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Jeune fille, la tête entre les mains, fae au matériel nécessaire à la gestion de son diabète.
Une personne sur quatre atteinte de diabète de type 1 subit un stress lié à la gestion quotidienne de sa maladie. goffkein.pro / Shutterstock

Comment alléger la charge mentale liée au diabète ?

100 ans déjà. Ou 100 ans seulement… C’est en effet en 1921 que les chercheurs Frederick Banting et Charles Best parvinrent, pour la première fois, à purifier l’insuline. Cette découverte sera couronnée par le prix Nobel deux ans plus tard, tant elle s’avérera rapidement décisive contre le diabète.

Connue depuis l’Antiquité, cette maladie se caractérise comme un trouble de l’assimilation, de l’utilisation et du stockage des glucides. Cela se traduit par un taux de glucose (souvent réduit au sucre) dans le sang (glycémie) élevé – on parle d’hyperglycémie.

Plusieurs types de diabète ont été identifiés : de type 1 (anciennement dit « insulino-dépendant », où une anomalie du système immunitaire empêche le pancréas de sécréter l’insuline normalement), de type 2 (d’apparition plus tardive, il se caractérise par une production d’insuline moins efficace dans la régulation du taux de sucre dans le sang) et gestationnel. Les conséquences et symptômes sont souvent les mêmes et allient fatigue, soif intense, risques de lésions d’organes, etc.

L’insuline, elle, est une hormone capable de diminuer le taux de sucre dans le sang. Lorsque le corps n’en sécrète pas assez, ou plus du tout, ou qu’elle fonctionne moins bien, il peut s’avérer nécessaire de s’injecter de l’insuline pour compenser ce dysfonctionnement.

À l’occasion de ce centenaire, il est permis de regarder dans le rétroviseur afin de réaliser tout le chemin parcouru en si peu de temps. De nombreux progrès ont été obtenus, que ce soit en ce qui concerne la thérapeutique, avec de nouvelles molécules pour améliorer l’équilibre glycémique et diminuer le risque de complications, ou encore dans l’accompagnement de la maladie au quotidien à l’aide des nouvelles technologies, du numérique et de l’intelligence artificielle.

Mais le diabète reste une des plus grandes épidémies de notre temps ; environ 463 millions d’adultes vivent avec un diabète dans le monde aujourd’hui, et ce chiffre va probablement grimper à 700 millions à l’horizon 2040. Malgré la recherche toujours active autour de cette maladie, il n’existe pas encore de solutions pour en guérir définitivement.

Le fardeau du diabète

À la différence d’autres maladies chroniques, les diabètes, et en particulier celui de type 1, sont à surveiller en permanence. Les personnes affectées doivent surveiller régulièrement leur glycémie, éviter les hypo- et hyperglycémies, analyser leurs repas et activités physiques en fonction des traitements et injections à réaliser…

Une jeune femme s’injecte de l’insuline dans le ventre
Les personnes atteintes de diabète ont jusqu’à 180 décisions à prendre par jour quant à leur maladie. Elles y consacrent près de 600 heures par an, ce qui conduit parfois à une véritable détresse. Andrey Popov/Shutterstock

Tout ceci peut avoir de fortes répercussions sur la vie au quotidien, les relations personnelles ou professionnelles, au point qu’on y associe une véritable charge mentale : une personne vivant avec un diabète peut en effet devoir prendre jusqu’à 180 décisions par jour en lien avec sa maladie.

Lorsque ce fardeau est trop lourd, il peut s’instaurer ce qu’on appelle une détresse liée au diabète, qui se définit comme l’ensemble des problèmes de stress, d’anxiété, de fatigue ou de frustration liés à cette gestion quotidienne ou la peur des complications. On estime qu’une personne sur quatre avec un diabète de type 1, et une sur cinq avec un diabète de type 2, ont des niveaux élevés de détresse liée à leur pathologie.

Cette conséquence pourtant majeure est probablement sous-rapportée car elle peut être non diagnostiquée ou non évoquée lors des consultations avec un médecin, faute d’outils facilement utilisables dans la pratique clinique.

