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Cinq clés pour aider vos enfants à développer leurs talents

Les grands champions ont en général commencé très jeunes leur sport de prédilection. Shutterstock

Certains pensent que le talent est inné. La légende de Mozart commençant à jouer du piano à 3 ans, puis à composer à l’âge de 5 ans, renforce de telles croyances.

Mais il est une autre dimension de l’histoire qu’il ne faut pas oublier : le père de Mozart était lui-même un musicien, compositeur et interprète à succès. Il s’est consacré à la formation de Mozart, l’a aidé à pratiquer ses dons sans relâche et à atteindre la perfection.

Malgré tout, Mozart n’a écrit son premier chef-d’œuvre qu’à 20 ans passés, après une quinzaine d’années d’entraînement acharné et de formation de très haut niveau.

Le talent, d’après moi, ne surgit pas à la naissance mais il se construit dans le temps – et, de ce point de vue, l’éducation qu’apportent les parents peut créer de grandes différences.

Tous des champions en herbe

Bien que certains croient que le talent est quelque chose de rare, le psychologue Benjamin Bloom a assuré qu’il n’en était rien, après avoir enquêté auprès des personnes les plus performantes dans six grands domaines : « Ce qu’une personne dans le monde a pu un jour apprendre, presque tout le monde peut parvenir à le faire, à condition de bénéficier des conditions d’apprentissage les plus appropriées. »

Ces conditions se composent de cinq éléments : des débuts précoces, un enseignement de qualité, une pratique délibérée, l’inscription dans un environnement d’excellence et des objectifs bien déterminés.

Les enfants ne peuvent pas mettre en place et entretenir par eux-mêmes ces facteurs de réussite. Au contraire, comme je l’ai expliqué dans mon livre, ils ont en quelque sorte besoin d’un coaching, venant en général de leurs parents, pour faire grandir leurs talents. Telle est en tout cas ma position de psychologue spécialisé dans les apprentissages.

Penchons-nous maintenant sur ces facteurs de réussite et sur l’influence qui appartient aux parents.

Des débuts précoces

Les graines du talent se sèment très tôt, et, en général, dans le cadre familial. Une étude a révélé que sur 24 talents de différents domaines, du jeu d’échecs au patinage artistique, 22 avaient été initiés à leur discipline de prédilection par leurs parents, souvent entre les âges de 2 et 5 ans.

Certains de ces parents faisaient d’ailleurs eux-mêmes partie de l’élite des artistes ou des entraîneurs. C’est le cas de John Cook, coach du championnat national de volley-ball, qui a élevé l’étoile du volley-ball américain, Lauren Cook. James Cook reconnaît :

« Je pense que ma fille a été avantagée par mon travail. Elle a grandi dans le monde du volley-ball. Quand elle était petite, nous avions installé un mini terrain de volley au sous-sol et nous nous mettions à genoux pour y jouer. »

Certains parents n’avaient pas le moindre lien avec le domaine où leur enfant pourrait exceller, mais ont su créer un environnement propice à l’épanouissement de ce talent. C’est ce qui s’est passé pour Adora Svitak, une jeune écrivaine et présentatrice accomplie.

Adora a publié deux livres à l’âge de 11 ans et fait des centaines de présentations à l’échelle internationale, y compris une conférence TED, suivie par des millions d’internautes. Les parents d’Adora, John et Joyce, n’étaient ni auteurs ni conférenciers, mais ils ont posé les bases nécessaires à la réussite d’Adora. Comme le raconte sa mère, ils lui lisaient des livres enrichissants et fascinants plus d’une heure chaque soir. « Ce rituel a vraiment contribué à éveiller l’amour d’Adora pour l’étude et la lecture », déclare-t-elle.

En outre, ils l’ont encouragée dans ses premiers écrits, l’ont guidée, l’ont aidée à publier ses livres et ont organisé ses conférences. Joyce a fini par quitter son emploi pour gérer la carrière d’Adora. « Il s’agit d’un emploi à temps plein et cela n’est pas toujours facile, glisse-t-elle. Mais je ne m’occupe pas seulement de la carrière d’une personne parmi d’autres, je m’occupe de ma fille. »

Un suivi de qualité

Les parents s’efforcent de fournir ou d’organiser un enseignement de haut niveau. Le grand maître Kayden Troff a appris à jouer aux échecs à l’âge de 3 ans en observant les parties entre son père et ses frères et sœurs plus âgés.

Vu le faible réseau de joueurs d’échecs aux alentours de leur domicile dans l’Utah, c’est Dan qui a pris en charge les fonctions d’entraîneur. Pour ce faire, il a étudié les échecs 10 à 15 heures par semaine pendant les pauses déjeuner et après les heures de cours.

Il a lu des livres, regardé des vidéos et étudié les parties de grands maîtres afin de créer une méthode sur mesure pour former Kayden durant ses séances d’entraînement chaque soir. Finalement, quand Dan n’a plus été capable de suivre le rythme de Kayden, il s’est arrangé pour qu’il puisse suivre les leçons de champions sur Internet.

