapidement.

La diminution du volume de l’hippocampe est souvent détectée très tôt chez les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer – et celle-ci tend à précéder les signes de déclin cognitif.

La présence d’amas de protéines dans le cerveau – en particulier de protéines bêta-amyloïde et tau – a également été associée au déclin cognitif chez certaines personnes, qu’elles souffrent ou non de la maladie d’Alzheimer.

Cependant, une étude récente publiée dans Neurologya montre que le rétrécissement de l’hippocampe entraînait un déclin cognitif, qu’il y ait ou non présence d’amas de protéines. Cette découverte pourrait être importante tant pour le traitement de la maladie d’Alzheimer que pour celui d’autres pathologies neurodégénératives.

Pour mener leur étude, les chercheurs ont recueilli pendant dix ans des données auprès de 128 personnes âgées qui ne présentaient aucun signe de déficience cognitive au départ. Ces données concernaient les performances des participants aux tests cognitifs.

Les scientifiques ont également procédé à des examens d’imagerie cérébrale pour évaluer le volume de l’hippocampe et déterminer si les participants développaient d’autres marqueurs de troubles cognitifs dans le cerveau, tels que des enchevêtrements de tau et des plaques amyloïdes.

Les protéines tau et bêta-amyloïde sont importantes pour le bon fonctionnement du cerveau. Mais dans certaines pathologies, telles que l’Alzheimer, elles deviennent toxiques et s’agglutinent. Les enchevêtrements de tau détruisent les neurones de l’intérieur, tandis que les plaques amyloïdes s’agglutinent à l’extérieur des neurones.

Les chercheurs ont constaté que l’atrophie de l’hippocampe est corrélée au déclin cognitif. Cela demeure vrai même après élimination de l’influence des deux autres facteurs – tau et amyloïde – de l’analyse.

Ils ont également observé que plus l’atrophie se produit vite, plus le déclin cognitif est rapide. En outre, plus le volume de l’hippocampe d’une personne était faible au début de l’étude, plus l’atrophie était rapide.

Volume de l’hippocampe

Ces résultats indiquent qu’il existe au moins deux processus qui conduisent au déclin cognitif dans la maladie d’Alzheimer et la démence. Le premier est causé par l’accumulation de tau et d’amyloïde dans certaines zones du cerveau, et le second, par la diminution du volume de l’hippocampe.

A digital rendering of the brain, with the hippocampus highlighted in red
L’hippocampe est important pour de nombreuses fonctions cérébrales quotidiennes. (Shutterstock)

Ces résultats montrent également que le déclin cognitif lié à une atrophie de l’hippocampe peut signaler la présence d’une autre pathologie. Les auteurs de l’étude considèrent que l’examen du volume de l’hippocampe pourrait être un biomarqueur (signe d’une maladie) utile pour diagnostiquer d’autres conditions affectant le déclin cognitif.

Ils estiment que cette découverte pourrait servir à déterminer si une personne peut bénéficier ou non de médicaments qui ralentissent la progression de la maladie d’Alzheimer. En effet, si le déclin cognitif est principalement dû à une perte de volume de l’hippocampe, les médicaments qui ciblent les plaques amyloïdes n’auront probablement aucun effet.

Les chercheurs reconnaissent toutefois qu’après toutes leurs analyses, les résultats présentent une certaine variance qui ne peut être expliquée. Par exemple, certains participants ont une perte de volume de l’hippocampe sans signes de déclin cognitif, tandis que chez d’autres, la perte de volume est faible, mais le déclin est important.

Ils attribuent ce phénomène à des facteurs tels que le mode de vie, l’hérédité ou des neuropathologies liées à la formation d’agrégats d’alpha-synucléine, comme la maladie de Parkinson et la démence à corps de Lewy. Cela ne peut être mesuré en se basant sur le volume de l’hippocampe.

Les chercheurs reconnaissent également que leurs données proviennent d’une population qui n’est pas représentative. La plupart des participants étaient blancs et avaient un niveau d’éducation élevé. En outre, il s’agissait d’une étude de groupe, de sorte que des aspects individuels, tels que l’hérédité ou le mode de vie, n’ont pas été pris en compte. Les études futures devraient se pencher sur le lien entre le volume de l’hippocampe et le déclin cognitif dans une population davantage diversifiée et représentative.

Santé du cerveau

En plus de la maladie d’Alzheimer, d’autres maladies sont associées à une diminution du volume de l’hippocampe, telles que la maladie de Cushing, la dépression, le syndrome de stress post-traumatique et l’anxiété.

Certaines habitudes de vie peuvent également aggraver la perte de volume de l’hippocampe. Ainsi, une mauvaise alimentation et une consommation excessive d’alcool, même chez les jeunes, sont associées à une diminution du volume de l’hippocampe.

On a observé, en revanche, que les activités physiques, telle que yoga, entraînement cardio et exercices pour renforcer l’équilibre et la coordination engendrent une augmentation du volume de l’hippocampe chez les personnes âgées.

Si plusieurs éléments contribuent au déclin cognitif, le fait de prendre soin de son cerveau en adoptant de saines habitudes de vie peut avoir un effet positif et le retarder.

Cette étude démontre que les plaques amyloïdes et les agrégats de tau ne sont pas les seules causes du déclin cognitif. Mais elle nous indique aussi que différentes causes peuvent agir ensemble ou indépendamment les unes des autres.

La recherche devrait se concentrer à l’avenir sur la mise au point de tests et de marqueurs permettant de déterminer l’origine du déclin cognitif d’une personne, ainsi que sur la recherche de traitements qui ciblent les différents facteurs en cause.

This article was originally published in English

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