Menu Close
un homme et une femme se serrant la main
Dans le contexte pandémique actuel, la santé psychologique a davantage été mise de l'avant au sein des organisations. Shutterstock

Comment garder les employés performants tout en optimisant leur bien-être psychologique ?

La pandémie de la Covid-19 a entraîné beaucoup de stress, de fatigue et de précarité chez les employés. Il est important pour les gestionnaires de ne pas négliger l’influence que leurs comportements et leurs attitudes ont sur leur équipe. Des employés motivés, performants, mais surtout, en santé, tant mentalement que physiquement, sont indispensables afin d’atteindre un succès organisationnel optimal.

La santé psychologique et le fonctionnement optimal sont facilités dans un contexte où l’on perçoit exercer du contrôle sur nos actions, où l’on se sent compétent et connecté aux autres. Par exemple, il va de soi que l’on se sent davantage motivé lorsque l’on choisit de prendre en charge un contrat dans lequel on se sent efficace et supporté par nos collègues.

En effet, les employés travaillant dans un milieu comblant ces trois besoins démontrent davantage d’émotions positives, de satisfaction au travail et de bien-être ainsi que moins de détresse psychologique. Ces employés sont également plus engagés et motivés, ce qui les amène à performer davantage et à augmenter l’efficacité organisationnelle.

Or, certaines questions persistent : comment un gestionnaire peut-il être un levier de développement optimal pour ses employés ? Comment peut-il optimiser leur performance au travail sans négliger leur santé psychologique ?

Doctorante en psychologie du travail et des organisations, je m’intéresse aux comportements managériaux que les gestionnaires peuvent adopter afin de garder leur équipe tant motivée que performante. Les constats que j’en tire proviennent d’une étude publiée en 2009 dans laquelle des gestionnaires d’entreprises américaines faisant partie du Fortune 500 ont suivi une formation leur permettant d’adopter un style de gestion soutenant l’autonomie de leurs employés. Lesdits employés ont également été sondés pour mesurer l’effet de ce type de gestion sur leur motivation et leur engagement au travail.

Combiner le travail avec les intérêts des employés

Tout d’abord, il est important de prendre connaissance des intérêts et compétences des employés et de coordonner les tâches organisationnelles en les gardant en tête. En d’autres termes, le gestionnaire doit tenter de joindre l’utile à l’agréable. Par exemple, si un employé se dit bon orateur et exprime aimer parler en public, il serait pertinent d’exploiter cette force en lui octroyant des tâches qui lui permettent de communiquer avec les médias, les clients, les fournisseurs ou même les autres secteurs de l’organisation.

De plus, il est bénéfique de maximiser les opportunités des employés de manière à ce qu’ils puissent prendre des décisions et résoudre des problématiques dans des projets stimulants. De façon générale, plus un individu maîtrise son travail et peut exercer un contrôle sur l’exécution de ses tâches, plus il est épanoui, motivé et performant.

Enfin, reconnaître et féliciter les initiatives et contributions des employés et leur offrir des opportunités de nouveaux défis sont généralement des sources de motivation plus efficaces qu’offrir des bonus ou autres récompenses. Laquelle des options suivantes paraît la plus motivante ? Un bonus de 5 000 $ à la fin d’une année où ses tâches étaient répétitives et peu stimulantes, ou de nouveaux projets mensuels qui concordent à la fois avec ses expertises et ses intérêts ?

Adopter un style de communication informationnel

Une autre manière de soutenir le bien-être et la performance de vos employés est d’adopter un langage informationnel. Il s’agit de communiquer avec l’employé en l’informant sur la justesse et les conséquences de ses comportements ou de ses perspectives. Il est important de demeurer flexible et ouvert d’esprit en s’engageant avec l’employé. De plus, encourager ce type de communication entre les employés est nécessaire, puisque les relations et le soutien perçu entre collègues influencent également le bien-être et la performance d’un individu. Effectivement, les rapports entre collègues doivent être tout autant valorisés que les rapports « gestionnaires-employés ».

L’adoption d’un langage informationnel est utile pour discuter des attentes, procédures et nouveaux objectifs, mais elle est particulièrement essentielle au moment de répondre aux problématiques ou aux performances réduites des employés. Effectivement, il est beaucoup plus bénéfique de solutionner les mauvaises performances que de les critiquer. Par exemple, discuter ouvertement avec un employé de ses performances en élaborant avec lui des pistes de solutions est plus efficace que de lui demander de travailler plus fort la prochaine fois. Cette méthode permet à l’employé de conserver ses sentiments de compétence et d’autonomie.

Justifier les demandes organisationnelles

Malgré le fait qu’un individu choisisse généralement son emploi en fonction de ses champs d’intérêt et ses compétences, il importe de demeurer réaliste et d’accepter que ce ne soient pas toutes les tâches organisationnelles qui le stimuleront. Ces tâches restent toutefois essentielles à l’efficacité de l’organisation et doivent être accomplies. Pour cette raison, il est important d’expliquer aux employés l’importance et la valeur de chaque tâche, particulièrement les moins stimulantes.

En prenant conscience de la pertinence d’une tâche, l'employé sera davantage motivé à contribuer au succès organisationnel. Il faut également reconnaître l’ennui ou le manque de stimulation lié à ces tâches et s’assurer de les équilibrer dans les agendas de chaque membre de l’équipe afin d’accorder suffisamment de temps aux tâches plus intéressantes.

Reconnaître et accepter les émotions négatives

Faisant face à des tâches moins stimulantes ou à des problèmes organisationnels occasionnels, il est tout à fait normal que les employés puissent ressentir un manque de motivation ou des émotions négatives à certains moments. Les gestionnaires doivent écouter, accepter et valider leurs réactions. Il importe d'user d'empathie.

Il est difficile d’avoir une synergie parfaite entre les demandes organisationnelles et les préférences de chaque employé. Ainsi, il est normal que certains se plaignent ou résistent au changement. Plutôt que de demander aux employés de faire fi de leurs insatisfactions et de continuer à travailler, il est davantage bénéfique de discuter ouvertement avec eux afin de déterminer s’ils ont des suggestions pour améliorer la situation ou s’ils ont besoin de ressources additionnelles. En reconnaissant et en acceptant leurs émotions négatives, le gestionnaire peut diminuer les tensions et augmenter la productivité.

Étant donnée l'évolution de l'ère pandémique, il est fort probable que la prochaine année réserve plusieurs surprises et revirements de situation au sein des organisations québécoises. La fatigue et le manque de motivation des employés se feront certainement ressentir, si ce n'est pas déjà le cas. Le gestionnaire n'a aucun contrôle sur le virus. Toutefois, il a le pouvoir de devenir un levier de développement optimal pour ses employés.

Want to write?

Write an article and join a growing community of more than 182,100 academics and researchers from 4,941 institutions.

Register now