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Le laboratoire créatif

Connaissez-vous votre « ikigai » ?

Darius Bashar/Unsplash

Cette chronique est dans la droite ligne et se nourrit des recherches et rencontres publiées sur mon site Les cahiers de l’imaginaire.


Vous avez peut-être vu une version du tableau ci-dessous passer sur la toile ou sur Facebook. L’expression japonaise ikigai est devenue très populaire depuis quelques années, particulièrement au sein de communautés d’infopreneurs et de solopreneurs.

Lorsqu’une personne décide de tout quitter pour faire ce qu’elle aime, ce n’est pas toujours évident. Très souvent, le premier conseil que les coaches donnent à leurs clients, c’est d’identifier leur ikigai. La signification de ce mot japonais se rapproche de joie de vivre ou de raison d’être.

Dans la culture de l’ikigai à Okinawa, cette philosophie ou ce concept est perçu comme la raison qui donne envie de se lever le matin. La pratique de l’ikigai expliquerait, entre autres choses, la longévité exceptionnelle des gens de cette région.

J’avais vu ce tableau à plusieurs reprises dans des groupes de discussion sur la toile, mais j’ai souri lorsque j’ai entendu cette histoire racontée par la voix rocailleuse de James Schramko, l’entrepreneur australien fortuné, dans son podcast SuperFastBusiness.

Voici la légende qui serait à l’origine de l’ikigai :

Après un accident grave, dans un petit village éloigné d’Osaka, une mère de famille mourante est dans le coma. Elle entend la voix de ses ancêtres :

V : Qui es-tu ?

F : Je suis la femme du maire.

V : Je ne t’ai pas demandé de qui tu étais la femme, mais qui es-tu ?

F : Je suis la mère de quatre enfants.

V : Je ne t’ai pas demandé combien d’enfants tu as, mais qui es-tu ?

F : Je suis une enseignante.

V : Je ne t’ai pas demandé ta profession, mais qui es-tu ?

F : Je suis shinto.

V : Je ne t’ai pas demandé quelle est ta religion, mais qui es-tu ?

Aucune de ses réponses ne satisfaisait la voix.

F : Je suis celle qui se lève tous les matins pour prendre soin de ma famille et nourrir les jeunes esprits de mes élèves.

Cette réponse a semblé être la bonne, car elle s’est réveillée avec une idée claire de ce pour quoi elle se lève tous les matins.

Voici le tableau pour identifier votre ikigai.

Trouver des idées profitables, cherchez les souches.

J’ai trouvé deux livres sur le sujet, premierement celui de Christie Vanbremeersch, Trouver son “ikigai” (First Éditions).

L’auteure conseille d’identifier votre zone de brillance, ce que vous adorez faire, ce pour quoi vous êtes doué et ce que vous accomplissez avec facilité, c’est l’activité dans laquelle vous êtes bon (soit parce que vous possédez les compétences nécessaires, soit parce que vous êtes naturellement doué). Les activités où vous trouvez du plaisir et de la motivation, c’est ce qui a du sens pour vous.

Pour vous y aider, Christie Vanbremeersch propose quatre exercices pour identifier votre ikiagai :

  • Notez toutes les qualités que vous vous attribuez depuis l’enfance. Pensez à tous les talents que vos professeurs, votre famille, vos amis, vos collègues, vos clients ont vus en vous.

  • Retenez les trois qualités qui vous caractérisent vraiment.

  • Replongez dans l’enfance. Une grande partie des personnes interviewées par l’auteure se sont souvenues que leur ikigai s’était manifesté pendant l’enfance ou l’adolescence. Des périodes de vie où notre imaginaire est plus libre et pas encore préoccupé par la nécessité de choisir une profession. Petits, on se voit écrivain, astronaute, inventeur, pilote… Ces rêves d’enfant ou d’adolescent sont rarement pris au sérieux par les adultes, pourtant ils révèlent souvent une ligne de force, un talent qui permettra à une personne de se démarquer tout au long de son existence. Repensez à la recherche de ce qui vous passionnait, ce qui vous motivait, ce que vous preniez plaisir à faire et ce, pour quoi vous aviez des compétences ou un don. Écrivez tout, y compris les petites choses : lire, écrire, cuisiner, jardiner, enseigner soigner, peindre, dessiner, décorer, bricoler, animer, chanter, faire de la musique, du sport… Cela vous aidera à trouver ce que vous aimez faire ou vous aidera à vous souvenir d’un vieux rêve oublié qui pourrait refaire surface. Souvenez-vous des bienfaits que vous procuraient ces activités qui vous passionnaient. Qu’en pensaient vos proches ? Que vous disaient vos amis ?

