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Et vous, où aimeriez-vous vivre ? Découvrez quelques-unes des villes préférées des Français

On observe une très forte attractivité des villes de Haute-Savoie, comme l’illustre Annecy, jamais citée négativement par les enquêtés. Pixabay

Comment rendre une ville attractive ? Et pourquoi certaines sont plutôt favorisées par rapport à d’autres ? Pourquoi plutôt choisir Annecy que Marseille ? Quelle est l’image de la Lorraine et celle de San Francisco ?

L’attractivité est considérée comme une manifestation de la compétitivité, concept devenu central avec la mondialisation. Différents critères économiques ou culturels permettent de mesurer cette attractivité. Nous avons choisi, lors de notre enquête GlocalMap réalisée en 2017, de demander directement aux habitants de communes rurales ou urbaines françaises pris sur un échantillon représentatif de la population au cours de l’automne 2017, de citer cinq villes (françaises ou étrangères) où ils aimeraient vivre dans un avenir proche s’ils le pouvaient.

Rappelons que les représentations des territoires en général et des villes en particulier se forment par la pratique des lieux (résidence, travail, loisirs, vacances, etc.) mais aussi par ce que l’on peut apprendre sur ces lieux par différentes sources : à l’école, dans les médias, sur Internet ou grâce au bouche-à-oreille.

À l’opposé nous leur avons également demandé de citer cinq villes où ils ne voudraient pas habiter afin d’obtenir une information « symétrique » pour comprendre pourquoi certaines d’entre elles ont un effet de repoussoir.

En interrogeant un panel représentatif de l’ensemble de la population française sur ses aspirations en termes de lieu de résidence, on construit donc une mesure d’attraction-répulsion subjective qui ne coïncide pas forcément avec les critères économiques ou fonctionnels habituels.

En effet, on peut vivre dans une ville parce qu’on y a son travail mais vouloir vivre ailleurs si on en avait la possibilité ; on peut même rêver d’en partir si l’on ne s’y sent pas bien malgré le fait que cette ville ait tous les atouts socio-économiques désirés.

Finalement, en interrogeant les Français de cette manière, nous mesurons deux facteurs complémentaires. D’une part le niveau de connaissance des villes (le taux de citation) et d’autre part leur attraction-répulsion définie comme la part relative des avis positifs ou négatifs qu’elles reçoivent. Nous reprenons ici une méthodologie appliquée en 2009 dans le projet FP7 EuroBroadMap sur la perception des pays du monde par les étudiants de 18 pays.

Les villes françaises sont les plus citées

L’un des premiers résultats de l’enquête nous révèle que les personnes interrogées citent majoritairement des villes françaises ne faisant pas partie de leur propre département ou région, et ce qu’il s’agisse d’un avis positif ou négatif.

Paris et Marseille obtiennent respectivement des taux de citation de 65,2 % et 45,5 %. Viennent ensuite les villes du reste du monde et de l’Union européenne. En premier lieu New York avec un taux de citation de 22,8 %, suivie par Londres avec 13,6 %.

On peut observer que les villes aux échelles départementale, régionale et européenne ont tendance à être légèrement plus citées de manière positive tandis que les villes aux échelles nationale et mondiale ont tendance à être légèrement plus citée de manière négative.

CIST 2019, CC BY

Annecy plébiscitée, Paris délaissée

Le territoire français est caractérisé par la forte attractivité des villes littorales en particulier celles de la façade atlantique et de la côte méditerranéenne, Corse comprise.

À l’intérieur des terres, on observe la très forte attractivité des villes de Haute-Savoie, comme l’illustre Annecy, jamais citée négativement.

On notera également les situations intermédiaires (Lyon, Strasbourg, Nice) ou même le caractère répulsif de certaines métropoles (Lille, Le Havre, Clermont-Ferrand…).

Ces villes qui souffrent d’une mauvaise image semblent être plutôt des grandes villes de régions telles que la Lorraine, le Nord-Pas-de-Calais, la Haute-Normandie ayant connu une spécialisation industrielle aujourd’hui en déprise ou des villes marquées par une forte présence d’infrastructures militaires telles que Brest et Toulon.

Eclaircies automnales sur Grenoble. La ville ne jouit pas d’une bonne image auprès des enquêtés malgré de bons indices économiques. Laurent Espitallier/Flickr, CC BY

Plus étonnant est le cas de Grenoble qui affiche un bilan d’opinion légèrement négatif malgré une réussite économique incontestable. Une analyse détaillée des réponses montre que les avis négatifs sur Grenoble sont plus nombreux chez les personnes âgées et les habitants d’autres régions que chez les jeunes et les habitants de l’Isère ou de la région Rhône-Alpes. Il faut donc éviter de tirer des conclusions trop hâtives sur des valeurs moyennes qui peuvent masquer des variations sociales et géographiques.

