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Climat des affaires : soutenir l’innovation pour sauver la croissance

Climat des affaires, 2005-2016. Enquête 1er trimestre 2016. Author provided

Grenoble École de Management et l’Association des Directeurs Financiers et des Contrôleurs de Gestion (DFCG) recueillent chaque trimestre l’avis des responsables financiers français. Les résultats sont agrégés au niveau mondial par un réseau d’universités coordonnées par Duke University aux États-Unis ; Pour le premier trimestre 2016, l’enquête s’est déroulée du 17 février au 4 mars 2016.

Le niveau d’optimisme se contracte à nouveau ce trimestre dans la plupart des régions du monde. Il reste néanmoins compatible avec une croissance positive de l’activité manufacturière mondiale. Alors que le cycle économique semble « normal » aux États-Unis – succession d’une phase d’accélération (2012-2015) puis d’une phase de ralentissement – le cycle européen est atypique : le climat des affaires et donc la croissance fluctuent de trimestre en trimestre autour d’une moyenne relativement basse. Malgré les efforts conjoints de la BCE et des gouvernements européens, le moteur de la croissance ne repart pas réellement. Le constat est aussi valable pour la France où le niveau d’optimisme affiche une volatilité importante autour néanmoins d’une moyenne encore plus basse. C’est la Grèce qui enregistre le niveau d’optimisme le plus faible et c’est, à nouveau, en Allemagne et au Danemark que nous obtenons les réponses les plus favorables.

Quel est votre degré d’optimisme quant à l’économie de votre pays ? Quel est votre degré d’optimisme quant à l’activité de votre entreprise ? GEM/Duke, Author provided

L’état de la Chine et des BRICS inquiète

En Europe, les responsables financiers estiment à environ 30 % la probabilité de voir entrer l’économie du continent en récession d’ici la fin de l’année. Ils citent notamment le ralentissement chinois et des pays émergents dans leur ensemble comme principale source d’inquiétude. Si en France, le problème du déficit budgétaire pourrait aggraver la situation pour 65.9 % des répondants, au Royaume-Uni, c’est bien sûr le risque de Brexit qui est mis en avant (44.4 % des répondants). Aux États-Unis, la probabilité que l’économie entre récession avant la fin de l’année est évaluée à 31 %, une valeur deux fois plus importante qu’il y a 9 mois (16 %). En Asie, le risque de récession est estimé à 20 % dans la plupart des pays avec un pic à 30 % au Japon et en Chine. C’est en Inde que nous observons la probabilité la plus faible (10 %).

Se tourner vers l’innovation

Dans ce contexte de croissance faible, il semble particulièrement important d’accompagner l’émergence des innovations technologiques notamment lorsque celles-ci tardent à se diffuser. Ainsi, nous avons demandé aux responsables financiers s’ils comptaient adopter un certain nombre d’outils de la fonction Systèmes d’Information développés depuis plusieurs années par les FinTechs, notamment françaises. La première question concernait la technologie dite des chaînes de bloc ou blockchain en anglais. Celle-ci pourrait révolutionner la fonction finance en transformant le système des paiements internationaux. En particulier, elle pourrait permettre de « tracer » une unité de compte (un euro, un dollar…) sur longue période, facilitant ainsi les contrôles opérationnels. Avec cette technologie, l’unité monétaire porterait en elle la chronique des transactions qu’elle a permis de réaliser par le passé reprenant, par exemple, l’identité de l’acheteur et du vendeur. Chacun pourrait alors facilement contrôler l’approvisionnement des comptes et l’utilisation unique des unités monétaires.

S’ouvrir à la blockchain

Par exemple, dans le cas des transactions de gré à gré, en devises notamment, cette technologie permet un contrôle immédiat de contrepartie à contrepartie. Les entreprises pourraient nouer des transactions en tout point de la planète sans avoir à se soucier des capacités de paiement des parties prenantes : celles-ci seraient directement lisibles dans la « blockchain » des devises échangées !

Aujourd’hui 56.8 % des DAF français nous disent n’avoir jamais entendu parler de cette technologie alors qu’ils ne sont que 35.3 % dans ce cas au Royaume-Uni. À l’inverse, seuls 6.8 % des DAF français déclarent bien comprendre le fonctionnement de la blockchain (23.5 % au Royaume-Uni). Pourtant la plupart des DAF français (98 %) connaissent, au moins par son nom, le Bitcoin, cette devise virtuelle dont le fonctionnement s’appuie justement sur la technologie « blockchain ». Et si le Bitcoin a peu de chance de supplanter les devises déjà existantes, il est bien une application directe de la technologie blockchain et un catalyseur d’innovations pour le système des paiements international.

Dans cette galaxie liée à la blockchain, les contrats intelligents ou optionnels ou encore smart contracts en anglais permettent une automatisation grandissante des relations inter-entreprises. Pourtant, à nouveau cette technologie est peu connue des DAF français puisque près de 70 % d’entre eux ne sauraient en donner les grands principes. Ce chiffre tombe à 45 % au Royaume-Uni.

Au total, alors que l’ensemble de l’économie mondiale devrait être affecté à plus ou moins long terme par la technologie « blockchain », aujourd’hui, seulement 27 % des DAF français semblent en avoir pris conscience, la majorité déclarant ne pas voir les applications directes de cette révolution à leur entreprise. Mais il n’est pas trop tard pour combler ce retard notamment parce que les applications potentielles à l’économie réelle semblent prometteuses et infinies.

Lire ici les résultats complets de cette enquête.

Prochaine enquête du 16 mai au 4 juin 2016

L’enquête Duke University – Grenoble École de Management mesure chaque trimestre depuis près de 20 ans le climat des affaires tel que perçu par les responsables financiers des entreprises à travers le monde. L’enquête est courte (environ 10 questions). Elle recueille plus de 1 500 réponses anonymes d’entreprises de tous secteurs et de toutes tailles. C’est désormais la plus grande enquête de ce type dans le monde. Une analyse détaillée par pays peut être envoyée à chaque participant.

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