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Climat des affaires : le retour de la confiance n’empêchera pas la crise

L’indicateur a retrouvé courant juin les niveaux observés avant la crise du Covid-19, traduisant un soulagement lié à la stagnation de la crise. Fizkes / Shutterstock

Le niveau de confiance a fortement rebondi en France depuis les points bas atteints courant avril. Il s’établit désormais à 49,2 contre 38,0 au trimestre précédent sur une échelle de zéro à cent, selon la dernière enquête Duke University – Grenoble École de Management sur le climat des affaires mondial.

Ce niveau de confiance indique désormais une stagnation de l’activité pour les mois à venir plus qu’une anticipation de récession marquée de l’économie.

Niveau d’optimisme moyen des responsables financiers en France (observations hebdomadaires). Auteur.

Signe marquant du retour d’une certaine confiance, l’indicateur de solidité financière de l’entreprise ressort à 66 contre 41 au trimestre précédent sur une échelle de zéro à cent. Cet indicateur, porté notamment par le plan de soutien gouvernemental, a retrouvé courant juin les niveaux observés avant la crise du Covid-19.

En Europe, le climat des affaires ressort à 52 contre 37 au trimestre précédent. C’est en Allemagne que nous observons le rebond le plus fort avec un niveau de confiance de 65 contre 39 au trimestre précédent.

Un rebond marqué aux États-Unis aussi

Évolution du climat des affaires en Europe et aux États-Unis. Auteur.

D’un point de vue historique, le choc de confiance en Europe est supérieur à celui provoqué par la faillite de la banque Lehman Brothers en septembre 2008. Mais le rebond observé désormais est lui aussi historique par sa vigueur.

Aux États-Unis, la diffusion rapide de l’épidémie n’affecte pas les milieux économiques : le climat des affaires rebondit ici aussi fortement pour atteindre 59,8 contre 42 au trimestre précédent.

Pour finir, au niveau mondial, le choc de confiance et le rebond observés sont également plus importants qu’en 2008-2009.

Climat des affaires mondial pondéré par le PIB. Auteur.

Cependant, ils cachent des disparités importantes entre, par exemple, les États-Unis où la confiance est forte et l’Amérique latine où elle est au plus bas.

Malgré des chiffres de confiance parfois élevés, il est à craindre qu’aucune zone économique ne puisse réellement prendre le relais de la croissance avant plusieurs trimestres.

Les indicateurs de confiance pointent tous vers une reprise rapide de l’activité qui dans les graphiques prendrait la forme d’un V. Ce scénario semble pourtant peu probable, car la réanimation de l’économie devrait prendre de longs mois.

Inquiétudes quant aux partenaires

En particulier, les entreprises pourraient attendre longtemps avant de relancer des projets d’envergure avec des partenaires industriels dont elles voudront s’assurer avant tout de la solidité financière.

Le danger n’est pas réellement le trou d’air de production que nous vivons actuellement, mais bien son impact à moyen terme sur les relations d’affaires. Les banques avaient montré des réticences à se prêter de l’argent à la suite de la faillite de Lehman Brothers en 2008. La confiance avait soudainement disparu.

Comment n’en serait-il pas de même aujourd’hui entre les entreprises qui subissent pertes de chiffre d’affaires et de trésorerie ?

Or, lorsqu’on interroge les entreprises dans le monde entier, elles sont près de 90 % à nous dire qu’elles s’inquiètent encore aujourd’hui, 4 mois après le début de la crise, de la solidité financière de leurs partenaires quotidiens (clients et fournisseurs).

Plus localement, aux États-Unis, le rebond des indices de confiance s’accompagne d’une hausse des anticipations de récession. Ainsi, aujourd’hui plus de 60 % des responsables financiers américains envisagent une récession d’ici la fin de l’année 2020.

Un rebond invisible dans les prévisions

Le rebond des indicateurs de confiance ne se traduit pas encore dans les chiffres prévisionnels. En France, par exemple, les perspectives de croissance du chiffre d’affaires pour l’année 2020 restent orientées à la baisse à environ – 7 % selon le scénario central. Mais dans un scénario pessimiste, le chiffre d’affaires moyen pourrait baisser de 14,5 % par rapport à 2019.

Évolution hebdomadaire des anticipations d’activité à 12 mois. Auteur.

Pour mémoire, les entreprises tablaient encore sur une progression d’environ 4 % des revenus début mars 2020 avant le confinement. En conséquence, les entreprises prévoient une contraction des investissements de l’ordre de 8 % ainsi qu’une baisse de la masse salariale d’environ 3 % sur l’année 2020.

Enfin, les entreprises prévoient désormais une baisse du nombre de salariés d’environ 2 % sur l’année. Au niveau mondial, le choc anticipé reste plus important dans certaines régions, avec des anticipations de baisse des chiffres d’affaires de l’ordre de 25 % pour les scénarios les plus pessimistes notamment en Amérique du Sud.


Pour voir les résultats complets de cette enquête : cfosurvey.org. Prochaine enquête du 09 septembre au 30 septembre 2020 : ceocfo.org.


Cet article est tiré de la dernière enquête Duke University – Grenoble École de Management soutenue par la DFCG qui mesure chaque trimestre, depuis plus de 20 ans, le climat des affaires tel qu’il est perçu par les responsables financiers des entreprises à travers le monde. L’enquête recueille plus de 1 200 réponses anonymes d’entreprises de tous secteurs et de toutes tailles. C’est désormais la plus grande enquête de ce type dans le monde. Une analyse détaillée par pays peut être envoyée à chaque participant. Vous pouvez consulter les résultats complets de cette enquête.

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