Pour payer des leçons coûtant plus de 300 dollars par mois, Dan, un banquier, et sa femme, ont fait des heures supplémentaires en tant que gardiens et ont organisé des 400 heures de tournois d’échecs par an.

Un programme intensif

Chez les champions en herbe, la pratique n’est jamais un simple divertissement, elle est un acte délibéré, orienté vers un but précis, permettant à chacun d’aller au-delà de sa zone de confort.

Voici la manière dont Caroline Thiel, championne de natation au lycée, décrit sa routine d’entraînement :

« Certains jours, vous êtes complètement épuisé après l’entraînement. Vous avez mal et tout votre corps vous fait souffrir et vous peinez à trouver la motivation. Votre cerveau s’arrête mais votre corps continue à souffrir de douleurs musculaires, d’une respiration pénible et de vomissements. Les gens n’imaginent pas avec quelle intensité les nageurs s’entraînent ; ils pensent que nous nous contentons de plonger dans la piscine et de faire quelques longueurs. »

Un environnement de choix

Quand j’ai demandé à Jayde Atkins, championne nationale de rodéo au lycée, d’où venait qu’elle était si douée, elle m’a répondu : « Avec les conditions dont je bénéficie, toutes les chances étaient de mon côté. » Jayde a été élevée dans un ranch du centre du Nebraska et a commencé à monter à cheval à l’âge de deux ans.

Ses parents, Sonya et J.B, cavaliers et entraîneurs professionnels, lui ont appris les ficelles du métier et ont consacré de nombreuses heures chaque jour à lui transmettre leur savoir. Les Atkins avaient des chevaux bien élevés et une grande remorque pour les transporter dans les villes voisines pour des compétitions de rodéo. Le ranch familial était un centre d’excellence de rodéo.

La plupart des champions en herbe n’ont pas de centre d’excellence à disposition au pied de leur domicile. Dans ces cas-là, il leur arrive de voyager pour en trouver un. Considérons trois joueurs de tennis de Lincoln, ma ville natale dans le Nebraska. Avec la bénédiction et le soutien de leurs parents, Jon et Joel Reckewey ont quitté le cocon familial alors qu’ils n’étaient que des adolescents pour déménager à trois heures de là, dans le Kansas, où ils ont pu s’entraîner dans la prestigieuse « Mike Wolf Tennis Academy ».

Champion des tournois en double de Wimbledon et de l’US Open, Jack Sock a fait chaque semaine les allers et retours jusqu’à la même académie quand il était enfant, jusqu’à ce que toute sa famille déménage dans le Kansas. Avec les encouragements de leurs parents, ces graines de sportifs gravitent souvent vers ce genre de centre d’excellence, où affluent les meilleurs entraîneurs et les étoiles montantes.

La persévérance avant tout

Les personnes talentueuses savent garder un objectif précis en ligne de mire. L’un des parents de jeune champion d’échecs m’a dit un jour que le temps extraordinaire consacré à cette activité faisait perdre à leur enfant beaucoup d’occasions de loisir et de jeu. Un autre m’a confié cela : « Mon enfant ne s’intéresse pas à l’école ; il ne s’intéresse qu’aux échecs. Il vit et respire pour les échecs. » Ce même parent m’a raconté qu’un jour, ils avaient privé leur fils de jeu d’échecs à cause de mauvais résultats scolaires. « Il était très malheureux. C’était comme le priver de son âme. »

Quand j’ai demandé aux parents pourquoi leurs enfants se consacraient aux échecs de cette manière, ils m’ont parlé à l’unanimité de la joie et de la satisfaction que leurs enfants retiraient de cette pratique.

Les parents soutiennent cet objectif exclusif. Cependant, il leur arrive de se retrouver à soutenir plus d’une passion. McKenzie, par exemple, est à la fois un joueur de softball reconnu dans son état et une étoile montante de la musique. Son père, Scott, a longtemps été son entraîneur, passant des milliers d’heures par an sur le terrain et l’aidant à s’exercer dans leur jardin, tout en étant l’assembleur, le promoteur et le manager de son groupe.

Bien qu’abondent les histoires de parents soumettant leurs enfants à une certaine pression, ceux à qui j’ai parlé reconnaissaient que leurs enfants devaient conduire eux-mêmes le train de leur talent avec passion et travail et que les parents ne peuvent que contribuer à le maintenir sur la bonne voie.

Ils se sont investis auprès d’eux parce qu’ils ont repéré un besoin auquel ils étaient les seuls à pouvoir répondre. Ils n’allaient pas ignorer un besoin en termes de talent et d’épanouissement, de même qu’ils n’auraient pas ignoré un besoin d’ordre médical. Et, bien sûr, ils s’investissent parce qu’ils aiment leurs enfants et veulent qu’ils soient comblés.

This article was originally published in English

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