Entre terre et mer, une succession insolite de formes géométriques se dessine dans la première région ostréicole de France. Marais, digues, claires, chenaux et villages apparaissent entremêlés vus du ciel le long de l’estuaire de la Seudre, en Charente-Maritime. Ce fleuve côtier long d’environ 65 kilomètres termine sa course dans l’océan Atlantique entre Marennes et La Tremblade. L’eau douce s’écoule depuis sa source, à Saint-Genis-de-Saintonge, jusqu’à Saujon, cité thermale où l’eau salée marque le début de l’estuaire.
Les rives sont constituées d’anciens marais salants aménagés dès le VIIe siècle. Aujourd’hui, ils sont pour la plupart abandonnés ou reconvertis en prés salés, et en claires pour l’affinage de la célèbre « Fine de Claire », l’huître d’appellation Marennes-Oléron.
Ce paysage de marais littoraux, où se rencontrent eaux douces et salées, s’est développé à l’aplomb d’une cuvette topographique guidée par des failles orientées nord-ouest sud-est. Ces cassures du sous-sol ont pour origine la formation des Pyrénées, il y a environ 40 millions d’années.
La naissance de l’estuaire est en revanche beaucoup plus récente à l’échelle des temps géologiques, elle date du Quaternaire. Au cours de cette période, le niveau marin a fortement varié : il y a environ 20 000 ans, l’océan, plus bas d’une centaine de mètres, a permis aux fleuves de creuser leur lit et former par endroits de véritables canyons à l’emplacement des futurs estuaires charentais (Gironde, Charente, Seudre). Par la suite, les fleuves ont charrié et déposé des sédiments, notamment prisés des vignerons du Médoc. Entre – 12 000 et -8 000 ans, le niveau marin remonte. L’océan envahit les vallées, formant de vastes golfes où se déposent des sédiments fluvio-marins, qui constituent aujourd’hui l’assise des marais littoraux et sont connus localement sous le nom de « bri ».
Au cœur de l’estuaire, la rencontre de l’eau douce (peu dense) et de l’eau salée (dense) crée des turbulences qui mettent en suspension des particules augmentant la turbidité des eaux, c’est le bouchon vaseux. C’est ici que nombre de nutriments, comme le phytoplancton, voient le développement d’une riche biodiversité. Les estuaires sont des écosystèmes à la production biologique parmi les plus élevées au monde.
Pour aller plus loin :
● Charles N., 2021. Guide géologique de la Charente-Maritime. Omniscience, ISBN 979-10-97502-48-5.
● Charles N., 2012. Curiosités géologiques de l’Aunis et de la Saintonge. BRGM Éditions, ISBN 978-2-84398-408-2.
● « Cité de l’Huître à Marennes ».
● « Marais salant de Mornac-sur-Seudre ».