S’ajoute à cela le fait qu’une personne diabétique (tous types confondus), passe entre 6 et 10 heures par an avec un professionnel de santé pour évoquer sa maladie… contre plus de 600 heures par an à s’occuper soi-même de sa maladie. Des solutions doivent être trouvées pour limiter l’impact du diabète sur la vie de tous les jours.

Des lueurs d’espoir : la recherche avance

Heureusement, des pistes prometteuses arrivent sur le marché. Au niveau des traitements, l’administration d’insuline par boucle fermée (avec couplage d’une pompe à insuline et d’un capteur de glucose en continu qui permet la délivrance quasi automatisée des bonnes doses au bon moment) arrive peu à peu sur le marché pour certaines catégories de personnes diabétiques.

Dans le diabète de type 1, la greffe d’îlots de Langerhans est également une option de thérapie cellulaire capable de réduire les besoins en injection d’insuline. Ces options thérapeutiques contribuent à libérer du temps utile et à diminuer la charge mentale des personnes diabétiques et donc, mécaniquement, à diminuer les risques de détresse liée au diabète.

Faciliter le suivi du diabète au quotidien

Les nouvelles options thérapeutiques ne bénéficieront toutefois pas, en tous cas à court terme, à toutes les personnes diabétiques. De manière générale, détresse liée au diabète et fardeau de la maladie vont donc encore rester des soucis majeurs. C’est pour cela qu’il est crucial, en parallèle des nouvelles thérapies, de développer des solutions innovantes et accessibles à tous pour mieux diagnostiquer et suivre la détresse liée au diabète, afin de mieux la prendre en charge. Les nouvelles technologies et le digital permettent aujourd’hui d’envisager de telles solutions.

Logo de Colive Voice
L’étude internationale Colive Voice vise à développer des biomarqueurs vocaux de la détresse liée au diabète. Les chercheurs sont à la recherche de volontaires, qui vivent avec ou sans un diabète. Luxembourg Institute of Health, Fourni par l'auteur

C’est précisément l’objectif du projet de recherche Colive Voice, dont l’objectif est d’améliorer le diagnostic et le suivi de la détresse liée au diabète à l’aide de la voix de la personne vivant avec la maladie. Les chercheurs souhaitent identifier un marqueur dans la voix, qu’on appelle « biomarqueur vocal », qui permettra de suivre la détresse liée au diabète simplement à partir de quelques secondes d’enregistrement de la voix.

C’est une méthode non invasive, rapide, peu coûteuse, et qui pourra facilement être déployée dans les smartphones des personnes diabétiques ou dans des solutions de télémédecine. Tout comme on peut faire aujourd’hui une analyse de sang pour contrôler certains marqueurs sanguins (glycémie, cholestérol…), la voix permettra bientôt le diagnostic et le suivi de nombreux paramètres dans le diabète ou d’autres maladies chroniques.

Un don de votre voix pour la recherche

Parce que nous sommes tous touchés par le diabète, soi-même ou dans notre entourage, nous lançons aujourd’hui un appel à la solidarité en contribuant à la recherche en faisant don, non pas d’argent… mais d’échantillons de votre voix ! En 20 minutes, vous pouvez participer à Colive Voice depuis chez vous sur un smartphone, une tablette ou un ordinateur avec micro.

Ce grand projet de recherche international permettra de simplifier l’identification et le suivi de la détresse liée au diabète à partir de votre voix. Pour cela, nous avons besoin à la fois de personnes qui vivent avec un diabète, mais aussi des personnes sans cette maladie. En donnant un peu de votre temps et quelques secondes de votre voix, vous faites avancer la recherche sur le diabète et aidez à construire les solutions de demain pour cette maladie.


À l’occasion du 14 novembre 2021, journée mondiale du diabète, nous célébrons les personnes diabétiques du monde entier et les chercheurs et professionnels de santé dédiés à cette cause. Nous militons également pour un accès aux traitements et aux innovations au plus grand nombre.

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