  • Utilisez votre jalousie. Christie Vanbremeersch propose une méthode en trois temps pour utiliser votre jalousie pour vous aider à identifier votre ikigai.

Tracez trois colonnes, dans la première, écrivez trois motifs de votre jalousie (pensez à des personnes qui ont ce petit quelque chose que vous aimeriez tant avoir), dans la deuxième, nommez trois désirs qui se cachent derrière ces envies et, dans la troisième, ce que vous pourriez faire pour que ces désirs se réalisent.

Le deuxième livre que j’ai trouvé sur le sujet est signé par Bettina Lemke, Le livre “ikigai” qui ouvre sur cette très belle citation du poète perse Rumi :

« Laissez-vous silencieusement attirer par la force étrange de ce que vous aimez vraiment. Elle ne pourra pas vous égarer. »

call me lamb Unsplash.

L’île des centenaires

Bettina Lemke parle de l’île de l’archipel japonais des Ryukyu, en mer de Chine orientale, Okinawa. Un lieu où les êtres humains vivent plus longtemps qu’ailleurs. Arte et Thalassa, entre autres, ont fait des reportages sur cette île.

« Les gens n’y vivent pas seulement plus vieux – ils y vivent aussi en bonne santé tout en restant autonomes et actifs jusqu’à un âge avancé. C’est pourquoi cet endroit figure depuis bien longtemps dans les légendes chinoises qui le désignent comme le pays des immortels. »

Bettina ajoute :

« Les gens du quatrième âge jouissent encore d’une forme physique exceptionnelle et savourent leur existence. Les octogénaires mènent des vies de quinquagénaire. Les nonagénaires et les centenaires se déplacent à VTT ou à moto, beaucoup d’entre eux dansent régulièrement, pratiquent le tai-chi-chuan ou même le karaté, et participent activement à d’autres activités sociales. Et la plupart des centenaires ont plaisir à se consacrer toute l’année à l’entretien de leur potager ; ils y cultivent leurs propres aliments dont ils vendent une partie sur les marchés locaux. Au vu de l’activité débordante et enthousiaste de ces personnes restées si jeunes, il n’y a rien d’étonnant à ce qu’il n’existe pas de mot pour désigner l’état de repos sur l’île d’Okinawa. Se mettre au repos, prendre sa retraite sont des expressions qui ne viennent jamais à l’esprit de ces seniors alertes. »

Ces habitants qui éprouvent une énergie et un optimisme à toute épreuve devraient nous enseigner quelque chose avec leur principe de l’ikigai et leur sentiment communautaire exceptionnel.

« Les individus se sentent appartenir à un groupe qui s’est formé sur des dizaines et des dizaines d’années et sur lequel ils savent qu’ils peuvent compter. Ils cultivent des liens sociaux intenses au quotidien et se soutiennent mutuellement. Ce qu’on appelle le cercle de la cohésion, le “yuimaru”, fonctionne selon le principe de l’entraide. Certes, les habitants essaient de se débrouiller tout seuls dans la mesure du possible et aucun membre du groupe ne cherche à exploiter ni à léser les autres. Mais tous savent qu’il peut leur arriver de devoir dépendre de l’aide des autres. C’est pourquoi chacun part du principe qu’il est responsable à la fois de lui-même et de la communauté. Les individus s’efforcent de gouverner leur existence d’une façon aussi autonome que possible, sans être inutilement à la charge des autres. Mais en même temps, ils ont le sens du collectif et sont toujours prêts à s’investir, à aider leur prochain en faisant preuve d’une grande discrétion et sans volonté de contrôle. L’objectif est de soutenir un membre de la communauté jusqu’à ce qu’il puisse de nouveau s’aider lui-même et se débrouiller seul. »

Impressionnant, non ? Voilà le secret de leur longévité chers lecteurs : bien manger (peu salé et peu sucré), bouger (jardiner, cuisiner, pratiquer les arts martiaux), chercher un sens profond à la vie (Ikigai) et rester indépendants le plus longtemps possible tout en étant très investis dans la communauté.

Je vous propose de vous rapprocher de cette philosophie en créant un projet en parallèle de votre activité principale juste pour essayer, c’est l’exercice de la semaine.

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