Marseille et Paris sont majoritairement citées de manière négative. On retrouve ici l’image dépréciée attachée aux plus grandes villes du fait des difficultés qu’elles induisent dans la vie quotidienne (prix de l’immobilier élevés, congestion des infrastructures, pollution, manque d’espaces verts…) qui compensent difficilement, dans les représentations, la densité de l’offre d’emploi voire de l’offre commerciale et culturelle. Ces images sont également souvent liées à des problèmes perçus concernant la sécurité des personnes et des biens.

Un fort attrait pour les capitales européennes

La carte du monde montre l’attractivité des villes des pays riches en particulier celles du Canada, de l’Australie et de l’Europe de l’Ouest où les capitales sont positivement citées (Vienne, Madrid, Rome, Athènes, Amsterdam).

Le cas de l’Allemagne est particulier : en dehors de Berlin (avis équilibrés) et Munich (avis positifs), ses villes sont globalement peu citées et souffrent d’une image plutôt mauvaise. En Europe, il faut d’ailleurs noter le cas des villes des pays de l’Europe centre-orientale, peu citées et surtout de manière négative.

Un autre type de villes attractives, même si elles concentrent moins de citations, sont des destinations de vacances appréciées de la population française, en particulier les villes des outre-mer français (Antilles, Réunion, Polynésie) ou d’ailleurs (Thaïlande) et plus globalement les villes européennes des côtes méditerranéennes, en particulier en Grèce, au Portugal et surtout en Espagne avec Barcelone mais aussi de nombreuses stations balnéaires.

Carte du monde et attractivité. CIST 2019, Author provided

Villes répulsives

Concernant les villes répulsives, on observe que les métropoles pluri-millionnaires des pays émergents (Chine, Inde, Russie, Brésil) ou en développement (Mexico) sont citées fréquemment de manière négative. Cela est cohérent avec l’image plutôt négative des métropoles françaises, d’autant que dans les pays émergents les problèmes de congestion, d’insuffisance des infrastructures, de pollution des grandes villes sont accrus.

Mais même certaines métropoles de pays riches comme Tokyo, New York, Londres et Berlin ont des représentations ambiguës (on observe un équilibre entre les réponses positives et négatives).

Les villes des pays arabes et musulmans, en particulier celles du Moyen-Orient, souffrent d’une mauvaise image auprès de l’échantillon probablement du fait des problèmes de sécurité qui y règnent (fréquence des attentats, instabilité politique), mais aussi en raison des stéréotypes religieux négatifs associés pour une partie de la population.

Des Émiratis se promènent le soir à Abu Dhabi. Shenli Leong/Flickr, CC BY-SA

En revanche, de nombreuses villes d’Amérique du Sud, d’Afrique subsaharienne, mais aussi d’Asie centrale ne sont pas du tout citées. Ces régions du monde sont généralement les moins présentes dans les représentations du monde des Français par manque de connaissances ou par manque d’intérêt. Les villes et pays de ces régions sont par ailleurs généralement peu attractifs pour les habitants des pays les plus riches.

À l’échelle mondiale, les États-Unis sont un cas particulier : ses villes sont fréquemment citées et il y a, par ailleurs, plus de villes citées que dans d’autres pays. Mais le pays est aussi caractérisé par une forte hétérogénéité du mode de citation des villes : certaines sont vues très négativement (Las Vegas, Chicago), d’autres très positivement (San Francisco, Seattle). Enfin New York et Los Angeles partagent une situation d’équilibre. Cette perception partagée de certaines villes est congruente avec la représentation souvent très ambivalente des États-Unis pour la population française, ce qui était déjà visible pour les étudiants dans l’enquête EuroBroadMap de 2009

La mesure d’attraction-répulsion subjective que nous avons utilisée apporte une mesure originale de l’attractivité subjective des villes qui ne s’appuie pas sur uniquement sur des aspects de performance économiques ou fonctionnels même si les représentations des Français peuvent s’en faire l’écho dans une certaine mesure.

Il ne faut toutefois pas tirer de conclusions trop hâtives des valeurs moyennes présentées ici. Car certaines villes suscitent de forts clivages d’opinion selon les positions sociales et spatiales des personnes interrogées. Les recherches à venir porteront plus précisément sur les villes qui montrent un nombre équivalent d’avis positifs et négatifs telles que Lyon, Nice, New York ou Londres.


Retrouvez l’enquête, rédigée par l’ensemble des chercheurs du projet GlocalMap : Claude Grasland, Clarisse Didelon-Loiseau, Arnaud Brennetot, Hugues Pecout, Pierre Pistre, Sandrine Berroir et Sophie de Ruffray.

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